Histoire d'Urantia

75. La faute d’Adam et d’Ève

LIVRE D'URANTIA  -  Fascicule 75. La faute d’Adam et d’Ève

(75.0) 75:0.1 Après plus de cent ans d’efforts sur Urantia, Adam ne pouvait constater que très peu de progrès à l’extérieur du Jardin ; le monde, en général, ne semblait guère s’améliorer. L’amélioration de la race paraissait bien lointaine, et la situation semblait désespérée au point de nécessiter un remède non prévu dans les plans originaux. Du moins, c’est ce qui traversait souvent le mental d’Adam, et il en fit bien des fois part à Ève. Adam et sa compagne étaient loyaux, mais ils étaient isolés de leurs semblables et très affligés du triste état de leur monde.
 
1. Le problème d’Urantia

(75.0) 75:1.1 La mission adamique sur Urantia, planète expérimentale, déchirée par la rébellion et isolée, était une entreprise formidable. Le Fils et la Fille Matériels ne tardèrent pas à se rendre compte de la difficulté et de la complexité de leur affectation planétaire. Néanmoins, ils se mirent courageusement à l’œuvre pour résoudre leurs nombreux problèmes, mais, quand ils s’attaquèrent au travail majeur d’éliminer les êtres dégénérés et défectueux des lignées humaines, ils furent tout à fait consternés. Ils ne voyaient aucun moyen de sortir du dilemme et ne pouvaient prendre conseil de leurs supérieurs ni sur Jérusem ni sur Édentia. Ils étaient là, isolés et devant affronter jour après jour quelque imbroglio nouveau et compliqué, ou quelque problème apparemment insoluble.
 
(75.0) 75:1.2 Dans des conditions normales, le premier travail d’un Adam et d’une Ève Planétaires eût été de coordonner et de mélanger les races. Mais, sur Urantia, ce projet semblait à peu près sans espoir, car les races étaient bien prêtes biologiquement, mais n’avaient jamais été débarrassées de leurs lignées retardataires et défectueuses.
 
(75.0) 75:1.3 Adam et Ève se trouvaient sur une sphère qui n’était aucunement préparée pour la proclamation de la fraternité des hommes, un monde tâtonnant dans une obscurité spirituelle abjecte et affligée d’une confusion rendue pire par l’avortement de la mission de l’administration précédente. Le mental et la morale étaient à un bas niveau et, au lieu de pouvoir entreprendre leur tâche d’unification religieuse, le Fils et la Fille Matériels devaient recommencer complètement la conversion des habitants aux plus simples formes de croyance religieuse. Au lieu de trouver une langue prête à être adoptée, ils devaient faire face à la confusion mondiale de centaines et centaines de dialectes locaux. Nul Adam du service planétaire ne fut jamais attaché à un monde plus difficile ; les obstacles semblaient insurmontables et les problèmes insolubles pour des créatures.
 
(75.0) 75:1.4 Adam et Ève étaient isolés, et le prodigieux sentiment de solitude qui s’appesantissait sur eux fut encore accru par le départ assez rapide des administrateurs provisoires Melchizédeks. C’est seulement indirectement, par le truchement des ordres angéliques, qu’ils pouvaient communiquer avec un être quelconque extérieur à la planète. Peu à peu, leur courage allait s’affaiblissant, leur entrain se perdait et, parfois, leur foi était prête à chanceler.
 
(75.0) 75:1.5 Telle est la véritable image de la consternation de ces deux nobles âmes tandis qu’elles réfléchissaient aux tâches qui les confrontaient. Toutes deux se rendaient compte, avec acuité, de l’énorme entreprise qu’impliquait l’exécution de leur affectation planétaire.
 
(75.0) 75:1.6 Il est probable que jamais des Fils Matériels de Nébadon n’eurent à faire face à une tâche aussi difficile, et apparemment désespérée, qu’Adam et Ève devant la pénible situation d’Urantia. Ils auraient cependant fini par réussir s’ils avaient été plus perspicaces et plus patients. Tous deux, et spécialement Ève, étaient vraiment trop impatients ; ils répugnaient à s’atteler à la longue, très longue épreuve d’endurance. Ils désiraient voir des résultats immédiats, et ils les virent, mais les résultats ainsi acquis se révélèrent des plus désastreux pour eux-mêmes et pour leur monde.
 
2. Le complot de Caligastia

(75.0) 75:2.1 Caligastia faisait de fréquentes visites au Jardin et eut de nombreux entretiens avec Adam et Ève, mais ils les trouva intransigeants devant toutes ses suggestions de compromis et de raccourcis aventureux. Ils avaient devant eux un tableau suffisant des résultats de la rébellion pour être efficacement immunisés contre toutes ces propositions insidieuses. Les ouvertures de Daligastia restaient sans influence même sur les jeunes descendants d’Adam. Bien entendu, ni Caligastia ni son associé n’avaient le pouvoir d’influencer une personne quelconque contre sa volonté, et encore moins de persuader les enfants d’Adam de mal faire.
 
(75.0) 75:2.2 Il faut se rappeler que Caligastia était encore en titre le Prince Planétaire d’Urantia, un Fils dévoyé, mais néanmoins élevé, de l’univers local. Il ne fut définitivement déposé que lors du passage de Christ Micaël sur Urantia.
 
(75.0) 75:2.3 Mais le Prince déchu était persévérant et résolu. Il renonça bientôt à convaincre Adam et décida de tenter une perfide attaque de flanc contre Ève. Le Malin conclut que son unique espoir de réussite résidait dans l’emploi adroit de personnes qualifiées appartenant aux couches supérieures du groupe nodite, les descendants des anciens associés de son état-major corporel. Il établit ses plans en conséquence pour prendre au piège la mère de la race violette.
 
(75.0) 75:2.4 Ève n’eut jamais la moindre intention de faire quoi que ce soit pour desservir les plans d’Adam ou compromettre leur mission planétaire de confiance. Connaissant la tendance des femmes à rechercher des résultats immédiats plutôt que de faire, avec prévoyance, des plans à effets plus lointains, les Melchizédeks, avant leur départ, avaient spécialement mis Ève en garde contre les dangers spécifiques menaçant leur position isolée sur la planète, et, en particulier, ils l’avaient avertie de ne jamais se désolidariser de son mari, c’est-à-dire de ne pas essayer de méthodes secrètes ou personnelles pour faire progresser leurs entreprises communes. Ève avait très scrupuleusement suivi ces instructions pendant plus de cent ans, et il ne lui était pas venu à l’idée qu’un danger s’attacherait aux visites dont elle était gratifiée par un chef nodite nommé Sérapatatia, visites de plus en plus privées et confidentielles. Toute l’affaire se développa si graduellement et si naturellement qu’Ève fut prise au dépourvu.
 
(75.0) 75:2.5 Les habitants du Jardin avaient été en contact avec les Nodites depuis les premiers jours d’Éden. Ils avaient reçu beaucoup d’aide et une précieuse collaboration de ces descendants mixtes des membres défaillants de l’état-major de Caligastia, et c’était à travers eux que le régime édénique allait maintenant être complètement ruiné et renversé.
 
3. La tentation d’Ève

(75.0) 75:3.1 Adam venait d’achever son premier siècle de séjour sur terre lorsque Sérapatatia, ayant perdu son père, devint chef de la confédération occidentale ou syrienne des tribus nodites. Sérapatatia était un homme au teint brun, un brillant descendant de l’ancien chef de la commission de la santé à Dalamatia, qui avait épousé une femme de la race bleue douée d’un mental supérieur, un des plus remarquables de ces temps lointains. À travers toutes les générations, cette lignée avait détenu l’autorité et exercé une grande influence sur les tribus nodites occidentales.
 
(75.0) 75:3.2 Sérapatatia avait fait plusieurs visites au Jardin et avait été profondément impressionné par la droiture de la cause d’Adam. Peu après avoir pris le commandement des Nodites syriens, il annonça son intention d’établir des attaches avec le travail d’Adam et d’Ève dans le Jardin. La majorité de son peuple le suivit dans ce programme, et Adam fut réconforté par la nouvelle que la plus puissante et la plus intelligente des tribus voisines s’était ralliée presque en bloc au soutien de son programme pour améliorer le monde ; c’était nettement encourageant. Peu après ce grand évènement, Adam et Ève reçurent Sérapatatia et son nouvel état-major dans leur propre maison.
 
(75.0) 75:3.3 Sérapatatia devint l’un des lieutenants d’Adam les plus capables et les plus efficaces. Il était entièrement honnête et complètement sincère dans toutes ses activités. Il ne fut jamais conscient, même plus tard, que le rusé Caligastia se servait de lui comme d’un instrument accessoire.
 
(75.0) 75:3.4 Bientôt, Sérapatatia devint vice-président de la commission édénique des relations tribales, et de nombreux plans furent préparés pour poursuivre plus vigoureusement le ralliement des tribus lointaines à la cause du Jardin.
 
(75.0) 75:3.5 Il eut de nombreux entretiens avec Adam et Ève – spécialement avec Ève – où ils discutèrent bien des projets pour améliorer leurs méthodes. Un jour, durant une conversation avec Ève, Sérapatatia eut l’idée qu’en attendant de pouvoir recruter un grand nombre des représentants de la race violette, il serait très utile que quelque chose puisse être fait entretemps pour le progrès immédiat des tribus qui demeuraient très dépourvues. Sérapatatia soutint que, si les Nodites, la race la plus progressiste et la plus coopérative, pouvaient avoir un chef qui naisse chez eux avec une part de sang violet, cela constituerait un lien puissant qui attacherait plus étroitement ces peuplades au Jardin. Tout ceci fut sérieusement et honnêtement considéré comme bénéfique pour le monde, puisque l’enfant, qui devait être élevé et instruit dans le Jardin, exercerait une grande influence bénéfique sur le peuple de son père.
 
(75.0) 75:3.6 Il y a lieu de souligner de nouveau que Sérapatatia était complètement honnête et totalement sincère dans toutes ses propositions. Jamais il ne soupçonna qu’il jouait le jeu de Caligastia et de Daligastia. Sérapatatia était entièrement fidèle au plan consistant à accumuler une forte réserve de la race violette avant de tenter le relèvement à l’échelle mondiale des peuplades confuses d’Urantia. Mais cela demanderait des centaines d’années pour être accompli, et il était impatient. Il voulait obtenir quelques résultats immédiats – des choses qu’il puisse voir pendant sa vie. Il fit comprendre clairement à Ève qu’Adam était souvent découragé par le peu de résultats qu’il avait obtenu pour élever le monde.
 
(75.0) 75:3.7 Pendant plus de cinq ans, ces plans furent muris secrètement. À la fin, ils avaient atteint le point où Ève consentit à avoir un entretien secret avec Cano, le penseur le plus brillant et le chef le plus actif de la colonie voisine des Nodites sympathisants. Cano était très bien disposé envers le régime adamique ; en fait, il était le sincère chef spirituel des Nodites des environs qui souhaitaient des relations amicales avec le Jardin.
 
(75.0) 75:3.8 La réunion fatale eut lieu au crépuscule d’un soir d’automne, non loin de la demeure d’Adam. Ève n’avait encore jamais rencontré le beau et enthousiaste Cano – qui était un magnifique spécimen de survivance du physique supérieur et de la remarquable intelligence de ses lointains ancêtres de l’état-major du Prince. Cano, lui aussi, croyait entièrement à la droiture du projet de Sérapatatia. (En dehors du Jardin, la polygamie se pratiquait couramment.)
 
(75.0) 75:3.9 Influencée par la flatterie, l’enthousiasme et une grande force de persuasion personnelle, Ève consentit, séance tenante, à se lancer dans l’entreprise tant discutée et à ajouter son petit projet de salut du monde au plan divin plus vaste et de plus grande envergure. Avant d’avoir tout à fait réalisé ce qui se passait, le pas fatal avait été franchi. C’en était fait.
 
4. La réalisation de la faute

(75.0) 75:4.1 Les êtres célestes, vivant sur la planète, étaient en émoi. Adam reconnut que quelque chose allait mal et demanda à Ève de venir auprès de lui dans le Jardin. Alors, pour la première fois, Adam entendit l’histoire du plan longuement muri pour accélérer le progrès du monde en opérant simultanément dans deux directions : la poursuite du plan divin concomitante avec l’exécution du projet de Sérapatatia.
 
(75.0) 75:4.2 Tandis que le Fils et la Fille Matériels s’entretenaient ainsi dans le Jardin éclairé par la lune, “ la voix dans le Jardin ” leur reprocha leur désobéissance. Cette voix n’était autre que la mienne, lorsque j’annonçai au couple édénique qu’il avait transgressé le pacte du Jardin, qu’il avait désobéi aux instructions des Melchizédeks et qu’il avait failli à son serment de fidélité au souverain de l’univers.
 
(75.0) 75:4.3 Ève avait consenti à participer à la pratique du bien et du mal. Le bien est l’exécution des plans divins ; le péché est une transgression délibérée de la volonté divine ; le mal est le défaut d’adaptation des plans et d’ajustement des techniques qui se traduit par la disharmonie de l’univers et la confusion planétaire.
 
(75.0) 75:4.4 Chaque fois que le couple du Jardin avait mangé du fruit de l’arbre de vie, l’archange gardien les avait prévenus qu’il fallait s’abstenir de céder aux suggestions de Caligastia tendant à conjuguer le bien et le mal. Ils avaient été avertis dans les termes suivants : “ Le jour où vous mélangerez le bien et le mal, vous ressemblerez surement aux mortels du royaume ; vous mourrez certainement. ”
 
(75.0) 75:4.5 Lors de l’occasion fatale de leur rencontre secrète, Ève avait signalé à Cano cet avertissement souvent répété, mais Cano, ne connaissant ni l’importance ni le sens de ces remontrances, l’avait assurée que des hommes et des femmes ayant de bons mobiles et des intentions sincères ne pouvaient faire de mal, que surement elle ne mourrait pas, mais vivrait plutôt à nouveau dans la personne de leur enfant qui grandirait pour bénir et stabiliser le monde.
 
(75.0) 75:4.6 Bien que ce projet de modifier le plan divin eût été conçu et exécuté avec une entière sincérité et uniquement avec les mobiles les plus élevés pour le bienêtre du monde, il constituait un mal parce qu’il représentait la mauvaise manière d’atteindre de justes fins, parce qu’il s’écartait du droit chemin, du plan divin.
 
(75.0) 75:4.7 Il est vrai qu’Ève avait trouvé Cano plaisant à regarder, et qu’elle réalisait tout ce que son séducteur lui promettait comme “ connaissance nouvelle et accrue des affaires humaines et compréhension plus vive de la nature humaine en complément d’une compréhension de la nature adamique ”.
 
(75.0) 75:4.8 Cette nuit-là, dans le Jardin, je parlai au père et à la mère de la race violette comme c’était mon devoir en ces tristes circonstances. J’écoutai entièrement le récit de tout ce qui avait conduit Mère Ève à commettre la faute et je leur donnai à tous deux des avis et des conseils au sujet de la situation immédiate. Certains furent suivis, d’autres dédaignés. Cet entretien est décrit dans vos annales comme “ le Seigneur Dieu appelant Adam et Ève dans le Jardin et leur demandant : Où êtes-vous ? ”. Les générations ultérieures avaient pour habitude d’attribuer directement à une intervention personnelle des Dieux tout ce qui était inhabituel ou extraordinaire, que ce soit d’ordre physique ou spirituel.
 
5. Les répercussions de la faute

(75.0) 75:5.1 La désillusion d’Ève fut vraiment pathétique. Adam discerna toute la malheureuse conjoncture. Malgré son abattement et son cœur brisé, il ne manifesta que de la pitié et de la sympathie pour sa compagne égarée.
 
(75.0) 75:5.2 Ce fut dans le désespoir de la réalisation de l’échec qu’Adam, le lendemain de la faute d’Ève, rechercha Laotta, la brillante femme nodite qui dirigeait les écoles occidentales du Jardin, et commit avec préméditation la même folie qu’Ève. Mais ne vous méprenez pas : Adam ne fut pas séduit ; il savait exactement ce qu’il faisait ; il choisit délibérément de partager le sort d’Ève. Il aimait sa compagne d’une affection suprahumaine, et l’idée de la possibilité d’une veille solitaire sans elle sur Urantia dépassait ce qu’il pouvait supporter.
 
(75.0) 75:5.3 Quand ils apprirent ce qui était arrivé à Ève, les habitants du Jardin devinrent furieux et ingouvernables. Ils déclarèrent la guerre aux Nodites installés dans le voisinage. Sortant par les portes d’Éden, ils se précipitèrent sur cette population non préparée et la détruisirent de fond en comble. Aucun homme, aucune femme, aucun enfant ne furent épargnés, et Cano, le père de Caïn encore à naitre, périt également.
 
(75.0) 75:5.4 Lorsqu’il comprit clairement ce qui était arrivé, Sérapatatia s’effondra dans la consternation ; la crainte et le remords lui firent perdre la raison et, le lendemain, il alla se noyer dans le grand fleuve.
 
(75.0) 75:5.5 Les enfants d’Adam cherchèrent à réconforter leur mère affolée tandis que leur père errait seul pendant trente jours. À la fin de ce délai, le bon sens reprit le dessus ; Adam revint à son foyer et commença à faire des plans pour leur future ligne de conduite.
 
(75.0) 75:5.6 Les conséquences des folies des parents malavisés sont bien souvent partagées par leurs enfants innocents. Les nobles et intègres fils et filles d’Adam et d’Ève étaient accablés par l’inexplicable tristesse due à l’incroyable tragédie dans laquelle ils avaient été si soudainement et si brutalement précipités. Cinquante ans plus tard, les ainés de ces enfants ne s’étaient pas encore remis du chagrin et de la douleur de ces jours tragiques, et spécialement de la terreur éprouvée pendant la période de trente jours où leur père avait été absent du foyer, tandis que leur mère affolée ignorait complètement son sort et l’endroit où il se trouvait.
 
(75.0) 75:5.7 Ces mêmes trente jours furent, pour Ève, comme de longues années de chagrin et de souffrance. Cette noble âme ne se remit jamais complètement de cette période atroce de douleur mentale et de tristesse spirituelle. Nul aspect de leurs privations et de leurs tribulations ultérieures ne peut même se comparer, dans la mémoire d’Ève, à ces terribles journées, et à ces affreuses nuits de solitude et d’intolérable incertitude. Elle apprit l’action irréfléchie de Sérapatatia sans savoir si son compagnon s’était tué de désespoir ou avait été enlevé de la terre en punition de son erreur de conduite. Et, lorsque Adam revint, Ève éprouva une joie et une reconnaissance qui ne furent jamais effacées par le dur service de leur longue et difficile association de vie.
 
(75.0) 75:5.8 Le temps passait, mais Adam ne fut certain de la nature de leur infraction que soixante-dix jours après la défaillance d’Ève, quand les administrateurs provisoires Melchizédeks revinrent sur Urantia et assumèrent la juridiction sur les affaires du monde. Alors, il sut qu’Ève et lui avaient échoué.
 
(75.0) 75:5.9 Mais bien d’autres ennuis se préparaient. La nouvelle de l’anéantissement de la colonie nodite proche d’Éden ne tarda pas à être connue des tribus de Sérapatatia dans le nord, et une grande armée s’assembla bientôt pour marcher sur le Jardin. Ce fut le commencement d’une longue guerre acharnée entre les Adamites et les Nodites, car ces hostilités durèrent bien après qu’Adam et ses partisans eurent émigré vers le second jardin, dans la vallée de l’Euphrate. Il y eut “ une inimitié intense et prolongée entre cet homme et la femme, entre sa semence et la semence de la femme ”.
 
6. Adam et Ève quittent le Jardin

(75.0) 75:6.1 Lorsqu’Adam apprit que les Nodites étaient en marche, il demanda conseil aux Melchizédeks, mais ceux-ci refusèrent de lui donner un avis. Ils se bornèrent à lui dire d’agir au mieux de son idée et lui promirent leur coopération amicale, dans toute la mesure du possible, dans la ligne de conduite qu’il aurait choisie. Les Melchizédeks avaient reçu l’interdiction de s’immiscer dans les plans personnels d’Adam et d’Ève.
 
(75.0) 75:6.2 Adam savait que lui et Ève avaient échoué ; la présence des administrateurs provisoires Melchizédeks le lui annonçait ; mais il ne savait encore rien de leur statut personnel, ni de leur sort futur. Il tint conférence, pendant toute la nuit, avec douze cents partisans loyaux qui s’engagèrent à suivre leur chef. Le lendemain à midi, ces pèlerins s’en allèrent d’Éden à la recherche de nouvelles demeures. Adam n’aimait pas la guerre et choisit, en conséquence, d’abandonner sans opposition le premier jardin aux Nodites.
 
(75.0) 75:6.3 La caravane édénique fut arrêtée le troisième jour de sa sortie du Jardin par les transports séraphiques arrivant de Jérusem. Pour la première fois, Adam et Ève furent renseignés sur ce qu’allait être le sort de leurs enfants. Tandis que les transporteurs se tenaient prêts, les enfants qui étaient arrivés à l’âge du choix (vingt ans) reçurent l’option de rester sur Urantia avec leurs parents ou de devenir pupilles des Très Hauts de Norlatiadek. Les deux tiers choisirent d’aller sur Édentia ; environ un tiers décida de rester avec leurs parents. Tous les enfants qui n’étaient pas d’âge à choisir furent emmenés sur Édentia. Nul n’aurait pu assister à la pénible séparation du Fils et de la Fille Matériels d’avec leurs enfants sans réaliser que la voie des transgresseurs est rude. Ces descendants d’Adam et d’Ève sont à présent sur Édentia et nous ignorons ce que l’on fera d’eux.
 
(75.0) 75:6.4 Ce fut une bien triste caravane qui se prépara à continuer son voyage. Peut-on imaginer plus tragique ! Être venus sur un monde avec tant d’espoirs, avoir été accueillis sous d’aussi heureux auspices, puis quitter Éden dans la disgrâce et encore perdre les trois quarts de leurs enfants avant même d’avoir trouvé une nouvelle résidence !
 
7. La dégradation d’Adam et d’Ève

(75.0) 75:7.1 Ce fut pendant l’arrêt de la caravane édénique qu’Adam et Ève furent renseignés sur la nature de leur transgression et informés du sort qui les attendait. Gabriel apparut pour prononcer le jugement, et voici le verdict : “ L’Adam et l’Ève Planétaires d’Urantia sont jugés en défaillance ; ils ont violé le pacte de leur mission de confiance comme dirigeants de ce monde habité. ”
 
(75.0) 75:7.2 Abattus par leur sentiment de culpabilité, Adam et Ève furent cependant grandement réconfortés par l’annonce que leurs juges sur Salvington les avaient absous de toute accusation d’avoir “ outragé le gouvernement de l’univers ”. Ils n’avaient pas été jugés coupables de rébellion.
 
(75.0) 75:7.3 Le couple édenique fut informé qu'il s'était lui-même abaissé au statut des mortels du royaume et qu’il lui fallait désormais se conduire comme un homme et une femme d’Urantia en envisageant l’avenir des races du monde comme étant le leur.
 
(75.0) 75:7.4 Longtemps avant qu’Adam et Ève eussent quitté Jérusem, leurs instructeurs leur avaient pleinement expliqué les conséquences de tout manquement vital aux plans divins. Je les avais personnellement prévenus, maintes et maintes fois, aussi bien avant qu’après leur arrivée sur Urantia, que la réduction au statut de chair mortelle serait le résultat certain, la pénalité sure, qui accompagnerait infailliblement une carence dans l’exécution de leur mission planétaire. Mais il est essentiel d’avoir certaines notions du statut d’immortalité de l’ordre matériel de filiation pour comprendre clairement les conséquences entrainées par la faute d’Adam et d’Ève.
 
(75.0) 75:7.5 1.Adam et Ève, comme leurs semblables de Jérusem, maintenaient leur statut d’immortalité par association intellectuelle avec le circuit de gravité mentale de l’Esprit. Quand ce soutien vital est rompu par disjonction mentale, alors, quel que soit le niveau spirituel de l’existence de la créature, le statut d’immortalité est perdu. Le statut mortel, suivi de la décomposition physique, était la conséquence inévitable de la faute intellectuelle d’Adam et d’Ève.
 
(75.0) 75:7.6 2.Le Fils et la Fille Matériels d’Urantia étaient aussi personnalisés dans la similitude de la chair mortelle de ce monde ; ils dépendaient donc, de plus, d’un double système circulatoire, le premier dérivé de leur nature physique et le second, de la superénergie accumulée dans le fruit de l’arbre de vie. L’archange conservateur de l’arbre avait toujours averti Adam et Ève qu’un manquement à la confiance culminerait dans une dégradation de statut ; l’accès à cette source d’énergie leur fut refusé à la suite de leur défaillance.
 
(75.0) 75:7.7 Caligastia avait réussi à prendre Adam et Ève au piège, mais n’avait pas réalisé son dessein de les entrainer dans une rébellion ouverte contre le gouvernement de l’univers. Ce qu’ils avaient fait était réellement mal, mais jamais ils ne furent coupables d’avoir outragé la vérité, ils ne s’étaient pas non plus engagés consciemment dans une rébellion contre la juste autorité du Père Universel et de son Fils Créateur.
 
8. La prétendue chute de l’homme

(75.0) 75:8.1 Adam et Ève furent vraiment déchus de leur état supérieur de filiation matérielle jusqu’à l’humble statut des hommes mortels ; mais ce ne fut pas la chute de l’homme. Malgré les conséquences immédiates de la défaillance adamique, la race humaine fut élevée. Bien que le plan divin du don de la race violette aux peuples d’Urantia ait avorté, les races mortelles ont tiré un immense profit de la contribution limitée qu’Adam et sa descendance apportèrent aux races d’Urantia.
 
(75.0) 75:8.2 Il n’y a pas eu de “ chute de l’homme ”. L’histoire de la race humaine est une évolution progressive, et l’effusion adamique a laissé les peuples du monde grandement améliorés par rapport à leur condition biologique antérieure. Les lignées supérieures d’Urantia contiennent maintenant des facteurs héréditaires dérivés de pas moins de quatre sources séparées : andonite, sangik, nodite et adamique.
 
(75.0) 75:8.3 Adam ne devrait pas être considéré comme une source de malédiction pour la race humaine. Certes, il échoua dans l’exécution du plan divin, il transgressa son pacte avec la Déité ; son statut de créature et celui de sa compagne furent très certainement abaissés, mais, nonobstant tout cela, leur contribution à la race humaine a beaucoup fait progresser la civilisation sur Urantia.
 
(75.0) 75:8.4 En estimant les résultats de la mission adamique sur votre monde, la justice exige que l’on reconnaisse la condition de la planète. Adam fut confronté à une tâche presque désespérée lorsqu’il fut transporté avec sa belle compagne de Jérusem sur ce monde obscur et perturbé. Pourtant, s’ils avaient suivi les conseils des Melchizédeks et de leurs associés, et s’ils avaient été plus patients, ils auraient fini par réussir. Mais Ève écouta la propagande insidieuse pour la liberté personnelle et la liberté d’agir sur la planète. Elle fut conduite à faire une expérience avec le plasma vital de l’ordre matériel de filiation, en ce sens qu’elle permit à ce vivant dépôt de confiance de se mêler prématurément à celui d’un ordre qui était alors mixte ; ce dernier était celui du modèle originel des Porteurs de Vie qui avait été combiné antérieurement avec celui des êtres reproducteurs jadis attachés à l’état-major du Prince Planétaire.
 
(75.0) 75:8.5 Au cours de toute votre ascension au Paradis, vous ne gagnerez jamais rien en essayant impatiemment de vous dérober au divin plan établi, au moyen de raccourcis, d’inventions personnelles ou d’autres expédients pour améliorer le chemin de la perfection, vers la perfection et pour la perfection éternelle.
 
(75.0) 75:8.6 Somme toute, il n’y eut probablement jamais, sur aucune planète de Nébadon, un avortement de sagesse plus décourageant. Mais il n’est pas surprenant que ces faux pas se produisent dans les affaires des univers évolutionnaires. Nous faisons partie d’une création gigantesque, et il n’y a rien d’étrange à ce que tout ne se passe pas à la perfection. Notre univers n’a pas été créé parfait ; la perfection est notre but éternel et non notre origine.
 
(75.0) 75:8.7 Si l’univers était mécaniste, si la Grande Source-Centre Première n’était qu’une force et non aussi une personnalité, si toute la création était un immense agrégat de matière physique dominé par des lois précises caractérisées par des actions énergétiques invariables, alors la perfection pourrait prévaloir, même sans que le statut de l’univers soit parachevé. Il n’y aurait nul désaccord, nulle friction. Mais, dans notre univers en évolution, de perfection et d’imperfection relatives, nous nous réjouissons que des désaccords et des malentendus soient possibles, car ils apportent la preuve du fait et de l’action de la personnalité dans l’univers. Si notre création est une existence dominée par la personnalité, alors vous pouvez être assurés que la survie, le progrès et l’aboutissement de la personnalité sont possibles ; nous pouvons avoir confiance dans la croissance, l’expérience et l’aventure de la personnalité. Combien l’univers est glorieux parce qu’il est personnel et progressif, et non simplement mécanique ou même passivement parfait !
 
(75.0) 75:8.8 [Présenté par Solonia, “ la voix séraphique dans le Jardin ”.]
 


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74. Adam et Ève

LIVRE D'URANTIA  -  Fascicule 74. Adam et Ève

(74.0) 74:0.1 Adam et Ève arrivèrent sur Urantia 37 848 ans avant l’an 1934 de l’ère chrétienne, au milieu de la belle saison, au moment où le Jardin était à l’apogée de sa floraison. À midi, et sans être annoncés, les deux convois séraphiques, accompagnés du personnel de Jérusem chargé du transport sur Urantia des élévateurs biologiques, atterrirent lentement sur la surface de la planète en rotation, à proximité du temple du Père Universel. Tout le travail de rematérialisation des corps d’Adam et d’Ève fut exécuté dans l’enceinte de ce sanctuaire récemment créé. Après leur arrivée, il s’écoula dix jours avant qu’ils fussent recréés sous leur forme humaine duelle pour être présentés au monde comme ses nouveaux dirigeants. Ils reprirent conscience simultanément. Les Fils et Filles Matériels servent toujours ensemble. En tous temps et en tous lieux, l’essence de leur service est de n’être jamais séparés. Ils sont destinés à travailler par couples, et il est rare qu’ils remplissent séparément leurs fonctions.
 
1. Adam et Ève sur Jérusem

(74.0) 74:1.1 L’Adam et l’Ève planétaires d’Urantia étaient membres du plus ancien corps de Fils Matériels sur Jérusem, où ils étaient inscrits conjointement sous le numéro 14 311. Ils appartenaient à la troisième série physique, et leur taille était de près de deux mètres cinquante.
 
(74.0) 74:1.2 À l’époque où Adam fut choisi pour aller sur Urantia, il était employé avec sa compagne dans les laboratoires d’essais et d’épreuves physiques de Jérusem. Pendant plus de quinze-mille ans, ils avaient dirigé le département d’énergie expérimentale appliquée à la modification des formes vivantes. Longtemps auparavant, ils avaient été instructeurs dans les écoles de citoyenneté pour les nouveaux arrivants sur Jérusem. Tout ceci doit être gardé présent à la mémoire en liaison avec le récit de la conduite ultérieur du couple sur Urantia.
 
(74.0) 74:1.3 Lorsque fut émise la proclamation appelant des volontaires pour la mission d’aventure adamique sur Urantia, tout le corps doyen des Fils Matériels se portat candidat. Les examinateurs Melchizédeks, avec l’approbation de Lanaforge et des Très Hauts d’Édentia, choisirent finalement l’Adam et l’Ève qui vinrent ultérieurement faire fonction d’élévateurs biologiques sur Urantia.
 
(74.0) 74:1.4 Adam et Ève étaient restés fidèles à Micaël pendant la rébellion de Lucifer. Le couple fut néanmoins appelé devant le Souverain du Système et tout son cabinet pour être examiné et recevoir des instructions. Les affaires d’Urantia leur furent exposées complètement en détail. On leur expliqua à fond les plans qu’ils devaient suivre en acceptant la responsabilité de régir un monde aussi déchiré par des luttes. Ils prêtèrent conjointement serment de fidélité aux Très Hauts d’Édentia et à Micaël de Salvington. Ils furent dument avisés de se considérer comme soumis au corps urantien des administrateurs provisoires Melchizédeks jusqu’à ce que ce corps gouvernemental juge bon d’abandonner la direction de la planète dont il avait la charge.
 
(74.0) 74:1.5 Ce couple de Jérusem laissait derrière lui, sur la capitale de Satania et ailleurs, cent descendants – cinquante fils et cinquante filles – créatures magnifiques qui avaient échappé aux embuches de la progression et ces descendants étaient tous en place comme fidèles serviteurs de confiance de l’univers à l’époque où leurs parents partirent pour Urantia. Ils étaient tous présents dans le superbe temple des Fils Matériels pour assister aux célébrations d’adieux associées aux dernières cérémonies d’acceptation de l’effusion. Les enfants accompagnèrent leurs parents au siège de dématérialisation de leur ordre ; ils furent les derniers à leur dire au revoir et à leur souhaiter un succès divin tandis que le couple sombrait dans la perte de conscience de la personnalité préalable à la préparation au transport séraphique. Les enfants passèrent quelque temps au rendez-vous de famille en se réjouissant de ce que leurs parents dussent bientôt devenir les chefs visibles et, en réalité, les seuls dirigeants de la planète 606 du système de Satania.
 
(74.0) 74:1.6 C’est ainsi qu’Adam et Ève quittèrent Jérusem au milieu des acclamations et des bons vœux de ses citoyens. Ils partirent vers leurs nouvelles responsabilités, bien équipés et pleinement instruits de tous leurs devoirs et de tous les dangers qu’ils rencontreraient sur Urantia.
 
2. L’arrivée d’Adam et d’Ève

(74.0) 74:2.1 Adam et Ève s’endormirent sur Jérusem et, lorsqu’ils se réveillèrent sur Urantia, dans le temple du Père en présence de la grande foule assemblée pour les accueillir, ils se trouvèrent en face de deux êtres dont ils avaient beaucoup entendu parler, Van et son fidèle associé Amadon. Ces deux héros de la sécession de Caligastia furent les premiers à leur souhaiter la bienvenue dans leur nouveau foyer-jardin.
 
(74.0) 74:2.2 La langue d’Éden était un dialecte andonique tel que le parlait Amadon. Van et Amadon avaient notablement amélioré ce langage en créant un nouvel alphabet de vingt-quatre lettres ; ils espéraient le voir devenir la langue d’Urantia à mesure que la culture édénique se répandrait dans le monde. Adam et Ève avaient acquis la pleine maitrise de ce dialecte humain avant leur départ de Jérusem, de sorte que ce fils andonite entendit l'éminent dirigeant de son monde lui parler dans sa propre langue.
 
(74.0) 74:2.3 Ce jour-là, il y eut grande excitation et joie dans tout le Jardin d’Éden, tandis que les coureurs se précipitaient au rendez-vous des pigeons voyageurs assemblés de près et de loin, et criaient : “ Lâchez les oiseaux ; qu’ils portent la nouvelle que le Fils promis est venu. ” Année après année, des colonies de croyants avaient fidèlement entretenu le nombre voulu de pigeons élevés à leurs foyers précisément pour cette occasion.
 
(74.0) 74:2.4 Tandis que la nouvelle de l’arrivée d’Adam se répandait au loin, des milliers de membres des tribus voisines acceptèrent les enseignements de Van et d’Amadon et, pendant bien des mois, des pèlerins continuèrent à affluer dans Éden pour saluer Adam et Ève et rendre hommage à leur Père invisible.
 
(74.0) 74:2.5 Peu après leur réveil, Adam et Ève furent escortés à la réception officielle sur le grand tertre situé au nord du temple. Cette colline naturelle avait été agrandie et aménagée pour l’installation des nouveaux dirigeants du monde. C’est là qu’à midi, le comité de réception d’Urantia souhaita la bienvenue à ce Fils et à cette Fille du système de Satania. Amadon présidait ce comité, qui était composé de douze membres : un représentant de chacune des six races sangiks ; le chef en exercice des médians ; Annan, une fille loyale porte-parole des Nodites ; Noé, fils de l’architecte constructeur du Jardin et exécuteur des plans de son père décédé ; et les deux Porteurs de Vie résidant sur Urantia.
 
(74.0) 74:2.6 L’acte suivant fut la remise de la responsabilité de la garde de la planète à Adam et Ève par le doyen Melchizédek, chef du conseil des administrateurs provisoires d’Urantia. Le Fils et la Fille Matériels prêtèrent serment de fidélité aux Très Hauts de Norlatiadek et à Micaël de Nébadon. Ils furent proclamés dirigeants d’Urantia par Van, qui abandonnait ainsi l’autorité nominale qu’il avait détenue pendant plus de cent-cinquante-mille ans en vertu d’une décision des administrateurs provisoires Melchizédeks.
 
(74.0) 74:2.7 Adam et Ève furent revêtus de robes royales à cette occasion, le moment de leur installation officielle dans la direction du monde. Les arts de Dalamatia n’avaient pas tous été perdus sur la planète ; le tissage était encore pratiqué au temps d’Éden.
 
(74.0) 74:2.8 On entendit alors la proclamation des archanges et la voix télédiffusée de Gabriel ordonnant le deuxième appel nominal de jugement pour Urantia et la résurrection des survivants endormis de la deuxième dispensation de grâce et de miséricorde sur la 606 de Satania. La dispensation du Prince est passée ; l’âge d’Adam, la troisième époque planétaire, s’ouvre au milieu de scènes grandioses et simples ; et les nouveaux dirigeants d’Urantia inaugurent leur règne dans des conditions apparemment favorables, malgré le désordre général provoqué par l’absence de coopération de leur prédécesseur en autorité sur la planète.
 
3. Adam et Ève font connaissance avec la planète

(74.0) 74:3.1 Maintenant, après leur installation officielle, Adam et Ève devinrent douloureusement conscients de leur isolement planétaire. Silencieuses étaient les télédiffusions familières, et absents tous les circuits de communications extraplanétaires. Leurs compagnons de Jérusem étaient allés sur des planètes où tout se passait normalement, avec un Prince Planétaire bien établi et un état-major expérimenté prêt à les recevoir et qualifié pour coopérer avec eux durant leurs expériences initiales sur ces mondes. Mais, sur Urantia, la rébellion avait tout changé. Ici, le Prince Planétaire n’était que trop présent et, quoique privé de la majeure partie de son pouvoir de faire du mal, il restait capable de rendre difficile et quelque peu hasardeuse la tâche d’Adam et d’Ève. Ce soir-là, tandis qu’ils se promenaient dans le Jardin, sous l’éclat de la pleine lune, en discutant de leurs plans pour le lendemain, le Fils et la Fille de Jérusem étaient graves et désillusionnés.
 
(74.0) 74:3.2 C’est ainsi que se termina le premier jour d’Adam et d’Ève sur Urantia, la planète isolée et troublée de la trahison de Caligastia. Ils marchèrent et parlèrent tard dans la nuit, leur première nuit sur terre – et ils se sentirent très seuls.
 
(74.0) 74:3.3 Le deuxième jour d’Adam sur terre se passa en session avec les administrateurs provisoires planétaires et le conseil consultatif. Les Melchizédeks et leurs associés en apprirent davantage à Adam et Ève sur les détails de la rébellion de Caligastia et l’effet de ce soulèvement sur le progrès du monde. Dans l’ensemble, ce long récit de la mauvaise gestion des affaires du monde était une histoire décourageante. Adam et Ève apprirent tous les faits concernant l’effondrement complet du plan de Caligastia pour accélérer le processus de l’évolution sociale. Ils parvinrent aussi à comprendre clairement et entièrement la folie de toute tentative pour obtenir une civilisation planétaire avancée indépendamment du plan divin de progression. C’est ainsi que se termina une journée triste, mais bien instructive – leur deuxième jour sur Urantia.
 
(74.0) 74:3.4 Le troisième jour fut consacré à une inspection du Jardin. Installés sur les grands oiseaux transporteurs – les fandors – Adam et Ève contemplèrent de haut les vastes étendues du Jardin tandis qu’ils étaient transportés dans les airs au-dessus du plus magnifique paysage de la terre. Ce jour d’inspection se termina par un énorme banquet en l’honneur de tous ceux qui avaient travaillé à créer ce jardin d’une beauté et d’une splendeur édéniques. De nouveau, jusque tard dans la soirée de leur troisième jour, le Fils et sa compagne se promenèrent dans le Jardin et parlèrent de l’immensité de leurs problèmes.
 
(74.0) 74:3.5 Le quatrième jour, Adam et Ève firent un discours à l’assemblée du Jardin. Du haut du tertre inaugural, ils parlèrent au peuple de leurs plans pour réhabiliter le monde et esquissèrent les méthodes par lesquelles ils chercheraient à relever la culture sociale d’Urantia des bas niveaux auxquels elle était tombée par suite du péché et de la rébellion. Ce fut un grand jour ; il se termina par un banquet pour le conseil d’hommes et de femmes qui avaient été sélectionnés pour prendre des responsabilités dans la nouvelle administration des affaires du monde. Notez bien ! Il y avait, dans ce groupe, des femmes aussi bien que des hommes, et c’était la première fois qu’un tel évènement se produisait sur terre depuis l’époque de Dalamatia. Ce fut une innovation abasourdissante de voir Ève, une femme, partager, avec un homme, les honneurs et les responsabilités des affaires du monde. C’est ainsi que se termina leur quatrième journée sur terre.
 
(74.0) 74:3.6 Le cinquième jour fut occupé à organiser le gouvernement temporaire, l’administration qui devait fonctionner jusqu’au moment où les administrateurs provisoires Melchizédeks quitteraient Urantia.
 
(74.0) 74:3.7 Le sixième jour fut consacré à inspecter de nombreux types d’hommes et d’animaux. Le long des murs orientaux d’Éden, Adam et Ève furent escortés toute la journée, observant la vie animale de la planète et arrivant à mieux comprendre ce qu’il fallait faire pour établir de l’ordre dans la confusion d’un monde habité par une telle variété de créatures vivantes.
 
(74.0) 74:3.8 Les personnes qui accompagnèrent Adam au cours de ce déplacement furent grandement surprises de constater combien il comprenait pleinement la nature et la fonction des milliers et des milliers d’animaux qu’on lui montrait. Dès qu’il avait jeté un coup d’œil sur un animal, il indiquait sa nature et son comportement. Adam pouvait, au premier regard, donner, à toutes les créatures matérielles qu’il voyait, des noms décrivant leur origine, leur nature et leur fonction. Ceux qui le conduisaient dans sa tournée d’inspection ne savaient pas que le nouveau dirigeant du monde était l’un des anatomistes les plus experts de Satania. Ève était tout aussi savante. Adam stupéfia ses associés en leur décrivant une foule de créatures vivantes trop petites pour être aperçues à l’œil nu par des humains.
 
(74.0) 74:3.9 Lorsque le sixième jour de leur séjour sur terre fut écoulé, Adam et Ève se reposèrent pour la première fois dans leur nouveau foyer “ à l’est d’Éden ”. Les six premières journées de l’aventure d’Urantia avaient été très remplies, et le couple escomptait avec grand plaisir une journée entière dégagée de toute activité.
 
(74.0) 74:3.10 Mais les circonstances en décidèrent autrement. L’expérience de la veille où Adam avait analysé avec tant d’intelligence et de profondeur la vie animale d’Urantia, son magistral discours inaugural et ses charmantes manières avaient à ce point gagné le cœur et subjugué la pensée des habitants du Jardin, que non seulement ils étaient tout disposés à accepter pour dirigeants le Fils et la Fille nouvellement arrivés de Jérusem, mais, en majorité, ils étaient presque prêts à tomber à genoux et à les adorer comme des dieux.
 
4. Le premier soulèvement

(74.0) 74:4.1 Cette nuit-là, celle qui suivit le sixième jour, pendant qu’Adam et Ève sommeillaient, il se passait des choses étranges à proximité du temple du Père dans le secteur central d’Éden. Sous la douce lumière de la lune, des centaines d’hommes et de femmes enthousiastes et surexcités écoutèrent pendant des heures les arguments passionnés de leurs chefs. Ils avaient de bonnes intentions, mais ne pouvaient absolument pas comprendre la simplicité des manières fraternelles et démocratiques de leurs nouveaux dirigeants. Longtemps avant l’aurore, les nouveaux administrateurs temporaires des affaires du monde arrivèrent à la conclusion quasi unanime qu’Adam et sa compagne étaient beaucoup trop modestes et effacés. Ils décidèrent que la Divinité était descendue sur terre sous forme corporelle, et qu’Adam et Ève étaient en réalité des dieux, ou si proches de l’être qu’ils étaient dignes d’un culte respectueux.
 
(74.0) 74:4.2 Les évènements stupéfiants des six premiers jours d’Adam et d’Ève sur terre dépassaient complètement l’entendement du mental mal préparé des hommes d’Urantia, même des meilleurs. La tête leur tournait. Ils furent entrainés par la proposition d’amener le noble couple au temple du Père, à midi, afin que tous les assistants puissent s’incliner en adoration respectueuse et se prosterner en humble soumission ; et les habitants du Jardin étaient réellement sincères dans toute leur conduite.
 
(74.0) 74:4.3 Van protesta. Amadon était absent, ayant la charge de la garde d’honneur qui avait veillé toute la nuit auprès d’Adam et d’Ève. Mais la protestation de Van fut balayée. On lui dit que lui aussi était trop modeste, trop effacé, et qu’il n’était pas loin d’être un dieu lui-même ; autrement, comment aurait-il pu vivre si longtemps sur terre et amener un évènement aussi considérable que la venue d’Adam ? Les Édénites surexcités étaient sur le point de le saisir et de le transporter sur le haut du tertre pour l’adorer, lorsque Van réussit à frayer son chemin hors de la foule. Sachant communiquer avec les médians, il envoya en toute hâte leur chef à Adam.
 
(74.0) 74:4.4 L’aurore du septième jour d’Adam et d’Ève sur terre approchait lorsqu’ils entendirent la saisissante nouvelle de la proposition de ces mortels bien intentionnés, mais malavisés. Alors, tandis que les oiseaux transporteurs se hâtaient pour venir chercher Adam et Ève et les amener au temple, les médians, qui sont capables de faire de telles choses, les transportèrent au temple du Père. Il était très tôt ce matin du septième jour, et, du haut du tertre, où il avait si récemment été reçu, Adam fit un discours pour expliquer les ordres de filiation divine et fit comprendre au mental de ces habitants de la terre que seuls le Père et ceux qu’il désigne peuvent faire l’objet d’adoration. Adam précisa qu’il accepterait tous les honneurs et recevrait toutes les marques de respect, mais refuserait toujours d’être adoré.
 
(74.0) 74:4.5 Ce fut un jour mémorable. Juste avant midi, à peu près au moment où arrivait le messager séraphique apportant de Jérusem le constat d’installation des dirigeants planétaires, Adam et Ève s’écartèrent de la foule, montrèrent du doigt le temple du Père, et dirent : “ Allez maintenant vers l’emblème matériel de la présence invisible du Père et inclinez-vous en adorant celui qui nous a tous créés et qui nous maintient en vie. Que cet acte soit la promesse sincère que vous ne serez plus jamais tentés d'adorer quelqu'un d'autre que Dieu. ” Ils firent tous ce qu’Adam leur avait commandé. Le Fils et la Fille Matériels se tenaient seuls sur le tertre la tête inclinée, tandis que le peuple se prosternait autour du temple.
 
(74.0) 74:4.6 Telle fut l’origine de la tradition du jour du sabbat. Dans Éden, le septième jour fut toujours consacré à l’assemblée de midi au temple ; la coutume persista longtemps de consacrer le reste de la journée à la culture personnelle. La matinée était consacrée aux améliorations physiques, l’heure de midi au culte spirituel, l’après-midi à la culture mentale, tandis que le soir se passait en réjouissances sociales. Ce ne fut jamais une loi dans Éden, mais cela resta la coutume tant que l’administration adamique conserva son pouvoir sur terre.
 
5. L’administration d’Adam

(74.0) 74:5.1 Pendant près de sept ans après l’arrivée d’Adam, les administrateurs provisoires Melchizédeks restèrent à leur poste, mais le moment finit par arriver où ils transmirent l’administration des affaires du monde à Adam et retournèrent à Jérusem.
 
(74.0) 74:5.2 Les adieux des administrateurs provisoires occupèrent toute une journée ; au cours de la soirée, les Melchizédeks donnèrent individuellement leurs derniers conseils à Adam et à Ève et leur offrirent leurs meilleurs vœux. Adam avait plusieurs fois demandé à ses conseillers de rester sur terre avec lui, mais ses requêtes avaient toujours été rejetées. Le moment était venu où les Fils Matériels devaient assumer la pleine responsabilité de la conduite des affaires du monde. Donc, à minuit, les transports séraphiques de Satania quittèrent la planète avec quatorze êtres à destination de Jérusem, car le transfert de Van et d’Amadon eut lieu en même temps que le départ des douze Melchizédeks.
 
(74.0) 74:5.3 Tout alla relativement bien pendant un certain temps sur Urantia, et il apparut qu’Adam finirait par être à même de mettre sur pied un plan pour promouvoir l’expansion graduelle de la civilisation édénique. Conformément à l’avis des Melchizédeks, il commença par encourager les arts de manufacture avec l’idée de développer les relations commerciales avec le monde extérieur. Quand Éden se désagrégea, il y avait plus de cent ateliers primitifs en fonctionnement, et des relations commerciales étendues avaient été établies avec les tribus environnantes.
 
(74.0) 74:5.4 Pendant des âges, Adam et Ève avaient été instruits dans la technique d’amélioration d’un monde prêt à recevoir leur contribution spécialisée à l’avancement de la civilisation évolutionnaire; mais, maintenant, ils se trouvaient en face de problèmes urgents tels que l’établissement de la loi et de l’ordre dans un monde de sauvages, de barbares et d’êtres humains à demi civilisés. À part l’élite de la population terrestre rassemblée dans le Jardin, seuls de rares groupes, çà et là, semblaient quelque peu capables de recevoir la culture adamique.
 
(74.0) 74:5.5 Adam fit un effort héroïque et résolu pour établir un gouvernement mondial, mais il rencontra une résistance obstinée à tous les tournants. Adam avait déjà mis en œuvre, dans tout Éden, un système de contrôle collectif et avait fédéré tous les groupes en une ligue édénique. Mais des troubles, des troubles graves, eurent lieu quand il sortit du Jardin et chercha à appliquer ces idées aux tribus extérieures. Dès que les associés d’Adam commencèrent à travailler hors du Jardin, ils se heurtèrent à la résistance directe et bien organisée de Caligastia et de Daligastia. Le Prince déchu avait été déposé comme souverain du monde, mais n’avait pas été retiré de la planète. Il était toujours présent sur terre et capable, au moins dans une certaine mesure, de résister à tous les plans d’Adam pour réhabiliter la société humaine. Adam essaya de mettre les races en garde contre Caligastia, mais sa tâche fut rendue très difficile parce que son ennemi acharné était invisible aux yeux des mortels.
 
(74.0) 74:5.6 Même parmi les Édénites, on trouvait des mentalités confuses qui penchaient vers l’enseignement de Caligastia sur la liberté personnelle effrénée ; elles causèrent à Adam des difficultés sans fin en démolissant toujours les plans les mieux préparés pour une progression ordonnée et un développement substantiel. Adam fut finalement obligé de renoncer à son programme de construction sociale immédiate et revint à la méthode d’organisation de Van ; il divisa les Édénites en compagnies de cent, avec un capitaine pour chacune et des lieutenants responsables pour chaque groupe de dix.
 
(74.0) 74:5.7 Adam et Ève étaient venus pour instituer un gouvernement représentatif à la place d’un gouvernement monarchique, mais, sur toute la surface de la terre, ils ne trouvèrent nul gouvernement digne de ce nom. Pour l’instant, Adam abandonna tout effort pour établir un gouvernement représentatif. Avant l’effondrement du régime édénique, il réussit à établir près d’une centaine de centres commerciaux et sociaux où de fortes personnalités dirigeaient en son nom. La plupart de ces centres avaient été organisés d’avance par Van et Amadon.
 
(74.0) 74:5.8 L’envoi d’ambassadeurs d’une tribu à une autre date du temps d’Adam. Ce fut un grand pas en avant dans l’évolution du gouvernement.
 
6. La vie familiale d’Adam et d’Ève

(74.0) 74:6.1 Le terrain du foyer d’Adam couvrait treize-cents hectares. Aux alentours immédiats de ce domaine, des dispositions avaient été prises pour pouvoir loger plus de trois-cent-mille de ses descendants d’hérédité pure, mais on ne construisit jamais que la première unité des bâtiments projetés. Avant que la famille adamique eût grandi au-delà de cette réserve initiale, tout le plan édénique avait été bouleversé et le Jardin, évacué.
 
(74.0) 74:6.2 Adamson fut le premier-né de la race violette sur Urantia, suivi d’une sœur puis d’Èveson, le deuxième fils d’Adam et d’Ève. Avant le départ des Melchizédeks, Ève était mère de cinq enfants, trois fils et deux filles. Les deux suivants furent des jumeaux. Avant sa faute, elle avait mis au monde soixante-trois enfants, trente-deux filles et trente-et-un fils. Lorsqu’Adam et Ève quittèrent le Jardin, leur famille comportait quatre générations comptant 1 647 descendants directs d’hérédité pure. Après leur départ du Jardin, ils eurent encore quarante-deux enfants, sans compter les deux descendants de parenté conjointe avec une souche mortelle d’Urantia. Ces chiffres ne comprennent pas la descendance adamique chez les Nodites et les races évolutionnaires.
 
(74.0) 74:6.3 Quand les enfants adamiques cessaient de se nourrir au sein de leur mère, à l’âge d’un an, ils ne buvaient pas de lait d’animaux. Ève pouvait se procurer le lait d’une grande variété de noix et le jus de nombreux fruits ; connaissant parfaitement la chimie et l’énergie de ces aliments, elle les combinait de manière adéquate pour nourrir ses enfants jusqu’à l’apparition de leurs dents.
 
(74.0) 74:6.4 La cuisson était universellement employée en dehors du secteur adamique proprement dit d’Éden, mais on ne cuisait rien au foyer d’Adam. Les membres de sa famille trouvaient leur nourriture – des fruits, des noix et des céréales – toute prête à mesure qu’elle murissait. Ils mangeaient une fois par jour, un peu après midi. Adam et Ève absorbaient aussi “ de la lumière et de l’énergie ” directement à partir de certaines énergies spatiales en conjonction avec le soutien de l’arbre de vie.
 
(74.0) 74:6.5 Le corps d’Adam et d'Ève émettait une lumière diffuse, mais ils s’habillaient toujours conformément aux coutumes de leurs associés. Ils étaient très légèrement vêtus dans la journée, mais s’enveloppaient, le soir, dans des couvertures. L’origine du halo traditionnel autour de la tête des gens supposés pieux et saints date du temps d’Adam et d’Ève. Les émanations lumineuses de leur corps étant presque totalement obscurcies par leurs vêtements, seule la lueur émanant de leurs têtes était perceptible. Les descendants d’Adamson décrivirent toujours de la sorte leur concept des individus dont le développement spirituel était supposé extraordinaire.
 
(74.0) 74:6.6 Adam et Ève pouvaient communiquer, l’un avec l’autre et avec leurs enfants au premier degré, à une distance d’environ quatre-vingts kilomètres. Cet échange de pensées s’effectuait au moyen des délicats alvéoles à gaz situés à proximité étroite de leur structures cérébrales. Par ce mécanisme, ils pouvaient envoyer et recevoir des vibrations de pensée, mais ce pouvoir fut instantanément suspendu lorsqu’ils abandonnèrent leur mental à la discorde et à la désagrégation du mal.
 
(74.0) 74:6.7 Les enfants adamiques fréquentaient leurs propres écoles jusqu’à l’âge de seize ans, et les ainés donnaient des leçons aux cadets. Les petits changeaient d’activité toutes les trente minutes, et les plus grands, toutes les heures. Ce fut certainement un spectacle nouveau sur Urantia de voir les enfants d’Adam et d’Ève déployer une activité joyeuse et vivifiante pour le seul plaisir de jouer. Les jeux et l’humour des races modernes proviennent en grande partie de la souche adamique. Tous les Adamites appréciaient beaucoup la musique et avaient aussi un sens aigu de l’humour.
 
(74.0) 74:6.8 L’âge moyen des fiançailles était de dix-huit ans, et les jeunes gens suivaient alors un cours d’instruction de deux ans pour se préparer à assumer les responsabilités conjugales. À vingt ans, ils avaient le droit de se marier ; après le mariage, ils commençaient leur vie de travail ou une préparation spéciale à cet effet.
 
(74.0) 74:6.9 La pratique ultérieure de certaines nations de permettre aux familles royales, qui prétendaient descendre des dieux, les mariages entre frères et sœurs, date des traditions des descendants d’Adam, qui étaient bien obligés de se marier entre eux. Adam et Ève officiaient toujours lors des cérémonies de mariage de la première et de la seconde génération du Jardin.
 
7. La vie dans le Jardin

(74.0) 74:7.1 À part les quatre années où ils fréquentaient les écoles de l’ouest, les enfants d’Adam vivaient et travaillaient à "l’est d’Éden". Jusqu’à l’âge de seize ans, ils recevaient une éducation intellectuelle conforme aux méthodes des écoles de Jérusem. De seize à vingt ans, ils s’instruisaient dans les écoles d’Urantia, à l’autre extrémité du Jardin, où ils servaient aussi de professeurs pour les classes inférieures.
 
(74.0) 74:7.2 Le système des écoles occidentales du Jardin avait pour but essentiel la vie sociale. Les récréations matinales étaient consacrées à la pratique de l’horticulture et de l’agriculture, et celles de l’après-midi, à des jeux de compétition. Les soirées étaient employées à des rapports sociaux et à l’entretien d’amitiés personnelles. L’éducation religieuse et sexuelle était considérée comme relevant du foyer, comme le devoir des parents.
 
(74.0) 74:7.3 L’instruction dans les écoles comprenait des cours concernant :
 
  (74.0) 74:7.4 1.La santé et les soins du corps.
 
  (74.0) 74:7.5 2.La règle d’or, l’étalon des rapports sociaux.
 
  (74.0) 74:7.6 3.La relation des droits individuels avec les droits collectifs et les obligations envers la communauté.
 
  (74.0) 74:7.7 4.L’histoire et la culture des diverses races terrestres.
 
  (74.0) 74:7.8 5.Les méthodes pour améliorer et faire progresser le commerce mondial.
 
  (74.0) 74:7.9 6.La coordination des conflits entre devoirs et émotions.
 
  (74.0) 74:7.10 7.La pratique des jeux, de l’humour et des substituts sous forme de compétition pouvant remplacer les batailles physiques.
 
(74.0) 74:7.11 Les écoles, et en fait toutes les activités du Jardin, étaient toujours ouvertes aux visiteurs. Les observateurs non armés étaient largement admis à Éden pour de courtes visites. Pour séjourner dans le Jardin, un Urantien devait être “ adopté ”. On l’instruisait du plan et du dessein de l’effusion adamique ; il notifiait son intention d’adhérer à cette mission ; et proclamait ensuite sa fidélité à la règle sociale d’Adam et à la souveraineté spirituelle du Père Universel.
 
(74.0) 74:7.12 Les lois du Jardin étaient basées sur les anciens codes de Dalamatia et promulguées sous sept titres :
 
  (74.0) 74:7.13 1.Les lois de santé et d’hygiène.
 
  (74.0) 74:7.14 2.Les règles sociales du Jardin.
 
  (74.0) 74:7.15 3.Le code des échanges et du commerce.
 
  (74.0) 74:7.16 4.Les lois du fair-play et de la concurrence.
 
  (74.0) 74:7.17 5.Les lois de la vie familiale.
 
  (74.0) 74:7.18 6.Les codes civils de la règle d’or.
 
  (74.0) 74:7.19 7.Les sept commandements de la loi morale suprême.
 
(74.0) 74:7.20 La loi morale d’Éden était peu différente des sept commandements de Dalamatia, mais les Adamites enseignaient nombre de raisons supplémentaires pour les justifier. Par exemple, au sujet de l’injonction contre le meurtre, la présence intérieure de l’Ajusteur de Pensée était donnée comme un motif additionnel pour ne pas détruire la vie humaine. On enseignait que “ quiconque verse le sang de l’homme par l’homme aura son propre sang versé, car Dieu a fait l’homme à son image ”.
 
(74.0) 74:7.21 L’heure d’Éden pour le culte public était midi ; le coucher du soleil était l’heure du culte familial. Adam fit de son mieux pour décourager l’emploi de prières toutes faites, enseignant qu’une prière efficace doit être entièrement individuelle, qu’elle doit représenter le “ désir de l’âme ” ; mais les Édénites continuèrent à employer les prières et les formes traditionnelles transmises depuis l’époque de Dalamatia. Adam s’efforça aussi de substituer des offrandes de fruits de la terre aux sacrifices de sang dans les cérémonies religieuses, mais ne fit guère de progrès dans ce sens avant la dislocation du Jardin.
 
(74.0) 74:7.22 Adam tenta d’expliquer aux races l’égalité des sexes. La manière dont Ève travaillait aux côtés de son mari impressionna profondément tous les habitants du Jardin. Adam leur enseigna nettement que la femme apporte, au même titre que l’homme, les facteurs de vie qui s’unissent pour former un nouvel être. Auparavant, les hommes avaient supposé que toute procréation résidait dans les “ reins du père ”. Ils avaient considéré la mère comme un simple instrument pour nourrir l’enfant à naitre et allaiter le nouveau-né.
 
(74.0) 74:7.23 Adam enseigna à ses contemporains tout ce qu’ils pouvaient comprendre, mais, comparativement parlant, ce n’était pas grand-chose. Néanmoins, les individus les plus intelligents des races de la terre attendaient impatiemment le moment où ils auraient la permission de se marier avec les enfants supérieurs de la race violette. Quel monde différent Urantia serait devenu si ce grand plan pour élever les races avait été mis à exécution ! Même, à la manière dont les choses se sont passées, le faible apport de sang que les peuples évolutionnaires ont reçu incidemment de la race importée a procuré des gains prodigieux.
 
(74.0) 74:7.24 C’est ainsi qu’Adam travailla pour le bienêtre et l’élévation du monde de son séjour, mais c’était une tâche bien difficile que de conduire dans la meilleure voie ces peuples mêlés et bâtards.
 
8. La légende de la création

(74.0) 74:8.1 L’histoire de la création d’Urantia en six jours fut basée sur la tradition qu’Adam et Ève avaient passé précisément six jours à leur examen initial du Jardin. Cette circonstance apporta une sanction presque sacrée à la période de temps de la semaine, qui avait originellement été introduite par les Dalamatiens. Le fait qu’Adam ait passé six jours à inspecter le Jardin et à formuler des plans préliminaires d’organisation n’était pas préconçu, mais fut élaboré au jour le jour. Le choix du septième jour pour le culte fut tout à fait fortuit et lié aux évènements que nous venons de relater.
 
(74.0) 74:8.2 La légende du monde créé en six jours fut une pensée venue après coup, en fait plus de trente-mille ans plus tard. Il est possible qu’un passage du récit, l’apparition soudaine du soleil et de la lune, provienne des traditions selon lesquelles le monde avait jadis émergé soudain d’un nuage spatial dense de poussière cosmique qui avait longtemps obscurci le soleil et la lune.
 
(74.0) 74:8.3 L’histoire de la création d’Ève à partir d’une côte d’Adam est un résumé confus de l’arrivée d’Adam et de la chirurgie céleste concernant l’échange de substances vivantes associé à la venue de l’état-major corporel du Prince Planétaire plus de 450 000 ans auparavant.
 
(74.0) 74:8.4 La majorité des peuples du monde a été influencée par la tradition que des formes physiques furent créées pour Adam et Ève lors de leur arrivée sur Urantia. La croyance que l’homme a été créé avec de l’argile fut à peu près universelle dans l’hémisphère oriental ; on retrouve cette tradition tout autour du monde depuis les Philippines jusqu’en Afrique. De nombreux groupes acceptèrent l’histoire de l’homme tiré de l’argile par une forme spéciale de création, alors qu’antérieurement ils croyaient à la création progressive : l’évolution.
 
(74.0) 74:8.5 En dehors des influences de Dalamatia et d’Éden, l’humanité tendait à croire à l’ascension graduelle de la race humaine. Le fait de l’évolution n’est pas une découverte moderne ; les anciens comprenaient le lent caractère évolutionnaire du progrès humain. Les Grecs primitifs en avaient une idée claire, malgré leur proximité de la Mésopotamie. Bien que les diverses races de la terre se fussent déplorablement embrouillées dans leurs notions sur l’évolution, nombre de tribus primitives croyaient et enseignaient qu’elles descendaient de divers animaux. Les peuplades primitives prirent l’habitude de choisir pour “ totems ” les animaux qu’elles supposaient avoir eus pour ancêtres. Plusieurs tribus indiennes nord-américaines se croyaient issues de castors et de coyotes. Certaines tribus africaines enseignent qu’elles descendent de l’hyène; une tribu malaise, du lémur; un groupe de Nouvelle-Guinée, du perroquet.
 
(74.0) 74:8.6 À cause de leur contact immédiat avec les restes de la civilisation des Adamites, les Babyloniens élargirent et embellirent l’histoire de la création de l’homme ; ils enseignaient qu’il était descendu directement des Dieux, que la race avait une origine aristocratique, ce qui était incompatible même avec la doctrine de la création à partir de l’argile.
 
(74.0) 74:8.7 Le récit de la création, dans l’Ancien Testament, date de longtemps après l’époque de Moïse. Il n’enseigna jamais aux Hébreux une histoire aussi déformée. En fait, il avait présenté aux Israélites un récit simple et condensé de la création, espérant par là donner du poids à son appel à l’adoration du Créateur, le Père Universel, qu’il nommait le Seigneur Dieu d’Israël.
 
(74.0) 74:8.8 Dans ses premiers enseignements, Moïse évita fort sagement de remonter au-delà de l’époque d’Adam et, puisque Moïse était l’instructeur suprême des Hébreux, les histoires d’Adam furent intimement reliées à celles de la création. Les traditions plus anciennes reconnaissaient une civilisation préadamique ; cela ressort clairement du fait que les éditeurs ultérieurs, dans leur intention d’éliminer toute référence aux affaires humaines antérieures à Adam, négligèrent de faire disparaitre la référence révélatrice de l’émigration de Caïn dans la “ terre de Nod ”, où il prit femme.
 
(74.0) 74:8.9 Pendant longtemps après leur installation en Palestine, les Hébreux n’eurent pas de langage écrit d’emploi général. Ils apprirent l’usage de l’alphabet par leurs voisins les Philistins, qui étaient des réfugiés politiques de la civilisation supérieure de Crète. Les Hébreux écrivirent peu jusqu’à l’an 900 av. J.-C. et, faute de langage écrit avant cette date tardive, différentes histoires de la création circulaient chez eux ; mais, après la captivité de Babylone, ils eurent davantage tendance à accepter une version mésopotamienne modifiée.
 
(74.0) 74:8.10 La tradition juive se cristallisa autour de Moïse et, parce qu’il s’était efforcé de faire remonter la généalogie d’Abraham jusqu’à Adam, les Juifs supposèrent qu’Adam était le premier homme de toute l’humanité. Yahweh était le créateur et, puisqu’Adam était censé être le premier homme, il fallait que Yahweh eût créé le monde juste avant de créer Adam. La tradition des six jours d’Adam fut alors imbriquée dans l’histoire, avec pour résultat que, près de mille ans après le séjour de Moïse sur terre, la tradition de la création du monde en six jours fut écrite et lui fut ultérieurement attribuée.
 
(74.0) 74:8.11 Lorsque les prêtres juifs retournèrent à Jérusalem, ils avaient déjà achevé d’écrire leur récit du commencement des choses. Ils prétendirent bientôt que cette narration était une histoire de la création écrite par Moïse et récemment découverte. Par contre, les Hébreux contemporains d’environ 500 ans av. J.-C. ne considéraient pas ces écrits comme des révélations divines, mais plutôt de la même manière que les peuples ultérieurs considèrent les récits mythologiques.
 
(74.0) 74:8.12 Ce document falsifié, censé représenter l’enseignement de Moïse, fut porté à l’attention de Ptolémée, le roi grec d’Égypte, qui le fit traduire en grec par une commission de soixante-dix érudits pour sa nouvelle bibliothèque d’Alexandrie. Ce récit trouva ainsi sa place parmi les écrits qui firent ensuite partie des collections ultérieures d’écrits sacrés ” des religions hébraïque et chrétienne. Par identification avec ces derniers systèmes théologiques, ces conceptions ont profondément influencé pendant très longtemps la philosophie de nombreux peuples occidentaux.
 
(74.0) 74:8.13 Les instructeurs chrétiens perpétuèrent la croyance que la race humaine avait été créée par un fiat divin. Tout ceci conduisit directement à former l’hypothèse qu’il y avait eu, jadis, un âge d’or de félicité utopique, et à la théorie de la chute de l’homme ou du surhomme, qui expliquait la condition de la société qui n’avait rien d’utopique. Ces aperçus sur la vie et la place de l’homme dans l’univers étaient au moins décourageants puisqu’ils se basaient sur une croyance à la régression plutôt qu’à la progression, et qu’ils impliquaient également une Déité vengeresse épanchant sa colère sur la race humaine comme sanction des erreurs de certains anciens administrateurs planétaires.
 
(74.0) 74:8.14 “ L’âge d’or ” est un mythe, mais Éden était un fait, et la civilisation du Jardin fut effectivement ruinée. Adam et Ève persévérèrent dans le Jardin pendant cent-dix-sept ans, après quoi, par l’impatience d’Ève et les erreurs de jugement d’Adam, ils eurent la présomption de s’écarter de la voie ordonnée, ce qui amena rapidement la catastrophe sur eux-mêmes et retarda d’une façon désastreuse le développement progressif de tout Urantia.
 
(74.0) 74:8.15 [Relaté par Solonia, “ la voix séraphique dans le Jardin ”.]
 


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73. Le jardin d’Éden

LIVRE D'URANTIA  -  Fascicule 73. Le jardin d’Éden

(73.0) 73:0.1 La décadence culturelle et l’indigence spirituelle résultant de la chute de Caligastia et de la confusion sociale qui en résulta eurent peu d’effet sur le statut biologique ou physique des peuples d’Urantia. L’évolution organique se poursuivit à grands pas, tout à fait indépendamment du recul moral et culturel qui suivit si rapidement la dissidence de Caligastia et de Daligastia. Il y a presque quarante-mille ans, vint un moment dans l’histoire planétaire où les Porteurs de Vie en service prirent note qu’au point de vue purement biologique, le progrès du développement des races d’Urantia approchait de son apogée. Les administrateurs provisoires Melchizédeks partagèrent cette opinion et acceptèrent volontiers de se joindre aux Porteurs de Vie pour demander aux Très Hauts d’Édentia de faire inspecter Urantia en vue d’autoriser l’envoi d’élévateurs biologiques, un Fils et une Fille Matériels.
 
(73.0) 73:0.2 Cette requête fut adressée aux Très Hauts d’Édentia parce qu’ils avaient exercé une juridiction directe sur beaucoup d’affaires d’Urantia depuis la chute de Caligastia et la carence temporaire d’autorité sur Jérusem.
 
(73.0) 73:0.3 Tabamantia, superviseur souverain des séries de mondes décimaux ou expérimentaux, vint inspecter la planète. Après examen du progrès racial, il recommanda dument que des Fils Matériels fussent accordés à Urantia. Un peu moins de cent ans après son inspection, Adam et Ève, un Fils et une Fille Matériels du système local, arrivèrent et commencèrent leur tâche difficile. Il leur fallait essayer de débrouiller les affaires confuses d’une planète retardée par la rébellion et mise au ban par isolement spirituel.
 
1. Les Nodites et les Amadonites

(73.0) 73:1.1 Sur une planète normale, l’arrivée du Fils Matériel annonce généralement l’approche d’un grand âge d’inventions, de progrès matériels et d’éclairement intellectuel. L’ère postadamique est le grand âge scientifique sur la plupart des mondes, mais il n’en fut pas ainsi sur Urantia. Bien que la planète fut peuplée de races physiquement aptes, les tribus languissaient dans des abimes de sauvagerie et de stagnation morale.
 
(73.0) 73:1.2 Dix-mille ans après la rébellion, pratiquement tous les gains de l’administration du Prince avaient été annulés ; les races du monde n’étaient guère plus avancées que si ce Fils égaré n’était jamais venu sur Urantia. Les traditions de Dalamatia et la culture du Prince Planétaire ne subsistaient que chez les Nodites et les Amadonites.
 
(73.0) 73:1.3 Les Nodites étaient les descendants des membres rebelles de l’état-major du Prince et tiraient leur nom de leur premier chef, Nod, qui avait jadis présidé la commission de l’industrie et du commerce de Dalamatia. Les Amadonites étaient les descendants des Andonites qui avaient choisi de rester loyaux avec Van et Amadon. “ Amadonite ” est davantage une dénomination culturelle et religieuse qu’un nom racial ; du point de vue racial, les Amadonites étaient essentiellement les Andonites. “ Nodite ” est un nom à la fois culturel et racial, car les Nodites eux-mêmes constituaient la huitième race d’Urantia.
 
(73.0) 73:1.4 Il existait une hostilité traditionnelle entre les Nodites et les Amadonites. Cette inimitié revenait constamment à la surface toutes les fois que les descendants des deux groupes essayaient de se lancer dans une entreprise commune. Même plus tard, dans les affaires d’Éden, il leur fut extrêmement difficile de travailler ensemble en paix.
 
(73.0) 73:1.5 Peu après la destruction de Dalamatia, les partisans de Nod se divisèrent en trois groupes. Le groupe central resta dans le voisinage immédiat de son foyer originel, près du fond du golfe Persique. Le groupe oriental émigra vers les hauts plateaux d’Élam, juste à l’Est de la vallée de l’Euphrate. Le groupe occidental résida sur le rivage nord-est méditerranéen de la Syrie et dans le territoire adjacent.
 
(73.0) 73:1.6 Ces Nodites s’étaient accouplés librement avec les races sangiks et avaient laissé une progéniture de qualité. Quelques descendants des rebelles dalamatiens rejoignirent ultérieurement Van et ses partisans loyaux dans les terres situées au Nord de la Mésopotamie. Là, au voisinage du lac Van et dans la région au Sud de la mer Caspienne, les Nodites se mêlèrent et se mélangèrent aux Amadonites, et furent comptés au nombre des “ puissants hommes d’autrefois ”.
 
(73.0) 73:1.7 Avant l’arrivée d’Adam et d’Ève, ces groupes – les Nodites et les Amadonites – étaient les races les plus évoluées et les plus cultivées de la Terre.
 
2. Le projet de jardin

(73.0) 73:2.1 Pendant près de cent ans avant l’inspection de Tabamantia, Van et ses associés, opérant à partir de leur quartier général d’éthique et de culture mondiale situé sur de hautes terres, avaient prêché la venue d’un Fils promis de Dieu, un élévateur racial, un instructeur de la vérité et un successeur digne de confiance au traitre Caligastia. La majorité des habitants du monde, en ces jours-là, n’accordait guère ou pas d’intérêt à ces prédictions, mais ceux qui se trouvaient en contact immédiat avec Van et Amadon prirent cet enseignement au sérieux et commencèrent à faire des projets pour recevoir effectivement le Fils de la promesse.
 
(73.0) 73:2.2 Van raconta à ses plus proches collaborateurs l’histoire des Fils Matériels sur Jérusem, en leur disant ce qu’il avait connu d’eux avant de venir sur Urantia. Il savait bien que ces Fils Adamiques vivaient toujours dans des foyers simples et charmants entourés de jardins. Quatre-vingt-trois ans avant l’arrivée d’Adam et d’Ève, il proposa à ceux qui l’entouraient de se consacrer à proclamer la venue des Fils Matériels et à préparer un foyer-jardin pour les recevoir.
 
(73.0) 73:2.3 Depuis leur quartier général des hautes terres et depuis soixante-et-un établissements très dispersés, Van et Amadon recrutèrent un corps de plus de trois-mille travailleurs enthousiastes et de bonne volonté. Ils se réunirent en une assemblée solennelle où ils se dédièrent à la mission de préparer l’arrivée du Fils promis – ou tout au moins attendu.
 
(73.0) 73:2.4 Van divisa ses volontaires en cent compagnies avec un capitaine pour chacune et un associé qui servait dans son état-major personnel comme officier de liaison. Il garda Amadon comme associé personnel. Ces commissions commencèrent toutes sérieusement leurs travaux préliminaires, et la commission du site du Jardin se mit à parcourir le pays à la recherche de l’endroit idéal.
 
(73.0) 73:2.5 Bien que Caligastia et Daligastia eussent été privés d’une grande partie de leur pouvoir de nuire, ils firent tout ce qui leur était possible pour contrecarrer et gêner le travail de préparation du Jardin. Mais leurs manœuvres malignes furent largement compensées par les activités loyales de presque dix-mille médians qui travaillèrent infatigablement à faire progresser l’entreprise.
 
3. L’emplacement du Jardin

(73.0) 73:3.1 Le comité du site fut absent pendant près de trois ans. Il fit un rapport favorable sur trois emplacements possibles : le premier était une ile du golfe Persique ; le deuxième était un emplacement fluvial qui servit plus tard pour le second jardin ; le troisième était une longue péninsule étroite – presque une ile – qui faisait saillie vers l’ouest sur la côte orientale de la Méditerranée.
 
(73.0) 73:3.2 Le comité était presque unanime à préférer la troisième solution. Ce site fut choisi, et deux années furent occupées à transférer le quartier général culturel du monde, y compris l’arbre de vie, sur cette péninsule méditerranéenne. À l’exception d’un seul groupe, tous les habitants de la péninsule évacuèrent paisiblement les lieux lorsque Van et sa suite arrivèrent.
 
(73.0) 73:3.3 Cette péninsule méditerranéenne jouissait d’un climat salubre et d’une température régulière. La stabilité du temps était due aux montagnes qui l’entouraient et au fait que ce territoire était pratiquement une ile dans une mer intérieure. Il pleuvait abondamment sur les hautes terres environnantes, mais rarement sur Éden proprement dit. Par contre, chaque nuit, du réseau très développé de canaux d’irrigation, “ un brouillard s’élevait ” pour rafraichir la végétation du Jardin.
 
(73.0) 73:3.4 Le rivage de la péninsule était très surélevé, et l’isthme qui la reliait au continent n’était large que de quarante-trois kilomètres à son point le plus étroit. Le grand fleuve qui arrosait le Jardin descendait des hautes terres de la péninsule, coulait vers l’orient jusqu’au continent par l’isthme de la péninsule et, de là, traversait les basses terres de la Mésopotamie jusqu’à la mer située au-delà. Il était grossi de quatre affluents, qui prenaient leur source dans les collines côtières de la péninsule édénique. C’étaient les “ quatre têtes ” du fleuve qui “ sortait d’Éden ” et que l’on confondit plus tard avec les affluents des fleuves qui entouraient le second jardin.
 
(73.0) 73:3.5 Les pierres précieuses et les métaux abondaient dans les montagnes entourant le Jardin, mais on n’y prêtait que très peu d’attention. L’idée dominante était de glorifier l’horticulture et d’exalter l’agriculture.
 
(73.0) 73:3.6 Le site choisi pour le Jardin était probablement le plus bel endroit de cette sorte dans le monde entier, et le climat y était alors idéal. Nulle part ailleurs il n’y avait d’emplacement susceptible de se prêter aussi parfaitement à devenir un tel paradis d’expression botanique. L’élite de la civilisation d’Urantia se rassemblait en ce lieu de rencontre. À l’extérieur et au-delà, le monde vivait dans les ténèbres, l’ignorance et la sauvagerie. Éden était l’unique point lumineux d’Urantia. Par nature, il était un rêve de beauté, et il devint bientôt un poème où la gloire des paysages était exquise et perfectionnée.
 
4. L’établissement du Jardin

(73.0) 73:4.1 Quand les Fils Matériels, les élévateurs biologiques, commencent leur séjour sur un monde évolutionnaire, leur demeure est souvent appelée le Jardin d’Éden, parce qu’elle est caractérisée par la beauté florale et la splendeur botanique d’Édentia, capitale de la constellation. Van connaissait bien ces coutumes et veilla en conséquence à ce que la péninsule tout entière fut consacrée au Jardin. Des projets de pâturages et d’élevages furent établis pour les terres contigües de la zone continentale. Du règne animal, on ne trouvait dans le parc que les oiseaux et les diverses espèces d’animaux domestiques. Van avait ordonné qu’Éden soit un jardin et seulement un jardin. Jamais il n’y eut d’animaux abattus dans son enceinte. Toute la viande mangée par les ouvriers du Jardin pendant les années de sa construction provenait des troupeaux entretenus sous bonne garde sur le continent.
 
(73.0) 73:4.2 La première tâche fut de construire un mur de briques à travers l’isthme de la péninsule. Après son achèvement, on put se mettre sans encombre au vrai travail d’embellissement du paysage et de construction des foyers.
 
(73.0) 73:4.3 Un jardin zoologique fut créé en construisant un mur plus petit juste au-delà du mur principal. L’espace intermédiaire, occupé par toutes sortes d’animaux sauvages, servait de défense supplémentaire contre les attaques hostiles. Cette ménagerie fut organisée en douze grandes divisions, avec des sentiers bordés de murs séparant les groupes et conduisant aux douze portes du Jardin. Le fleuve et ses pâturages adjacents occupaient la zone centrale.
 
(73.0) 73:4.4 On n’employa que des volontaires pour préparer le Jardin ; jamais aucun salarié n’y prit part. Ils cultivaient le Jardin et soignaient leurs troupeaux pour vivre ; ils recevaient aussi des contributions en nourriture de la part de croyants du voisinage. Et cette grande entreprise fut menée à bonne fin, malgré les difficultés accompagnant le désordre du statut mondial pendant ces temps troublés.
 
(73.0) 73:4.5 Ne sachant pas dans quel délai le Fils et la Fille attendus pourraient venir, Van causa une grande déception en suggérant qu’il fallait aussi entrainer les jeunes générations à poursuivre l’entreprise au cas où l’arrivée d’Adam et d’Ève serait retardée. Cette suggestion parut impliquer un manque de foi chez Van et provoqua un trouble considérable accompagné de nombreuses désertions. Mais Van persista dans son plan de préparation et combla les places vides des déserteurs avec des volontaires plus jeunes.
 
5. Le foyer du Jardin

(73.0) 73:5.1 Au centre de la péninsule édénique se trouvait le charmant temple de pierre du Père Universel, le sanctuaire sacré du Jardin. Le quartier général administratif fut établi vers le nord, et les maisons des ouvriers et de leurs familles furent construites vers le sud. À l’ouest, on réserva les terrains nécessaires aux écoles que l’on se proposait de bâtir pour le système éducatif du Fils attendu, tandis qu’à “ l’est d’Éden ”, on construisait les domiciles destinés au Fils de la promesse et à sa descendance en ligne directe. Les plans architecturaux d’Éden prévoyaient des foyers et des terres abondantes pour un million d’êtres humains.
 
(73.0) 73:5.2 Au moment de l’arrivée d’Adam, le Jardin n’était qu’au quart achevé, mais il avait déjà des milliers de kilomètres de rigoles d’irrigation et plus de vingt-mille kilomètres de routes et de sentiers pavés. Un peu plus de cinq-mille bâtiments en briques s’élevaient dans les divers secteurs, et les arbres et les plantes étaient innombrables. Le nombre des maisons constituant une agglomération dans le parc était limité à un maximum de sept. Bien que les structures du Jardin fussent simples, elles étaient fort artistiques. Les routes et les sentiers étaient bien construits, et les aménagements paysagers étaient exquis.
 
(73.0) 73:5.3 Les dispositifs sanitaires du Jardin étaient très en avance sur tout ce que l’on avait tenté jusqu’alors sur Urantia. L’eau potable d’Éden était maintenue saine par la stricte observation des règlements d’hygiène destinés à conserver sa pureté. À ces époques anciennes, la négligence de ces règles entrainait beaucoup d’ennuis, mais Van inculqua peu à peu à ses associés l’importance qu’il y avait à ne rien faire tomber dans les réservoirs d’eau du Jardin.
 
(73.0) 73:5.4 Un réseau d’égouts fut établi plus tard, mais, en attendant, les Édénites pratiquèrent l’enfouissement scrupuleux de tous les déchets ou des matières en décomposition. Les inspecteurs d’Amadon faisaient leur ronde tous les jours en recherchant les causes possibles de maladie. Les Urantiens n’ont pas repris conscience de l’importance de la lutte préventive contre les maladies humaines avant la fin du dix-neuvième siècle et au vingtième siècle de l’ère chrétienne. Avant la dislocation du régime adamique, on avait construit en briques un système couvert d’égouts qui passaient sous les murs du Jardin et se vidaient dans la rivière d’Éden plus d’un kilomètre en aval de la petite muraille extérieure.
 
(73.0) 73:5.5 À l’époque de l’arrivée d’Adam, des spécimens de la plupart des plantes de cette région du monde poussaient dans Éden. D’importantes améliorations avaient déjà été apportées aux fruits, aux céréales et aux noix. Beaucoup de légumes et de céréales modernes y furent cultivés pour la première fois, mais des dizaines de variétés de plantes nutritives furent ultérieurement perdues pour le monde.
 
(73.0) 73:5.6 Environ cinq pour cent du Jardin était utilisé pour une culture artificielle intensive, quinze pour cent n’était que partiellement exploité, le reste de la surface fut laissé plus ou moins à l’état naturel en attendant l’arrivée d’Adam, car on estima préférable d’achever le parc selon ses idées.
 
(73.0) 73:5.7 C’est ainsi que le Jardin d’Éden fut préparé pour la réception de l’Adam promis et de son épouse, et ce Jardin aurait fait honneur à un monde évoluant sous une administration devenue parfaite et un contrôle normal. Adam et Ève furent très contents du plan général d’Éden, tout en apportant de nombreux changements à l’aménagement de leur demeure personnelle.
 
(73.0) 73:5.8 Bien que le travail d’embellissement ne fût pas tout à fait terminé au moment de l’arrivée d’Adam, l’endroit était déjà un joyau de splendeur botanique ; durant les débuts de son séjour en Éden, l’ensemble du Jardin prit une nouvelle forme et assuma de nouvelles proportions de beauté et de grandeur. Ni avant ni après cette époque, Urantia n’a jamais abrité une exposition d’horticulture et d’agriculture aussi superbe et aussi complète.
 
6. L’arbre de vie

(73.0) 73:6.1 Au centre du temple du Jardin, Van planta l’arbre de vie qu’il avait si longtemps gardé, dont les feuilles étaient destinées à “ la guérison des nations ”, et dont les fruits l’avaient si longtemps sustenté sur terre. Van savait bien qu’Adam et Ève dépendraient aussi de ce don d’Édentia pour se maintenir en vie une fois qu’ils se seraient matérialisés sur Urantia.
 
(73.0) 73:6.2 Sur les capitales des systèmes, les Fils Matériels n’ont pas besoin de l’arbre de vie pour subsister. C’est seulement dans leur repersonnalisation planétaire qu’ils dépendent de cet accessoire pour être physiquement immortels.
 
(73.0) 73:6.3 Il est possible que “ l’arbre de la connaissance du bien et du mal ” soit une figure de rhétorique, une désignation symbolique couvrant une multitude d’expériences humaines, mais “ l’arbre de vie ” n’était pas un mythe ; il était réel et fut longtemps présent sur Urantia. Lorsque les Très Hauts d’Édentia approuvèrent la nomination de Caligastia comme Prince Planétaire d’Urantia, et celle des cent citoyens de Jérusem pour son état-major administratif, ils envoyèrent, sur la planète, par les Melchizédeks, un arbuste d’Édentia, qui grandit et devint l’arbre de vie sur Urantia. Cette forme de vie, non intelligente, est propre aux sphères-sièges des constellations ; on la trouve également sur les mondes-sièges des univers locaux et des superunivers, ainsi que sur les sphères de Havona, mais non sur les capitales systémiques.
 
(73.0) 73:6.4 Cette superplante emmagasinait certaines énergies de l’espace, antidotes des éléments produisant la sénescence dans l’existence animale. Le fruit de l’arbre de vie agissait comme une batterie d’accumulateurs superchimiques, libérant mystérieusement, lorsqu’on le mangeait, la force prolongatrice de vie de l’univers. Cette forme de sustentation était complètement inutile aux mortels évolutionnaires d’Urantia, mais elle était spécifiquement utile aux cent membres matérialisés de l’état-major de Caligastia et aux cent Andonites modifiés, qui avaient apporté une contribution de leur plasma vital à l’état-major du Prince et qui, en retour, avaient reçu en pleine propriété le complément de vie qui leur rendait possible d’utiliser le fruit de l’arbre de vie pour prolonger indéfiniment leur existence qui, sans cela, eût été une existence de mortels.
 
(73.0) 73:6.5 Pendant le règne du Prince, l’arbre planté en terre croissait dans la cour circulaire centrale du temple du Père. Quand la rébellion éclata, Van et ses associés firent croitre, de nouveau, l’arbre, à partir du cœur, dans leur campement temporaire. Cet arbuste d’Édentia fut ensuite emporté dans leur retraite des hautes terres où il servit à Van et Amadon pendant plus de cent-cinquante-mille ans.
 
(73.0) 73:6.6 Lorsque Van et ses associés préparèrent le Jardin pour Adam et Ève, ils transportèrent l’arbre d’Édentia dans le Jardin d’Éden où il poussa, de nouveau, dans la cour circulaire centrale d’un temple du Père. Adam et Ève prenaient périodiquement un repas de ses fruits pour entretenir leur forme duelle de vie physique.
 
(73.0) 73:6.7 Quand les plans du Fils Matériel furent détournés de la bonne voie, Adam et sa famille n’obtinrent pas l’autorisation d’emporter le cœur de l’arbre du Jardin. Quand les Nodites envahirent Éden, on leur raconta qu’ils deviendraient comme “ des dieux s’ils mangeaient du fruit de l’arbre ”. À leur grande surprise, ils le trouvèrent non gardé. Ils mangèrent abondamment de son fruit pendant des années, mais cela ne leur produisit aucun effet. Ils étaient tous des mortels matériels du royaume, dépourvus du facteur qui agit comme complément du fruit de l’arbre. Leur inaptitude à bénéficier de l’arbre de vie les rendit furieux et, à l’occasion d’une de leurs guerres intestines, ils détruisirent le temple et l’arbre par le feu. Seul le mur de pierre subsista jusqu’à l’engloutissement ultérieur du Jardin dans les eaux. Ce fut le second temple du Père à être ruiné.
 
(73.0) 73:6.8 Il fallut alors que toute chair sur Urantia suive le cours naturel de la vie et de la mort. Adam, Ève, leurs enfants, les enfants de leurs enfants et leurs associés moururent tous dans la suite des temps, devenant ainsi soumis au plan d’ascension de l’univers local, où la résurrection sur les mondes des maisons suit la mort physique.
 
7. Le sort d’Éden

(73.0) 73:7.1 Après le départ d’Adam, le premier jardin fut diversement occupé par les Nodites, les Cutites et les Suntites. Il devint, plus tard, le lieu d’habitation des Nodites du nord qui s’opposaient à la coopération avec les Adamites. Il y avait près de quatre-mille ans que la péninsule avait été envahie par ces Nodites inférieurs lorsque le fond oriental de la mer Méditerranée s’enfonça, entrainant sous les eaux la péninsule édénique tout entière. L’évènement eut lieu en liaison avec une violente activité des volcans du voisinage et la submersion de l’isthme reliant la Sicile et l’Afrique. En même temps que ce vaste effondrement, la côte orientale de la Méditerranée fut considérablement surélevée. Telle fut la fin de la plus belle création naturelle qu’Urantia ait jamais abritée. L’enfoncement ne fut pas soudain ; il fallut plusieurs centaines d’années pour submerger complètement la totalité de la péninsule.
 
(73.0) 73:7.2 Nous ne pouvons considérer cette disparition du Jardin comme résultant en aucune manière de l’avortement des plans divins ou des fautes d’Adam et d’Ève. Nous estimons que la submersion d’Éden ne fut rien d’autre qu’une occurrence naturelle, mais il nous semble que la date de l’engloutissement du Jardin fut fixée pour coïncider à peu près avec celle où l'accumulation des réserves de la race violette suffirait pour entreprendre la réhabilitation des peuples du monde.
 
(73.0) 73:7.3 Les Melchizédeks avaient conseillé à Adam de ne pas inaugurer le programme d’élévation et de mélange des races avant que sa propre famille ne compte un demi-million de membres. Le Jardin ne fut jamais destiné à être la demeure permanente des Adamites. Ceux-ci devaient être les émissaires d’une nouvelle vie pour le monde entier et se mobiliser pour une effusion désintéressée sur les races de la terre qui en avaient bien besoin.
 
(73.0) 73:7.4 Les instructions données à Adam par les Melchizédeks impliquaient qu’il aurait à établir des quartiers généraux raciaux, continentaux et divisionnaires dirigés par ses fils et ses filles immédiats, tandis que lui et Ève partageraient leur temps entre ces diverses capitales mondiales comme conseillers et coordonnateurs du ministère mondial d’élévation biologique, de progrès intellectuel et de réhabilitation morale.
 
(73.0) 73:7.5 [Présenté par Solonia, “ la voix séraphique dans le Jardin ”.]
 


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72. Le gouvernement sur une planète voisine

LIVRE D'URANTIA  -  Fascicule 72. Le gouvernement sur une planète voisine

(72.0) 72:0.1 Avec la permission de Lanaforge et l’approbation des Très Hauts d’Édentia, je suis autorisé à vous décrire certains aspects de la vie sociale, morale et politique de la race humaine la plus évoluée d’une planète peu éloignée appartenant au système de Satania.
 
(72.0) 72:0.2 Parmi tous les mondes de Satania, qui furent isolés pour avoir participé à la rébellion de Lucifer, c’est cette planète dont l’histoire ressemble le plus à celle d’Urantia. La similitude des deux sphères explique indubitablement pourquoi la permission de faire cette présentation extraordinaire fut accordée, car il est fort inhabituel aux dirigeants systémiques de laisser raconter sur une planète les affaires d’une autre.
 
(72.0) 72:0.3 La planète en question fut égarée comme Urantia par la déloyauté de son Prince Planétaire en liaison avec la rébellion de Lucifer. Elle reçut un Fils Matériel peu après l’arrivée d’Adam sur Urantia, et ce Fils fit également défaut ; cela laissa ce monde isolé, car jamais un Fils Magistral ne fut attribué à ces races mortelles.
 
1. La nation continentale

(72.0) 72:1.1 Malgré tous ces handicaps planétaires, une civilisation très supérieure est en voie d’évolution sur un continent isolé ayant à peu près les dimensions de l’Australie. Cette nation compte environ 140 millions d’habitants. Ils sont de race mixte, avec prédominance de sang bleu et de sang jaune, et une proportion de sang violet un peu plus élevée que chez la race dite blanche d’Urantia. Ces différentes races ne sont pas encore pleinement mêlées, mais elles fraternisent et se fréquentent de façon très acceptable. La durée moyenne de la vie humaine sur ce continent est maintenant de quatre-vingt-dix ans, soit quinze pour cent de plus que pour n’importe quel autre peuple de cette planète.
 
(72.0) 72:1.2 Le mécanisme industriel de cette nation bénéficie d’un grand avantage dû à la topographie exceptionnelle de son continent. Les hautes montagnes, sur lesquelles de fortes pluies tombent huit mois par an, sont situées au centre même du pays. Ce dispositif naturel favorise l’emploi de l’énergie hydraulique et facilite grandement l’irrigation du quart occidental relativement aride du continent.
 
(72.0) 72:1.3 Ces peuples sont autarciques, c’est-à-dire qu’ils peuvent vivre indéfiniment sans rien importer des nations environnantes. Leurs ressources naturelles sont surabondantes, et ils ont appris, par des techniques scientifiques, la manière de compenser la pénurie de certains produits indispensables à la vie. Ils ont un commerce intérieur très actif, mais peu de commerce extérieur à cause de l’hostilité universelle de leurs voisins moins progressifs.
 
(72.0) 72:1.4 Dans les grandes lignes, cette nation continentale a suivi la tendance évolutionnaire de la planète. Son développement entre le stade de la tribu et l’apparition de puissants chefs et rois occupa des milliers d’années. La monarchie absolue fut suivie de nombreux genres différents de gouvernements. Républiques avortées, États communautaires et dictateurs apparurent et disparurent en une profusion sans fin. Cette croissance se poursuivit jusqu’à cinq siècles environ avant l’époque actuelle. Durant une période de fermentation politique, l’un des puissants triumvirs-dictateurs de la nation changea alors de sentiment. Il offrit d’abdiquer volontairement à condition que l’un des deux autres dirigeants, le plus indigne des deux qui restaient, renonce également à sa dictature. La souveraineté du continent fut donc placée entre les mains d’un seul chef. L’État unifié progressa sous une forte loi monarchique pendant plus de cent ans durant lesquels une magistrale charte de liberté fut mise au point.
 
(72.0) 72:1.5 La transition subséquente entre la monarchie et une forme représentative de gouvernement fut graduelle. Les rois subsistèrent comme de simples figurants sociaux ou sentimentaux et finirent par disparaitre quand la lignée de leurs descendants mâles s’éteignit. La république en place présentement a maintenant juste deux-cents ans d’existence, durant lesquels elle a progressé d’une manière continue vers les techniques gouvernementales que nous allons décrire. Les derniers développements dans les domaines industriel et politique ont été effectués au cours des dix années qui viennent de s’écouler.
 
2. L’organisation politique

(72.0) 72:2.1 Cette nation continentale a maintenant un gouvernement représentatif avec une capitale nationale située au centre du pays. Le gouvernement central consiste en une solide fédération de cent États relativement libres. Ces États élisent pour dix ans leurs gouverneurs et leurs législateurs, dont aucun n’a le droit d’être réélu. Des juges d’État sont nommés à vie par les gouverneurs et confirmés par leurs parlements qui comprennent un représentant par tranche de cent-mille citoyens.
 
(72.0) 72:2.2 Il y a cinq types différents de gouvernements urbains, selon la dimension de la ville, mais aucune ville n’est autorisée à avoir plus d’un million d’habitants. Dans l’ensemble, l’organisation municipale est très simple, directe et économique. Les rares postes d’administration urbaine sont ardemment recherchés par les citoyens du type le plus élevé.
 
(72.0) 72:2.3 Le gouvernement fédéral comporte trois départements coordonnés : l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Le chef exécutif fédéral est élu tous les six ans par suffrage territorial universel. Il n’est pas rééligible, sauf sur la demande d’au moins soixante-quinze parlements d’État appuyés par leurs gouverneurs d’État respectifs, et, dans ce cas, pour un terme seulement. Il est conseillé par un supercabinet composé de tous les ex-chefs exécutifs encore vivants.
 
(72.0) 72:2.4 Le département législatif comprend trois chambres :
 
  (72.0) 72:2.5 1.La chambre haute est élue par des groupes de travailleurs de l’industrie, des professions libérales, de l’agriculture et d’autres métiers, votant selon leur fonction économique.
 
  (72.0) 72:2.6 2.La chambre basse est élue par certaines organisations de la société comprenant les groupes sociaux, politiques et philosophiques non inclus dans l’industrie et les autres métiers. Tous les citoyens honorablement connus participent à l’élection des deux classes de représentants, mais ils sont groupés différemment selon que l’élection concerne la chambre haute ou la chambre basse.
 
  (72.0) 72:2.7 3.La troisième chambre – les doyens des hommes d’État – englobe les vétérans du service civique et comprend de nombreuses personnes distinguées nommées par le chef exécutif, par les administrateurs régionaux (subfédéraux), par le chef du tribunal suprême, et par les présidents de chacune des deux autres chambres législatives. Ce groupe est limité à cent membres qui sont élus à la majorité par les anciens hommes d’État eux-mêmes. Les titulaires sont nommés à vie et, si une vacance se produit, la personne figurant sur la liste des candidats et qui a recueilli le plus grand nombre de votes se trouve régulièrement élue. Ce corps a une action purement consultative, mais il est un grand régulateur de l’opinion publique et il exerce une puissante influence sur toutes les branches du gouvernement.
 
(72.0) 72:2.8 Une partie importante du travail administratif est exécutée par les dix autorités régionales (subfédérales) dont chacune consiste en l’association de dix États. Ces départements régionaux sont entièrement exécutifs et administratifs, sans fonctions législatives ni judiciaires. Les dix chefs exécutifs régionaux sont nommés personnellement par le chef exécutif fédéral pour une durée égale à celle de son propre mandat – six ans. Le tribunal fédéral suprême approuve la nomination de ces dix administrateurs régionaux. Bien que leur mandat ne puisse être renouvelé, chacun de ceux qui se retirent devient automatiquement l’associé et le conseiller de son successeur. Par ailleurs, les chefs régionaux choisissent leur propre cabinet d’agents administratifs.
 
(72.0) 72:2.9 L’action judiciaire s’exerce dans la nation par deux systèmes majeurs de tribunaux – les tribunaux civils et les tribunaux socioéconomiques. Les tribunaux civils fonctionnent aux trois niveaux suivants :
 
  (72.0) 72:2.10 1.Les cours mineures de juridiction municipale et locale, dont les décisions sont susceptibles d’appel auprès des hauts tribunaux d’État.
 
  (72.0) 72:2.11 2.Les cours suprêmes des États, dont les décisions sont finales dans toutes les affaires où le gouvernement fédéral n’est pas impliqué et où les droits et libertés des citoyens ne sont pas en danger. Les administrateurs régionaux ont le pouvoir de soumettre immédiatement n’importe quel cas à la barre de la Cour fédérale suprême.
 
  (72.0) 72:2.12 3. La Cour fédérale suprême – le haut tribunal pour le jugement des litiges nationaux et des appels provenant des tribunaux des États. Ce tribunal suprême se compose de douze hommes âgés de plus de quarante ans et de moins de soixante-quinze ans, ayant servi au moins deux ans dans un tribunal d’État. Ils sont nommés à cette haute position par le chef exécutif avec l’approbation de la majorité du supercabinet et de la troisième chambre de l’assemblée législative. Toutes les décisions de ce corps judiciaire suprême sont prises à la majorité d’au moins deux tiers des voix.
 
(72.0) 72:2.13 Les tribunaux socioéconomiques fonctionnent dans les trois divisions suivantes :
 
  (72.0) 72:2.14 1.Tribunaux des familles, associés aux départements législatif et exécutif des foyers et du système social.
 
  (72.0) 72:2.15 2.Tribunaux de l’enseignement – les corps juridiques reliés aux systèmes scolaires des États et des régions, et associés aux branches exécutive et législative du mécanisme administratif de l’éducation.
 
  (72.0) 72:2.16 3.Tribunaux de l’industrie – les tribunaux juridictionnels investis de la pleine autorité pour régler tous les malentendus économiques.
 
(72.0) 72:2.17 La Cour fédérale suprême ne juge pas les cas socioéconomiques à moins d’y être invitée par la troisième branche législative du gouvernement national, la chambre des anciens, votant à la majorité des trois quarts. Autrement, toutes les décisions des hauts tribunaux familiaux, éducatifs et industriels sont sans appel.
 
3. La vie au foyer

(72.0) 72:3.1 Sur le continent dont nous parlons, la loi interdit à deux familles de vivre sous le même toit. Les habitations collectives ayant été proscrites, la plupart des maisons à appartements ont été démolies. Cependant, les célibataires vivent encore dans des clubs, des hôtels et autres résidences collectives. Le plus petit logis familial autorisé doit comporter un demi-hectare de terre. Toutes les terres et tous les bâtiments à usage de foyers sont exempts de taxes jusqu’à dix fois le minimum de surface exigé pour une famille.
 
(72.0) 72:3.2 La vie de famille de ce peuple s’est grandement améliorée au cours du dernier siècle. Il est obligatoire, aussi bien pour les pères que pour les mères, d’assister aux cours des écoles de puériculture pour parents. Même les agriculteurs qui résident dans de petits hameaux de campagne, suivent ces cours par correspondance et se rendent aux centres voisins d’instruction orale une fois tous les dix jours – toutes les deux semaines, car la semaine est de cinq jours.
 
(72.0) 72:3.3 Les familles ont une moyenne de cinq enfants qui restent pleinement sous le contrôle de leurs parents. Si l’un des deux parents ou les deux décèdent, la garde est exercée par les personnes désignées par les tribunaux des familles. Toute famille considère comme un grand honneur de se voir confier la garde d’un orphelin de père et de mère. Des concours ont lieu entre parents, et l’orphelin est attribué au foyer de ceux qui font preuve des meilleures qualifications parentales.
 
(72.0) 72:3.4 Ces gens considèrent le foyer comme l’institution fondamentale de leur civilisation. Ils escomptent que la partie la plus précieuse de l’éducation et de la formation du caractère d’un enfant sera fournie par ses parents et à son foyer. Les pères consacrent presque autant d’attention que les mères à la formation des enfants.
 
(72.0) 72:3.5 Toute l’éducation sexuelle est donnée à la maison par les parents ou les gardiens légaux. L’instruction morale est offerte par des maitres pendant les périodes de repos dans les ateliers-écoles, mais il n’en va pas de même pour l’éducation religieuse. On estime que celle-ci est le privilège exclusif des parents, car la religion est considérée comme faisant partie intégrante de la vie de famille. L’instruction purement religieuse n’est donnée publiquement que dans les temples de philosophie, car aucune institution exclusivement religieuse, ressemblant aux églises d’Urantia, ne s’est développée parmi ces populations. Dans leur philosophie, la religion est l’effort pour connaitre Dieu et pour manifester de l’amour à ses semblables en les servant, mais cela n’est nullement typique du statut religieux des autres nations de cette planète. Chez celle que nous étudions, la religion est si complètement une affaire de famille qu’il n’existe pas de lieux publics exclusivement consacrés à des assemblées religieuses. Pour employer le langage des Urantiens, l’Église et l’État sont entièrement séparés politiquement, mais il existe un étrange chevauchement de la religion et de la philosophie.
 
(72.0) 72:3.6 Jusqu’à il y a vingt ans, les instructeurs spirituels (comparables aux pasteurs d’Urantia), qui visitent périodiquement chaque famille pour examiner les enfants et vérifier qu’ils ont été convenablement instruits par leurs parents, étaient placés sous la supervision du gouvernement. Ces conseillers et examinateurs spirituels se trouvent maintenant sous la direction de la Fondation du Progrès Spirituel, une institution nouvellement créée et soutenue par des contributions volontaires. Il est possible que cette institution n’évolue pas davantage avant l’arrivée d’un Fils Magistral du Paradis.
 
(72.0) 72:3.7 Les enfants restent légalement soumis à leurs parents jusqu’à l’âge de quinze ans, où ils reçoivent leur première initiation aux responsabilités civiques. Ensuite, tous les cinq ans et durant cinq périodes successives, des exercices publiques similaires ont lieu pour les groupes de même âge. Les obligations vis-à-vis des parents y sont chaque fois diminuées, tandis que de nouvelles responsabilités civiques et sociales envers l’État sont assumées. Le droit de vote est conféré à vingt ans, le droit de se marier sans le consentement des parents n’est pas accordé avant vingt-cinq ans, et les enfants doivent quitter leur foyer quand ils atteignent l’âge de trente ans.
 
(72.0) 72:3.8 Les lois du mariage et du divorce sont uniformes dans toute la nation. Le mariage avant vingt ans – âge de l’admission au suffrage – n’est pas permis. L’autorisation de se marier n’est accordée qu’un an après le préavis d’intention, et après que les deux fiancés ont présenté des certificats montrant qu’ils ont été dument instruits dans les écoles de parents au sujet des responsabilités de la vie conjugale.
 
(72.0) 72:3.9 Les règles du divorce sont assez lâches, mais on ne peut obtenir le jugement de séparation émis par le tribunal des familles avant qu’un an se soit écoulé depuis l’enregistrement de la demande, et l'année, sur cette planète, est considérablement plus longue que sur Urantia. Malgré les lois qui rendent le divorce facile aujourd’hui, la proportion des divorces n’atteint que le dixième de celle des races civilisées d’Urantia.
 
4. Le système éducatif

(72.0) 72:4.1 Le système éducatif de cette nation est obligatoire et mixte dans les écoles préuniversitaires que les élèves fréquentent entre cinq et dix-huit ans, . Ces écoles sont extrêmement différentes de celles d’Urantia. Il n’y a pas de salles de classe, on ne poursuit qu’une étude à la fois et, après les trois premières années, tous les élèves deviennent des instituteurs adjoints pour instruire ceux qui sont dans des classes inférieures. On n’emploie des livres que pour se procurer les renseignements qui aident à résoudre les problèmes surgissant dans les ateliers-écoles et les fermes-écoles. On produit dans ces ateliers une grande partie des meubles employés sur le continent et de nombreux appareils mécaniques – car c’est une grande époque d’invention et de machinisme. Attenante à chaque atelier se trouve une bibliothèque pratique où les élèves peuvent consulter les livres de référence nécessaires. Pendant toute la période éducative, on enseigne également l’agriculture et l’horticulture dans les vastes fermes contigües à chaque école locale.
 
(72.0) 72:4.2 On n’apprend aux débiles mentaux que l’agriculture et l’élevage, et on les envoie, pour la vie, dans des colonies de surveillance spéciales où ils sont séparés par sexes pour empêcher la procréation, qui est interdite à tous les anormaux. Ces mesures restrictives sont en vigueur depuis soixante-quinze ans. Les mandats d’internement sont délivrés par les tribunaux des familles.
 
(72.0) 72:4.3 Tout le monde prend un mois de vacances chaque année. L’année a dix mois ; les écoles préuniversitaires sont ouvertes pendant neuf mois ; les vacances se passent à voyager avec les parents ou des amis. Ces voyages font partie du programme d’éducation des adultes et se continuent pendant toute la vie ; les fonds pour y faire face sont accumulés par les mêmes méthodes que les fonds d’assurance vieillesse.
 
(72.0) 72:4.4 Un quart du temps à l’école est consacré aux jeux – aux compétitions athlétiques. Les élèves progressent dans les concours locaux, puis provinciaux, puis régionaux, vers les épreuves nationales d’habileté et de prouesses. Les concours oratoires et musicaux ainsi que les épreuves de science et de philosophie occupent également l’attention des élèves depuis les sections locales mineures jusqu’aux épreuves récompensées par des honneurs nationaux.
 
(72.0) 72:4.5 La direction de l’école est une réplique du gouvernement national avec ses trois branches en corrélation. Le personnel enseignant opère à titre consultatif comme la troisième division législative. L’objet principal de l’éducation sur ce continent consiste à faire de chaque élève un citoyen capable de gagner sa vie.
 
(72.0) 72:4.6 Tous les enfants qui sortent diplômés du système scolaire préuniversitaire à dix-huit ans sont des artisans habiles. Alors commencent l’étude des livres et la recherche des connaissances spéciales, soit dans les universités, soit dans les écoles d’adultes. Quand un brillant élève achève son travail en avance sur le programme, on lui accorde, en récompense, le temps et les moyens d’exécuter un projet de son invention, qui lui est cher. Tout le système éducatif est prévu pour éduquer l’individu d’une manière appropriée.
 
5. L’organisation industrielle

(72.0) 72:5.1 La situation industrielle chez ce peuple est loin de ses idéaux. Le capital et le travail ont encore leurs difficultés, mais ils tendent à se conformer à un plan de coopération sincère. Sur ce continent exceptionnel, les ouvriers deviennent de plus en plus les actionnaires de toutes les affaires industrielles ; tout travailleur intelligent se transforme lentement en un petit capitaliste.
 
(72.0) 72:5.2 Les antagonismes sociaux diminuent, et la bonne volonté grandit rapidement. L’abolition de l’esclavage (il y a plus de cent ans) n’a suscité aucun problème grave parce qu’il a été effectué graduellement en libérant deux pour cent des esclaves chaque année. Le droit de citoyenneté fut accordé aux esclaves qui passaient d’une manière satisfaisante des épreuves morales, mentales et physiques. Beaucoup de ces esclaves supérieurs étaient des prisonniers de guerre ou des enfants de ces captifs. Il y a environ cinquante ans, la nation déporta le reste de ses esclaves inférieurs ; plus récemment encore, elle entreprit la tâche de réduire le nombre des individus appartenant aux classes dégénérées et vicieuses.
 
(72.0) 72:5.3 Ce peuple a récemment développé de nouvelles techniques pour dissiper les malentendus industriels et pour corriger les abus économiques ; elles représentent une amélioration marquée sur les anciennes méthodes employées pour résoudre ces problèmes. La violence a été proscrite comme procédé pour régler les différends personnels ou industriels. Les salaires, les profits et les autres questions économiques ne sont pas rigidement réglementés ; mais ils sont en général contrôlés par les corps législatifs industriels, tandis que toutes les querelles issues de l’industrie sont jugées par les tribunaux de l’industrie.
 
(72.0) 72:5.4 Les tribunaux de l’industrie n’existent que depuis trente ans, mais fonctionnent d’une manière très satisfaisante. Les dernières dispositions prévoient que les tribunaux de l’industrie reconnaitront dorénavant que les rémunérations légales sont de trois sortes :
 
  (72.0) 72:5.5 1.Le taux légal d’intérêt sur le capital investi.
 
  (72.0) 72:5.6 2.Une rémunération raisonnable de la qualification mise au service des opérations industrielles.
 
  (72.0) 72:5.7 3.Des salaires justes et équitables pour la main-d’œuvre.
 
(72.0) 72:5.8 Pour faire face à ces obligations, on commence par se référer aux contrats. Si les bénéfices ont diminué, les trois classes subissent une réduction temporaire proportionnelle. Ensuite, tous les bénéfices dépassant ces charges fixes sont considérés comme des dividendes et distribués au prorata à chacune des trois divisions, capital, qualification et main-d’œuvre.
 
(72.0) 72:5.9 Tous les dix ans, les chefs exécutifs régionaux fixent et décrètent les heures légales de labeur quotidien rémunéré. L’industrie travaille actuellement quatre jours par semaine de cinq jours, le cinquième jour étant consacré aux délassements. Ces gens travaillent six heures par jours ouvrables et, à l’instar des étudiants, neuf mois sur les dix de l’année. Les vacances sont généralement employées à voyager. De nouveaux modes de transport ayant été récemment développés, toute la nation pense à voyager. Le climat est propice aux déplacements environ huit mois sur dix, et les habitants tirent le meilleur parti des occasions qui leur sont offertes.
 
(72.0) 72:5.10 Il y a deux-cents ans, la recherche du profit dominait complètement l’industrie, mais aujourd’hui elle est rapidement remplacée par des impulsions différentes et supérieures. La compétition est active sur ce continent, mais elle a été transférée en grande partie de l’industrie aux jeux, à l’habileté, aux réalisations scientifiques et aux réussites intellectuelles. Elle est fort vive dans les services sociaux et dans la loyauté envers le gouvernement. Chez ce peuple, le service public devient rapidement le principal but de l’ambition. L’homme le plus riche du continent travaille six heures par jour dans le bureau de son atelier d'usinage et se hâte ensuite d’aller à la branche locale de l’école d’administration pour hommes d’État où il cherche à se qualifier pour le service public.
 
(72.0) 72:5.11 La main-d’œuvre acquiert plus de considération sur ce continent. Tous les citoyens valides de plus de dix-huit ans travaillent, soit à leur foyer et dans les fermes, soit dans une industrie reconnue, soit aux travaux publics qui absorbent les chômeurs temporaires, soit enfin dans le corps du travail obligatoire dans les mines.
 
(72.0) 72:5.12 Ce peuple commence également à développer une nouvelle forme de dégout social – le dégout de l’oisiveté aussi bien que de la fortune non gagnée. Lentement mais surement, ils triomphent de leurs machines. Eux aussi luttèrent jadis pour la liberté politique et ensuite pour la libération économique. Ils commencent maintenant à jouir des deux et, en outre, à apprécier leurs loisirs bien gagnés qu’ils peuvent consacrer à mieux s’épanouir.
 
6. L’assurance vieillesse

(72.0) 72:6.1 Cette nation fait un effort résolu pour remplacer l’espèce de charité destructrice du respect de soi-même par des garanties de sécurité pour la vieillesse, par des assurances gouvernementales dignes. Cette nation fournit une éducation à tous les enfants et une occupation à tous les hommes ; elle peut donc mettre en œuvre avec succès un plan d’assurance pour la protection des vieux et des infirmes.
 
(72.0) 72:6.2 Chez ce peuple, toutes les personnes doivent se retirer des fonctions lucratives à l’âge de soixante-cinq ans, à moins de recevoir du commissaire d’État au travail un permis leur donnant droit de travailler jusqu’à soixante-dix ans. Cette limite d’âge ne joue ni pour les fonctionnaires ni pour les philosophes. Les mutilés physiques ou les invalides permanents peuvent être inscrits à n’importe quel âge sur la liste des retraités sur un ordre du tribunal contresigné par le commissaire aux pensions du gouvernement régional.
 
(72.0) 72:6.3 Les fonds pour les pensions de vieillesse proviennent de quatre sources :
 
  (72.0) 72:6.4 1.Le gain d’une journée par mois est réquisitionné à cet effet par le gouvernement fédéral, et tout le monde travaille dans ce pays.
 
  (72.0) 72:6.5 2.Les legs – nombre de citoyens riches laissent des fonds à cet effet.
 
  (72.0) 72:6.6 3.Les gains du travail obligatoire dans les mines de l’État. Après que les forçats ont pourvu à leurs propres besoins et mis de côté leur contribution à leur propre retraite, tout l’excédent du bénéfice de leur travail est versé à ce fonds pour les pensions.
 
  (72.0) 72:6.7 4.Le revenu des ressources naturelles. Toutes les richesses naturelles du continent sont détenues comme dépôt social par le gouvernement fédéral, et le revenu qu’elles procurent est employé à des buts sociaux, tels que la lutte préventive contre les maladies, l’éducation des génies et l’entretien des élèves spécialement prometteurs dans les écoles pour hommes d’État. La moitié du revenu des ressources naturelles va au fonds pour les pensions de la vieillesse.
 
(72.0) 72:6.8 Bien que des fondations d'Etat et régionales basées sur les calculs d’actuaires fournissent de nombreuses formes d’assurances protectrices, les pensions de vieillesse sont exclusivement administrées par le gouvernement fédéral et par l’intermédiaire des dix départements régionaux.
 
(72.0) 72:6.9 Ces fonds gouvernementaux ont été administrés honnêtement depuis longtemps. Après la trahison et le meurtre, c’est à la trahison de la confiance publique que les tribunaux infligent les châtiments les plus sévères. La déloyauté sociale et politique est maintenant considérée comme le plus odieux des crimes.
 
7. Les impôts

(72.0) 72:7.1 Le gouvernement fédéral n’est paternaliste que dans l’administration des pensions de vieillesse et l’aide apportée au génie et à l’imagination créative. Les gouvernements d’État s’occupent un peu plus des individus, tandis que les gouvernements locaux sont beaucoup plus paternalistes ou socialisants. La ville (ou l’une de ses subdivisions) s’occupe d’affaires telles que la santé, l’hygiène, l’urbanisme, les embellissements, l’adduction d’eau, l’éclairage, le chauffage, les récréations, la musique et les communications.
 
(72.0) 72:7.2 Dans toute l’industrie, la première préoccupation est la santé. Certaines phases de bien-être physique sont considérées comme des prérogatives de l’industrie et de la communauté, mais les problèmes de la santé individuelle et familiale restent uniquement des affaires personnelles. En médecine comme dans toutes les questions purement personnelles, le plan du gouvernement consiste de plus en plus à s’abstenir de toute ingérence.
 
(72.0) 72:7.3 Les villes n’ont ni le pouvoir de taxer ni le droit de contracter des dettes. Elles reçoivent de la trésorerie d’État une allocation par habitant ; il faut compléter ce revenu par le bénéfice de leurs entreprises socialisées et en donnant des licences pour l’exercice de diverses activités commerciales.
 
(72.0) 72:7.4 Les facilités de transit rapide, qui permettent une extension considérable des limites urbaines, sont placées sous contrôle municipal. Les départements urbains des pompiers sont soutenus par les fondations de protection et d’assurance contre l’incendie. Tous les bâtiments de la ville ou de la campagne sont ignifugés – et l’ont été depuis plus de soixante-quinze ans.
 
(72.0) 72:7.5 Il n’y a pas de gardiens de la paix appointés par les municipalités ; les forces de police sont entretenues par les gouvernements des États. Les hommes de ce département sont recrutés à peu près exclusivement parmi les célibataires de vingt-cinq à cinquante ans. Le plupart des États taxent assez lourdement les célibataires, mais ceux qui entrent dans les rangs de la police d’État sont dispensés de cet impôt. Dans la moyenne des États, les forces de police n’atteignent que le dixième de leur importance d’il y a cinquante ans.
 
(72.0) 72:7.6 Il n’y a guère d’uniformité dans les plans fiscaux des cent États relativement libres et souverains, car les conditions économiques ou autres varient grandement dans les différents secteurs du continent. La constitution de chaque État comporte dix clauses fondamentales qui ne peuvent être modifiées sans le consentement de la Cour fédérale suprême, et l’une d’elle empêche d’établir un impôt de plus de un pour cent par an sur la valeur d’un bien quelconque, les domiciles urbains ou ruraux restant totalement exemptés.
 
(72.0) 72:7.7 Le gouvernement fédéral n’a pas le droit de s’endetter, et il faut un référendum à la majorité des trois quarts pour permettre à un État d’emprunter, sauf pour les besoins de la guerre. En cas de guerre, puisque le gouvernement fédéral ne peut contracter de dettes, le Conseil national de la défense a le pouvoir d’exiger des États une contribution en argent aussi bien qu’en hommes et en matériels, selon les besoins. Tout emprunt doit être remboursé en moins de vingt-cinq ans.
 
(72.0) 72:7.8 Les revenus destinés à entretenir le gouvernement fédéral proviennent des cinq sources suivantes :
 
  (72.0) 72:7.9 1.Les droits d’importation. Toutes les importations sont soumises à un droit de douane destiné à protéger le niveau de vie, qui est beaucoup plus élevé sur ce continent que dans n’importe quelle autre nation de la planète. Les tarifs douaniers sont fixés par le plus haut tribunal de l’industrie après que les deux chambres du parlement industriel ont ratifié les recommandations du chef exécutif des affaires économiques, lequel est nommé conjointement par ces deux corps législatifs. La chambre haute industrielle est élue par les travailleurs, la chambre basse par les capitalistes.
 
  (72.0) 72:7.10 2.Les redevances. Le gouvernement fédéral encourage les inventions et les créations originales dans les dix laboratoires régionaux. Il aide les génies de tous genres – artistes, auteurs et savants – et protège leurs brevets. En retour, il prélève la moitié des bénéfices provenant de toutes leurs inventions et créations, qu’elles concernent des machines, des livres, des œuvres d’art, des plantes ou des animaux.
 
  (72.0) 72:7.11 3.Les taxes successorales. Le gouvernement fédéral prélève un impôt successoral progressif allant de un à cinquante pour cent selon l’importance de la succession et certaines autres conditions.
 
  (72.0) 72:7.12 4.L’équipement militaire. Le gouvernement tire des sommes considérables de la location d’équipements militaires et navals pour des usages commerciaux ou récréatifs.
 
  (72.0) 72:7.13 5.Les ressources naturelles. Le revenu des ressources naturelles, quand il n’est pas entièrement affecté aux projets spécifiques consignés dans la charte des États Fédéraux, est versé au trésor national.
 
(72.0) 72:7.14 Les crédits budgétaires fédéraux, sauf les fonds de guerre évalués par le Conseil national de la défense, sont proposés dans la haute chambre législative, soumis à l’accord de la chambre basse, approuvés par le chef exécutif et finalement validés par la commission des cent du budget fédéral. Les membres de cette commission sont nommés par les gouverneurs des États et élus par le corps législatif des États pour servir pendant vingt-quatre ans. Ils se renouvellent par quart tous les six ans. Tous les six ans également, à la majorité des trois quarts, ce corps choisit un chef dans ses rangs, et celui-ci devient par là même directeur-contrôleur de la trésorerie fédérale.
 
8. Les écoles spéciales

(72.0) 72:8.1 En plus du programme fondamental d’instruction obligatoire entre les âges de cinq ans et de dix-huit ans, on entretient les écoles spéciales suivantes :
 
  (72.0) 72:8.2 1.Les écoles d’administration. Elles se divisent en trois classes : les écoles nationales, régionales et celles des États. Les offices publics de la nation sont groupés en quatre divisions. La première division de responsabilité publique concerne principalement l’administration nationale ; tous les détenteurs de postes dans ce groupe doivent avoir le double diplôme des écoles d’administration régionales et nationales. Dans la deuxième division, les candidats peuvent accepter un poste politique, électif ou par nomination, après avoir obtenu leur diplôme de l’une des dix écoles régionales d’administration ; leur mission concerne des responsabilités dans l’administration régionale et dans le gouvernement des États. La troisième division comprend des responsabilités dans les États, et ses fonctionnaires ont seulement besoin d’avoir le diplôme correspondant à l’administration des États. Les fonctionnaires de la quatrième et dernière division n’ont besoin d’aucun diplôme d’administration, tous leurs postes étant attribués par nomination. Ils représentent des postes mineurs d’assistants, de secrétaires ou de techniciens, remplies par les membres des différentes professions libérales qui opèrent avec capacité administrative gouvernementale.
 
  (72.0) 72:8.3 Les juges des tribunaux mineurs et des tribunaux des États sont diplômés des écoles d’administration des États. Les juges des tribunaux juridictionnels jugeant les affaires sociales, éducatives et industrielles sont diplômés des écoles régionales. Les juges de la Cour fédérale suprême doivent avoir des diplômes des trois classes d’écoles d’administration.
 
  (72.0) 72:8.4 2.Les écoles de philosophie. Ces écoles sont affiliées aux temples de philosophie et plus ou moins attachées à la religion en tant que fonction publique.
 
  (72.0) 72:8.5 3.Les instituts scientifiques. Ces écoles techniques sont coordonnées avec l’industrie plutôt qu’avec le système éducatif. Elles sont administrées en quinze divisions.
 
  (72.0) 72:8.6 4.Les écoles de formation professionnelle. Ces institutions spéciales procurent la formation technique pour les diverses professions libérales, qui sont au nombre de douze.
 
  (72.0) 72:8.7 5.Les écoles militaires et navales. Près du quartier général national et dans les vingt-cinq centres militaires côtiers, on entretient les institutions consacrées à l’instruction militaire des citoyens volontaires âgés de dix-huit à trente ans. Pour être admis à ces écoles avant vingt-cinq ans, le consentement des parents est exigé.
 
9. Le plan du suffrage universel
(72.0) 72:9.1 Bien qu’un diplôme de l’une des écoles d’administration provinciales, régionales ou fédérales ait été obligatoire pour faire acte de candidature à toutes les fonctions publiques, les chefs progressistes de cette nation découvrirent un sérieux défaut dans leur plan de suffrage universel. Il y a environ cinquante ans, ils prirent des dispositions constitutionnelles pour adopter un mode de scrutin modifié comportant les caractéristiques suivantes :
 
  (72.0) 72:9.2 1.Chaque homme et chaque femme de vingt ans et plus dispose d’une voix. Quand ils atteignent cet âge, tous les citoyens doivent accepter d’appartenir à deux groupes d’électeurs : ils s’inscrivent au premier selon leur fonction économique – industrielle, libérale, agricole ou commerciale ; ils entrent dans le second selon leurs inclinations politiques, philosophiques et sociales. Tous les travailleurs appartiennent ainsi à un groupe électoral économique. À l’instar des associations non économiques, ces corporations ont des règlements très semblables à ceux du gouvernement national avec sa triple division des pouvoirs. L’inscription à un groupe ne peut plus être changée pendant douze ans.
 
  (72.0) 72:9.3 2.Sur la proposition des gouverneurs des États ou des chefs exécutifs régionaux, et sur confirmation des conseils régionaux suprêmes, les personnes qui ont rendu de grands services à la société, ou fait preuve d’une sagesse extraordinaire au service du gouvernement, peuvent recevoir un droit de vote additionnel, mais pas plus souvent que tous les cinq ans, et sans dépasser neuf voix additionnelles. Le suffrage maximum d’un électeur à vote multiple est donc de dix voix. De même, les savants, les inventeurs, les éducateurs, les philosophes et les chefs spirituels sont ainsi reconnus et honorés d’un pouvoir politique accru. Ces privilèges civiques élevés sont conférés par les conseils suprêmes des États et des régions d’une manière très semblable aux diplômes offerts par les écoles spéciales. Les bénéficiaires sont fiers de joindre ces symboles de reconnaissance civique, à côté de leurs autres diplômes, à la liste de leurs accomplissements personnels.
 
  (72.0) 72:9.4 3.Tous les individus condamnés au travail obligatoire dans les mines et tous les fonctionnaires payés par le revenu des impôts perdent leur droit de vote pendant la période où ils exécutent ces services. Cette disposition ne s’applique pas aux personnes âgées qui reçoivent une pension après avoir pris leur retraite à soixante-cinq ans.
 
  (72.0) 72:9.5 4.Il y a cinq échelons de suffrage traduisant la moyenne des impôts annuels payés durant chaque période quinquennale. Les gros ontribuables reçoivent un droit de vote supplémentaire allant jusqu’à cinq voix. Cette concession est indépendante de toute autre reconnaissance, mais en aucun cas un électeur ne dispose de plus de dix voix.
 
  (72.0) 72:9.6 5.Au moment où l’on adopta ce plan électoral, la méthode territoriale de vote fut abandonnée en faveur du système fonctionnel ou économique. Tous les citoyens votent maintenant en tant que membres de groupes industriels, sociaux ou professionnels, indépendamment de leur résidence. Le corps électoral est donc composé de groupes intégrés, unifiés et intelligents qui élisent seulement leurs meilleurs membres aux postes gouvernementaux de confiance et de responsabilité. Ce plan de suffrage fonctionnel ou collectif comporte une exception : l’élection d’un chef exécutif fédéral tous les six ans s’effectue par un vote national où nul citoyen ne dispose de plus d’une voix.
 
(72.0) 72:9.7 Ainsi, sauf dans l’élection du chef exécutif, le suffrage est exercé par des groupements économiques, professionnels, intellectuels et sociaux de citoyens. L’État idéal est organique, et chaque groupe libre et intelligent de citoyens représente un organe vital et fonctionnel à l’intérieur du plus grand organisme gouvernemental.
 
(72.0) 72:9.8 Les écoles d’administration ont le pouvoir d’engager une action devant les tribunaux d’État pour faire retirer le droit de vote à tout individu taré, oisif, apathique ou criminel. Ces gens reconnaissent que, si une nation a cinquante pour cent d’éléments inférieurs ou dégénérés possédant le droit de vote, elle est condamnée à périr. Ils croient que la domination de la médiocrité provoque l’effondrement de n’importe quelle nation. Le vote est obligatoire, et les électeurs qui ne déposent pas leur bulletin sont frappés de lourdes amendes.
 
10. Dispositions à l’égard du crime

(72.0) 72:10.1 Les méthodes de ce peuple pour traiter les criminels, les fous et les dégénérés, bien qu’elles puissent plaire sous certains aspects, paraitront assurément choquantes sous d’autres aspects à la plupart des Urantiens. Les anormaux et les criminels ordinaires sont placés par sexes dans différentes colonies agricoles où ils font plus que de subvenir à leurs besoins. Les criminels les plus invétérés et les aliénés incurables sont condamnés par les tribunaux à mourir dans des chambres à gaz. De nombreux crimes autres que le meurtre, y compris la trahison de la confiance du gouvernement, comportent aussi la peine de mort, et l’action de la justice est certaine et rapide.
 
(72.0) 72:10.2 Ce peuple est en train de sortir de l’ère négative de la loi pour entrer dans l’ère positive. Récemment l’on est allé jusqu’à essayer d’empêcher préventivement les crimes en condamnant à la détention à vie, dans les colonies pénitentiaires, les individus que l’on croit être potentiellement des assassins ou de grands criminels. Si ces condamnés démontrent ultérieurement qu’ils sont devenus plus normaux, ils peuvent être mis en liberté conditionnelle ou graciés. Le nombre des homicides sur ce continent n’atteint qu’un pour cent de celui des autres nations.
 
(72.0) 72:10.3 Des efforts pour empêcher la reproduction des criminels et des tarés ont été entrepris il y a plus de cent ans et ont déjà donné des résultats très satisfaisants. Il n’existe ni prisons ni hôpitaux pour les aliénés. Il y a à cela une bonne raison, c’est que ces groupes sont dix fois moins nombreux que sur Urantia.
 
11. L’état de préparation militaire

(72.0) 72:11.1 Les diplômés des écoles militaires fédérales peuvent être promus comme “ gardiens de la civilisation ” en sept grades, selon leur compétence et leur expérience, par le président du Conseil national de la défense. Ce conseil est composé de vingt-cinq membres nommés par les tribunaux familiaux, éducatifs et industriels les plus élevés ; il est confirmé par la Cour fédérale suprême et présidé d’office par le chef d’état-major des affaires militaires coordonnées. Ses membres servent jusqu’à l’âge de soixante-dix ans.
 
(72.0) 72:11.2 Les cours suivis par ces officiers durent quatre ans et sont invariablement liés à la maitrise d’un métier ou d’une profession. L’instruction militaire n’est jamais donnée sans que l’on y associe cette éducation industrielle, scientifique ou professionnelle. Quand l’instruction militaire est terminée, l’intéressé a reçu, pendant ses quatre ans de cours, la moitié de l’éducation donnée dans n’importe quelle école spéciale, où les cours durent également quatre ans. De cette manière, on évite la formation d’une classe de militaires de carrière en fournissant à un grand nombre d’hommes l’occasion de gagner leur vie tout en acquérant la première moitié d’une instruction technique ou professionnelle.
 
(72.0) 72:11.3 Le service militaire en temps de paix est purement volontaire. On s’engage dans chaque branche de service pour quatre ans, pendant lesquels chaque homme poursuit des études dans une branche spéciale en plus de la maitrise de la tactique militaire. L’éducation musicale est l’une des principales visées des écoles militaires centrales et des vingt-cinq camps d’entrainement répartis à la périphérie du continent. Durant les périodes de ralentissement dans l’industrie, des milliers de chômeurs sont employés automatiquement à renforcer les défenses militaires du continent sur terre, sur mer et dans les airs.
 
(72.0) 72:11.4 Bien que ces gens entretiennent de puissants effectifs de guerre pour se défendre contre les invasions des peuples hostiles environnants, on peut inscrire à leur crédit que, depuis plus de cent ans, ils n’ont employé ces ressources militaires à aucune guerre offensive. Ces gens se sont civilisés au point où ils peuvent vigoureusement défendre la civilisation sans céder à la tentation d’employer leur potentiel de guerre à des agressions. Ils n’ont pas connu de guerres civiles depuis l’établissement de l’État continental unifié, mais, au cours des deux derniers siècles, ils ont été appelés à soutenir neuf guerres défensives acharnées, dont trois contre de puissantes confédérations de puissances mondiales. Bien que cette nation entretienne une défense adéquate contre toute attaque par des voisins hostiles, elle consacre beaucoup plus de soins à former des hommes d’État, des scientifiques et des philosophes.
 
(72.0) 72:11.5 Quand elle est en paix avec le monde, tous les mécanismes mobiles de défense sont pleinement employés aux affaires, au commerce et aux divertissements. Quand la guerre est déclarée, la nation tout entière est mobilisée. Pendant la durée des hostilités, toute l’industrie paye son personnel au tarif des soldes militaires, et les chefs de tous les départements militaires deviennent membres du cabinet du chef exécutif.
 
12. Les autres nations

(72.0) 72:12.1 Bien que la société et le gouvernement de ce peuple unique soient, sous beaucoup de rapports, supérieurs à ceux des nations d’Urantia, il faudrait préciser que, sur les autres continents (il y en a onze sur cette planète), les gouvernements sont nettement inférieurs à ceux des nations les plus évoluées d’Urantia.
 
(72.0) 72:12.2 À l’heure actuelle, ce gouvernement supérieur projette d’établir des relations d’ambassades avec les peuples inférieurs, et, pour la première fois, a surgi un grand chef religieux qui recommande l’envoi de missionnaires aux nations environnantes. Nous craignons que cette nation soit sur le point de faire l’erreur que tant d’autres ont commise en essayant d’imposer une culture et une religion supérieures à d’autres races. Quel merveilleux résultat on obtiendrait sur ce monde si cette nation continentale de culture avancée se bornait à sortir de chez elle afin de ramener les hommes d’élite des peuples voisins pour ensuite, après les avoir éduqués, les renvoyer comme émissaires de culture chez leurs frères plongés dans l’ignorance ! Bien entendu, si un Fils Magistral devait bientôt venir chez cette nation évoluée, de grands évènements pourraient se produire rapidement sur ce monde.
 
(72.0) 72:12.3 Ce récit des affaires d’une planète voisine est fait par autorisation spéciale dans le but de faire progresser la civilisation et d’accélérer l’évolution gouvernementale sur Urantia. On pourrait donner beaucoup plus de détails qui, sans aucun doute, intéresseraient et surprendraient les Urantiens, mais les révélations ci-dessus vont à la limite de ce que notre mandat nous permet.
 
(72.0) 72:12.4 Les Urantiens devraient toutefois prendre note que leur sphère sœur de la famille de Satania n’a bénéficié ni de missions magistrales ni de missions d’effusion des Fils du Paradis. Les divers peuples d’Urantia ne sont pas non plus séparés les uns des autres par des disparités de culture offrant le même contraste que cette nation continentale avec les autres nations de la même planète.
 
(72.0) 72:12.5 L’effusion de l’Esprit de Vérité fournit la base spirituelle pour réaliser de grands accomplissements dans l’intérêt de la race humaine de la planète qui en bénéficie. Urantia est donc beaucoup mieux préparée pour mettre au point un gouvernement planétaire avec ses lois, ses mécanismes, ses conventions, ses symboles et son langage – qui tous pourraient contribuer si puissamment à établir la paix mondiale sous l’égide de la loi et laisser présager l’aurore d’un véritable âge d’efforts spirituels. Un tel âge est le seuil planétaire conduisant aux âges utopiques de lumière et de vie.
 
(72.0) 72:12.6 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]
 


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