Histoire d'Urantia

87. Les cultes des fantômes

LIVRE D'URANTIA  -  Fascicule 87. Les cultes des fantômes

(87.0) 87:0.1 Le culte des fantômes se développa comme une compensation aux risques de malchance ; ses pratiques religieuses primitives résultèrent de l’anxiété au sujet de la malchance et de la peur excessive des morts. Aucune de ces religions primitives ne s’occupait beaucoup de reconnaitre la Déité ou de révérer le suprahumain ; leurs rites étaient surtout négatifs et destinés à éviter, à expulser ou à contraindre des fantômes. Le culte des fantômes n’était ni plus ni moins qu’une assurance contre les désastres ; il n’avait aucun rapport avec un investissement destiné à procurer des revenus plus élevés à l’avenir.
 
(87.0) 87:0.2 L’homme a soutenu contre le culte des fantômes une lutte longue et acharnée. On ne trouve rien dans l’histoire humaine qui excite plus la pitié que ce tableau de la soumission abjecte des hommes à la peur des esprits fantômes. Avec la naissance de cette peur, l’humanité démarre sur la route ascendante de l’évolution religieuse. L’imagination humaine a quitté les rivages du moi et ne trouvera plus où jeter l’ancre avant de parvenir au concept d’une vraie Déité, d’un Dieu réel.
 
1. La peur des fantômes

(87.0) 87:1.1 On craignait la mort parce qu’elle signifiait qu’un nouveau fantôme s’était libéré de son corps physique. Les anciens faisaient de leur mieux pour empêcher la mort, afin d’éviter l’ennui d’avoir à lutter avec un fantôme supplémentaire. Ils étaient toujours soucieux d’inciter le fantôme à quitter la scène du décès pour s’embarquer dans le voyage au pays des morts. Le fantôme inspirait un maximum de crainte pendant la période de transition supposée entre son émergence au moment de la mort et son départ ultérieur pour le pays natal des fantômes, vague et primitif concept d’un pseudo-ciel.
 
(87.0) 87:1.2 Bien que les sauvages aient attribué aux fantômes des pouvoirs surnaturels, ils ne les imaginaient guère doués d’une intelligence surnaturelle. On pratiquait de nombreux stratagèmes et supercheries dans les efforts pour donner le change aux fantômes et les tromper. Les hommes civilisés attachent encore beaucoup de foi à l’espoir qu’une manifestation extérieure de piété trompera de quelque façon une Déité même omnisciente.
 
(87.0) 87:1.3 Les primitifs craignaient la maladie pour avoir observé qu’elle était souvent annonciatrice de la mort. Si le sorcier-guérisseur de la tribu ne réussissait pas à guérir un individu atteint, on ôtait généralement le malade de la hutte familiale pour l’amener dans une plus petite ou pour le laisser en plein air afin qu’il meure seul. On détruisait habituellement la maison où un décès s’était produit ; sinon, on s’en écartait toujours, et cette peur empêcha les primitifs de construire des demeures durables. Elle milita aussi contre l’établissement de villes et de villages permanents.
 
(87.0) 87:1.4 Quand un membre du clan mourait, les sauvages veillaient toute la nuit en parlant ; ils craignaient de mourir aussi s’ils s’endormaient à proximité d’un cadavre. La contagion du cadavre justifiait la peur des morts. Tantôt à une époque et tantôt à une autre, tous les peuples ont pratiqué de minutieuses cérémonies de purification destinées à nettoyer un individu après contact avec les morts. Les anciens croyaient qu’il fallait fournir de la lumière à un cadavre. On ne permettait jamais que le corps d’un mort restât dans l’obscurité. Au vingtième siècle, on brule encore des cierges dans les chambres mortuaires, et les hommes veillent encore auprès des morts. Les hommes dits civilisés n’ont pas encore complètement éliminé de leur philosophie de la vie la peur des morts.
 
(87.0) 87:1.5 Mais, malgré toute cette peur, les hommes cherchaient encore à induire le fantôme en erreur. Si la hutte mortuaire n’avait pas été détruite, on enlevait le cadavre par un trou dans le mur, mais jamais par la porte. On prenait ces mesures pour confondre le fantôme, pour l’empêcher de demeurer sur place et pour s’assurer contre son retour. Ceux qui étaient allés aux funérailles revenaient par un autre chemin de peur que les fantômes ne les suivent. On pratiqua la marche à reculons et des dizaines d’autres tactiques pour s’assurer que le fantôme ne reviendrait pas de la tombe. On échangeait souvent les habits entre sexes pour tromper le fantôme. Les vêtements de deuil furent d’abord destinés à déguiser les survivants et, plus tard, à montrer du respect pour les morts en vue d’apaiser les fantômes.
 
2. L’apaisement des fantômes

(87.0) 87:2.1 En religion, le programme négatif d’apaisement des fantômes précéda de loin le programme positif de coercition et de supplication des esprits. Les premiers actes humains de culte furent des phénomènes de défense, et non de vénération. Les hommes modernes estiment sage de s’assurer contre l’incendie ; de même les sauvages croyaient que la plus grande sagesse consistait à s’assurer contre la malchance due aux fantômes. Les efforts pour obtenir cette protection furent à l’origine des techniques et des rituels du culte des fantômes.
 
(87.0) 87:2.2 On a cru jadis que le plus grand désir d’un fantôme était d’être rapidement “ enseveli ” pour lui permettre de se rendre au pays des morts sans être dérangé. Toute erreur d’exécution, toute omission de la part des vivants dans les actes du rituel pour ensevelir le fantôme devait certainement retarder sa marche vers le pays des fantômes. On croyait que cela déplaisait au fantôme, et l’on supposait qu’un fantôme courroucé était une source de calamités, d’infortunes et de malheurs.
 
(87.0) 87:2.3 Les funérailles naquirent de l’effort des hommes pour inciter l’âme fantôme à partir pour son futur domicile, et le sermon funèbre fut originellement destiné à instruire le nouveau fantôme sur la manière de s’y rendre. On avait coutume de fournir de la nourriture et des vêtements pour le voyage du fantôme, et ces objets étaient mis dans la tombe ou à proximité. Les sauvages croyaient qu’il fallait de trois jours à un an pour “ ensevelir le fantôme ” – pour l’écarter du voisinage de la tombe. Les Esquimaux croient encore que l’âme reste attachée au corps pendant trois jours.
 
(87.0) 87:2.4 Le silence ou le deuil étaient observés après un décès, afin que le fantôme ne soit pas tenté de revenir à la maison. On s’infligeait communément des tortures – des blessures – pour manifester le deuil. Bien des éducateurs évolués essayèrent de mettre fin à cette pratique, mais sans succès. On croyait que le jeûne et d’autres formes de reniement de soi étaient agréables aux fantômes, et que ceux-ci prenaient plaisir au malaise des vivants pendant la période de transition où ils rôdaient avant de partir effectivement pour le pays des morts.
 
(87.0) 87:2.5 De longues et fréquentes périodes d’inactivité pour cause de deuil furent l’un des grands obstacles au progrès de la civilisation. Des semaines et même des mois de chaque année étaient littéralement gaspillés dans ces deuils improductifs et inutiles. Le fait que l’on embaucha des pleureuses à l’occasion des funérailles indique que le deuil était un rite et non une preuve de tristesse. Les modernes peuvent prendre le deuil par respect des morts et à cause de la perte subie, mais les anciens le faisaient par peur.
 
(87.0) 87:2.6 Les noms des morts n’étaient jamais prononcés. En fait, ils étaient souvent bannis du langage. Ces noms devinrent tabous, et, de cette manière, les langues furent constamment appauvries. Cela finit par produire une multitude de paroles symboliques et d’expressions figuratives telles que “ le nom ou le jour que l’on ne mentionne jamais ”.
 
(87.0) 87:2.7 Les anciens étaient tellement anxieux de se débarrasser d’un fantôme qu’ils lui offraient tout ce qu’il aurait pu désirer durant sa vie. Les fantômes voulaient des femmes et des serviteurs ; un sauvage fortuné s’attendait qu’au moins une femme esclave fût enterrée vivante lors de sa mort. Plus tard, la coutume voulut qu’une veuve se suicidât sur la tombe de son mari. Quand un enfant mourait, on étranglait souvent la mère, une tante ou la grand-mère, pour qu’un fantôme adulte puisse accompagner le fantôme enfant et prendre soin de lui. Ceux qui renonçaient ainsi à la vie le faisaient en général volontairement. En vérité, s’ils avaient vécu en violation de la coutume, leur peur de la colère du fantôme aurait dénué leur vie des rares plaisirs dont les primitifs pouvaient jouir.
 
(87.0) 87:2.8 Il était coutumier d’expédier ainsi un grand nombre de sujets pour accompagner un chef décédé ; on tuait des esclaves quand leur maitre mourait, afin qu’ils puissent le servir au pays des fantômes. Les indigènes de Bornéo fournissent encore au mort un compagnon messager ; on tue un esclave à la lance pour que le fantôme fasse le voyage avec son maitre décédé. On croyait que les fantômes des personnes assassinées se réjouissaient d’avoir pour esclaves les fantômes de leurs meurtriers ; cette notion conduisit les hommes à se faire chasseurs de têtes.
 
(87.0) 87:2.9 On supposait que les fantômes aimaient l’odeur de la nourriture ; les offrandes d’aliments aux fêtes funéraires furent jadis universelles. La méthode primitive pour rendre grâces consistait à jeter un morceau de nourriture dans le feu avant le repas en vue d’apaiser les esprits, tout en marmottant une formule magique.
 
(87.0) 87:2.10 On supposait que les morts employaient les fantômes des outils et des armes qui leur avaient appartenu dans la vie. Briser l’un de ces objets, c’était “ le tuer ”, ce qui libérait son fantôme pour un service au pays des fantômes. On faisait aussi des sacrifices de biens en les brulant ou en les enterrant. Les gaspillages aux anciennes funérailles étaient énormes. Les races ultérieures fabriquèrent des modèles en papier et substituèrent des dessins aux personnes et aux objets réels pour ces sacrifices mortuaires. La civilisation fit un grand progrès quand l’héritage par la famille remplaça l’incendie et l’enterrement des biens. Les Indiens Iroquois effectuèrent de nombreuses réformes dans les gaspillages funéraires, et la conservation des biens leur permit de devenir les plus puissants hommes rouges du Nord. Les hommes modernes ne sont pas censés craindre les fantômes, mais les coutumes sont fortes, et l’on consomme encore beaucoup de richesses terrestres en rites funéraires et en cérémonies mortuaires.
 
3. Le culte des ancêtres

(87.0) 87:3.1 Le progrès du culte des fantômes rendit inévitable le culte des ancêtres, car il devint le lien entre les fantômes ordinaires et les esprits supérieurs, les dieux en préparation. Les dieux primitifs étaient simplement des humains trépassés et glorifiés.
 
(87.0) 87:3.2 À son origine, le culte des ancêtres tenait plus de la peur que de l’adoration, mais les croyances correspondantes contribuèrent nettement à répandre davantage la peur des fantômes et leur culte. Les fidèles des cultes primitifs des ancêtres-fantômes craignaient même de bailler, de peur qu’un méchant esprit n’en profite pour s’introduire dans leur corps.
 
(87.0) 87:3.3 La coutume d’adopter des enfants était destinée à s’assurer que quelqu’un ferait des offrandes après la mort du parent adoptif pour la paix et le progrès de son âme. Le sauvage vivait dans la peur des fantômes de ses semblables et passait son temps disponible à faire des plans pour que son propre fantôme ait son saufconduit après sa mort.
 
(87.0) 87:3.4 La plupart des tribus instituèrent une fête de toutes-les-âmes au moins une fois par an. Les Romains avaient chaque année douze fêtes des fantômes avec les cérémonies concomitantes. La moitié des jours de l’année était consacrée à diverses cérémonies associées à ces anciens cultes. Un empereur romain tenta de réformer ces pratiques en réduisant à 135 le nombre des jours fériés annuels.
 
(87.0) 87:3.5 Le culte des fantômes évolua continuellement. À mesure que l’on imagina les fantômes comme passant d’une phase incomplète à une phase supérieure d’existence, leur culte progressa jusqu’à l’adoration d’esprits et même de dieux. Mais, indépendamment des croyances variables à des esprits plus évolués, toutes les tribus et races ont jadis cru aux fantômes.
 
4. Bons et mauvais esprits fantômes

(87.0) 87:4.1 La peur des fantômes fut la source de toutes les religions du monde. Pendant des âges, de nombreuses tribus restèrent attachées à la vieille croyance à une seule classe de fantômes. Elles enseignaient que l’homme avait de la chance quand le fantôme était content et de la malchance quand il était courroucé.
 
(87.0) 87:4.2 À mesure que le culte de la peur des fantômes se répandait, arriva la récognition de types d’esprits supérieurs, d’esprits qui n’étaient pas nettement identifiables avec un individu humain. C’étaient des fantômes qualifiés ou glorifiés ayant progressé au-delà du pays des fantômes dans les royaumes supérieurs où résident les esprits.
 
(87.0) 87:4.3 La notion de deux sortes d’esprits fantômes fit, lentement mais surement, son chemin dans le monde entier. Ce nouveau spiritisme de dualité n’eut pas à se répandre de tribu en tribu ; il surgit spontanément partout. La puissance d’une idée qui influence le mental évolutionnaire en expansion ne réside pas dans son caractère réel ou raisonnable, mais plutôt dans la vivacité de son éclat et dans la facilité et la simplicité de son application universelle.
 
(87.0) 87:4.4 Plus tard encore, l’imagination des hommes envisagea le concept d’agents surnaturels bons et mauvais ; certains fantômes n’évoluaient jamais jusqu’au niveau des bons esprits. Le monospiritisme primitif de la peur des fantômes se transformait graduellement en un double spiritisme, en un nouveau concept du contrôle invisible des affaires terrestres. Enfin, la chance et la malchance furent décrites comme ayant leurs contrôleurs respectifs, et l’on crut qu’entre les deux classes, le groupe qui amenait la malchance était le plus actif et le plus nombreux.
 
(87.0) 87:4.5 Quand la doctrine des bons et des mauvais esprits parvint finalement à maturité, elle devint la plus répandue et la plus persistante de toutes les croyances religieuses. Ce dualisme représentait une grande avance philosophico-religieuse parce qu’il permettait aux hommes d’expliquer la chance et la malchance tout en croyant à des êtres supramortels dont la conduite était quelque peu logique. On pouvait compter sur les esprits comme étant soit bons soit mauvais, et on ne les croyait plus complètement fantasques comme les premiers fantômes du monospiritisme de la plupart des religions primitives. L’homme était enfin capable de concevoir des forces supramortelles ayant une conduite logique ; ce fut l’une des plus importantes découvertes de la vérité dans toute l’histoire de l’évolution de la religion et dans l’expansion de la philosophie humaine.
 
(87.0) 87:4.6 La religion évolutionnaire a toutefois payé un prix terrible pour le concept du double spiritisme. La philosophie primitive de l’homme n’a pu concilier la constance des esprits avec les vicissitudes de la fortune temporelle qu’en admettant deux sortes d’esprits, l’une bonne et l’autre mauvaise. Cette croyance permit bien à l’homme de concilier les variations du hasard avec un concept de forces supramortelles invariantes, mais, depuis lors, cette doctrine a toujours rendu difficile aux personnes religieuses de concevoir l’unité cosmique. En général, les dieux de la religion évolutionnaire ont été opposés aux forces des ténèbres.
 
(87.0) 87:4.7 La tragédie de tout ceci réside dans le fait qu’au moment où ces idées prenaient corps dans le mental primitif de l’homme, il n’y avait, en réalité, nulle part dans le monde d’esprits mauvais ou inharmonieux. Une telle situation fâcheuse ne se développa qu’après la rébellion de Caligastia, mais elle ne dura que jusqu’à la Pentecôte. Même au vingtième siècle, le concept du bien et du mal en tant que puissances cosmiques de même rang, reste très vivant dans la philosophie humaine. La plupart des religions du monde portent encore cette marque de naissance culturelle datant des jours lointains où émergea le culte des fantômes.
 
5. La progression du culte des fantômes

(87.0) 87:5.1 Les hommes primitifs envisageaient les esprits et les fantômes comme ayant des droits à peu près illimités, mais aucun devoir. Quant aux esprits, on pensait qu’ils considéraient les hommes comme ayant de multiples devoirs, mais aucun droit. On croyait que les esprits méprisaient les hommes parce que ceux-ci échouaient constamment dans l’accomplissement de leurs devoirs spirituels. L’humanité croyait alors généralement que les fantômes prélevaient un continuel tribut de services comme prix de leur non-interférence dans les affaires humaines. On attribuait la plus petite malchance à des activités de fantômes. Les humains primitifs craignaient tellement d’oublier quelque honneur à rendre aux dieux qu’après avoir fait des sacrifices à tous les esprits connus, ils en faisaient une seconde série aux “ dieux inconnus ”, simplement pour avoir une marge de sécurité complète.
 
(87.0) 87:5.2 Le simple culte des fantômes fut bientôt suivi par la pratique plus évoluée et relativement complexe du culte des esprits-fantômes, consistant à servir et à adorer les esprits supérieurs tels qu’ils évoluaient dans l’imagination primitive des hommes. Il fallait que le cérémonial religieux marche de pair avec l’évolution et le progrès des esprits. Le culte amplifié n’était que l’art de se préserver, pratiqué en relation avec la croyance à des êtres surnaturels, une adaptation à un environnement d’esprits. Les organisations industrielles et militaires étaient des adaptations à l’environnement naturel et social. De même que le mariage fut établi pour satisfaire les exigences de la bisexualité, de même l’organisation religieuse évolua en réponse à la croyance à des forces d’esprits et à des êtres spirituels supérieurs. La religion représente l’adaptation de l’homme à ses illusions sur le mystère du hasard. La peur des esprits et, plus tard, l’adoration des esprits furent adoptées comme une assurance contre le malheur, comme une politique de prospérité.
 
(87.0) 87:5.3 Les sauvages imaginent que les bons esprits vaquent à leurs affaires en exigeant peu de chose des êtres humains. Ce sont les mauvais fantômes et les mauvais esprits qu’il faut maintenir de bonne humeur. En conséquence, les peuples primitifs prêtaient plus d’attention à leurs fantômes malveillants qu’aux esprits bienveillants.
 
(87.0) 87:5.4 Ils supposaient que la prospérité humaine provoquait spécialement l’envie des mauvais esprits, et que leur méthode de représailles consistait à riposter par un agent humain et par la technique du mauvais œil. Pendant la phase où le culte cherchait à éviter les mauvais esprits, on s’occupa beaucoup des machinations du mauvais œil, et la peur du mauvais œil s’étendit presque au monde entier. Les jolies femmes furent voilées pour les protéger contre le mauvais œil ; subséquemment, beaucoup de femmes désireuses d’être considérées comme belles adoptèrent cette pratique. À cause de la peur des mauvais esprits, on permettait rarement aux enfants de sortir après la tombée de la nuit. Les prières primitives incluaient toujours la supplique : “ Délivre-nous du mauvais œil. ”
 
(87.0) 87:5.5 Le Coran contient un chapitre entier consacré au mauvais œil et aux envoutements magiques. Les juifs y croyaient totalement. Tout le culte phallique grandit comme une défense contre le mauvais œil. On croyait que les organes de reproduction étaient le seul fétiche capable de le rendre impuissant. Le mauvais œil donna naissance aux premières superstitions concernant les marques prénatales des enfants, les impressions maternelles, et, à un certain moment, ce culte fut à peu près universel.
 
(87.0) 87:5.6 L’envie est une caractéristique humaine bien enracinée ; c’est pourquoi les primitifs l’attribuèrent à leurs premiers dieux. Puisque les hommes avaient déjà pratiqué la tromperie contre les fantômes, ils ne tardèrent pas à tromper les esprits. Ils dirent : “ Puisque les esprits sont jaloux de notre beauté et de notre prospérité, nous allons nous enlaidir et parler à la légère de notre succès. ” L’humilité primitive n’était donc pas un avilissement de l’égo, mais plutôt une tentative pour déjouer et tromper les esprits envieux.
 
(87.0) 87:5.7 Pour empêcher les esprits de jalouser la prospérité humaine, on adopta la méthode d’agonir d’injures un objet préféré ou une personne ayant de la chance. La coutume du dénigrement pour faire des remarques flatteuses sur soi-même ou sur sa famille prit naissance de cette manière et finit par se transformer en modestie, en réserve et en courtoisie dans la civilisation. Pour le même motif, il devint à la mode de paraitre laid. La beauté excitait l’envie des esprits ; elle dénotait un orgueil humain coupable. Les sauvages recherchaient de vilains noms. Ce trait du culte handicapa grandement le progrès des arts et maintint longtemps le monde sombre et laid.
 
(87.0) 87:5.8 Sous le culte des esprits, la vie était au mieux un jeu de hasard, le résultat du contrôle par les esprits. Votre avenir ne tenait pas à vos efforts, à votre industrie ou à vos talents, sauf dans la mesure où vous pouviez les utiliser pour influencer les esprits. Les cérémonies de propitiation des esprits constituèrent un lourd fardeau et rendirent la vie ennuyeuse et pratiquement insupportable. D’âge en âge et de génération en génération, les races cherchèrent, l’une après l’autre, à améliorer cette doctrine des superfantômes, mais, jusqu’à aujourd’hui, nulle génération n’a encore osé la rejeter complètement.
 
(87.0) 87:5.9 On étudiait les intentions et la volonté des esprits au moyen de présages, d’oracles et de signes, et l’on interprétait ces messages des esprits par divination, prédictions, magie, ordalies et astrologie. L’ensemble du culte était un plan destiné à apaiser, à satisfaire et à acheter les esprits par cette corruption déguisée.
 
(87.0) 87:5.10 Ainsi naquit une philosophie mondiale nouvelle et plus étendue basée sur :
 
  (87.0) 87:5.11 1.Le devoir – les choses qu’il faut faire pour garder les esprits dans des dispositions favorables, ou tout au moins neutres.
 
  (87.0) 87:5.12 2.Le bien – la conduite et les cérémonies correctes destinées à ranger activement les esprits du côté de vos intérêts.
 
  (87.0) 87:5.13 3.La vérité – la juste compréhension des esprits et l’attitude correcte envers eux, donc envers la vie et la mort.
 
(87.0) 87:5.14 Ce n’était pas simplement par curiosité que les anciens cherchaient à connaitre l’avenir ; ils voulaient esquiver la malchance. La divination était simplement une tentative pour éviter les difficultés. À ces époques, on considérait les rêves comme prophétiques, et tout ce qui sortait de l’ordinaire, comme un présage. Aujourd’hui encore, la croyance aux signes, aux gages et aux autres superstitions résiduaires de l’antique culte des fantômes est un fléau pour l’humanité. Les hommes sont lents, bien lents, à abandonner les méthodes par lesquelles ils ont si graduellement et péniblement gravi l’échelle évolutionnaire de la vie.
 
6. Cœrcition et exorcisme

(87.0) 87:6.1 Quand les hommes ne croyaient qu’aux fantômes, le rituel religieux était plus personnel et moins organisé. La récognition d’esprits plus élevés nécessita l’emploi de “ méthodes spirituelles supérieures ” pour traiter avec eux. Cette tentative, pour améliorer et approfondir la technique de propitiation, conduisit directement à créer des défenses contre les esprits. En vérité, l’homme se sentait impuissant devant les forces incontrôlables opérant dans la vie terrestre ; son sentiment d’infériorité le poussa à essayer de trouver quelque adaptation compensatrice, quelque technique pour égaliser les chances dans cette lutte unilatérale de l’homme contre le cosmos.
 
(87.0) 87:6.2 Aux premiers temps du culte, les efforts des hommes pour influencer l’activité des fantômes se limitaient à la propitiation, aux tentatives de corruption pour se débarrasser de la malchance. À mesure que le culte des fantômes évolua pour atteindre le concept des bons aussi bien que des mauvais esprits, ces cérémonies se transformèrent en essais de nature plus positive, en efforts pour avoir de la chance. La religion cessa d’être complètement négativiste, mais l’homme ne s’arrêta pas à l’effort d’obtenir la chance ; il ne tarda pas à faire des plans lui permettant de contraindre les esprits à coopérer. Les religionistes ne furent plus sans défense devant les exigences incessantes des fantasmes d’esprits qu’ils avaient eux-mêmes imaginés. Le sauvage commence à inventer des armes lui permettant de forcer les esprits à agir et de les obliger à les aider.
 
(87.0) 87:6.3 Les premiers efforts défensifs des hommes furent dirigés contre les fantômes. Avec l’écoulement des âges, les vivants commencèrent à établir des méthodes pour résister aux morts. Pour effrayer et chasser les fantômes, ils inventèrent de nombreuses techniques parmi lesquelles on peut citer les suivantes :
 
  (87.0) 87:6.4 1.Couper la tête et attacher le corps dans le tombeau.
 
  (87.0) 87:6.5 2.Lapider la maison mortuaire.
 
  (87.0) 87:6.6 3.Castrer le cadavre ou lui briser les jambes.
 
  (87.0) 87:6.7 4.Enterrer sous des pierres ; ce fut l’une des origines de la pierre tombale moderne.
 
  (87.0) 87:6.8 5.Incinérer ; ce fut une invention plus tardive pour empêcher le fantôme d’apporter le trouble.
 
  (87.0) 87:6.9 6.Jeter le corps à la mer.
 
  (87.0) 87:6.10 7.Exposer le corps à être mangé par les bêtes sauvages.
 
(87.0) 87:6.11 On supposait que les fantômes étaient dérangés et effrayés par le bruit, que les cris, les cloches et les tambours les écartaient des vivants. Ces anciennes méthodes sont encore en vogue de nos jours dans les “ veillées ” mortuaires. On utilisa des décoctions à odeur fétide pour éloigner les esprits importuns. On produisit de hideuses effigies des esprits pour qu’ils fuient à la hâte en voyant leur propre image. On crut que les chiens pouvaient détecter l’approche des esprits et avertir les hommes en hurlant, que les coqs chantaient quand les esprits étaient proches. L’emploi d’un coq comme girouette perpétue cette superstition.
 
(87.0) 87:6.12 On considérait l’eau comme la meilleure protection contre les fantômes, et l’eau bénite comme supérieure à toutes les autres ; c’était l’eau dans laquelle les prêtres s’étaient lavé les pieds. On crut que le feu et l’eau constituaient des barrières infranchissables pour les fantômes. Les Romains faisaient trois fois le tour d’un cadavre avec de l’eau. Au vingtième siècle, on asperge encore les cercueils avec de l’eau bénite, et le lavage des mains au cimetière fait encore partie du rituel juif. Le baptême fut une caractéristique du rituel ultérieur de l’eau ; les bains primitifs étaient une cérémonie religieuse. C’est seulement à une époque récente que le bain est devenu une pratique d’hygiène.
 
(87.0) 87:6.13 Mais l’homme ne s’arrêta pas à la coercition des fantômes. Par des rites religieux et d’autres formalités, il essaya bientôt de forcer les esprits à agir. L’exorcisme consistait à employer un esprit pour en contrôler un autre ou le chasser, et l’on utilisa aussi cette tactique pour effrayer les fantômes et les esprits. Le concept du double spiritisme des bonnes et mauvaises forces fournit aux hommes d’amples occasions d’opposer un agent à un autre ; en effet, si un homme fort pouvait en vaincre un plus faible, alors un esprit puissant pouvait certainement dominer un fantôme inférieur. La malédiction primitive était une pratique coercitive destinée à intimider des esprits mineurs. Plus tard, cette coutume se développa, et l’on se mit à maudire ses ennemis.
 
(87.0) 87:6.14 On crut longtemps qu’en revenant aux usages des mœurs plus anciennes, on pouvait forcer les esprits et les demi-dieux à agir de façon désirable. Les hommes modernes emploient à tort le même procédé. Vous vous adressez les uns aux autres dans le langage ordinaire de tous les jours, mais, quand vous vous mettez à prier, vous avez recours à l’ancien style d’une autre génération, au style dit solennel.
 
(87.0) 87:6.15 Cette doctrine explique aussi des régressions religieuses-rituelles de nature sexuelle, telles que la prostitution dans les temples. On considérait ces retours à des coutumes primitives comme des protections sûres contre nombre de calamités. Chez ces populations frustes, tous ces agissements étaient entièrement exempts de ce que les modernes appelleraient promiscuité.
 
(87.0) 87:6.16 Vint ensuite la pratique des vœux rituels, bientôt suivie par les engagements religieux et les serments sacrés. La plupart de ces serments étaient accompagnés de tortures et de mutilations que l’on s’infligeait soi-même, et, plus tard, de jeûnes et de prières. L’abnégation de soi fut considérée ultérieurement comme un coercitif certain ; ce fut spécialement le cas en matière d’abstention sexuelle. C’est ainsi que les hommes primitifs développèrent de bonne heure une austérité marquée dans leurs pratiques religieuses, une croyance à l’efficacité des tortures et des renoncements que l’on s’infligeait soi-même en tant que rites capables de forcer les esprits rétifs à réagir favorablement envers de telles souffrances et privations.
 
(87.0) 87:6.17 Les hommes modernes n’essayent plus ouvertement de contraindre les esprits, bien qu’ils montrent encore des dispositions à marchander avec la Déité. Ils continuent à jurer, à toucher du bois, à se croiser les doigts et à prononcer une phrase triviale après une expectoration ; jadis, c’était une formule magique.
 
7. La nature du culte

(87.0) 87:7.1 Le type cultuel d’organisation sociale persista parce qu’il fournissait un symbolisme pour préserver et stimuler les sentiments moraux et les fidélités religieuses. Le culte naquit des traditions des “ vieilles familles ” et se perpétua comme institution établie. Toutes les familles ont un culte de quelque sorte. Tout idéal inspirant tend à saisir un symbolisme qui le perpétuera – il recherche une technique pour une manifestation culturelle qui assurera sa survivance et accroitra son épanouissement. Le culte parvient à cette fin en stimulant et en satisfaisant l’émotion.
 
(87.0) 87:7.2 Depuis l’aurore de la civilisation, tout mouvement attirant de culture sociale ou de progrès religieux, a donné naissance à un rituel, à un cérémonial symbolique. Plus ce rituel a grandi inconsciemment, plus son emprise a été forte sur ses fidèles. Le culte a préservé les sentiments et satisfait les émotions, mais il a toujours été le plus grand obstacle à la reconstruction sociale et au progrès spirituel.
 
(87.0) 87:7.3 Bien que le culte ait toujours retardé le progrès social, il est regrettable que tant de contemporains, croyant aux critères moraux et aux idéaux spirituels, n’aient pas de symbolisme approprié – pas de culte pour se soutenir mutuellement – rien à quoi ils puissent appartenir. Mais un culte religieux ne saurait être fabriqué ; il faut qu’il grandisse. Deux groupes différents n’auront jamais un culte identique, à moins que leurs rituels n’aient été arbitrairement uniformisés par voie autoritaire.
 
(87.0) 87:7.4 Le culte chrétien primitif fut le plus efficace, le plus attirant et le plus durable de tous les rituels jamais conçus ou imaginés, mais une grande partie de sa valeur a été détruite dans le présent âge scientifique par la destruction de tant de ses principes originels sous-jacents. Le culte chrétien a été dévitalisé par la perte de beaucoup d’idées fondamentales.
 
(87.0) 87:7.5 Dans le passé, la vérité a grandi rapidement et s’est répandue aisément quand le culte n’était pas rigide et que le symbolisme était extensible. La vérité abondamment répandue et un culte adaptable ont favorisé la rapidité du progrès social. Un culte dépourvu de signification vicie la religion quand il essaye de supplanter la philosophie et d’asservir la raison. Un culte authentique grandit.
 
(87.0) 87:7.6 Quels que soient les inconvénients et les handicaps, chaque nouvelle révélation de la vérité a donné naissance à un nouveau culte, et même la reformulation de la religion de Jésus doit développer un nouveau symbolisme adéquat. Il faut que les hommes modernes trouvent un symbolisme approprié à leurs nouveaux idéaux, à leurs nouvelles idées et obédiences en expansion. Ce symbole supérieur d’une plus haute civilisation doit surgir de la vie religieuse, de l’expérience spirituelle. Ce symbolisme supérieur d’une plus haute civilisation doit être basé sur le concept de la Paternité de Dieu et contenir le puissant idéal de la fraternité des hommes.
 
(87.0) 87:7.7 Les anciens cultes étaient trop égocentriques. Le nouveau culte doit résulter de la mise en œuvre de l’amour. Comme les anciens, il doit encourager les sentiments, satisfaire les émotions et promouvoir la fidélité, mais il doit faire davantage. Il faut qu’il facilite les progrès spirituels ; qu’il rehausse les significations cosmiques, augmente les valeurs morales, encourage le développement social et stimule un type élevé de vie religieuse personnelle. Le nouveau culte doit apporter des buts suprêmes de vie à la fois temporels et éternels – sociaux et spirituels.
 
(87.0) 87:7.8 Aucun culte ne peut durer et contribuer au progrès de la civilisation collective et des accomplissements spirituels individuels, à moins d’être basé sur la signification biologique, sociologique et religieuse du foyer. Un culte qui survit doit symboliser ce qui reste permanent en face des changements incessants, glorifier ce qui unifie le courant des métamorphoses sociales en constante transformation. Il faut qu’il reconnaisse les vraies significations, qu’il exalte les belles relations et qu’il célèbre les bonnes valeurs de la vraie noblesse.
 
(87.0) 87:7.9 Mais il est fort difficile de trouver un symbolisme nouveau et satisfaisant, parce que les hommes modernes, collectivement, adhèrent à l’attitude scientifique, écartent les superstitions et abhorrent l’ignorance, mais, individuellement, sont tous affamés de mystères et vénèrent l’inconnu. Aucun culte ne peut survivre à moins d’incorporer un mystère magistral et de masquer un but inaccessible digne d’être atteint. En outre, il ne suffit pas que le nouveau symbolisme soit significatif pour le groupe ; il doit aussi avoir un sens pour l’individu. Les formes de tout symbolisme utile doivent être celles que l’individu peut mettre en pratique de sa propre initiative et dont il peut aussi jouir avec ses semblables. Si seulement le nouveau culte pouvait être dynamique au lieu d’être statique, il ferait réellement un apport valable au progrès de l’humanité, à la fois temporellement et spirituellement.
 
(87.0) 87:7.10 Toutefois un culte – un symbolisme de rites, de slogans ou de buts – ne fonctionnera pas s’il est trop complexe. Et il doit comporter l’exigence de la dévotion, la réponse de la loyauté. Toute religion efficace développe infailliblement un symbolisme valable, et ses fidèles feraient bien d’empêcher que ce rituel ne se cristallise en cérémonies stéréotypées engourdissantes, déformantes et étouffantes ; celles-ci ne peuvent que handicaper et retarder les progrès sociaux, moraux et spirituels. Aucun culte ne peut survivre s’il freine la croissance morale et ne réussit pas à encourager le progrès spirituel. Le culte est le squelette autour duquel se développe le corps vivant et dynamique de l’expérience spirituelle personnelle – la vraie religion.
 
(87.0) 87:7.11 [Présenté par une Brillante Étoile du Soir de Nébadon.]
 


Copyright © 2013 Urantia Foundation. All rights reserved.

86. L’évolution primitive de la religion

LIVRE D'URANTIA  -  Fascicule 86. L’évolution primitive de la religion

(86.0) 86:0.1 L’évolution de la religion à partir de l’impulsion primitive d’adoration précédente ne dépend pas de la révélation. Le fonctionnement normal du mental humain, sous l’influence directrice des sixième et septième adjuvats mentaux d’effusion universelle de l’esprit, est amplement suffisant pour assurer ce développement.
 
(86.0) 86:0.2 La toute première peur préreligieuse que les hommes ont eue des forces de la nature est progressivement devenue religieuse à mesure que la nature fut graduellement personnalisée, spiritualisée et finalement déifiée dans la conscience humaine. Les religions du type primitif étaient donc une conséquence biologique de l’inertie psychologique du mental animal en évolution après que les concepts du surnaturel eurent pénétré dans un tel mental.
 
1. Le hasard : chance et malchance

(86.0) 86:1.1 À côté du besoin naturel d’adoration, la religion évolutionnaire primitive avait ses racines originelles dans l’expérience humaine du hasard – ce que vous appelez chance, les évènements ordinaires. L’homme primitif chassait pour se nourrir. Les résultats de la chasse sont nécessairement variables, et cela donne une origine certaine aux expériences que les hommes interprètent comme chance et malchance. La mauvaise chance était un facteur important dans la vie d’hommes et de femmes vivant à la limite incertaine d’une existence précaire et harassante.
 
(86.0) 86:1.2 L’horizon intellectuel limité des sauvages concentre tellement leur attention sur le hasard que la chance devient un facteur constant dans leur vie. Les Urantiens primitifs luttaient pour vivre, et non pour un niveau de vie. Ils vivaient une vie périlleuse où le hasard jouait un rôle important. L’appréhension constante d’une calamité inconnue et invisible planait au-dessus de ces sauvages comme un nuage de désespoir qui éclipsait efficacement tous les plaisirs ; ils vivaient dans la peur constante de commettre un acte qui amènerait de la malchance. Les sauvages superstitieux craignaient toujours une série de chances heureuses ; ils considéraient cette bonne fortune comme annonciatrice certaine de calamités.
 
(86.0) 86:1.3 Cette peur toujours présente de la malchance était paralysante. Pourquoi travailler dur et récolter la malchance – donner quelque chose pour rien – quand on peut se laisser porter et risquer d’avoir de la chance – obtenir quelque chose pour rien ? Les irréfléchis oublient la bonne chance – ils la considèrent comme un dû – mais ils se rappellent douloureusement la malchance.
 
(86.0) 86:1.4 Les hommes primitifs vivaient dans l’incertitude et la peur constante du hasard – de la malchance. La vie était un passionnant jeu de hasard ; l’existence était une affaire de chance. Il n’y a rien d’étonnant à ce que les gens partiellement civilisés croient encore à la chance et manifestent un reste de prédisposition pour les jeux de hasard. Les hommes primitifs alternaient entre deux puissants intérêts : la passion d’obtenir quelque chose pour rien et la peur de ne rien obtenir pour quelque chose. Et ce jeu de hasard de l’existence était l’intérêt majeur et la fascination suprême du mental du sauvage primitif.
 
(86.0) 86:1.5 Plus tard, les éleveurs de troupeaux eurent le même point de vue sur le hasard et la chance, tandis que, plus tard encore, les agriculteurs prirent de plus en plus conscience que les récoltes subissaient l’influence immédiate d’un grand nombre de facteurs sur lesquels le contrôle de l’homme était faible ou nul. Les paysans se trouvèrent victimes de la sécheresse, des inondations, de la grêle, des orages, des insectes et des maladies parasitaires, ainsi que de la chaleur et du froid. Dès lors que toutes ces influences affectaient la prospérité individuelle, on les considéra comme de la chance ou de la malchance.
 
(86.0) 86:1.6 Cette notion de hasard et de chance imprégna fortement la philosophie de tous les peuples de l’antiquité. Même à une époque récente, dans la Sagesse de Salomon, il est dit : “ Je suis revenu et j’ai vu que la course n’était pas aux agiles, ni la bataille aux forts, ni le pain aux sages, ni les richesses aux intelligents, ni la faveur aux habiles, car le destin et le hasard les atteignent tous. Car l’homme ne connaît pas son sort ; comme les poissons sont pris dans les filets de malheur et les oiseaux pris au lacet, ainsi les fils des hommes sont pris au lacet de l’infortune quand elle fond subitement sur eux. ”
 
2. La personnification du hasard

(86.0) 86:2.1 L’anxiété était l’état naturel du mental des sauvages. Quand les hommes et les femmes tombent victimes d’une anxiété excessive, ils reviennent simplement à l’état naturel de leurs lointains ancêtres. Quand l’anxiété devient réellement douloureuse, elle inhibe l’activité et provoque infailliblement des changements évolutionnaires et des adaptations biologiques. La douleur et la souffrance sont essentielles à l’évolution progressive.
 
(86.0) 86:2.2 La lutte pour la vie est si pénible qu’aujourd’hui encore, certaines tribus arriérées hurlent et se lamentent à chaque nouveau lever du soleil. L’homme primitif se demandait constamment : “ Qui me tourmente ? ” Faute de trouver une source matérielle à ses malheurs, il fixa ses explications sur les esprits. La religion naquit ainsi de la peur du mystère, de la crainte respectueuse de l’invisible et de la terreur de l’inconnu. La peur de la nature devint donc un facteur dans la lutte pour l’existence, d’abord à cause du hasard et ensuite à cause du mystère.
 
(86.0) 86:2.3 Le mental primitif était logique, mais contenait peu d’idées susceptibles de s’associer intelligemment ; le mental du sauvage était inculte et entièrement ingénu. Si un évènement en suivait un autre, le sauvage leur attribuait la relation de cause à effet. Ce que l’homme civilisé considère comme la superstition n’était que pure ignorance chez le sauvage. L’humanité fut lente à apprendre qu’il n’y a pas nécessairement de rapports entre les desseins et les résultats. Les êtres humains commencent seulement à comprendre que les réactions de l’existence apparaissent entre les actes et leurs conséquences. Le sauvage s’efforce de personnaliser tout ce qui est intangible et abstrait ; c’est ainsi que la nature et le hasard furent tous deux personnalisés en tant que fantômes (esprits) et plus tard en tant que dieux.
 
(86.0) 86:2.4 Les hommes ont une tendance naturelle à croire à ce qu’ils estiment préférable pour eux, à ce qui représente leur intérêt immédiat ou lointain ; l’intérêt égoïste obscurcit largement la logique. Ce qui différencie le mental du sauvage de celui de l’homme civilisé concerne plus le contenu que la nature, le degré que la qualité.
 
(86.0) 86:2.5 Mais continuer à attribuer aux causes surnaturelles les choses difficiles à comprendre, n’est rien de moins qu’une manière paresseuse et commode d’éviter toutes les formes de travail intellectuel pénible. La chance est simplement un terme forgé pour couvrir l’inexplicable dans n’importe quel âge de l’existence humaine ; elle désigne les phénomènes dont les hommes sont incapables ou peu désireux de pénétrer le sens. Le hasard est un mot signifiant que l’homme est trop ignorant ou trop indolent pour déterminer les causes. Les hommes ne considèrent un évènement naturel comme un accident ou une malchance que s’ils sont dépourvus de curiosité et d’imagination, que si leur race manque d’initiative et d’esprit aventureux. L’exploration des phénomènes de la vie détruit tôt ou tard la croyance des hommes au hasard, à la chance et aux prétendus accidents ; elle y substitue un univers de loi et d’ordre, où tous les effets sont précédés par des causes définies. La peur de l’existence est ainsi remplacée par la joie de vivre.
 
(86.0) 86:2.6 Les sauvages envisageaient toute la nature comme vivante, comme possédée par quelque chose. Les civilisés donnent encore un coup de pied aux objets inanimés qui se mettent sur leur chemin et maudissent encore ceux qui les heurtent. Les hommes primitifs ne considéraient jamais quelque chose comme accidentel ; pour eux, tout était toujours intentionnel. Pour les primitifs, le domaine du sort, la fonction de la chance, le monde des esprits, étaient tout aussi inorganisés et dirigés à l’aveuglette que la société primitive. Ils envisageaient la chance comme une réaction du caprice et des fantaisies du monde des esprits, et plus tard comme l’humeur des dieux.
 
(86.0) 86:2.7 Toutes les religions ne se développèrent cependant pas en partant de l’animisme. D’autres concepts du surnaturel étaient contemporains de l’animisme, et ces croyances conduisirent aussi à l’adoration. Le naturalisme n’est pas une religion – il est né de la religion.
 
3. La mort – l’inexplicable

(86.0) 86:3.1 La mort était pour les hommes en évolution le choc suprême, la plus troublante combinaison de hasard et de mystère. Ce ne fut pas la sainteté de la vie, mais le choc de la mort, qui inspira de la peur et entretint ainsi efficacement la religion. Chez les peuples sauvages, la mort était généralement due à la violence, de sorte que la mort non violente devint de plus en plus un mystère. La mort, en tant que fin naturelle et attendue de la vie, n’était pas claire dans la conscience des peuples primitifs. Il a fallu des âges et des âges aux hommes pour comprendre qu’elle est inévitable.
 
(86.0) 86:3.2 Les hommes primitifs acceptaient la vie comme un fait, tandis qu’ils considéraient la mort comme une calamité. Toutes les races ont leurs légendes d’hommes qui ne sont pas morts, traditions résiduelles du comportement initial envers la mort. Il existait déjà, dans le mental humain, un concept nébuleux d’un monde des esprits imprécis et inorganisé, d’un domaine d’où provenait tout ce qui est inexplicable dans la vie humaine ; on ajouta la mort à la longue liste des phénomènes inexpliqués.
 
(86.0) 86:3.3 On crut d’abord que toutes les maladies humaines et la mort naturelle étaient dues à l’influence d’esprits. Même à l’époque actuelle, certaines races civilisées considèrent que les maladies ont été engendrées par “ l’ennemi ” et comptent sur des cérémonies religieuses pour en effectuer la guérison. Des systèmes de théologie, plus récents et plus complexes, attribuent encore la mort à l’action du monde des esprits ; tout cet ensemble a conduit à des doctrines telles que le péché originel et la chute de l’homme.
 
(86.0) 86:3.4 Ce fut la prise de conscience de son impuissance devant les puissantes forces de la nature ainsi que la récognition de la faiblesse humaine devant les calamités de la maladie et de la mort qui poussèrent les sauvages à rechercher de l’aide auprès du monde supramatériel, qu’ils entrevoyaient comme source de ces mystérieuses vicissitudes de la vie.
 
4. Le concept de la survie après la mort

(86.0) 86:4.1 Le concept d’une phase supramatérielle de la personnalité mortelle naquit de l’association inconsciente et purement accidentelle des évènements de la vie quotidienne avec, en plus, le rêve de fantômes. Quand plusieurs membres de la tribu d’un chef trépassé rêvaient simultanément de lui, cela semblait constituer une preuve convaincante que le vieux chef était réellement revenu sous quelque forme. Tout cela était fort réel pour les sauvages ; après de tels rêves, ils se réveillaient trempés de sueur, tremblants et hurlants.
 
(86.0) 86:4.2 L’origine onirique de la croyance en une existence future explique la tendance à toujours imaginer les choses invisibles en termes de choses visibles. Le nouveau concept de la vie future en tant que fantôme rêvé commença bientôt à servir d’antidote efficace à la peur de la mort associée à l’instinct biologique d'auto conservation.
 
(86.0) 86:4.3 Les hommes primitifs se préoccupaient également beaucoup de leur respiration, spécialement dans les climats froids où ils observaient une buée lors de l’expiration. Le souffle de vie fut considéré comme l’unique phénomène qui différenciait les vivants des morts. Le primitif savait que son souffle pouvait quitter son corps ; les rêves, où il faisait toutes sortes de choses bizarres pendant qu’il était endormi, le convainquirent que l’être humain comportait un élément immatériel. L’idée la plus primitive concernant l’âme humaine fut le fantôme, elle était dérivée du système d’idées relatif aux rêves et à la respiration.
 
(86.0) 86:4.4 Le sauvage finit par concevoir qu’il était un être double – corps et souffle. Le souffle moins le corps équivalait à un esprit, à un fantôme. Bien que les esprits ou fantômes aient eu nettement une origine humaine, on les considéra comme suprahumains. Cette croyance à l’existence d’esprits désincarnés semblait expliquer les évènements inhabituels, l’extraordinaire, l’exceptionnel et l’inexplicable.
 
(86.0) 86:4.5 La doctrine primitive de la survie après la mort n’était pas nécessairement une croyance à l’immortalité. Des êtres qui ne savaient pas compter au-delà de vingt ne pouvaient guère concevoir l’infinité et l’éternité ; ils pensaient plutôt à des incarnations répétées.
 
(86.0) 86:4.6 La race orangée était spécialement adonnée aux croyances à la transmigration et à la réincarnation. L’idée de réincarnation prit naissance dans l’observation de ressemblances d’hérédités et de caractères entre les descendances et leurs ancêtres. La coutume de nommer les enfants d’après leurs grands-parents et autres ascendants était due à la croyance en la réincarnation. Quelques races plus récentes crurent que les hommes mouraient de trois à sept fois. Cette croyance (reliquat des enseignements d’Adam concernant les mondes des maisons), ainsi que bien d’autres vestiges de la religion révélée peuvent être retrouvés parmi les doctrines, par ailleurs absurdes, des barbares du vingtième siècle.
 
(86.0) 86:4.7 Les hommes primitifs ne nourrissaient aucune idée d’enfer ni de punitions futures. Les sauvages imaginaient la vie après la mort exactement comme la vie présente, moins la malchance. Plus tard, on conçut une destinée séparée pour les bons fantômes et les mauvais fantômes – le ciel et l’enfer. Les membres de beaucoup de races primitives croyaient que l’homme débutait dans la vie suivante à l’état exact où il avait quitté la vie présente ; c’est pourquoi l’idée de devenir vieux et décrépit ne leur souriait pas. Les gens âgés préféraient de beaucoup être tués avant de devenir trop impotents.
 
(86.0) 86:4.8 Presque tous les groupes avaient des idées différentes sur la destinée de l’âme-fantôme. Les Grecs croyaient que les hommes faibles devaient avoir des âmes faibles ; ils inventèrent donc l’Hadès comme lieu approprié pour recevoir ces âmes chétives. Ils supposaient aussi que ces spécimens malingres avaient des ombres plus petites. Les premiers Andites croyaient que leurs fantômes retournaient au pays natal de leurs ancêtres. Les Chinois et les Égyptiens crurent jadis que l’âme et le corps restaient liés. Cela conduisit les Égyptiens à construire soigneusement des tombes et à s’efforcer de préserver les corps. Même les peuples modernes cherchent à éviter la décomposition des morts. Les Hébreux conçurent qu’un fantôme, réplique de l’individu, descendait au shéol et ne pouvait revenir au pays des vivants. Ils firent effectivement ce progrès important dans la doctrine de l’évolution de l’âme.
 
5. Le concept de l’âme fantôme

(86.0) 86:5.1 La partie non matérielle de l’homme a été diversement appelée fantôme, esprit, ombre, spectre et plus récemment âme. Dans les rêves de l’homme primitif, l’âme était son double ; elle ressemblait exactement au mortel lui-même, sauf qu’elle n’était pas sensible au toucher. La croyance aux doubles, vus en rêve, conduisit directement à la notion que toutes les choses animées et inanimées ont une âme comme les hommes. Ce concept tendit longtemps à perpétuer la croyance aux esprits de la nature. Les Esquimaux imaginent encore que toutes les choses de la nature ont un esprit.
 
(86.0) 86:5.2 L’âme fantôme pouvait être entendue et vue, mais non être touchée. La vie onirique de la race développa et étendit graduellement les activités du monde évoluant des esprits, au point que la mort fut finalement considérée comme le fait de “ rendre l’âme ”. Toutes les tribus primitives, sauf celles qui dépassaient à peine les animaux, se sont formé des concepts de l’âme. À mesure que la civilisation progresse, ces concepts superstitieux sont détruits, et l’homme dépend entièrement de la révélation et de l’expérience religieuse personnelle pour se faire une nouvelle idée de l’âme en tant que création conjointe du mental humain connaissant Dieu et de l’esprit divin qui l’habite, l’Ajusteur de Pensée.
 
(86.0) 86:5.3 Les mortels primitifs ne réussissaient généralement pas à différencier la notion d’un esprit intérieur de celle d’une âme de nature évolutionnaire. Il y avait grande confusion, chez les sauvages, sur la question de savoir si l’âme était née dans le corps ou si elle était un agent extérieur en possession du corps. L’absence de pensée raisonnée en présence de la perplexité explique le grossier illogisme des points de vue des sauvages sur les âmes, les fantômes et les esprits.
 
(86.0) 86:5.4 On a cru que l’âme était reliée au corps comme le parfum à la fleur. Les anciens croyaient que l’âme pouvait quitter le corps de différentes manières telles que :
 
  (86.0) 86:5.5 1.L'évanouissement ordinaire et temporaire.
 
  (86.0) 86:5.6 2.Le sommeil, le rêve naturel.
 
  (86.0) 86:5.7 3.Le coma et l'inconscience associés aux maladies et aux accidents.
 
  (86.0) 86:5.8 4.La mort, le départ définitif.
 
(86.0) 86:5.9 Les sauvages envisageaient les éternuements comme des tentatives avortées de l’âme pour s’échapper du corps. Étant éveillé et sur ses gardes, le corps était capable de contrecarrer la tentative de fuite de l’âme. Plus tard, on accompagna toujours les éternuements d’une formule religieuse telle que “ Dieu vous bénisse ”.
 
(86.0) 86:5.10 De bonne heure dans l’évolution, on considéra le sommeil comme prouvant que l’âme fantôme pouvait s’absenter du corps, et l’on croyait pouvoir la rappeler en disant ou en criant le nom du dormeur. Dans d’autres formes d’inconscience, on croyait que l’âme était plus lointaine, cherchant peut-être à s’échapper pour de bon – la mort imminente. On envisageait les rêves comme les expériences de l’âme durant le sommeil, lors de son absence temporaire du corps. Les sauvages estiment que leurs rêves sont aussi réels que toute autre partie de leur expérience éveillée. Les anciens prirent l’habitude d’éveiller graduellement les dormeurs pour donner à l’âme le temps de réintégrer le corps.
 
(86.0) 86:5.11 Tout au long des âges, les hommes ont été saisis d’une crainte respectueuse devant l’apparition de la nuit, et les Hébreux ne firent pas exception. Ils croyaient sincèrement que Dieu leur parlait dans des rêves, malgré les injonctions de Moïse à l’encontre de cette idée. Moïse avait raison, car les rêves ordinaires ne sont pas la méthode employée par les personnalités du monde spirituel quand elles cherchent à communiquer avec les êtres matériels.
 
(86.0) 86:5.12 Les anciens croyaient que les âmes pouvaient entrer dans des animaux ou même des objets inanimés. Cette croyance à l’identification avec les animaux culmina dans l’idée des loups-garous. Une personne pouvait être, de jour, un citoyen respectueux de la loi, mais, quand elle s’endormait, son âme pouvait entrer dans un loup ou dans quelque autre animal et rôder en commettant des déprédations nocturnes.
 
(86.0) 86:5.13 Les hommes primitifs croyaient que l’âme était associée à la respiration et que l’on pouvait communiquer ou transférer ses qualités par le souffle. Un chef courageux allait souffler sur un enfant nouveau-né pour lui conférer le don de la bravoure. Chez les premiers chrétiens, la cérémonie d’effusion du Saint-Esprit était accompagnée d’un souffle sur les candidats. Le Psalmiste a dit : “ Les cieux ont été faits par la parole du Seigneur, et toute leur armée par le souffle de sa bouche. ” Ce fut longtemps la coutume, pour les fils ainés, d’essayer d’attraper le dernier souffle de leur père mourant.
 
(86.0) 86:5.14 Plus tard, on en vint à craindre et à révérer l’ombre au même titre que le souffle. L’image de soi-même reflétée dans l’eau fut également envisagée parfois comme la preuve de la dualité de l’être et l’on considéra les miroirs avec une crainte superstitieuse. Même aujourd’hui, bien des civilisés tournent les miroirs contre le mur en cas de décès. Quelques tribus arriérées croient encore que les portraits, dessins, modèles ou images enlèvent au corps l’âme ou une partie de l’âme, et en conséquence elles interdisent d’en faire.
 
(86.0) 86:5.15 On croyait en général que l’âme s’identifiait au souffle, mais diverses peuplades la situaient aussi dans la tête, les cheveux, le cœur, le foie, le sang et la graisse. “ Le sang d’Abel criant depuis la terre ” exprime la croyance de jadis à la présence de l’âme-fantôme dans le sang. Les Sémites enseignèrent que l’âme résidait dans la graisse du corps, et, chez beaucoup d’entre eux, l’absorption de graisse animale était tabou. Les chasseurs de têtes et les découpeurs de scalps cherchaient à capturer l’âme de leurs ennemis. Plus récemment, on a considéré les yeux comme les fenêtres de l’âme.
 
(86.0) 86:5.16 Les adeptes de la doctrine selon laquelle il y avait trois ou quatre âmes croyaient que la perte de l’une d’elles signifiait inquiétude, la perte de deux, maladie et la perte de trois, la mort. D’après eux, une âme vivait dans le souffle, une dans la tête, une dans les cheveux et une dans le cœur. Ils conseillaient aux malades de se promener au grand air avec l’espoir de recapter leurs âmes égarées. On supposait que les plus grands sorciers-guérisseurs échangeaient l’âme malade d’une personne malade contre une nouvelle âme, la “ nouvelle naissance ”.
 
(86.0) 86:5.17 Les enfants de Badonan développèrent une croyance en deux âmes, la respiration et l‘ombre. Les premières races nodites estimaient que l’homme consistait en deux personnes, l’âme et le corps. Cette philosophie de l’existence humaine se refléta plus tard dans le point de vue grec. Les Grecs eux-mêmes croyaient à l’existence de trois âmes, la végétative située dans l’estomac, l’animale dans le cœur et l’intellectuelle dans la tête. Les Esquimaux croient que l’homme est composé de trois parties : le corps, l’âme et le nom.
 
6. L’environnement des esprits fantômes

(86.0) 86:6.1 L’homme a hérité d’un environnement naturel, acquis un environnement social et imaginé un environnement spectral. Les hommes réagissent envers leur environnement naturel en formant des États, envers leur environnement social en fondant des foyers et envers leur environnement illusoire de fantômes en instituant des Églises.
 
(86.0) 86:6.2 Très tôt dans l’histoire de l’humanité, la croyance aux réalités du monde imaginaire des fantômes et des esprits fut universelle, et ce monde d’esprits nouvellement imaginé devint une puissance dans la société primitive. La vie mentale et morale de toute l’humanité fut définitivement modifiée par l’apparition de ce nouveau facteur dans les pensées et les actes des hommes.
 
(86.0) 86:6.3 Sur cette base majeure d’ignorance et d’illusion, la peur humaine a entassé toutes les superstitions et religions subséquentes des peuples primitifs. Ce fut l’unique religion humaine jusqu’à l’époque de la révélation, et de nombreuses races du monde d’aujourd’hui ne possèdent encore que cette religion évolutionnaire sommaire.
 
(86.0) 86:6.4 À mesure que l’évolution progressait, la chance fut associée aux bons esprits et la malchance, aux mauvais esprits. La gêne de l’adaptation forcée à un environnement changeant fut considérée comme une malchance, un mécontentement des esprits fantômes. Les hommes primitifs donnèrent lentement naissance à la religion en partant de leur impulsion innée d’adoration et de leur fausse conception du hasard. Les hommes civilisés établissent des plans d’assurances pour triompher des occurrences du hasard. La science moderne remplace les esprits fictifs et les dieux capricieux par un actuaire faisant des calculs mathématiques.
 
(86.0) 86:6.5 Chaque génération qui passe sourit devant les superstitions stupides de ses ancêtres, tout en continuant à entretenir ces sophismes de pensée et d’adoration qui feront sourire à leur tour la postérité plus éclairée.
 
(86.0) 86:6.6 Mais, finalement, le mental des hommes primitifs était occupé par des pensées qui transcendaient toutes leurs impulsions biologiques naturelles. L’homme était, enfin, sur le point de développer un art de vivre basé sur quelque chose de plus que la réaction à des stimuli matériels. On assistait aux débuts d’une politique de vie comportant une philosophie primitive. Un critère de vie surnaturel était sur le point d’émerger. En effet, si l’esprit fantôme apporte la malchance dans sa colère et la bonne fortune dans son contentement, il faut que la conduite humaine soit réglée en conséquence. Le concept du bien et du mal était enfin apparu par évolution, et tout ceci bien avant l’époque d’une révélation quelconque sur terre.
 
(86.0) 86:6.7 Avec l’émergence de ces concepts commença la lutte longue et ruineuse pour apaiser les esprits toujours mécontents, l’esclavage servile de la peur religieuse évolutionnaire, l’interminable gaspillage des efforts humains pour des tombes, des temples, des sacrifices et des prêtrises. Le prix à payer fut effrayant et terrible, mais il valut tout ce qu’il couta, car, grâce à lui, les hommes atteignirent une conscience naturelle du bien et du mal relatifs ; l’éthique humaine était née !
 
7. La fonction de la religion primitive

(86.0) 86:7.1 Le sauvage avait besoin d’assurance ; il payait donc volontiers ses primes onéreuses de peur, de superstition et d’appréhension par des dons aux prêtres pour sa police d’assurance magique contre la malchance. La religion primitive consistait simplement en primes d’assurance contre les périls de la forêt. Les hommes civilisés payent des primes d’assurance contre les accidents de l’industrie et les risques des modes de vie modernes.
 
(86.0) 86:7.2 La société contemporaine enlève les affaires d’assurance au domaine des prêtres et de la religion, et les place dans le domaine économique. La religion s’occupe de plus en plus d’assurance sur la vie au-delà de la tombe. Les hommes modernes, du moins ceux qui pensent, cessent de payer des primes inutiles pour contrôler la chance. La religion s’élève lentement à des niveaux philosophiques supérieurs contrastant avec son ancienne fonction de plan d’assurance contre la malchance.
 
(86.0) 86:7.3 Cependant, ces anciennes idées sur la religion ont empêché les hommes de devenir fatalistes et désespérément pessimistes ; ils ont cru qu’ils pouvaient au moins faire quelque chose pour influencer le destin. La religion de la peur des fantômes a gravé dans la mémoire des hommes qu’ils devaient régler leur conduite, qu’il y avait un monde supramatériel contrôlant la destinée humaine.
 
(86.0) 86:7.4 Les races civilisées modernes commencent seulement à émerger de la peur qui leur faisait expliquer la chance et les inégalités courantes de l’existence par l’action des fantômes. L’humanité s’émancipe de la servitude de l’explication de la malchance par les esprits-fantômes. Mais, en même temps que les hommes renoncent à la doctrine erronée des vicissitudes de la vie causées par les esprits, ils font montre d’un surprenant empressement à admettre un enseignement presque aussi fallacieux qui les invite à attribuer toutes les inégalités humaines à de mauvaises adaptations politiques, à des injustices sociales et à la concurrence industrielle. Cependant, des lois nouvelles, une philanthropie accrue et une réorganisation industrielle plus poussée, si bonnes qu’elles soient en elles-mêmes, ne remédieront ni aux faits de la naissance ni aux accidents de la vie. Seule la compréhension des faits et leur sage maniement dans le cadre des lois naturelles permettront aux hommes d’obtenir ce qu’ils veulent et d’éviter ce qu’ils ne veulent pas. La connaissance scientifique conduisant à l’action scientifique est le seul antidote contre les maux dits accidentels.
 
(86.0) 86:7.5 L’industrie, la guerre, l’esclavage et le gouvernement civil ont surgi en réponse à l’évolution sociale de l’homme dans son milieu naturel. La religion est apparue d’une manière analogue en réponse au milieu illusoire du monde imaginaire des esprits. La religion fut un développement évolutionnaire de préservation de soi, et elle a réussi, malgré son illogisme total et la conception erronée qui lui donna naissance.
 
(86.0) 86:7.6 Par la puissante et impressionnante force de la fausse peur, la religion primitive a préparé le mental humain à l’effusion d’une force spirituelle authentique, d’origine surnaturelle, qui est l’Ajusteur de Pensée. Et, depuis lors, les divins Ajusteurs ont toujours travaillé à transmuer la peur de Dieu en amour pour Dieu. L’évolution est peut-être lente, mais elle est infailliblement efficace.
 
(86.0) 86:7.7 [Présenté par une Étoile du Soir de Nébadon.]
 


Copyright © 2013 Urantia Foundation. All rights reserved.

85. Les origines de l’adoration

LIVRE D'URANTIA  -  Fascicule 85. Les origines de l’adoration

(85.0) 85:0.1 La religion primitive eut une origine biologique, un développement évolutionnaire naturel, à côté des associations morales et en dehors de toute influence spirituelle. Les animaux supérieurs ont des peurs, mais pas d’illusions, donc pas de religion. Les hommes créent leurs religions primitives avec leurs craintes et par leurs illusions.
 
(85.0) 85:0.2 Dans l’évolution de l’espèce humaine, les manifestations primitives de l’adoration apparaissent bien avant que le mental de l’homme ne soit capable de formuler les conceptions plus complexes de la vie, ici-bas et dans l’au-delà, méritant le nom de religion. La religion primitive était de nature totalement intellectuelle et entièrement fondée sur des circonstances d’association. Les objets de culte étaient tout à fait suggestifs ; ils consistaient en choses de la nature qui étaient à portée de la main ou qui occupaient le premier plan dans l’expérience ordinaire des Urantiens primitifs au mental frustre.
 
(85.0) 85:0.3 Quand la religion eut évolué au-delà de l’adoration de la nature, elle acquit des racines d’origine spirituelle, mais resta néanmoins toujours conditionnée par le milieu social. À mesure que le culte de la nature se développa, les concepts humains envisagèrent une division du travail dans le monde supramortel ; il y avait des esprits de la nature pour les lacs, les arbres, les cascades, les pluies et des centaines d’autres phénomènes terrestres ordinaires.
 
(85.0) 85:0.4 À un moment ou à un autre, tout ce qui se trouve à la surface de la terre a été objet d'adoration pour l’homme, y compris lui-même. Il a aussi adoré tout ce qu’on peut imaginer dans le ciel et sous la surface de la terre. Les hommes primitifs craignaient toutes les manifestations de pouvoir ; ils rendaient hommage à tous les phénomènes naturels qu’ils ne pouvaient comprendre. L’observation de puissantes forces matérielles telles que tempêtes, inondations tremblements de terres, éboulements, volcans, feu, chaleur et froid, impressionnait grandement le mental en expansion des hommes. On appelle encore “ actes de Dieu ” et “ mystérieuses dispensations de la providence ” les choses inexplicables de la vie.
 
1. L’adoration des pierres et des collines

(85.0) 85:1.1 La première chose que les hommes évoluants adorèrent fut une pierre. Aujourd’hui, la peuplade kateri du Sud de l’Inde ainsi que de nombreuses tribus du Nord de l’Inde adorent encore des pierres. Jacob dormit sur une pierre parce qu’il la révérait ; il l’oignit même d’huile. Rachel cacha plusieurs pierres sacrées sous sa tente.
 
(85.0) 85:1.2 Les pierres impressionnèrent d’abord les hommes primitifs comme sortant de l’ordinaire à cause de la manière dont elles apparaissaient subitement à la surface d’un champ cultivé ou d’une prairie. Les hommes ne tenaient compte ni de l’érosion ni du retournement du sol. Les pierres firent aussi grande impression sur les peuplades primitives parce qu’elles ressemblaient souvent à des animaux. L’attention des hommes civilisés est arrêtée par de nombreuses formations rocheuses qui, dans les montagnes, ressemblent à des têtes d’animaux et même à des visages humains. Ce furent toutefois les pierres météoriques qui exercèrent la plus profonde influence ; les primitifs les voyaient traverser l’atmosphère avec un flamboiement grandiose. Les étoiles filantes terrifiaient l’homme primitif ; il croyait facilement que leurs traces brillantes marquaient le passage d’un esprit en route vers la Terre. Il n’est pas étonnant que les hommes aient été conduits à adorer de tels phénomènes, spécialement quand, plus tard, ils découvraient les météorites. Et cela leur inspira un plus grand respect pour toutes les autres pierres. Au Bengale, une météorite, qui tomba en 1880, a de nombreux adorateurs.
 
(85.0) 85:1.3 Tous les anciens clans et tribus avaient leurs pierres sacrées, et la plupart des peuples modernes manifestent une vénération relative pour certains types de pierres – leurs bijoux. Un groupe de cinq pierres était révéré aux Indes ; en Grèce, c’étaient un amas de trente pierres ; chez les hommes rouges, c’était généralement un cercle de pierres. Les Romains jetaient toujours une pierre en l’air quand ils invoquaient Jupiter. Aux Indes, aujourd’hui encore, une pierre peut servir de témoin. Dans certaines régions, on peut employer une pierre comme talisman de la loi et, par son prestige, un offenseur peut être mené au tribunal. Mais les simples mortels n’identifient pas toujours la Déité avec un objet de culte respectueux. Bien souvent, ces fétiches ne sont que des symboles du véritable objet d’adoration.
 
(85.0) 85:1.4 Les anciens avaient une considération spéciale pour les trous dans les pierres. On supposait que les roches poreuses étaient exceptionnellement efficaces pour guérir les maladies. Les oreilles n’étaient pas percées pour y suspendre des pierres, mais des pierres étaient placées dans les trous pour les tenir ouverts. Même à notre époque moderne, des personnes superstitieuses font des trous dans les pièces de monnaie. En Afrique, les indigènes font beaucoup d’embarras autour de leurs pierres fétiches. En fait, les tribus et peuplades arriérées continuent à manifester à leurs pierres une vénération superstitieuse. Aujourd’hui encore, l’adoration des pierres est fort répandue dans le monde. Les pierres tombales sont un symbole survivant des images et idoles que l’on sculptait dans la pierre en liaison avec des croyances aux fantômes et aux esprits des compagnons trépassés.
 
(85.0) 85:1.5 L’adoration des collines suivit celle des pierres, et les premières collines vénérées furent de grandes formations rocheuses. On prit bientôt l’habitude de croire que les dieux habitaient les montagnes, de sorte que, pour cette raison supplémentaire, on adora les hautes élévations de terrain. À mesure que le temps s’écoulait, certaines montagnes furent associées à certains dieux, et, en conséquence, devinrent saintes. Les aborigènes ignorants et superstitieux croyaient que les grottes conduisaient au monde souterrain peuplé de mauvais esprits et de démons, en contraste avec les montagnes, qui furent identifiées aux concepts, évolués ultérieurement, de bons esprits et de bonnes déités.
 
2. L’adoration des plantes et des arbres

(85.0) 85:2.1 Les plantes furent d’abord craintes, puis adorées, à cause des liqueurs enivrantes que l’on en tirait. Les hommes primitifs croyaient que l’ivresse vous rendait divin. On supposait que cette expérience comportait quelque chose d’inhabituel et de sacré. Même dans les temps modernes, on donne le nom de “ spiritueux ” aux alcools.
 
(85.0) 85:2.2 Les primitifs regardaient, avec une crainte et un respect superstitieux, les graines en train de germer. L’apôtre Paul ne fut pas le premier à tirer de profondes leçons spirituelles des graines germantes et à fonder des croyances religieuses sur elles.
 
(85.0) 85:2.3 Le culte d’adoration des arbres se trouve chez les plus anciens groupes religieux. Tous les mariages primitifs étaient célébrés sous des arbres et, quand les femmes désiraient des enfants, on les voyait parfois dans la forêt embrassant affectueusement un robuste chêne. Bien des arbres et des plantes étaient vénérés à cause de leurs vertus médicinales réelles ou imaginaires. Les sauvages croyaient que toutes les réactions chimiques étaient dues à l’activité directe de forces surnaturelles.
 
(85.0) 85:2.4 Les idées concernant les esprits des arbres variaient considérablement parmi les différentes tribus et races. Certains arbres étaient habités par des esprits bienveillants, d’autres abritaient des esprits trompeurs et cruels. Les Finlandais croyaient que la plupart des arbres abritaient des esprits bienfaisants. Les Suisses se sont longtemps méfiés des arbres, croyant qu’ils contenaient des esprits rusés. Les habitants de l’Inde et de la Russie orientale considéraient les esprits des arbres comme cruels. Les Patagons adorent encore les arbres comme le firent les Sémites primitifs. Longtemps après que les Hébreux eurent cessé d’adorer les arbres, ils continuèrent à vénérer leurs diverses déités dans des bosquets. Sauf en Chine, il exista jadis un culte universel de l’arbre de vie.
 
(85.0) 85:2.5 La croyance que l’on peut trouver de l’eau ou des métaux précieux sous la surface de la terre, à l’aide d’une baguette divinatoire en bois, est un reliquat des anciens cultes des arbres. Le mai, les arbres de Noël et la pratique superstitieuse de toucher du bois perpétuent certaines coutumes d’adoration des arbres et des plus récents cultes des arbres.
 
(85.0) 85:2.6 Nombre de ces formes primitives de vénération de la nature se mêlèrent aux techniques d’adoration qui évoluèrent plus tard, mais les tout premiers types d’adoration animés par un esprit-mental adjuvat fonctionnaient bien avant que la nature religieuse nouvellement éveillée de l’humanité fût devenue pleinement sensible à la stimulation par les influences spirituelles.
 
3. L’adoration des animaux

(85.0) 85:3.1 L’homme primitif avait un sentiment particulier de sympathie pour les animaux supérieurs. Ses ancêtres avaient vécu avec eux et s’étaient même accouplés à eux. En Asie méridionale, on crut de bonne heure que les âmes des hommes revenaient sur terre sous forme d’animaux. Cette croyance était une survivance de la pratique encore plus ancienne d’adorer les animaux.
 
(85.0) 85:3.2 Les primitifs révéraient les animaux pour leur pouvoir et leur ruse. Ils pensaient que l’odorat affiné et la vue perçante de certaines bêtes dénotaient une gouverne par les esprits. Les animaux ont tous été adorés par une race ou une autre, tantôt à une époque et tantôt à une autre. Parmi ces objets d’adoration, figuraient des créatures considérées comme mi-humaines et mi-animales, telles que les centaures et les sirènes.
 
(85.0) 85:3.3 Les Hébreux adorèrent les serpents jusqu’à l’époque du roi Ézéchias, et les Hindous entretiennent encore des relations amicales avec les serpents de leurs maisons. L’adoration des dragons par les Chinois est une survivance du culte des serpents. La sagesse du serpent était un symbole de la médecine grecque, et les médecins modernes l’emploient encore comme emblème. L’art de charmer les serpents a été transmis par les femmes chamanes pratiquant le culte de l’amour des serpents ; celles-ci se faisaient mordre quotidiennement par des serpents, ce qui les immunisait contre le venin et en faisait réellement des toxicomanes qui ne pouvaient plus se passer de ce poison.
 
(85.0) 85:3.4 L’adoration des insectes et de certains autres animaux résulta d’une mauvaise interprétation de la règle d’or – faites à autrui (à toutes les formes de vie) ce que vous voudriez que l’on vous fasse. Les anciens crurent jadis que tous les vents étaient produits par des ailes d’oiseaux ; en conséquence ils craignirent et adorèrent toutes les créatures ailées. Les Nordiques primitifs croyaient que les éclipses étaient causées par un loup qui dévorait une portion du soleil ou de la lune. Les Hindous montrent souvent Vishnou avec une tête de cheval. Bien des fois, un symbole animal représente un dieu oublié ou un culte disparu. Tôt dans la religion évolutionnaire, l’agneau devint l’animal sacrificiel typique et la colombe, le symbole de la paix et de l’amour.
 
(85.0) 85:3.5 En religion, le symbolisme est bon ou mauvais dans la mesure exacte où le symbole ne supplante pas ou supplante l’idée originelle d’adoration. Le symbolisme ne doit pas être confondu avec l’idolâtrie immédiate où l’objet matériel est directement et effectivement adoré.
 
4. L’adoration des éléments

(85.0) 85:4.1 L’humanité a adoré la terre, l’air, l’eau et le feu. Les races primitives vénéraient les sources et adoraient les rivières. Même aujourd’hui, fleurit en Mongolie un culte des rivières qui exerce de l’influence. Le baptême devint un cérémonial religieux à Babylone, et les Grecs pratiquèrent le bain rituel annuel. Il était facile aux anciens d’imaginer que les esprits habitaient les sources bouillonnantes, les fontaines jaillissantes, les rivières qui coulent et les torrents impétueux. Les eaux mouvantes impressionnaient vivement ces êtres au mental fruste en faisant croire à l’animation par des esprits et à des pouvoirs surnaturels. On refusait parfois de secourir un homme qui se noyait, de peur d’offenser quelque dieu de la rivière.
 
(85.0) 85:4.2 Nombre de facteurs et d’évènements ont agi pour stimuler la religion de peuples différents à des époques diverses. Beaucoup de tribus montagnardes des Indes adorent encore les arcs-en-ciel. En Inde et en Afrique, on croit que l’arc-en-ciel est un gigantesque serpent céleste. Les Hébreux et les chrétiens le considèrent comme “ l’arc de la promesse ”. De même, des influences considérées comme bénéfiques dans une partie du monde peuvent être regardées comme maléfiques ailleurs. Le vent d’est est un dieu en Amérique du Sud, car il apporte la pluie ; aux Indes, il est un démon parce qu’il amène la poussière et provoque la sécheresse. Les anciens Bédouins croyaient qu’un esprit de la nature produisait les tourbillons de sable ; même à l’époque de Moïse, la croyance aux esprits de la nature fut assez forte pour assurer leur perpétuation dans la théologie hébraïque sous forme d’anges du feu, de l’eau et de l’air.
 
(85.0) 85:4.3 Les nuages, la pluie, la grêle ont tous été craints et adorés par de nombreuses tribus primitives et dans les cultes initiaux de la nature. Les vents de tempête avec tonnerre et éclairs terrifiaient les hommes primitifs. Ils étaient tellement impressionnés par ces dérèglements des éléments qu’ils considéraient le tonnerre comme la voix d’un dieu courroucé. L’adoration du feu et la peur de la foudre étaient liées et fort répandues dans nombre de groupes primitifs.
 
(85.0) 85:4.4 Le feu était mêlé à la magie dans le mental des mortels primitifs tyrannisés par la peur. Les adeptes de la magie se rappellent nettement un résultat positif obtenu par hasard dans la pratique de leurs formules magiques, tandis qu’ils oublient avec insouciance des dizaines de résultats négatifs constituant des échecs complets. Le respect pour le feu atteignit son apogée en Perse, où il subsista longtemps. Quelques tribus adoraient le feu en le prenant pour la déité elle-même ; d’autres le révéraient comme symbole flamboyant de l’esprit purificateur et épurateur de leurs déités vénérées. On chargeait des vestales vierges de veiller sur les feux sacrés et, au vingtième siècle, on fait encore bruler des cierges dans le rituel de beaucoup de services religieux.
 
5. L’adoration des corps célestes

(85.0) 85:5.1 L’adoration des roches, des collines, des arbres et des animaux se transforma naturellement en vénération craintive des éléments, puis en déification du soleil, de la lune et des étoiles. Aux Indes et ailleurs, les étoiles furent considérées comme les âmes glorifiées de grands hommes qui avaient quitté la vie dans la chair. Les Chaldéens, adeptes du culte des étoiles, estimaient qu’ils avaient le ciel pour père et la terre pour mère.
 
(85.0) 85:5.2 L’adoration de la lune précéda celle du soleil. La vénération de la lune atteignit son apogée durant l’ère de la chasse, tandis que l’adoration du soleil devint la principale cérémonie religieuse des âges agricoles subséquents. L’adoration solaire s’enracina tout d’abord fortement aux Indes, et c’est là qu’elle persista le plus longtemps. En Perse, la vénération du soleil donna naissance au culte mithriaque ultérieur. De nombreux peuples considéraient le soleil comme l’ancêtre de leurs rois. Les Chaldéens le plaçaient au centre “ des sept cercles de l’univers ”. Des civilisations plus tardives honorèrent le soleil en donnant son nom au premier jour de la semaine.
 
(85.0) 85:5.3 On supposait que le dieu soleil était le père mystique des fils de la destinée nés d’une vierge, et que ceux-ci, estimait-on, s’effusaient de temps à autre sur les races favorisées. Ces enfants surnaturels étaient toujours abandonnés à la dérive sur quelque fleuve sacré pour être sauvés d’une manière extraordinaire et grandir ensuite pour devenir des personnalités miraculeuses et des libérateurs de leur peuple.
 
6. L’adoration de l’homme

(85.0) 85:6.1 Après avoir adoré tout ce qui existait à la surface de la terre et au-dessus dans les cieux, l’homme n’hésita pas à se faire l’honneur d’une adoration semblable. Le sauvage au mental fruste ne fait pas de distinction claire entre bêtes, hommes et dieux.
 
(85.0) 85:6.2 Les primitifs considéraient toutes les personnes inhabituelles comme suprahumaines et en avaient tellement peur qu’ils manifestaient à leur égard une crainte respectueuse. Dans une certaine mesure, ils les adoraient littéralement. Même le fait d’avoir des jumeaux était regardé soit comme une grande chance soit comme une grande malchance. Les lunatiques, les épileptiques et les débiles mentaux étaient souvent adorés par leurs compagnons mentalement normaux qui croyaient que de tels êtres anormaux étaient habités par les dieux. On adora les prêtres, les rois et les prophètes ; on estima que les saints hommes de jadis étaient inspirés par les déités.
 
(85.0) 85:6.3 On déifia les chefs tribaux une fois morts. Plus tard, on sanctifia les âmes remarquables qui avaient passé dans l’au-delà. Sans aide, l’évolution n’a jamais donné naissance à des dieux supérieurs aux esprits glorifiés, exaltés et évolués de certains humains décédés. Dans son évolution primitive, la religion crée ses propres dieux. Au cours de la révélation, les Dieux formulent la religion. La religion évolutionnaire crée ses dieux à l’image et à la ressemblance de l’homme mortel ; la religion révélée cherche à faire évoluer les mortels et à les transformer à l’image et à la ressemblance de Dieu.
 
(85.0) 85:6.4 Les dieux fantômes supposés d’origine humaine doivent être distingués des dieux de la nature, car l’adoration de la nature produisit un panthéon – les esprits de la nature élevés à la position de dieux. Les cultes de la nature continuèrent à se développer en même temps que les cultes des fantômes apparus plus tard, et chacun des deux exerça une influence sur l’autre. De nombreux systèmes religieux comportèrent un double concept de la déité, les dieux de la nature et les dieux fantômes ; dans certaines théologies, ces deux concepts sont inextricablement mélangés, comme on le voit dans l’exemple de Thor, le héros fantôme qui était aussi le maitre de la foudre.
 
(85.0) 85:6.5 Mais l’adoration de l’homme par les hommes atteignit son apogée lorsque les chefs temporels ordonnèrent à leurs sujets de les vénérer ainsi, et que, pour justifier cette exigence, ils prétendirent être de descendance divine.
 
7. Les adjuvats d'adoration et de sagesse

(85.0) 85:7.1 L’adoration de la nature peut sembler être née spontanément et naturellement dans le mental des hommes et des femmes primitifs, et il en fut bien ainsi ; mais, pendant toute cette période, et dans le mental de ces mêmes primitifs, s’exerçait l’action du sixième esprit adjuvat ; il avait été effusé sur ces peuplades en tant qu’influence directrice pour cette phase de l’évolution de l’espèce humaine, et cet esprit stimulait constamment la pulsion d’adoration de l’espèce humaine, si primitives que ces premières manifestations aient pu être. L’esprit d’adoration donna une origine précise à l’impulsion humaine tendant à adorer, nonobstant le fait que son expression primitive fût motivée par la peur animale, et que ses premières pratiques fussent centrées sur des choses de la nature.
 
(85.0) 85:7.2 Il faut se rappeler que c’est le sentiment, et non la pensée, qui était l'influence qui dirigea et contrôla tout le développement évolutionnaire. Pour le mental primitif, il y a peu de différence entre avoir peur, se dérober, honorer et adorer.
 
(85.0) 85:7.3 Quand la pulsion d’adoration est animée et dirigée par la sagesse – par la pensée méditative et expérientielle – elle commence alors à devenir le phénomène de la véritable religion. Quand le septième esprit adjuvat, l’esprit de sagesse, parvient à exercer effectivement son ministère, l’homme commence alors à détourner son adoration de la nature et des objets naturels, et à l’orienter vers le Dieu de la nature et le Créateur éternel de toutes les choses naturelles.
 
(85.0) 85:7.4 [Présenté par une Brillante Étoile du Soir de Nébadon.]
 


Copyright © 2013 Urantia Foundation. All rights reserved.

84. Le mariage et la vie familiale

LIVRE D'URANTIA  -  Fascicule 84. Le mariage et la vie familiale

(84.0) 84:0.1 La nécessité matérielle a fondé le mariage, l’appétit sexuel l’a embelli, la religion l’a sanctionné et exalté, l’État l’a exigé et règlementé. Au cours des temps récents, l’amour en évolution commence à justifier et à glorifier le mariage comme ancêtre et créateur du foyer, l’institution la plus utile et la plus sublime de la civilisation. L’édification des foyers devrait être le centre et l’essence de tous les efforts éducatifs.
 
(84.0) 84:0.2 L’accouplement est purement un acte de perpétuation de soi associé à divers degrés de satisfaction du moi. Le mariage, l’édification d’un foyer, est largement une affaire d'autoconservation, et il implique l’évolution de la société. La société elle-même est un assemblage structurel d’unités familiales. En tant que facteurs planétaires, les individus sont très temporaires – seules les familles sont les agents de continuité dans l’évolution sociale. La famille est le chenal par lequel le fleuve de culture et de connaissance coule d’une génération à la suivante.
 
(84.0) 84:0.3 Le foyer est fondamentalement une institution sociologique. Le mariage est issu de la coopération pour s'autoconserver et de l’association pour se perpétuer, la satisfaction du moi y étant accessoire dans l’ensemble. Néanmoins, le foyer englobe les trois fonctions essentielles de l’existence humaine, tandis que la propagation de la vie en fait l’institution fondamentale des hommes, et que la relation sexuelle le distingue de toutes les autres activités sociales.
 
1. Les couples primitifs

(84.0) 84:1.1 Le mariage n’a pas été fondé sur les relations sexuelles ; elles n’y ont joué qu’un rôle secondaire. L’homme primitif n’avait pas besoin du mariage ; il donnait libre cours à son appétit sexuel sans s’encombrer des responsabilités d’un foyer, d’une femme et d’enfants.
 
(84.0) 84:1.2 En raison de son attachement physique et émotionnel à ses enfants, la femme dépend de la coopération de l’homme et se trouve poussée à rechercher l’abri protecteur du mariage. Mais aucun besoin biologique ne poussa l’homme au mariage – et encore bien moins ne l’y retint. Ce ne fut pas l’amour qui rendit le mariage séduisant pour l’homme ; ce fut la faim qui attira d’abord le sauvage vers la femme et vers l’abri primitif qu’elle partageait avec ses enfants.
 
(84.0) 84:1.3 Ce ne fut même pas la réalisation consciente des obligations résultant des relations sexuelles qui amena le mariage. L’homme primitif ne comprenait pas le rapport entre l’assouvissement sexuel et la naissance ultérieure d’un enfant. Jadis la croyance qu’une vierge pouvait devenir enceinte fut universelle. Les sauvages conçurent, de bonne heure, l’idée que les bébés étaient conçus dans le pays des esprits ; on croyait que la grossesse résultait de la pénétration, chez une femme, d’un esprit, d’un fantôme en évolution. On croyait aussi que le régime alimentaire et le mauvais œil pouvaient féconder une vierge ou une femme non mariée. Des croyances ultérieures relièrent les commencements de la vie à la respiration et à la lumière du soleil.
 
(84.0) 84:1.4 Nombre de peuplades primitives associaient les fantômes à la mer ; on imposait donc de grandes restrictions aux baignades des vierges ; les jeunes filles avaient beaucoup plus peur de se baigner dans la mer à marée haute que d’avoir des relations sexuelles. Les enfants difformes ou prématurés étaient considérés comme des petits d’animaux qui avaient trouvé moyen d’entrer dans le corps d’une femme par suite de baignades imprudentes ou d’activités malveillantes des esprits. Bien entendu, les sauvages n’attachaient aucune importance au fait d’étrangler ces bébés à leur naissance.
 
(84.0) 84:1.5 La première étape clarificatrice vint avec la croyance que les rapports sexuels ouvraient au fantôme fécondateur le chemin pour pénétrer dans la femme. Depuis lors, les hommes ont découvert que le père et la mère contribuent, à égalité, aux facteurs héréditaires vivants qui déclenchent le processus d’une naissance. Cependant, même au vingtième siècle de notre ère, de nombreux parents s’efforcent encore de laisser leurs enfants dans une plus ou moins grande ignorance au sujet de l’origine de la vie humaine.
 
(84.0) 84:1.6 Une sorte de famille simple fut assurée par le fait que la fonction reproductrice implique la relation mère-enfant. L’amour maternel est instinctif ; il n’a pas, comme le mariage, tiré son origine des mœurs. L’amour maternel de tous les mammifères est le don inhérent des esprits-mentaux adjuvats de l’univers local ; la force et le dévouement de cet amour sont toujours directement proportionnels à la durée pendant laquelle les petits de l’espèce ne peuvent se passer de l’aide parentale.
 
(84.0) 84:1.7 La relation de mère à enfant est naturelle, forte et instinctive, et, en conséquence, elle contraignait les mères primitives à se soumettre à de nombreuses conditions étranges et à subir des épreuves d’une indicible sévérité. Cette contrainte de l’amour maternel est le sentiment qui a, de tout temps, handicapé la femme et l’a tellement désavantagée au cours de toutes ses luttes avec l’homme. Malgré cela, l’instinct maternel, chez l’espèce humaine, n’est pas irrésistible ; il peut être contrecarré par l’ambition, l’égoïsme et les convictions religieuses.
 
(84.0) 84:1.8 L’association mère-enfant n’est ni un mariage ni un foyer, mais elle est le noyau à partir duquel les deux se développèrent. Le grand progrès dans l’évolution des couples survint quand ces associations temporaires durèrent assez longtemps pour élever la progéniture qui en résultait, car c’est en cela que consiste la création des foyers.
 
(84.0) 84:1.9 Indépendamment des antagonismes entre ces partenaires primitifs, et nonobstant le caractère inconsistant de leur association, les chances de survie d’un homme et d’une femme furent considérablement accrues par leur union. Même en dehors de la famille et de la descendance, un homme et une femme qui coopèrent sont, dans la plupart de leurs actions, très supérieurs à deux hommes ou deux femmes. Le couplage des sexes accrut la survie et fut le tout début de la société humaine. La division du travail entre sexes apporta aussi du confort et un bonheur accru.
 
2. Le matriarcat primitif

(84.0) 84:2.1 Les hémorragies périodiques des femmes et leurs pertes de sang additionnelles lors de la parturition firent croire, de bonne heure, que le sang était le créateur de l’enfant (et même le siège de l’âme) ; elles donnèrent origine au concept du lien du sang dans les relations humaines. Aux époques primitives, on comptait toute la généalogie dans la ligne féminine, car c’était la seule partie de l’hérédité dont on fût tout à fait certain.
 
(84.0) 84:2.2 La famille primitive, naissant du lien de sang biologique instinctif entre la mère et l’enfant, était inévitablement un matriarcat, et de nombreuses tribus conservèrent longtemps cet arrangement. Le matriarcat était la seule transition possible entre le stade du mariage collectif dans la horde et le stade ultérieur et amélioré de la vie au foyer dans les familles patriarcales polygames et monogames. Le matriarcat était naturel et biologique ; le patriarcat est social, économique et politique. La persistance du matriarcat parmi les hommes rouges de l’Amérique du Nord fut l’une des principales raisons pour lesquelles les Iroquois, par ailleurs progressifs, ne formèrent jamais un véritable État.
 
(84.0) 84:2.3 Sous les mœurs matriarcales, la mère de la femme jouissait, au foyer, d’une autorité pratiquement suprême ; même les frères de la femme et leurs fils jouaient, dans la supervision de la famille, un rôle plus actif que le mari. Les pères recevaient souvent un nouveau nom d’après celui de leurs propres enfants.
 
(84.0) 84:2.4 Les races les plus primitives attribuaient peu de crédit au père et considéraient l’enfant comme provenant entièrement de la mère. Elles croyaient que les enfants ressemblaient au père à cause de l’association, ou qu’ils étaient “ marqués ” de cette manière parce que la mère désirait cette ressemblance. Plus tard, quand on passa du matriarcat au patriarcat, le père prit tout le crédit pour l’enfant, et de nombreux tabous sur la femme enceinte furent ensuite étendus pour y inclure son mari. Lorsque l’heure de la délivrance approchait, le futur père cessait de travailler. Au moment de l’accouchement, il allait se coucher avec la femme et restait trois à huit jours à se reposer. La femme pouvait se lever le lendemain et reprendre de durs travaux, mais le mari restait au lit pour recevoir des félicitations. Tout ceci faisait partie des mœurs primitives destinées à établir les droits du père sur l’enfant.
 
(84.0) 84:2.5 Au début, la coutume voulait que l’homme rejoigne la famille de sa femme, mais, plus tard, quand un homme avait payé en argent ou en travail le prix de la mariée, il pouvait ramener sa femme et ses enfants dans son groupe. La transition du matriarcat au patriarcat explique les interdits, autrement dépourvus de sens, contre certains types de mariages entre cousins, alors que d’autres, comportant le même degré de parenté, sont approuvés.
 
(84.0) 84:2.6 Avec la disparition des mœurs des chasseurs, quand l’élevage donna à l’homme le contrôle de la principale source de nourriture, le matriarcat prit rapidement fin. Il échoua simplement parce qu’il ne pouvait concurrencer la nouvelle famille gouvernée par le père. Le pouvoir détenu par les proches parents mâles de la mère ne pouvait dominer le pouvoir concentré chez le mari-père. La femme ne pouvait suffire aux tâches combinées de mettre des enfants au monde et d’exercer une autorité continue et un commandement accru dans le ménage. La pratique du rapt des femmes et, plus tard, celle de l’achat des épouses hâtèrent la disparition du matriarcat.
 
(84.0) 84:2.7 Le prodigieux passage du matriarcat au patriarcat est l’une des volte-face adaptatives les plus radicales et les plus complètes que la race humaine ait jamais exécutées. Ce changement produisit immédiatement un accroissement d’expressions sociales et d’aventures familiales.
 
3. La famille sous la domination du père

(84.0) 84:3.1 Il se peut que l’instinct de maternité ait conduit la femme au mariage, mais ce furent la force supérieure de l’homme associée à l’influence des mœurs qui l’obligèrent pratiquement à rester mariée. La vie pastorale tendait à créer un nouveau système de mœurs, le type patriarcal de vie de famille ; la base de l’unité familiale, selon les mœurs de l’époque de l’élevage et de l’agriculture primitifs, était l’autorité indiscutée et arbitraire du père. Toute société, qu’elle fût nationale ou familiale, passa par le stade d’une autorité autocratique d’ordre patriarcal.
 
(84.0) 84:3.2 Le peu de courtoisie témoigné aux femmes durant l’ère de l’Ancien Testament est un vrai reflet des mœurs des gardiens de troupeaux. Les patriarches hébreux étaient tous des gardiens de troupeaux, ainsi qu’en témoigne l’adage : “ Le Seigneur est mon berger. ”
 
(84.0) 84:3.3 Toutefois, l’homme ne mérite pas plus d’être blâmé, pour sa piètre estime de la femme durant les âges passés, que la femme elle-même. Elle ne réussit pas à obtenir la récognition sociale aux époques primitives parce qu’elle n’agissait pas en cas d’urgence ; elle ne faisait pas impression et n’était pas une héroïne en cas de crise. La maternité était nettement un désavantage dans la lutte pour la vie ; l’amour maternel handicapait les femmes dans la défense de la tribu.
 
(84.0) 84:3.4 Les femmes primitives se mirent involontairement aussi sous la dépendance des mâles en admirant et applaudissant leur combativité et leur virilité. Cette exaltation du guerrier rehaussa l’ego masculin et déprima d’autant celui des femmes et les rendit plus dépendantes. Un uniforme militaire soulève encore puissamment les émotions féminines.
 
(84.0) 84:3.5 Chez les races les plus évoluées, les femmes ne sont ni aussi grandes ni aussi fortes que les hommes. Étant la plus faible, la femme acquit plus de tact ; elle apprit, de bonne heure, à jouer de ses charmes sexuels. Elle devint plus alerte et plus conservatrice que l’homme, quoique légèrement moins profonde. L’homme était supérieur à la femme sur le champ de bataille et à la chasse, mais, au foyer, la femme reprenait généralement le commandement, même sur les hommes les plus primitifs.
 
(84.0) 84:3.6 Les pâtres comptaient sur leurs troupeaux pour se sustenter, mais, au cours de tous ces âges pastoraux, les femmes devaient encore fournir la nourriture végétale. Les hommes primitifs se dérobaient au travail de la terre, qui était beaucoup trop pacifique et dépourvu d’aventures. Une vieille superstition assurait aussi que les femmes faisaient pousser de meilleures plantes que les hommes ; elles étaient des mères. Dans bien des tribus arriérées d’aujourd’hui, les hommes font cuire la viande et les femmes les légumes. Quand les tribus primitives d’Australie se déplacent, les femmes n’attaquent jamais le gibier, et un homme ne s’abaisserait jamais à déterrer une racine.
 
(84.0) 84:3.7 Les femmes ont toujours dû travailler ; elles ont été de réelles productrices, du moins jusqu’aux temps modernes. Les hommes ont généralement choisi la voie la plus facile, et cette inégalité a existé dans toute l’histoire de la race humaine. Les femmes ont toujours porté les fardeaux, transportant les biens de la famille et s’occupant des enfants, ce qui laissait aux hommes les mains libres pour se battre ou pour chasser.
 
(84.0) 84:3.8 La première libération de la femme survint quand l’homme consentit à labourer la terre, à faire ce qui était, jusque-là, considéré comme le travail de la femme. Un grand pas en avant fut accompli quand on cessa de tuer les prisonniers mâles et que l’on en fit des esclaves agriculteurs. Cela permit à la femme de se libérer de manière à consacrer plus de temps à l’édification du foyer et à l’éducation des enfants.
 
(84.0) 84:3.9 L’approvisionnement en lait permit aux mères de sevrer plus tôt les bébés et d’avoir plus d’enfants, parce que leurs périodes de stérilité temporaire n’étaient plus nécessaires. L’emploi du lait de vache et du lait de chèvre diminua considérablement la mortalité infantile. Avant le stade social de l’élevage, les mères avaient l’habitude d’allaiter leurs enfants jusqu’à l’âge de quatre ou cinq ans.
 
(84.0) 84:3.10 La décroissance des guerres primitives réduisit grandement l’inégalité entre les divisions du travail basées sur le sexe, mais, le travail réel incombait encore aux femmes, tandis que les hommes remplissaient des devoirs de factionnaires. Nul camp ni village ne pouvait être laissé sans garde, de jour et de nuit, mais même cette tâche fut allégée par la domestication du chien. En général, l’apparition de l’agriculture a rehaussé le prestige et le statut social de la femme ; du moins ce fut vrai jusqu’au moment où l’homme devint lui-même agriculteur. Quand l’homme se consacra lui-même à cultiver la terre, il en résulta immédiatement dans les méthodes agricoles de grands progrès qui se poursuivirent au cours des générations successives. Pendant qu’il avait chassé et guerroyé, l’homme avait appris la valeur de l’organisation ; il en introduisit les techniques dans l’industrie et, plus tard, il se chargea de bien des occupations antérieures de la femme, il apporta de grandes améliorations à ses méthodes de travail décousues.
 
4. Le statut de la femme dans la société primitive

(84.0) 84:4.1 En règle générale, le statut de la femme à une époque quelconque est un bon critère du progrès évolutionnaire du mariage en tant qu’institution sociale, tandis que le progrès du mariage lui-même mesure assez exactement l’avance de la civilisation humaine.
 
(84.0) 84:4.2 Le statut de la femme a constamment été un paradoxe social ; elle a toujours su adroitement diriger les hommes ; elle a toujours capitalisé les besoins sexuels plus impérieux de l’homme en faveur de ses propres intérêts et de sa propre élévation. En faisant subtilement valoir ses charmes sexuels, elle a souvent été capable d’exercer un pouvoir dominateur sur l’homme, même quand celui-ci la tenait dans un esclavage abject.
 
(84.0) 84:4.3 La femme primitive n’était pas pour l’homme une amie, une amoureuse, une amante et une partenaire, mais plutôt un objet qu’il possédait, une servante ou une esclave, et, plus tard, une associée économique, un jouet et une porteuse d’enfants. Néanmoins, les rapports sexuels convenables et satisfaisants ont toujours impliqué l’élément choix et coopération de la part de la femme, ce qui a toujours valu aux femmes intelligentes une influence considérable sur leur standing personnel et immédiat, indépendamment de leur position sociale en tant que sexe. Mais le fait que les femmes furent constamment obligées de recourir à la subtilité dans leur effort pour alléger leur servitude ne contribua guère à dissiper la méfiance et la suspicion des hommes.
 
(84.0) 84:4.4 Les sexes ont éprouvé de grandes difficultés à se comprendre. L’homme a eu de la peine à comprendre la femme, la regardant avec un curieux mélange d’ignorance méfiante et de fascination craintive, quand ce n’était pas avec soupçon et mépris. Bien des traditions tribales et raciales font remonter les difficultés à Ève, à Pandore ou à quelque autre représentante de la féminité ; ces récits furent toujours déformés de manière à faire ressortir que la femme a attiré le mal sur l’homme, ce qui dénote que la méfiance à l’égard des femmes fut jadis universelle. Parmi les raisons citées pour soutenir le célibat des prêtres, la principale fut la bassesse des femmes. Le fait que la plupart des présumés sorciers étaient des femmes n’améliora pas l’antique réputation du sexe.
 
(84.0) 84:4.5 Les hommes ont longtemps considéré les femmes comme bizarres, et même anormales. Ils ont même cru qu’elles n’avaient pas d’âme, et, en conséquence, ont refusé de leur donner un nom. Dans les temps anciens, on avait très peur du premier rapport sexuel avec une femme, et les prêtres prirent l’habitude de déflorer les vierges. On pensait même que l’ombre d’une femme était dangereuse.
 
(84.0) 84:4.6 Jadis, on considéra généralement que la grossesse rendait une femme impure et dangereuse. Chez de nombreuses tribus, les mœurs voulaient qu’une femme passât par de longues cérémonies de purification après la naissance d’un enfant. Excepté dans les groupes où le mari participait à la naissance en restant couché au foyer, on fuyait la femme enceinte, on la laissait seule. Les anciens évitaient même qu’un enfant naisse à la maison. Finalement, les vieilles femmes furent autorisées à s’occuper de la mère pendant son accouchement, et cette pratique fut l’origine de la profession de sage-femme. Durant les douleurs, on disait et l’on faisait des masses de choses stupides pour faciliter l’accouchement. On avait l’habitude d’asperger le nouveau-né avec de l’eau bénite pour empêcher l’ingérence des fantômes.
 
(84.0) 84:4.7 Chez les tribus de sang pur, l’accouchement était relativement aisé et ne nécessitait que deux ou trois heures ; il est rare qu’il soit aussi facile chez les races mêlées. Si une femme mourait en couches, et spécialement si elle donnait le jour à des jumeaux, on croyait qu’elle avait été coupable d’adultère avec un esprit. Plus tard, les tribus supérieures considérèrent la mort pendant les couches comme la volonté du ciel, et l’on estima que ces mères avaient péri pour une noble cause.
 
(84.0) 84:4.8 La prétendue modestie des femmes pour s’habiller et éviter de montrer leur corps provint de la peur mortelle qu’elles avaient d’être observées pendant une période menstruelle. En se laissant découvrir dans cet état, elles commettaient un grave péché, elles violaient un tabou. Les mœurs des temps anciens exigeaient que toute femme, depuis sa puberté jusqu’à sa ménopause, fût soumise à une quarantaine familiale et sociale complète pendant une semaine par mois. Tous les objets qu’elle avait touchés ou sur lesquels elle s’était assise ou couchée étaient “ souillés ”. On eut longtemps la coutume de frapper brutalement les jeunes filles, après chaque période menstruelle, pour essayer de chasser de leur corps le mauvais esprit. Toutefois, lorsqu’une femme avait franchi sa ménopause, on la traitait généralement avec plus de considération, on lui accordait plus de droits et de privilèges. En raison de tout ce qui précède, il n’était pas étonnant que les femmes fussent regardées avec mépris. Même les Grecs estimaient que la femme en menstruation était l’une des trois grandes causes de souillure, les deux autres étant la viande de porc et l’ail.
 
(84.0) 84:4.9 Si stupides que fussent ces antiques notions, elles firent un peu de bien en ce sens qu’elles procurèrent aux filles et femmes surmenées, au moins pendant leur jeunesse, une semaine par mois pour un repos bienvenu et pour des méditations profitables. Les femmes purent ainsi aiguiser leur intelligence en vue de leurs relations avec leurs associés masculins pendant le reste du temps. Cette quarantaine des femmes protégea aussi les hommes contre les excès sexuels, ce qui contribua indirectement à restreindre la population et à rehausser la maitrise de soi.
 
(84.0) 84:4.10 Un grand progrès fut effectué quand on dénia à l’homme le droit de vie et de mort sur sa femme. De même, ce fut une étape en avant lorsqu’une femme eut le droit de posséder ses cadeaux de mariage. Plus tard, elle gagna le droit légal d’avoir des biens, de les contrôler et même d’en disposer, mais elle fut longtemps privée du droit de tenir un poste dans l’Église ou dans l’État. La femme a toujours été traitée plus ou moins comme une propriété, condition qui se perpétue même au vingtième siècle après le Christ. Elle n’a pas encore réussi à se libérer, à l’échelle mondiale, de sa mise sous tutelle sous le contrôle de l’homme. Même chez les peuples évolués, les tentatives des hommes pour protéger les femmes ont toujours représenté une affirmation tacite de supériorité.
 
(84.0) 84:4.11 Mais les femmes primitives ne s’apitoyaient pas sur elles-mêmes comme leurs sœurs plus récemment libérées ont l’habitude de le faire. Après tout, elles étaient assez heureuses et satisfaites, et n’osaient pas imaginer un mode d’existence meilleur ou différent.
 
5. La femme et l’évolution des mœurs

(84.0) 84:5.1 Dans la perpétuation de soi, la femme est l’égale de l’homme, mais, dans l’association pour subsister, elle travaille avec un net désavantage. Le handicap de la maternité forcée ne peut être compensé que par les mœurs éclairées d’une civilisation en progrès et par l’acquisition croissante, chez l’homme, du sens de l’équité.
 
(84.0) 84:5.2 À mesure que la société évolua, les critères en matière sexuelle s’élevèrent parmi les femmes parce qu’elles souffraient davantage des conséquences de la transgression des mœurs sexuelles. Les critères sexuels de l’homme ne s’améliorèrent que tardivement comme conséquence du simple sens de cette équité que la civilisation exige. La nature ne connaît pas l’équité – elle ne fait subir qu’à la femme les douleurs de la parturition.
 
(84.0) 84:5.3 L’idée moderne de l’égalité des sexes est belle, et digne d’une civilisation en expansion, mais elle ne se trouve pas dans la nature. Quand la force crée le droit, l’homme le prend de haut avec la femme ; quand la justice, la paix et l’équité prévalent, la femme émerge graduellement de l’esclavage et de l’obscurité. La position sociale de la femme a généralement varié à l’inverse du militarisme dans toutes les nations et à toutes les époques.
 
(84.0) 84:5.4 Mais ce n’est ni consciemment ni intentionnellement que l’homme s’est saisi des droits de la femme pour les lui restituer graduellement en rechignant. Tout ceci fut un épisode involontaire et non calculé de l’évolution sociale. Quand le moment arriva réellement pour la femme de bénéficier de droits additionnels, elle les obtint tout à fait indépendamment du comportement conscient de l’homme. Lentement mais sûrement, les mœurs changent pour assurer les adaptations sociales qui font partie de l’évolution continue de la civilisation. Le progrès des mœurs a lentement procuré aux femmes un traitement constamment meilleur. Les tribus qui persistèrent dans leur cruauté envers elles ne survécurent pas.
 
(84.0) 84:5.5 Les Adamites et les Nodites accordèrent aux femmes une récognition accrue, et les groupes qui furent influencés par les migrations des Andites tendirent à adopter certains enseignements édéniques concernant la place des femmes dans la société.
 
(84.0) 84:5.6 Les Chinois primitifs et les Grecs traitèrent les femmes mieux que la plupart des peuples environnants, mais les Hébreux étaient extrêmement méfiants envers elles. En Occident, l’ascension des femmes fut rendue difficile par les doctrines de Paul qui furent annexées au christianisme, et, pourtant, le christianisme fit progresser les mœurs imposant aux hommes des obligations sexuelles plus rigoureuses. Chez les Mahométans, la condition des femmes est à peu près désespérée à cause de l’avilissement spécial qui s’attache à elles, et elles sont encore moins bien traitées sous l’influence des enseignements de diverses autres religions orientales.
 
(84.0) 84:5.7 Ce fut la science, et non la religion, qui émancipa réellement les femmes ; c’est l’usine moderne qui les dégagea largement des limites du foyer. Les aptitudes physiques de l’homme ne sont plus un élément essentiel dans le nouveau mécanisme d’entretien. La science a changé les conditions de vie de telle sorte que la force masculine a cessé d’avoir une grande supériorité sur la force féminine.
 
(84.0) 84:5.8 Ces changements tendirent à libérer les femmes de l’esclavage domestique ; ils apportèrent une telle modification à son statut qu’elle jouit maintenant d’une liberté personnelle et d’un pouvoir de décision, en matière sexuelle, qui la rendent pratiquement l’égale de l’homme. Jadis, la valeur d’une femme consistait en son aptitude à procurer des aliments, mais les inventions et l’aisance lui ont permis de créer un nouveau monde dans lequel elle peut opérer – les sphères de grâce et de charme. L’industrie a ainsi gagné une bataille inconsciente et imprévue pour l’émancipation sociale et économique des femmes. De nouveau, l’évolution a réussi un accomplissement là où la révélation elle-même avait échoué.
 
(84.0) 84:5.9 La réaction des peuples éclairés contre les mœurs injustes gouvernant la place de la femme dans la société a vraiment oscillé comme un pendule entre des extrêmes. Parmi les races industrialisées, la femme a reçu à peu près tous les droits et elle a été exemptée de nombreuses obligations telles que le service militaire. Chaque détente dans la lutte pour l’existence a contribué à libérer les femmes, et elles ont directement profité de tous les progrès de la monogamie. Les plus faibles font toujours des gains disproportionnés dans chaque ajustement des mœurs à l’évolution progressive de la société.
 
(84.0) 84:5.10 Quant aux idéaux du mariage d’un couple, la femme a finalement gagné récognition, dignité, indépendance, égalité et éducation ; mais va-t-elle se montrer digne de cette réussite nouvelle et sans précédent ? La femme moderne répondra-t-elle à cette grande libération sociale par la paresse, l’indolence, la stérilité et l’infidélité ? Aujourd’hui, au vingtième siècle, la femme subit l’épreuve décisive de sa longue existence dans le monde !
 
(84.0) 84:5.11 La femme est associée à égalité avec l’homme dans la reproduction de la race ; elle joue donc un rôle aussi important que lui dans le développement de l’évolution raciale, et c’est pourquoi l’évolution a travaillé de plus en plus vers la réalisation des droits des femmes. Mais les droits des femmes ne sont nullement ceux des hommes. La femme ne peut s’épanouir en usant des droits de l’homme, pas plus que l’homme ne peut prospérer en usant de ceux de la femme.
 
(84.0) 84:5.12 Chaque sexe a sa propre sphère d’existence distincte avec ses propres droits dans cette sphère. Si la femme aspire littéralement à profiter de tous les droits de l’homme, alors une concurrence impitoyable et dépourvue de sentimentalité remplacera certainement, tôt ou tard, l’esprit chevaleresque et la considération spéciale dont beaucoup de femmes bénéficient présentement et qu’elles n’ont obtenus des hommes que tout récemment.
 
(84.0) 84:5.13 La civilisation ne pourra jamais supprimer l’abime des différences de comportement entre les sexes. Les mœurs changent d’âge en âge, mais jamais l’instinct. L’amour maternel inné ne permettra jamais aux femmes émancipées de rivaliser sérieusement avec les hommes dans l’industrie. Chaque sexe restera perpétuellement suprême dans son propre domaine déterminé par la différenciation biologique et la dissemblance mentale.
 
(84.0) 84:5.14 Les sphères spéciales à chaque sexe subsisteront toujours, en empiétant de temps en temps l’une sur l’autre. C’est seulement dans le domaine social que l’homme et la femme s’affronteront à égalité.
 
6.L’association de l’homme et de la femme

(84.0) 84:6.1 Le besoin de reproduction réunit infailliblement l’homme et la femme pour qu’ils se perpétuent, mais, à lui seul, il n’assure pas que le couple restera uni dans une coopération mutuelle – la fondation d’un foyer.
 
(84.0) 84:6.2 Toute institution humaine couronnée de succès contient des antagonismes d’intérêts personnels qui ont été harmonieusement adaptés au travail pratique ; la création des foyers ne fait pas exception. Le mariage, base de l’édification d’un foyer, est la plus haute manifestation de la coopération antagoniste qui caractérise si souvent les contacts entre la nature et la société. Le conflit est inévitable parce que l’accouplement est spontané et naturel, tandis que le mariage n’est pas biologique, mais sociologique. La passion assure que l’homme et la femme se réuniront, mais ce sont l’instinct parental, quoique plus faible, et les mœurs sociales qui maintiennent leur union.
 
(84.0) 84:6.3 Considérés dans la pratique, le mâle et la femelle sont deux variétés distinctes de la même espèce vivant en association étroite et intime. Leurs points de vue et toutes leurs réactions vitales sont essentiellement différents ; ils sont entièrement incapables de se comprendre pleinement et réellement l’un l’autre. La compréhension complète entre les sexes est impossible à atteindre.
 
(84.0) 84:6.4 Les femmes semblent avoir plus d’intuition que les hommes, mais elles paraissent aussi un peu moins logiques. Toutefois, les femmes ont toujours été les porte-drapeaux de la morale et les directrices spirituelles de l’humanité. La main qui balance le berceau fraternise encore aujourd’hui avec la destinée.
 
(84.0) 84:6.5 Les différences de nature, de réactions, de points de vue et de pensée entre les hommes et les femmes, loin de causer des soucis, devraient bien plutôt être considérées comme hautement bénéfiques pour l’humanité, à la fois individuellement et collectivement. De nombreux ordres de créatures de l’univers sont créés sous des phases duelles de manifestation de la personnalité. Chez les mortels, chez les Fils Matériels et chez les midsonitaires, cette différence est désignée par mâle et femelle. Parmi les séraphins, les chérubins et les Compagnons de la Morontia, on l’a nommée positive ou dynamique, et négative ou réservée. Ces associations de couples multiplient grandement la variété de talents et triomphent des limitations naturelles, tout comme le font certaines associations trines dans le système Paradis-Havona.
 
(84.0) 84:6.6 Les hommes et les femmes ont besoin les uns des autres dans leur carrière morontielle et spirituelle aussi bien que dans leur carrière de mortel. Les différences des points de vue masculins et féminins persistent au delà de la première vie et dans toute l’ascension de l’univers local et des superunivers. Même dans Havona, les pèlerins qui furent jadis des hommes et des femmes continueront à s’entraider dans la montée au Paradis. Même dans le Corps de la Finalité, la métamorphose des créatures n’ira jamais jusqu’au point d’effacer les tendances de la personnalité que les humains appellent masculine et féminine. Ces deux variétés fondamentales de l’espèce humaine continueront à s’intriguer, à se stimuler, à s’encourager et à s’entraider. Elles resteront toujours mutuellement dépendantes de leur coopération pour résoudre les problèmes troublants de l’univers et triompher de multiples difficultés cosmiques.
 
(84.0) 84:6.7 Alors que les sexes ne peuvent espérer se comprendre totalement l’un l’autre, ils sont effectivement complémentaires et leur coopération, bien qu’elle soit souvent plus ou moins antagoniste sur le plan personnel, est capable d’entretenir et de reproduire la société. Le mariage est une institution destinée à accommoder les différences de sexe tout en assurant la continuité de la civilisation et la reproduction de la race.
 
(84.0) 84:6.8 Le mariage est la mère de toutes les institutions humaines, car il conduit directement à la fondation et à l’entretien du foyer, qui est la base structurelle de la société. La famille est vitalement liée au mécanisme de la préservation de soi. Elle constitue le seul espoir de perpétuer la race sous les mœurs de la civilisation, tandis qu’en même temps, et de manière très efficace, elle procure certaines formes hautement satisfaisantes de contentement de soi. La famille est le plus grand accomplissement purement humain, parce qu’il conjugue l’évolution des relations biologiques entre mâle et femelle avec les relations sociales entre mari et femme.
 
7. Les idéaux de la vie de famille

(84.0) 84:7.1 L’union sexuelle est instinctive, les enfants en sont le résultat naturel et la famille nait ainsi automatiquement. Telles les familles d’une race ou d’une nation, telle sa société. Si les familles sont bonnes, la société est également bonne. La grande stabilité culturelle des peuples juif et chinois réside dans la force de leurs groupes familiaux.
 
(84.0) 84:7.2 L’instinct féminin d’aimer et de soigner les enfants a contribué à faire de la femme la partenaire intéressée à promouvoir le mariage et la vie de famille primitive. Seule la pression des mœurs ultérieures et des conventions sociales a obligé l’homme à s’occuper de l’édification du foyer ; il fut lent à s’intéresser à l’établissement du mariage et du foyer parce que l’acte sexuel ne comporte pas de conséquences biologiques pour lui.
 
(84.0) 84:7.3 L’association sexuelle est naturelle, mais le mariage est social et a toujours été règlementé par les mœurs. Les mœurs (religieuses, morales et éthiques), ainsi que la propriété, la fierté et les qualités chevaleresques, stabilisent l’institution du mariage et de la famille. Toute fluctuation dans les mœurs se répercute sur la stabilité de l’institution foyer-mariage. Le mariage sort maintenant du stade de la propriété et passe dans l’ère de l’acte personnel. Auparavant, l’homme protégeait la femme parce qu’elle était sa chose, et elle lui obéissait pour la même raison. Indépendamment de ses mérites, ce système assurait bel et bien la stabilité. Aujourd’hui, la femme a cessé d’être considérée comme un bien privé, et de nouvelles mœurs émergent pour stabiliser l’institution mariage-foyer :
 
  (84.0) 84:7.4 1.Le nouveau rôle de la religion – l’enseignement que l’expérience parentale est essentielle. L’idée de procréer des citoyens cosmiques, la compréhension élargie du privilège de la procréation – donner des fils au Père.
 
  (84.0) 84:7.5 2.Le nouveau rôle de la science – la procréation devient de plus en plus volontaire, soumise au contrôle de l’homme. Autrefois, par manque de compréhension, la survenance des enfants était assurée même en l’absence de tout désir d’en avoir.
 
  (84.0) 84:7.6 3.La nouvelle fonction de l’attrait du plaisir – ceci introduit un nouveau facteur dans la survie de la race ; les anciens laissaient mourir les enfants non désirés ; les modernes refusent de les mettre au monde.
 
  (84.0) 84:7.7 4.Le renforcement de l’instinct parental. Chaque génération tend maintenant à éliminer du courant reproducteur de la race les individus chez qui l’instinct parental est insuffisamment fort pour assurer la procréation d’enfants – de parents en perspective pour la nouvelle génération.
 
(84.0) 84:7.8 Cependant, le foyer en tant qu’institution, l’association entre un seul homme et une seule femme, date plus spécifiquement du temps de Dalamatia, il y a environ 500 000 ans. Les habitudes monogames d’Andon et de ses descendants immédiats avaient été abandonnées longtemps auparavant. Toutefois, il n’y avait guère lieu de s’enorgueillir de la vie de famille avant l’époque des Nodites et des Adamites ultérieurs. Adam et Ève exercèrent une influence durable sur toute l’humanité. Pour la première fois, dans l’histoire du monde, on put observer des hommes et des femmes travaillant côte à côte dans le Jardin. L’idéal édénique d’une famille entière de jardiniers était une idée nouvelle sur Urantia.
 
(84.0) 84:7.9 La famille primitive englobait un groupe lié par le travail, y compris les esclaves, et vivant tout entier dans une seule habitation. Le mariage n’a pas toujours été identifié à la vie de famille, mais ils ont forcément été étroitement associés. La femme a toujours désiré une famille individuelle et a fini par obtenir gain de cause.
 
(84.0) 84:7.10 L’amour de la progéniture est à peu près universel et représente nettement une valeur de survie. Les anciens sacrifiaient toujours les intérêts de la mère au bien-être de l’enfant. Aujourd’hui encore, chez les Esquimaux, les mères lèchent leurs bébés au lieu de les laver. Cependant les mères primitives ne nourrissaient et ne soignaient leurs enfants que pendant leur prime jeunesse ; à l’instar des animaux, elles les écartaient aussitôt qu’ils avaient grandi. Les associations humaines durables et continues n’ont jamais été fondées sur la seule affection biologique. Les animaux aiment leurs petits ; les hommes (civilisés) aiment les enfants de leurs enfants. Plus la civilisation est avancée, plus les parents se réjouissent des progrès et de la réussite des enfants ; c’est ainsi que nait la réalisation nouvelle et supérieure de la fierté du nom.
 
(84.0) 84:7.11 Chez les peuples anciens, les grandes familles ne résultaient pas nécessairement de l’affection. Beaucoup d’enfants furent désirés pour les raisons suivantes :
 
  (84.0) 84:7.12 1.Ils étaient précieux comme travailleurs.
 
  (84.0) 84:7.13 2.Ils étaient une assurance pour la vieillesse.
 
  (84.0) 84:7.14 3.On pouvait vendre les filles.
 
  (84.0) 84:7.15 4.La fierté familiale exigeait l’extension du nom.
 
  (84.0) 84:7.16 5.Les fils apportaient une protection et une défense.
 
  (84.0) 84:7.17 6.La peur des fantômes engendrait la peur de la solitude.
 
  (84.0) 84:7.18 7.Certaines religions exigeaient une progéniture.
 
(84.0) 84:7.19 Les pratiquants du culte des ancêtres considèrent l’absence de fils comme la calamité suprême dans le temps et l’éternité. Ils désirent, avant tout, avoir des fils pour officier dans les cérémonies mortuaires, pour offrir les sacrifices permettant au fantôme de progresser en traversant le pays des esprits.
 
(84.0) 84:7.20 Parmi les anciens sauvages, on commençait de très bonne heure à discipliner les enfants, et ceux-ci ne tardaient pas à réaliser que la désobéissance signifiait l’échec ou même la mort, exactement comme pour les animaux. La civilisation protège maintenant les enfants contre les conséquences naturelles d’une conduite stupide, et c’est ce qui contribue tant à l’insubordination moderne.
 
(84.0) 84:7.21 Les enfants des Esquimaux prospèrent avec fort peu de discipline et de punitions, simplement parce qu’ils sont naturellement de petits animaux dociles ; les enfants des hommes rouges et des hommes jaunes sont presque aussi faciles. Par contre, dans les races contenant une hérédité andite, les enfants sont moins placides ; cette jeunesse imaginative et aventureuse a besoin de plus d’éducation et de discipline. Les problèmes modernes d’éducation des enfants sont rendus de plus en plus difficiles par :
 
  (84.0) 84:7.22 1.Le degré important des mélanges raciaux.
 
  (84.0) 84:7.23 2.L’éducation artificielle et superficielle.
 
  (84.0) 84:7.24 3.L’inaptitude des enfants à se cultiver en imitant leurs parents, qui sont absents de la scène familiale une si grande partie du temps.
 
(84.0) 84:7.25 Les anciennes idées sur la discipline de famille étaient biologiques et provenaient de la réalisation du fait que les parents étaient les créateurs de l’existence de l’enfant. Les idéaux plus évolués de la vie de famille conduisent au concept que l’apport d’un enfant au monde, loin de conférer certains droits aux parents, implique la responsabilité suprême de l’existence humaine.
 
(84.0) 84:7.26 La civilisation considère que les parents assument toutes les charges et que l’enfant a tous les droits. Le respect de l’enfant pour ses parents ne provient pas de ce qu’il connait l’obligation impliquée dans la procréation parentale, mais il grandit naturellement comme conséquence des soins, de l’éducation et de l’affection qui lui sont dispensés avec amour pour l’aider à gagner la bataille de la vie. De véritables parents s’engagent avec continuité dans un ministère de service que l’enfant avisé finit par reconnaitre et par apprécier.
 
(84.0) 84:7.27 Dans l’ère industrielle et urbaine contemporaine, l’institution du mariage évolue selon de nouvelles lignes économiques. La vie de famille devient de plus en plus onéreuse, et les enfants, qui étaient autrefois un actif, sont devenus un passif économique. Mais la sécurité de la civilisation, elle-même, repose encore sur la bonne volonté croissante de chaque génération à investir ses moyens dans le bien-être de la prochaine génération et des suivantes. Toute tentative pour transférer la responsabilité parentale à l’État ou à l’Église se révèlera fatale pour le bien-être et le progrès de la civilisation.
 
(84.0) 84:7.28 Le mariage, avec les enfants et la vie de famille qui s’ensuit, stimule les plus hauts potentiels de la nature humaine et fournit en même temps le canal idéal pour exprimer ces attributs vivifiés de la personnalité de mortel. La famille assure la perpétuation biologique de l’espèce humaine. Le foyer est le cadre social naturel dans lequel les enfants grandissants peuvent saisir l’éthique de la fraternité du sang. La famille est l’unité fondamentale de fraternité dans laquelle parents et enfants apprennent les leçons de patience, d’altruisme, de tolérance et de longanimité qui sont si essentielles pour réaliser la fraternité entre tous les hommes.
 
(84.0) 84:7.29 La société humaine serait grandement améliorée si les races civilisées voulaient revenir, plus généralement, à la pratique du conseil de famille des Andites. Ils ne maintinrent pas la forme patriarcale ou autocratique de gouvernement familial. Ils étaient très fraternels et coopératifs, discutant franchement et librement toute proposition et règle de nature familiale. Tout leur gouvernement famillial était empreint d’une atmosphère idéalement fraternelle. Dans une famille idéale, l’affection filiale et l’amour parental sont tous deux accrus par le dévouement fraternel.
 
(84.0) 84:7.30 La vie de famille est le berceau de la vraie moralité, l’ancêtre de la fidélité consciente au devoir. Les associations forcées de la vie de famille stabilisent la personnalité et stimulent sa croissance par l’obligation indispensable de s’adapter à d’autres personnalités diverses. Mais il y a plus : une véritable famille – une bonne famille – révèle aux parents procréateurs l’attitude du Créateur envers ses enfants, tandis qu’en même temps, ces véritables parents dépeignent à leurs enfants la première d’une longue série ascendante de divulgations concernant l’amour parental paradisiaque de tous les enfants de l’univers.
 
8.Les dangers de la satisfaction du moi

(84.0) 84:8.1 La grande menace contre la vie de famille est l’inquiétante marée montante de la poursuite de la satisfaction du moi, la manie moderne des plaisirs. Autrefois, la principale raison du mariage était économique, et l’attirance sexuelle, secondaire. Le mariage fondé sur la préservation de soi conduisait à la perpétuation de soi et procurait en même temps l’une des formes les plus désirables de la satisfaction du moi. Dans la société humaine, c’est la seule institution qui englobe les trois grandes raisons de vivre.
 
(84.0) 84:8.2 À l’origine, la propriété était l’institution fondamentale pour s’entretenir, tandis que le mariage fonctionnait comme institution unique pour se perpétuer. Bien que les satisfactions alimentaires, les jeux et l’humour, ainsi que les rapports sexuels périodiques, étaient des moyens de se satisfaire, il n’en reste pas moins que l’évolution des mœurs n’a pas réussi à bâtir une institution distincte pour la satisfaction du moi. À cause de cet échec dans la mise au point de techniques spécialisées pour des jouissances agréables, toutes les institutions humaines sont complètement imprégnées de cette recherche du plaisir. L’accumulation des biens devient un instrument pour accroitre toutes les formes de satisfaction du moi, tandis que l’on se borne souvent à considérer le mariage comme un moyen de plaisir. Et ce laisser-aller, cette manie du plaisir largement répandue, constituent la plus grande menace qui ait jamais été dirigée contre l’institution évolutionnaire sociale de la vie de famille, le foyer.
 
(84.0) 84:8.3 La race violette a introduit, dans l’expérience de l’humanité, une caractéristique nouvelle encore incomplètement réalisée – l’instinct de jeu doublé du sens de l’humour. Cet instinct existait, dans une certaine mesure, chez les Sangiks et les Andonites, mais la lignée adamique éleva ce penchant primitif au niveau d’un potentiel de plaisir, forme nouvelle et glorifiée de satisfaction du moi. En dehors de l’apaisement de la faim, le type fondamental de satisfaction du moi est l’assouvissement sexuel ; cette forme de plaisir sensuel fut considérablement accrue par l’union des Sangiks et des Andites.
 
(84.0) 84:8.4 La combinaison d’agitation, de curiosité, d’aventure et d’abandon au plaisir caractéristique des races postérieures aux Andites comporte un réel danger. Les plaisirs physiques ne peuvent satisfaire la soif de l’âme ; la poursuite malavisée du plaisir n’augmente pas l’amour du foyer et des enfants. Même en épuisant les ressources de l’art, des couleurs, des sons, du rythme, de la musique et de la parure, on ne peut entretenir ainsi l’espoir d’élever l’âme ou de nourrir l’esprit. La vanité et la mode ne peuvent servir ni à l’édification des foyers ni à la culture des enfants ; l’orgueil et la rivalité sont impuissants à rehausser les qualités de survie des générations successives.
 
(84.0) 84:8.5 Tous les êtres célestes qui progressent jouissent de périodes de repos et du ministère des directeurs de la rétrospection. Tous les efforts pour obtenir des diversions saines et pratiquer des jeux qui élèvent sont salubres. Il vaut la peine de se livrer à un sommeil réparateur, à des repos, à des récréations et à tous les passe-temps qui empêchent la monotonie de faire naitre l’ennui. Les jeux de compétition, les narrations d’histoires et même le gout de la bonne nourriture peuvent servir de formes de satisfaction du moi. (Quand vous employez du sel pour ajouter de la saveur à vos aliments, souvenez-vous que, pendant près d’un million d’années, les hommes n’ont pu obtenir du sel qu’en plongeant leurs aliments dans de la cendre.)
 
(84.0) 84:8.6 Que les hommes jouissent de la vie ; que la race humaine trouve du plaisir de mille et une manières ; que l’humanité en évolution explore toutes les formes légitimes de satisfaction du moi, les fruits de la longue lutte biologique pour s’élever. L’homme a bien mérité certains de ses plaisirs et joies d’aujourd’hui. Mais faites bien attention au but de la destinée ! Les plaisirs sont véritablement des suicides s’ils parviennent à détruire la propriété, qui est devenue l’institution de la préservation du moi ; et la satisfaction du moi aura vraiment couté un prix funeste si elle provoque l’effondrement du mariage, la décadence de la vie de famille et la destruction du foyer – acquisition évolutionnaire suprême des hommes et seul espoir de survie de la civilisation.
 
(84.0) 84:8.7 [Présenté par le chef des séraphins stationné sur Urantia.]
 


Copyright © 2013 Urantia Foundation. All rights reserved.