Histoire d'Urantia

95. Les enseignements de Melchizédek dans le Levant

LIVRE D'URANTIA  -  Fascicule 95. Les enseignements de Melchizédek dans le Levant

(95.0) 95:0.1 De même que l’Inde a donné naissance à bien des religions et des philosophies de l’Asie orientale, de même le Levant a été le berceau des croyances de l’Occident. Les missionnaires de Salem se répandirent dans toute l’Asie du Sud-Ouest, à travers la Palestine, la Mésopotamie, l’Égypte, l’Iran et l’Arabie, proclamant partout la bonne nouvelle de l’évangile de Machiventa Melchizédek. Dans certains de ces pays, leurs enseignements portèrent des fruits ; dans d’autres, les missionnaires réussirent plus ou moins bien. Les échecs provinrent tantôt d’un manque de sagesse et tantôt de circonstances échappant à leur contrôle.
 
1. La religion de Salem en Mésopotamie

(95.0) 95:1.1 Vers l’an 2000 av. J.-C., les religions de Mésopotamie avaient presque entièrement perdu les enseignements des Séthites et se trouvaient largement sous l’influence des croyances primitives de deux groupes d’envahisseurs : les Bédouins sémites qui s’étaient infiltrés en venant du désert occidental et les cavaliers barbares descendus du nord.
 
(95.0) 95:1.2 Mais la coutume qu’avaient les premiers peuples adamites d’honorer le septième jour de la semaine ne disparut jamais complètement en Mésopotamie. Seulement, durant l’ère de Melchizédek, le septième jour fut considéré comme le plus malchanceux. Il était dominé par des tabous ; pendant ce funeste septième jour, il était contraire à la loi de partir en voyage, de cuire de la nourriture ou de faire du feu. Les Juifs ramenèrent en Palestine un grand nombre de tabous mésopotamiens qu’ils avaient trouvés à Babylone et qui étaient fondés sur l’observance du septième jour, le sabbatum.
 
(95.0) 95:1.3 Bien que les éducateurs de Salem eussent beaucoup contribué à raffiner et à rehausser les religions de Mésopotamie, ils ne réussirent pas à obtenir des divers peuples la reconnaissance permanente d’un Dieu unique. Cet enseignement prit le dessus pendant plus de cent-cinquante ans, puis s’effaça graduellement devant la croyance plus ancienne à une multiplicité de déités.
 
(95.0) 95:1.4 Les éducateurs de Salem réduisirent considérablement le nombre des dieux de Mésopotamie et ramenèrent, à un moment donné, les principales déités au nombre de sept : Bel, Shamash, Nabou, Anou, Éa, Mardouk et Sin. À l’apogée du nouvel enseignement, ils exaltèrent trois de ces dieux à la suprématie sur tous les autres ; ce fut la triade babylonienne de Bel, Éa et Anou, les dieux de la terre, de la mer et du ciel. D’autres triades naquirent dans différentes localités ; elles étaient toutes une réminiscence des enseignements trinitaires des Andites et des Sumériens, et basées sur la croyance des Salémites à l’emblème des trois cercles de Melchizédek.
 
(95.0) 95:1.5 Jamais les éducateurs de Salem ne triomphèrent complètement de la popularité d’Ishtar, la mère des dieux et l’esprit de la fécondité sexuelle. Ils contribuèrent beaucoup à raffiner l’adoration de cette déesse, mais les Babyloniens et leurs voisins ne transcendèrent jamais complètement leurs formes déguisées d’adoration du sexe. La pratique pour toutes les femmes de se soumettre, au moins une fois dans leur jeunesse, à l’embrassement d’un étranger s’était répandue dans toute la Mésopotamie ; on pensait que c’était une dévotion exigée par Ishtar et l’on croyait que la fécondité dépendait largement de ce sacrifice sexuel.
 
(95.0) 95:1.6 Les premiers progrès de l’enseignement de Melchizédek furent hautement satisfaisants jusqu’au moment où Nabodad, chef de l’école de Kish, décida de lancer une attaque concertée contre les pratiques courantes de prostitution dans les temples. Mais les missionnaires de Salem échouèrent dans leur effort pour faire adopter cette réforme sociale et, dans ce naufrage, tous leurs enseignements spirituels et philosophiques plus importants sombrèrent dans la défaite.
 
(95.0) 95:1.7 Cette défaite de l’évangile de Salem fut immédiatement suivie d’un grand accroissement du culte d’Ishtar, un rituel qui avait déjà envahi la Palestine sous le nom d’Ashtoreth, l’Égypte sous celui d’Isis, la Grèce sous celui d’Aphrodite et les tribus du Nord sous celui d’Astarté. Ce fut en liaison avec ce renouveau de l’adoration d’Ishtar que les prêtres de Babylone revinrent à l’observation des étoiles ; l’astrologie passa par son dernier grand renouveau en Mésopotamie ; les diseurs de bonne aventure furent en vogue et, durant des siècles, la prêtrise dégénéra de plus en plus.
 
(95.0) 95:1.8 Melchizédek avait recommandé à ses disciples d’enseigner la doctrine d’un Dieu unique, Père et Créateur de tout, et de ne prêcher que l’évangile de la faveur divine obtenue par la simple foi. Mais l’erreur des éducateurs d’une nouvelle vérité est souvent de vouloir en faire trop, d’essayer de remplacer l’évolution lente par une révolution soudaine. Les missionnaires de Melchizédek en Mésopotamie proposèrent un niveau moral trop élevé pour le peuple ; ils voulurent en faire trop, et leur noble cause sombra dans la défaite. Leur mandat était de prêcher un évangile précis, de proclamer la vérité que le Père Universel est réel, mais ils s’embrouillèrent en prenant parti pour la cause apparemment valable de réformer les mœurs. Leur grande mission fut détournée de son objectif et se perdit pratiquement dans la frustration et l’oubli.
 
(95.0) 95:1.9 En une seule génération, le quartier général salémite de Kish cessa toute activité, et la propagande de la croyance en un Dieu unique fut pratiquement arrêtée dans toute la Mésopotamie. Toutefois, des restes des écoles de Salem persistèrent. De petits groupes éparpillés çà et là continuèrent à croire au Créateur unique et luttèrent contre l’idolâtrie et l’immoralité des prêtres mésopotamiens.
 
(95.0) 95:1.10 Ce furent les missionnaires de Salem de la période consécutive au rejet de leur enseignement qui écrivirent nombre des Psaumes de l’Ancien Testament. Ils les gravèrent sur des pierres, où des prêtres hébreux les trouvèrent ultérieurement durant la captivité et les incorporèrent par la suite dans la collection des hymnes attribués à des auteurs juifs. Ces magnifiques psaumes de Babylone ne furent pas écrits dans les temples de Bel-Mardouk ; ils furent l’œuvre des descendants des premiers missionnaires de Salem et forment un contraste frappant avec les fatras magiques des prêtres babyloniens. Le Livre de Job reflète assez bien les enseignements de l’école salémite de Kish et de toute la Mésopotamie.
 
(95.0) 95:1.11 Une grande partie de la culture religieuse mésopotamienne fut incorporée dans la littérature et la liturgie juives en passant par l’Égypte, grâce au travail d’Aménémopé et d’Ikhnaton. Les Égyptiens préservèrent remarquablement bien les enseignements dérivés des premiers Mésopotamiens andites concernant les obligations sociales, enseignements qui furent si largement perdus par les Babyloniens qui occupèrent, plus tard, la vallée de l’Euphrate.
 
2. La religion égyptienne primitive

(95.0) 95:2.1 C’est en Égypte que les enseignements originels de Melchizédek s’enracinèrent le plus profondément et c’est d’Égypte qu’ensuite ils se répandirent en Europe. La religion évolutionnaire de la vallée du Nil se développa périodiquement par l’arrivée de lignées supérieures de Nodites, d’Adamites et, plus tard, d’Andites venant de la vallée de l’Euphrate. À certains moments, un grand nombre d’administrateurs civils de l’Égypte furent des Sumériens. De même que l’Inde hébergeait, en ces temps, le mélange le plus complet des races du monde, de même l’Égypte entretint le type de philosophie religieuse le plus entièrement composite que l’on puisse trouver sur Urantia, et, de la vallée du Nil, cette philosophie se répandit dans de nombreuses parties du monde. Les Juifs reçurent des Babyloniens une grande partie de leurs idées sur la création du monde, mais ils tirèrent des Égyptiens leur concept de la divine Providence.
 
(95.0) 95:2.2 Ce furent les tendances politiques et morales, plutôt que les penchants philosophiques ou religieux, qui firent mieux accepter les enseignements de Salem par l’Égypte que par la Mésopotamie. Chaque chef de tribu en Égypte, après s’être battu pour accéder au trône, cherchait à perpétuer sa dynastie en proclamant que son dieu tribal était la déité originelle et le créateur de tous les autres dieux. De cette manière, les Égyptiens s’habituèrent graduellement à l’idée d’un superdieu ; c’était un marchepied vers la doctrine ultérieure d’une Déité créatrice universelle. Durant bien des siècles, l’idée du monothéisme passa en Égypte par des hauts et des bas ; la croyance en un Dieu unique gagnait toujours du terrain, mais ne domina jamais tout à fait les concepts évoluants du polythéisme.
 
(95.0) 95:2.3 Pendant des âges, les Égyptiens s’étaient adonnés à l’adoration des dieux de la nature. En particulier, chacune de la quarantaine de tribus séparées avait un dieu spécial pour son groupe, l’une adorant le taureau, une autre le lion, une troisième le bélier et ainsi de suite. Auparavant, elles avaient été des tribus à totems, très semblables à celles des Amérindiens.
 
(95.0) 95:2.4 Avec le temps, les Égyptiens remarquèrent que les cadavres placés dans des tombeaux sans briques étaient préservés – embaumés – par l’action du sable imprégné de soude, tandis que les cadavres inhumés dans des caveaux de briques pourrissaient. Ces observations conduisirent aux expériences qui aboutirent plus tard à la pratique d’embaumer les morts. Les Égyptiens croyaient que la conservation du corps facilitait la traversée de la vie future. Afin que la personne puisse être convenablement identifiée dans l’avenir lointain après la dissolution de son corps, ils plaçaient une statue funéraire dans le tombeau pour accompagner le cadavre et sculptaient un portrait du mort sur le cercueil. La confection de ces statues funéraires fit faire de grands progrès à l’art égyptien.
 
(95.0) 95:2.5 Pendant des siècles, les Égyptiens placèrent leur confiance dans les tombeaux pour la sauvegarde des corps et la survie agréable qui en résultait après la mort. L’évolution ultérieure des pratiques magiques, bien qu’elles fussent encombrantes depuis le berceau jusqu’à la tombe, les délivra efficacement de la religion des sépultures. Les prêtres inscrivaient sur les cercueils des formules magiques dont on croyait qu’elles protégeaient un homme contre le risque “ de se voir enlever son cœur dans le monde inférieur ”. Bientôt, on collectionna un assortiment varié de ces textes magiques et on le conserva sous la forme du Livre des Morts. Mais, dans la vallée du Nil, le rituel magique fut imbriqué de bonne heure dans les domaines de la conscience et du caractère, à un degré rarement atteint par les rituels de cette époque. Ultérieurement, on compta davantage, pour le salut, sur ces idéaux éthiques et moraux que sur des tombeaux compliqués.
 
(95.0) 95:2.6 Les superstitions de cette époque sont bien illustrées par la croyance générale à l’efficacité des crachats comme agents de guérison ; cette idée prit naissance en Égypte et se répandit de là en Arabie et en Mésopotamie. Dans la bataille légendaire d’Horus contre Set, le jeune dieu perdit un œil, mais, après la défaite de Set, l’œil fut restauré par le sage dieu Thoth qui cracha sur la plaie et la guérit.
 
(95.0) 95:2.7 Les Égyptiens crurent longtemps que le scintillement des étoiles dans le ciel nocturne représentait la survie des âmes des morts méritants ; ils pensaient que les autres survivants étaient absorbés par le soleil. Durant une certaine période, la vénération solaire devint une espèce de culte des ancêtres. Le passage incliné d’entrée dans la grande pyramide était orienté directement vers l’Étoile polaire afin que l’âme du roi, quand elle émergerait du tombeau, puisse aller tout droit dans les constellations stationnaires et établies des étoiles fixes, que l’on supposait être la demeure des rois.
 
(95.0) 95:2.8 Quand on voyait les rayons obliques du soleil pénétrer vers la terre par une ouverture dans les nuages, on croyait qu’ils indiquaient l’abaissement d’un escalier céleste par lequel le roi et d’autres âmes droites pouvaient monter. “ Le roi Pépi a abaissé son rayonnement comme un escalier sous ses pieds pour permettre de monter jusqu’à sa mère. ”
 
(95.0) 95:2.9 Lors de l’incarnation de Melchizédek, les Égyptiens avaient une religion très supérieure à celle des peuples environnants. Ils croyaient qu’une âme séparée du corps physique, si elle était convenablement armée de formules magiques, pouvait éviter les mauvais esprits intermédiaires et parvenir à la salle de jugement d’Osiris, où elle serait admise dans les royaumes de la félicité si elle n’était pas coupable “ de meurtre, de brigandage, de fausseté, d’adultère, de vol ou d’égoïsme ”. Si l’âme était pesée dans les balances et trouvée en défaut, elle était consignée aux enfers, à la Dévoratrice. C’était un concept relativement avancé de la vie future en comparaison avec les croyances de beaucoup de peuples voisins.
 
(95.0) 95:2.10 Le concept du jugement dans l’au-delà pour les péchés d’une vie dans la chair sur terre, qui fut introduit dans la théologie des Hébreux, provenait d’Égypte. Le mot jugement n’apparait qu’une seule fois dans ce sens au cours de tout le livre hébreu des Psaumes, et le psaume en question fut écrit par un Égyptien.
 
3. L’évolution des concepts moraux

(95.0) 95:3.1 Bien que la culture et la religion d’Égypte aient principalement tiré leur origine des Andites de Mésopotamie et aient été largement transmises aux civilisations subséquentes par les Hébreux et les Grecs, une grande, une très grande partie de l’idéalisme éthique et social des Égyptiens naquit comme un développement purement évolutionnaire dans la vallée du Nil. Nonobstant l’importation en grande quantité des vérités et de la culture d’origine andite, une culture morale se développa en Égypte d’une manière purement humaine. Avant l’effusion de Micaël, les techniques naturelles similaires n’avaient fait apparaitre une culture équivalente dans aucune autre zone circonscrite du monde.
 
(95.0) 95:3.2 L’évolution morale ne dépend pas entièrement de la révélation. L’homme peut tirer de sa propre expérience des concepts moraux élevés. L’homme peut même faire apparaitre des valeurs spirituelles et tirer une clairvoyance cosmique de son expérience de vie personnelle parce qu’un esprit divin l’habite. Ces évolutions naturelles de conscience et de caractère furent accélérées par l’arrivée périodique d’instructeurs de la vérité venus du second Éden dans la haute antiquité et, plus tard, du quartier général de Melchizédek à Salem.
 
(95.0) 95:3.3 Des milliers d’années avant que l’évangile de Salem eût pénétré en Égypte, ses dirigeants moraux y enseignaient qu’il fallait être équitable et juste, et éviter l’avarice. Trois-mille ans avant la rédaction des Écritures hébraïques, les Égyptiens avaient pour devise : “ Affermi est l’homme qui prend la droiture pour modèle et qui marche selon ses voies. ” Ils enseignaient la douceur, la modération et la discrétion. L’un des grands éducateurs de cette époque donna comme message : “ Soyez équitables et traitez chacun avec justice. ” La triade égyptienne de cette époque était Vérité – Justice – Droiture. Parmi toutes les religions purement humaines d’Urantia, nulle ne surpassa les idéaux sociaux et la grandeur morale de cet humanisme de jadis dans la vallée du Nil.
 
(95.0) 95:3.4 Les doctrines survivantes de la religion de Salem fleurirent dans le terrain de ces idées éthiques et de ces idéaux moraux en évolution. Les concepts du bien et du mal trouvèrent une prompte réponse dans le cœur d’un peuple qui croyait que “ la vie est donnée aux pacifiques et la mort aux coupables ”, que “ le pacifique est celui qui fait ce que l’on aime ; le coupable est celui qui fait ce que l’on déteste ”. Durant des siècles, les habitants de la vallée du Nil avaient vécu selon ces critères éthiques et sociaux qui émergèrent avant qu’ils eussent jamais entretenu les concepts ultérieurs du juste et du faux – du bien et du mal.
 
(95.0) 95:3.5 L’Égypte était intellectuelle et morale, mais assez peu spiritualiste. En six-mille ans, quatre grands prophètes seulement s’élevèrent parmi les Égyptiens : Aménémopé, Okhban, Ikhnaton et Moïse. Les Égyptiens suivirent le premier pendant un temps, ils assassinèrent le second, ils acceptèrent le troisième sans enthousiasme pendant une brève génération et ils rejetèrent le quatrième. De nouveau, ce furent des circonstances politiques plutôt que religieuses qui rendirent faciles à Abraham, et plus tard à Joseph, d’exercer une grande influence dans toute l’Égypte en faveur de l’enseignement salémite d’un Dieu unique. Mais, quand les missionnaires de Salem entrèrent pour la première fois en Égypte, ils y trouvèrent cette culture évolutionnaire hautement éthique mêlée aux critères moraux modifiés des immigrants de Mésopotamie. Ces anciens éducateurs de la vallée du Nil furent les premiers à proclamer que la conscience était le mandat de Dieu, la voix de la Déité.
 
4. Les enseignements d’Aménémopé

(95.0) 95:4.1 En temps voulu, il s’éleva en Égypte un instructeur que beaucoup appelèrent le “ fils de l’homme ” et d’autres Aménémopé. Ce voyant exalta la conscience au point d’en faire l’arbitre supérieur du juste et du faux, enseigna que les péchés seraient punis et proclama le salut par appel à la déité solaire.
 
(95.0) 95:4.2 Aménémopé enseigna que les richesses et la fortune étaient des dons de Dieu, et ce concept colora entièrement la philosophie hébraïque apparue plus tard. Ce noble éducateur croyait que la conscience de Dieu était le facteur déterminant de toute conduite, qu’il fallait vivre à chaque instant en ayant conscience de la présence de Dieu et de notre responsabilité envers lui. Par la suite, les enseignements de ce sage furent traduits en hébreu et devinrent le livre sacré de ce peuple bien avant que l’Ancien Testament n’eût été écrit. Le principal sermon de cet homme de bien concernait l’instruction de son fils quant à la rectitude et à l’honnêteté à observer dans les postes de confiance gouvernementaux ; ces nobles sentiments d’un lointain passé honoreraient n’importe quel homme d’état moderne.
 
(95.0) 95:4.3 Ce sage du Nil enseigna que “ les richesses prennent des ailes et s’envolent ” – que toutes les choses terrestres sont évanescentes. Sa grande prière était “ d’être délivré de la peur ”. Il exhorta tout le monde à se détourner des “ paroles des hommes ” pour se tourner vers “ les actes de Dieu ”. En substance, il enseigna que l’homme propose, mais que Dieu dispose. Traduits en hébreu, ses enseignements déterminèrent la philosophie du Livre des Proverbes de l’Ancien Testament. Traduits en grec, ils donnèrent sa couleur à toute la philosophie religieuse hellénique subséquente. Philon, le philosophe ultérieur d’Alexandrie, possédait un exemplaire du Livre de la Sagesse.
 
(95.0) 95:4.4 Aménémopé s’attacha à conserver l’éthique de l’évolution et la morale de la révélation, et, dans ses écrits, il les transmit aussi bien aux Hébreux qu’aux Grecs. Il ne fut pas le plus grand éducateur religieux de cet âge, mais il fut le plus influent, en ce sens qu’il colora la pensée ultérieure de deux chainons essentiels de la croissance de la civilisation occidentale – les Hébreux, parmi lesquels la foi occidentale se développa jusqu’à son apogée, et les Grecs, qui développèrent la pensée purement philosophique jusqu’à ses plus hauts sommets européens.
 
(95.0) 95:4.5 Dans le Livre des Proverbes hébreux, les chapitres XV, XVII, XX, et le chapitre XXII depuis le verset 17 jusqu’au chapitre XXIV verset 22 sont tirés à peu près mot à mot du Livre de la Sagesse d’Aménémopé. Le Psaume I du Livre hébreu des Psaumes fut écrit par Aménémopé et forme le cœur des enseignements d’Ikhnaton.
 
5. Le remarquable Ikhnaton

(95.0) 95:5.1 Les enseignements d’Aménémopé perdaient lentement leur emprise sur le mental égyptien lorsque, sous l’influence d’un médecin salémite égyptien, une femme de la famille royale adopta les enseignements de Melchizédek. Cette femme décida son fils Ikhnaton, pharaon d’Égypte, à accepter cette doctrine d’un Dieu Unique.
 
(95.0) 95:5.2 Depuis la fin de l’incarnation de Melchizédek, nul être humain n’avait possédé de la religion révélée de Salem un concept d’une aussi étonnante clarté qu’Ikhnaton. Sous certains rapports, ce jeune roi égyptien est l’une des personnes les plus remarquables de l’histoire de l’humanité. Durant cette époque de dépression spirituelle croissante en Mésopotamie, il conserva vivante en Égypte la doctrine d’El Elyon, le Dieu Unique. Il maintint ainsi ouvert le chenal de philosophie monothéiste essentiel à l’arrière-plan religieux de la future effusion de Micaël. Entre autres raisons, ce fut en récognition de cet exploit que l’enfant Jésus fut emmené en Égypte où certains successeurs spirituels d’Ikhnaton le virent et comprirent quelque peu certaines phases de sa mission divine sur Urantia.
 
(95.0) 95:5.3 Moïse, le plus grand personnage apparu entre Melchizédek et Jésus, fut donné conjointement au monde par la race hébraïque et la famille royale égyptienne. Si Ikhnaton avait été doué de la variété de talents et des aptitudes de Moïse, s’il avait manifesté un génie politique comparable à sa surprenante autorité religieuse, alors l’Égypte serait devenue la grande nation monothéiste de cette époque. Et, si cela était advenu, il est tout à fait possible que Jésus aurait vécu en Égypte la plus grande partie de sa vie de mortel.
 
(95.0) 95:5.4 Jamais dans toute l’histoire un roi ne s’employa aussi méthodiquement que cet extraordinaire Ikhnaton à faire basculer une nation tout entière du polythéisme au monothéisme. Avec une résolution stupéfiante, ce jeune souverain rompit avec le passé, changea son nom, abandonna sa capitale, bâtit une ville entièrement nouvelle et créa une littérature et un art nouveaux pour un peuple entier. Mais il alla trop vite et construisit trop, plus qu’il n’en pouvait subsister après son départ. En outre, il n’assura pas la stabilité et la prospérité matérielles de ses sujets, et ceux-ci réagirent tous défavorablement contre ses enseignements religieux quand les flots ultérieurs d’adversité et d’oppression balayèrent l’Égypte.
 
(95.0) 95:5.5 Si cet homme étonnamment clairvoyant et extraordinairement concentré sur un dessein unique avait eu la sagacité politique de Moïse, il aurait changé toute l’histoire évolutionnaire de la religion et de la révélation de la vérité dans le monde occidental. Durant sa vie, il fut capable de réfréner les activités des prêtres, qu’il tenait généralement en piètre estime ; mais ceux-ci maintinrent secrètement leurs cultes et se jetèrent dans l’action aussitôt que le jeune roi cessa d’exercer le pouvoir ; ils ne furent pas longs à attribuer toutes les difficultés subséquentes de l’Égypte à l’instauration du monothéisme durant son règne.
 
(95.0) 95:5.6 Très sagement, Ikhnaton chercha à établir la doctrine d’un Dieu unique sous l’apparence du dieu-soleil. Cette décision d’approcher l’adoration du Père Universel en absorbant tous les dieux dans l’adoration du soleil était due aux conseils du médecin salémite. Il existait alors une religion, dite d’Aton, concernant la paternité et la maternité de Dieu ; Ikhnaton en reprit les doctrines répandues et créa une religion qui reconnaissait une relation intime d’adoration entre l’homme et Dieu.
 
(95.0) 95:5.7 Ikhnaton fut assez sage pour maintenir le culte extérieur d’Aton, le dieu du soleil, tout en amenant son entourage au culte déguisé du Dieu Unique, créateur d’Aton et Père suprême de tous. Ce jeune instructeur-roi fut un écrivain prolifique, auteur de l’exposé intitulé “ Le Dieu Unique ”, un livre de trente-et-un chapitres que les prêtres détruisirent complètement quand ils reprirent le pouvoir. Ikhnaton écrivit aussi cent- trente-sept hymnes, dont douze sont actuellement conservés dans le Livre des Psaumes de l’Ancien Testament et attribués à des auteurs hébreux.
 
(95.0) 95:5.8 Le mot suprême d’Ikhnaton dans la religion de la vie quotidienne était “ droiture ” ; il amplifia rapidement le concept de l’action juste jusqu’à lui faire inclure l’éthique internationale aussi bien que nationale. Ce fut une génération de piété personnelle étonnante caractérisée par une aspiration authentique, chez les hommes et femmes les plus intelligents, à trouver Dieu et à le connaitre. À cette époque, nul Égyptien ne pouvait tirer avantage aux yeux de la loi de sa position sociale ou de sa richesse. La vie de famille en Égypte contribua beaucoup à préserver et à développer la culture morale ; elle inspira plus tard la merveilleuse vie de famille des Juifs en Palestine.
 
(95.0) 95:5.9 La faiblesse fatale de l’évangile d’Ikhnaton fut sa plus grande vérité, l’enseignement qu’Aton n’était pas seulement le créateur de l’Égypte, mais aussi “ du monde entier, des hommes et des bêtes, et de tous les pays étrangers, même de la Syrie et de Kush, en plus de ce pays d’Égypte. Il met chacun à sa place et pourvoit aux besoins de tous ”. Ces concepts de la Déité étaient élevés et supérieurs, mais non nationalistes. Un tel sentiment d’internationalisme en matière de religion ne réussit pas à relever le moral de l’armée égyptienne sur le champ de bataille, et, en même temps, il fournit aux prêtres des armes efficaces contre le jeune roi et sa nouvelle religion. Son concept de la Déité était bien supérieur à celui des Hébreux plus tardifs, mais trop avancé pour servir les desseins d’un bâtisseur de nation.
 
(95.0) 95:5.10 L’idéal monothéiste souffrit de la disparition d’Ikhnaton, mais l’idée d’un Dieu unique persista dans le mental de nombreux groupes. Le gendre d’Ikhnaton se rangea du côté des prêtres, revint à l’adoration des anciens dieux et changea son nom en celui de Toutankhamon. Thèbes redevint la capitale ; les prêtres s’engraissèrent sur le pays et finirent par posséder un septième de toute l’Égypte. Un membre de ce même ordre de prêtres eut bientôt l’audace de s’emparer de la couronne.
 
(95.0) 95:5.11 Cependant, les prêtres ne purent triompher entièrement de la vague monothéiste. Ils furent progressivement contraints de fusionner leurs dieux et de leur donner des noms composés ; la famille des dieux se contracta de plus en plus. Ikhnaton avait associé le disque flamboyant des cieux avec le Dieu créateur, et cette idée continua à bruler dans le cœur des hommes, même des prêtres, longtemps après le trépas du jeune réformateur. Le concept du monothéisme ne mourut jamais dans le cœur des Égyptiens et du reste du monde. Il persista même jusqu’à l’arrivée du Fils Créateur de ce même Père divin, le Dieu unique qu’Ikhnaton avait présenté avec tant de zèle à l’adoration de toute l’Égypte.
 
(95.0) 95:5.12 La faiblesse de la doctrine d’Ikhnaton résidait dans le fait qu’il proposait une religion tellement évoluée que seuls les Égyptiens instruits pouvaient en comprendre pleinement les enseignements. Les ouvriers agricoles du commun ne saisirent jamais réellement son évangile et, en conséquence, se trouvaient prêts à revenir, avec les prêtres, à l’ancienne adoration d’Isis et de son conjoint Osiris ; on supposait que ce dernier était miraculeusement ressuscité d’une mort cruelle infligée par Set, le dieu des ténèbres et du mal.
 
(95.0) 95:5.13 L’enseignement que tous les hommes pouvaient atteindre l’immortalité était trop avancé pour les Égyptiens. La résurrection n’était promise qu’aux rois et aux riches ; c’est pourquoi ils apportaient tant de soin à embaumer et à préserver les corps dans des tombeaux en vue du jour du jugement. Cependant, la démocratie du salut et de la résurrection telle qu’Ikhnaton l’enseigna finit par prévaloir, même au point que les Égyptiens crurent plus tard à la survie des animaux.
 
(95.0) 95:5.14 Bien que l’effort de ce souverain égyptien pour imposer à son peuple l’adoration d’un Dieu unique ait semblé avoir échoué, il faut noter que les répercussions de son œuvre se firent sentir pendant des siècles en Palestine et en Grèce, et que l’Égypte devint ainsi l’agent qui transmit à tous les peuples occidentaux ultérieurs la combinaison de la culture évolutionnaire du Nil et de la religion révélée de l’Euphrate.
 
(95.0) 95:5.15 La gloire de cette grande ère de développement moral et de croissance spirituelle dans la vallée du Nil était en voie de disparition rapide à l’époque où commença la vie nationale des Hébreux. À la suite de leur séjour en Égypte, ces bédouins emportèrent beaucoup de ces enseignements et perpétuèrent nombre de doctrines d’Ikhnaton dans leur religion raciale.
 
6. Les doctrines de Salem en Iran

(95.0) 95:6.1 De Palestine, quelques missionnaires de Melchizédek se rendirent sur le grand plateau iranien en passant par la Mésopotamie. Pendant plus de cinq-cents ans, les éducateurs de Salem progressèrent en Iran. Toute la nation s’orientait vers la religion de Melchizédek lorsqu’un changement de dirigeants précipita une implacable persécution qui mit pratiquement fin aux enseignements monothéistes du culte de Salem. La doctrine de l’alliance avec Abraham avait pratiquement disparu en Perse lorsqu’au sixième siècle avant le Christ, ce grand siècle de renaissance morale, Zoroastre apparut pour ranimer la flamme presque éteinte de l’évangile de Salem.
 
(95.0) 95:6.2 Ce fondateur d’une nouvelle religion était un jeune homme viril et aventureux. Au cours de son premier pèlerinage à Ur, en Mésopotamie, il avait entendu parler des traditions de la rébellion de Caligastia et de Lucifer – en même temps que de nombreuses autres traditions – qui avaient toutes fortement séduit sa nature religieuse. En fonction de quoi, à la suite d’un rêve qu’il eut à Ur, il se fixa le programme de retourner au nord, dans son foyer, et d’entreprendre le remodelage de la religion de son peuple. Il avait assimilé l’idée hébraïque d’un Dieu de justice, le concept mosaïque de la divinité. L’idée d’un Dieu suprême était claire dans son mental ; il rabaissa tous les autres dieux au rang de diables et les rangea parmi les démons dont il avait entendu parler en Mésopotamie. En tant que reliquat de tradition à Ur, il avait appris l’histoire des Sept Maitres Esprits et, en conséquence, il créa une galaxie de sept dieux suprêmes où Ahura-Mazda dominait. Il associa ces dieux subordonnés à l’idéalisation de la Juste Loi, de la Bonne Pensée, du Noble Gouvernement, du Saint Caractère, de la Santé et de l’Immortalité.
 
(95.0) 95:6.3 Il s’agissait d’une nouvelle religion d’action – de travail – et non de prières et de rituels. Son Dieu était un être suprêmement sage et protecteur de la civilisation. C’était une philosophie religieuse militante qui osait combattre le mal, l’inaction et l’inertie.
 
(95.0) 95:6.4 Zoroastre n’enseigna pas l’adoration du feu, mais chercha à utiliser la flamme comme symbole du pur et sage Esprit de domination universelle et suprême. (Il est malheureusement vrai que ses disciples ultérieurs révérèrent et adorèrent ce feu symbolique.) Finalement, après la conversion d’un prince iranien, cette nouvelle religion fut répandue par l’épée, et Zoroastre mourut héroïquement dans la bataille pour ce qu’il croyait être “ la vérité du Seigneur de lumière ”.
 
(95.0) 95:6.5 Le zoroastrisme est le seul credo urantien qui perpétue les enseignements de Dalamatia et d’Éden au sujet des Sept Maitres Esprits. Il ne réussit pas à développer le concept de la Trinité, mais, sous certains rapports, il approcha de celui de Dieu le Septuple. Le zoroastrisme originel n’était pas un pur dualisme ; il est vrai que le mal était décrit par les enseignements initiaux comme coordonné de la bonté dans le temps, mais dans l’éternité il était nettement englouti dans la réalité ultime du bien. C’est seulement plus tard que l’on ajouta foi à la croyance que le bien et le mal luttaient à égalité.
 
(95.0) 95:6.6 Les traditions juives du ciel et de l’enfer et la doctrine des démons, telles que les rapportent les Écritures hébraïques, trouvaient une base dans ce qui demeurait des traditions de Lucifer et de Caligastia, mais elles provenaient principalement des Zoroastriens à l’époque où les juifs se trouvaient sous la domination politique et culturelle des Perses. À l’instar des Égyptiens, Zoroastre enseigna le “ jour du jugement ”, mais il lia cet évènement à la fin du monde.
 
(95.0) 95:6.7 Même la religion qui succéda au zoroastrisme en Perse était notablement influencée par lui. Quand les prêtres iraniens cherchèrent à ruiner les enseignements de Zoroastre, ils ressuscitèrent l’ancien culte de Mithra. Le mithracisme se répandit dans le Levant et dans le bassin de la Méditerranée ; pendant un certain temps, il fut contemporain à la fois du judaïsme et du christianisme. Les enseignements de Zoroastre laissèrent donc successivement leur empreinte sur trois grandes religions : sur le judaïsme, sur le christianisme et, à travers eux, sur le mahométisme.
 
(95.0) 95:6.8 Mais il y a loin entre les enseignements élevés et les nobles psaumes de Zoroastre, et les perversions modernes de son évangile par les Parsis avec leur grande peur des morts doublée du maintien de la croyance en des sophismes que Zoroastre ne s’abaissa jamais à sanctionner.
 
(95.0) 95:6.9 Ce grand homme fut l’une des personnalités du groupe extraordinaire qui surgit au sixième siècle avant le Christ pour empêcher l’extinction finale et définitive de la lumière de Salem qui brulait si faiblement pour montrer aux hommes, dans leur monde enténébré, le sentier lumineux qui conduit à la vie éternelle.
 
7. Les enseignements de Salem en Arabie

(95.0) 95:7.1 Les enseignements de Melchizédek sur le Dieu unique ne s’affermirent dans le désert d’Arabie qu’à une date relativement récente. De même qu’en Grèce, les missionnaires de Salem échouèrent en Arabie parce qu’ils avaient mal compris les instructions de Machiventa au sujet de l’excès d’organisation. Mais ils ne furent pas ainsi gênés par leur interprétation de son exhortation contre tous les efforts pour répandre l’évangile par la force militaire ou la contrainte civile.
 
(95.0) 95:7.2 Nulle part, pas même en Chine ou à Rome, les enseignements de Melchizédek n’échouèrent plus complètement que dans cette région désertique si proche de Salem elle-même. Longtemps après que les peuples de l’Orient et de l’Occident furent en majorité devenus respectivement bouddhistes et chrétiens, ceux du désert d’Arabie continuaient à vivre comme ils l’avaient fait pendant des millénaires. Chaque tribu adorait son ancien fétiche, et bien des familles avaient leurs dieux lares individuels. La lutte continua longtemps entre l’Ishtar babylonienne, le Yahweh hébreu, l’Ahura iranien et le Père chrétien du Seigneur Jésus-Christ. Jamais un concept unique ne réussit à remplacer entièrement tous les autres.
 
(95.0) 95:7.3 Çà et là, à travers toute l’Arabie, certaines familles et certains clans n’abandonnaient pas la vague idée du Dieu unique. Ces groupes chérissaient les traditions de Melchizédek, d’Abraham, de Moïse et de Zoroastre. De nombreux centres auraient pu répondre à l’évangile de Jésus, mais les missionnaires chrétiens des pays du désert formaient un groupe austère et inflexible, contrastant avec les missionnaires innovateurs des régions méditerranéennes, qui admettaient des compromis. Si les disciples de Jésus avaient pris plus au sérieux son injonction “ d’aller dans le monde entier pour y prêcher l’évangile ” et s’ils avaient été plus affables en le prêchant, moins stricts dans les exigences sociales collatérales inventées par eux-mêmes, alors bien des pays, y compris l’Arabie, auraient reçu avec joie le simple évangile du fils du charpentier.
 
(95.0) 95:7.4 Malgré le fait que les grands monothéismes du Levant n’aient pas réussi à prendre racine en Arabie, cette terre désertique put donner naissance à une foi, sans doute moins sévère dans ses exigences sociales, mais néanmoins monothéiste.
 
(95.0) 95:7.5 Les croyances primitives et inorganisées du désert ne comportaient qu’un seul facteur commun de nature tribale, raciale ou nationale : c’était le respect particulier et général que presque toutes les tribus arabes acceptaient de manifester envers une certaine pierre noire fétiche dans un certain temple à la Mecque. Ce point commun de contact et de vénération conduisit ultérieurement à l’établissement de la religion islamique. La pierre de la Kaaba devint pour les Arabes l’équivalent de ce que représentait Yahweh, l’esprit du volcan, pour leurs cousins les juifs sémites.
 
(95.0) 95:7.6 La force de l’islam a résidé dans sa présentation bien nette et bien précise d’Allah comme la seule et unique Déité. Sa faiblesse fut d’associer la force militaire à cette promulgation, et aussi de dégrader les femmes. Mais l’islam a fermement maintenu sa présentation de l’Unique Déité Universelle de tous “ qui connait le visible et l’invisible. Il est le miséricordieux et le compatissant ”. “ En vérité, Dieu distribue abondamment sa bonté à tous les hommes. ” “ Et, quand je suis malade, c’est lui qui me guérit. ” “ Là où trois personnes au moins parlent ensemble, Dieu est présent comme une quatrième ”, car n’est-il pas “ le premier et le dernier, et aussi le vu et le caché ? ”
 
(95.0) 95:7.7 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]
 


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94. Les enseignements de Melchizédek en Orient

LIVRE D'URANTIA  - Fascicule 94. Les enseignements de Melchizédek en Orient

(94.0) 94:0.1 Les premiers instructeurs de la religion de Salem pénétrèrent jusqu’aux tribus les plus reculées d’Afrique et d’Eurasie, prêchant toujours l’évangile de Melchizédek, qui présentait la confiance et la foi de l’homme en l’unique Dieu universel comme le seul prix à payer pour obtenir la faveur divine. L’alliance de Melchizédek avec Abraham servit de modèle pour toute la propagande initiale émanant de Salem et des autres centres. Urantia n’a jamais eu de missionnaires religieux plus enthousiastes et plus dynamiques que ces nobles hommes et femmes qui apportèrent les enseignements de Melchizédek dans tout l’hémisphère oriental. Ces missionnaires furent recrutés parmi de nombreux peuples et races, et répandirent en grande partie leurs enseignements par le truchement d’indigènes convertis. Ils établissaient des centres d’éducation dans les différentes parties du monde où ils enseignaient la religion de Salem aux indigènes, et ensuite ils chargeaient leurs élèves d’instruire leur propre peuple.
 
1. Les enseignements de Salem dans l’Inde védique

(94.0) 94:1.1 À l’époque de Melchizédek, l’Inde était un pays cosmopolite récemment tombé sous la domination politique et religieuse des envahisseurs aryens-andites venus du Nord et de l’Ouest. À cette date, seules les portions nord et ouest de la péninsule avaient été largement infiltrées par les Aryens. Ces nouveaux arrivants védiques avaient amené avec eux leurs nombreuses déités tribales. Les formes religieuses de leur culte suivaient étroitement les pratiques cérémonielles de leurs premiers ancêtres andites, en ce sens que le père opérait encore comme prêtre et la mère comme prêtresse, et que l’âtre de la famille servait encore d’autel.
 
(94.0) 94:1.2 Le culte védique était alors en voie de croissance et de métamorphose sous la direction de la caste des brahmanes ; ces prêtres-éducateurs prenaient graduellement le contrôle du rituel d’adoration qui se développait. L’amalgamation des trente-trois déités aryennes de jadis était bien en cours quand les missionnaires de Salem pénétrèrent dans le Nord de l’Inde.
 
(94.0) 94:1.3 Le polythéisme des Aryens représentait une dégénérescence de leur monothéisme primitif, causée par leur séparation en unités tribales, chaque tribu ayant son dieu vénéré. Cette décentralisation du monothéisme et du trinitarisme originels de la Mésopotamie andite subissait une synthèse nouvelle au cours des premiers siècles du deuxième millénaire avant le Christ. Les multiples dieux furent organisés en un panthéon sous la direction trine de Dyaus pitar, le seigneur du ciel, d’Indra, le tempétueux seigneur de l’atmosphère et d’Agni, le dieu tricéphale du feu, seigneur de la terre et vestige symbolique d’un ancien concept de la Trinité.
 
(94.0) 94:1.4 Des développements nettement hénothéistes préparaient la voie à un monothéisme évolué. Agni, la déité la plus ancienne, était souvent exalté en tant que père-chef du panthéon tout entier. Le principe de la déité-père, appelé tantôt Prajapati, tantôt Brahma, fut submergé dans la bataille théologique que les prêtres brahmanes livrèrent plus tard aux instructeurs de Salem. Le principe de divinité-énergie animant tout le panthéon védique fut appelé Le Brahman.
 
(94.0) 94:1.5 Les missionnaires de Salem prêchaient le Dieu unique de Melchizédek, le Très Haut du ciel. Ce portrait n’était pas entièrement en désaccord avec le concept émergent de Brahma-Père en tant que source de tous les dieux, mais la doctrine de Salem ne comportait pas de rites ; elle allait donc directement à l’encontre des dogmes, traditions et enseignements de la prêtrise brahmanique. Les prêtres brahmanes ne voulurent jamais accepter la doctrine de Salem enseignant le salut par la foi, la faveur de Dieu obtenue en dehors des observances rituelles et des sacrifices cérémoniels.
 
(94.0) 94:1.6 Le rejet de l’évangile de Melchizédek concernant la confiance en Dieu et le salut par la foi marqua un tournant capital pour l’Inde. Les missionnaires de Salem avaient beaucoup contribué à faire perdre la foi dans les anciens dieux védiques, mais les dirigeants, les prêtres du védisme, refusèrent d’accepter la doctrine de Melchizédek enseignant un seul Dieu et une foi unique et simple.
 
(94.0) 94:1.7 Les brahmanes colligèrent les écrits sacrés de leur temps dans un effort pour combattre les instructeurs de Salem. Leur compilation, telle qu’elle fut révisée plus tard, est parvenue aux temps modernes sous la forme du Rig-Véda, l’un des livres sacrés les plus anciens. Les deuxième, troisième et quatrième Védas suivirent à mesure que les brahmanes cherchaient à cristalliser, à formaliser et à fixer leurs rituels de culte et de sacrifices, et à les imposer aux gens de leur époque. Dans ce qu’ils ont de meilleur, ces écrits sont l’équivalent de n’importe quel autre corpus de caractère semblable, en ce qui concerne la beauté du concept et la vérité du discernement. Mais, à mesure que cette religion supérieure fut corrompue par les milliers de superstitions, cultes et rites de l’Inde méridionale, elle devint progressivement, par métamorphose, le système théologique le plus bigarré que les hommes aient jamais mis sur pied. L’étude des Védas fera découvrir certains concepts de la Déité parmi les plus élevés et d’autres parmi les plus avilis qui aient jamais été conçus.
 
2. Le brahmanisme

(94.0) 94:2.1 À mesure que les missionnaires de Salem pénétrèrent plus au sud dans le Deccan dravidien, ils rencontrèrent un système de castes de plus en plus solidement établi ; ce système avait été imaginé par les Aryens cherchant à conserver leur identité raciale en face d’une marée montante de peuplades sangiks secondaires. La caste sacerdotale brahmanique étant l’essence même du système, cet ordre social retarda considérablement le progrès des instructeurs de Salem. Ce système de castes ne réussit pas à sauver la race aryenne, mais réussit à perpétuer les brahmanes, qui à leur tour maintinrent leur hégémonie religieuse sur l’Inde jusqu’à l’époque actuelle.
 
(94.0) 94:2.2 Ensuite, avec l’affaiblissement du védisme par le rejet de la vérité supérieure, le culte des Aryens fut soumis à des incursions croissantes venant du Deccan. Dans un effort désespéré pour endiguer le flot de l’extinction raciale et de l’anéantissement religieux, la caste des brahmanes chercha à se hausser au-dessus de tout. Les brahmanes enseignèrent que le sacrifice à la déité était en lui-même entièrement efficace, que sa puissance exerçait sur elle une contrainte totale. Ils proclamèrent que, des deux principes divins essentiels de l’univers, l’un était la déité brahmane, et l’autre la prêtrise brahmanique. Chez nul autre peuple d’Urantia, les prêtres ne prétendirent s’élever au-dessus de leurs dieux mêmes, et s’attribuer les honneurs dus à leurs dieux. Mais ils allèrent si absurdement loin dans ces revendications présomptueuses que l’ensemble de ce système précaire s’effondra devant les cultes avilissants qui affluaient en provenance des civilisations environnantes moins avancées. L’immense prêtrise védique elle-même s’embourba et sombra sous le flot noir d’inertie et de pessimisme dont sa propre présomption égoïste et malavisée avait inondé l’Inde.
 
(94.0) 94:2.3 La concentration indue sur le moi conduisit infailliblement à craindre la perpétuation non évolutionnaire du moi dans un cycle sans fin d’incarnations successives en tant qu’homme, bête ou mauvaise herbe. Parmi toutes les croyances corruptrices susceptibles d’être attachées à ce qui aurait pu être un monothéisme émergent, nulle ne fut plus débilitante que la croyance à la transmigration – la doctrine de la réincarnation de l’âme – qui venait du Deccan dravidien. Cette croyance à un cycle fastidieux et monotone de transmigrations répétées enleva aux mortels en lutte leur espoir longtemps chéri de trouver dans la mort la délivrance et l’avancement spirituel qui avaient fait partie de la foi védique primitive.
 
(94.0) 94:2.4 Cet enseignement philosophiquement débilitant fut bientôt suivi par l’invention de la doctrine où l’on échappe éternellement à son moi en s’immergeant dans le repos et la paix universels d’une union absolue avec Brahman, la surâme de toute la création. Les désirs matériels et les ambitions humaines furent efficacement ôtés aux hommes et pratiquement détruits. Pendant plus de deux-mille ans, les meilleurs penseurs de l’Inde ont cherché à échapper à tout désir, et la porte fut ainsi grande ouverte à l’entrée des cultes et enseignements ultérieurs qui ont pratiquement enchainé les âmes d’un grand nombre de peuples hindous dans les entraves du désespoir spirituel. Parmi toutes les civilisations, ce fut la védique-aryenne qui paya le prix le plus terrible pour avoir rejeté l’évangile de Salem.
 
(94.0) 94:2.5 Les castes à elles seules ne pouvaient perpétuer le système religio-culturel aryen et, à mesure que les religions inférieures du Deccan s’infiltraient dans le nord, un âge de découragement et de désespoir se développa. Ce fut au cours de cette sombre époque que naquit le culte consistant à n’ôter la vie à aucune créature, et ce culte a toujours subsisté depuis lors. Un grand nombre des nouveaux cultes était franchement athée, prétendant que tout salut, éventuellement accessible, ne pouvait provenir que des efforts humains sans assistance extérieure. Toutefois, au travers d’une bonne partie de cette malheureuse philosophie, on peut trouver des vestiges déformés des enseignements de Melchizédek, et même d’Adam.
 
(94.0) 94:2.6 Ce fut l’époque de la compilation des dernières Écritures de la foi hindoue, les Brahmanas et les Upanishads. Ayant rejeté la doctrine enseignant la religion personnelle par l’expérience de la foi personnelle avec un Dieu unique, et ayant été corrompue par le flot de cultes et de croyances avilissants et débilitants du Deccan, avec leurs anthropomorphismes et leurs réincarnations, la prêtrise brahmanique manifesta une violente réaction contre ces croyances corruptrices ; il y eut un net effort pour chercher et trouver la vraie réalité. Les brahmanes entreprirent de désanthropomorphiser le concept indien de la déité, mais, ce faisant, ils tombèrent dans la grave erreur de dépersonnaliser le concept de Dieu. Ils sortirent de cette épreuve, non avec un idéal sublime et spirituel du Père Paradisiaque, mais avec une idée lointaine et métaphysique d’un Absolu englobant tout.
 
(94.0) 94:2.7 Dans leurs efforts d’autopréservation, les brahmanes avaient rejeté le Dieu unique de Melchizédek, et maintenant ils se trouvaient nantis de l’hypothèse du Brahman, ce moi philosophique imprécis et illusoire, ce Cela impersonnel et impuissant qui a laissé la vie spirituelle de l’Inde désemparée et prostrée depuis ce temps malheureux jusqu’au vingtième siècle.
 
(94.0) 94:2.8 Ce fut à l’époque où l’on écrivit les Upanishads que le bouddhisme surgit aux Indes, mais, malgré un millénaire de succès, il ne put concurrencer la dernière phase de l’hindouisme. En dépit de sa moralité supérieure, sa description initiale de Dieu était encore moins nette que celle de l’hindouisme qui fournissait des déités secondaires et personnelles. Finalement, le bouddhisme céda dans l’Inde du Nord devant les attaques d’un islam militant avec son concept bien défini d’Allah comme Dieu suprême de l’univers.
 
3. La philosophie brahmanique

(94.0) 94:3.1 Bien que la phase supérieure du brahmanisme soit à peine une religion, elle a vraiment été l’une des plus nobles tentatives du mental des mortels pour pénétrer les domaines de la philosophie et de la métaphysique. Après avoir pris le départ pour découvrir la réalité finale, le mental indien ne s’est plus arrêté avant d’avoir spéculé sur presque tous les aspects de la théologie, excepté sur le concept essentiel et double de la religion : l’existence du Père Universel de toutes les créatures de l’univers, et le fait de l’expérience ascendante, dans l’univers, de ces mêmes créatures cherchant à atteindre le Père éternel qui leur a commandé d’être parfaites, comme lui-même est parfait.
 
(94.0) 94:3.2 Dans le concept du Brahman, le mental de cette époque saisissait véritablement l’idée de quelque Absolu imprégnant tout, car il identifiait simultanément ce postulat avec l’énergie créative et avec la réaction cosmique. Le Brahman était conçu comme transcendant toute définition et comme susceptible d’être compris seulement par la négation successive de toutes les qualités finies. C’était nettement une croyance en un être absolu, et même infini, mais ce concept était largement dépourvu des attributs de la personnalité et il n’était donc pas expérimentable par des religionistes individuels.
 
(94.0) 94:3.3 Brahman Narayana fut conçu comme l’Absolu, comme l’infini CELA EST, comme la puissance créatrice primordiale du cosmos potentiel, comme le Moi Universel existant à l’état statique et potentiel durant toute l’éternité. Si les philosophes de l’époque avaient été capables de franchir l’étape suivante dans la conception de la déité, s’ils avaient pu concevoir le Brahman comme associatif et créatif, comme une personnalité approchable par des êtres créés en évolution, alors, leur enseignement aurait pu devenir la présentation la plus avancée de la Déité sur Urantia, car il aurait englobé les cinq premiers niveaux de la fonction totale de la déité, et aurait peut-être envisagé les deux derniers.
 
(94.0) 94:3.4 Au cours de certaines phases, le concept de l’Unique Surâme Universelle, en tant que totalité de la somme des existences de toutes les créatures, amena les philosophes indiens très près de la vérité de l’Être Suprême ; mais cette vérité ne leur servit à rien, parce qu’ils ne réussirent à développer aucune méthode d’approche personnelle raisonnable ou rationnelle pour atteindre leur but monothéiste théorique de Brahman Narayana.
 
(94.0) 94:3.5 Le principe karmique de continuité causale est, encore une fois, très proche de la vérité que toutes les actions dans l’espace-temps se répercutent en une synthèse dans la présence de Déité du Suprême ; mais ce postulat ne permit jamais l’aboutissement personnel coordonné à la Déité par les religionistes individuels ; il ne conduisit qu’à l’engloutissement ultime de toute personnalité dans la Surâme Universelle.
 
(94.0) 94:3.6 La philosophie du brahmanisme fut également très près de réaliser l’habitation intérieure par les Ajusteurs de Pensée, mais elle se laissa pervertir par une fausse conception de la vérité. L’enseignement que l’âme est la demeure de Brahman aurait préparé le chemin à une religion avancée si ce concept n’avait pas été complètement vicié par la croyance qu’il n’existe pas d’individualité humaine en dehors de cette présence de l’Un Universel.
 
(94.0) 94:3.7 Dans la doctrine où l’âme individuelle se fond dans la Surâme, les théologiens de l’Inde ne réussirent pas à ménager la survie de quelque chose d’humain, quelque chose de nouveau et d’unique, quelque chose né de l’union de la volonté de l’homme et de la volonté de Dieu. L’enseignement du retour de l’âme au Brahman est étroitement parallèle à la vérité du retour de l’Ajusteur au sein du Père Universel, mais il y a quelque chose de distinct de l’Ajusteur qui survit aussi, à savoir la contrepartie morontielle de la personnalité du mortel. Or, ce concept vital était désastreusement absent de la philosophie brahmanique.
 
(94.0) 94:3.8 La philosophie brahmanique parvint à une approximation de beaucoup de faits de l’univers et approcha de nombreuses vérités cosmiques, mais elle tomba bien trop souvent victime d’erreurs, faute de différencier les divers niveaux de la réalité, tels que les niveaux absolu, transcendantal et fini. Elle n’a pas réussi à faire entrer en ligne de compte qu’un aspect donné, susceptible d’être fini et illusoire sur le niveau absolu, peut être absolument réel sur le niveau fini. Elle n’a pas non plus pris acte de la personnalité essentielle du Père Universel, avec qui l’on peut prendre personnellement contact sur tous les niveaux, depuis l’expérience limitée des créatures évolutionnaires avec Dieu jusqu’à l’expérience illimitée du Fils Éternel avec le Père du Paradis.
 
4. La religion hindoue

(94.0) 94:4.1 Aux Indes, au cours des siècles, le peuple revint, dans une certaine mesure, aux anciens rituels des Védas tels qu’ils avaient été modifiés par les enseignements des missionnaires de Melchizédek et cristallisés par la prêtrise brahmanique ultérieure. Cette religion, la plus ancienne et la plus cosmopolite du monde, a subi de nouveaux changements en réponse au bouddhisme, au jaïnisme et aux influences plus récentes du mahométisme et du christianisme. Mais, quand les enseignements de Jésus parvinrent aux Indes, ils avaient déjà été occidentalisés au point d’être une “ religion des hommes blancs ”, donc insolite et étrangère au mental hindou.
 
(94.0) 94:4.2 La théologie hindoue du temps présent décrit quatre niveaux descendants de déité et de divinité :
 
  (94.0) 94:4.3 1.Le Brahman, l’Absolu, l’Un Infini, le CELA EST.
 
  (94.0) 94:4.4 2.La Trimurti, la trinité suprême de l’hindouisme. Le premier membre de cette association, Brahma, se conçoit comme créé par lui-même à partir du Brahman-infinité. S’il n’était pas étroitement identifié à l’Un Infini panthéiste, Brahma pourrait constituer le fondement d’un concept du Père Universel. Brahma est également identifié avec le destin.
 
  (94.0) 94:4.5 L’adoration de Shiva et de Vishnou, les deuxième et troisième membres de la Trimurti, apparut au premier millénaire après le Christ. Shiva est le seigneur de la vie et de la mort, le dieu de la fécondité et le maitre de la destruction. Vishnou est extrêmement populaire à cause de la croyance à son incarnation périodique sous forme humaine. De cette manière, Vishnou devient réel et vivant dans l’imagination des hindous. Certains considèrent Shiva et Vishnou comme suprêmes au-dessus de tout.
 
  (94.0) 94:4.6 3.Les déités védiques et postvédiques. Beaucoup d’anciens dieux des Aryens, tels qu’Agni, Indra et Soma, ont subsisté comme secondaires par rapport aux trois membres de la Trimurti. De nombreux dieux additionnels ont surgi depuis les débuts de l’Inde védique, et ils ont aussi été incorporés dans le panthéon hindou.
 
  (94.0) 94:4.7 4.Les demi-dieux : surhommes, semi-dieux, héros, démons, fantômes, mauvais esprits, farfadets, monstres, lutins et saints des cultes plus récents.
 
(94.0) 94:4.8 Depuis longtemps, l’hindouisme n’a pas réussi à vivifier le peuple indien, mais, en même temps, il a généralement été une religion tolérante. Sa grande force réside dans le fait qu’il s'est révélé comme la religion la plus flexible et la plus vague qui soit apparue sur Urantia. Il est capable de changements à peu près illimités et possède un champ inhabituel d’adaptations souples, depuis les spéculations élevées et semi-monothéistes du Brahman intellectuel jusqu’au fétichisme notoire et aux pratiques cultuelles primitives des classes avilies et déprimées de croyants ignorants.
 
(94.0) 94:4.9 L’hindouisme a survécu parce qu’il est essentiellement une partie intégrante du tissu social fondamental de l'Inde. Il ne comporte pas de grande hiérarchie qui puisse être troublée ou détruite ; il est imbriqué dans le modèle de vie du peuple. Il possède une adaptabilité aux conditions changeantes dépassant celle de tout autre culte, et il prend une attitude tolérante d’adoption envers beaucoup d’autres religions, prétendant que Gautama Bouddha et même le Christ étaient des incarnations de Vishnou.
 
(94.0) 94:4.10 Aujourd’hui, l’Inde a surtout besoin d’une présentation de l’évangile de Jésus – la Paternité de Dieu et la filiation de tous les hommes, avec la fraternité qui s’ensuit et que l’on réalise personnellement par un ministère aimant et un service social. Aux Indes, le cadre philosophique existe, la structure du culte est présente ; il manque simplement l’étincelle vivifiante de l’amour dynamique dépeint dans l’évangile originel du Fils de l’Homme, dépouillé des doctrines et dogmes occidentaux qui ont tendu à faire de la vie d’effusion de Micaël une religion des hommes blancs.
 
5. La lutte pour la vérité en Chine

(94.0) 94:5.1 Pendant que les missionnaires de Salem parcouraient l’Asie en répandant la doctrine du Dieu Très Haut et du salut par la foi, ils s’imprégnèrent beaucoup de la philosophie et de la pensée religieuse des divers pays traversés. Toutefois, les éducateurs commissionnés par Melchizédek et ses successeurs ne faillirent pas à leur mission ; ils pénétrèrent chez tous les peuples du continent eurasien, et ce fut au milieu du deuxième millénaire avant le Christ qu’ils arrivèrent en Chine. Pendant plus de cent ans, les Salémites maintinrent leur quartier général à Si Fouch, où ils entrainèrent des éducateurs chinois qui enseignèrent dans tous les domaines de la race jaune.
 
(94.0) 94:5.2 Ce fut comme conséquence directe de cet enseignement que la toute première forme de taoïsme apparut en Chine ; c’était une religion extrêmement différente de celle qui porte aujourd’hui ce nom. Le taoïsme primitif ou prototaoïsme était composé des facteurs suivants :
 
  (94.0) 94:5.3 1.Les rémanences des enseignements de Singlangton, qui persistèrent dans le concept de Shang-ti, le Dieu du Ciel. À l’époque de Singlangton, le peuple chinois devint pratiquement monothéiste ; il concentra son adoration sur la Vérité Unique, connue plus tard sous le nom d’Esprit du Ciel, chef de l’univers. La race jaune ne perdit jamais tout à fait ce concept initial de la Déité, malgré le fait qu’au cours de siècles ultérieurs, de nombreux dieux et esprits subordonnés se soient insinués subrepticement dans sa religion.
 
  (94.0) 94:5.4 2.La religion de Salem d’une Très Haute Déité Créatrice prête à octroyer sa faveur à l’humanité en réponse à la foi de l'homme. Mais, à l’époque où les missionnaires de Melchizédek pénétrèrent dans les pays de la race jaune, il est malheureusement trop vrai que leur message s’était considérablement écarté de la simple doctrine de Salem du temps de Machiventa.
 
  (94.0) 94:5.5 3.Le concept du Brahman-Absolu des philosophes hindous doublé du désir d’échapper à tous les maux. La plus grande influence sur l’expansion vers l’est de la religion de Salem fut peut-être celle des éducateurs indiens de la foi védique, qui introduisirent leur conception du Brahman – de l’Absolu – dans la pensée salutiste des Salémites.
 
(94.0) 94:5.6 Cette croyance composite se répandit dans les pays des races jaune et brune comme une influence sous-jacente dans la pensée philosophico-religieuse. Au Japon, ce prototaoïsme fut connu sous le nom de shinto, et les peuples de cette contrée, fort éloignée de Salem en Palestine, eurent connaissance de l’incarnation de Machiventa Melchizédek qui habita sur terre afin que l’humanité n’oublie pas le nom de Dieu.
 
(94.0) 94:5.7 En Chine, toutes ces croyances furent ultérieurement confondues, et mêlées au culte toujours croissant des ancêtres. Mais, depuis l’époque de Singlangton, les Chinois ne sont plus jamais tombés misérablement esclaves d’une prêtrise. La race jaune fut la première à émerger de la servitude barbare et à entrer dans une civilisation ordonnée, parce qu’elle fut la première à se dégager, dans une certaine mesure, de la peur abjecte des dieux ; elle ne craignait même pas les fantômes des morts comme les craignaient les autres races. La Chine rencontra la défaite parce qu’elle ne réussit pas à progresser au-delà de son émancipation initiale des prêtres ; elle tomba dans une erreur presque aussi calamiteuse, celle du culte des ancêtres.
 
(94.0) 94:5.8 Toutefois, les Salémites ne travaillèrent pas en vain. Ce fut sur les fondements de leur évangile que les grands philosophes de la Chine du sixième siècle av. J.-C. bâtirent leurs enseignements. L’atmosphère morale et les sentiments spirituels de l’époque de Lao-Tseu et de Confucius provenaient des enseignements des missionnaires de Salem donnés au cours d’un âge antérieur.
 
6. Lao-Tseu et Confucius

(94.0) 94:6.1 Environ six-cents ans avant l’arrivée de Micaël, Melchizédek, alors désincarné depuis longtemps, eut l’impression que la pureté de son enseignement sur la terre était indument mise en péril par résorption générale dans les croyances plus anciennes d’Urantia. Il apparut, pour un temps, que sa mission comme précurseur de Micaël risquait d’échouer. Alors, au sixième siècle avant le Christ, par une coordination exceptionnelle de facteurs spirituels dont tous ne sont pas compris, même par les superviseurs planétaires, Urantia assista à une présentation fort inhabituelle de la vérité religieuse sous des formes multiples. Par le truchement de divers éducateurs humains, l’évangile de Salem fut reformulé et revivifié ; il subsista ensuite en grande partie, tel qu’il fut alors présenté, jusqu’à l’époque des présents écrits.
 
(94.0) 94:6.2 Ce siècle exceptionnel de progrès spirituel fut caractérisé par l’apparition de grands instructeurs religieux, moraux et philosophiques dans tout le monde civilisé. En Chine, les deux maitres les plus remarquables furent Lao-Tseu et Confucius.
 
(94.0) 94:6.3 Lao-Tseu édifia directement sur les concepts des traditions de Salem en déclarant que le Tao était l’Unique Cause Première de toute la création. Lao-Tseu avait une grande vision spirituelle. Il enseigna que “ la destinée éternelle de l’homme était l’union perpétuelle avec le Tao, Dieu Suprême et Roi Universel ”. Il discernait profondément la cause ultime, car il écrivit : “ L’Unité nait du Tao Absolu ; issue de cette Unité apparait la Dualité cosmique, puis, issue de cette Dualité, la Trinité jaillit à l’existence, et la Trinité est la source primordiale de toute réalité. ” “ Toute la réalité est toujours en équilibre entre les potentiels et les actuels du cosmos, et ceux-ci sont éternellement harmonisés par l’esprit de divinité. ”
 
(94.0) 94:6.4 Lao-Tseu fut aussi l’un des premiers à présenter la doctrine consistant à rendre le bien pour le mal : “ La bonté engendre la bonté, mais, pour quiconque est vraiment bon, le mal engendre aussi la bonté. ”
 
(94.0) 94:6.5 Il enseigna le retour de la créature au Créateur et décrivit la vie comme l’émergence d’une personnalité issue des potentiels cosmiques, tandis que la mort ressemblait à un retour au foyer de cette personnalité créée. Son concept de la foi véritable était inhabituel, et lui aussi l’assimilait à l’“ attitude d’un petit enfant ”.
 
(94.0) 94:6.6 Sa compréhension du dessein éternel de Dieu était claire, car il dit : “ La Déité Absolue ne fait pas d’efforts, mais elle est toujours victorieuse ; elle ne contraint pas les hommes, mais se tient toujours prête à répondre à leurs désirs sincères ; la volonté de Dieu est éternellement patiente, et son expression est inévitable dans l’éternité. ” Exprimant la vérité qu’il est plus béni de donner que de recevoir, Lao-Tseu dit aussi en parlant du véritable religioniste : “ L’homme bon ne cherche pas à garder la vérité pour lui-même, mais plutôt à en effuser les richesses sur ses semblables, car telle est la réalisation de la vérité. La volonté du Dieu Absolu est toujours bénéfique et jamais destructrice ; le dessein du véritable croyant est toujours d’agir, mais jamais de contraindre. ”
 
(94.0) 94:6.7 Lao enseigna la non-résistance et la distinction entre l’action et la contrainte, mais ces notions se déformèrent et devinrent plus tard la croyance qu’il ne faut “ rien voir, rien faire et rien penser ”. Mais Lao ne professa jamais une telle erreur, quoique sa présentation de la non-résistance fut un facteur pour développer la prédilection des peuples chinois pour la paix.
 
(94.0) 94:6.8 Mais le taoïsme populaire du vingtième siècle d’Urantia n’a plus grand-chose de commun avec les sentiments sublimes et les conceptions cosmiques du vieux philosophe qui enseignait la vérité telle qu’il la percevait, c’est-à-dire que la foi dans le Dieu Absolu est la source de l’énergie divine qui recréera le monde, et par laquelle l’homme s’élèvera à l’union spirituelle avec le Tao, la Déité Éternelle et le Créateur Absolu des univers.
 
(94.0) 94:6.9 Confucius (Kong Fou-tsé) était un jeune contemporain de Lao dans la Chine du sixième siècle av. J.-C. Confucius basa ses doctrines sur les meilleures traditions morales de la longue histoire de la race jaune ; il fut aussi quelque peu influencé par ce qui persistait des traditions des missionnaires de Salem. Son principal travail consista à compiler les sages dictons des anciens philosophes. Il fut rejeté comme éducateur durant sa vie, mais, depuis lors, ses écrits et ses enseignements ont toujours exercé une grande influence en Chine et au Japon. Confucius réorienta les chamans, en ce sens qu’il remplaça la magie par la moralité. Mais il construisit trop bien ; il fit de l’ordre un nouveau fétiche et institua un respect des agissements des ancêtres, qui sont encore vénérés par les Chinois à l’époque du présent exposé.
 
(94.0) 94:6.10 Confucius prêchait la moralité en se basant sur la théorie que la voie terrestre est l’ombre déformée de la voie céleste, que le véritable modèle de la civilisation temporelle est l’image reflétée de l’ordre éternel des cieux. Le concept potentiel de Dieu dans le confucianisme fut presque complètement subordonné à l’accent mis sur la Voie du Ciel, le modèle du cosmos.
 
(94.0) 94:6.11 Les enseignements de Lao ont été perdus pour tous, sauf pour une minorité en Orient, mais les écrits de Confucius ont toujours constitué, depuis leur diffusion, la base de la contexture morale de la culture de près d’un tiers des Urantiens. Ces préceptes de Confucius, tout en perpétuant le meilleur du passé, étaient quelque peu ennemis de l’esprit chinois d’investigation, qui avait abouti aux accomplissements tant vénérés. L’influence de ces doctrines fut combattue sans succès à la fois par les efforts de l’empereur Chin Shi Huang Ti et par les enseignements de Mo Ti. Ce dernier proclama une fraternité basée sur l’amour de Dieu et non sur le devoir éthique ; il chercha à ranimer l’ancienne recherche d'une vérité nouvelle, mais ses enseignements échouèrent devant la vigoureuse opposition des disciples de Confucius.
 
(94.0) 94:6.12 Comme bien d’autres éducateurs spirituels et moraux, Confucius et Lao-Tseu finirent pas être déifiés par leurs disciples au cours des âges de ténèbres spirituelles qui intervinrent en Chine entre le déclin et la perversion de la foi taoïste, et l’arrivée des missionnaires bouddhistes venant des Indes. Durant ces siècles de décadence spirituelle, la religion de la race jaune dégénéra en une pitoyable théologie où fourmillaient les diables, les dragons et les mauvais esprits, dénotant tous le retour des peurs du mental humain non éclairé. Alors la Chine, jadis à la tête de la société humaine à cause de sa religion avancée, resta à la traine à cause de son impuissance temporaire à progresser dans le véritable sentier du développement de la conscience de Dieu ; celle-ci est indispensable au vrai progrès, non seulement des mortels individuels, mais aussi des civilisations enchevêtrées et complexes qui caractérisent l’avance de la culture et de la société sur une planète évolutionnaire du temps et de l’espace.
 
7. Gautama Siddharta

(94.0) 94:7.1 Contemporain de Lao-Tseu et de Confucius en Chine, un autre grand instructeur de la vérité surgit aux Indes. Gautama Siddharta naquit au sixième siècle avant le Christ dans la province du Népal, au Nord de l’Inde. Ses disciples le présentèrent, plus tard, comme le fils d’un chef fabuleusement riche, mais, en vérité, il était l’héritier présomptif d’un insignifiant chef de clan qui régnait par consentement tacite sur une petite vallée montagneuse isolée, dans le sud des Himalayas.
 
(94.0) 94:7.2 Après avoir pratiqué le yoga en vain pendant six ans, Gautama formula les théories qui devinrent la philosophie du bouddhisme. Siddharta engagea une lutte résolue mais infructueuse contre le système grandissant des castes. Autour de ce jeune prince prophète, régnait une atmosphère de sincérité sublime et de générosité extraordinaire qui séduisait beaucoup les hommes de cette époque. Il se détourna de la pratique consistant à rechercher le salut individuel par des afflictions physiques et des souffrances personnelles, et il exhorta ses disciples à apporter son évangile au monde entier.
 
(94.0) 94:7.3 Au milieu de la confusion et des pratiques cultuelles excessives de l’Inde, les enseignements plus sains et plus modérés de Gautama arrivèrent comme un soulagement qui faisait du bien. Il dénonça les dieux, les prêtres et leurs sacrifices, mais lui non plus ne réussit pas à percevoir la personnalité de l’Un Universel. Ne croyant pas à l’existence d’âmes humaines individuelles, Gautama lutta, bien entendu vaillamment, contre la croyance à la transmigration des âmes, honorée depuis des siècles. Il accomplit un noble effort pour délivrer les hommes de la peur afin d’obtenir qu’ils se sentent à l’aise et chez eux dans le grand univers, mais il ne réussit pas à leur montrer le sentier conduisant au véritable foyer céleste des mortels ascendants – le Paradis – et au service croissant de l’existence éternelle.
 
(94.0) 94:7.4 Gautama était un vrai prophète et, s’il avait prêté attention aux instructions de l’ermite Godad, il aurait pu soulever toute l’Inde par l’inspiration qu’aurait apportée un renouveau de l’évangile de Salem prônant le salut par la foi. Godad descendait d’une famille qui n’avait jamais perdu les traditions des missionnaires de Melchizédek.
 
(94.0) 94:7.5 Gautama fonda son école à Bénarès, et ce fut durant sa seconde année qu’un élève, Bautan, communiqua à son maitre les traditions des missionnaires de Salem au sujet de l’alliance de Melchizédek avec Abraham. Bien que Siddharta n’eût pas une conception très claire du Père Universel, il prit une position avancée sur le salut par la foi – la simple croyance. Il la déclara devant ses disciples et commença à envoyer ses élèves au dehors, par groupes de soixante, pour proclamer aux peuples de l’Inde “ la bonne nouvelle du salut gratuit : que tous les hommes, humbles ou élevés, peuvent atteindre la félicité par la foi en la droiture et la justice ”.
 
(94.0) 94:7.6 La femme de Gautama croyait à l’évangile de son mari et fut la fondatrice d’un ordre de nonnes. Son fils devint son successeur et étendit beaucoup le culte ; il saisit bien l’idée nouvelle du salut par la foi, mais chancela plus tard au sujet de la faveur divine obtenue par la foi seule, comme l’enseignait l’évangile de Salem. Dans sa vieillesse, les paroles qu’il prononça avant de mourir furent les suivantes : “ Soyez l’artisan de votre propre salut. ”
 
(94.0) 94:7.7 Dans ce qu’il avait de mieux, l’évangile de salut universel, proclamé par Gautama et dépourvu de sacrifices, de tortures, de rituels et de prêtres, était une doctrine révolutionnaire et stupéfiante pour son époque. Il fut étonnamment près de constituer une renaissance de l’évangile de Salem. Il apporta du secours à des millions d’âmes désespérées et, malgré ses ridicules altérations au cours des siècles ultérieurs, cet évangile subsiste encore comme l’espoir de millions d’êtres humains.
 
(94.0) 94:7.8 Siddharta enseigna beaucoup plus de vérités qu’il n’en survécut dans les cultes modernes portant son nom. Le bouddhisme moderne ne représente pas plus les enseignements de Gautama Siddharta que le christianisme ne représente les enseignements de Jésus de Nazareth.
 
8. La foi bouddhique

(94.0) 94:8.1 Pour devenir bouddhiste, on faisait simplement profession publique de foi en récitant le Refuge : “ Je prends mon refuge dans le Bouddha ; je prends mon refuge dans la Doctrine ; je prends mon refuge dans la Fraternité. ”
 
(94.0) 94:8.2 Le bouddhisme prit naissance dans une personnalité historique, et non dans un mythe. Les fidèles de Gautama l’appelaient Sasta, qui signifie maitre ou instructeur. Bien qu’il n’eût émis de prétentions suprahumaines ni pour lui ni pour ses enseignements, ses disciples commencèrent de bonne heure à l’appeler l’illuminé, le Bouddha, et plus tard Sakyamouni Bouddha.
 
(94.0) 94:8.3 L’évangile originel de Gautama était basé sur les quatre nobles vérités :
 
  (94.0) 94:8.4 1.Les nobles vérités de la souffrance.
 
  (94.0) 94:8.5 2.Les origines de la souffrance.
 
  (94.0) 94:8.6 3.La destruction de la souffrance.
 
  (94.0) 94:8.7 4.Le moyen de détruire la souffrance.
 
(94.0) 94:8.8 Étroitement liée à la doctrine de la souffrance et aux moyens d’y échapper, se plaçait la philosophie de la Voie Octuple : justes points de vue, justes aspirations, justes paroles, juste conduite, justes moyens d’existence, juste effort, juste attention et juste contemplation. Gautama n’avait pas l’intention d’essayer de détruire tout effort, tout désir et toute affection en échappant à la souffrance ; son enseignement était plutôt destiné à décrire aux mortels la futilité de placer entièrement leurs espérances et leurs aspirations dans des buts temporels et des objectifs matériels. Il ne s’agissait pas tant d’éviter d’aimer ses semblables que d’amener aussi le vrai croyant à regarder, au-delà des associations du monde matériel, les réalités de l’éternel futur.
 
(94.0) 94:8.9 Les commandements moraux des sermons de Gautama étaient au nombre de cinq :
 
  (94.0) 94:8.10 1.Tu ne tueras pas.
 
  (94.0) 94:8.11 2.Tu ne déroberas pas.
 
  (94.0) 94:8.12 3.Tu ne seras pas impudique.
 
  (94.0) 94:8.13 4.Tu ne mentiras pas.
 
  (94.0) 94:8.14 5.Tu ne boiras pas de liqueurs enivrantes.
 
(94.0) 94:8.15 Il existait encore plusieurs commandements additionnels ou secondaires dont l’observance était facultative pour les croyants.
 
(94.0) 94:8.16 Siddharta ne croyait guère à l’immortalité de la personnalité humaine ; sa philosophie n’apportait qu’une sorte de continuité fonctionnelle. Il ne définit jamais clairement ce qu’il entendait inclure dans la doctrine du nirvana. Le fait que l’on pouvait théoriquement en faire l’expérience durant l’existence terrestre indiquerait que le nirvana n’était pas considéré comme un état d’annihilation complète. Il impliquait une condition d’illumination suprême et de félicité céleste où toutes les chaines attachant l’homme au monde matériel avaient été rompues ; on était libéré des désirs de la vie de mortel et délivré de tout danger de devoir faire l’expérience d’une nouvelle incarnation.
 
(94.0) 94:8.17 D’après les enseignements originels de Gautama, le salut s’obtient par l’effort humain, en dehors de l’aide divine ; il n’y a place ni pour la foi libératrice ni pour des prières à des puissances suprahumaines. Dans sa tentative pour minimiser les superstitions de l’Inde, Gautama s’efforça de détourner les hommes des bruyantes prétentions du salut par la magie. Mais, en faisant cet effort, il laissa à ses successeurs une porte grande ouverte leur permettant de mal interpréter son enseignement et de déclarer que tous les efforts humains pour aboutir sont déplaisants et douloureux. Ses disciples négligèrent le fait que le bonheur suprême est lié à la poursuite enthousiaste et intelligente de buts méritoires, et que ces accomplissements constituent le vrai progrès dans la réalisation cosmique de soi.
 
(94.0) 94:8.18 La grande vérité de l’enseignement de Siddharta fut sa proclamation d’un univers de justice absolue. Il enseigna la meilleure philosophie athée qui ait jamais été inventée par un mortel ; elle était l’humanisme idéal et ôta fort efficacement toute base aux superstitions, aux rituels magiques et à la peur des fantômes et des démons.
 
(94.0) 94:8.19 La grande faiblesse de l’évangile originel du bouddhisme fut qu’il ne créa pas une religion de service social désintéressé. Pendant longtemps, la fraternité bouddhiste ne fut pas une confrérie de croyants, mais plutôt une communauté d’élèves-maitres. Gautama leur interdit de recevoir de l’argent et chercha, par ce moyen, à empêcher la croissance de tendances hiérarchiques. Gautama lui-même était hautement social et, en vérité, sa vie fut plus grandiose que ses sermons.
 
9. La diffusion du bouddhisme

(94.0) 94:9.1 Le bouddhisme prospéra parce qu’il offrait le salut par la croyance en Bouddha, l’illuminé. Il était plus représentatif des vérités de Melchizédek que tout autre système religieux pratiqué en Asie orientale. Mais le bouddhisme ne se répandit pas beaucoup en tant que religion jusqu’au jour où un monarque de basse caste, Açoka, l’adopta pour sa propre protection ; après Ikhnaton en Égypte, Açoka fut l’un des plus remarquables dirigeants civils entre l’époque de Melchizédek et celle de Micaël. Il bâtit un grand empire indien grâce à la propagande de ses missionnaires bouddhistes. Au cours d’une période de vingt-cinq ans, il éduqua plus de dix-sept-mille missionnaires qu’il expédia jusqu’aux plus lointaines frontières du monde connu. En une seule génération, il fit du bouddhisme la religion dominante de la moitié de la terre. Il prit bientôt pied au Tibet, au Cachemire, à Ceylan, en Birmanie, à Java, au Siam, en Corée, en Chine et au Japon. D’une manière générale, ce fut une religion considérablement supérieure à celles qu’elle supplanta ou rehaussa.
 
(94.0) 94:9.2 La diffusion du bouddhisme dans toute l’Asie à partir de son foyer aux Indes est l’une des plus palpitantes histoires de consécration spirituelle et de persévérance missionnaire de sincères religionistes . Non seulement ceux qui enseignaient l’évangile de Gautama bravèrent les périls des routes des caravanes terrestres, mais ils firent face aux dangers des mers de Chine, tandis qu’ils poursuivaient leur mission sur le continent asiatique, apportant à tous les peuples le message de leur foi. Toutefois, ce bouddhisme n’était plus la simple doctrine de Gautama ; c’était l’évangile rendu miraculeux qui faisait de lui un dieu. Plus le bouddhisme s’éloignait de son berceau des hautes terres de l’Inde, plus il devenait différent des enseignements de Gautama, et plus il ressemblait aux religions qu’il supplantait.
 
(94.0) 94:9.3 Plus tard, le bouddhisme fut très influencé par le taoïsme en Chine, le shinto au Japon et le christianisme au Tibet. Aux Indes, après un millénaire, le bouddhisme ne fit plus que s’étioler et mourir. Il se brahmanisa et, plus tard, baissa lâchement pavillon devant l’islam ; en même temps, dans une grande partie du reste de l’Orient, il dégénéra en un rituel que Gautama Siddharta n’aurait jamais reconnu.
 
(94.0) 94:9.4 Dans le Sud, le stéréotype fondamentaliste des enseignements de Siddharta persista à Ceylan, en Birmanie et dans la péninsule d’Indochine. Il s’agit là de la branche Hinayana du bouddhisme qui s’attache à sa doctrine primitive ou asociale.
 
(94.0) 94:9.5 Mais, même avant l’effondrement du bouddhisme aux Indes, les groupes de disciples de Gautama de la Chine et du Nord de l’Inde avaient commencé à développer l’enseignement Mahayana de la “ Route Majeure ” vers le salut, en opposition avec les puristes du Sud qui s’en tenaient au Hinayana ou “ Route Mineure ”. Ces Mahayanistes rompirent avec les limitations sociales inhérentes à la doctrine bouddhiste, et, depuis lors, cette branche septentrionale du bouddhisme a poursuivi son évolution en Chine et au Japon.
 
(94.0) 94:9.6 Le bouddhisme est aujourd’hui une religion vivante et croissante parce qu’il réussit à conserver bon nombre des plus hautes valeurs morales de ses adhérents. Il facilite le calme et le contrôle de soi, augmente la sérénité et le bonheur, et contribue beaucoup à empêcher le chagrin et le deuil. Ceux qui croient à cette philosophie vivent des vies meilleures que beaucoup de ceux qui n’y croient pas.
 
10. La religion au Tibet

(94.0) 94:10.1 Au Tibet, on trouve la plus étrange association des enseignements de Melchizédek combinés avec le bouddhisme, l’hindouisme, le taoïsme et le christianisme. Quand les missionnaires bouddhistes entrèrent au Tibet, ils rencontrèrent un état de sauvagerie primitive très semblable à celui que les premiers missionnaires chrétiens trouvèrent chez les tribus nordiques de l’Europe.
 
(94.0) 94:10.2 Les candides Tibétains ne voulurent pas abandonner entièrement leur ancienne magie et leurs charmes. L’étude du cérémonial religieux des rituels tibétains de l’époque présente révèle l’existence d’une confrérie exagérément nombreuse de prêtres aux têtes rasées qui pratiquent un rituel minutieux comportant des cloches, des incantations, de l’encens, des processions, des rosaires, des images, des charmes, des tableaux, de l’eau bénite, de somptueux vêtements et des chœurs compliqués. Ils ont des dogmes rigides et des croyances cristallisées, des rituels sacrés et des jeûnes spéciaux. Leur hiérarchie comprend des moines, des nonnes, des abbés et le Grand Lama. Ils adressent des prières à des anges, à des saints, à une Sainte Mère et à des dieux. Ils pratiquent la confession et croient au purgatoire. Leurs monastères sont très vastes et leurs cathédrales magnifiques. Ils maintiennent une interminable répétition de rites sacrés et croient que ce cérémonial procure le salut. Ils attachent des prières à un moulin et croient que sa rotation rend les suppliques efficaces. Chez nul autre peuple des temps modernes, on ne peut trouver tant d’observances provenant de tant de religions ; il est inévitable que cette liturgie cumulative finisse par devenir encombrante à l’excès et intolérablement pesante.
 
(94.0) 94:10.3 Les Tibétains possèdent quelque chose de toutes les principales religions du monde, sauf les simples enseignements de l’évangile de Jésus : la filiation avec Dieu, la fraternité des hommes et la citoyenneté toujours ascendante dans l’univers éternel.
 
11. La philosophie bouddhique

(94.0) 94:11.1 Le bouddhisme pénétra en Chine au premier millénaire après le Christ et cadra bien avec les coutumes religieuses de la race jaune. Dans leur culte des ancêtres, les Chinois avaient longtemps adressé des prières aux morts ; maintenant, ils pouvaient aussi prier pour eux. Le bouddhisme s’amalgama bientôt avec les pratiques rituelles rémanentes du taoïsme en désintégration. Cette nouvelle religion synthétique, avec ses temples du culte et son cérémonial religieux précis, ne tarda pas à devenir le culte généralement accepté par les peuples de Chine, de Corée et du Japon.
 
(94.0) 94:11.2 Sous certains rapports, il est fâcheux que le bouddhisme n’ait pas été répandu avant que ses disciples aient perverti les traditions et enseignements du culte au point de faire de Gautama un être divin. Néanmoins, le mythe de sa vie humaine, embelli comme il le fut par une multitude de miracles, se révéla très séduisant pour les auditeurs de l’évangile nordique, ou Mahayana, du bouddhisme.
 
(94.0) 94:11.3 Certains de ses disciples ultérieurs enseignèrent que l’esprit de Sakyamouni Bouddha revenait périodiquement sur terre comme un bouddha vivant, ouvrant ainsi la voie à une perpétuation indéfinie des images de Bouddha, des temples, des rituels et des “ bouddhas vivants ” imposteurs. C’est ainsi que la religion du grand protestataire indien finit par se trouver enchainée dans ces mêmes pratiques cérémonielles et incantations rituelles qu’il avait précisément combattues avec tant d’intrépidité et dénoncées avec tant de courage.
 
(94.0) 94:11.4 Le grand progrès apporté par la philosophie bouddhique consista à comprendre que toute vérité est relative. Par le mécanisme de cette hypothèse, les bouddhistes ont pu concilier et mettre en corrélation les divergences intérieures de leurs propres écrits religieux, ainsi que les divergences entre ceux-ci et beaucoup d’autres. On enseignait que les petites vérités étaient faites pour un mental étroit, et les grandes vérités pour un mental large.
 
(94.0) 94:11.5 Cette philosophie enseignait aussi que la nature (divine) de Bouddha existait chez tous les hommes ; que par ses propres efforts l’homme pouvait arriver à réaliser cette divinité intérieure. Cet enseignement est l’une des plus claires présentations de la vérité au sujet des Ajusteurs de Pensée intérieurs qui aient jamais été faites par une religion d’Urantia.
 
(94.0) 94:11.6 L’évangile originel de Siddharta, tel que ses disciples l’interprétaient, comportait une grande limitation parce qu’il essayait de dégager complètement le moi humain de toutes les limitations de la nature mortelle par la technique consistant à isoler ce moi de la réalité objective. Or, le véritable épanouissement cosmique de soi résulte de l’identification de soi avec la réalité cosmique et avec le cosmos fini d’énergie, de mental et d’esprit, limité par l’espace et conditionné par le temps.
 
(94.0) 94:11.7 Les cérémonies et les observances extérieures du bouddhisme furent grossièrement contaminées par celles des pays qu’il pénétrait, mais cette dégénérescence n’eut pas entièrement lieu dans la vie philosophique des grands penseurs qui, de temps à autre, embrassèrent ce système de pensée et de croyance. Pendant plus de deux-mille ans, beaucoup des meilleurs penseurs d’Asie se sont concentrés sur le problème destiné à établir la vérité absolue et la vérité de l’Absolu.
 
(94.0) 94:11.8 L’évolution d’un concept élevé de l’Absolu fut accomplie par de nombreux cheminements de pensée et des sentiers tortueux de raisonnement. Le mouvement ascendant de cette doctrine de l’infinité n’était pas aussi clairement défini que l’évolution du concept de Dieu dans la théologie hébraïque. Néanmoins, les penseurs bouddhistes atteignirent certains niveaux élargis, s’y arrêtèrent et les franchirent en continuant leur chemin vers l’évocation de la Source Primordiale des univers :
 
  (94.0) 94:11.9 1.La légende de Gautama. À la base du concept se trouvait le fait historique de la vie et des enseignements de Siddharta, le prince prophète de l’Inde. Cette légende se transforma en un mythe au cours des siècles et à travers les vastes pays d’Asie ; elle finit par dépasser le statut de l’idée de Gautama en tant qu’illuminé, et commença à se parer d’attributs additionnels.
 
  (94.0) 94:11.10 2.Les nombreux Bouddhas. On tint le raisonnement que, si Gautama était venu vers les peuples de l’Inde, les races de l’humanité avaient dû être bénies dans le lointain passé par la venue d’autres instructeurs de la vérité, et le seraient encore indubitablement dans le lointain futur. Ceci donna naissance à l’enseignement qu’il y avait des Bouddhas en nombre illimité et infini, et même que n’importe qui pouvait aspirer à en devenir un – pouvait aspirer à atteindre la divinité d’un Bouddha.
 
  (94.0) 94:11.11 3.Le Bouddha Absolu. Quand on se mit à croire à un nombre presque infini de Bouddhas, il devint nécessaire au mental de l’époque de réunifier ce concept lourd à manier. En conséquence, on commença à enseigner que tous les Bouddhas n’étaient que la manifestation d’une essence supérieure, d’un certain Un Éternel ayant une existence infinie et inconditionnée, d’une certaine Source Absolue de toute réalité. À partir de là, le concept bouddhique de la Déité, sous sa forme la plus élevée, devint distinct de la personne humaine de Gautama Siddharta et rejeta les limitations anthropomorphiques qui l’avaient bridé. Cette conception finale du Bouddha Éternel peut bien s’identifier à l’Absolu, et parfois même avec l’infini JE SUIS.
 
(94.0) 94:11.12 Bien que cette idée de Déité Absolue n’ait jamais rencontré une grande faveur populaire chez les peuples d’Asie, elle permit aux intellectuels de ces pays d’unifier leur philosophie et d’harmoniser leur cosmologie. Le concept du Bouddha Absolu est tantôt quasi personnel, tantôt entièrement impersonnel – tantôt même une force créatrice infinie. Ces concepts sont philosophiquement utiles, mais ne sont pas essentiels au développement religieux. Même un Yahweh anthropomorphe a une valeur religieuse plus grande que l’Absolu infiniment lointain du bouddhisme ou du brahmanisme.
 
(94.0) 94:11.13 On crut même, à certains moments, que l’Absolu était contenu dans l’infini JE SUIS. Mais ces spéculations n’apportaient qu’un encouragement glacé aux multitudes affamées qui souhaitaient ardemment entendre des paroles de promesse, écouter le simple évangile de Salem annonçant que la foi en Dieu assurait la faveur divine et la survie éternelle.
 
12. Le concept de Dieu dans le bouddhisme

(94.0) 94:12.1 La cosmologie du bouddhisme avait deux grands points faibles : d’une part elle était contaminée par de nombreuses superstitions de l’Inde et de la Chine, et d’autre part elle sublimait Gautama, d’abord en tant qu’illuminé et ensuite en tant que Bouddha Éternel. Exactement comme le christianisme a souffert d’avoir absorbé beaucoup de philosophie humaine erronée, de même le bouddhisme porte sa marque humaine de naissance. Mais les enseignements de Gautama ont continué à évoluer durant les vingt-cinq derniers siècles. Pour un bouddhiste éclairé, le concept de Bouddha ne représente pas plus la personnalité humaine de Gautama que, pour un chrétien éclairé, le concept de Jéhovah n’est identique à l’esprit démoniaque de l’Horeb. La pauvreté de terminologie ainsi que la conservation sentimentale d’une antique nomenclature empêchent souvent de comprendre la vraie signification de l’évolution des concepts religieux.
 
(94.0) 94:12.2 Le concept de Dieu en contraste avec l’Absolu commença graduellement à se faire jour dans le bouddhisme. Sa source remonte aux premiers temps où les disciples de la Route Mineure (Hinayana) se différencièrent de ceux de la Route Majeure (Mahayana). Ce fut dans cette dernière branche du bouddhisme que la double conception de Dieu et de l’Absolu finit par arriver à maturité. Pas à pas, siècle après siècle, le concept de Dieu a évolué jusqu’à murir finalement dans la croyance en Amida Bouddha, grâce aux enseignements de Ryonin, de Honen Shonin et de Shinran au Japon.
 
(94.0) 94:12.3 Chez ces croyants, on enseigne que l’âme, après avoir passé par la mort, peut choisir de bénéficier d’un séjour au Paradis avant d’entrer au nirvana, état ultime de l’existence. On proclame que ce nouveau salut est obtenu par la foi dans les miséricordes divines et dans les soins aimants d’Amida, Dieu du Paradis en Occident. Dans leur philosophie, les Amidistes s’attachent à une Réalité Infinie située au-delà de toute compréhension humaine finie. Dans leur religion, ils adhèrent à la foi en Amida, l’infiniment miséricordieux, qui aime le monde au point de ne pas souffrir qu’un seul mortel, faisant appel à son nom avec une foi sincère et un cœur pur, échoue dans l’obtention du bonheur suprême du Paradis.
 
(94.0) 94:12.4 La grande force du bouddhisme vient de ce que ses adhérents sont libres de choisir la vérité dans toutes les religions ; il est rare qu’une pareille liberté de choix ait caractérisé une doctrine religieuse d’Urantia. Sous ce rapport, la secte Shin au Japon est devenue l’un des groupes religieux les plus progressifs du monde ; elle a ranimé l’ancien esprit missionnaire des disciples de Gautama et a commencé à envoyer des éducateurs à d’autres peuples. Cet empressement à adopter la vérité, quelles que soient les sources dont elle provient, est en vérité une tendance recommandable qui apparait parmi les croyants religieux pendant la première moitié du vingtième siècle après le Christ.
 
(94.0) 94:12.5 Le bouddhisme lui-même passe par une renaissance au vingtième siècle. Ses aspects sociaux ont été grandement améliorés par ses contacts avec le christianisme. Le désir d’apprendre s’est rallumé dans le cœur des moines-prêtres de la confrérie, et la diffusion de l’éducation dans cette communauté de foi provoquera certainement de nouveaux progrès dans l’évolution religieuse.
 
(94.0) 94:12.6 À la date du présent exposé, une grande partie de l’Asie met ses espoirs dans le bouddhisme. Cette noble foi, qui a si vaillamment traversé les âges de ténèbres du passé, va-t-elle recevoir de nouveau la vérité des réalités cosmiques amplifiées comme jadis les disciples du grand instructeur de l’Inde écoutaient sa proclamation d’une vérité nouvelle ? Cette ancienne foi répondra-t-elle, une fois de plus, au stimulant vivifiant des nouveaux concepts de Dieu et de l’Absolu qui lui seront présentés et qu’elle a si longtemps cherchés ?
 
(94.0) 94:12.7 Tout Urantia attend que l’on proclame le message ennoblissant de Micaël, débarrassé des dogmes et doctrines accumulés au cours de dix-neuf siècles de contact avec les religions d’origine évolutionnaire. L’heure a sonné de présenter au bouddhisme, au christianisme, à l’hindouisme et même aux peuples de toutes les religions, non pas l’évangile à propos de Jésus, mais la réalité vivante et spirituelle de l’évangile de Jésus.
 
(94.0) 94:12.8 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]
 


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93. Machiventa Melchizédek

LIVRE D'URANTIA  -  Fascicule 93. Machiventa Melchizédek

(93.0) 93:0.1 Les Melchizédeks sont largement connus comme Fils de secours, car ils s’engagent dans une stupéfiante série d’activités sur les mondes d’un univers local. Quand un problème extraordinaire se pose ou qu’il faut tenter quelque chose d’inhabituel, c’est très souvent un Melchizédek qui en accepte la mission. L’aptitude des Fils Melchizédeks à opérer en cas d’urgence et sur des niveaux très diversifiés de l’univers, même sur le niveau physique de manifestation de la personnalité, est particulière à leur ordre. Seuls les Porteurs de Vie partagent, dans une certaine mesure, cette étendue métamorphique de fonctions de personnalité.
 
(93.0) 93:0.2 L’ordre Melchizédek de filiation universelle a été extrêmement actif sur Urantia. Un corps de douze d’entre eux a servi en liaison avec les Porteurs de Vie. Un corps ultérieur de douze assura l’administration provisoire de votre monde peu après la sécession de Caligastia et conserva l’autorité jusqu’à l’époque d’Adam et d’Ève. Ces douze Melchizédeks revinrent sur Urantia après la défaillance d’Adam et d’Ève, et continuèrent ensuite comme administrateurs provisoires de la planète jusqu’au jour où Jésus de Nazareth, en tant que Fils de l’Homme, devint Prince Planétaire titulaire d’Urantia.
 
1.L’incarnation de Machiventa

(93.0) 93:1.1 La vérité révélée fut menacée de disparition durant les millénaires qui suivirent l’avortement de la mission d’Adam sur Urantia. Intellectuellement, les races humaines faisaient des progrès, mais, spirituellement, elles perdaient lentement du terrain. Vers l’an 3 000 av. J.-C., le concept de Dieu était devenu très vague dans le mental des hommes.
 
(93.0) 93:1.2 Les douze administrateurs provisoires Melchizédeks étaient au courant du projet d’effusion de Micaël sur leur planète, mais ne savaient pas dans quel délai elle se produirait. C’est pourquoi ils se réunirent en conseil solennel et demandèrent aux Très Hauts d’Édentia que des dispositions fussent prises pour maintenir la lumière de la vérité sur Urantia. Cette demande fut rejetée avec la mention que “ la conduite des affaires sur la 606 de Satania est entièrement entre les mains des conservateurs Melchizédeks ”. Les administrateurs provisoires appelèrent alors à l’aide le Père Melchizédek, mais reçurent seulement la notification qu’ils devaient continuer à soutenir la vérité de la manière qu’ils auraient eux-mêmes choisie “ jusqu’à l’arrivée d’un Fils d’effusion ” qui “ sauverait de la déchéance et de l’incertitude les titres planétaires ”.
 
(93.0) 93:1.3 Ce fut comme conséquence de la réduction complète des douze administrateurs provisoires de la planète à leurs propres ressources que l’un d’eux, Machiventa Melchizédek, se porta volontaire pour faire ce qui n’avait été accompli que six fois dans toute l’histoire de Nébadon : se personnaliser temporairement sur terre comme un homme du royaume, s’effuser comme Fils de secours pour un ministère auprès du monde. Les autorités de Salvington accordèrent la permission de tenter cette aventure, et l’incarnation effective de Machiventa Melchizédek fut consommée près du lieu qui allait devenir la ville de Salem, en Palestine. Toute l’opération de la matérialisation de ce Fils Melchizédek fut accomplie par les administrateurs provisoires planétaires avec la coopération des Porteurs de Vie, de certains Maitres Contrôleurs Physiques et d’autres personnalités célestes résidant sur Urantia.
 
2. Le sage de Salem

(93.0) 93:2.1 C’est 1 973 ans avant la naissance de Jésus que Machiventa s’effusa sur les races humaines d’Urantia. Son arrivée n'eut rien de spectaculaire ; nul œil humain ne fut témoin de sa matérialisation. La première fois qu’un mortel l’observa fut le jour mémorable où il entra dans la tente d’Amdon, un éleveur chaldéen d’origine sumérienne. La proclamation de sa mission fut incorporée dans la simple déclaration qu’il fit à ce berger : “ Je suis Melchizédek, prêtre d’El Elyon, le Très Haut, le seul et unique Dieu. ”
 
(93.0) 93:2.2 Quand le berger fut revenu de son étonnement et eut accablé cet étranger de nombreuses questions, il demanda à Melchizédek de souper avec lui. Ce fut la première fois, dans sa longue carrière universelle, que Machiventa mangea des aliments matériels, la nourriture qui devait le sustenter pendant les quatre-vingt-quatorze ans de sa vie en tant qu’être matériel.
 
(93.0) 93:2.3 Cette nuit-là, tandis qu’ils conversaient sous les étoiles, Melchizédek inaugura sa mission de révéler la vérité de la réalité de Dieu lorsqu’avec un mouvement circulaire du bras, il se tourna vers Amdon en disant : “ El Elyon, le Très Haut, est le divin créateur des étoiles et du firmament, et même de cette terre sur laquelle nous vivons, et il est aussi le Dieu suprême du ciel. ”
 
(93.0) 93:2.4 En peu d’années, Melchizédek avait assemblé autour de lui un groupe d’élèves, de disciples et de croyants qui forma le noyau de la communauté ultérieure de Salem. Il fut bientôt connu dans toute la Palestine comme le prêtre d’El Elyon, le Très Haut, et comme le sage de Salem. Chez certaines tribus environnantes, on l’appelait souvent le cheikh ou le roi de Salem. Salem était le lieu qui, après la disparition de Melchizédek, devint la ville de Jébus, qui reçut plus tard le nom de Jérusalem.
 
(93.0) 93:2.5 Dans son apparence personnelle, Melchizédek ressemblait à un membre des peuples sumériens et nodites alors mêlés ; il avait presque 1m80 de haut et une prestance imposante. Il parlait le chaldéen et une demi-douzaine d’autres langues. Il s’habillait à la manière des prêtres de Canaan, sauf que, sur sa poitrine, il portait un emblème de trois cercles concentriques, le symbole de la Trinité du Paradis en usage dans Satania. Au cours de son ministère, cet insigne de trois cercles concentriques fut considéré par ses disciples comme tellement sacré qu’ils n’osèrent jamais s’en servir, et, après le passage de quelques générations, cet emblème fut vite oublié.
 
(93.0) 93:2.6 Bien que Machiventa ait vécu à la manière des hommes du royaume, il ne se maria jamais et n’aurait pas pu laisser de descendance sur terre. Tout en ressemblant à celui d’un homme, son corps physique était en réalité d’un ordre particulier, celui des corps spécialement construits employés par les cent membres matérialisés de l’état-major du Prince Caligastia, sauf qu’il ne portait le plasma vital d’aucune race humaine. L’arbre de vie n’était pas non plus disponible sur Urantia. Si Machiventa était resté sur terre pendant une longue période, son mécanisme physique se serait progressivement détérioré. Quoi qu’il en soit, il termina sa mission d’effusion en quatre-vingt-quatorze ans, bien avant que son corps matériel eût commencé à se désintégrer.
 
(93.0) 93:2.7 Ce Melchizédek incarné reçut un Ajusteur de Pensée qui habita sa personnalité suprahumaine comme moniteur du temps et mentor de la chair. Cet esprit du Père acquit aussi l’expérience et l’introduction pratique aux problèmes d’Urantia, ainsi que la technique d’habitation d’un Fils incarné. C’est grâce à cela qu’il put agir si valeureusement dans le mental humain du Fils de Dieu qui vint plus tard, lorsque Micaël apparut sur terre dans la similitude de la chair mortelle. C’est l’unique Ajusteur de Pensée qui ait jamais opéré deux fois dans un mental sur Urantia, mais, les deux fois, le mental était divin aussi bien qu’humain.
 
(93.0) 93:2.8 Durant son incarnation, Machiventa resta en contact continu avec ses onze compagnons du corps des conservateurs planétaires, mais il ne pouvait communiquer avec d’autres ordres de personnalités célestes. En dehors des administrateurs provisoires Melchizédeks, il n’avait pas plus de contact avec des intelligences suprahumaines qu’un être humain ordinaire.
 
3. Les enseignements de Melchizédek

(93.0) 93:3.1 Au bout d’une dizaine d’années, Melchizédek organisa ses écoles à Salem en les modelant sur l’antique système développé par les premiers prêtres séthites du second Éden. Même l’idée de la dime, qui fut introduite par celui qu’il convertit plus tard, Abraham, dérivait aussi des traditions persistantes concernant les méthodes des anciens séthites..
 
(93.0) 93:3.2 Melchizédek enseigna le concept d’un Dieu unique, d’une Déité universelle, mais il permit au peuple d'associer cet seignement au Père de la Constellation de Norlatiadek, qu’il appelait El Elyon – le Très Haut. Melchizédek garda à peu près le silence sur le statut de Lucifer et l’état des affaires sur Jérusem. Lanaforge, le Souverain du Système, eut peu à s’occuper d’Urantia avant que Micaël y eût achevé son effusion. Pour la majorité des étudiants de Salem, Édentia était le ciel, et le Très Haut était Dieu.
 
(93.0) 93:3.3 Le symbole des trois cercles concentriques, que Melchizédek adopta comme insigne de son effusion, fut interprété par la plupart des gens comme représentant les trois royaumes des hommes, des anges et de Dieu. Melchizédek les laissa persister dans cette croyance ; très peu de ses disciples surent jamais que ces trois cercles étaient emblématiques de l’infinité, de l’éternité et de l’universalité de la Trinité du Paradis, qui entretient l’univers et le dirige divinement. Même Abraham regardait plutôt ce symbole comme représentant les trois Très Hauts d’Édentia, car on lui avait appris que les trois Pères de la Constellation agissaient comme un. Dans la mesure où Melchizédek enseigna le concept de la Trinité symbolisé par son insigne, il l’associa généralement aux trois chefs Vorondadeks de la constellation de Norlatiadek.
 
(93.0) 93:3.4 Pour la troupe de ses partisans, il ne fit aucun effort pour présenter des enseignements dépassant le sujet du gouvernement des Très Hauts d’Édentia – les Dieux d’Urantia. Melchizédek enseigna toutefois à certains des vérités supérieures, y compris la conduite et l’organisation de l’univers local. Mais, à son brillant disciple Nordan le Kénite et à son groupe d’étudiants assidus, il enseigna les vérités du superunivers et même de Havona.
 
(93.0) 93:3.5 Les membres de la famille de Katro, chez qui Melchizédek vécut pendant plus de trente ans, connurent beaucoup de ces vérités supérieures et les perpétuèrent longtemps dans leurs familles, même jusqu’à l’époque de leur illustre descendant Moïse. Celui-ci se trouva ainsi en possession d’une tradition du temps de Melchizédek faisant autorité, car elle lui avait été transmise par la branche paternelle de ses ancêtres et aussi par d’autres sources touchant sa branche maternelle.
 
(93.0) 93:3.6 Melchizédek enseigna à ses disciples tout ce qu’ils étaient capables d’absorber et d’assimiler. Bien des idées religieuses modernes concernant le ciel et la terre, l’homme, Dieu et les anges ne sont pas très éloignées de ces enseignements de Melchizédek. Mais ce grand instructeur subordonna tout à la doctrine d’un Dieu unique, une Déité universelle, un Créateur céleste, un Père divin. Il insista sur cet enseignement pour faire appel à l’adoration humaine et préparer le chemin à l’apparition ultérieure de Micaël en tant que Fils de ce même Père Universel.
 
(93.0) 93:3.7 Melchizédek enseigna qu’à un moment donné dans l’avenir, un autre Fils de Dieu viendrait s’incarner comme lui-même, mais qu’il naitrait d’une femme ; c’est pourquoi de nombreux éducateurs ultérieurs soutinrent que Jésus était un prêtre, ou ministre "pour toujours selon l’ordre de Melchizédek ”.
 
(93.0) 93:3.8 C’est ainsi que Melchizédek prépara la voie et établit le stade monothéiste de la tendance du monde pour l’effusion d’un véritable Fils Paradisiaque de ce Dieu unique qu’il décrivait d’une manière si vivante comme le Père de tous, et qu’il représenta à Abraham comme un Dieu acceptant les hommes sous la simple condition d’une foi personnelle. Quand Micaël apparut sur terre, il confirma tout ce que Melchizédek avait enseigné au sujet du Père du Paradis.
 
4. La religion de Salem

(93.0) 93:4.1 Les cérémonies du culte de Salem étaient fort simples. Toute personne qui signait sur les tablettes d’argile des listes de l’église Melchizédek, ou y apposait une marque, apprenait par cœur le credo suivant et y souscrivait :
 
  (93.0) 93:4.2 1.Je crois en El Elyon, le Dieu Très Haut, le seul Père Universel et Créateur de toutes choses.
 
  (93.0) 93:4.3 2.J’accepte l’alliance de Melchizédek avec le Très Haut, selon laquelle la faveur de Dieu est accordée à ma foi, et non à des sacrifices et à des offrandes consumées.
 
  (93.0) 93:4.4 3.Je promets d’obéir aux sept commandements de Melchizédek et d’annoncer à tous les hommes la bonne nouvelle de cette alliance avec le Très Haut.
 
(93.0) 93:4.5 Le crédo de la colonie de Salem se bornait à cela, mais même cette courte et simple déclaration de foi était excessive et trop avancée pour les hommes de cette époque. Ils n’étaient pas encore capables de saisir l’idée que la faveur divine s’obtient gratuitement – par la foi. Ils étaient trop profondément confirmés dans la croyance que les hommes sont nés déchus par rapport aux dieux. Ils avaient fait trop longtemps et avec trop de conviction des dons aux prêtres et des sacrifices aux dieux pour être capables de comprendre la bonne nouvelle que le salut, la faveur divine, était accordé gracieusement à tous ceux qui voulaient croire à l’alliance de Melchizédek. Mais Abraham y crut timidement, et même cela lui fut “ imputé à justice ”.
 
(93.0) 93:4.6 Les sept commandements promulgués par Melchizédek étaient modelés sur l’ancienne loi suprême de Dalamatia et ressemblaient beaucoup à ceux qui avaient été enseignés dans le premier et le second Éden. Ces commandements de la religion de Salem étaient les suivants :
 
  (93.0) 93:4.7 1.Tu ne serviras point d’autre Dieu que le Très Haut Créateur du ciel et de la terre.
 
  (93.0) 93:4.8 2.Tu ne douteras pas que la foi soit la seule condition requise pour le salut éternel.
 
  (93.0) 93:4.9 3.Tu ne porteras pas de faux témoignage.
 
  (93.0) 93:4.10 4.Tu ne tueras pas.
 
  (93.0) 93:4.11 5.Tu ne déroberas pas.
 
  (93.0) 93:4.12 6.Tu ne commettras pas d’adultère.
 
  (93.0) 93:4.13 7.Tu ne manqueras pas d’égards envers tes parents et tes ainés.
 
(93.0) 93:4.14 Aucun sacrifice n’était autorisé à l’intérieur de la colonie, mais Melchizédek savait combien il est difficile de déraciner brusquement des coutumes établies depuis longtemps ; en conséquence, il avait sagement offert à ces gens de substituer un sacrement de pain et de vin à l’ancien sacrifice de chair et de sang. Vos Écritures rapportent que “ Melchizédek, roi de Salem, fit apporter du pain et du vin ”. Mais même cette prudente innovation ne fut pas entièrement couronnée de succès ; les diverses tribus entretinrent toutes, aux abords de Salem, des centres auxiliaires où elles offraient des sacrifices et brulaient des offrandes. Abraham lui-même eut recours à cette pratique barbare après sa victoire sur Kedorlaomer ; simplement, il ne se sentait pas complètement à l’aise avant d’avoir offert un sacrifice classique. Melchizédek ne réussit en fait jamais à extirper totalement cette tendance aux sacrifices des pratiques religieuses de ses disciples, même chez Abraham.
 
(93.0) 93:4.15 À l’instar de Jésus, Melchizédek s’appliqua strictement à remplir la mission de son effusion. Il n’essaya pas de réformer les mœurs, de changer les habitudes du monde, ni même de promulguer des pratiques hygiéniques avancées ou des vérités scientifiques. Il vint accomplir deux tâches : garder vivante sur terre la vérité du Dieu unique et préparer le chemin pour l’effusion ultérieure en tant que mortel d’un Fils Paradisiaque de ce Père Universel.
 
(93.0) 93:4.16 Melchizédek enseigna à Salem les éléments de la vérité révélée, et cela pendant quatre-vingt-quatorze ans durant lesquels Abraham fréquenta l’école de Salem à trois reprises différentes. Abraham se convertit finalement aux enseignements de Salem et devint l’un des plus brillants élèves et l’un des principaux soutiens de Melchizédek.
 
5. La sélection d’Abraham

(93.0) 93:5.1 Bien qu’il puisse être erroné de parler d’un “ peuple élu ”, ce n’est pas une erreur d’appeler Abraham un “ élu ”. De fait, Melchizédek confia à Abraham la responsabilité de maintenir vivante la vérité d’un Dieu unique en contraste avec la croyance prédominante à des déités multiples.
 
(93.0) 93:5.2 Le choix de la Palestine comme siège des activités de Machiventa fut en partie basé sur le désir d’établir le contact avec une famille humaine incorporant le potentiel des qualités de chef. À l’époque de l’incarnation de Melchizédek, beaucoup de familles terrestres étaient tout aussi bien préparées que celle d’Abraham à recevoir la doctrine de Salem. Il y avait des familles également douées parmi les hommes rouges, les hommes jaunes et les descendants des Andites de l’Ouest et du Nord. Mais, encore une fois, aucun de leurs lieux de séjour n’était aussi bien situé que la rive orientale de la mer Méditerranée pour l’apparition ultérieure de Micaël sur terre. La mission de Melchizédek en Palestine et la venue subséquente de Micaël chez le peuple hébreu furent en grande partie déterminées par la géographie, du fait que la Palestine occupait un emplacement central par rapport au commerce, aux routes de voyage et à la civilisation alors existants sur la planète.
 
(93.0) 93:5.3 Pendant un certain temps, les administrateurs provisoires Melchizédeks avaient observé les ancêtres d’Abraham et ils escomptaient avec confiance que, dans une génération donnée, il naitrait un descendant caractérisé par l’intelligence, l’initiative, la sagacité et la sincérité. Les enfants de Térach, père d’Abraham, répondaient en tous points à cette attente. La possibilité de contact avec ces enfants de Térach aux talents variés joua un rôle considérable dans l’apparition de Machiventa à Salem plutôt qu’en Égypte, en Chine, aux Indes ou parmi les tribus du Nord.
 
(93.0) 93:5.4 Térach et sa famille étaient à moitié convertis à la religion de Salem, qui avait été prêchée en Chaldée. Ils entendirent parler de Melchizédek par les sermons d’Ovide, un éducateur phénicien qui proclama les doctrines de Salem à Ur. La famille de Térach quitta Ur avec l’intention de se rendre directement à Salem, mais Nahor, frère d’Abraham, n’ayant pas vu Melchizédek, était peu enthousiaste et les persuada de s’arrêter à Haran. Il fallut très longtemps, après leur arrivée en Palestine, pour qu’ils se décidassent à détruire tous les dieux lares qu’ils avaient emportés avec eux ; ils furent lents à renoncer aux nombreux dieux de Mésopotamie en faveur du Dieu unique de Salem.
 
(93.0) 93:5.5 Quelques semaines après la mort de Térach, père d’Abraham, Melchizédek envoya l’un de ses étudiants, Jaram le Hittite, porter à Abraham et à Nahor l’invitation suivante : “ Venez à Salem où vous entendrez nos enseignements sur la vérité du Créateur éternel, et le monde entier sera béni par la descendance éclairée des deux frères que vous êtes. ” Or Nahor n’avait pas entièrement accepté l’évangile de Melchizédek ; il resta en arrière et bâtit une puissante cité-État qui porta son nom ; mais Lot, neveu d’Abraham, décida d’accompagner son oncle à Salem.
 
(93.0) 93:5.6 En arrivant à Salem, Abraham et Lot choisirent une forteresse sur une colline proche de la ville, où ils pouvaient se défendre contre les nombreuses attaques par surprise des pillards du Nord. À cette époque, les Hittites, les Assyriens, les Philistins et d’autres groupes pillaient constamment les tribus du centre et du Sud de la Palestine. Partant de leur abri fortifié dans les collines, Abraham et Lot firent de fréquents pèlerinages à Salem.
 
(93.0) 93:5.7 Peu après s’être établis à Salem, Abraham et Lot se rendirent dans la vallée du Nil pour obtenir des vivres, car une sécheresse sévissait alors en Palestine. Durant son bref séjour en Égypte, Abraham trouva un lointain parent sur le trône d'Egypte et servit comme commandant de deux expéditions militaires très réussies pour ce roi. Durant la dernière partie de son séjour sur les bords du Nil, Abraham et sa femme Sarah vécurent à la cour. Lorsqu’Abraham quitta l’Égypte, il reçut une part du butin de ses campagnes militaires.
 
(93.0) 93:5.8 Il lui fallut une grande détermination pour se décider à renoncer aux honneurs de la cour égyptienne et à reprendre le travail plus spirituel parrainé par Machiventa. Mais Melchizédek était révéré même en Égypte et, quand toute l’histoire fut expliquée au Pharaon, ce dernier incita vivement Abraham à retourner accomplir ses vœux en faveur de la cause de Salem.
 
(93.0) 93:5.9 Abraham avait des ambitions de roi ; sur le chemin du retour d’Égypte, il exposa à Lot son plan pour subjuguer tout Canaan et amener son peuple sous l’autorité de Salem. Lot s’intéressait davantage aux affaires, si bien qu’après un désaccord ultérieur, il se rendit à Sodome et se lança dans le commerce et l’élevage des animaux. Lot n’aimait ni la vie militaire ni la vie de gardien de troupeaux.
 
(93.0) 93:5.10 Après être retourné avec sa famille à Salem, Abraham murit ses projets militaires. Il fut bientôt reconnu comme chef civil du territoire de Salem ; il avait confédéré sept tribus avoisinantes sous son commandement. En vérité, ce fut avec grande difficulté que Melchizédek freina Abraham, qui était enflammé de zèle et voulait rassembler les tribus du voisinage à la pointe de l’épée pour les amener à connaitre ainsi plus rapidement les vérités de Salem.
 
(93.0) 93:5.11 Melchizédek entretenait des relations pacifiques avec toutes les tribus des environs, il n’était pas militariste et ne fut jamais attaqué par aucune de leurs armées au cours de leurs mouvements d’avance et de recul. Il était tout à fait d’accord pour qu’Abraham formulât une politique défensive pour Salem, telle qu’elle fut mise en œuvre ultérieurement, mais il n’approuvait pas les ambitieux projets de conquête de son élève. Ils se séparèrent donc à l’amiable, et Abraham se rendit à Hébron pour y établir sa capitale militaire.
 
(93.0) 93:5.12 À cause de ses rapports étroits avec l’illustre Melchizédek, Abraham possédait un grand avantage sur les roitelets des alentours ; ils révéraient tous Melchizédek et craignaient indument Abraham. Abraham connaissait cette peur et n’attendait qu’une occasion favorable pour attaquer ses voisins ; le prétexte se présenta lorsque certains chefs émirent la prétention de razzier les biens de son neveu Lot qui demeurait à Sodome. À cette nouvelle, Abraham, à la tête de ses sept tribus confédérées, s’avança sur l’ennemi. Sa propre garde du corps de 318 hommes formait les cadres de l’armée de plus de 4 000 guerriers qui lancèrent l’attaque à cette occasion.
 
(93.0) 93:5.13 Lorsque Melchizédek apprit qu’Abraham avait déclaré la guerre, il partit pour le dissuader, mais ne le rattrapa qu’au moment où son ancien disciple revenait victorieux de la bataille. Abraham affirma avec insistance que le Dieu de Salem lui avait procuré la victoire sur ses ennemis et s’obstina à donner le dixième de son butin au trésor de Salem. Quant aux neuf autres dixièmes, il les emporta dans sa capitale à Hébron.
 
(93.0) 93:5.14 Après cette bataille de Siddim, Abraham devint chef d’une seconde confédération de onze tribus, et non seulement il paya la dime à Melchizédek, mais il veilla aussi à ce que tout le monde dans le voisinage en fît autant. Ses tractations diplomatiques avec le roi de Sodome, ainsi que la peur qu’il inspirait généralement, eurent pour résultat que le roi de Sodome et d’autres se joignirent à la confédération militaire d’Hébron ; Abraham était réellement bien en voie d’établir un puissant État en Palestine.
 
6. L’alliance de Melchizédek avec Abraham

(93.0) 93:6.1 Abraham envisageait la conquête de tout Canaan, et sa détermination était seulement affaiblie par le fait que Melchizédek ne voulait pas sanctionner l’entreprise. Mais Abraham avait à peu près décidé de s’y lancer lorsque la pensée qu’il n’avait pas de fils pour lui succéder comme chef du royaume envisagé commença à le tracasser. Il arrangea une nouvelle conférence avec Melchizédek, et ce fut au cours de cet entretien que le prêtre de Salem, ce Fils visible de Dieu, persuada Abraham d’abandonner son plan de conquêtes matérielles et de souveraineté temporelle en faveur du concept spirituel du royaume des cieux.
 
(93.0) 93:6.2 Melchizédek expliqua à Abraham la futilité de lutter contre la confédération des Amorites, mais il lui fit également comprendre que ces clans arriérés se suicidaient certainement par leurs stupides pratiques ; au bout de quelques générations, ils seraient tellement affaiblis que les descendants d’Abraham, dont le nombre se serait grandement accru entretemps, pourraient facilement les vaincre.
 
(93.0) 93:6.3 Melchizédek conclut alors avec lui une alliance formelle à Salem. Il dit à Abraham : “ Regarde maintenant les cieux et compte les étoiles si tu peux ; ta semence sera aussi nombreuse qu’elles. ” Et Abraham crut Melchizédek, “ et cela lui fut imputé à justice ”. Ensuite, Melchizédek raconta à Abraham l’histoire de la future occupation de Canaan par ses descendants après leur séjour en Égypte.
 
(93.0) 93:6.4 L’alliance de Melchizédek avec Abraham représente le grand accord urantien entre la divinité et l’humanité, selon lequel Dieu accepte de tout faire, l’homme acceptant seulement de croire à la promesse de Dieu et de suivre ses instructions. Auparavant, on croyait que le salut ne pouvait être assuré que par les œuvres – les sacrifices et les offrandes. Maintenant, Melchizédek apportait, de nouveau à Urantia, la bonne nouvelle que le salut, la faveur de Dieu, doit être acquis par la foi. Mais cet évangile de simple foi en Dieu était trop avancé ; les hommes des tribus sémitiques préférèrent ultérieurement revenir aux anciens sacrifices et à l’expiation des péchés par versement de sang.
 
(93.0) 93:6.5 Peu de temps après l’établissement de cette alliance, Isaac, le fils d’Abraham, naquit conformément à la promesse de Melchizédek. Après la naissance d’Isaac, Abraham prit très au sérieux son alliance avec Melchizédek et se rendit à Salem pour la faire confirmer par écrit. Ce fut lors de cette acceptation publique et officielle de l’alliance qu’il changea son nom d’Abram pour celui d’Abraham.
 
(93.0) 93:6.6 La plupart des croyants de Salem avaient pratiqué la circoncision, bien qu’elle n’eût jamais été rendue obligatoire par Melchizédek. Abraham s’était toujours tellement opposé à la circoncision qu’en cette occasion il décida de célébrer l’évènement en acceptant solennellement ce rite en gage de la ratification de l’alliance de Salem.
 
(93.0) 93:6.7 Ce fut à la suite de cet abandon réel et public de ses ambitions personnelles en faveur des plans plus vastes de Melchizédek, que les trois êtres célestes apparurent à Abraham dans la plaine de Mamré. Ils apparurent effectivement, malgré leur association avec les récits ultérieurs, fabriqués de toutes pièces, relatifs à la destruction naturelle de Sodome et Gomorrhe. Et ces légendes des évènements de ce temps montrent combien la morale et l’éthique étaient arriérées, même à cette époque relativement récente.
 
(93.0) 93:6.8 Après la consommation de cette alliance solennelle, la réconciliation entre Abraham et Melchizédek fut complète. Abraham reprit la direction civile et militaire de la colonie de Salem. À l’apogée du développement de cette colonie, les listes de la fraternité Melchizédek comportaient plus de cent-mille noms de personnes payant la dime. Abraham améliora grandement le temple de Salem et fournit de nouvelles tentes pour toute l’école. Non seulement il étendit le système de la dime, mais il institua aussi nombre de meilleures méthodes pour mener les affaires de l’école ; en outre, il contribua grandement à mieux gérer le département de la propagande missionnaire. Il apporta aussi une importante contribution à l’amélioration du bétail et à la réorganisation des projets de Salem concernant les produits laitiers. Abraham était un homme d’affaires sagace et efficace, un homme riche pour son époque ; il n’était pas pieux à l’excès, mais il était entièrement sincère et croyait vraiment en Machiventa Melchizédek.
 
7. Les missionnaires de Melchizédek

(93.0) 93:7.1 Melchizédek continua pendant quelques années à instruire ses étudiants et à entrainer les missionnaires de Salem. Ceux-ci pénétrèrent dans toutes les tribus environnantes, spécialement en Égypte, en Mésopotamie et en Asie Mineure. À mesure que les décennies s’écoulaient, ces éducateurs atteignirent des points de plus en plus éloignés de Salem, emportant avec eux l’évangile de croyance et de foi en Dieu selon Machiventa.
 
(93.0) 93:7.2 Les descendants d’Adamson, groupés autour des rives du lac de Van, écoutaient volontiers les éducateurs hittites du culte de Salem. À partir de ce centre, jadis andite, des instructeurs furent envoyés dans les régions lointaines d’Europe et d’Asie. Les missionnaires de Salem pénétrèrent dans toute l’Europe, y compris les iles Britanniques. Un groupe passa par les iles Féroé pour aller chez les Andonites d’Islande, tandis qu’un autre groupe traversa la Chine et joignit les Japonais des iles orientales. La vie et les expériences de ces hommes et de ces femmes qui partirent à l’aventure de Salem, de Mésopotamie et du lac de Van pour éclairer les tribus de l’hémisphère oriental, représentent un chapitre héroïque dans les annales de la race humaine.
 
(93.0) 93:7.3 Mais la tâche était si grande et les tribus si arriérées que les résultats furent vagues et imprécis. D’une génération à l’autre, l’évangile de Salem trouvait sa place çà et là, mais, sauf en Palestine, jamais l’idée d’un seul Dieu ne put prétendre à l’allégeance continue d’une tribu ou d’une race entière. Longtemps avant l’arrivée de Jésus, les enseignements des premiers missionnaires de Salem avaient généralement été noyés dans les anciennes superstitions et croyances plus répandues. L’évangile originel de Melchizédek avait été à peu près entièrement résorbé dans les croyances à la Grande Mère, au Soleil et autres anciens cultes.
 
(93.0) 93:7.4 Vous qui bénéficiez aujourd’hui des avantages de l’imprimerie, vous comprenez mal combien il était difficile de perpétuer la vérité dans l’antiquité, et combien facilement une nouvelle doctrine était perdue de vue entre une génération et la suivante. La nouvelle doctrine tendait toujours à être résorbée dans l’ancien corps d’enseignement religieux et de pratiques magiques. Une révélation nouvelle est toujours contaminée par les croyances évolutionnaires plus anciennes.
 
8. Le départ de Melchizédek

(93.0) 93:8.1 Ce fut peu après la destruction de Sodome et de Gomorrhe que Machiventa décida de mettre fin à son effusion de secours sur Urantia. La décision de Melchizédek de terminer son séjour dans la chair fut influencée par de nombreux facteurs dont le principal était la tendance croissante des tribus environnantes, et même de ses associés immédiats, à le regarder comme un demi-dieu, à le considérer comme un être surnaturel, ce qu’il était d’ailleurs réellement ; mais on commençait à le révérer indument et avec une crainte hautement superstitieuse. Outre ces raisons, Melchizédek voulait quitter le cadre de ses activités terrestres suffisamment longtemps avant la mort d’Abraham pour assurer que la vérité d’un seul et unique Dieu s’établirait fortement dans le mental de ses disciples. En conséquence, Machiventa se retira un soir sous sa tente de Salem après avoir souhaité bonne nuit à ses compagnons humains, et, lorsque ceux-ci vinrent l’appeler le lendemain matin, il n’était plus là, car ses pareils l’avaient enlevé.
 
9. Après le départ de Melchizédek

(93.0) 93:9.1 La disparition si soudaine de Melchizédek fut une grande épreuve pour Abraham. Bien que Machiventa eût pleinement averti ses disciples qu’il lui faudrait un jour s’en aller comme il était venu, ils n’étaient pas résignés à perdre leur merveilleux chef. La grande organisation bâtie à Salem disparut presque entièrement, bien que Moïse se fût appuyé sur les traditions de cette époque pour conduire les esclaves hébreux hors d’Égypte.
 
(93.0) 93:9.2 La perte de Melchizédek laissa dans le cœur d’Abraham une tristesse dont il ne se remit jamais complètement. Il avait abandonné Hébron quand il avait renoncé à l’ambition de bâtir un royaume matériel. Maintenant, ayant perdu son associé dans l’édification du royaume spirituel, il quitta Salem en direction du sud pour vivre à proximité de ses intérêts à Gérar.
 
(93.0) 93:9.3 Immédiatement après la disparition de Melchizédek, Abraham devint craintif et timoré. Il cacha son identité en arrivant à Gérar, de sorte qu’Abimélech s’appropria sa femme. (Peu après son mariage avec Sarah, Abraham avait, une nuit, surpris un complot pour l’assassiner et s’emparer de sa brillante épouse. Cette crainte devint une terreur pour ce chef par ailleurs brave et audacieux ; durant toute sa vie, il craignit que quelqu’un le tuât secrètement pour prendre Sarah. Ceci explique pourquoi, en trois occasions différentes, cet homme courageux fit preuve d’une réelle lâcheté.)
 
(93.0) 93:9.4 Mais Abraham ne devait pas être détourné longtemps de sa mission comme successeur de Melchizédek. Il fit bientôt des conversions chez les Philistins et le peuple d’Abimélech, puis signa un traité avec eux. En revanche, il fut contaminé par nombre de leurs superstitions, en particulier par leur pratique de sacrifier le fils ainé de chaque famille. C’est ainsi qu’Abraham redevint un grand chef en Palestine. Tous les groupes le révéraient et tous les rois l’honoraient. Il était le chef spirituel de toutes les tribus environnantes, et son influence persista quelque temps après sa mort. Durant les dernières années de sa vie, il retourna une fois de plus à Hébron, le cadre de ses premières activités et le lieu où il avait travaillé en association avec Melchizédek. Le dernier acte d’Abraham fut d’envoyer de fidèles serviteurs à la ville de son frère, Nahor, à la frontière de Mésopotamie, pour s’assurer une fille de son propre peuple comme femme pour son fils Isaac. Les membres du groupe d’Abraham avaient, depuis longtemps, la coutume de se marier entre cousins, et Abraham mourut confiant dans la foi en Dieu, qu’il avait apprise de Melchizédek dans les écoles disparues de Salem.
 
(93.0) 93:9.5 La génération suivante eut de la peine à comprendre l’histoire de Melchizédek. En moins de cinq-cents ans, beaucoup considérèrent tout le récit comme un mythe. Isaac resta assez proche des enseignements de son père et maintint l’évangile de la colonie de Salem, mais il fut plus difficile à Jacob de saisir le sens de ces traditions. Joseph croyait fermement en Melchizédek, et ce fut largement à cause de cela que ses frères le considérèrent comme un rêveur. Les honneurs conférés à Joseph en Égypte étaient principalement dus à la mémoire de son arrière grand-père Abraham. Joseph reçut l’offre de commander les armées égyptiennes, mais, en raison de la fermeté avec laquelle il croyait aux traditions de Melchizédek et aux enseignements ultérieurs d’Abraham et d’Isaac, il choisit de servir comme administrateur civil, estimant qu’il pourrait ainsi mieux travailler au progrès du royaume des cieux.
 
(93.0) 93:9.6 L’enseignement de Melchizédek fut complet et surabondant, mais les récits de cette époque parurent impossibles et fantastiques aux prêtres hébreux ultérieurs, quoique beaucoup d’entre eux aient quelque peu compris ces évènements, au moins jusqu’à l’époque où les annales de l’Ancien Testament furent remaniées en masse à Babylone.
 
(93.0) 93:9.7 Ce que les récits de l’Ancien Testament décrivent comme des conversations entre Abraham et Dieu étaient en réalité des entretiens entre Abraham et Melchizédek. Les scribes prirent plus tard le mot Melchizédek pour un synonyme de Dieu. L’histoire des multiples contacts d’Abraham et de Sarah avec “ l’ange du Seigneur ” se réfère à leurs nombreuses visites à Melchizédek.
 
(93.0) 93:9.8 Les récits hébraïques sur Isaac, Jacob et Joseph sont beaucoup plus dignes de foi que ceux concernant Abraham, bien qu’eux aussi s’écartent souvent des faits. Les altérations furent effectuées tantôt intentionnellement, tantôt sans dessein, à l’époque de la compilation de ces histoires par les prêtres hébreux durant la captivité à Babylone. Kétura n’était pas une femme d’Abraham ; elle était simplement une concubine comme Agar. Tous les biens d’Abraham furent dévolus à Isaac, fils de Sarah, sa femme statutaire. Abraham n’était pas aussi vieux que l’histoire le raconte, et sa femme était beaucoup plus jeune que lui. Leurs âges furent délibérément changés pour cadrer avec la prétendue naissance miraculeuse ultérieure d’Isaac.
 
(93.0) 93:9.9 L’ego national des Juifs fut terriblement rabaissé par la captivité à Babylone. Dans leur réaction contre leur infériorité nationale, ils allèrent à l’autre extrême de l’égotisme national et racial ; ils pervertirent et déformèrent leurs traditions pour s’exalter au-dessus de toutes les races en tant que peuple élu de Dieu ; en conséquence, ils remanièrent soigneusement tous leurs documents dans le but d’élever Abraham et leurs autres chefs nationaux très au-dessus de toutes les autres personnes, sans en excepter Melchizédek lui-même. Les scribes hébreux détruisirent donc toutes les archives qu’ils purent trouver de cette époque mémorable, en ne conservant que le récit de la rencontre d’Abraham avec Melchizédek après la bataille de Siddim qui, d’après eux, faisait rejaillir un grand honneur sur Abraham.
 
(93.0) 93:9.10 Ainsi, en perdant de vue Melchizédek, les scribes perdaient aussi de vue l’enseignement de ce Fils de secours concernant la mission spirituelle du Fils d’effusion promis. La nature de cette mission tomba si complètement dans l’oubli que très peu de leurs descendants furent capables ou désireux de reconnaitre et d’accepter Micaël lorsqu’il apparut incarné sur terre, comme Machiventa l’avait annoncé.
 
(93.0) 93:9.11 Mais l’un des écrivains du Livre des Hébreux comprit la mission de Melchizédek, car il est écrit : “ Ce Melchizédek, prêtre du Très Haut, était aussi roi de paix ; sans père, sans mère, sans généalogie, n’ayant ni commencement de jours ni fin de vie, mais créé semblable à un Fils de Dieu, il demeure prêtre à perpétuité. ” Cet écrivain désignait Melchizédek comme un modèle de l’effusion ultérieure de Micaël, affirmant que Jésus était “ un ministre pour toujours selon l’ordre de Melchizédek ”. Bien que cette comparaison ne soit pas très heureuse, il est littéralement vrai que le Christ reçut un titre provisoire sur Urantia “ selon les ordres des douze administrateurs provisoires Melchizédeks ” en fonction à l’époque de son effusion sur cette planète.
 
10. Le présent statut de Machiventa Melchizédek

(93.0) 93:10.1 Durant les années d’incarnation de Machiventa, les Melchizédeks administrateurs provisoires d’Urantia opérèrent au nombre de onze. Lorsque Machiventa estima que sa mission de Fils de secours était terminée, il signala le fait à ses onze associés, qui préparèrent immédiatement la technique par laquelle il serait dégagé de la chair et rétabli avec sécurité dans son statut originel de Melchizédek. Le troisième jour après sa disparition de Salem, il apparut parmi ses onze collègues en mission sur Urantia et reprit sa carrière interrompue comme l’un des administrateurs provisoires planétaires de la 606 de Satania.
 
(93.0) 93:10.2 Machiventa termina son effusion en tant que créature de chair et de sang tout aussi soudainement et discrètement qu’il l’avait commencée. Ni son apparition ni son départ ne furent accompagnés par une annonce spéciale ou une démonstration quelconque ; ni appel nominal de résurrection ni fin de dispensation planétaire ne marquèrent son apparition sur Urantia ; il s’agissait d’une effusion de secours d’urgence. Toutefois, Machiventa ne mit pas fin à son incarnation humaine avant d’avoir été dument libéré par le Père Melchizédek et informé que l’exécution de sa mission de secours avait été approuvée par le chef exécutif de Nébadon, Gabriel de Salvington.
 
(93.0) 93:10.3 Machiventa Melchizédek continua à prendre grand intérêt aux affaires des descendants des hommes qui avaient cru à ses enseignements pendant son incarnation. Mais les descendants d’Abraham par Isaac, dans la ligne où ils se marièrent avec les Kénites, furent les seuls qui continuèrent à entretenir longtemps un certain concept clair des enseignements de Salem.
 
(93.0) 93:10.4 Durant les dix-neuf siècles suivants, ce Melchizédek collabora d’une façon continue avec de nombreux prophètes et voyants, s’efforçant ainsi de garder vivantes les vérités de Salem jusqu’à la plénitude des temps pour l’apparition de Micaël sur terre.
 
(93.0) 93:10.5 Machiventa poursuivit ses activités d’administrateur provisoire planétaire jusqu’à l’époque du triomphe de Micaël sur Urantia. Par la suite, il fut attaché au service d’Urantia, sur Jérusem, comme l’un des vingt-quatre administrateurs et vient tout récemment d’être élevé à la position d’ambassadeur personnel du Fils Créateur sur Jérusem, avec le titre de Prince Planétaire Vice-gérant d’Urantia. Nous croyons que, tant qu’Urantia restera une planète habitée, Machiventa Melchizédek ne sera pas invité à reprendre pleinement les devoirs de son ordre de filiation, mais restera toujours, parlant au sens du temps, un ministre planétaire représentant Christ Micaël.
 
(93.0) 93:10.6 Puisque sa mission sur Urantia était une mission de secours, les annales ne font pas ressortir ce que pourra être l’avenir de Machiventa. Il peut se révéler que le corps des Melchizédeks de Nébadon a été définitivement amputé d’un de ses membres. Des ordonnances récentes, transmises par les Très Hauts d’Édentia et confirmées ensuite par les Anciens des Jours d’Uversa, donnent fortement à penser que ce Melchizédek d’effusion est destiné à prendre la place de Caligastia, le Prince Planétaire déchu. Si nos hypothèses à ce sujet sont correctes, il est tout à fait possible que Machiventa Melchizédek réapparaisse en personne sur Urantia et reprenne d’une manière modifiée le rôle du Prince Planétaire détrôné ; ou bien encore il vienne sur terre pour agir comme Prince Planétaire vice-gérant représentant Christ Micaël, qui détient actuellement le titre de Prince Planétaire d’Urantia. Bien que nous soyons loin de voir clair sur la destinée de Machiventa, des évènements survenus récemment suggèrent sérieusement que les suppositions formulées ne sont probablement pas très éloignées de la vérité.
 
(93.0) 93:10.7 Nous comprenons bien comment, par son triomphe sur Urantia, Micaël devint à la fois le successeur de Caligastia et d’Adam, le Prince planétaire de la Paix et le second Adam. Maintenant, nous voyons conférer à Machiventa le titre de Prince Planétaire Vice-gérant d’Urantia. Sera-t-il aussi nommé Fils Matériel Vice-gérant d’Urantia ? Ou bien y a-t-il une possibilité qu’ait lieu un évènement inattendu et sans précédent, tel que le retour sur la planète, à un moment ou à un autre, d’Adam et d’Ève ou de certains de leurs descendants comme représentants de Micaël avec les titres de vice-gérants du second Adam d’Urantia ?
 
(93.0) 93:10.8 Toutes ces spéculations associées à la certitude que des Fils Magistraux et des Fils Instructeurs de la Trinité apparaitront dans l’avenir, en liaison avec la promesse explicite du Fils Créateur de revenir un jour, font d’Urantia une planète à l’avenir incertain et la rendent une des sphères les plus intéressantes et les plus mystérieuses de l’univers de Nébadon. Il est tout à fait possible que, dans un âge futur où Urantia s’approchera de l’ère de lumière et de vie, après que les affaires de la rébellion de Lucifer et de la sécession de Caligastia auront été définitivement jugées, nous puissions y observer la présence simultanée de Machiventa, d’Adam et d’Ève, de Christ Micaël, ainsi que d’un Fils Magistral ou même de Fils Instructeurs de la Trinité.
 
(93.0) 93:10.9 L’opinion a prévalu depuis longtemps dans notre ordre que la présence de Machiventa dans le corps des administrateurs d’Urantia pour Jérusem, parmi les vingt-quatre conseillers, est une preuve suffisante pour justifier la croyance que Machiventa est destiné à suivre les mortels d’Urantia à travers tout le plan universel de progression et d’ascension, même jusqu’au Corps paradisiaque de la Finalité. Nous savons qu’Adam et Ève sont ainsi destinés à accompagner leurs compagnons terrestres dans l’aventure du Paradis quand Urantia sera ancrée dans la lumière et la vie.
 
(93.0) 93:10.10 Il y a moins de mille ans, ce même Machiventa Melchizédek, jadis le sage de Salem, fut présent sous forme invisible sur Urantia pendant une période de cent ans, agissant comme gouverneur général résident de la planète. Si le présent système de direction des affaires planétaires se perpétue, Machiventa doit revenir dans un peu plus de mille ans et reprendre cette fonction.
 
(93.0) 93:10.11 Telle est l’histoire de Machiventa Melchizédek, l’un des plus extraordinaires personnages qui aient jamais été liés à l’histoire d’Urantia, et une personnalité qui peut être destinée à jouer un rôle important dans l’expérience future de votre monde anormal et peu commun.
 
(93.0) 93:10.12 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]
 


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92. L’évolution ultérieure de la religion

LIVRE D'URANTIA  -  Fascicule 92. L’évolution ultérieure de la religion

(92.0) 92:0.1 Longtemps avant l’apport de révélations systématiques sur Urantia, les hommes possédaient une religion d’origine naturelle faisant partie de leur expérience évolutionnaire ; mais cette religion d’origine naturelle était, en elle-même, le produit des dotations supra-animales de l’homme. La religion évolutionnaire prit lentement corps, au cours des millénaires de la carrière expérientielle de l’humanité, par le ministère des influences suivantes opérant intérieurement et affectant le sauvage, le barbare et le civilisé :
 
  (92.0) 92:0.2 1.L’adjuvat d’adoration – l’apparition dans la conscience animale de potentiels supra-animaux pour percevoir la réalité. On peut appeler ceci l’instinct humain primordial de recherche de la Déité.
 
  (92.0) 92:0.3 2.L’adjuvat de sagesse – la manifestation, dans un mental adorateur, de la tendance à diriger son adoration dans des canaux supérieurs d’expression et vers des concepts toujours plus étendus de la réalité de Déité.
 
  (92.0) 92:0.4 3.Le Saint-Esprit – c’est le premier don supramental, et il apparait infailliblement chez toutes les personnalités humaines de bonne foi. Son ministère auprès d’un mental affamé d’adoration et assoiffé de sagesse crée la capacité de comprendre par soi-même le postulat de la survie humaine, à la fois comme concept théologique et comme expérience personnelle actuelle et factuelle.
 
(92.0) 92:0.5 Le fonctionnement coordonné de ces trois ministères divins est tout à fait suffisant pour déclencher et poursuivre la croissance de la religion évolutionnaire. Ces influences sont accrues plus tard par les Ajusteurs de Pensée, les séraphins et l’Esprit de Vérité, qui accélèrent tous la cadence du développement religieux. Ces agents fonctionnent depuis longtemps sur Urantia et continueront aussi longtemps que cette planète restera une sphère habitée. Une grande partie du potentiel de ces agents divins n’a encore jamais eu l’occasion de s’exprimer ; bien des révélations seront faites au cours des âges à venir, à mesure que la religion des mortels s’élèvera, niveau après niveau, jusqu’aux hauteurs célestes de valeur morontielle et de vérité spirituelle.
 
1. La nature évolutionnaire de la religion

(92.0) 92:1.1 L’évolution de la religion a été retracée depuis la peur primitive et la croyance aux fantômes, à travers de nombreux stades successifs de développement, y compris les efforts, d’abord pour contraindre les esprits et ensuite pour les amadouer. Les fétiches des tribus devinrent des totems et des dieux tribaux ; les formules magiques devinrent les prières modernes. La circoncision, qui fut d’abord un sacrifice, devint un procédé hygiénique.
 
(92.0) 92:1.2 Au cours de l’enfance sauvage des races, la religion progressa de l’adoration de la nature au fétichisme, en passant par le culte des fantômes. À l’aurore de la civilisation, la race humaine épousa des croyances plus mystiques et symboliques, tandis qu’aujourd’hui, à l’approche de sa maturité, l’humanité se prépare à apprécier la vraie religion et même un commencement de révélation de la vérité elle-même.
 
(92.0) 92:1.3 La religion nait comme réaction biologique du mental aux croyances spirituelles et à l’environnement ; elle est la dernière chose à périr ou à changer dans une race. La religion est l’adaptation de la société, dans un âge quelconque, à ce qui est mystérieux. En tant qu’institution sociale, elle comprend des rites, des symboles, des cultes, des écrits, des autels, des sanctuaires et des temples. L’eau bénite, les reliques, les fétiches, les amulettes, les ornements sacerdotaux, les cloches, les tambours et les prêtrises sont communs à toutes les religions. Et il est impossible de séparer complètement la religion résultant purement de l’évolution d’avec la magie ou la sorcellerie.
 
(92.0) 92:1.4 Le mystère et le pouvoir ont toujours stimulé les sentiments et les craintes religieuses, tandis que l’émotion a continuellement fonctionné comme un puissant facteur conditionnant leur développement. La peur a toujours été le stimulus religieux fondamental. La peur façonne les dieux de la religion évolutionnaire et motive le rituel religieux des croyants primitifs. À mesure que la civilisation progresse, la peur est modifiée par la vénération, l’admiration, le respect et la sympathie, puis son conditionnement se poursuit par le remords et le repentir.
 
(92.0) 92:1.5 Un peuple asiatique a enseigné que “ Dieu est une grande crainte ” ; c’est le résultat de la religion purement évolutionnaire. Jésus, la révélation du type le plus élevé de vie religieuse, proclama que “ Dieu est amour ”.
 
2. La religion et les mœurs

(92.0) 92:2.1 La religion est la plus rigide et la plus inflexible de toutes les institutions humaines, mais elle s’adapte à retardement aux changements sociaux. Finalement, la religion évolutionnaire reflète bien les mœurs changeantes qui, de leur côté, peuvent avoir été affectées par la religion révélée. Lentement, surement, mais de mauvaise grâce, la religion (le culte) marche dans le sillage de la sagesse – de la connaissance dirigée par la raison expérientielle et illuminée par la révélation divine.
 
(92.0) 92:2.2 La religion se cramponne aux mœurs ; ce qui était est ancien et supposé sacré. C’est pour cette raison, et pour nulle autre, que les outils de pierre persistèrent longtemps dans l’âge du bronze et du fer. Vos archives contiennent le passage suivant : “ Et, si tu me fais un autel de pierre, tu ne le bâtiras point de pierres taillées, car, si tu emploies tes outils pour le faire, tu l’auras profané. ” Même aujourd’hui, les Hindous allument le feu de leurs autels en employant une mèche à friction primitive. Au cours de la religion évolutionnaire, toute innovation a toujours été considérée comme un sacrilège. Le sacrement ne doit pas être composé d’aliments nouveaux et manufacturés, mais des aliments les plus primitifs : “ La viande rôtie au feu et les pains sans levain servis avec des herbes amères. ” Les usages sociaux de tous les types, et même les procédures légales, se cramponnent aux formes anciennes.
 
(92.0) 92:2.3 Quand les hommes modernes s’étonnent que les Écritures des différentes religions présentent tant de passages pouvant être jugés obscènes, ils devraient réfléchir et observer que les générations qui passent ont craint d’éliminer ce que leurs ancêtres avaient estimé saint et sacré. Une génération peut considérer comme obscènes bien des choses que les générations précédentes ont acceptées comme faisant partie des mœurs admises, et même des rituels religieux approuvés. Un grand nombre de controverses religieuses ont été occasionnées par les tentatives sans fin pour concilier des pratiques anciennes, mais répréhensibles, avec les nouveaux progrès de la raison, pour trouver des théories plausibles justifiant les crédos qui perpétuent des coutumes vétustes et désuètes.
 
(92.0) 92:2.4 Il serait toutefois stupide de vouloir accélérer trop soudainement la croissance religieuse. Une race ou une nation ne peut assimiler, dans une religion avancée, que les parties raisonnablement cohérentes et compatibles avec son statut évolutionnaire courant, et compte tenu de son génie d’adaptation. Les conditions sociales, climatiques, politiques et économiques exercent toutes une influence pour déterminer le cours et le progrès de l’évolution religieuse. La moralité sociale n’est pas déterminée par la religion, pas du moins par la religion évolutionnaire ; ce sont plutôt les formes de religion qui sont dictées par la moralité raciale.
 
(92.0) 92:2.5 Les races d’hommes n’acceptent que superficiellement une religion nouvelle et étrangère ; en fait, ils l’adaptent à leurs mœurs et à leurs anciennes manières de croire. On en trouve un bon exemple chez une tribu de la Nouvelle-Zélande dont les prêtres, après avoir nominalement accepté le christianisme, déclarèrent ensuite avoir reçu directement de Gabriel des révélations assurant que cette même tribu était devenue le peuple élu de Dieu, et ordonnant qu’il soit permis à ses membres de s’adonner librement aux relations sexuelles relâchées et à nombre de leurs autres coutumes anciennes et répréhensibles. Tous les nouveaux baptisés chrétiens adhérèrent immédiatement à cette version nouvelle et moins astreignante du christianisme.
 
(92.0) 92:2.6 À un moment ou à un autre, la religion a sanctionné toutes sortes de lignes de conduite contradictoires et illogiques ; elle a pratiquement approuvé, à une époque donnée, tout ce que l’on considère maintenant comme immoral ou impie. La conscience, non enseignée par l’expérience ni aidée par la raison, n’a jamais été et ne pourra jamais être un guide sûr et infaillible pour la conduite humaine. La conscience n’est pas une voix divine parlant à l’âme humaine ; elle est seulement la somme totale du contenu moral et éthique des mœurs d’un quelconque stade d’existence courant ; elle représente simplement la conception humaine de la réaction idéale dans un concours de circonstances données.
 
3. La nature de la religion évolutionnaire

(92.0) 92:3.1 L’étude de la religion humaine est l’examen des strates sociales fossilifères des âges passés. Les mœurs des dieux anthropomorphes reflètent fidèlement la morale des hommes qui furent les premiers à concevoir ces déités. Les anciennes religions et la mythologie décrivent fidèlement les croyances et traditions de peuples perdus depuis longtemps dans l’obscurité. Ces anciennes pratiques cultuelles persistent à côté de coutumes économiques et d’évolutions sociales nouvelles et, bien entendu, elles apparaissent grossièrement illogiques. Les reliquats du culte offrent une bonne image des religions raciales du passé. Rappelez-vous toujours que les cultes ne sont pas formés pour découvrir la vérité, mais plutôt pour promulguer des credos.
 
(92.0) 92:3.2 La religion a toujours été largement une affaire de rites, de rituels, d’observances, de cérémonies et de dogmes. En général, elle se souille d’une erreur qui provoque des discordes persistantes, l’illusion du peuple élu. Les idées religieuses cardinales – incantation, inspiration, révélation, propitiation, repentir, expiation, intercession, sacrifice, prière, confession, adoration, survie après la mort, sacrement, rituel, rançon, salut, rédemption, alliance, impureté, purification, prophétie, péché originel – remontent toutes aux temps très anciens de la peur primordiale des fantômes.
 
(92.0) 92:3.3 La religion primitive n’est ni plus ni moins qu’un prolongement de la lutte pour l’existence matérielle englobant l’existence au-delà de la tombe. Les observances de ce crédo représentaient l’extension de la lutte pour subsister dans le domaine d’un monde imaginaire d’esprits fantômes. Mais, si vous êtes tentés de critiquer la religion évolutionnaire, faites attention. Rappelez-vous qu’elle représente ce qui est arrivé ; c’est un fait historique. Souvenez-vous aussi que le pouvoir d’une idée quelconque ne réside pas dans sa certitude ou sa vérité, mais plutôt dans sa force de séduction sur les hommes.
 
(92.0) 92:3.4 La religion évolutionnaire ne prend pas de dispositions pour assurer des changements ou des révisions ; contrairement à la science, elle ne pourvoit pas à sa propre correction progressive. La religion évoluée commande le respect parce que ses fidèles croient qu’elle est La Vérité. “ La foi transmise aux saints une fois pour toutes ” doit, en théorie, être à la fois définitive et infaillible. Le culte résiste au développement parce que le véritable progrès est certain de modifier ou de détruire le culte lui-même ; c’est pourquoi la révision doit toujours lui être imposée.
 
(92.0) 92:3.5 Seules deux influences peuvent modifier et élever les dogmes de la religion naturelle : la pression des mœurs en lent progrès et l’illumination périodique des révélations d’époque. Il n’est pas surprenant que le progrès ait été lent ; dans les temps anciens, si l’on était progressif ou inventif, on était mis à mort comme sorcier. Le culte évolue lentement par générations d'époques et par cycles millénaires, mais il progresse. La croyance évolutionnaire aux fantômes posa les fondements d’une philosophie de religion révélée qui détruira, en fin de compte, la superstition qui lui donna naissance.
 
(92.0) 92:3.6 La religion a handicapé le développement social de bien des manières, mais, sans religion, il n’y aurait eu ni moralité ni éthique durables, pas de civilisation digne de ce nom. La religion fut la mère de bien des cultures non religieuses ; la sculpture a son origine dans la taille des idoles, l’architecture dans la construction des temples, la poésie dans les incantations, la musique dans les chants d’adoration, le théâtre dans l’action pour guider les esprits et la danse dans les festivals du culte saisonniers.
 
(92.0) 92:3.7 Mais, tout en attirant l’attention sur le fait que la religion fut essentielle pour développer et préserver la civilisation, il faut noter que la religion naturelle a aussi beaucoup contribué à paralyser et à handicaper cette même civilisation qu’elle encourageait et entretenait par ailleurs. La religion a gêné les activités industrielles et le développement économique ; elle a gaspillé du travail et dilapidé des capitaux ; elle n’a pas toujours été secourable à la famille ; elle n’a pas favorisé de façon adéquate la paix et la bonne volonté ; elle a parfois négligé l’éducation et retardé la science ; elle a indument appauvri la vie sous prétexte d’enrichir la mort. La religion évolutionnaire, la religion humaine, a bien été coupable de toutes ces fautes, erreurs et bévues, et de bien d’autres ; elle a néanmoins réussi à maintenir une éthique culturelle, une civilisation morale et une cohésion sociale, et elle a permis à la religion révélée ultérieure de compenser ces nombreuses imperfections évolutionnaires.
 
(92.0) 92:3.8 La religion évolutionnaire a été l’institution humaine la plus couteuse, mais son efficacité fut incomparable. La religion humaine ne se justifie qu’à la lumière de la civilisation évolutionnaire. Si l’homme n’était pas le produit ascendant de l’évolution animale, alors ce cours du développement de la religion resterait sans justification.
 
(92.0) 92:3.9 La religion a facilité l’accumulation des capitaux ; elle a encouragé certaines sortes de travaux ; les loisirs des prêtres ont promu l’art et la connaissance ; en fin de compte, la race a beaucoup gagné comme conséquence de toutes ces erreurs initiales dans la technique éthique. Les chamans, honnêtes et malhonnêtes, furent terriblement onéreux, mais ils valurent tout ce qu’ils coutèrent. Les professions savantes et la science elle-même émergèrent des prêtrises parasites. La religion a encouragé la civilisation et assuré la continuité de la société ; elle a été la force de police morale de tous les temps. La religion a procuré la discipline humaine et la maitrise de soi, qui ont rendu possible la sagesse. La religion est le fouet efficace de l’évolution, qui pousse impitoyablement l’humanité indolente et souffrante à sortir de son état naturel d’inertie intellectuelle et à s’élever aux niveaux supérieurs de la raison et de la sagesse.
 
(92.0) 92:3.10 La religion évolutionnaire, cet héritage sacré de l’ascension animale, doit toujours continuer à être raffinée et ennoblie par la censure constante de la religion révélée et par la fournaise ardente de la science authentique.
 
4. Le don de la révélation

(92.0) 92:4.1 La révélation est évolutionnaire, mais toujours progressive. Au long des âges de l’histoire d’un monde, les révélations successives de la religion sont toujours en expansion et plus éclairantes. La mission de la révélation consiste à sélectionner et à censurer les religions évolutionnaires qui se succèdent ; mais, si la révélation doit exalter et élever par étapes les religions d’évolution, il faut que ces visitations divines décrivent des enseignements qui ne soient pas trop éloignés des idées et des réactions de l’âge où ils sont présentés. La révélation doit donc toujours garder contact avec l’évolution, et elle le fait. La religion de révélation se voit toujours limitée par la capacité des hommes de la recevoir.
 
(92.0) 92:4.2 Mais, indépendamment de leurs relations ou de leurs dérivations apparentes, les religions de révélation sont toujours caractérisées par une croyance à une Déité de valeur finale et à un concept de la survie de l’identité de la personnalité après la mort.
 
(92.0) 92:4.3 La religion évolutionnaire est sentimentale, mais non logique. Elle est la réaction des hommes envers la croyance à un monde hypothétique d’esprits-fantômes – le réflexe humain de croyance excité par la réalisation et la peur de l’inconnu. La religion révélée est proposée par le vrai monde spirituel ; elle est la réponse du cosmos superintellectuel à la soif qu’ont les mortels de croire aux Déités universelles et de dépendre d’elles. La religion évolutionnaire décrit les tâtonnements de l’humanité qui tourne en rond à la recherche de la vérité ; la religion révélée est cette vérité même.
 
(92.0) 92:4.4 La religion de révélation a comporté de nombreux évènements, dont cinq seulement ont une signification d'époque. Ce furent les suivants :
 
  (92.0) 92:4.5 1.Les enseignements dalamatiens. Le véritable concept de la Source-Centre Première fut promulgué, pour la première fois sur Urantia, par les cent membres corporels de l’état-major du Prince Caligastia. Cette révélation croissante de la Déité se poursuivit pendant plus de trois-cent-mille ans, jusqu’au moment où elle fut brusquement interrompue par la sécession planétaire et la dislocation du régime éducatif. À part le travail de Van, l’influence de la révélation dalamatienne fut pratiquement perdue pour le monde entier. Même les Nodites en avaient oublié les vérités à l’époque de l’arrivée d’Adam. Parmi tous ceux qui reçurent les enseignements des cent, ce furent les hommes rouges qui les conservèrent le plus longtemps, mais, dans la religion amérindienne, l’idée du Grand Esprit n’était qu’un concept vague quand le contact avec le christianisme le clarifia et le renforça considérablement.
 
  (92.0) 92:4.6 2.Les enseignements édéniques. Adam et Ève décrivirent de nouveau le concept du Père de tous aux peuples évolutionnaires. La dislocation du premier Éden arrêta le cours de la révélation adamique avant qu’elle eût vraiment pris son essor, mais les enseignements avortés d’Adam furent repris par les prêtres séthites, et certaines de ces vérités n’ont jamais été entièrement perdues pour le monde. La tendance tout entière de l’évolution religieuse levantine fut modifiée par les enseignements des Séthites, mais, vers l’an 2 500 av. J.-C, l’humanité avait largement perdu de vue la révélation offerte à l’époque d’Éden.
 
  (92.0) 92:4.7 3.Melchizédek de Salem. Ce fils de Nébadon, envoyé au secours de la planète, inaugura la troisième révélation de la vérité sur Urantia. Les préceptes cardinaux de ses enseignements étaient la confiance et la foi. Il enseigna la confiance en l’omnipotente bienfaisance de Dieu et proclama que la foi était l’acte par lequel les hommes gagnaient la faveur de Dieu. Ses enseignements s’entremêlèrent graduellement avec les croyances et pratiques de diverses religions évolutionnaires et donnèrent finalement les systèmes théologiques en vigueur sur Urantia au début du premier millénaire après le Christ.
 
  (92.0) 92:4.8 4.Jésus de Nazareth. Christ Micaël présenta, pour la quatrième fois à Urantia, le concept de Dieu en tant que Père Universel, et en général cet enseignement a toujours subsisté depuis lors. L’essence de son enseignement était l’amour et le service, l’adoration aimante qu’un fils créé donne de son plein gré en reconnaissance du ministère affectueux de Dieu son Père et en réponse à ce ministère ; c’est le service que les fils créés offrent de plein gré à leurs frères dans la joie de la réalisation que, par ce service, ils servent également Dieu le Père.
 
  (92.0) 92:4.9 5.Les Fascicules d’Urantia. Ces exposés, dont le présent fascicule fait partie, constituent la plus récente présentation de la vérité aux mortels d’Urantia. Ils diffèrent de toutes les révélations antérieures, car ils ne sont pas l’œuvre d’une seule personnalité de l’univers, mais une présentation composite par de nombreux êtres. Toutefois, jamais aucune révélation ne peut être complète avant d’atteindre le Père Universel. Tous les autres ministères célestes ne sont que partiels, transitoires et pratiquement adaptés aux conditions locales dans le temps et l’espace. Il est possible qu’en admettant cela, on amoindrisse la force et l’autorité immédiates de toutes les révélations, mais l’heure est arrivée sur Urantia où il est opportun de faire ces franches déclarations, même au risque d’affaiblir l’influence et l’autorité du présent ouvrage qui représente la révélation la plus récente de la vérité aux races mortelles d’Urantia.
 
5. Les grands chefs religieux

(92.0) 92:5.1 Dans la religion évolutionnaire, on conçoit les dieux comme existant à la similitude de l’image de l'homme. Dans la religion révélée, on enseigne aux hommes qu’ils sont fils de Dieu – et même façonnés à l’image finie de la divinité. Dans les croyances synthétisant les enseignements de la révélation et les produits de l’évolution, le concept de Dieu est un mélange :
 
  (92.0) 92:5.2 1.Les idées préexistantes des cultes évolutionnaires.
 
  (92.0) 92:5.3 2.Les idéaux sublimes de la religion révélée.
 
  (92.0) 92:5.4 3.Les points de vue personnels des grands chefs religieux, les prophètes et instructeurs de l’humanité.
 
(92.0) 92:5.5 La plupart des grandes époques religieuses ont été inaugurées par la vie et les enseignements d’une personnalité sortant de l’ordinaire. La majorité des mouvements moraux historiques dignes d’être mentionnés a eu son origine dans les directives d’un chef. Les hommes ont toujours eu tendance à vénérer ce chef, même aux dépens de ses enseignements, à révérer sa personnalité, même en perdant de vue les vérités qu’il proclamait. Cela n’est pas sans raison ; le cœur de l’homme évolutionnaire contient le désir instinctif de recevoir de l’aide d’en haut et de l’au-delà. Cet ardent désir est destiné à anticiper l’apparition sur la Terre du Prince Planétaire et des Fils Matériels ultérieurs. Sur Urantia, les hommes ont été privés de ces chefs et dirigeants suprahumains ; c’est pourquoi ils cherchent constamment à compenser cette perte en entourant leurs chefs humains de légendes retraçant des origines surnaturelles et des carrières miraculeuses.
 
(92.0) 92:5.6 Bien des races ont imaginé que leurs chefs étaient nés de vierges ; leurs carrières sont libéralement parsemées d’épisodes miraculeux, et leur retour est toujours attendu par leurs groupes respectifs. Les hommes des tribus d’Asie centrale attendent toujours le retour de Gengis Khan ; au Tibet, en Chine et aux Indes, c’est Bouddha, et, dans l’Islam, Mahomet ; chez les Amérindiens, c’était Hésunanine Onamonalonton ; chez les Hébreux, c’était en général le retour d’Adam comme chef incarné. À Babylone, le dieu Mardouk était une perpétuation de la légende d’Adam, l’idée du fils-de-Dieu, le chainon reliant l’homme à Dieu. À la suite de l’apparition d’Adam sur terre, de prétendus fils de Dieu se trouvèrent couramment parmi les races du monde.
 
(92.0) 92:5.7 Mais, indépendamment de la crainte superstitieuse que l’on éprouvait souvent à leur égard, le fait demeure que ces instructeurs furent les personnalités temporelles servant de points d’appui aux leviers de la vérité révélée pour faire progresser la moralité, la philosophie et la religion de l’humanité.
 
(92.0) 92:5.8 Il y a eu des centaines et des centaines de chefs religieux au cours du million d’années de l’histoire humaine d’Urantia, depuis Onagar jusqu’au gourou Nanak. Pendant ce temps se sont produits nombre de flux et de reflux de la marée de vérité religieuse et de foi spirituelle et, dans le passé, chaque renaissance de la religion sur Urantia a été identifiée avec la vie et les enseignements de quelque chef religieux. En étudiant les instructeurs des temps récents, il peut se révéler utile de les grouper en sept époques religieuses majeures de l’histoire d’Urantia après Adam.
 
  (92.0) 92:5.9 1.La période séthite. Les prêtres séthites, régénérés sous la direction d’Amosad, devinrent les grands éducateurs postadamiques. Ils opérèrent dans tous les pays des Andites, et leur influence persista le plus longtemps chez les Grecs, les Sumériens et les Hindous. Chez ces derniers, ils ont persisté jusqu’à l’époque actuelle en tant que brahmanes de la foi hindoue. Les Séthites et leurs fidèles ne perdirent jamais complètement le concept de la Trinité révélé par Adam.
 
  (92.0) 92:5.10 2. L’ère des missionnaires de Melchizédek. Dans une grande mesure, la religion d’Urantia fut régénérée par les efforts des éducateurs commissionnés par Machiventa Melchizédek à l’époque où il vivait et enseignait à Salem, près de deux-mille ans avant le Christ. Ces missionnaires proclamèrent que la foi était le prix de la faveur de Dieu ; leurs enseignements ne provoquèrent pas l’apparition immédiate de religions, mais formèrent néanmoins les bases sur lesquelles des instructeurs ultérieurs de la vérité devaient bâtir les religions d’Urantia.
 
  (92.0) 92:5.11 3.L’ère postérieure à Melchizédek. Aménémopé et Ikhnaton enseignèrent tous deux au cours de cette période, mais le génie religieux le plus remarquable de l’ère postérieure à Melchizédek fut le chef d’un groupe de Bédouins levantins, le fondateur de la religion hébraïque – Moïse. Moïse enseigna le monothéisme. Il dit : “ Écoute, O Israël, le Seigneur notre Dieu est un seul Dieu. ” “ Le Seigneur, c’est lui qui est Dieu, et il n’y en a point d’autre que lui. ” Il chercha avec persistance à déraciner, chez son peuple, les vestiges du culte des fantômes, allant même jusqu’à prescrire la peine de mort pour ceux qui le pratiquaient. Le monothéisme de Moïse fut altéré par ses successeurs, mais plus tard ils revinrent à nombre de ses enseignements. La grandeur de Moïse réside dans sa sagesse et sa sagacité. D’autres hommes ont eu de plus grands concepts de Dieu, mais nul n’a jamais si bien réussi à faire adopter des croyances aussi avancées par un aussi grand nombre de personnes.
 
  (92.0) 92:5.12 4.Le sixième siècle avant le Christ. Ce fut l’un des plus grands siècles d’éveil religieux dont Urantia ait jamais été témoin. De nombreuses personnalités surgirent pour proclamer la vérité, et parmi elles on peut citer Gautama, Confucius, Lao-Tseu, Zoroastre et les instructeurs jaïnistes. Les enseignements de Gautama se sont largement répandus en Asie ; des millions d’hommes le révèrent en tant que Bouddha. Confucius joua pour la moralité chinoise le même rôle que Platon pour la philosophie grecque ; leurs enseignements eurent sans doute des répercussions religieuses, mais, à parler strictement, aucun des deux n’était un éducateur religieux. Lao-Tseu eut une vision plus étendue de Dieu dans le Tao que Confucius dans l’humanité ou Platon dans l’idéalisme. Zoroastre, bien que très influencé par le concept prédominant du dualisme spirituel, le bien et le mal, exalta nettement, en même temps, l’idée d’une Déité éternelle et de la victoire ultime de la lumière sur les ténèbres.
 
  (92.0) 92:5.13 5.Le premier siècle de l’ère chrétienne. En tant qu’instructeur religieux, Jésus de Nazareth partit du culte établi par Jean le Baptiste et s’éloigna autant qu’il le put des jeûnes et des formes. En dehors de Jésus, Paul de Tarse et Philon d’Alexandrie furent les plus grands éducateurs religieux de cette époque. Leurs concepts de la religion ont joué un rôle dominant dans l’évolution de la foi qui porte le nom du Christ.
 
  (92.0) 92:5.14 6.Le sixième siècle de l’ère chrétienne. Mahomet fonda une religion qui était supérieure à bien des credos de son temps. Elle était une protestation contre les exigences sociales des religions étrangères et contre l’incohérence de la vie religieuse de son propre peuple.
 
  (92.0) 92:5.15 7.Le quinzième siècle après le Christ. Cette période comporta deux mouvements religieux : la dislocation de l’unité du christianisme en Occident et la synthèse d’une nouvelle religion en Orient. En Europe, le christianisme devenu une institution avait atteint le degré de sclérose qui rendait la poursuite de sa croissance incompatible avec l’unité. En Orient, les enseignements conjugués de l’islam, de l’hindouisme et du bouddhisme furent synthétisés par Nanak et ses fidèles dans le sikhisme, l’une des religions les plus évoluées d’Asie.
 
(92.0) 92:5.16 L’avenir d’Urantia sera indubitablement caractérisé par l’apparition d’instructeurs de la vérité religieuse – la Paternité de Dieu et la fraternité de toutes les créatures. Mais il faut espérer que les ardents et sincères efforts de ces futurs prophètes seront moins dirigés vers le renforcement des barrières entre religions, et davantage vers l’accroissement d’une fraternité religieuse d’adoration spirituelle parmi les nombreux fidèles des théologies intellectuelles différentes si caractéristiques de la planète Urantia de Satania.
 
6. Les religions composites

(92.0) 92:6.1 Les religions d’Urantia au vingtième siècle offrent un tableau intéressant de l’évolution sociale de la tendance humaine à l’adoration. Bien des croyances ont très peu progressé depuis l’époque du culte des fantômes. En tant que groupe, les Pygmées d’Afrique n’ont pas de réactions religieuses, bien que certains d’entre eux croient un peu à un environnement d’esprits. Ils sont exactement aujourd’hui au point où se trouvaient les hommes primitifs au début de l’évolution de la religion. La croyance fondamentale de la religion primitive était la survie après la mort. L’idée d’adorer un Dieu personnel dénote un développement évolutionnaire avancé, et même le premier stade de la révélation. Les Dyaks n’ont institué que les pratiques religieuses les plus primitives. Les Esquimaux et les Amérindiens n’avaient encore, assez récemment, que de très pauvres concepts de Dieu ; ils croyaient aux fantômes et avaient une vague idée d’une sorte de survie après la mort. Les Aborigènes australiens d’aujourd’hui éprouvent seulement la peur des fantômes, la crainte de l’obscurité et une vénération rudimentaire des ancêtres. Les Zoulous sont juste en train d’élaborer une religion de sacrifices et de peur des fantômes. De nombreuses tribus africaines n’ont pas encore dépassé le stade fétichiste de l’évolution religieuse, sauf quand elles ont subi l’influence des missionnaires chrétiens et musulmans. Toutefois, quelques groupes se sont attachés depuis longtemps à l’idée du monothéisme, tels les Thraces de jadis qui croyaient aussi à l’immortalité.
 
(92.0) 92:6.2 Sur Urantia, la religion évolutionnaire et la religion révélée progressent côte à côte, tout en se mélangeant et en fusionnant dans les divers systèmes théologiques que l’on rencontrait dans le monde à l’époque de la rédaction des présents fascicules. Ces religions, celles du vingtième siècle d’Urantia, peuvent être énumérées comme suit :
 
  (92.0) 92:6.3 1.L’hindouisme – la plus ancienne.
 
  (92.0) 92:6.4 2.La religion hébraïque.
 
  (92.0) 92:6.5 3.Le bouddhisme.
 
  (92.0) 92:6.6 4.Les enseignements de Confucius.
 
  (92.0) 92:6.7 5.Les croyances taoïstes.
 
  (92.0) 92:6.8 6.Le zoroastrisme.
 
  (92.0) 92:6.9 7.Le shinto.
 
  (92.0) 92:6.10 8.Le jaïnisme.
 
  (92.0) 92:6.11 9.Le christianisme.
 
  (92.0) 92:6.12 10.L’islam.
 
  (92.0) 92:6.13 11.Le sikhisme – la plus récente.
 
(92.0) 92:6.14 Les religions les plus évoluées de l’antiquité étaient le judaïsme et l’hindouisme, et les deux ont respectivement exercé une grande influence sur le cours du développement religieux en Occident et en Orient. Les Hindous et les Hébreux croyaient tous deux que leur religion était inspirée et révélée, et que toutes les autres étaient des formes décadentes de l’unique foi véritable.
 
(92.0) 92:6.15 L’Inde est divisée entre les religions hindoue, sikh, musulmane et jaïn, dont chacune décrit Dieu, l’homme et l’univers selon ses propres conceptions. La Chine suit les enseignements du Tao et de Confucius. Le shinto est révéré au Japon.
 
(92.0) 92:6.16 Les grandes croyances internationales, interraciales, sont la foi hébraïque, la foi bouddhique, la foi chrétienne et la foi islamique. Le bouddhisme s’étend depuis Ceylan et la Birmanie à travers le Tibet et la Chine jusqu’au Japon. Il a montré, par rapport aux mœurs de nombreux peuples, une faculté d’adaptation que le christianisme a été seul à égaler.
 
(92.0) 92:6.17 La religion hébraïque englobe la transition philosophique entre le polythéisme et le monothéisme ; elle est un chainon évolutionnaire entre les religions d’évolution et les religions de révélation. Les Hébreux furent le seul peuple occidental à suivre l’évolution de leurs dieux primitifs jusqu’au bout, jusqu’au Dieu de la révélation, mais cette vérité ne fut jamais franchement acceptée avant l’époque d’Isaïe, qui enseigna de nouveau l’idée mixte d’une déité raciale conjuguée avec un Créateur Universel : “ O Seigneur des Armées, Dieu d’Israël, tu es Dieu, et il n’y en a point d’autre ; tu as créé le ciel et la terre. ” À un moment donné, l’espoir de survie de la civilisation occidentale résida dans les sublimes concepts hébraïques de la bonté et dans les concepts grecs avancés de la beauté.
 
(92.0) 92:6.18 La religion chrétienne est la religion qui traite de la vie et des enseignements du Christ ; elle est basée sur la théologie du judaïsme, modifiée par l’assimilation de certains enseignements de Zoroastre et de la philosophie grecque, et formulée principalement par trois personnalités : Philon, Pierre et Paul. Elle a passé par de nombreuses phases d’évolution depuis Paul, et elle s’est si complètement occidentalisée que beaucoup de peuples non européens considèrent tout naturellement le christianisme comme l’étrange révélation d’un étrange Dieu, et comme destiné à des étrangers.
 
(92.0) 92:6.19 L’islam est le lien religio-culturel entre l’Afrique du Nord, le Levant et l’Asie du Sud-Est. Ce fut la théologie juive, en liaison avec les enseignements chrétiens ultérieurs, qui rendit l’islam monothéiste. Les disciples de Mahomet trébuchèrent sur les enseignements avancés de la Trinité ; ils ne pouvaient comprendre la doctrine de trois personnalités divines et d’une seule Déité. Il est toujours difficile d’amener le mental évolutionnaire à accepter soudainement une vérité supérieure révélée. L’homme est une créature évolutionnaire et, dans l’ensemble, il faut qu’il acquière sa religion par des techniques évolutionnaires.
 
(92.0) 92:6.20 Le culte des ancêtres constitua, à une époque donnée, un progrès incontestable dans l’évolution religieuse, mais il est à la fois étonnant et regrettable que ce concept primitif persiste en Chine, au Japon et aux Indes parmi tant d’idées relativement plus avancées telles que le bouddhisme et l’hindouisme. En Occident, le culte des ancêtres devint la vénération des dieux nationaux et le respect pour les héros de la race. Au vingtième siècle, cette religion nationaliste de vénération des héros fait son apparition dans les divers laïcismes radicaux et nationalistes qui caractérisent beaucoup de races et de nations occidentales. Cette attitude se retrouve aussi en grande partie dans les grandes universités et les importantes communautés industrielles des peuples de langue anglaise. L’idée que la religion n’est que “ la recherche en commun d'une vie bien vécue ” ne diffère pas beaucoup de ces concepts. Les “ religions nationales ” ne sont rien de plus qu’un retour à l’adoration primitive de l’empereur chez les Romains, et au shinto – l’adoration de l’État dans la famille impériale japonaise.
 
7. L’évolution ultérieure de la religion

(92.0) 92:7.1 La religion ne peut jamais devenir un fait scientifique. La philosophie peut, en vérité, reposer sur une base scientifique, mais la religion restera toujours soit évolutionnaire, soit révélée, soit une combinaison éventuelle des deux, comme c’est le cas dans le monde d’aujourd’hui.
 
(92.0) 92:7.2 De nouvelles religions ne peuvent être inventées ; ou bien elles sont issues d’une évolution ou bien elles sont soudainement révélées. Toutes les religions évolutionnaires nouvelles sont simplement des expressions progressives d’anciennes croyances, de nouvelles adaptations, de nouveaux ajustements. L’ancien ne cesse pas d’exister ; il est fondu dans le nouveau, comme dans le cas du sikhisme qui a bourgeonné et fleuri en plongeant ses racines dans le terrain et les formes de l’hindouisme, du bouddhisme, de l’islamisme et d’autres cultes contemporains. La religion primitive était fort démocratique ; les sauvages empruntaient et prêtaient facilement. C’est seulement avec la religion révélée qu’apparurent les égotismes théologiques autocratiques et intolérants.
 
(92.0) 92:7.3 Les nombreuses religions d’Urantia sont toutes bonnes dans la mesure où elles amènent l’homme à Dieu et où elles apportent à l’homme la réalisation du Père. C’est une erreur, pour un groupe religieux quelconque, de s’imaginer que son crédo est La Vérité ; cette attitude dénote plus de morgue théologique que de certitude dans la foi. Toutes les religions d’Urantia sans exception auraient profit à étudier et assimiler le meilleur des vérités contenues dans toutes les autres, car elles contiennent toutes des vérités. Les religionistes feraient mieux d’emprunter ce qu’il y a de meilleur dans la foi spirituelle vivante de leurs voisins, que de dénoncer ce qu’il y a de pire dans leurs superstitions rémanentes et leurs rituels désuets.
 
(92.0) 92:7.4 Toutes ces religions sont nées comme conséquence de la réaction intellectuelle variable des hommes à des directives spirituelles identiques. Ils doivent abandonner tout espoir d’arriver à une uniformité de crédos, de dogmes et de rituels – car ceux-ci sont intellectuels ; mais ils peuvent, et ils y parviendront un jour, réaliser une unité dans l’adoration sincère du Père de tous, car celle-ci est spirituelle, et il est éternellement vrai qu’en esprit tous les hommes sont égaux.
 
(92.0) 92:7.5 La religion primitive était largement une conscience des valeurs matérielles, mais la civilisation élève les valeurs religieuses, car la vraie religion est la consécration de soi au service des valeurs significatives et suprêmes. À mesure que la religion évolue, l’éthique devient la philosophie de la morale, et la moralité devient la discipline de soi par les critères des significations supérieures et des valeurs suprêmes – des idéaux divins et spirituels. La religion devient ainsi une dévotion spontanée et touchante, l’expérience vivante de la fidélité de l’amour.
 
(92.0) 92:7.6 La qualité d’une religion s’apprécie par :
 
  (92.0) 92:7.7 1.Le nveau des valeurs – les allégeances.
 
  (92.0) 92:7.8 2.La profondeur de ses significations – la sensibilisation des individus à l’appréciation idéaliste de ces valeurs supérieures.
 
  (92.0) 92:7.9 3.L’intensité de la consécration – le degré de dévotion à ces valeurs divines.
 
  (92.0) 92:7.10 4.Les progrès sans entraves de la personnalité dans ce sentier cosmique de vie spirituelle idéaliste, la réalisation de la filiation avec Dieu et la citoyenneté indéfiniment progressive dans l’univers.
 
(92.0) 92:7.11 Les significations religieuses progressent dans la conscience de soi quand l’enfant transfère de ses parents à Dieu ses idées sur l’omnipotence. Toute l’expérience religieuse de cet enfant dépend largement du fait que ses relations avec ses parents ont été dominées par la peur ou par l’amour. Les esclaves ont toujours éprouvé de grandes difficultés à transformer la peur de leurs maitres en concepts d’amour de Dieu. La civilisation, la science et les religions supérieures doivent délivrer l’humanité de ces peurs nées de la crainte des phénomènes naturels. Une plus grande illumination devrait ainsi éviter aux mortels éduqués de dépendre d’un intermédiaire quelconque pour communier avec la Déité.
 
(92.0) 92:7.12 Les stades intermédiaires d’hésitation idolâtre pour transférer la vénération des choses humaines et visibles aux choses divines et invisibles sont inévitables, mais ces stades devraient être abrégés par la conscience des facilités apportées par le ministère de l’esprit divin intérieur. Néanmoins, les hommes ont été profondément influencés non seulement par leurs concepts de la Déité, mais aussi par le caractère des héros qu’ils ont choisi d’honorer. Il est fort malheureux que ceux qui ont été amenés à vénérer le Christ divin et ressuscité aient négligé l’homme – le vaillant et courageux héros – Joshua ben Joseph.
 
(92.0) 92:7.13 Les hommes modernes ont en eux-mêmes une conscience suffisante de la religion, mais leurs coutumes d’adoration sont rendues confuses et sont discréditées par leur métamorphose sociale accélérée et leur développement scientifique sans précédent. Les hommes et les femmes qui pensent veulent que la religion soit définie à nouveau, et cette exigence obligera la religion à se réévaluer.
 
(92.0) 92:7.14 L’homme moderne est confronté à la tâche de faire en une seule génération plus de rajustements dans les valeurs humaines qu’il n’en a été fait en deux-mille ans. Et tout cela influence l’attitude sociale envers la religion, car la religion est une manière de vivre aussi bien qu’une technique de pensée.
 
(92.0) 92:7.15 La vraie religion doit toujours être simultanément l’éternel fondement et l’étoile directrice de toutes les civilisations durables.
 
(92.0) 92:7.16 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]
 


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