Histoire d'Urantia

99. Les problèmes sociaux de la religion

LIVRE D'URANTIA  -  Fascicule 99. Les problèmes sociaux de la religion

(99.0) 99:0.1 C’est quand la religion a le moins de liens avec les institutions laïques de la société qu’elle apporte son maximum de ministère social. Dans les âges passés, les réformes sociales étaient surtout confinées au domaine moral ; la religion n’était donc pas obligée d’ajuster son attitude à d’importants changements dans les systèmes économiques et politiques. Le principal problème de la religion était de tenter de remplacer le mal par le bien à l’intérieur de l’ordre social ou de la culture économique et politique de l’époque. La religion a donc indirectement tendu à perpétuer l’ordre établi de la société, à encourager le maintien du type de civilisation existant.
 
(99.0) 99:0.2 Mais la religion ne devrait s’occuper directement ni de créer de nouveaux ordres sociaux, ni de préserver les anciens. La vraie religion s’oppose en fait à la violence comme technique d’évolution sociale, mais ne s’oppose pas aux efforts intelligents de la société pour adapter ses usages et ajuster ses institutions à des conditions économiques et à des exigences culturelles nouvelles.
 
(99.0) 99:0.3 La religion approuva incidemment les réformes sociales des siècles passés, mais, au vingtième siècle, elle est nécessairement mise en demeure de s’ajuster à une reconstruction sociale étendue et continue. Les conditions de vie changent si rapidement qu’il faut grandement accélérer les modifications institutionnelles. Il faut donc que la religion se hâte de s’adapter à l’ordre social nouveau et toujours mouvant.
 
1. La religion et la reconstruction sociale

(99.0) 99:1.1 Les inventions mécaniques et la dissémination des connaissances sont en train de modifier la civilisation. Certains ajustements économiques et changements sociaux s’imposent si l’on veut éviter un désastre culturel. Ce nouvel ordre social qui approche ne s’installera pas paisiblement pour un millénaire. Il faut que la race humaine s’adapte à une série de modifications, d’ajustements et de rajustements. L’humanité est en marche vers une nouvelle destinée planétaire non révélée.
 
(99.0) 99:1.2 Il faut que la religion exerce une forte influence en faveur de la stabilité morale et du progrès spirituel ; il faut qu’elle fonctionne dynamiquement au milieu de conditions toujours changeantes et d’ajustements économiques sans fin.
 
(99.0) 99:1.3 La société d’Urantia ne peut jamais espérer se poser pour un temps comme dans les âges passés. Le navire social est sorti des havres abrités de la tradition établie ; il a commencé sa croisière sur les hautes mers de la destinée évolutionnaire. Plus que jamais dans l’histoire du monde, l’âme de l’homme a besoin de scruter soigneusement ses cartes de moralité et d’observer minutieusement la boussole de la gouverne religieuse. La suprême mission de la religion, en tant qu’influence sociale, consiste à stabiliser les idéaux de l’humanité durant ces dangereuses périodes de transition d’une phase de civilisation à une autre, d’un niveau de culture à un autre.
 
(99.0) 99:1.4 La religion n’a pas de nouveaux devoirs à accomplir, mais elle est instamment sollicitée d’agir comme guide avisé et conseiller expérimenté dans toutes les nouvelles situations humaines qui changent si rapidement. La société devient plus mécanique, plus compacte, plus complexe et extrêmement interdépendante. La religion doit se manifester pour empêcher ces étroites associations nouvelles de se faire mutuellement rétrograder ou même de s’entredétruire. Il faut que la religion agisse comme le sel cosmique empêchant les ferments du progrès d’annihiler la saveur culturelle de la civilisation. C’est seulement par le ministère de la religion que les nouvelles relations sociales et les bouleversements économiques peuvent aboutir à une fraternité durable.
 
(99.0) 99:1.5 Humainement parlant, un humanitarisme sans dieu est un noble geste, mais la vraie religion est la seule puissance susceptible d’accroitre, de manière permanente, la sensibilité d’un groupe social aux besoins et aux souffrances d’autres groupes. Dans le passé, la religion institutionnelle pouvait rester passive pendant que les classes supérieures de la société faisaient la sourde oreille aux souffrances et à l’oppression des classes inférieures sans défense, mais, dans les temps modernes, ces ordres sociaux inférieurs ne sont plus plongés dans une ignorance aussi abjecte, ni aussi impuissants politiquement.
 
(99.0) 99:1.6 La religion ne doit pas s’impliquer organiquement dans le travail laïque de la reconstruction sociale et de la réorganisation économique, mais elle doit activement rester à la hauteur des progrès de la civilisation en réaffirmant avec netteté et vigueur ses commandements moraux et ses préceptes spirituels, sa philosophie progressive de la vie humaine et de la survie transcendante. L’esprit de la religion est éternel, mais la forme de son expression doit être remise au point à chaque révision du dictionnaire de la langue humaine.
 
2. Faiblesse de la religion institutionnelle

(99.0) 99:2.1 La religion institutionnelle est impuissante à procurer l’inspiration et à fournir des directives pour la reconstruction sociale et la réorganisation économique imminentes à l’échelle mondiale, parce qu’elle est malheureusement devenue plus ou moins une partie organique de l’ordre social et du système économique qui sont destinés à être reconstruits. Seule la vraie religion d’expérience spirituelle personnelle peut fonctionner utilement et créativement dans la présente crise de la civilisation.
 
(99.0) 99:2.2 La religion institutionnelle est maintenant prise dans l’impasse d’un cercle vicieux. Elle ne peut reconstruire la société qu’en se reconstruisant d’abord elle-même et, du fait qu’elle fait largement partie intégrante de l’ordre établi, elle ne peut se reconstruire avant que la société ait été rebâtie radicalement.
 
(99.0) 99:2.3 Il faut que les religionistes travaillent dans la société, dans l’industrie et dans la politique en tant qu’individus, et non en tant que groupes, partis ou institutions. Un groupe religieux qui se permet d’agir comme tel en dehors de ses activités religieuses devient immédiatement un parti politique, une organisation économique ou une institution sociale. Le collectivisme religieux doit limiter ses efforts à promouvoir des causes religieuses.
 
(99.0) 99:2.4 Les religionistes n’ont pas plus de valeur que les non-religieux dans les tâches de reconstruction sociale, sauf dans la mesure où leur religion leur a conféré une plus grande clairvoyance cosmique et les a doués d’une sagesse sociale supérieure née du sincère désir d’aimer Dieu suprêmement et d’aimer tous les hommes comme des frères dans le royaume des cieux. L’ordre social idéal est celui où chaque homme aime son voisin comme il s’aime lui-même.
 
(99.0) 99:2.5 L’Église institutionnalisée peut donner l’apparence d’avoir servi la société dans le passé en glorifiant l’ordre politique et économique établi, mais, si elle veut survivre, elle doit cesser rapidement toute activité de ce genre. Sa seule attitude convenable consiste à enseigner la non- violence, la doctrine de l’évolution paisible, au lieu de la révolution violente – paix sur terre et bonne volonté parmi les hommes.
 
(99.0) 99:2.6 Si la religion moderne trouve difficile d’adapter son attitude aux rapides changements sociaux, c’est seulement parce qu’elle s’est laissée aller à devenir complètement traditionnelle, dogmatique et institutionnelle. La religion de l’expérience vivante n’éprouve aucune difficulté à anticiper sur tous les développements sociaux et les bouleversements économiques ; elle opère toujours parmi eux comme stabilisateur moral, guide social et pilote spirituel. La vraie religion transporte d’un âge à l’autre la culture valable et la sagesse née de l’expérience consistant à connaitre Dieu et à s’efforcer de lui ressembler.
 
3. La religion et les religionistes.

(99.0) 99:3.1 Le christianisme primitif était entièrement libre d’imbrications civiles, d’engagements sociaux et d’alliances économiques. C’est seulement plus tard que le christianisme, rendu institutionnel, devint une partie organique de la structure politique et sociale de la civilisation occidentale.
 
(99.0) 99:3.2 Le royaume des cieux n’est ni un ordre social, ni un ordre économique ; il est une fraternité exclusivement spirituelle d’individus connaissant Dieu. Il n’en est pas moins vrai que cette fraternité constitue par elle-même un phénomène social nouveau et étonnant, accompagné de répercussions économiques et sociales stupéfiantes.
 
(99.0) 99:3.3 Le religioniste n’est ni indifférent aux souffrances sociales, ni inattentif aux injustices civiles, ni isolé de la pensée économique, ni insensible à la tyrannie politique. La religion influence directement la reconstruction sociale, parce qu’elle spiritualise et idéalise chaque citoyen individuellement. Indirectement, la civilisation culturelle est influencée par l’attitude de ces religionistes individuels à mesure qu’ils deviennent membres actifs et influents de divers groupes sociaux, moraux, économiques et politiques.
 
(99.0) 99:3.4 Atteindre une haute civilisation culturelle exige, en premier lieu, le type idéal de citoyen et, ensuite, des mécanismes sociaux idéaux et adéquats permettant à cette citoyenneté de contrôler les institutions économiques et politiques de cette société humaine évoluée.
 
(99.0) 99:3.5 Par suite d’un excès de fausse sentimentalité, l’Église a longtemps apporté son ministère aux défavorisés et aux malheureux, et ceci était tout à fait bien, mais cette même sentimentalité a conduit à perpétuer imprudemment des lignées racialement dégénérées qui ont formidablement retardé le progrès de la civilisation.
 
(99.0) 99:3.6 Beaucoup de reconstructeurs sociaux individuels, tout en répudiant avec véhémence la religion institutionnelle, sont, après tout, des religieux zélés dans la propagation de leurs réformes sociales. C’est ainsi qu’une motivation religieuse personnelle et plus ou moins reconnue joue un grand rôle dans le programme de reconstruction sociale de nos jours.
 
(99.0) 99:3.7 La grande faiblesse de tous ces types d’activités religieuses méconnues et inconscientes réside dans leur incapacité de bénéficier de la critique religieuse ouverte et d’atteindre, par ce moyen, des niveaux profitables d’autocorrection. Il est de fait que la religion ne se développe que si elle est disciplinée par une critique constructive, amplifiée par la philosophie, purifiée par la science et nourrie par une loyale camaraderie.
 
(99.0) 99:3.8 La religion est toujours menacée par le grand danger de se déformer et de se corrompre en poursuivant des buts erronés, comme c’est le cas en temps de guerre, où chaque nation en lutte prostitue sa religion pour la transformer en propagande militaire. Le zèle sans amour est toujours nuisible à la religion, et les persécutions détournent les activités religieuses vers l’accomplissement de quelque poussée sociologique ou théologique.
 
(99.0) 99:3.9 La religion ne peut rester libre d’alliances séculières profanes que par les moyens suivants :
 
  (99.0) 99:3.10 1.Une philosophie corrective par la critique.
 
  (99.0) 99:3.11 2.L’indépendance de toute alliance sociale, économique et politique.
 
  (99.0) 99:3.12 3.Des communautés créatives, rassurantes et développant l’amour.
 
  (99.0) 99:3.13 4.L’épanouissement progressif de la clairvoyance spirituelle et l’appréciation des valeurs cosmiques.
 
  (99.0) 99:3.14 5.La prévention du fanatisme compensée par une attitude mentale scientifique.
 
(99.0) 99:3.15 En tant que groupe, les religionistes ne doivent jamais s’occuper d’autre chose que de religion, bien qu’à titre individuel, n’importe lequel d’entre eux puisse devenir le chef éminent d’un mouvement de reconstruction sociale, économique ou politique.
 
(99.0) 99:3.16 Le rôle de la religion est de créer, de soutenir et d’inspirer chez chaque citoyen la loyauté cosmique qui l’orientera vers la réussite dans le progrès de tous ces services sociaux difficiles, mais souhaitables.
 
4. Difficultés de transition

(99.0) 99:4.1 La religion authentique donne au religioniste une auréole sociale et des connaissances intimes sur la communauté humaine ; mais la formalisation des groupes religieux détruit bien souvent les valeurs mêmes pour lesquelles ces groupes avaient été organisés. L’amitié humaine et la religion divine s’entraident et s’éclairent mutuellement de manière significative, pourvu qu’elles croissent toutes deux dans l’équilibre et l’harmonie. La religion introduit de nouvelles significations dans toutes les associations de groupes – familles, écoles et cercles. Elle apporte de nouvelles valeurs aux jeux et exalte le véritable humour.
 
(99.0) 99:4.2 La fonction de direction sociale est transformé par la clairvoyance spirituelle ; la religion empêche tous les mouvements collectifs de perdre de vue leurs véritables objectifs. Au même titre que les enfants, la religion est le grand facteur d’unification de la vie de famille, pourvu qu’elle soit une foi vivante et croissante. Il ne peut y avoir de vie de famille sans enfants ; on peut en vivre une sans religion, mais ce handicap multiplie énormément les difficultés de cette intime association humaine. Dans les premières décennies du vingtième siècle, c’est la vie de famille qui, après la religion personnelle, a le plus souffert de la décadence résultant de la transition entre d’anciennes obédiences religieuses et de nouvelles significations et valeurs émergentes.
 
(99.0) 99:4.3 La vraie religion est une manière significative de vivre dynamiquement face aux réalités ordinaires de la vie quotidienne. Mais, si la religion doit stimuler le développement individuel du caractère et accroitre l’intégration de la personnalité, elle ne doit pas être uniformisée. Si elle doit stimuler l’appréciation de l’expérience et servir de valeur d’attraction, il ne faut pas qu’elle soit stéréotypée. Si la religion doit promouvoir des loyautés suprêmes, elle ne doit pas être formaliste.
 
(99.0) 99:4.4 Peu importent les bouleversements qui peuvent accompagner la croissance économique et sociale de la civilisation ; la religion est authentique et valable si elle entretient chez l’individu une expérience dans laquelle prévaut la souveraineté de la vérité, de la beauté et de la bonté, car c’est là le vrai concept spirituel de la réalité suprême. Par l’amour et l’adoration, elle devient significative en tant que communion avec les hommes et filiation avec Dieu.
 
(99.0) 99:4.5 Après tout, c’est plutôt ce que l’on croit que ce que l’on connait qui détermine la conduite et domine les réalisations personnelles. La connaissance purement factuelle exerce très peu d’influence sur l’homme moyen, à moins qu’elle ne soit stimulée émotivement. Mais la stimulation de la religion est supraémotionnelle ; elle unifie toute l’expérience humaine sur des niveaux transcendentaux par contact et libération d’énergies spirituelles dans la vie mortelle.
 
(99.0) 99:4.6 Durant les temps psychologiquement troublés du vingtième siècle, parmi les bouleversements économiques, les contre-courants moraux et les déchirements sociologiques périodiques accompagnant les transitions orageuses d’une ère scientifique, des milliers et des milliers d’hommes et de femmes sont devenus des pantins ; ils sont anxieux, agités, craintifs, incertains et instables. Plus que jamais dans l’histoire du monde, ils ont besoin de la consolation et de la stabilité d’une religion saine. En face de réalisations scientifiques et de développements mécaniques sans précédent, on trouve une stagnation spirituelle et un chaos philosophique.
 
(99.0) 99:4.7 Il n’est pas dangereux que la religion devienne de plus en plus une affaire privée – une expérience personnelle – pourvu qu’elle ne perde pas de vue sa motivation de service social désintéressé et aimant. La religion a souffert de beaucoup d’influences secondaires : mélanges soudains de cultures, enchevêtrements de croyances, diminution de l’autorité ecclésiastique, modification de la vie de famille, ainsi que l’urbanisation et la mécanisation.
 
(99.0) 99:4.8 Le plus grand péril spirituel pour les hommes est le progrès partiel, la situation fâcheuse d’une croissance inachevée : abandonner les religions évolutionnaires de la peur sans saisir immédiatement la religion révélatrice de l’amour. La science moderne, et surtout la psychologie, n’ont affaibli que les religions dépendant essentiellement de la peur, des superstitions et des émotions.
 
(99.0) 99:4.9 Une transition est toujours accompagnée de confusion. Le monde religieux ne jouira guère de la tranquillité avant la fin de la grande lutte entre les trois philosophies de la religion qui se disputent la prééminence :
 
  (99.0) 99:4.10 1.La croyance spiritiste (en une Déité providentielle) de nombreuses religions.
 
  (99.0) 99:4.11 2.Les croyances humanistes et idéalistes de beaucoup de philosophies.
 
  (99.0) 99:4.12 3.Les conceptions mécanistes et naturalistes de beaucoup de sciences.
 
(99.0) 99:4.13 Ces trois approches partielles de la réalité du cosmos doivent finir par s’harmoniser grâce à la présentation révélatrice de la religion, de la philosophie et de la cosmologie qui décrit l’existence trine de l’esprit, du mental et de l’énergie comme provenant de la Trinité du Paradis et atteignant l’unification spaciotemporelle dans la Déité du Suprême.
 
5. Les aspects sociaux de la religion

(99.0) 99:5.1 La religion est exclusivement une expérience spirituelle personnelle – connaitre Dieu comme un Père – mais le corollaire de cette expérience – connaitre l’homme comme son frère – entraine l’ajustement du “ moi ” à d’autres “ moi ”, ce qui implique l’aspect social ou collectif de la vie religieuse. La religion est d’abord un ajustement intérieur ou personnel ; elle devient ensuite une affaire de service social ou d’ajustement à un groupe. La formation de groupes religieux découle forcément du caractère grégaire des hommes, et le sort de ces groupes religieux dépend beaucoup de l’intelligence de leurs chefs. Dans la société primitive, le groupe religieux n’est pas toujours très différent des groupes économiques et politiques. La religion a toujours été conservatrice de morale et stabilisatrice de société. Cela reste vrai, bien que de nombreux socialistes et humanistes modernes enseignent le contraire.
 
(99.0) 99:5.2 N’oubliez jamais ceci : la vraie religion consiste à connaitre Dieu comme votre Père et l’homme comme votre frère. La religion ne consiste pas à croire servilement à des menaces de punition ou à des promesses magiques de récompenses mystiques futures.
 
(99.0) 99:5.3 La religion de Jésus est l’influence la plus dynamique qui ait jamais stimulé la race humaine. Jésus a mis en pièces les traditions, détruit les dogmes et appelé l’humanité à réaliser ses plus hauts idéaux dans le temps et dans l’éternité – être parfaite comme le Père qui est aux cieux est parfait.
 
(99.0) 99:5.4 La religion a peu de chances de jouer son rôle avant que le groupe religieux ne se sépare de tous les autres groupes et ne forme l’association sociale des membres spirituels du royaume des cieux.
 
(99.0) 99:5.5 La doctrine de la dépravation totale de l’homme a détruit une grande partie du potentiel dont la religion disposait pour produire des répercussions sociales élévatrices par leur nature et inspirantes par leur valeur. Jésus chercha à rétablir la dignité de l’homme en proclamant que tous les hommes sont enfants de Dieu.
 
(99.0) 99:5.6 Toute croyance religieuse qui réussit à spiritualiser le croyant est certaine d’avoir une répercussion puissante dans la vie sociale de ce croyant. L’expérience religieuse produit infailliblement les “ fruits de l’esprit ” dans la vie quotidienne du mortel guidé par l’esprit.
 
(99.0) 99:5.7 Tout aussi certainement que les hommes partagent leurs croyances religieuses, ils créent une sorte de groupe religieux, lequel crée finalement des buts communs. Un jour, les religionistes se réuniront et se mettront à coopérer réellement sur la base de l’unité des idéaux et des buts, plutôt que de tenter d’y parvenir en se basant sur des opinions psychologiques et des croyances théologiques. Ce sont les buts plutôt que les crédos qui devraient unir les religionistes. Puisque la vraie religion est une affaire d’expérience spirituelle personnelle, il est inévitable qu'individuellement, chaque religioniste ait sa propre interprétation personnelle de la manière de réaliser cette expérience spirituelle. Le mot “ foi ” devrait représenter la relation de l’individu avec Dieu, plutôt qu’une formule de crédo sur laquelle un groupe de mortels est parvenu à s’accorder en tant qu’attitude religieuse commune. “ Avez-vous la foi ? Alors, ayez-la pour vous-même. ”
 
(99.0) 99:5.8 La foi ne s’occupe que de saisir des valeurs idéales ; ceci est mis en évidence dans la définition du Nouveau Testament déclarant que la foi est la substance des choses que l’on espère et la démonstration de celles qu’on ne voit pas.
 
(99.0) 99:5.9 L’homme primitif faisait peu d’efforts pour exprimer en paroles ses convictions religieuses. Il dansait sa religion plus qu’il ne l’exprimait en pensée. Les hommes modernes ont imaginé bien des croyances et créé bien des critères de foi religieuse. Il faut que les futurs religionistes vivent leur religion, se consacrent sincèrement au service de la fraternité humaine. Il est grand temps que les hommes aient une expérience religieuse si personnelle et si sublime qu’elle ne puisse se concevoir et se manifester que par des “ sentiments trop profonds pour s’exprimer par des mots ”.
 
(99.0) 99:5.10 Jésus ne demandait pas à ses disciples de se réunir périodiquement pour réciter des assemblages de mots indiquant leurs croyances communes. Il ordonna seulement qu’ils se réunissent pour effectivement faire quelque chose – prendre part au souper commun en souvenance de sa vie d’effusion sur Urantia.
 
(99.0) 99:5.11 Quelle erreur font les Chrétiens qui, tout en présentant le Christ comme idéal suprême de guide spirituel, exigent que les hommes et les femmes conscients de Dieu rejettent le leadership historique des hommes connaissant Dieu qui ont contribué à éclairer leur nation ou leur race particulière durant les âges passés.
 
6. La religion institutionnelle

(99.0) 99:6.1 Le sectarisme est une maladie de la religion institutionnelle, et le dogmatisme est un esclavage de la nature spirituelle. Il vaut bien mieux avoir une religion sans Église qu’une Église sans religion. Le tumulte religieux du vingtième siècle n’est pas en lui-même et par lui-même un indice de décadence spirituelle. La confusion apparait aussi bien avant la croissance qu’avant la destruction.
 
(99.0) 99:6.2 Il y a un but réel dans la socialisation de la religion. Les activités religieuses collectives ont pour but de mettre en scène la fidélité envers la religion ; de magnifier les attraits de la vérité, de la beauté et de la bonté ; d’entretenir l’attirance des valeurs suprêmes ; d’amplifier le service de fraternité désintéressé ; de glorifier les potentiels de la vie de famille ; de promouvoir l’éducation religieuse ; de fournir de sages conseils et des directives spirituelles et d’encourager le culte en commun. Toutes les religions vivantes encouragent l’amitié humaine, préservent la moralité, favorisent le bien-être du voisinage et facilitent la diffusion de l’évangile essentiel de leurs messages respectifs de salut éternel.
 
(99.0) 99:6.3 Mais, à mesure que la religion se conforme à des institutions, son pouvoir de faire du bien s’amenuise, tandis que ses possibilités de faire du mal s’accroissent considérablement. Les dangers de la religion formaliste sont les suivants : fixation des croyances et cristallisation des sentiments ; accumulation des droits acquis avec accroissements de la sécularisation ; tendance à uniformiser et à fossiliser la vérité ; religion détournée du service de Dieu au service de l’Église ; penchant des chefs à devenir administrateurs au lieu de ministres ; tendance à former des sectes et des divisions en concurrence ; établissement d’une autorité ecclésiastique oppressive ; naissance de l’état d’esprit aristocratique du “ peuple élu ” ; entretien d’idées fausses et exagérées sur le sacré ; religion rendue routinière et culte pétrifié ; tendance à vénérer le passé en ignorant les besoins présents ; inaptitude à donner une interprétation moderne de la religion ; enchevêtrement avec des fonctions dans les institutions laïques ; en outre, la religion formaliste crée la fâcheuse discrimination des castes religieuses, elle devient un juge intolérant de l’orthodoxie, elle ne réussit pas à retenir l’intérêt de la jeunesse aventureuse et elle perd graduellement le message sauveur de l’évangile de salut éternel.
 
(99.0) 99:6.4 La religion officielle freine les hommes dans leurs activités spirituelles personnelles au lieu de les libérer pour un service plus élevé de bâtisseurs du royaume.
 
7. Apports de la religion

(99.0) 99:7.1 Les Églises et tous les autres groupes religieux devraient se tenir à l’écart de toute activité laïque, mais, en même temps, la religion ne doit rien faire pour gêner ou retarder la coordination sociale des institutions humaines. La vie doit continuer à croitre en signification ; l’homme doit poursuivre sa réforme de la philosophie et sa clarification de la religion.
 
(99.0) 99:7.2 Il faut que la science politique reconstruise l’économie et l’industrie par les techniques qu’elle apprend des sciences sociales et par la clairvoyance et les motifs fournis par la vie religieuse. Dans toute reconstruction sociale, la religion apporte une fidélité stabilisatrice envers un objet transcendant, un but équilibrant situé au-delà et au-dessus de l’objectif temporel immédiat. Au milieu des confusions d’un environnement qui change rapidement, l’homme mortel a besoin d’être soutenu par une vaste perspective cosmique.
 
(99.0) 99:7.3 La religion inspire à l’homme le courage et la joie de vivre sur terre ; elle unit la patience à la passion, la clairvoyance au zèle, la sympathie au pouvoir et les idéaux à l’énergie.
 
(99.0) 99:7.4 Jamais un homme ne peut prendre une décision sage sur des questions temporelles ni transcender l’égoïsme des intérêts personnels, à moins de méditer en présence de la souveraineté de Dieu et de faire entrer en ligne de compte les réalités des significations divines et des valeurs spirituelles.
 
(99.0) 99:7.5 L’interdépendance économique et la fraternisation sociale conduiront finalement à la fraternité. L’homme est naturellement un rêveur, mais la science le dégrise et permet à la religion de l’animer en risquant alors beaucoup moins de précipiter des réactions fanatiques. Les nécessités économiques lient l’homme à la réalité, et l’expérience religieuse personnelle amène le même homme face à face avec les réalités éternelles d’une citoyenneté cosmique en expansion et en progrès constants.
 
(99.0) 99:7.6 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]
 


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98. Les enseignements de Melchizédek en Occident

LIVRE D'URANTIA  -  Fascicule 98. Les enseignements de Melchizédek en Occident

(98.0) 98:0.1 Les enseignements de Melchizédek pénétrèrent en Europe par un grand nombre de voies, mais principalement par l’Égypte. Ils furent incorporés dans la philosophie occidentale après avoir été complètement hellénisés et, plus tard, christianisés. Les idéaux du monde occidental étaient essentiellement socratiques, et sa philosophie religieuse ultérieure devint celle de Jésus, avec les modifications et les compromis résultant du contact avec la philosophie et la religion occidentales en évolution. L’ensemble culmina dans l’Église chrétienne.
 
(98.0) 98:0.2 En Europe, les missionnaires de Salem poursuivirent longtemps leurs activités et furent graduellement absorbés par les nombreux groupes cultuels et rituels qui surgissaient périodiquement. Il faut mentionner les cyniques parmi ceux qui maintinrent les enseignements de Salem dans leur forme la plus pure. Ces prédicateurs de la foi et de la confiance en Dieu s’activaient encore dans l’Europe romaine au premier siècle après le Christ. Ils furent ultérieurement incorporés dans la religion chrétienne en formation.
 
(98.0) 98:0.3 Une grande part de la doctrine de Salem fut répandue en Europe par les soldats mercenaires juifs qui prirent part à tant de luttes militaires en Occident. Dans les temps anciens, les Juifs étaient réputés autant pour leur valeur militaire que pour leurs particularités théologiques.
 
(98.0) 98:0.4 Les doctrines fondamentales de la philosophie grecque, de la théologie juive et de la morale chrétienne furent essentiellement des répercussions des enseignements antérieurs de Melchizédek.
 
1. La religion de Salem parmi les Grecs

(98.0) 98:1.1 Les missionnaires de Salem auraient pu édifier une grande structure religieuse parmi les Grecs s’ils n’avaient pas interprété strictement leur serment d’ordination selon les engagements imposés par Machiventa, qui interdisait d’organiser des congrégations exclusives pour le culte, et arraché à chaque éducateur la promesse de ne jamais exercer la fonction de prêtre ni de recevoir, pour un service religieux, aucune autre rémunération que de la nourriture, des vêtements et un toit. Quand les éducateurs Melchizédeks pénétrèrent dans la Grèce préhellénique, ils y trouvèrent un peuple qui entretenait encore les traditions d’Adamson et du temps des Andites, mais ces enseignements avaient été fortement adultérés par les notions et croyances des hordes d’esclaves inférieurs qui avaient été amenés en quantités croissantes sur les rivages grecs. Cette adultération produisit un retour vers un animisme grossier, avec des rites sanglants où les classes inférieures allaient jusqu’à transformer en cérémonies les exécutions de criminels condamnés.
 
(98.0) 98:1.2 L’influence initiale des éducateurs de Salem fut presque détruite par l’invasion dite aryenne venant de l’Europe méridionale et de l’Orient. Ces envahisseurs helléniques apportèrent avec eux des concepts anthropomorphiques de Dieu, semblables à ceux que leurs compagnons aryens avaient introduits aux Indes. Cette importation inaugura l’évolution de la famille grecque de dieux et de déesses. Cette nouvelle religion était basée en partie sur les cultes des envahisseurs hellènes barbares, mais incorporait aussi des mythes des anciens habitants de la Grèce.
 
(98.0) 98:1.3 Les Grecs hellènes trouvèrent le monde méditerranéen largement dominé par le culte de la mère, et ils imposèrent à ces peuples leur dieu-homme, Diaus-Zeus qui, tel Yahweh parmi les Sémites hénothéistes, était déjà devenu le chef de tout le panthéon grec de dieux subordonnés. Les Grecs auraient fini par aboutir à un vrai monothéisme dans le concept de Zeus s’ils n’avaient pas retenu le supercontrôle du Destin. Un Dieu de valeur finale doit être lui-même l’arbitre du destin et le créateur de la destinée.
 
(98.0) 98:1.4 Comme conséquence de ces facteurs dans l’évolution religieuse, la croyance populaire aux dieux insouciants du mont Olympe se développa bientôt. C’étaient des dieux plus humains que divins, et les Grecs intelligents ne les prirent jamais très au sérieux. Ils n’aimaient ni ne craignaient beaucoup ces dieux qu’ils avaient eux-mêmes créés. Ils éprouvaient un sentiment patriotique et racial pour Zeus et sa famille de demi-hommes et de demi-dieux, mais ne les révéraient et ne les adoraient guère.
 
(98.0) 98:1.5 Les Hellènes devinrent si imprégnés des doctrines anticléricales des éducateurs primitifs de Salem que nulle prêtrise d’importance n’apparut jamais en Grèce. Même la confection d’idoles pour les dieux devint plus une œuvre artistique qu’une affaire de culte.
 
(98.0) 98:1.6 Les dieux olympiens illustrent l’anthropomorphisme typique des hommes. Mais la mythologie grecque était plus esthétique qu’éthique. La religion grecque rendit service en décrivant un univers gouverné par un groupe de déités, mais bientôt la morale, l’éthique et la philosophie grecques s’avancèrent bien au-delà du concept théiste. Ce déséquilibre entre le développement intellectuel et le progrès spirituel fut aussi dangereux pour la Grèce qu’il l’avait été pour l’Inde.
 
2. La pensée philosophique grecque

(98.0) 98:2.1 Une religion superficielle et prise à la légère ne peut durer, surtout quand elle n’a pas de prêtrise pour entretenir ses formes et pour remplir de crainte et de peur le cœur de ses fidèles. La religion olympienne ne promettait pas de salut et n’étanchait pas la soif spirituelle de ses croyants ; elle était donc condamnée à périr. Moins d’un millénaire après ses débuts, elle avait presque disparu, et les Grecs se trouvèrent sans religion nationale, les dieux de l’Olympe ayant perdu leur emprise sur les meilleurs penseurs.
 
(98.0) 98:2.2 Telle était la situation lorsqu’au sixième siècle avant le Christ, une renaissance de la conscience spirituelle et un réveil de la récognition du monothéisme se produisirent en Orient et au Levant. Mais l’Occident ne participa pas à ce nouveau développement ; ni l’Europe ni l’Afrique du Nord ne prirent une grande part à cette renaissance religieuse. Quant aux Grecs, ils s’engagèrent dans un magnifique progrès intellectuel. Ils avaient commencé à dominer la peur et ne recherchaient plus la religion comme antidote, mais ils ne percevaient pas que la vraie religion rassasie l’âme et guérit l’inquiétude spirituelle et le désespoir moral. Ils cherchèrent à consoler les âmes par la pensée profonde – la philosophie et la métaphysique. Ils se détournèrent de la contemplation de la préservation de soi – le salut – et se tournèrent vers la réalisation de soi et la connaissance de soi.
 
(98.0) 98:2.3 Par la rigueur de la pensée, les Grecs essayèrent d’atteindre une conscience de la sécurité qui leur servirait de substitut à la croyance en la survie, mais ils échouèrent complètement. Seuls les individus les plus intelligents des classes supérieures des peuples hellènes pouvaient saisir ce nouvel enseignement. La masse des descendants des esclaves des générations précédentes n’avait aucune capacité de recevoir ce nouveau substitut de la religion.
 
(98.0) 98:2.4 Les philosophes dédaignèrent toutes les formes de culte et, pourtant, ils restaient pratiquement tous vaguement attachés à un arrière-plan de croyance aux doctrines de Salem sur “ l’Intelligence de l’univers ”, “ l’idée de Dieu ” et “ La Grande Source ”. Dans la mesure où les philosophes grecs reconnaissaient le divin et le superfini, ils étaient franchement monothéistes et n’avaient guère de reconnaissance envers toute la galaxie de dieux et de déesses de l’Olympe.
 
(98.0) 98:2.5 Les poètes grecs des sixième et cinquième siècles av. J.-C., et notamment Pindare, tentèrent de réformer la religion grecque. Ils élevèrent ses idéaux, mais ils furent plutôt des artistes que des religionistes ; ils ne réussirent pas à établir une technique pour développer et conserver des valeurs suprêmes.
 
(98.0) 98:2.6 Xénophane enseigna la doctrine d’un Dieu unique, mais son concept de déité était trop panthéiste pour représenter aux hommes mortels un Père personnel. Anaxagore était un mécaniste, sauf en ce qu’il reconnaissait une Cause Première, un Mental Initial. Socrate et ses successeurs, Platon et Aristote, enseignèrent que la vertu est la connaissance, que la bonté est la santé de l’âme, qu’il vaut mieux souffrir d’une injustice que d’en être coupable, qu’il est mauvais de rendre le mal pour le mal et que les dieux sont sages et bons. Leurs vertus cardinales étaient la sagesse, le courage, la tempérance et la justice.
 
(98.0) 98:2.7 L’évolution de la philosophie religieuse chez les peuples hellènes et les Hébreux fournit, par contraste, un exemple de la fonction de l’Église comme institution pour modeler le progrès culturel. En Palestine, la pensée humaine était tellement contrôlée par les prêtres et dirigée par les Écritures que la philosophie et l’esthétique étaient entièrement englouties dans la religion et la moralité. En Grèce, l’absence presque complète de prêtres et d’“ Écritures saintes ” laissa le mental humain libre et sans entraves, de sorte que la profondeur de pensée se développa d’une manière surprenante ; mais la religion, en tant qu’expérience personnelle, ne réussit pas à suivre les investigations intellectuelles dans la nature et la réalité du cosmos.
 
(98.0) 98:2.8 En Grèce, la croyance était subordonnée à la pensée. En Palestine, la pensée était maintenue asservie à la croyance. La force du christianisme est due, en grande partie, à ce qu’il a fait de larges emprunts à la moralité hébraïque aussi bien qu’à la pensée grecque.
 
(98.0) 98:2.9 En Palestine, le dogmatisme religieux se cristallisa au point de compromettre tout développement ultérieur. En Grèce, la pensée humaine devint si abstraite que le concept de Dieu se résolut en un brouillard vaporeux de spéculations panthéistes se rapprochant fort de l’Infinité impersonnelle des philosophes brahmaniques.
 
(98.0) 98:2.10 Mais les hommes ordinaires de ces temps ne pouvaient saisir la philosophie grecque de la réalisation de soi et d’une déité abstraite. Ils ne s’y intéressaient d’ailleurs pas beaucoup et recherchaient plutôt des promesses de salut doublées d’un Dieu personnel susceptible d’écouter leurs prières. Ils exilèrent les philosophes et persécutèrent les derniers fidèles du culte de Salem, les deux doctrines s’étant alors beaucoup mélangées. Ils se préparèrent à la terrible plongée orgiaque dans les folies des cultes des mystères, qui envahissaient alors les contrées méditerranéennes. Les mystères d’Éleusis grandirent à l’intérieur du panthéon olympien en tant que version grecque du culte de la fécondité. Le culte dionysien de la nature fleurit également. Le culte le meilleur était la fraternité orphique, dont les sermons moraux et les promesses de salut présentaient un grand attrait pour nombre de personnes.
 
(98.0) 98:2.11 Toute la Grèce se lança dans ces nouvelles méthodes pour atteindre le salut par ce cérémonial émotionnel et ardent. Nulle nation n’avait jamais atteint, en aussi peu de temps, de pareilles hauteurs de philosophie artistique ni créé, pratiquement sans Déité et sans la moindre promesse de salut humain, un système éthique aussi avancé. Nulle nation ne plongea aussi rapidement, profondément et violemment dans un abime de stagnation intellectuelle, de dépravation morale et de carence spirituelle que ces mêmes peuples grecs quand ils se lancèrent dans le tourbillon insensé des cultes des mystères.
 
(98.0) 98:2.12 Des religions ont duré longtemps sans support philosophique, mais peu de philosophies, en tant que telles, se sont perpétuées longtemps sans quelque identification avec la religion. La philosophie est à la religion ce que la conception est à l’action. Mais l’état humain idéal est celui où la philosophie, la religion et la science sont soudées en une unité pleine de sens par l’action conjointe de la sagesse, de la foi et de l’expérience.
 
3. Les enseignements de Melchizédek à Rome

(98.0) 98:3.1 Partant des formes primitives d’adoration des dieux de la famille, la religion ultérieure des Latins devint une vénération de tribu pour Mars, le dieu de la guerre. Il était donc naturel qu’elle ressemblât davantage à une observance politique que les systèmes intellectuels des Grecs et des brahmanes ou que les religions plus spiritualistes de divers autres peuples.
 
(98.0) 98:3.2 Au cours de la grande renaissance monothéiste de l’évangile de Melchizédek pendant le sixième siècle avant le Christ, les missionnaires de Salem furent trop peu nombreux à pénétrer en Italie. Ceux qui y allèrent furent incapables de vaincre l’influence de la prêtrise étrusque en expansion rapide, avec sa nouvelle galaxie de dieux et de temples qui furent tous incorporés dans la religion d’État romaine. Cette religion des tribus latines n’était ni futile et vénale comme celles des Grecs, ni austère et tyrannique comme celle des Hébreux. Elle consistait en majeure partie à observer simplement des formes, des vœux et des tabous.
 
(98.0) 98:3.3 La religion romaine fut grandement influencée par de larges importations culturelles de Grèce. Finalement, la plupart des dieux olympiens furent transplantés et incorporés dans le panthéon latin. Les Grecs adorèrent longtemps le feu de l’âtre familial – Hestia était la déesse vierge de l’âtre. Vesta était la déesse romaine du foyer. Zeus devint Jupiter, Aphrodite devint Vénus, et ainsi de suite pour les nombreuses déités de l’Olympe.
 
(98.0) 98:3.4 L’initiation religieuse des jeunes romains était l’occasion de leur consécration solennelle au service de l’État. Les serments et les admissions à la citoyenneté étaient en réalité des cérémonies religieuses. Les peuples latins entretenaient des temples, des autels et des sanctuaires ; et, en cas de crise, ils consultaient les oracles. Ils conservaient les ossements des héros, et en firent autant, plus tard, pour ceux des saints chrétiens.
 
(98.0) 98:3.5 Cette forme officielle et froide de patriotisme pseudoreligieux était condamnée à disparaitre, comme l’adoration hautement intellectuelle et artistique des Grecs s’était effondrée devant l’adoration fervente et profondément émotive des cultes des mystères. Le plus grand de ces cultes dévastateurs était la religion du mystère de la secte de la Mère de Dieu, qui avait alors son siège à l’endroit exact de l’actuelle église Saint-Pierre de Rome.
 
(98.0) 98:3.6 L’État romain émergent fut politiquement conquérant, mais fut à son tour conquis par les cultes, rituels, mystères et les concepts de dieu de l’Égypte, de la Grèce et du Levant. Ces cultes importés continuèrent à fleurir dans tout l’empire romain jusqu’à l’époque d’Auguste. Pour des raisons purement politiques et civiles, ce dernier fit un effort héroïque et partiellement couronné de succès pour détruire les mystères et ranimer l’ancienne religion politique.
 
(98.0) 98:3.7 Un prêtre de la religion d’État exposa à Auguste les tentatives antérieures des éducateurs de Salem pour répandre la doctrine d’un Dieu unique, d’une Déité finale dominant tous les êtres surnaturels. Cette idée s’implanta si fermement chez l’empereur qu’il construisit de nombreux temples, les garnit abondamment de belles statues, réorganisa la prêtrise d’État, rétablit la religion d’État, se nomma lui-même comme faisant fonction de grand-prêtre de tout et, en tant qu’empereur, n’hésita pas à se proclamer lui-même dieu suprême.
 
(98.0) 98:3.8 Cette nouvelle religion du culte d’Auguste prospéra et fut observée dans tout l’empire durant sa vie, sauf en Palestine, foyer des Juifs. Cette époque des dieux humains se prolongea jusqu’à ce que le culte officiel romain eût un tableau de plus de quarante déités humaines s’étant élevées elles-mêmes à cette dignité, et prétendant toutes à des naissances miraculeuses et à d’autres attributs surhumains.
 
(98.0) 98:3.9 Le groupe des croyants de Salem allait s’amenuisant ; un sérieux groupement de prédicateurs, les cyniques, offrit un dernier sursaut de résistance. Ils exhortèrent les Romains à abandonner leurs rites religieux sauvages et insensés, et à revenir à une forme de culte incorporant l’évangile de Melchizédek, tel qu’il avait été modifié et altéré par contact avec la philosophie des Grecs. Mais, dans son ensemble, le peuple rejeta les cyniques et préféra se plonger dans les rituels des mystères, qui non seulement lui offrait l’espoir du salut personnel, mais encore satisfaisait son désir de diversion, d’excitation et de distraction.
 
4. Les cultes des mystères

(98.0) 98:4.1 Ayant perdu leurs religions primitives de famille et d’État, et ne se trouvant ni capables ni désireux de saisir le sens de la philosophie grecque, les habitants du monde gréco-romain tournèrent en majorité leur attention vers les cultes spectaculaires et émotionnels des mystères d’Égypte et du Levant. Les gens du peuple recherchaient ardemment des promesses de salut – une consolation religieuse pour aujourd’hui et des assurances d’un espoir d’immortalité pour après la mort.
 
(98.0) 98:4.2 Les trois cultes des mystères qui devinrent les plus populaires furent les suivants :
 
  (98.0) 98:4.3 1.Le culte phrygien de Cybèle et de son fils Attis.
 
  (98.0) 98:4.4 2.Le culte égyptien d’Osiris et de sa mère Isis.
 
  (98.0) 98:4.5 3.Le culte iranien d’adoration de Mithra comme sauveur et rédempteur de l’humanité pécheresse.
 
(98.0) 98:4.6 Les mystères phrygien et égyptien enseignaient que le fils divin (respectivement Attis et Osiris) avait passé par la mort et avait été ressuscité par le pouvoir divin, et qu’en outre tous ceux qui avaient été convenablement initiés au mystère, et célébraient respectueusement les anniversaires de la mort et de la résurrection du dieu, participaient, de ce fait, de sa nature divine et de son immortalité.
 
(98.0) 98:4.7 Les cérémonies phrygiennes étaient imposantes mais dégradantes. Leurs fêtes sanglantes montrent à quel point les mystères levantins étaient devenus dégradés et primitifs. Le jour le plus saint était le Vendredi Noir, le “ jour du sang ”, commémorant la mort volontaire d’Attis. Après les trois jours où l’on célébrait le sacrifice et la mort d’Attis, la fête tournait en liesse en l’honneur de sa résurrection.
 
(98.0) 98:4.8 Les rituels du culte d’Isis et d’Osiris étaient plus raffinés et plus impressionnants que ceux du culte phrygien. Ce rituel égyptien était bâti autour de la légende de l’ancien dieu du Nil, un dieu qui mourut et fut ressuscité. Ce concept dérivait de l’observation que la croissance des plantes s’arrête selon un rythme annuel récurrent, suivi de la régénération de tous les végétaux vivants au printemps. La frénésie dans la célébration de ces cultes des mystères et les orgies de leurs cérémonies, qui étaient censées aboutir à “ l’enthousiasme ” de la réalisation de la divinité, étaient parfois des plus révoltantes.
 
5. Le culte de Mithra

(98.0) 98:5.1 Les mystères phrygien et égyptien finirent par s’effacer devant le plus grand de tous les cultes des mystères, l’adoration de Mithra. Le culte mithriaque attirait un large éventail de tempéraments humains et supplanta graduellement ses deux prédécesseurs. Le mithracisme se répandit dans l’empire romain par la propagande des légions romaines recrutées au Levant, où cette religion était en vogue, car les soldats apportaient cette croyance partout où ils allaient. Ce nouveau rituel religieux fut un grand progrès sur les cultes antérieurs des mystères.
 
(98.0) 98:5.2 Le culte de Mithra naquit en Iran et subsista longtemps dans son pays d’origine, malgré l’opposition militante des disciples de Zoroastre. Mais, à l’époque où le mithracisme atteignit Rome, il avait été grandement amélioré par l’assimilation de nombreux enseignements de Zoroastre. Ce fut principalement au travers du culte mithriaque que la religion de Zoroastre exerça une influence sur le christianisme apparu plus tard.
 
(98.0) 98:5.3 Le culte mithriaque décrivait un dieu militant prenant naissance dans un grand rocher, se lançant dans de vaillants exploits et faisant jaillir de l’eau d’un rocher frappé par ses flèches. Il y avait un déluge duquel un seul homme échappait dans un bateau spécialement construit, et un dernier souper que Mithra célébrait avec le dieu-soleil avant de s’élever au ciel. Ce dieu-soleil, Sol Invictus, était une dégénération d’Ahura-Mazda, le concept de déité du zoroastrisme. Mithra était conçu comme le champion survivant du dieu-soleil dans sa lutte avec le dieu des ténèbres. En reconnaissance d’avoir tué le taureau mythique sacré, Mithra fut rendu immortel et élevé au poste d’intercesseur pour la race humaine parmi les dieux du ciel.
 
(98.0) 98:5.4 Les adhérents de ce culte le pratiquaient dans des grottes et autres lieux secrets où ils chantaient des hymnes, marmottaient des paroles magiques, mangeaient la chair des animaux sacrifiés et buvaient leur sang. Ils adoraient trois fois par jour, avec des cérémonies hebdomadaires spéciales le jour du dieu-soleil, et la célébration la plus minutieuse de toutes avait lieu lors de la fête annuelle de Mithra, le 25 décembre. La croyance était que le partage du sacrement assurait la vie éternelle, le passage immédiat, après la mort, dans le sein de Mithra, pour y demeurer dans la félicité jusqu’au jour du jugement ; ce jour-là, les clefs mithriaques du ciel ouvriraient les portes du Paradis pour y recevoir les fidèles, après quoi tous les non-baptisés parmi les vivants et les morts seraient anéantis lors du retour de Mithra sur terre. On enseignait qu’après sa mort, un homme allait devant Mithra pour être jugé, et qu’à la fin du monde, Mithra ferait sortir tous les morts de leur tombe pour le jugement dernier. Les méchants seraient détruits par le feu, et les bons règneraient avec Mithra pour toujours.
 
(98.0) 98:5.5 Au début, c’était uniquement une religion pour les hommes ; les croyants pouvaient être initiés successivement dans sept ordres différents. Plus tard, les épouses et les filles des croyants furent admises aux temples de la Grande Mère qui étaient contigus aux temples mithriaques. Le culte féminin était un mélange du rituel mithriaque et des cérémonies du culte phrygien de Cybèle, mère d’Attis.
 
6. Mithracisme et christianisme

(98.0) 98:6.1 Avant l’apparition des cultes des mystères et du christianisme dans les pays civilisés d’Afrique du Nord et d’Europe, la religion personnelle ne s’y était guère développée comme institution indépendante ; elle était plutôt une affaire de famille, de cité-État, de politique et d’empire. Les Grecs hellènes n’instituèrent jamais un système de culte centralisé ; le rituel était local ; ils n’avaient ni prêtrise ni “ livre sacré ”. Comme chez les Romains, leurs institutions religieuses manquaient d’un puissant agent moteur pour préserver les valeurs morales et spirituelles supérieures. Il est exact que, si l’on fait de la religion une institution, on porte généralement atteinte à sa qualité spirituelle, mais il faut bien constater aussi le fait que nulle religion n’a jusqu’ici réussi à survivre sans l’aide d’une organisation institutionnelle plus ou moins poussée.
 
(98.0) 98:6.2 La religion de l’Occident a donc langui jusqu’aux jours des sceptiques, des cyniques, des épicuriens et des stoïciens, mais, ce qui est le plus important, jusqu’à l’époque de la grande controverse entre le mithracisme et la nouvelle religion chrétienne de Paul.
 
(98.0) 98:6.3 Au cours du troisième siècle après le Christ, les Églises mithriaques et chrétiennes se ressemblèrent beaucoup quant à l’aspect extérieur et au caractère de leur rituel. Leurs lieux de culte étaient en majorité souterrains et contenaient, dans les deux cas, des autels dont les arrière-plans dépeignaient diversement les souffrances du sauveur qui avait apporté le salut à une race humaine maudite par le péché.
 
(98.0) 98:6.4 En entrant au temple, les adorateurs mithraïques avaient toujours eu l’habitude de tremper leurs doigts dans de l’eau bénite. Et, comme il y avait dans certains districts des personnes qui, à un moment donné, appartenaient aux deux religions, ils apportèrent cette coutume dans la majorité des Églises chrétiennes voisines de Rome. Les deux religions employaient le baptême et partageaient le sacrement du pain et du vin. En dehors du caractère de Mithra et de Jésus, la seule grande différence entre les religions mithriaque et chrétienne était que la première encourageait le militarisme, tandis que la seconde était ultrapacifique. Sa tolérance envers les autres religions (sauf le christianisme plus récent) conduisit le mithracisme à sa perte finale, mais le facteur décisif de la lutte entre les deux fut l’admission des femmes comme membres à part entière de la communauté de la foi chrétienne.
 
(98.0) 98:6.5 La foi chrétienne de nom finit par dominer l’Occident. La philosophie grecque fournit les concepts des valeurs éthiques, le mithracisme apporta le rituel d’observance du culte, et le christianisme, comme tel, donna la technique pour conserver les valeurs morales et sociales.
 
7. La religion chrétienne

(98.0) 98:7.1 Ce n’est pas pour réconcilier un Dieu courroucé qu’un Fils Créateur s’est incarné dans la similitude d’une chair mortelle et effusé sur l’humanité d’Urantia ; c’est plutôt pour gagner tous les hommes à la reconnaissance de l’amour du Père et à la réalisation de leur filiation avec Dieu. Après tout, même le grand avocat de la doctrine de l’expiation a quelque peu compris cette vérité, car il a proclamé que “ Dieu, dans le Christ, réconciliait le monde avec lui-même. ”
 
(98.0) 98:7.2 Le présent fascicule ne cherche pas à analyser l’origine et la propagation de la religion chrétienne. Il suffit de dire qu’elle est bâtie autour de la personne de Jésus de Nazareth, le Fils Micaël de Nébadon humainement incarné, connu sur Urantia comme le Christ, l’oint du Seigneur. Le christianisme fut répandu dans tout le Levant et l’Occident par les disciples de ce Galiléen. Leur zèle missionnaire égalait celui de leurs illustres prédécesseurs, les Séthites et les Salémites, aussi bien que celui de leurs sincères contemporains asiatiques, les éducateurs bouddhistes.
 
(98.0) 98:7.3 En tant que système de croyance urantien, la religion chrétienne a grandi par l’amalgamation des enseignements, influences, croyances, cultes et attitudes individuelles personnelles suivantes :
 
  (98.0) 98:7.4 1.Les enseignements de Melchizédek, facteur fondamental dans toutes les religions d’Orient et d’Occident qui ont pris corps depuis quatre-mille ans.
 
  (98.0) 98:7.5 2. Le système hébraïque de moralité, d’éthique, de théologie et de croyance à la fois en la Providence et en Yahweh le suprême.
 
  (98.0) 98:7.6 3.La conception zoroastrienne de lutte entre le bien cosmique et le mal cosmique, conception qui avait déjà laissé son empreinte sur le judaïsme et le mithracisme. À travers un contact prolongé accompagnant les luttes entre mithracisme et christianisme, les doctrines du prophète iranien devinrent un facteur puissant dans la mise en forme et la structure théologique et philosophique des dogmes, des doctrines et de la cosmologie des versions hellénisées et latinisées des enseignements de Jésus.
 
  (98.0) 98:7.7 4.Les cultes des mystères, spécialement le mithracisme, mais aussi l’adoration de la Grande Mère dans le culte phrygien. Même les légendes au sujet de la naissance de Jésus sur Urantia furent viciées par la version romaine de la naissance miraculeuse du sauveur-héros iranien Mithra, dont la venue sur terre était censée n’avoir eu pour témoins qu’un petit groupe de bergers porteurs de présents, qui avaient été informés de l’évènement imminent par des anges.
 
  (98.0) 98:7.8 5.Le fait historique de la vie humaine de Joshua ben Joseph, la réalité de Jésus de Nazareth en tant que Christ glorifié, le Fils de Dieu.
 
  (98.0) 98:7.9 6.Le point de vue personnel de Paul de Tarse. Et il faut noter que le mithracisme était la religion dominante à Tarse pendant son adolescence. Paul ne songeait guère que ses lettres bien intentionnées à ses convertis seraient plus tard considérées par des chrétiens comme la “ parole de Dieu ”. Des éducateurs de bonne volonté comme lui ne doivent pas être tenus pour responsables de l’usage que des successeurs venus bien plus tard auront fait de leurs écrits.
 
  (98.0) 98:7.10 7.La pensée philosophique des Hellénistes depuis Alexandrie et Antioche, en passant par la Grèce, jusqu’à Syracuse et Rome. La philosophie des Grecs était plus en harmonie avec la version paulinienne du christianisme qu’avec aucun autre système religieux courant. Elle devint un facteur important du succès du christianisme en Occident. La philosophie grecque, doublée de la théologie de Paul, forme encore la base de l’éthique européenne.
 
(98.0) 98:7.11 À mesure que les enseignements originels de Jésus pénétrèrent l’Occident, ils furent occidentalisés et, à mesure qu’ils furent occidentalisés, ils commencèrent à perdre leur potentiel d’attrait universel pour toutes les races et toutes les sortes d’hommes. Aujourd’hui, le christianisme est devenu une religion bien adaptée aux mœurs sociales, économiques et politiques des races blanches. Il a cessé, depuis longtemps, d’être la religion de Jésus, bien qu’il dépeigne toujours vaillamment une belle religion à propos de Jésus aux personnes qui cherchent sincèrement à suivre la voie de son enseignement. Le christianisme a glorifié Jésus en tant que Christ, l’oint messianique de Dieu, mais il a grandement oublié l’évangile personnel du Maitre : la Paternité de Dieu et la fraternité universelle de tous les hommes.
 
(98.0) 98:7.12 Telle est la longue histoire des enseignements de Machiventa Melchizédek sur Urantia. Il y a bientôt quatre-mille ans que ce Fils de secours de Nébadon s'effusa sur Urantia. Au cours de ces millénaires, les enseignements du “ prêtre d’El Elyon, le Très Haut Dieu ” ont pénétré chez toutes les races et tous les peuples. Machiventa avait atteint le but de son effusion exceptionnelle. Le concept de Dieu était présent dans le cœur des hommes et des femmes au moment où Micaël se prépara à apparaitre sur Urantia. Ce même concept jette toujours de nouvelles flammes dans l’expérience spirituelle vivante des multiples enfants du Père Universel, pendant qu’ils vivent leur mystérieuse vie temporelle sur les planètes tourbillonnantes de l’espace.
 
(98.0) 98:7.13 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]
 


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97. L’évolution du concept de Dieu chez les Hébreux

LIVRE D'URANTIA  -  Fascicule 97. L’évolution du concept de Dieu chez les Hébreux

(97.0) 97:0.1 Les chefs spirituels des Hébreux accomplirent ce que personne avant eux n’avait réussi à faire – ils “ désanthropomorphisèrent ” leur concept de Dieu sans le convertir en une abstraction de la Déité, intelligible aux seuls philosophes. Sous ce concept muri, même les gens du commun furent capables de considérer Yahweh comme un Père, sinon de l’individu, du moins de la race.
 
(97.0) 97:0.2 Le concept de la personnalité de Dieu avait été clairement enseigné à Salem à l’époque de Melchizédek, alors qu’il était vague et embrumé au temps de l’exode d’Égypte, et n’évolua que graduellement, de génération en génération, dans le mental hébraïque, en réponse aux enseignements des chefs spirituels. La perception de la personnalité de Yahweh suivit une évolution beaucoup plus continue que celle de bien d’autres attributs de la Déité. Depuis Moïse jusqu’à Malachie, l’idéation de la personnalité de Dieu subit une croissance à peu près ininterrompue dans le mental hébraïque, et, finalement, ce concept fut exalté et glorifié par les enseignements de Jésus sur le Père qui est aux cieux.
 
1. Samuel – le premier des prophètes hébreux

(97.0) 97:1.1 La pression hostile des peuples environnant la Palestine enseigna bientôt aux cheikhs hébreux qu’ils ne pouvaient espérer survivre sans confédérer leurs organisations tribales en un gouvernement centralisé. Cette centralisation de l’autorité administrative fournit à Samuel une meilleure occasion d’opérer comme instructeur et réformateur.
 
(97.0) 97:1.2 Samuel était issu d’une longue lignée d’éducateurs de Salem qui avaient persisté à maintenir les vérités de Melchizédek comme une partie de leurs formes de culte. Cet éducateur était un homme viril et résolu. Seule sa grande dévotion, doublée de son extraordinaire détermination, lui permit de résister à l’opposition quasi universelle qu’il rencontra, au début de ses efforts, pour ramener Israël à l’adoration du Yahweh suprême de l’époque de Moïse. Même alors, il n’obtint qu’un succès partiel : il ne gagna au concept supérieur de Yahweh que la moitié la plus intelligente des Hébreux ; l’autre moitié continua dans l’adoration des dieux tribaux de la contrée et dans les basses conceptions de Yahweh.
 
(97.0) 97:1.3 Samuel était un type d’homme taillé à la hache, un réformateur pratique capable de sortir un jour avec ses compagnons et de démolir une vingtaine de lieux réservés à Baal. C’est purement par la force de la contrainte qu’il fit accomplir des progrès ; il prêcha peu, il enseigna encore moins, mais il agit. Un jour il se moquait du prêtre de Baal, le lendemain il coupait en morceaux un roi captif. Il croyait avec dévotion au Dieu unique et avait une conception claire de ce Dieu comme créateur du ciel et de la terre : “ Les colonnes de la terre appartiennent au Seigneur, et sur elles il a posé le monde. ”
 
(97.0) 97:1.4 Mais la grande contribution que Samuel apporta au développement du concept de la Déité fut son annonce retentissante que Yahweh était invariant, qu’il personnifiait pour toujours la même perfection et la même divinité infaillibles. À cette époque, on croyait que Yahweh était un Dieu d’humeur changeante, ayant des accès de jalousie, regrettant toujours d’avoir fait ceci ou cela. Mais, maintenant, pour la première fois depuis qu’ils étaient sortis d’Égypte, les Hébreux entendirent ces paroles saisissantes : “ La Force d’Israël ne ment point et ne se repent point, car il n’est pas un homme pour se repentir. ” La stabilité dans les relations avec la Divinité était proclamée. Samuel réitéra l’alliance de Melchizédek avec Abraham et déclara que le Seigneur Dieu d’Israël était la source de toute vérité, de toute permanence et de toute constance. Les Hébreux avaient toujours considéré leur Dieu comme un homme, un surhomme, un esprit élevé d’origine inconnue, mais, maintenant, ils entendaient l’esprit de l’Horeb de jadis exalté comme un Dieu immuable dans sa perfection de créateur. Samuel aidait le concept évoluant de Dieu à s’élever au-dessus de l’état changeant du mental humain et des vicissitudes de l’existence de mortel. Sous l’influence de ses enseignements, le Dieu des Hébreux commençait son ascension, partant d’une idée sur la hiérarchie des dieux tribaux pour aboutir à l’idéal d’un tout-puissant et immuable Créateur et Superviseur de toute la création.
 
(97.0) 97:1.5 À nouveau, il prêcha l’histoire de la sincérité de Dieu et de la confiance que l’on pouvait mettre en lui pour maintenir l’alliance. Samuel dit : “ Le Seigneur n’abandonnera point son peuple. ” “ Il a établi avec nous une alliance éternelle, bien ordonnée à tous égards, et certaine. ” Ainsi résonnait, dans toute la Palestine, l’appel au retour à l’adoration du Yahweh suprême. L’énergique éducateur proclamait toujours : “ Tu es grand, ô Seigneur Dieu, car il n’est personne de semblable à toi, et il n’y a pas de Dieu en dehors de toi. ”
 
(97.0) 97:1.6 Jusque-là, les Hébreux avaient principalement considéré la faveur de Yahweh en termes de prospérité matérielle. La proclamation suivante qu’osa faire Samuel fut un grand choc pour Israël et faillit couter la vie à son auteur : “ Le Seigneur enrichit et appauvrit ; il exalte et il abaisse. Il tire les pauvres de la poussière et il élève les mendiants au rang des princes pour leur faire hériter le trône de gloire. ” Jamais, depuis Moïse, des promesses aussi encourageantes pour les humbles et les moins fortunés n’avaient été proclamées ; des milliers de désespérés parmi les pauvres commencèrent à espérer qu’ils pourraient améliorer leur statut spirituel.
 
(97.0) 97:1.7 Mais Samuel ne progressa pas bien loin au-delà du concept d’un dieu tribal. Il proclama un Yahweh créateur de tous les hommes, mais s’intéressant principalement aux Hébreux, son peuple élu. Même alors, comme au temps de Moïse, le concept de Dieu dépeignait une Déité sainte et intègre : “ Nul n’est saint comme le Seigneur. Qui peut-on comparer à ce saint Seigneur Dieu ? ”
 
(97.0) 97:1.8 Les années passant, le vieux chef grisonnant progressa dans la compréhension de Dieu, car il déclara : “ Le Seigneur est un Dieu de connaissance, et par lui les actions sont pesées. Le Seigneur jugera les confins de la terre, témoignant de la miséricorde aux miséricordieux, et il sera droit aussi avec l’homme droit. ” C’est ici que se place l’aurore de la miséricorde, bien qu’elle y soit limitée à ceux qui la pratiquent. Plus tard, Samuel fit encore un pas en avant lorsqu’il exhorta son peuple dans l’adversité : “ Remettons-nous maintenant aux mains du Seigneur, car ses miséricordes sont grandes. ” “ Rien n’empêche le Seigneur de sauver beaucoup ou peu de gens. ”
 
(97.0) 97:1.9 Et ce développement graduel du concept du caractère de Yahweh se poursuivit sous le ministère des successeurs de Samuel. Ils essayèrent de présenter Yahweh comme un Dieu gardant son alliance, mais n’avancèrent pas à la même allure que Samuel ; ils ne réussirent pas à développer l’idée de la miséricorde divine telle que Samuel avait fini par la concevoir. Il se produisit un recul régulier vers la récognition d’autres dieux, malgré l’affirmation que Yahweh était au-dessus de tous. “ Le royaume est à toi, ô Seigneur, et tu es exalté comme chef sur tous. ”
 
(97.0) 97:1.10 L’accent de cette époque était mis sur le pouvoir divin ; les prophètes d’alors prêchaient une religion destinée à maintenir le roi sur le trône hébreu : “ À toi, Seigneur, appartiennent la grandeur, la puissance, la gloire, la victoire et la majesté. Ta main détient le pouvoir et la puissance, et tu peux agrandir et affermir toutes choses. ” Tel était le statut du concept de Dieu à l’époque de Samuel et de ses successeurs immédiats.
 
2. Élie et Élisée

(97.0) 97:2.1 Au dixième siècle avant le Christ, la nation hébraïque se divisa en deux royaumes. Dans ces deux divisions politiques, de nombreux éducateurs de la vérité s’efforcèrent d’endiguer le flot réactionnaire de décadence spirituelle qui s'était installée et qui continua désastreusement après la guerre de séparation. Mais ces efforts pour faire progresser la religion hébraïque ne portèrent pas de fruit avant qu’Élie, le combattant déterminé et sans peur de la droiture, ne commence son enseignement. Élie restaura, dans le royaume du Nord, un concept de Dieu comparable à celui qui existait au temps de Samuel. Élie eut peu d’occasions de présenter un concept évolué de Dieu ; il était trop occupé, comme Samuel avant lui, à renverser les autels de Baal et à démolir les idoles des faux dieux. Il effectua ses réformes en affrontant l’opposition d’un monarque idolâtre. Sa tâche fut encore plus gigantesque et difficile que celle à laquelle Samuel avait fait face.
 
(97.0) 97:2.2 Quand Élie fut appelé à quitter la terre, Élisée, son fidèle compagnon, reprit son œuvre et maintint la lumière de la vérité vivante en Palestine avec l’aide inappréciable de Michée, un prophète peu connu.
 
(97.0) 97:2.3 Mais ce ne fut pas une époque de progrès dans le concept de la Déité. Les Hébreux ne s’étaient même pas encore élevés à la hauteur de l’idéal de Moïse. L’époque d’Élie et d’Élisée s’acheva par le retour des meilleures classes d’Hébreux à l’adoration du suprême Yahweh et vit l’idée du Créateur Universel revenir à peu près au point où Samuel l’avait laissée.
 
3. Yahweh et Baal

(97.0) 97:3.1 L’interminable controverse entre les croyants en Yahweh et les partisans de Baal fut un conflit socioéconomique d’idéologies plutôt qu’un différend de croyances religieuses.
 
(97.0) 97:3.2 Les habitants de la Palestine avaient des attitudes différentes au sujet de la propriété privée de la terre. Les tribus méridionales ou errantes d’Arabie (les yahvistes) considéraient la terre comme inaliénable – comme un don de la Déité au clan. Elles estimaient que la terre ne devait être ni vendue ni hypothéquée. “ Yahweh a parlé et dit : 'la terre ne sera pas vendue, car la terre est à moi.' ”
 
(97.0) 97:3.3 Les Cananéens du Nord (les baalites) plus stables achetaient, vendaient et hypothéquaient leurs terres sans restriction. Le mot Baal signifie propriétaire. Le culte de Baal était fondé sur deux doctrines principales : premièrement, la validité des échanges de biens, des contrats et des alliances – le droit d’acheter et de vendre des terres ; deuxièmement, Baal était censé envoyer la pluie – il était un dieu de la fertilité du sol. Les bonnes récoltes dépendaient de la faveur de Baal. Le culte concernait largement les terres, leur propriété et leur fertilité.
 
(97.0) 97:3.4 En général, les baalites possédaient des terres, des maisons et des esclaves. Ils étaient les aristocrates propriétaires terriens et vivaient dans les cités. Chaque Baal avait son lieu sacré, sa prêtrise et ses “ saintes femmes ”, les prostituées rituelles.
 
(97.0) 97:3.5 De cette divergence fondamentale des points de vue sur les terres naquirent les implacables antagonismes d’attitudes sociales, économiques, morales et religieuses manifestées par les Cananéens et les Hébreux. Cette controverse socioéconomique ne devint pas une affaire nettement religieuse avant l’époque d’Élie. À partir de l’intervention de ce prophète agressif, la lutte se déroula sur un plan plus strictement religieux – Yahweh contre Baal – et se termina par la victoire de Yahweh et la poussée subséquente vers le monothéisme.
 
(97.0) 97:3.6 Élie fit passer la controverse Yahweh-Baal de l’aspect foncier à l’aspect religieux des idéologies hébraïque et cananéenne. Quand Achab fit assassiner Naboth et sa famille, au cours de l’intrigue pour s’emparer de leurs terres, Élie s’attaqua aux anciennes mœurs foncières ; il en fit une question morale et lança sa vigoureuse campagne contre les baalites. Ce fut aussi une lutte des gens de la campagne contre la domination par les citadins. Ce fut principalement sous l’influence d’Élie que Yahweh devint Élohim. Le prophète débuta comme réformateur agraire et termina en exaltant la Déité. Les Baals étaient nombreux et Yahweh était unique – le monothéisme triompha du polythéisme.
 
4. Amos et Osée

(97.0) 97:4.1 Une grande étape fut franchie par Amos dans la transition entre le dieu tribal – le dieu qui avait si longtemps été servi au moyen de sacrifices et de cérémonies, le Yahweh des premiers Hébreux – et un Dieu qui punissait le crime et l’immoralité même chez son propre peuple. Amos apparut, venant des collines du Sud, pour dénoncer la criminalité, l’ivrognerie, l’oppression et l’immoralité des tribus du Nord. Jamais, depuis l’époque de Moïse, des vérités aussi éclatantes n’avaient été proclamées en Palestine.
 
(97.0) 97:4.2 Amos ne se borna pas simplement à restaurer ou à réformer ; il découvrit aussi de nouveaux concepts de la Déité. Il répéta au sujet de Dieu beaucoup de proclamations déjà faites par ses prédécesseurs, et attaqua courageusement la croyance en un Être Divin autorisant le péché dans son propre peuple dit élu. Pour la première fois, depuis l’époque de Melchizédek, les oreilles humaines entendirent dénoncer le double critère de la justice et de la moralité nationales. Pour la première fois dans leur histoire, des Hébreux entendirent de leurs oreilles que leur propre Dieu Yahweh ne tolèrerait pas plus le crime et le péché dans leur vie que dans celle des membres de n’importe quel autre peuple. Amos eut la vision du Dieu sévère et juste de Samuel et d’Élie, mais il vit aussi un Dieu qui ne faisait aucune distinction entre les Hébreux et toute autre nation quand on en venait à punir la malfaisance. C’était une attaque directe contre la doctrine égoïste du “ peuple élu ” et nombre d’Hébreux de l’époque en furent profondément froissés.
 
(97.0) 97:4.3 Amos dit : “ Cherchez celui qui a formé les montagnes et fait lever le vent, celui qui a formé les Pléiades et Orion, qui change en matin l’ombre de la mort et rend le jour aussi sombre que la nuit. ” En dénonçant ses contemporains opportunistes, mi-religieux, et parfois immoraux, il chercha à décrire la justice inexorable d’un Yahweh invariant en disant des malfaisants : “ Même s’ils pénètrent jusque dans l’enfer, de là ma main les prendra, et même s’ils montent dans les cieux, de là je les ferai descendre. ” “ et même s’ils vont en captivité devant leurs ennemis, là je commanderai à l’épée de la justice, et elle les tuera. ” Amos effraya encore davantage ses auditeurs en dirigeant vers eux un doigt réprobateur et accusateur, et en déclarant au nom de Yahweh : “ Surement je n’oublierai jamais aucune de vos œuvres. ” “ Et je passerai au crible la maison d’Israël parmi toutes les nations, comme on secoue le blé dans un tamis. ”
 
(97.0) 97:4.4 Amos proclama que Yahweh était le “ Dieu de toutes les nations ” et avertit les Israélites que le rituel ne devait pas se substituer à la droiture. Avant que ce courageux éducateur ne fût lapidé à mort, il avait répandu assez de levain de la vérité pour sauver la doctrine du Yahweh suprême ; il avait assuré la continuation de l’évolution de la révélation de Melchizédek.
 
(97.0) 97:4.5 Osée suivit Amos et sa doctrine d’un Dieu universel de justice en ressuscitant le concept mosaïque d’un Dieu d’amour. Osée prêcha le pardon par repentir, et non par sacrifice. Il proclama un évangile de bienveillance affectueuse et de miséricorde divine en disant : “ Je vous fiancerai à moi pour toujours, oui, je vous fiancerai à moi en droiture et en jugement et en bienveillance affectueuse et en miséricorde. Je vous fiancerai même à moi en fidélité. ” “ Je les aimerai librement, car ma colère s’est détournée. ”
 
(97.0) 97:4.6 Osée continua fidèlement les avertissements moraux d’Amos en disant de Dieu : “ Je les châtierai à mon gré. ” Mais les Israélites considérèrent, comme une cruauté frisant la trahison, les paroles suivantes qu’il prononça : “ Je dirai à ceux qui n’étaient pas mon peuple : vous êtes mon peuple ; et eux diront : tu es notre Dieu. ” Il continua à prêcher le repentir et le pardon en disant : “ Je guérirai leur récidive. Je les aimerai abondamment, car ma colère s’est détournée. ” Osée proclama constamment l’espoir et le pardon. La substance de son message fut toujours : “ J’aurai de la miséricorde pour mon peuple. Ils ne connaitront pas d’autre Dieu que moi, car il n’y a pas d’autre sauveur que moi. ”
 
(97.0) 97:4.7 Amos vivifia la conscience nationale des Hébreux en leur faisant reconnaitre que Yahweh ne pardonnerait pas le crime et le péché parmi eux sous prétexte qu’ils étaient censément le peuple élu. En même temps, Osée fit résonner les notes d’ouverture des accords miséricordieux ultérieurs de compassion divine et de bienveillance affectueuse, qui furent si délicieusement chantés par Isaïe et ses compagnons.
 
5. Le premier Isaïe

(97.0) 97:5.1 Ce fut une époque où certains proclamaient des menaces de punition pour les péchés personnels et les crimes nationaux des clans du Nord, tandis que d’autres prédisaient des calamités en châtiment des transgressions du royaume du Sud. Ce fut dans le sillage de ce réveil de conscience et de prise de conscience des deux nations hébraïques que le premier Isaïe fit son apparition.
 
(97.0) 97:5.2 Isaïe continua à prêcher la nature éternelle de Dieu, sa sagesse infinie, la perfection immuable avec laquelle on pouvait compter sur lui. Il représenta le Dieu d’Israël comme disant : “ J’ajusterai exactement le jugement au cordeau et j’alignerai la droiture sur le fil à plomb. ” “ Le Seigneur vous reposera de vos chagrins, de vos peurs et de la dure servitude où l’homme a été amené à servir. ” “ Vos oreilles entendront une parole prononcée derrière vous et disant : 'voici le chemin, marchez-y.' ” “ Voici, Dieu est mon salut ; j’aurai confiance et ne serai pas effrayé, car le Seigneur est ma force et mon chant. ” “ Venez maintenant à moi et raisonnons ensemble, dit le Seigneur : 'si vos péchés sont comme l’écarlate, ils deviendront blancs comme la neige ; s’ils sont rouges comme le cramoisi, ils seront comme la laine.' ”
 
(97.0) 97:5.3 Parlant aux âmes affamées des Hébreux tourmentés par la peur, ce prophète dit : “ Lève-toi et resplendis, car ta lumière est venue et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. ” “ L’esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a oint pour apporter de bonnes nouvelles aux débonnaires ; il m’a envoyé pour panser ceux qui ont le cœur brisé, pour proclamer la liberté aux captifs, et l’ouverture de la prison à ceux qui sont enchainés. ” “ Je me réjouirai grandement dans le Seigneur, mon âme sera joyeuse en mon Dieu, car il m’a revêtu des vêtements du salut et m’a recouvert de sa robe de droiture. ” “ Dans toutes leurs afflictions, il a été affligé, et l’ange de sa présence les a sauvés. Dans son amour et sa pitié, il les a rachetés. ”
 
(97.0) 97:5.4 Cet Isaïe fut suivi de Michée et d’Abdias, qui confirmèrent et embellirent son évangile satisfaisant l’âme. Ces deux vaillants messagers dénoncèrent audacieusement le rituel pratiqué par les Hébreux sous l’empire des prêtres et attaquèrent avec intrépidité tout le système sacrificiel.
 
(97.0) 97:5.5 Michée critiqua “ les chefs qui jugent pour des présents, les prêtres qui enseignent pour un salaire et les prophètes qui devinent pour de l’argent. ” Il enseigna la venue d’un jour où l’on serait libéré des superstitions et de l’artifice de la prêtrise, en disant : “ Chaque homme se reposera sous sa propre vigne et nul ne l’effrayera, car chacun vivra selon sa compréhension de Dieu. ”
 
(97.0) 97:5.6 La substance du message de Michée fut toujours : “ Viendrai-je devant Dieu avec des holocaustes ? Le Seigneur voudra-t-il agréer mille béliers ou dix-mille torrents d’huile ? Donnerai-je mon premier-né pour ma transgression, le fruit de mon corps pour le péché de mon âme ? Il m’a montré, ô homme, ce qui est bon. Et que réclame le Seigneur de ta part sinon que tu agisses avec justice, que tu aimes la miséricorde et que tu marches humblement avec ton Dieu. ” Ce fut en vérité une grande époque ; ce furent vraiment des temps passionnants au cours desquels les mortels entendirent, et certains allèrent même jusqu’à croire, ces messages émancipateurs d’il y a plus de deux-mille-cinq-cents ans. Sans la résistance obstinée des prêtres, ces éducateurs auraient aboli tout le cérémonial sanguinaire du rituel du culte hébreu.
 
6. Jérémie l’intrépide

(97.0) 97:6.1 Plusieurs éducateurs continuèrent à exposer l’évangile d’Isaïe, mais il appartenait à Jérémie de franchir audacieusement l’étape suivante de l’internationalisation de Yahweh, Dieu des Hébreux.
 
(97.0) 97:6.2 Jérémie déclara avec intrépidité que Yahweh n’était pas du côté des Hébreux dans leurs guerres militaires contre d’autres nations. Il affirma que Yahweh était le Dieu de toute la terre, de toutes les nations et de tous les peuples. L’enseignement de Jérémie fut le crescendo de la marée montante pour internationaliser le Dieu d’Israël. Ce prédicateur intrépide proclama, une fois pour toutes, que Yahweh était le Dieu de toutes les nations, et qu’il n’existait ni d’Osiris pour les Égyptiens, ni de Bel pour les Babyloniens, ni d’Assur pour les Assyriens, ni de Dagon pour les Philistins. À cette époque et par la suite, la religion des Hébreux participa ainsi à la renaissance du monothéisme dans le monde entier ; enfin, le concept de Yahweh s’était élevé à un niveau de Déité de dignité planétaire et même cosmique. Toutefois, bien des compagnons de Jérémie trouvèrent difficile de concevoir Yahweh indépendamment de la nation hébraïque.
 
(97.0) 97:6.3 Jérémie fit également des sermons sur le Dieu juste et aimant décrit par Isaïe ; il déclara : “ Oui, je vous ai aimés d’un amour éternel ; c’est pourquoi je vous ai attirés avec une bienveillance affectueuse. ” “ Car il n’afflige pas volontiers les enfants des hommes. ”
 
(97.0) 97:6.4 Ce prophète intrépide a dit encore : “ Notre Seigneur est droit, grand dans ses conseils, et puissant dans ses œuvres. Ses yeux sont ouverts sur toutes les voies de tous les fils des hommes pour donner à chacun selon ses voies et selon le fruit de ses actions. ” Mais les paroles suivantes, prononcées durant le siège de Jérusalem, furent considérées comme une trahison blasphématoire : “ Et, maintenant, j’ai livré ce pays entre les mains de Nébucadnetsar, roi de Babylone, mon serviteur. ” Quand Jérémie conseilla la reddition de la ville, les prêtres et les chefs civils le jetèrent dans la boue d’un sombre cul de basse-fosse.
 
7. Le second Isaïe

(97.0) 97:7.1 La destruction de leur nation et la captivité des Hébreux en Mésopotamie auraient fait faire de grands progrès à leur théologie en expansion sans l’action déterminée de leurs prêtres. La nation hébraïque avait succombé devant les armées de Babylone, et son Yahweh nationaliste avait souffert des sermons internationalistes des dirigeants spirituels. Ce fut le ressentiment de la perte de leur dieu national qui amena les prêtres à aller aussi loin dans l’invention des fables et de la multiplication d’évènements d’apparence miraculeuse dans l’histoire hébraïque ; ils s’efforcèrent de rétablir les Juifs comme peuple élu même sous l’aspect de l’idée nouvelle et plus vaste d’un Dieu dont l’internationalisation s’étendait à toutes les nations.
 
(97.0) 97:7.2 Durant leur captivité, les Juifs furent très influencés par les traditions et légendes babyloniennes. Il faut cependant remarquer qu’ils améliorèrent systématiquement le ton moral et la signification spirituelle des histoires chaldéennes qu’ils adoptèrent, bien qu’ils eussent invariablement déformé ces légendes pour en faire rejaillir de l’honneur et de la gloire sur l’ascendance et l’histoire d’Israël.
 
(97.0) 97:7.3 Les prêtres et les scribes hébreux n’avaient qu’une seule idée en tête, celle de réhabiliter la nation juive, de glorifier les traditions hébraïques et d’exalter leur histoire raciale. Si l’on éprouve du ressentiment devant le fait que ces prêtres ont insufflé leurs idées erronées à une si grande partie du monde occidental, il faut se rappeler qu’ils ne le firent pas intentionnellement. Ils ne prétendaient ni écrire sous une inspiration ni rédiger un livre sacré. Ils préparaient simplement un manuel destiné à ranimer le courage faiblissant de leurs compagnons de captivité. Ils avaient nettement pour but d’améliorer l’esprit national et de relever le moral de leurs compatriotes. Il appartenait à des hommes apparus plus tard de réunir ces écrits, ainsi que certains autres, en un livre-guide dont les enseignements furent supposés infaillibles.
 
(97.0) 97:7.4 Les prêtres juifs utilisèrent libéralement ces écrits après leur retour de captivité, mais leur influence sur leurs compagnons de captivité fut grandement entravée par la présence d’un jeune et indomptable prophète, Isaïe le second, qui était pleinement converti au Dieu de justice, d’amour, de droiture et de miséricorde d’Isaïe l’ainé. Il croyait aussi, avec Jérémie, que Yahweh était devenu le Dieu de toutes les nations. Il prêcha ces théories sur la nature de Dieu avec un succès tellement marqué qu’il fit autant de convertis parmi les Juifs que parmi ceux qui les avaient déportés. Ce jeune prédicateur laissa par écrit ses enseignements que les prêtres hostiles et implacables cherchèrent à dissocier complètement d’avec lui ; cependant, par pur et simple respect pour leur beauté et leur grandeur, les enseignements du second Isaïe furent incorporés dans les écrits du premier Isaïe. Ils forment maintenant les chapitres 40 à 55 inclus du livre qui porte ce nom.
 
(97.0) 97:7.5 Depuis Machiventa jusqu’à l’époque de Jésus, nul prophète ou éducateur religieux n’atteignit le haut concept de Dieu que le second Isaïe proclama durant la période de captivité. Pour ce chef spirituel, il ne s’agissait pas d’un Dieu mesquin, anthropomorphe, créé par des hommes : “ Voici, il enlève les iles comme des poussières. ” “ De même que les cieux sont plus élevés que la terre, mes voies sont plus élevées que vos voies, et mes pensées plus élevées que vos pensées. ”
 
(97.0) 97:7.6 Machiventa Melchizédek pouvait enfin voir des éducateurs humains proclamer aux mortels un Dieu véritable. Comme le premier Isaïe, ce chef prêcha un Dieu ayant créé l’univers et continuant à le maintenir. “ J’ai créé la terre, et j’ai mis l’homme dessus. Je ne l’ai pas créée en vain, je l’ai formée pour qu’elle soit habitée. ” “ Je suis le premier et le dernier ; il n’y a point de Dieu en dehors de moi. ” Parlant au nom du Seigneur Dieu d’Israël, ce nouveau prophète dit : “ Les cieux peuvent disparaitre et la terre vieillir, mais ma droiture subsistera toujours et mon salut durera de génération en génération. ” “ Ne crains point, car je suis avec toi ; ne sois pas consterné, car je suis ton Dieu. ” “ Il n’y a point de Dieu en dehors de moi – un Dieu juste et un Sauveur. ”
 
(97.0) 97:7.7 Les captifs juifs furent réconfortés, comme des millions et des millions d’autres hommes depuis lors, en entendant des paroles telles que : “ Ainsi dit le Seigneur, 'je t’ai créé, je t’ai racheté, je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi.' ” “ Lorsque tu passeras à travers les eaux, je serai avec toi, car tu es précieux à ma vue. ” “ Une femme peut-elle oublier son nourrisson et n’avoir pas de compassion pour son fils ? Oui, elle peut oublier, mais, moi, je n’oublierai pas mes enfants, car voici, j’ai gravé leurs noms sur la paume de mes mains, je les ai même couverts de l’ombre de mes mains. ” “ Que le méchant abandonne ses voies et l’homme inique ses pensées, et qu’il retourne au Seigneur, car il aura compassion de lui ; qu’il revienne à notre Dieu, car il pardonne abondamment. ”
 
(97.0) 97:7.8 Écoutez de nouveau l’évangile de cette nouvelle révélation du Dieu de Salem : “ Il fera paitre son troupeau comme un berger ; il recueillera les agneaux dans ses bras et les portera sur son sein. Il donne du pouvoir aux faibles et il accroit la force de ceux qui n’ont pas de puissance. Ceux qui attendent le Seigneur renouvelleront leur vigueur ; ils s’élèveront avec des ailes, tels des aigles ; ils courront et ne seront pas fatigués ; ils marcheront et ne seront pas affaiblis. ”
 
(97.0) 97:7.9 Cet Isaïe mena une vaste propagande évangélique en faveur du concept élargi d’un Yahweh suprême. Il rivalisa avec Moïse par l’éloquence avec laquelle il décrivit le Seigneur Dieu d’Israël comme le Créateur Universel. Il fut poétique dans sa description des attributs infinis du Père Universel. Aucune déclaration plus belle concernant le Père céleste n’a jamais été formulée. Au même titre que les Psaumes, les écrits d’Isaïe comptent parmi les présentations les plus sublimes et les plus véridiques du concept spirituel de Dieu qui aient jamais atteint les oreilles des mortels avant l’arrivée de Micaël sur Urantia. Écoutez son portrait de la Déité : “ Je suis le haut et le sublime qui habite l’éternité. ” “ Je suis le premier et le dernier, et il n’y a pas d’autre Dieu en dehors de moi. ” “ Et la main du Seigneur n’est pas si courte qu’il ne puisse sauver, ni son oreille bouchée pour l’empêcher d’entendre. ” Ce fut une nouvelle doctrine pour les populations juives que d’entendre ce prophète bénin, mais plein d’autorité, persister dans sa prédication sur la constance divine, la fidélité de Dieu. Il déclara que “ Dieu n’oublierait pas et n’abandonnerait pas. ”
 
(97.0) 97:7.10 Cet audacieux éducateur proclama que l’homme avait une relation étroite avec Dieu. “ J’ai créé pour ma gloire chacun de ceux qui s’appellent de mon nom, et ils proclameront ma louange. C’est moi, oui moi, qui efface leurs transgressions par égard pour moi-même, et je ne me souviendrai pas de leurs péchés. ”
 
(97.0) 97:7.11 Écoutez ce grand Hébreu démolir le concept d’un Dieu national, tandis qu’en gloire il proclame la divinité du Père Universel dont il dit : “ Les cieux sont mon trône, et la terre est mon marchepied. ” Et le Dieu d’Isaïe n’en était pas moins saint, juste, majestueux et insondable. Le concept du coléreux, vindicatif et jaloux Yahweh des Bédouins du désert a presque disparu. Un nouveau concept du Yahweh suprême et universel est apparu dans le mental des mortels pour ne jamais plus être perdu de vue par l’humanité. La réalisation de la divine justice avait commencé la destruction de la magie primitive et de la peur biologique. L’homme est enfin introduit dans un univers de loi et d’ordre, et présenté à un Dieu universel qui possède des attributs fiables et finals.
 
(97.0) 97:7.12 Et ce prédicateur d’un Dieu céleste, ne cessa jamais de proclamer ce Dieu d’amour. “ J’habite le lieu élevé et saint, et aussi avec celui dont l’esprit est contrit et humble. ” Ce grand éducateur adressa encore à ses contemporains de nouvelles paroles d’encouragement : “ Et le Seigneur te guidera continuellement et satisfera ton âme. Tu seras comme un jardin arrosé, comme une source où l’eau ne manque pas. Si l’ennemi vient sur toi comme une inondation, l’esprit du Seigneur élèvera une défense contre lui. ” Une fois de plus, l’évangile de Melchizédek, destructeur de la peur, et la religion de Salem, engendrant la confiance, brillent pour la bénédiction de l’humanité.
 
(97.0) 97:7.13 Le clairvoyant et courageux Isaïe éclipsa efficacement le Yahweh nationaliste par son portrait sublime de la majesté et de l’omnipotence universelle du suprême Yahweh, Dieu d’amour, souverain de l’univers et Père affectueux de toute l’humanité. Depuis ces jours mémorables, le concept le plus élevé de Dieu en Occident a toujours englobé la justice universelle, la miséricorde divine et la droiture éternelle. Dans un langage superbe et avec une grâce incomparable, ce grand instructeur décrivit le Créateur tout-puissant comme le Père aimant tout le monde.
 
(97.0) 97:7.14 Ce prophète du temps de la captivité prêcha à ses compatriotes et à des étrangers de bien des nations qui l’écoutaient au bord du fleuve à Babylone. Et ce second Isaïe contribua beaucoup à neutraliser les nombreuses conceptions fausses et racialement égoïstes de la mission du Messie promis, mais il ne réussit pas entièrement dans ses efforts. Si les prêtres ne s’étaient pas adonnés à bâtir un nationalisme mal conçu, les enseignements des deux Isaïe auraient préparé la voie à la récognition et à la réception du Messie attendu.
 
8. Histoire sainte et histoire profane

(97.0) 97:8.1 L’habitude de considérer le récit des expériences des Hébreux comme l’histoire sainte, et les opérations du reste du monde comme l’histoire profane est responsable d’une grande partie de la confusion qui existe dans le mental humain au sujet de l’interprétation de l’histoire. Cette difficulté s’élève parce qu’il n’existe pas d’histoire laïque des Juifs. Après l’exil à Babylone, les prêtres commencèrent par préparer leur nouveau récit des rapports, supposés miraculeux, de Dieu avec les Hébreux – l’histoire sainte d’Israël telle qu’elle est relatée dans l’Ancien Testament, ils détruisirent soigneusement et complètement les archives existantes des affaires hébraïques – les livres tels que “ Les Actes des Rois d’Israël ” et “ Les Actes des Rois de Juda ”, ainsi que divers documents plus ou moins exacts de l’histoire des Hébreux.
 
(97.0) 97:8.2 Pour comprendre à quel point la pression dévastatrice et la contrainte irrésistible de l’histoire laïque terrorisaient les Juifs captifs et gouvernés par des étrangers, au point qu’ils tentèrent de récrire et de refondre complètement leur histoire, il est bon de passer brièvement en revue le compte rendu de leur troublante expérience nationale. Il faut se rappeler que les Juifs ne réussirent pas à dégager une philosophie adéquate et non théologique de la vie. Ils luttèrent avec leur conception originelle et égyptienne de récompenses divines pour la droiture et de sévères punitions pour le péché. La dramatique histoire de Job fut quelque peu une protestation contre cette philosophie erronée. Le franc pessimisme de l’Écclésiaste fut une sage réaction terrestre contre ces croyances trop optimistes en la Providence.
 
(97.0) 97:8.3 Mais cinq-cents ans de suzeraineté par des chefs étrangers dépassaient la mesure, même pour les Juifs patients et endurants. Les prophètes et les prêtres commencèrent à crier : “ Jusques à quand, Seigneur, jusques à quand ? ” Quand un Juif honnête sondait les Écritures, la confusion de ses pensées s’aggravait encore. Un ancien voyant avait promis que Dieu protègerait et délivrerait son “ Peuple élu ”. Amos avait formulé la menace que Dieu abandonnerait Israël si ce peuple ne rétablissait pas ses critères de droiture nationale. Le scribe du Deutéronome avait décrit le Grand Choix – entre le bien et le mal, entre la bénédiction et la malédiction. Le premier Isaïe avait prêché un bienfaisant roi-libérateur. Jérémie avait proclamé une ère de droiture intérieure – l’alliance écrite sur les tablettes du cœur. Le second Isaïe avait parlé du salut par le sacrifice et la rédemption. Ézéchiel avait proclamé la délivrance par le service dévoué, et Ezra avait promis la prospérité par adhésion à la loi. Mais, malgré tout cela, les Juifs se trainaient dans la servitude, et leur délivrance était différée. Daniel présenta alors le drame de la “ crise ” imminente – le bris de la grande statue et l’établissement immédiat du règne perpétuel de la droiture, le royaume messianique.
 
(97.0) 97:8.4 Tous ces faux espoirs amenèrent les Juifs à un tel degré de déception et de frustration raciale que leurs chefs se troublèrent au point de ne pas reconnaitre et de ne pas accepter la mission et le ministère d’un divin Fils du Paradis lorsqu’il vint bientôt vers eux dans la similitude de la chair mortelle – incarné en tant que Fils de l’Homme.
 
(97.0) 97:8.5 Toutes les religions modernes ont commis de sérieuses bévues en essayant d’interpréter miraculeusement certaines époques de l’histoire humaine. S’il est vrai que Dieu a maintes fois tendu une main paternelle en intervenant providentiellement dans la marche des affaires humaines, il est faux de considérer des dogmes théologiques et des superstitions religieuses comme une sédimentation surnaturelle apparaissant par une action miraculeuse dans la marche de l’histoire humaine. Le fait que les “ Très Hauts gouvernent dans les royaumes des hommes ” ne convertit pas l’histoire laïque en une histoire prétendue sainte.
 
(97.0) 97:8.6 Des auteurs du Nouveau Testament et des écrivains chrétiens ultérieurs compliquèrent encore la déformation de l’histoire hébraïque par leurs tentatives bien intentionnées pour présenter les prophètes juifs comme transcendants. L’histoire hébraïque fut ainsi exploitée désastreusement par des écrivains tant juifs que chrétiens. L’histoire laïque des Hébreux a été complètement dogmatisée. Elle a été convertie en une fiction d’histoire sainte et elle est devenue inextricablement liée aux conceptions morales et aux enseignements religieux des nations dites chrétiennes.
 
(97.0) 97:8.7 Un bref exposé des points saillants de l’histoire hébraïque illustrera comment les faits contenus dans les archives furent déformés à Babylone par les prêtres juifs, au point de transformer l’histoire laïque quotidienne de leur peuple en une histoire fictive et sainte.
 
9. L’histoire des Hébreux

(97.0) 97:9.1 Il n’y eut jamais douze tribus d’Israélites – seulement trois ou quatre tribus s’établirent en Palestine. La nation hébraïque prit corps par suite de l’union des soi-disant Israélites et des Cananéens. “ Et les enfants d’Israël habitèrent parmi les Cananéens. Et ils prirent leurs filles pour femmes et donnèrent leurs filles aux fils des Cananéens. ” Les Hébreux ne chassèrent jamais les Cananéens de Palestine, en dépit des chroniques établies à ce sujet par les prêtres qui affirmèrent, sans hésiter, cette expulsion.
 
(97.0) 97:9.2 La conscience israélienne prit origine dans la contrée montagneuse d’Éphraïm ; la conscience juive ultérieure naquit dans le clan méridional de Juda. Les Juifs (les Judaïtes) cherchèrent toujours à diffamer et à noircir l’histoire des Israélites du Nord (les Éphraïmites).
 
(97.0) 97:9.3 La prétentieuse histoire des Hébreux commence avec Saül ralliant les clans du Nord pour résister à une attaque des Ammonites contre les hommes d’une tribu semblable – les Giléadites – à l’est du Jourdain. Avec une armée d’un peu plus de trois-mille hommes, il vainquit l’ennemi, et ce fut cet exploit qui amena les tribus des collines à en faire leur roi. Lorsque les prêtres exilés récrivirent cette histoire, ils élevèrent à 330 000 le nombre des soldats de Saül et ajoutèrent “ Juda ” à la liste des tribus ayant participé à la bataille.
 
(97.0) 97:9.4 Immédiatement après la défaite des Ammonites, Saül devint roi par une élection populaire de ses troupes. Nul prêtre ou prophète ne participa à cette affaire. Mais les prêtres inscrivirent plus tard, dans les chroniques, que Saül avait été couronné roi par le prophète Samuel conformément à des ordres divins. Ils agirent ainsi afin d’établir une “ ligne divine de descendance ” pour la royauté judaïte de David.
 
(97.0) 97:9.5 Parmi les altérations de l’histoire juive, la plus grande concerne David. Après la victoire de Saül sur les Ammonites (victoire qu’il attribua à Yahweh), les Philistins s’alarmèrent et commencèrent à attaquer les clans du Nord. David et Saül ne purent jamais s’entendre. David, avec six-cents hommes, conclut une alliance avec les Philistins et remonta la côte jusqu’à Esdraélon. À Gath, les Philistins ordonnèrent à David de quitter le champ de bataille. Ils craignaient qu’il ne se rallie à Saül. David se retira ; les Philistins attaquèrent et battirent Saül. Ils n’y seraient jamais parvenus si David avait été fidèle à Israël. L’armée de David était un assemblage polyglotte de mécontents, composé en majeure partie d’inadaptés sociaux et de délinquants fuyant la justice.
 
(97.0) 97:9.6 La défaite tragique de Saül à Gilboa par les Philistins déprécia beaucoup le statut de Yahweh parmi les dieux aux yeux des Cananéens du voisinage. Ordinairement, la défaite de Saül aurait été attribuée à une apostasie envers Yahweh, mais, cette fois-ci, les éditeurs judaïtes l’attribuèrent à des erreurs de rituel. Ils avaient besoin de la tradition de Saül et de Samuel comme arrière-plan pour le règne de David.
 
(97.0) 97:9.7 David, avec sa petite armée, établit son quartier général à Hébron, ville non hébraïque. Ses compatriotes ne tardèrent pas à le proclamer roi du nouveau royaume de Juda. Juda était principalement composé d’éléments non hébreux – Kénites, Calébites, Jébusites, et autres Cananéens. Ils étaient des nomades – des pâtres – donc partisans de l’idée hébraïque sur la propriété de la terre. Ils étaient attachés aux idéologies des clans du désert.
 
(97.0) 97:9.8 La différence entre l’histoire sainte et l’histoire profane est bien illustrée par les deux récits différents concernant le couronnement de David comme roi, tels qu’on les trouve dans l’Ancien Testament. Une partie de l’histoire profane sur la manière dont ses partisans immédiats (son armée) le nommèrent roi fut laissée, par inadvertance, dans les archives par les prêtres qui préparèrent ultérieurement la longue et prosaïque version de l’histoire sainte. Celle-ci décrit comment, par gouverne divine, le prophète Samuel choisit David parmi ses compagnons et procéda ensuite officiellement, par des cérémonies compliquées et solennelles, à son onction comme roi des Hébreux, puis à sa proclamation comme successeur de Saül.
 
(97.0) 97:9.9 C’est ainsi que bien des fois, après avoir préparé leurs récits fictifs des interventions miraculeuses de Dieu auprès d’Israël, les prêtres omirent de détruire complètement les données claires et positives déjà incluses dans les annales.
 
(97.0) 97:9.10 David chercha à se créer une situation politique en épousant d’abord la fille de Saül, puis la veuve de Nabal, le riche Édomite, et ensuite la fille de Talmaï, roi de Guéshur. Il prit six épouses parmi les femmes de Jébus, sans compter Bethsabée, la femme du Hittite.
 
(97.0) 97:9.11 Et ce fut par ces méthodes et avec ces personnages que David élabora la fiction d’un divin royaume de Juda, succédant à l’héritage et aux traditions du royaume du Nord formé par l’Israël d’Éphraïm, alors en voie de disparition. Juda, la tribu cosmopolite de David, se composait de plus de Gentils que de Juifs ; les ainés d’Éphraïm, bien qu’opprimés, descendirent cependant de leurs montagnes et “ l’oignirent roi d’Israël ”. Après une menace militaire, David fit un pacte avec les Jébusites et installa la capitale du royaume uni à Jébus (Jérusalem), qui était une ville bien fortifiée à mi-chemin entre Juda et Israël. Les Philistins en furent irrités et ne tardèrent pas à attaquer David. Après une farouche bataille, ils furent vaincus, et Yahweh fut établi une fois de plus en tant que “ Le Seigneur Dieu des Armées ”.
 
(97.0) 97:9.12 Mais il fallait à tout prix que Yahweh partageât une partie de sa gloire avec les dieux cananéens, car le gros de l’armée de David n’était pas hébreu. C’est pourquoi l’on voit apparaitre dans vos Écritures une indication révélatrice à laquelle les éditeurs judaïtes ne prêtèrent pas attention : “ Yahweh a fait une brèche au milieu de mes ennemis devant moi ; c’est pourquoi il appela le nom de ce lieu Baal Péraçim. ” Cela eut lieu parce que quatre-vingts pour cent des soldats de David étaient des baalites.
 
(97.0) 97:9.13 David expliqua la défaite de Saül à Gilboa en faisant remarquer que Saül avait attaqué une ville cananéenne, Gibéon, dont la population avait un traité de paix avec les Éphraïmites. C’est pourquoi Dieu l’avait abandonné. Même du temps de Saül, David avait défendu la ville cananéenne de Keilah contre les Philistins, puis choisi pour capitale une ville cananéenne. Fidèle à sa politique de compromis avec les Cananéens, David remit sept descendants de Saül aux Gibéonites pour être pendus.
 
(97.0) 97:9.14 Après la défaite des Philistins, David prit possession de “ l’arche de Yahweh ”, l’amena à Jérusalem, et rendit officiel le culte de Yahweh dans son royaume. Il imposa ensuite un lourd tribut aux peuplades environnantes – les Édomites, les Moabites, les Ammonites et les Syriens.
 
(97.0) 97:9.15 L’organisation politique corrompue du parti de David commença à prendre personnellement possession de terres dans le Nord en violation des mœurs hébraïques, et s’empara bientôt des taxes sur les caravanes précédemment perçues par les Philistins. Vint ensuite une série d’atrocités culminant dans le meurtre d’Urie. Tous les appels judiciaires étaient jugés à Jérusalem ; “ les anciens ” ne pouvaient plus rendre justice. Rien d’étonnant à ce que la rébellion éclatât. Aujourd’hui, on qualifierait Absalon de démagogue ; sa mère était une Cananéenne. Il y avait une demi-douzaine de prétendants au trône en dehors de Salomon, le fils de Bethsabée.
 
(97.0) 97:9.16 Après la mort de David, Salomon expurgea l’organisation politique de toute influence nordique, mais n’abandonna rien de la tyrannie et de la taxation du régime de son père. Salomon ruina la nation par les prodigalités de sa cour et par son programme élaboré de constructions comprenant la maison du Liban, le palais de la fille du pharaon, le temple de Yahweh, le palais du roi et la restauration des murs de nombreuses cités. Salomon créa une imposante marine hébraïque, fonctionnant avec des marins syriens et commerçant avec le monde entier. Il avait près de mille femmes dans son harem.
 
(97.0) 97:9.17 À cette époque, le temple de Yahweh à Silo tomba en discrédit, et tout le culte de la nation fut concentré à Jébus, dans la fastueuse chapelle royale. Le royaume du Nord retourna davantage vers l’adoration d’Élohim. Il bénéficiait de la faveur des pharaons qui asservirent ultérieurement Juda en soumettant le royaume du Sud au tribut.
 
(97.0) 97:9.18 Il y eut des hauts et des bas – des guerres entre Israël et Juda. Après quatre années de guerre civile et trois dynasties, Israël tomba sous la coupe de despotes citadins qui commencèrent à faire commerce des terres. Même le roi Omri essaya d’acquérir le domaine de Shémer. Mais la fin approcha rapidement lorsque Salmanasar III décida de contrôler la côte méditerranéenne. Achab, roi d’Éphraïm, rassembla dix autres groupes et résista à Karkar ; la bataille resta indécise. L’avance de l’Assyrien fut arrêtée, mais les alliés furent décimés. Cette grande bataille n’est même pas mentionnée dans l’Ancien Testament.
 
(97.0) 97:9.19 De nouvelles difficultés apparurent quand le roi Achab essaya d’acheter les terres à Naboth. Sa femme phénicienne imita la signature d’Achab sur les documents ordonnant la confiscation de la terre de Naboth accusé d’avoir blasphémé les noms “ d’Élohim et du roi. ” Naboth et ses fils furent rapidement mis à mort. L’énergique Élie apparut sur la scène accusant Achab du meurtre des Naboth. C’est ainsi qu’Élie, l’un des plus grands prophètes, commença son enseignement comme défenseur des anciennes mœurs concernant les terres, en opposition avec le comportement des Baalim vendeurs de terres et avec la tentative des villes pour dominer le pays. Mais la réforme n’aboutit pas avant le moment où le grand propriétaire terrien, Jéhu, joignit ses forces à celle du roitelet nomade Jonadab pour détruire les prophètes (agents immobiliers) de Baal à Samarie.
 
(97.0) 97:9.20 Un regain de vie apparut lorsque Joas et son fils Jéroboam délivrèrent Israël de ses ennemis. Mais, à cette époque, la Samarie était gouvernée par une féodalité de brigands dont les déprédations rivalisaient avec celles de l’ancienne dynastie de David. L’État et l’Église coopéraient étroitement. Leur tentative pour supprimer la liberté de parole conduisit Élie, Amos et Osée à écrire en secret, et ce fut le véritable commencement des Bibles juive et chrétienne.
 
(97.0) 97:9.21 Mais le royaume du Nord ne fut pas effacé de l’histoire avant le moment où le roi d’Israël conspira avec le roi d’Égypte et refusa de continuer à payer tribut à l’Assyrie. Alors commença un siège de trois ans suivi par la dispersion totale du royaume du Nord. Éphraïm (Israël) disparut ainsi. Juda – les Juifs, le “ reste d’Israël ” – avait commencé à concentrer les terres entre les mains d’un petit nombre, “ accumulant maison après maison et champ après champ ”, comme disait Isaïe. Il y eut bientôt, à Jérusalem, un temple de Baal à côté du temple de Yahweh. Ce règne de la terreur se termina par une révolte monothéiste conduite par le tout jeune roi Joas qui fit ensuite croisade pendant trente-cinq ans en faveur de Yahweh.
 
(97.0) 97:9.22 Amatsia, le roi suivant, eut des difficultés avec les contribuables édomites en révolte et avec leurs voisins. Après une victoire éclatante, il se mit à attaquer ses voisins du Nord et subit une défaite tout aussi retentissante. Ensuite, les gens des campagnes se révoltèrent ; ils assassinèrent le roi et mirent sur le trône son fils de seize ans, Azaria, appelé Uzza par Isaïe. Après Uzza, les choses allèrent de mal en pis, et Juda vécut pendant cent ans en payant tribut aux rois d’Assyrie. Le premier Isaïe leur dit que Jérusalem, étant la ville de Yahweh, ne tomberait jamais, mais Jérémie n’hésita pas à proclamer sa chute.
 
(97.0) 97:9.23 La véritable ruine de Juda fut amenée par une bande de riches politiciens corrompus, sous le gouvernement du roi-enfant Manassé. L’économie changeante favorisa le retour à l’adoration de Baal, dont les opérations immobilières privées sur les terres étaient contraires à l’idéologie de Yahweh. La chute de l’Assyrie et l’ascendant de l’Égypte amenèrent, pour un temps, la délivrance de Juda, et les gens de la campagne prirent le pouvoir. Sous Josias, ils détruisirent la bande de politiciens corrompus de Jérusalem.
 
(97.0) 97:9.24 Mais cette ère prit fin tragiquement lorsque Josias prétendit sortir pour intercepter la puissante armée de Nécho qui remontait la côte en venant d’Égypte pour aider l’Assyrie contre Babylone. Josias fut balayé, et Juda dut payer tribut à l’Égypte. Le parti politique de Baal revint au pouvoir à Jérusalem, et c’est alors que commença la véritable servitude égyptienne. Vint ensuite une période au cours de laquelle les politiciens de Baal contrôlèrent à la fois les tribunaux et la prêtrise. Le culte de Baal était un système économique et social concernant les droits de propriété ainsi que la fertilité du sol.
 
(97.0) 97:9.25 Lorsque Nébucadnetsar renversa Nécho, Juda tomba sous la suzeraineté de Babylone et reçut dix ans de grâce, mais ne tarda pas à se révolter. Quand Nébucadnetsar l’attaqua. les Judaïtes inaugurèrent des réformes sociales, telles que l’affranchissement des esclaves, pour influencer Yahweh. Lorsque l’armée babylonienne se retira temporairement, les Hébreux se réjouirent de ce que la vertu magique de leur réforme les eût délivrés. Ce fut durant cette période que Jérémie leur annonça le sort fatal qui les attendait, et bientôt Nébucadnetsar revint.
 
(97.0) 97:9.26 Et ainsi la fin de Juda survint soudainement. La cité fut détruite et le peuple emmené à Babylone. La lutte Yahweh-Baal se termina par la captivité, et le choc de la captivité amena le reste d’Israël au monothéisme.
 
(97.0) 97:9.27 À Babylone, les Juifs arrivèrent à la conclusion qu’ils ne pouvaient subsister en Palestine en tant que petit groupe ayant ses propres coutumes économiques et sociales, et que, si leurs idéologies devaient prévaloir, il leur fallait convertir les Gentils. C’est ainsi que prit naissance leur nouveau concept de la destinée – l’idée que les Juifs devaient devenir les serviteurs élus de Yahweh. La religion juive de l’Ancien Testament évolua réellement à Babylone durant la captivité.
 
(97.0) 97:9.28 La doctrine de l’immortalité prit également forme à Babylone. Les Juifs avaient cru que l’idée de la vie future détournait l’attention de leur évangile de justice sociale. Maintenant, pour la première fois, la théologie remplaçait la sociologie et l’économie. La religion prenait corps en tant que système de pensée humaine et de conduite de plus en plus séparé de la politique, de la sociologie et de l’économie.
 
(97.0) 97:9.29 C’est ainsi que la vérité au sujet du peuple juif révèle que bien des évènements, considérés comme appartenant à l’histoire sainte, ne représentent guère plus que la chronique de l’histoire profane ordinaire. Le judaïsme fut le terrain dans lequel grandit le christianisme, mais les Juifs ne furent pas un peuple miraculeux.
 
10. La religion hébraïque

(97.0) 97:10.1 Leurs chefs avaient enseigné aux Israélites qu’ils étaient un peuple élu, non à cause d’une complaisance spéciale et d’un monopole de faveur divine, mais à cause de leur mission particulière d’apporter à toutes les nations la vérité d’un Dieu unique et suprême. Ils avaient promis aux Juifs que, s’ils accomplissaient cette destinée, ils deviendraient les dirigeants spirituels de tous les peuples, et que le Messie attendu règnerait sur eux et sur le monde entier comme Prince de la Paix.
 
(97.0) 97:10.2 Quand les Juifs eurent été libérés par les Perses, ils ne revinrent en Palestine que pour retomber sous la servitude de leurs propres prêtres, avec leur code de lois, de sacrifices et de rituels. De même que les clans hébreux rejetèrent la merveilleuse histoire de Dieu présentée dans le discours d’adieu de Moïse en faveur des rituels de sacrifice et de pénitence, de même ces restes de la nation hébraïque rejetèrent le magnifique concept du second Isaïe en faveur des lois, des règles et des rites de leur prêtrise en développement.
 
(97.0) 97:10.3 L’égotisme national, la fausse confiance en un Messie promis et mal compris ainsi que la servitude et la tyrannie croissante de la prêtrise, réduisirent définitivement au silence les voix des dirigeants spirituels (sauf Daniel, Ézéchiel, Aggée et Malachie). Depuis cette époque jusqu’à celle de Jean le Baptiste, tout Israël subit une régression spirituelle constante. Toutefois, les Juifs ne perdirent jamais le concept du Père Universel ; même jusqu’au vingtième siècle après le Christ, ils maintinrent cette conception de la Déité.
 
(97.0) 97:10.4 Depuis Moïse jusqu’à Jean le Baptiste s’étend une lignée ininterrompue d’éducateurs fidèles qui transmirent, de génération en génération, le flambeau de la lumière monothéiste, tandis qu’ils réprimandaient sans cesse les dirigeants sans scrupules, dénonçaient les prêtres faisant commerce et exhortaient toujours les populations à se rallier à l’adoration du suprême Yahweh, le Seigneur Dieu d’Israël.
 
(97.0) 97:10.5 En tant que nation, les Juifs finirent par perdre leur identité politique, mais la religion hébraïque de croyance sincère en un Dieu unique et universel continue à vivre dans le cœur des exilés dispersés. Cette religion survit parce qu’elle a efficacement fonctionné pour conserver les plus hautes valeurs de ses partisans. La religion juive a bien réussi à préserver les idéaux d’un peuple, mais non à entretenir le progrès et à encourager la découverte philosophique créative dans les domaines de la vérité. La religion juive avait beaucoup de défauts – elle était déficiente en philosophie et à peu près dépourvue de qualités esthétiques – mais elle conserva les valeurs morales, et c’est pourquoi elle subsista. Comparé avec d’autres concepts de la Déité, le suprême Yahweh était bien clair, vivant, personnel et moral.
 
(97.0) 97:10.6 Les Juifs aimaient la justice, la sagesse, la vérité et la droiture comme peu de peuples l’ont fait, mais ils ont moins contribué que tous les autres peuples à la compréhension intellectuelle et spirituelle de ces qualités divines. Bien que la théologie hébraïque ait refusé de s’élargir, elle a joué un rôle important dans le développement de deux autres religions mondiales, le christianisme et le mahométisme.
 
(97.0) 97:10.7 La religion juive persista aussi à cause de ses institutions. Il est difficile à une religion de survivre en tant que pratique personnelle d’individus isolés. Les chefs religieux ont toujours commis l’erreur suivante : apercevant les maux de la religion institutionnelle, ils cherchent à détruire la technique de fonctionnement collectif. Au lieu de détruire tout le rituel, ils feraient mieux de le réformer. Sous ce rapport, Ézéchiel fut plus sage que ses contemporains. Il se joignit à eux pour insister sur la responsabilité morale personnelle, mais il entreprit aussi d’établir l’observance fidèle d’un rituel supérieur et purifié.
 
(97.0) 97:10.8 C’est ainsi que les éducateurs successifs d’Israël effectuèrent dans l’évolution religieuse le plus grand accomplissement qui ait eu lieu sur Urantia : la transformation graduelle, mais continue, du concept barbare du sauvage démon Yahweh, le jaloux et cruel dieu-esprit du fulminant volcan du Sinaï, en un concept ultérieur, exalté et céleste, du Yahweh suprême, créateur de toutes choses et Père aimant et miséricordieux de toute l’humanité. Ce concept hébraïque de Dieu fut l’évocation humaine la plus élevée du Père Universel jusqu’au moment où il fut encore élargi et amplifié d'une si exquise façon par les enseignements personnels et l’exemple de la vie de son Fils, Micaël de Nébadon..
 
(97.0) 97:10.9 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]
 


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96. Yahweh – le Dieu des Hébreux

LIVRE D'URANTIA  -  Fascicule 96. Yahweh – le Dieu des Hébreux

(96.0) 96:0.1 En se faisant une conception de la Déité, l’homme commence par y inclure tous les dieux ; ensuite, il subordonne tous les dieux étrangers à sa déité tribale et, enfin, il les exclut tous, sauf le Dieu unique de valeur finale et suprême. Les Juifs synthétisèrent tous les dieux dans leur concept plus sublime du Seigneur Dieu d’Israël. Les Hindous combinèrent également leurs multiples déités en “ la spiritualité unique des dieux ” décrite dans le Rig Véda, tandis que les Mésopotamiens réduisirent leurs dieux au concept plus centralisé de Bel-Mardouk. Ces idées de monothéisme murirent dans le monde entier assez peu de temps après l’apparition de Machiventa Melchizédek à Salem, en Palestine. Mais le concept de la Déité prôné par Melchizédek ne ressemblait pas à celui de la philosophie évolutionnaire d’inclusion, de subordination et d’exclusion ; il était basé exclusivement sur le pouvoir créateur et influença très rapidement les concepts les plus élevés de la déité en Mésopotamie, aux Indes et en Égypte.
 
(96.0) 96:0.2 La religion de Salem fut révérée comme une tradition par les Kénites et diverses autres tribus cananéennes. L’un des buts de l’incarnation de Melchizédek était de développer une religion d’un Dieu unique de manière à préparer la voie à l’incarnation d’un Fils de ce Dieu unique. Micaël ne pouvait guère venir sur Urantia avant qu’il y existât un peuple croyant au Père Universel et chez lequel ce Fils puisse apparaitre.
 
(96.0) 96:0.3 La religion de Salem persista chez les Kénites de Palestine en tant que crédo, et cette religion, telle que les Hébreux l’adoptèrent plus tard, fut influencée d’abord par les enseignements moraux égyptiens, ensuite, par la pensée théologique babylonienne et, enfin, par les conceptions iraniennes du bien et du mal. En fait, la religion hébraïque est fondée sur l’alliance entre Abraham et Machiventa Melchizédek, mais, évolutionnairement, elle est la conséquence de nombreuses circonstances dues à des situations exceptionnelles ; et, culturellement, elle a fait de larges emprunts à la religion, à la moralité et à la philosophie de tout le Levant. C’est par la religion hébraïque qu’une grande partie de la moralité et de la pensée religieuse de l’Égypte, de la Mésopotamie et de l’Iran fut transmise aux peuples occidentaux.
 
1. Les concepts de la Déité chez les sémites

(96.0) 96:1.1 Les premiers Sémites considéraient chaque chose comme habitée par un esprit. Il y avait les esprits du monde animal et du monde végétal ; les esprits des saisons, le seigneur de la progéniture ; les esprits du feu, de l’eau et de l’air ; bref, un véritable panthéon d’esprits à craindre et à adorer. Les enseignements de Melchizédek concernant un Créateur Universel ne détruisirent jamais complètement la croyance à ces esprits subordonnés ou dieux de la nature.
 
(96.0) 96:1.2 Le progrès des Hébreux, commençant par le polythéisme, continuant par l’hénothéisme et arrivant au monothéisme, ne fut pas un développement conceptuel ininterrompu et continu. Ils subirent bien des régressions dans l’évolution de leurs concepts de la Déité, et, par ailleurs, à toutes les époques, il exista des idées variables sur Dieu chez différents groupes de Sémites croyants. Ils appliquèrent parfois de nombreuses dénominations à leurs concepts de Dieu et, pour éviter la confusion, nous allons définir ces divers noms de la Déité tels qu’ils se rapportent à l’évolution de la théologie juive.
 
  (96.0) 96:1.3 1.Yahweh était le dieu des tribus palestiniennes du Sud, qui associèrent ce concept de la déité au mont Horeb, le volcan du Sinaï. Yahweh était simplement l’un des centaines et des milliers de dieux de la nature qui retenaient l’attention des tribus et peuples sémitiques, et prétendaient à leur adoration.
 
  (96.0) 96:1.4 2.El Elyon. Pendant des siècles après le séjour de Melchizédek à Salem, sa doctrine de la Déité persista sous différentes versions, mais on y employait en général le terme El Elyon, le Très Haut Dieu du ciel. Beaucoup de Sémites, y compris les descendants immédiats d’Abraham, adorèrent simultanément Yahweh et El Elyon à diverses époques.
 
  (96.0) 96:1.5 3.El Shaddaï. Il est difficile d’expliquer ce que représentait El Shaddaï. Cette idée de Dieu était un dérivé composite des enseignements du Livre de la Sagesse d’Aménémopé, modifié par la doctrine d’Aton présentée par Ikhnaton, et influencé en outre par les enseignements de Melchizédek incorporés dans le concept d’El Elyon. Mais à mesure que le concept d’El Shaddaï imprégna la pensée hébraïque, il se colora entièrement des croyances qui régnaient dans le désert au sujet de Yahweh.
 
  (96.0) 96:1.6 L’une des idées dominantes de la religion de cette époque fut le concept égyptien de la divine Providence, l’enseignement que la prospérité matérielle est une récompense pour avoir servi El Shaddaï.
 
  (96.0) 96:1.7 4.El. Dans toute cette confusion de terminologie et cette imprécision de concept, de nombreux croyants fervents s’efforcèrent sincèrement d’adorer toutes ces idées évoluantes de la divinité, et la pratique s’établit d’appeler El cette Déité composite. Et cette expression incluait encore d’autres dieux de la nature adorés par des Bédouins.
 
  (96.0) 96:1.8 5.Élohim. À Kish et à Ur, il subsista longtemps des groupes sumériens-chaldéens qui enseignèrent un concept de Dieu trois-en-un, fondé sur les traditions du temps d’Adam et de Melchizédek. Cette doctrine fut propagée en Égypte où cette Trinité fut adorée sous le nom d’Élohim, ou d’Éloah au singulier. Les cercles philosophiques d’Égypte et, plus tard, les éducateurs alexandriens d’origine hébraïque enseignèrent cette unité de dieux pluraux. À l’époque de l’exode, beaucoup de conseillers de Moïse croyaient en cette Trinité. Toutefois, le concept des Élohim trinitariens ne fit jamais véritablement partie de la théologie hébraïque avant le moment où les Juifs eurent passé sous l’influence politique des Babyloniens.
 
  (96.0) 96:1.9 6.Noms divers. Les Sémites n’aimaient pas prononcer le nom de leur Déité. Ils eurent donc recours, de temps à autre, à de nombreuses appellations telles que : l’Esprit de Dieu, le Seigneur, l’Ange du Seigneur, le Tout-Puissant, le Saint, le Très Haut, Adonaï, l’Ancien des Jours, le Seigneur Dieu d’Israël, le Créateur du Ciel et de la Terre, Kyrios, Jah, le Seigneur des Armées et le Père qui est aux cieux.
 
  (96.0) 96:1.10 Jéhovah est un terme récemment employée pour désigner le concept parachevé de Yahweh qui apparut finalement par évolution au cours de la longue expérience des Hébreux. Mais le nom de Jéhovah ne fut utilisé que mille-cinq-cents ans après l’époque de Jésus.
 
(96.0) 96:1.11 Jusque vers l’an 2000 av. J.-C., le mont Sinaï était un volcan actif par intermittences ; des éruptions occasionnelles se produisirent jusqu’à l’époque du séjour des Israélites dans cette région. Le feu et la fumée, ainsi que le tonnerre des détonations accompagnant les éruptions de cette montagne volcanique, inspiraient une peur respectueuse aux Bédouins des régions environnantes ; ils les impressionnaient et les faisaient grandement craindre Yahweh. Cet esprit du mont Horeb devint plus tard le Dieu des Sémites hébreux, et ils finirent par croire à sa suprématie sur tous les autres dieux.
 
(96.0) 96:1.12 Les Cananéens avaient longtemps révéré Yahweh, mais, parmi eux, beaucoup de Kénites croyaient plus ou moins en El Elyon, le superdieu de la religion de Salem ; néanmoins, la majorité des Cananéens restait vaguement attachée à l’adoration des anciennes déités tribales. Ils n’étaient guère désireux d’abandonner leurs déités nationales en faveur d’un Dieu international, pour ne pas dire interplanétaire. Leur mental n’était pas ouvert à une déité universelle, et c’est pourquoi ces tribus continuèrent à adorer leurs déités tribales, y compris Yahweh et les veaux d’argent et d’or symboliques du concept que les pâtres bédouins se faisaient de l’esprit du volcan du Sinaï.
 
(96.0) 96:1.13 Les Syriens, tout en adorant leurs dieux, croyaient aussi au Yahweh des Hébreux, car leurs prophètes dirent au roi de Syrie : “ Leurs dieux sont des dieux des collines ; ils furent donc plus forts que nous ; mais combattons-les dans la plaine et nous serons sûrement plus forts qu’eux. ”
 
(96.0) 96:1.14 À mesure que leur culture progresse, les hommes subordonnent leurs dieux mineurs à une déité suprême ; le grand Jupiter ne persiste que comme une exclamation. Les monothéistes conservent leurs dieux subordonnés comme esprits, démons, Parques, Néréides, fées, gnomes, nains, banshees et mauvais œil. Les Hébreux passèrent par l’hénothéisme et crurent longtemps à l’existence de dieux autres que Yahweh, mais ils estimèrent, de plus en plus, que ces déités étrangères étaient subordonnées à Yahweh. Ils admettaient l’existence de Kemoch, dieu des Amorites, mais soutenaient sa subordination à Yahweh.
 
(96.0) 96:1.15 Parmi les théories humaines de Dieu, c’est l’idée de Yahweh qui a subi le développement le plus étendu. On ne peut comparer son évolution progressive qu’à la métamorphose du concept de Bouddha en Asie, qui, à la fin, conduisit au concept de l’Absolu Universel, comme le concept de Yahweh conduisit finalement au concept du Père Universel. Il faut comprendre ce fait historique : les Juifs changèrent ainsi leur point de vue sur la Déité depuis le dieu tribal du mont Horeb jusqu’au Père Créateur aimant et miséricordieux de l’époque ultérieure, mais ne changèrent pas son nom ; tout au long de leur histoire, ils continuèrent à appeler Yahweh ce concept évoluant de la Déité.
 
2. Les peuples sémitiques

(96.0) 96:2.1 Les Sémites de l’est étaient des cavaliers bien organisés et bien dirigés qui envahirent les régions orientales du croissant fertile et s’y unirent avec les Babyloniens. Les Chaldéens, près d’Ur, comptaient parmi les Sémites orientaux les plus évolués. Les Phéniciens étaient un groupe supérieur et bien organisé de Sémites de sang mêlé qui occupait le secteur ouest de la Palestine, le long de la côte méditerranéenne. Au point de vue racial, les Sémites figuraient parmi les peuples d’Urantia les plus mélangés ; leur sang contenait des facteurs héréditaires de presque toutes les neuf races du monde.
 
(96.0) 96:2.2 Maintes et maintes fois, les Sémites arabes pénétrèrent en combattant dans le Nord de la Terre Promise, le pays “ ruisselant de lait et de miel ”, mais ils en furent chaque fois expulsés par les Sémites et Hittites du Nord mieux organisés et plus hautement civilisés. Plus tard, au cours d’une famine anormalement grave, ces Bédouins errants entrèrent en grand nombre en Égypte comme ouvriers contractuels pour les travaux publics égyptiens. Ils ne purent qu’y subir l’amère expérience de l’esclavage au dur travail quotidien du commun des ouvriers opprimés de la vallée du Nil.
 
(96.0) 96:2.3 Ce fut seulement après l’époque de Machiventa Melchizédek et d’Abraham qu’en raison de leurs croyances religieuses particulières, certaines tribus de Sémites furent appelées enfants d’Israël, et plus tard Hébreux, Juifs, et “ le peuple élu ”. Abraham n’était pas le père racial de tous les Hébreux ; il n’était même pas l’ancêtre de tous les Bédouins sémites qui furent détenus captifs en Égypte. Il est vrai que sa descendance, à sa sortie d’Égypte, forma le noyau du peuple juif ultérieur, mais la vaste majorité des hommes et des femmes qui furent incorporés dans les clans d’Israël n’avait jamais séjourné en Égypte. Elle était simplement formée de compagnons nomades qui décidèrent de suivre Moïse comme chef pendant que les enfants d’Abraham et leurs associés sémites d’Égypte traversaient le Nord de l’Arabie.
 
(96.0) 96:2.4 L’enseignement de Melchizédek concernant El Elyon, le Très Haut, et l’alliance de la faveur divine par la foi avaient été largement oubliés à l’époque de l’asservissement par les Égyptiens des peuples sémites, qui devaient bientôt former la nation hébraïque. Mais, pendant toute leur période de captivité, ces nomades arabes conservèrent une vague croyance traditionnelle en Yahweh à titre de déité raciale.
 
(96.0) 96:2.5 Yahweh fut adoré par plus de cent tribus arabes séparées. Sauf une nuance du concept d’El Elyon de Melchizédek, qui persista chez les classes instruites d’Égypte, y compris les souches mélangées d’Hébreux et d’Égyptiens, la religion de la masse des esclaves captifs hébreux était une version modifiée de l’ancien rituel de magie et de sacrifice de Yahweh.
 
3. L’incomparable Moïse

(96.0) 96:3.1 Le commencement de l’évolution des concepts et idéaux hébraïques au sujet d’un Créateur Suprême date du départ d’Égypte des Sémites sous la conduite de Moïse, ce grand chef, grand instructeur et grand organisateur. Sa mère appartenait à la famille royale d’Égypte ; son père était un Sémite, officier de liaison entre le gouvernement et les Bédouins captifs. Moïse possédait ainsi des qualités tirées de sources raciales supérieures ; ses ancêtres étaient de sang tellement mêlé qu’il est impossible de le classer dans un groupe racial déterminé. S’il n’avait pas été de ce type mixte, il n’aurait jamais fait montre de la variété de talents et de l’adaptabilité inhabituelles qui lui permirent de diriger la horde diversifiée qui finit par s’associer aux Bédouins sémites fuyant d’Égypte vers le désert d’Arabie sous son commandement.
 
(96.0) 96:3.2 Malgré les séductions de la culture du royaume du Nil, Moïse résolut de partager le sort du peuple de son père. À l’époque où ce grand organisateur mettait au point ses plans pour libérer, en son temps, le peuple de son père, les Bédouins captifs n’avaient guère de religion digne de ce nom ; ils étaient pratiquement dépourvus d’un véritable concept de Dieu et sans espoir dans le monde.
 
(96.0) 96:3.3 Nul chef n’entreprit jamais de réformer et de relever un groupe d’êtres humains plus pitoyables, plus déprimés, plus découragés et plus ignorants. Mais ces esclaves portaient des possibilités latentes de développement dans leurs lignées héréditaires, et Moïse avait entrainé un nombre suffisant de cadres instruits pour constituer un corps d’organisateurs efficaces en prévision du jour de la révolte et du coup de force pour la liberté. Ces hommes supérieurs avaient été employés comme surveillants indigènes de leurs semblables et avaient reçu une certaine éducation grâce à l’influence de Moïse auprès des dirigeants égyptiens.
 
(96.0) 96:3.4 Moïse s’efforça de négocier diplomatiquement la liberté de ses compagnons sémites. Lui et son frère firent, avec le roi d’Égypte, un pacte par lequel ils obtinrent l’autorisation de quitter paisiblement la vallée du Nil pour le désert d’Arabie. Ils devaient recevoir un modeste payement en argent et en denrées comme gage de leur long service en Égypte. De leur côté, les Hébreux s’engageaient à maintenir des relations amicales avec le Pharaon et à ne faire partie d’aucune alliance contre l’Égypte. Mais, ensuite, le roi estima opportun de répudier ce traité sous prétexte que ses espions avaient découvert de la déloyauté chez les esclaves Bédouins. Il prétendit que ceux-ci cherchaient la liberté en vue de se rendre dans le désert pour organiser les nomades contre l’Égypte.
 
(96.0) 96:3.5 Mais Moïse ne se découragea pas ; il attendit son heure. Moins d’un an plus tard, alors que les forces militaires égyptiennes étaient entièrement occupées à résister aux assauts simultanés d’une forte poussée libyenne venant du sud et d’une invasion navale grecque dans le nord, cet organisateur intrépide mena ses compatriotes hors d’Égypte au cours d’une fuite nocturne spectaculaire. Ce départ précipité vers la liberté fut soigneusement préparé et adroitement exécuté. Et l’opération réussit malgré une chaude poursuite par le Pharaon avec une petite troupe d’Égyptiens. Celle-ci fut décimée par la défense des fugitifs et leur abandonna beaucoup de butin, encore accru par le pillage auquel se livrèrent les multitudes d’esclaves fuyant vers leur foyer ancestral du désert.
 
4. La proclamation de Yahweh

(96.0) 96:4.1 L’évolution et l’élévation de l’enseignement de Moïse ont influencé presque la moitié du monde et continuent encore à l’influencer même au vingtième siècle. Moïse comprenait la philosophie religieuse égyptienne la plus avancée, mais les Bédouins esclaves ne connaissaient presque rien de ces enseignements ; par contre, ils n’avaient jamais entièrement oublié le dieu du mont Horeb que leurs ancêtres avaient appelé Yahweh.
 
(96.0) 96:4.2 Moïse avait entendu parler des enseignements de Machiventa Melchizédek à la fois par son père et par sa mère ; leur communauté de croyance religieuse expliquait le mariage insolite d’une femme de sang royal et d’un homme d’une race captive. Le beau-père de Moïse était un Kénite adorateur d’El Elyon, mais les parents de l’émancipateur croyaient en El Shaddaï. Moïse fut donc élevé comme un El-Shaddaïste ; sous l’influence de son beau-père, il devint un El Elyoniste ; et, à l’époque du campement des Hébreux autour du mont Sinaï après l’exode d’Égypte, il avait formulé un nouveau concept élargi de la Déité tiré de toutes ses croyances antérieures. Il décida sagement de le proclamer à son peuple comme un concept amplifié de Yahweh, leur dieu tribal de jadis.
 
(96.0) 96:4.3 Moïse s’était efforcé d’enseigner l’idée d’El Elyon à ces Bédouins, mais, avant de quitter l’Égypte, il avait acquis la conviction qu’ils ne comprendraient jamais tout à fait cette doctrine. Il s’arrêta donc à un compromis consistant à adopter leur dieu tribal du désert comme le seul et unique dieu de ceux qui l’avaient suivi. Moïse n’enseigna pas spécifiquement que les divers peuples et nations ne devaient pas avoir d’autres dieux, mais il soutint résolument, et spécialement auprès des Hébreux, que Yahweh dominait tous les autres dieux. Mais Moïse fut toujours gêné par la fâcheuse situation d’avoir à présenter à ces esclaves ignorants sa nouvelle idée supérieure de la Déité sous le déguisement de l’ancienne désignation de Yahweh, qui avait toujours été symbolisé par le veau d’or des tribus bédouines.
 
(96.0) 96:4.4 Le fait que Yahweh était le dieu des Hébreux en fuite explique pourquoi ils s’arrêtèrent si longtemps devant la montagne sainte du Sinaï et pourquoi c’est là qu’ils reçurent les Dix Commandements que Moïse promulgua au nom de Yahweh, le dieu de l’Horeb. Durant ce long séjour devant le Sinaï, le cérémonial religieux du nouveau culte hébreu en évolution fut mieux mis au point.
 
(96.0) 96:4.5 Il ne semble pas que Moïse aurait jamais réussi à établir son cérémonial cultuel quelque peu évolué, ni à retenir intact le groupe de ses fidèles pendant un quart de siècle, sans la violente éruption du mont Horeb qui se produisit durant la troisième semaine de leur séjour d’adoration à sa base. “ La montagne de Yahweh était consumée dans le feu, et la fumée montait comme la fumée d’une fournaise, et toute la montagne tremblait grandement. ” Au vu de ce cataclysme, il n’est pas surprenant que Moïse ait pu graver, dans la mémoire de ses frères, l’enseignement que leur Dieu était “ puissant et terrible, un feu dévorant, redoutable et tout-puissant ”.
 
(96.0) 96:4.6 Moïse proclama que Yahweh était le Seigneur Dieu d’Israël, qui avait sélectionné les Hébreux comme son peuple élu. Bâtissant une nouvelle nation, il nationalisa sagement ses enseignements religieux, disant à ses partisans que Yahweh était un dur maitre d’œuvre, un “ dieu jaloux ”. Il chercha néanmoins à élargir leur conception de la divinité en leur enseignant que Yahweh était le “ Dieu des esprits de toute chair ” et en leur disant : “ Le Dieu éternel est ton refuge, et au-dessous de toi sont les bras éternels. ” Moïse enseigna que Yahweh était un Dieu respectant son alliance ; qu’il “ ne vous abandonnera pas, ne vous détruira pas et n’oubliera pas l’alliance de vos pères, parce que le Seigneur vous aime et n’oubliera pas le serment qu’il a juré à vos pères ”.
 
(96.0) 96:4.7 Moïse fit un effort héroïque pour exalter Yahweh à la dignité d’une Déité suprême lorsqu’il le présenta comme le “ Dieu de vérité, sans iniquité, juste et droit dans toutes ses voies ”. Cependant, malgré cet enseignement élevé, la compréhension limitée de ses partisans rendit nécessaire de parler de Dieu comme étant à l’image de l’homme, sujet à des crises de colère, de courroux et de sévérité, et même vindicatif et facilement influençable par la conduite des hommes.
 
(96.0) 96:4.8 Grâce aux enseignements de Moïse, Yahweh, ce dieu tribal de la nature, devint le Seigneur Dieu d’Israël qui suivit les Hébreux dans le désert, et même en exil, où il fut bientôt conçu comme le Dieu de tous les peuples. La captivité ultérieure qui asservit les Juifs à Babylone dégagea définitivement le concept évoluant de Yahweh et lui fit assumer le rôle monothéiste de Dieu de toutes les nations.
 
(96.0) 96:4.9 Le trait le plus extraordinaire et le plus remarquable de l’histoire religieuse des Hébreux concerne cette évolution continue du concept de la Déité à partir du dieu primitif du mont Horeb. Par les enseignements de leurs dirigeants spirituels successifs, il atteignit le haut degré de développement décrit dans les doctrines divines des deux Isaïe qui proclamèrent le concept magnifique du Père Créateur aimant et miséricordieux.
 
5. Les enseignements de Moïse

(96.0) 96:5.1 Moïse combinait d’une façon extraordinaire les qualités de chef militaire, d’organisateur social et d’éducateur religieux. À titre individuel, il fut l’instructeur et le chef le plus important dans le monde, entre l’époque de Machiventa et celle de Jésus. Moïse tenta d’introduire en Israël bien des réformes dont il ne reste pas de trace écrite. Dans l’espace d’une seule vie humaine, il fit sortir de l’esclavage et d’un vagabondage non civilisé la horde polyglotte que l’on appelle les Hébreux, tout en posant les fondements de la naissance ultérieure d’une nation et de la perpétuation d’une race.
 
(96.0) 96:5.2 Il y a fort peu d’archives du grand travail de Moïse, parce que les Hébreux n’avaient pas de langage écrit au moment de l’exode. Les annales de l’époque et des actes de Moïse furent tirées des traditions qui avaient cours plus de mille ans après la mort de ce grand chef.
 
(96.0) 96:5.3 Un bon nombre des progrès qu’apporta Moïse, en dépassant la religion des Égyptiens et des tribus levantines environnantes, fut dû aux traditions kénites de l’époque de Melchizédek. Sans l’enseignement de Machiventa à Abraham et à ses contemporains, les Hébreux seraient sortis d’Égypte dans une ignorance désespérante. Moïse et son beau-père Jéthro réunirent les vestiges des traditions du temps de Melchizédek, et ces enseignements, joints au savoir des Égyptiens, guidèrent Moïse dans la création de la religion et du rituel amélioré des Israélites. Moïse était un organisateur ; il choisit ce qu’il y avait de mieux dans la religion et les mœurs de l’Égypte et de la Palestine, et, associant ces pratiques aux traditions des enseignements de Melchizédek, il organisa le système cérémoniel hébraïque du culte.
 
(96.0) 96:5.4 Moïse croyait à la Providence ; il s’était laissé complètement gagner par les doctrines d’Égypte concernant le contrôle surnaturel du Nil et des autres éléments de la nature. Il avait une grande vision de Dieu, mais il était entièrement sincère quand il enseignait aux Hébreux que, s’ils acceptaient d’obéir à Dieu, “ il vous aimera, vous bénira et vous multipliera ; il multipliera le fruit de vos ventres et le fruit de vos terres – blé, vin, huile et vos troupeaux. Vous prospèrerez au-dessus de tous les peuples, et le Seigneur votre Dieu ôtera de vous toutes maladies et ne vous infligera aucune des plaies malignes d’Égypte ”. Moïse dit même : “ Rappelez-vous le Seigneur votre Dieu, car c’est lui qui donne le pouvoir d’obtenir la richesse. ” “ Vous prêterez à gages à beaucoup de nations, mais vous n’emprunterez pas. Vous dominerez sur beaucoup de nations, mais elles ne domineront pas sur vous. ”
 
(96.0) 96:5.5 Mais il était vraiment pitoyable d’observer Moïse, ce grand penseur, essayant d’adapter son sublime concept d’El Elyon, le Très Haut, à la compréhension des Hébreux ignorants et illettrés. À son état-major rassemblé, il disait d’une voix de tonnerre : “ Le Seigneur votre Dieu est un seul Dieu ; il n’y en a point en dehors de lui ”, tandis qu’à la multitude mêlée, il demandait : “ Qui parmi tous les dieux ressemble à votre Dieu ? ” Moïse se dressa courageusement et avec un succès partiel contre les fétiches et l’idolâtrie ; il déclara : “ Vous n’avez vu nulle figure le jour où Dieu vous parla à Horeb du milieu du feu. ” Il interdit également de reproduire des images d’aucune sorte.
 
(96.0) 96:5.6 Moïse craignait de proclamer la miséricorde de Yahweh ; il préféra inspirer à son peuple la peur de la justice de Dieu en proclamant : “ Le Seigneur votre Dieu est le Dieu des Dieux, le Seigneur des Seigneurs, un grand Dieu, un Dieu puissant et terrible qui n’a pas d’égards pour les hommes. ” De plus, il cherchait à dominer les clans turbulents quand il déclara “ Votre Dieu tue quand vous lui désobéissez ; il guérit et donne la vie quand vous lui obéissez. ” Mais Moïse enseigna à ces tribus qu’elles deviendraient le peuple élu de Dieu à la seule condition qu’elles “ gardent tous ses commandements et obéissent à tous ses statuts. ”
 
(96.0) 96:5.7 Durant ces premiers temps, on ne parla guère aux Hébreux de la miséricorde de Dieu. Ils entendirent parler de Dieu comme “ le Tout-Puissant ; le Seigneur est un guerrier, le Dieu des batailles, au pouvoir glorieux, qui taille en pièces ses ennemis ”. “ Le Seigneur votre Dieu marche au milieu de votre camp pour vous délivrer ”. Les Israélites croyaient que leur Dieu les aimait, mais aussi qu’il avait “ endurci le cœur du Pharaon ” et “ maudit leurs ennemis ”.
 
(96.0) 96:5.8 Bien que Moïse eût présenté aux enfants d’Israël des aperçus fugitifs d’une Déité universelle et bienveillante, leur concept, au jour le jour, de Yahweh était dans l’ensemble celui d’un Dieu à peine meilleur que les dieux tribaux des peuplades environnantes. Leur concept de Dieu était grossier, primitif et anthropomorphique. Lorsque Moïse trépassa, ces tribus bédouines revinrent rapidement aux idées semi-barbares de leurs anciens dieux de l’Horeb et du désert. La vision élargie et plus sublime de Dieu que Moïse présentait de temps en temps à ses cadres subordonnés fut bientôt perdue de vue, tandis que la majorité de la populace revenait à l’adoration de ses veaux d’or symbolisant Yahweh pour les gardiens de troupeaux en Palestine.
 
(96.0) 96:5.9 Quand Moïse passa le commandement des Hébreux à Josué, il avait déjà réuni des milliers de descendants collatéraux d’Abraham, de Nahor, de Lot et d’autres tribus parentes, et les avait rassemblés à la cravache en une nation de guerriers pastoraux capables de s’entretenir par ses propres moyens et de se gouverner partiellement par elle-même.
 
6. Le concept de Dieu après la mort de Moïse

(96.0) 96:6.1 Après la mort de Moïse, son concept sublime de Yahweh dégénéra rapidement ; Josué et les dirigeants d’Israël conservèrent les traditions mosaïques du Dieu infiniment sage, bienveillant et tout-puissant, mais le commun du peuple revint bientôt à l’ancienne idée de Yahweh, qu’il s’était faite dans le désert. Ce retour en arrière du concept de la Déité s’accéléra sous le règne successif des divers cheikhs tribaux dits les Juges.
 
(96.0) 96:6.2 L’attrait de l’extraordinaire personnalité de Moïse avait gardé vivante dans le cœur de ses partisans l’inspiration d’un concept de plus en plus vaste de Dieu ; mais, une fois qu’ils atteignirent les terres fertiles de Palestine, ces bergers nomades se transformèrent rapidement en fermiers établis et assez calmes. Cette évolution des pratiques de la vie et ce changement du point de vue religieux exigèrent une transformation plus ou moins complète du caractère qu’ils attribuaient à la nature de leur Dieu Yahweh. À l’époque où l’austère, rudimentaire, exigeant et orageux dieu du désert du Sinaï commença la transmutation qui devait en faire plus tard un Dieu d’amour, de justice et de miséricorde, les Hébreux perdirent presque complètement de vue les sublimes enseignements de Moïse. Ils furent tout près de perdre la conception du monothéisme et leur chance de devenir le peuple qui devait servir de chainon essentiel dans l’évolution spirituelle d’Urantia, le groupe qui conserverait l’enseignement de Melchizédek sur un Dieu unique jusqu’à l’époque de l’incarnation d’un Fils d’effusion de ce Père de tout et de tous.
 
(96.0) 96:6.3 Josué chercha désespérément à maintenir, dans le mental des hommes des tribus, le concept d’un Yahweh suprême qui faisait proclamer : “ Comme j’ai été avec Moïse, ainsi je serai avec vous ; je ne vous ferai pas défaut et je ne vous abandonnerai pas. ” Josué trouva nécessaire de prêcher un évangile sévère à son peuple incrédule, bien trop disposé à croire à son ancienne religion indigène, mais peu désireux de progresser dans une religion de foi et de droiture. La substance imposée par l’enseignement de Josué devint : “ Yahweh est un Dieu saint ; il est un Dieu jaloux ; il ne pardonnera ni vos transgressions ni vos péchés. ” Le concept le plus élevé de cette époque décrivait Yahweh comme un “ Dieu de puissance, de jugement et de justice ”.
 
(96.0) 96:6.4 Mais, même au cours de cet âge de ténèbres, des éducateurs solitaires apparaissaient de temps en temps et proclamaient le concept mosaïque de la divinité : “ Vous, enfants pervers, ne pouvez servir le Seigneur, car il est un Dieu saint. ” “ L’homme mortel sera-t-il plus juste que Dieu ? Un homme sera-t-il plus pur que son Créateur ? ” “ Pouvez-vous trouver Dieu en le cherchant ? Pouvez-vous découvrir parfaitement le Tout-Puissant ? Voici, Dieu est grand, et nous ne le connaissons pas. Et le Tout-Puissant, nous ne pouvons le découvrir. ”
 
7. Les Psaumes et le Livre de Job

(96.0) 96:7.1 Sous la direction de leurs cheikhs et de leurs prêtres, les Hébreux se répandirent en Palestine. Ils se replongèrent bientôt dans les croyances ignorantes du désert et se laissèrent corrompre par les pratiques religieuses moins évoluées des Cananéens. Ils devinrent idolâtres et licencieux. Leur idée de la Déité tomba très au-dessous des concepts égyptiens et mésopotamiens de Dieu, qui étaient maintenus par certains groupes salémites survivants et qui sont notés dans quelques Psaumes et dans le Livre dit de Job.
 
(96.0) 96:7.2 Les Psaumes sont l’œuvre d’au moins une vingtaine d’auteurs. Beaucoup de ces Psaumes furent écrits par des éducateurs d’Égypte et de Mésopotamie. À l’époque où le Levant adorait les dieux de la nature, il restait un assez grand nombre de personnes qui croyaient à la suprématie d’El Élyon, le Très Haut.
 
(96.0) 96:7.3 Nul assemblage d’écrits religieux n’exprime une richesse de dévotion et d’idées inspirées sur Dieu égale à celle du Livre des Psaumes. En lisant attentivement cette merveilleuse compilation de littérature pieuse, il serait très utile d’étudier la source et la chronologie particulière de chaque hymne de louange et d’adoration, en se rappelant que nul autre recueil d’écrits ne couvre une aussi longue période de temps. Le Livre des Psaumes est le recueil des divers concepts de Dieu entretenu par les croyants de la religion de Salem dans tout le Levant, et il embrasse toute la période allant d’Aménémopé à Isaïe. Dans les Psaumes, Dieu est décrit sous toutes les phases de conception, depuis l’idée rudimentaire d’une déité tribale jusqu’à l’idéal largement amplifié des derniers Hébreux, où Yahweh est dépeint comme un chef aimant et un Père miséricordieux.
 
(96.0) 96:7.4 Vu sous cet angle, le groupe des Psaumes constitue le recueil le plus précieux et le plus utile des sentiments de dévotion que les hommes aient jamais rassemblé avant le vingtième siècle. L’esprit d’adoration de ce recueil d’hymnes transcende celui de tous les autres livres sacrés du monde.
 
(96.0) 96:7.5 L’image panachée de la Déité présentée dans le Livre de Job fut élaborée par plus de vingt éducateurs religieux de Mésopotamie au cours d’une période de près de trois-cents ans. En lisant le concept sublime de la divinité dans cette compilation de croyances mésopotamiennes, on reconnait que c’est au voisinage d’Ur en Chaldée que l’idée d’un Dieu réel fut le mieux préservée durant les jours de ténèbres en Palestine.
 
(96.0) 96:7.6 Les Palestiniens saisissaient souvent la sagesse et la puissance de pénétration universelle de Dieu, mais rarement son amour et sa miséricorde. Le Yahweh de cette époque “ envoie de mauvais esprits pour dominer l’âme de ses ennemis ” ; il fait prospérer ses propres enfants quand ils obéissent, tandis qu’il maudit tous les autres et leur inflige des désastres. “ Il déçoit les projets des astucieux ; il prend les habiles à leurs propres tromperies. ”
 
(96.0) 96:7.7 C’est seulement à Ur qu’une voix s’éleva pour crier la miséricorde de Dieu en disant : « Il priera Dieu et trouvera sa faveur et verra sa face avec joie, car Dieu donnera à l’homme la divine droiture. » Ainsi, c’est d’Ur que fut prêché, en ces termes, le salut, la faveur divine par la foi : « Il fait grâce à qui se repent et dit : ‹ délivre-le de tomber dans la fosse, car j’ai trouvé une rançon ›. Si quelqu’un dit : ‹ j’ai péché et perverti ce qui était droit, et cela ne m’a pas profité ›, Dieu délivrera son âme de tomber dans la fosse, et il verra la lumière. » Jamais, depuis l’époque de Melchizédek, le monde levantin n’avait entendu un aussi vibrant et encourageant message de salut humain que cet extraordinaire enseignement d’Élihu, prophète d’Ur et prêtre des croyants salémites, c’est-à-dire le reste de l’ancienne colonie de Melchizédek en Mésopotamie.
 
(96.0) 96:7.8 C’est ainsi que le reste des missionnaires de Salem en Mésopotamie maintint la lumière de la vérité durant la période de désorganisation des peuples hébraïques jusqu’à l’apparition du premier de la longue série ininterrompue des instructeurs d’Israël. Concept après concept, ils édifièrent jusqu’à ce qu’ils fussent parvenus à la réalisation de l’idéal du Père Universel et Père Créateur de tout et de tous, apogée de l’évolution du concept de Yahweh.
 
(96.0) 96:7.9 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]
 


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