Histoire d'Urantia

103. La réalité de l’expérience religieuse

LIVRE D'URANTIA  -  Fascicule 103. La réalité de l’expérience religieuse

(103.0) 103:0.1 Toutes les réactions vraiment religieuses de l’homme sont parrainées de bonne heure par le ministère de l’adjuvat d’adoration et censurées par l’adjuvat de sagesse. La première dotation supramentale de l’homme est la mise en circuit de sa personnalité dans le Saint-Esprit de l’Esprit Créatif de l’univers ; et, longtemps avant les effusions des Fils divins et l’effusion universelle des Ajusteurs, cette influence agit pour élargir le point de vue des hommes sur l’éthique, la religion et la spiritualité. À la suite des effusions des Fils du Paradis, l’Esprit de Vérité libéré apporte sa puissante contribution pour accroitre la capacité humaine de percevoir les vérités religieuses. À mesure que l’évolution progresse sur un monde habité, les Ajusteurs de Pensée participent de plus en plus au développement des types supérieurs de clairvoyance religieuse humaine. L’Ajusteur de Pensée est la fenêtre cosmique par laquelle une créature finie peut avoir, grâce à la foi, un aperçu sur les aspects certains et divins de la Déité illimitée, le Père Universel.
 
(103.0) 103:0.2 Les tendances religieuses des races humaines sont innées ; elles se manifestent universellement et ont une origine apparemment naturelle ; les religions primitives sont toujours évolutionnaires dans leur genèse. À mesure que l’expérience religieuse naturelle continue à progresser, des révélations périodiques de la vérité viennent ponctuer le cours de l’évolution planétaire, qui autrement ne progresserait que lentement.
 
(103.0) 103:0.3 Sur Urantia, on trouve aujourd’hui quatre sortes de religions :
 
  (103.0) 103:0.4 1.La religion naturelle ou évolutionnaire.
 
  (103.0) 103:0.5 2.La religion surnaturelle ou révélatoire.
 
  (103.0) 103:0.6 3.La religion courante ou pratique comportant un mélange variable de religions naturelles et surnaturelles.
 
  (103.0) 103:0.7 4.Les religions philosophiques, doctrines théologiques élaborées par les hommes ou imaginées par la philosophie, et créées par la raison.
 
1. Philosophie de la religion

(103.0) 103:1.1 L’unité de l’expérience religieuse parmi les membres d’un groupe social ou racial dérive de l’identité de nature des fragments de Dieu qui habitent les individus. C’est ce divin dans les hommes qui donne naissance à l’intérêt altruiste qu’ils portent au bien-être des autres hommes. Mais, du fait que la personnalité est unique – deux mortels ne sont jamais pareils – il s’ensuit inévitablement que jamais deux êtres humains ne peuvent interpréter de la même manière les directives et les incitations de l’esprit divin qui vit dans leur mental. Les membres d’un groupe de mortels peuvent ressentir une unité spirituelle, mais ne peuvent jamais atteindre l’uniformité philosophique. Cette diversité d’interprétation de la pensée et de l’expérience religieuse est démontrée par le fait que les théologiens et les philosophes du vingtième siècle ont formulé plus de cinq-cents définitions différentes de la religion. En réalité, chaque être humain définit la religion dans les termes de sa propre interprétation fondée sur l’expérience des impulsions divines émanant de l’esprit de Dieu qui l’habite. Cette interprétation est nécessairement unique et complètement différente de la philosophie religieuse de tous les autres êtres humains.
 
(103.0) 103:1.2 Quand un mortel est en plein accord avec la philosophie religieuse d’un autre mortel, le phénomène indique que ces deux êtres ont eu une expérience religieuse semblable concernant les matières se rapportant à leur similitude d’interprétation philosophique de la religion.
 
(103.0) 103:1.3 Bien que votre religion soit une affaire d’expérience personnelle, il est très important que vous soyez amené à connaitre un grand nombre d’autres expériences religieuses (les interprétations diverses de différents mortels) afin d’empêcher votre vie religieuse de devenir égocentrique – étroite, égoïste et insociable.
 
(103.0) 103:1.4 Le rationalisme a tort quand il prétend que la religion est tout d’abord une croyance primitive en quelque chose, suivie ensuite par la recherche des valeurs. La religion est avant tout une recherche des valeurs qui formule ensuite un système de croyances interprétatives. Il est beaucoup plus facile aux hommes de s’accorder sur des valeurs religieuses – sur des buts – que sur des croyances – des interprétations. Cela explique comment il se fait que la religion puisse accepter des valeurs et des buts tout en présentant le phénomène troublant de continuer à admettre des centaines de croyances contradictoires – des crédos. Cela explique aussi pourquoi une personne donnée peut poursuivre son expérience religieuse tout en abandonnant ou en modifiant beaucoup de ses croyances religieuses. La religion subsiste malgré des changements révolutionnaires dans les croyances religieuses. Ce n’est pas la théologie qui produit la religion, c’est la religion qui donne naissance à la philosophie théologique.
 
(103.0) 103:1.5 Le fait que des religionistes aient cru en beaucoup de choses erronées n’infirme pas la religion, car elle est fondée sur la récognition de valeurs et validée par la foi de l’expérience religieuse personnelle. La religion est alors basée sur l’expérience et la pensée religieuse ; la théologie, philosophie de la religion, est une honnête tentative pour interpréter cette expérience ; de telles croyances interprétatives peuvent être justes ou fausses, ou être un mélange de vérité et d’erreur.
 
(103.0) 103:1.6 Le fait de reconnaitre consciemment des valeurs spirituelles est une expérience qui transcende l’idéation. Aucun langage humain n’a de mot pour désigner la “ sensation ”, le “ sentiment ”, “ l’intuition ” ou “ l’expérience ” que nous avons choisi d’appeler la conscience de Dieu. L’esprit de Dieu qui habite l’homme n’est pas personnel – l’Ajusteur est prépersonnel – mais ce Moniteur présente une valeur et exhale un parfum de divinité qui sont personnels au sens le plus élevé et infini du mot. Si Dieu n’était pas au moins personnel, il ne pourrait être conscient, et s’il n’était pas conscient, il serait en deçà de l’humain.
 
2. La religion et l’individu

(103.0) 103:2.1 La religion est fonctionnelle dans le mental humain. Elle est réalisée en expérience avant d’apparaitre dans la conscience humaine. Un enfant existe environ neuf mois avant de faire l’expérience de la naissance. Mais la “ naissance ” de la religion n’est pas soudaine ; c’est plutôt une émergence graduelle. Néanmoins, il y a tôt ou tard un “ jour de naissance ”. On n’entre pas dans le royaume des cieux sans être “ né à nouveau ” – né de l’Esprit. Bien des naissances spirituelles sont accompagnées d’une grande angoisse spirituelle et de troubles psychologiques marqués, de même que beaucoup de naissances physiques sont caractérisées par des “ couches laborieuses ” et par d’autres anomalies de la “ délivrance ”. D’autres naissances spirituelles représentent une croissance normale et naturelle de la récognition de valeurs suprêmes avec un rehaussement de l’expérience spirituelle, bien qu’aucun développement religieux ne se produise sans un effort conscient et des résolutions positives et individuelles. La religion n’est jamais une expérience passive, une attitude négative. Ce que l’on appelle la “ naissance de la religion ” n’est pas directement associé aux expériences dites de conversion, qui caractérisent habituellement des épisodes religieux se produisant plus tard dans la vie par suite de conflits mentaux, de refoulements émotionnels ou de bouleversements du tempérament.
 
(103.0) 103:2.2 Mais les personnes qui ont été élevées par leurs parents de manière à grandir avec la conscience d’être les enfants d’un Père céleste aimant ne devraient pas regarder d’un œil malveillant leurs compagnons mortels qui n’ont pu atteindre la conscience de communion avec Dieu qu’en passant par une crise psychologique, un bouleversement émotionnel.
 
(103.0) 103:2.3 Le terrain évolutionnaire du mental humain dans lequel germe la semence de la religion révélée est la nature morale qui donne de si bonne heure naissance à une conscience sociale. Les premières incitations de la nature morale d’un enfant ne concernent pas la sexualité, la culpabilité ou l’orgueil personnel, mais plutôt des impulsions de justice et d’équité, un besoin de bienveillance – de ministère secourable auprès de ses compagnons. Quand de tels éveils moraux précoces sont nourris, il se produit un développement graduel de la vie religieuse, relativement dégagé de conflits, de bouleversements et de crises.
 
(103.0) 103:2.4 Tout être humain éprouve de très bonne heure une sorte de conflit entre ses impulsions égocentriques et ses impulsions altruistes, et, bien des fois, sa première expérience d’avoir conscience de Dieu peut provenir de sa recherche d’une aide suprahumaine pour résoudre de tels conflits moraux.
 
(103.0) 103:2.5 La psychologie d’un enfant est naturellement positive, et non négative. Tant de personnes sont négatives par suite de leur éducation. Quand nous disons que les enfants sont positifs, nous parlons de leurs impulsions morales, de ces pouvoirs mentaux dont l’apparition signale l’arrivée de l’Ajusteur.
 
(103.0) 103:2.6 Dans l’émergence de la conscience religieuse et en l’absence de mauvais enseignements, le mental d’un enfant normal se dirige positivement vers la droiture morale et le ministère social, plutôt qu’il ne s’écarte négativement du péché et de la culpabilité. Il peut y avoir conflit ou non dans le développement de l’expérience religieuse, mais les inévitables décisions, efforts et fonctions de la volonté humaine y sont toujours présents.
 
(103.0) 103:2.7 Le choix moral est d’ordinaire plus ou moins accompagné d'un conflit moral, et ce tout premier conflit dans le mental de l’enfant se produit entre les poussées d’égoïsme et les impulsions d’altruisme. L’Ajusteur de Pensée tient compte de la valeur des mobiles égoïstes de la personnalité, mais s’arrange pour attribuer une légère préférence aux impulsions altruistes qui conduisent au but du bonheur humain et aux joies du royaume des cieux.
 
(103.0) 103:2.8 Quand un être moral choisit d’être altruiste en face d’une incitation à l’égoïsme, il fait une expérience religieuse primitive. Nul animal ne peut faire un tel choix ; cette décision est à la fois humaine et religieuse. Elle embrasse le fait de la conscience de Dieu et montre l’impulsion vers le service social, base de la fraternité des hommes. Quand, par un acte de libre arbitre, le mental choisit un jugement moral droit, cette décision constitue une expérience religieuse.
 
(103.0) 103:2.9 Toutefois, avant qu’un enfant se soit suffisamment développé pour acquérir la capacité morale, donc pour être capable de choisir le service altruiste, il a déjà développé une nature égoïste forte et bien unifiée. C’est cette situation de fait qui donne naissance à la théorie de la lutte entre les natures “ supérieures ” et “ inférieures ”, entre le “ vieil homme de péché ” et la “ nouvelle nature ” de grâce. Très tôt dans la vie, un enfant normal commence à apprendre qu’il est “ plus béni de donner que de recevoir ”.
 
(103.0) 103:2.10 L’homme tend à identifier son moi, son ego, avec son impulsion à se servir lui-même. Par contraste, il tend à identifier la volonté d’être altruiste avec une influence extérieure à lui – avec Dieu. En vérité, ce jugement est juste, car tous ces désirs altruistes ont effectivement leur origine dans la gouverne de l’Ajusteur de Pensée intérieur, et cet Ajusteur est un fragment de Dieu. L’impulsion du Moniteur d’esprit est ressentie dans la conscience humaine comme la tendance à être altruiste, à penser fraternellement ; c’est du moins l’expérience première et fondamentale du mental de l’enfant. Quand l’enfant grandissant ne réussit pas à unifier sa personnalité, l'incitation altruiste peut s’hypertrophier au point de nuire sérieusement au bien-être du moi. Une conscience qui manque de discernement peut devenir responsable de beaucoup de conflits, soucis et tristesses, et de malheurs humains sans fin.
 
3. La religion et la race humaine

(103.0) 103:3.1 Bien que la croyance aux esprits, aux rêves et à diverses autres superstitions aient toutes joué un rôle dans l’origine évolutionnaire des religions primitives, il ne faudrait pas négliger l’influence du clan ou l’esprit de solidarité tribale. Les relations de groupe ont représenté une situation sociale exactement homologue de celle qui a provoqué le conflit entre l’égoïsme et l’altruisme dans la nature morale du mental humain primitif. Malgré leur croyance aux esprits, les aborigènes australiens focalisent encore leur religion sur le clan. Avec le temps, ces concepts religieux tendent à se personnaliser, d’abord sous forme d’animaux, et plus tard sous forme d’un surhomme ou d’un Dieu. Même les races inférieures, telles que les Boschimans africains, qui ne croient même pas à des totems, reconnaissent une différence entre l’intérêt personnel et l’intérêt collectif, distinction primitive entre les valeurs séculières et les valeurs sacrées. Mais le groupe social n’est pas la source de l’expérience religieuse. Indépendamment de l’influence de toutes ces contributions primitives à la religion initiale des hommes, le fait subsiste que la véritable impulsion religieuse a son origine dans des présences spirituelles authentiques qui activent la volonté d’être altruiste.
 
(103.0) 103:3.2 La croyance primitive aux merveilles et aux mystères naturels, le mana impersonnel, laisse présager la religion ultérieure. Tôt ou tard cependant, la religion évoluante exige que l’individu fasse certains sacrifices personnels pour le bien de son groupe social, accomplisse quelque chose pour rendre d’autres personnes plus heureuses et meilleures. En fin de compte, la religion est destinée à devenir le service de Dieu et des hommes.
 
(103.0) 103:3.3 La religion est faite pour modifier l'environnement de l’homme, mais une grande partie de la religion des mortels d’aujourd’hui est devenue impuissante à y parvenir. Trop souvent, c’est l'environnement qui a dominé la religion.
 
(103.0) 103:3.4 Souvenez-vous que, dans la religion de tous les âges, l’expérience la plus importante est le sentiment concernant les valeurs morales et les significations sociales, et non la pensée concernant les dogmes théologiques ou les théories philosophiques. La religion évolue favorablement en même temps que l’élément de magie est remplacé par le concept de morale.
 
(103.0) 103:3.5 L’évolution de l’homme a passé par les superstitions du mana, la magie, l’adoration de la nature, la peur des esprits et le culte des animaux, pour arriver aux diverses cérémonies par lesquelles les attitudes religieuses individuelles sont devenues les réactions collectives du clan. Les cérémonies se sont ensuite focalisées et cristallisées en croyances tribales, et finalement ces craintes et ces croyances se sont personnalisées en dieux. Mais, dans toute cette évolution religieuse, l’élément moral n’a jamais été totalement absent. L’impulsion de Dieu dans l’homme a toujours été forte. Ces puissantes influences – l’une humaine et l’autre divine – ont assuré la survivance de la religion à travers les vicissitudes des âges, bien qu’elle ait été très souvent menacée d’anéantissement par mille tendances subversives et antagonismes hostiles.
 
4. La communion spirituelle

(103.0) 103:4.1 La différence caractéristique entre une réunion sociale et un rassemblement religieux réside dans le fait qu’en contraste avec la première, le second est imprégné d’une atmosphère de communion. De cette manière, l’association humaine engendre un sentiment de communauté avec le divin, et c’est le commencement du culte en commun. Le partage d’un repas commun fut le premier type de communion sociale, et, en conséquence, les religions primitives prirent des dispositions pour qu’une partie du sacrifice cérémoniel fût consommée par les fidèles. Même dans le christianisme, le Souper du Seigneur conserve ce mode de communion. L’atmosphère de la communion procure une période reposante et réconfortante de trêve dans le conflit de l’égocentrisme avec la pression altruiste du Moniteur d'esprit intérieur. Et ceci est le prélude de la véritable adoration – la pratique de la présence de Dieu qui se manifeste par l’émergence de la fraternité des hommes.
 
(103.0) 103:4.2 Quand l’homme primitif sentait que sa communion avec Dieu avait été interrompue, il avait recours à un sacrifice de quelque sorte, dans un effort d’expiation, pour rétablir des relations amicales. La faim et la soif de droiture conduisent à la découverte de la vérité et la vérité augmente les idéaux, et cela crée de nouveaux problèmes pour les religionistes individuels. En effet, nos idéaux tendent à grandir en progression géométrique, tandis que notre aptitude à vivre à leur hauteur ne s’accroit qu’en progression arithmétique.
 
(103.0) 103:4.3 Le sentiment de culpabilité (non pas la conscience du péché) provient soit de l’interruption de la communion spirituelle, soit de l’abaissement des idéaux moraux. Vous ne pouvez vous dégager de cette situation fâcheuse qu’en vous rendant compte que vos idéaux les plus élevés ne sont pas nécessairement synonymes de la volonté de Dieu. L’homme ne peut espérer vivre à la hauteur de ses idéaux les plus élevés, mais il peut être fidèle à son intention de trouver Dieu et de devenir de plus en plus semblable à lui.
 
(103.0) 103:4.4 Jésus balaya toutes les cérémonies de sacrifices et d’expiation. Il détruisit la base de toute cette culpabilité fictive et du sentiment d’isolement dans l’univers en proclamant que l’homme est enfant de Dieu. La relation créature-Créateur fut placée sur une base enfants-parents. Dieu devient un Père aimant pour ses fils et filles mortels. Toutes les cérémonies qui ne font pas légitimement partie de cette relation intime de famille sont abrogées pour toujours.
 
(103.0) 103:4.5 Dieu le Père ne traite pas l’homme, son enfant, sur la base de ses vertus ou de ses mérites actuels, mais en reconnaissant les mobiles de l’enfant – le dessein et l’intention de la créature. Il s’agit d’une relation de parent à enfant, et cette association est animée par l’amour divin.
 
5. L’origine des idéaux

(103.0) 103:5.1 Le mental évolutionnaire primitif donne naissance à un sentiment de devoir social et d’obligation morale dérivé principalement de la peur émotionnelle. La tendance plus positive au service social et l’idéalisme altruiste dérivent de l’impulsion directe de l’esprit divin habitant le mental humain.
 
(103.0) 103:5.2 L’idée-idéal de faire du bien aux autres – l’impulsion à refuser quelque chose à l’égo au profit de son prochain – est d’abord très circonscrite. Les hommes primitifs ne considèrent comme leurs prochains que les hommes très proches d’eux, ceux qui font bon voisinage avec eux. À mesure que la civilisation religieuse progresse, le concept de la notion du prochain s’amplifie pour englober le clan, la tribu, la nation. Puis Jésus élargit la notion du prochain jusqu’à embrasser l’ensemble de l’humanité, allant jusqu’à dire que nous devrions aimer nos ennemis. Et il y a quelque chose à l’intérieur de tout être humain normal qui lui dit que cet enseignement est moral – juste. Même ceux qui mettent le moins cet idéal en pratique admettent qu’il est juste en théorie.
 
(103.0) 103:5.3 Tous les hommes reconnaissent la moralité de cette impulsion humaine universelle à être désintéressé et altruiste. Les humanistes attribuent l’origine de cette impulsion à l’action naturelle du mental matériel. Les religionistes reconnaissent plus correctement que l’élan vraiment désintéressé du mental humain est une réponse à la gouverne spirituelle intérieure de l’Ajusteur de Pensée.
 
(103.0) 103:5.4 On ne peut pas toujours se fier à l’interprétation humaine des conflits primitifs entre la volonté égocentrique et la volonté hétérocentrique. Il faut une personnalité assez bien unifiée pour arbitrer les démêlés multiformes entre les appétits de l’égo et la conscience sociale en éclosion. Notre moi a des droits aussi bien que notre prochain. Ni l’un ni l’autre ne peuvent prétendre accaparer exclusivement l’attention et le service de l’individu. L’impuissance à résoudre ce problème donne naissance aux types les plus primitifs de sentiments humains de culpabilité.
 
(103.0) 103:5.5 Pour atteindre le bonheur humain, il faut que le désir égoïste du moi et la pression altruiste du moi supérieur (l'esprit divin) soient coordonnés et réconciliés par la volonté unifiée de la personnalité qui s’intègre et supervise. Le mental des hommes évolutionnaires est toujours confronté au problème complexe d’arbitrer les contestations entre l’expansion naturelle des impulsions émotionnelles et la croissance morale des poussées altruistes fondées sur la clairvoyance spirituelle – sur la réflexion religieuse authentique.
 
(103.0) 103:5.6 La tentative pour faire autant de bien à soi-même qu’au plus grand nombre des autres individualités présente un problème qu’il n’est pas toujours possible de résoudre d’une façon satisfaisante dans un cadre d’espace-temps. Au cours d’une vie éternelle, de tels antagonismes peuvent être résolus, mais, dans une courte vie humaine, ils n’ont pas de solution. Jésus faisait allusion à ce paradoxe lorsqu’il dit : “ Quiconque sauvera sa vie la perdra, mais quiconque perdra sa vie pour l’amour du royaume la trouvera. ”
 
(103.0) 103:5.7 La poursuite de l’idéal – la lutte pour devenir semblable à Dieu – est un effort continu avant et après la mort. La vie après la mort n’est pas essentiellement différente de l’existence mortelle. Tout ce que nous faisons de bien dans cette vie contribue directement à rehausser la vie future. La vraie religion ne favorise ni l’indolence morale ni la paresse spirituelle en encourageant le vain espoir que toutes les vertus d’un noble caractère vous seront attribuées simplement pour avoir passé par les portes de la mort naturelle. La vraie religion ne minimise pas les efforts de l’homme pour progresser pendant la durée de sa vie terrestre. Tout gain humain contribue directement à enrichir les premiers stades de l’expérience de survie immortelle.
 
(103.0) 103:5.8 Si l’on enseigne à l’homme que toutes ses impulsions altruistes sont simplement le développement de son instinct grégaire naturel, cela porte un coup fatal à son idéalisme. Par contre, il est ennobli et puissamment stimulé quand il apprend que les incitations supérieures de son âme émanent des forces spirituelles qui habitent son mental mortel.
 
(103.0) 103:5.9 Quand un homme comprend pleinement que quelque chose d’éternel et de divin vit en lui et y fait des efforts, cela l’élève hors de lui-même et au-delà de lui-même. C’est ainsi qu’une foi vivante dans l’origine suprahumaine de nos idéaux valide notre croyance que nous sommes les fils de Dieu et rend réelles nos convictions altruistes, notre sentiment de la fraternité humaine.
 
(103.0) 103:5.10 Dans son domaine spirituel, l’homme possède vraiment un libre arbitre. L’homme mortel n’est ni un esclave impuissant de la souveraineté inflexible d’un Dieu tout-puissant, ni la victime de la fatalité désespérante d’un déterminisme cosmique mécaniste. L’homme est vraiment l’architecte de sa propre destinée éternelle.
 
(103.0) 103:5.11 La contrainte ne peut ni sauver ni ennoblir les hommes. La croissance spirituelle émane de l’intérieur de l’âme en évolution. La contrainte peut déformer la personnalité, mais ne stimule jamais la croissance. Même la contrainte de l’éducation n’apporte qu’un secours négatif, en ce sens qu’elle peut contribuer à empêcher des expériences désastreuses. La croissance spirituelle atteint son maximum quand toutes les contraintes extérieures sont réduites au minimum. “ Là où est l’esprit du Seigneur, là est la liberté. ” L’homme se développe mieux quand les pressions du foyer, de la communauté, de l’Église et de l’État sont moindres, mais il ne faudrait pas en conclure que, dans une société progressive, les foyers, les institutions sociales, l’Église et l’État n’ont pas leur place.
 
(103.0) 103:5.12 Quand un membre d’un groupe religieux social s’est conformé aux exigences du groupe, il faudrait l’encourager à jouir de la liberté religieuse dans la pleine expression de son interprétation personnelle des vérités de la croyance religieuse et des faits de l’expérience religieuse. La sécurité d’un groupe religieux dépend de son unité spirituelle et non de son uniformité théologique. Les membres d’un groupe religieux devraient pouvoir jouir de la liberté de penser librement sans devenir forcément des “ libres penseurs ”. De grands espoirs sont permis pour toute Église qui adore le Dieu vivant, qui valide la fraternité des hommes et qui ose dégager ses membres de toute contrainte dogmatique.
 
6. La coordination philosophique

(103.0) 103:6.1 La théologie est l’étude des actions et réactions de l’esprit humain. Elle ne pourra jamais devenir une science, parce qu’il faut toujours qu’elle soit plus ou moins conjuguée avec la psychologie dans son expression personnelle et avec la philosophie dans ses descriptions systématiques. La théologie est toujours l’étude de votre religion ; l’étude de la religion d’autrui est de la psychologie.
 
(103.0) 103:6.2 Quand l’homme aborde l’étude et l’observation de son univers par l’extérieur, il donne naissance aux diverses sciences physiques. Quand il aborde la recherche de lui-même et de l’univers par l’intérieur, il donne origine à la théologie et à la métaphysique. L’art ultérieur de la philosophie se développe dans un effort pour harmoniser les nombreuses discordances qui apparaissent nécessairement, à première vue, entre les découvertes et les enseignements de ces deux manières diamétralement opposées d’étudier l’univers des choses et des êtres.
 
(103.0) 103:6.3 La religion s’intéresse au point de vue spirituel, à la conscience du caractère intérieur de l’expérience humaine. La nature spirituelle de l’homme lui fournit l’occasion de retourner l’univers du dehors vers le dedans. Il est donc vrai que, si toute la création est vue exclusivement de l’intérieur de l’expérience de la personnalité, elle parait être de nature spirituelle.
 
(103.0) 103:6.4 Quand l’homme inspecte l’univers analytiquement à l’aide des dotations matérielles de ses sens physiques et des perceptions mentales associées, le cosmos semble être mécanique et matériel-énergétique. Cette technique d’étude de la réalité consiste à retourner l’univers du dedans vers le dehors.
 
(103.0) 103:6.5 Un concept philosophique logique et cohérent de l’univers ne peut être bâti ni sur les postulats du matérialisme ni sur ceux du spiritualisme, car ces deux systèmes de pensée, appliqués universellement, donnent forcément une image déformée du cosmos, le premier ayant contact avec un univers tourné du dedans vers le dehors, et le second saisissant la nature d’un univers tourné du dehors vers le dedans. Ni la science ni la religion seules ne peuvent jamais espérer parvenir, en elles-mêmes et par elles-mêmes, à une compréhension adéquate des vérités et des relations universelles sans être guidées par la philosophie humaine et éclairées par la révélation divine.
 
(103.0) 103:6.6 L’esprit intérieur de l’homme doit, pour son expression et sa propre réalisation, toujours dépendre du mécanisme et de la technique du mental. De même, l’expérience humaine extérieure de la réalité matérielle est basée sur la conscience mentale de la personnalité qui expérimente. C’est pourquoi les expériences humaines spirituelles et matérielles, intérieures et extérieures, sont toujours en corrélation avec la fonction mentale et conditionnées, quant à leur réalisation consciente, par l’activité du mental. L’homme fait l’expérience de la matière dans son mental. Il fait l’expérience de la réalité spirituelle dans son âme, mais devient conscient de cette expérience dans son mental. L’intellect est l’harmonisateur toujours présent pour conditionner et qualifier la somme totale de l’expérience humaine. Les choses-énergie et les valeurs spirituelles sont teintées par leur interprétation faite par les procédés mentaux de la conscience.
 
(103.0) 103:6.7 La difficulté que vous éprouvez à coordonner plus harmonieusement la science et la religion provient de ce que vous ignorez complètement le domaine intermédiaire du monde morontiel des êtres et des choses. L’univers local comprend trois degrés, ou stades, de manifestation de la réalité : la matière, la morontia et l’esprit. L’approche morontielle aplanit toutes les divergences entre les découvertes des sciences physiques et le fonctionnement de l’esprit de religion. La raison est la technique de compréhension des sciences ; la foi est la technique de clairvoyance de la religion ; la mota est la technique du niveau morontiel. La mota est une sensibilité à la réalité supramatérielle qui commence à compenser une croissance incomplète ; elle a pour substance la connaissance-raison et pour essence la foi-clairvoyance. La mota est une réconciliation superphilosophique des perceptions divergentes de la réalité ; les personnalités matérielles ne peuvent l’atteindre ; elle est fondée en partie sur l’expérience d’avoir survécu à la vie matérielle dans la chair. Mais beaucoup de mortels ont reconnu qu’il était désirable de posséder une méthode pour concilier les effets réciproques des domaines largement séparés de la science et de la religion. La métaphysique est le résultat des infructueux efforts humains pour franchir cet abime bien reconnu, mais la métaphysique humaine a apporté plus de confusion que de lumière. La métaphysique représente l’effort bien intentionné, mais futile, de l’homme pour compenser l’absence de mota morontielle.
 
(103.0) 103:6.8 La métaphysique s’est révélée comme un échec ; quant à la mota, les hommes ne peuvent la percevoir. Reste la révélation comme seule technique pour compenser, dans un monde matériel, l’absence de sensibilité à la vérité qu’apporte la mota. La révélation clarifie avec autorité le fatras de la métaphysique développée par le raisonnement sur une planète évolutionnaire.
 
(103.0) 103:6.9 La science est la tentative de l’homme pour étudier son entourage physique, le monde de l’énergie-matière ; la religion est l’expérience de l’homme avec le cosmos des valeurs spirituelles ; la philosophie a été développée par l’effort mental de l’homme pour organiser et relier les découvertes de ces concepts largement séparés, pour en tirer quelque chose comme une attitude raisonnable et unifiée envers le cosmos. La philosophie, clarifiée par la révélation, fonctionne de manière acceptable en l’absence de mota et en présence de l’effondrement et de la faillite du raisonnement humain substitut de la mota – la métaphysique.
 
(103.0) 103:6.10 L’homme primitif ne faisait pas la différence entre le niveau de l’énergie et celui de l’esprit. Ce furent les hommes de la race violette et leurs successeurs andites qui tentèrent, les premiers, de séparer les facteurs mathématiques des facteurs volitifs. Les hommes civilisés ont de plus en plus emboité le pas aux tout premiers Grecs et aux Sumériens, qui faisaient la distinction entre l’animé et l’inanimé. À mesure que la civilisation progressera, la philosophie devra combler les abimes de plus en plus vastes entre le concept de l’esprit et le concept de l’énergie. Mais, dans le temps de l’espace, ces divergences sont unifiées dans le Suprême.
 
(103.0) 103:6.11 La science doit toujours s’appuyer sur la raison, bien que l’imagination et les hypothèses aident à en étendre les frontières. La religion dépendra toujours de la foi, bien que la raison apporte une influence stabilisatrice et soit une servante utile. Il y a toujours eu et il y aura toujours des interprétations fallacieuses des phénomènes du monde naturel et du monde spirituel, appelées à tort sciences et religions.
 
(103.0) 103:6.12 Partant de sa compréhension incomplète de la science, sa faible prise sur la religion et ses tentatives avortées en métaphysique, l’homme a tenté de construire ses formules de philosophie. En vérité, l’homme moderne bâtirait une philosophie valable et attrayante de lui-même et de son univers si l’indispensable et très importante liaison métaphysique entre les mondes de la matière et de l’esprit n’était pas rompue, la métaphysique s’étant révélée incapable de jeter un pont sur l’abime morontiel entre le domaine physique et le domaine spirituel. Il manque à l’homme mortel le concept du mental morontiel et de la matière morontielle, et la révélation est la seule technique pour pallier cette carence de données conceptuelles dont l’homme a un besoin urgent pour édifier une philosophie logique de l’univers et pour arriver à comprendre d’une manière satisfaisante la place sûre et certaine qu’il occupe dans cet univers.
 
(103.0) 103:6.13 La révélation est le seul espoir de l’homme évolutionnaire pour combler le gouffre morontiel. Sans l’aide de la mota, la foi et la raison ne peuvent ni concevoir ni construire un univers logique. Sans la clairvoyance de la mota, le mortel ne peut discerner ni la bonté, ni l’amour, ni la vérité dans les phénomènes du monde matériel.
 
(103.0) 103:6.14 Quand la philosophie humaine penche fortement vers le monde de la matière, elle devient rationaliste ou naturaliste. Quand la philosophie incline particulièrement vers le niveau spirituel, elle devient idéaliste ou même mystique. Quand la philosophie a le malheur de s’appuyer sur la métaphysique, elle devient inévitablement sceptique, embrouillée. Dans le passé, la majeure partie des évaluations intellectuelles et des connaissances humaines a subi l’une de ces trois déformations de perception. La philosophie n’ose pas émettre ses interprétations de la réalité de façon linéaire comme la logique ; il faut toujours qu’elle tienne compte de la symétrie elliptique de la réalité et de la courbure essentielle de tous les concepts de relations.
 
(103.0) 103:6.15 La philosophie la plus élevée que l’homme mortel puisse atteindre doit être logiquement basée sur la raison de la science, la foi de la religion et la clairvoyance de la vérité fournie par la révélation. Par cette union, l’homme peut compenser quelque peu son impuissance à développer une métaphysique adéquate et son inaptitude à comprendre la mota de la morontia.
 
7. Science et religion

(103.0) 103:7.1 La science est soutenue par la raison, la religion l’est par la foi. Bien que la foi ne soit pas fondée sur la raison, elle est raisonnable, et, bien qu’elle soit indépendante de la logique, elle est néanmoins encouragée par une saine logique. Même une philosophie idéale ne peut nourrir la foi ; en vérité, avec la science, c’est la foi qui est la source même de cette philosophie. La foi, la clairvoyance religieuse des hommes, ne peut être enseignée avec certitude que par révélation ; elle ne peut être accrue avec certitude que par l’expérience personnelle des mortels avec la présence de l’Ajusteur spirituel du Dieu qui est esprit.
 
(103.0) 103:7.2 Le vrai salut est la technique de l’évolution divine du mental humain depuis l’identification avec la matière, en passant par les royaumes de liaison morontielle, jusqu’au statut universel supérieur de corrélation spirituelle. De même que, dans l’évolution terrestre, l’instinct intuitif matériel précède l’apparition de la connaissance raisonnée, de même, dans le programme divin de l’évolution céleste, la manifestation de la clairvoyance spirituelle intuitive laisse présager l’apparition ultérieure de la raison et de l’expérience morontielle puis spirituelle, dont le rôle est de transmuer les potentiels de l’homme temporel en actuels et en divinité de l’homme éternel, un finalitaire du Paradis.
 
(103.0) 103:7.3 À mesure qu’un ascendeur s’avance vers l’intérieur et vers le Paradis pour acquérir l’expérience de Dieu, il s’avance aussi vers l’extérieur et vers l’espace pour comprendre, en termes d’énergie, le cosmos matériel. La progression de la science n’est pas limitée à la vie terrestre de l’homme ; son expérience ascensionnelle de l’univers et du superunivers sera, dans une large mesure, l’étude des transmutations d’énergie et des métamorphoses de la matière. Dieu est esprit, mais la Déité est unité, et l’unité de la Déité n’englobe pas seulement les valeurs spirituelles du Père Universel et du Fils Éternel, mais elle est aussi instruite des faits énergétiques du Contrôleur Universel et de l’Ile du Paradis. Quant à ces deux dernières phases de la réalité universelle, elles sont parfaitement reliées dans les relations mentales de l’Acteur Conjoint et unifiées sur le niveau fini dans la Déité émergente de l’Être Suprême.
 
(103.0) 103:7.4 L’union de l’attitude scientifique et de la clairvoyance religieuse par l’entremise de la philosophie expérientielle fait partie de la longue expérience humaine d’ascension au Paradis. Les approximations des mathématiques et les certitudes de la clairvoyance auront toujours besoin de la fonction harmonisante de la logique mentale, sur tous les niveaux d’expérience inférieurs à l’aboutissement maximum du Suprême.
 
(103.0) 103:7.5 Jamais la logique ne pourra réussir à harmoniser les découvertes de la science et les aperçus de la religion, à moins que les s deux aspects, scientifique et religieux, d'une personnalité ne soient dominés par la vérité et sincèrement désireuses de la suivre où qu’elle conduise, sans s’inquiéter des conclusions qu’elle pourrait atteindre.
 
(103.0) 103:7.6 La logique est la technique de la philosophie, sa méthode d’expression. Dans le domaine de la vraie science, la raison est toujours sensible à la logique authentique. Dans le domaine de la vraie religion, la foi est toujours logique si l’on se base sur un point de vue intérieur, bien qu’elle puisse paraitre complètement dénuée de fondement si l’on se place au point de vue extérieur de la méthode scientifique. De l’extérieur, en regardant vers l’intérieur, l’univers peut paraitre matériel ; de l’intérieur, en regardant vers l’extérieur, le même univers parait être entièrement spirituel. La raison est issue de la conscience matérielle, et la foi provient de la conscience spirituelle. Mais, par l’entremise d’une philosophie renforcée par la révélation, la logique peut confirmer les points de vue tant extérieur qu’intérieur et stabiliser ainsi à la fois la science et la religion. Ainsi, par contact commun avec la logique de la philosophie, la science et la religion peuvent se tolérer réciproquement de mieux en mieux et devenir de moins en moins sceptiques.
 
(103.0) 103:7.7 Au cours de leur développement, la science et la religion ont toutes deux besoin d’une autocritique plus fouillée et plus intrépide, d’une conscience accrue de l’inachèvement de leur statut évolutionnaire. En science comme en religion, les éducateurs ont souvent beaucoup trop confiance en eux-mêmes et sont trop dogmatiques. La science et la religion ne peuvent faire l’autocritique que des faits qui les concernent. À partir du moment où elles s’écartent du stade des faits, la raison abdique ou bien dégénère rapidement en un accord de fausse logique.
 
(103.0) 103:7.8 La vérité – une compréhension des relations cosmiques, des faits universels et des valeurs spirituelles – est le mieux saisie par le ministère de l’Esprit de Vérité, et c’est par la révélation qu’elle peut être le mieux critiquée. Mais la révélation n’engendre ni une science ni une religion ; sa fonction est de coordonner la science et la religion avec la vérité de la réalité. En l’absence de révélation, ou à défaut de l’accepter ou de la comprendre, l’homme mortel a toujours eu recours à ses futiles essais de métaphysique, celle-ci étant le seul substitut humain à la révélation de la vérité ou à la mota de la personnalité morontielle.
 
(103.0) 103:7.9 La science du monde matériel permet à l’homme de contrôler et, dans une certaine mesure, de dominer son environnement physique. La religion de l’expérience spirituelle est la source de l’impulsion de fraternité qui permet aux hommes de vivre ensemble dans les complexités de la civilisation d’une ère scientifique. La métaphysique, mais certainement davantage la révélation, procure un terrain de rencontre pour les découvertes de la science et celles de la religion ; elle rend possible la tentative humaine pour relier logiquement ces domaines de pensée séparés, mais interdépendants, en une philosophie bien équilibrée, empreinte de stabilité scientifique et de certitude religieuse.
 
(103.0) 103:7.10 Au stade mortel, rien ne peut être prouvé absolument ; la science et la religion sont toutes deux fondées sur des hypothèses. Sur le niveau morontiel, les postulats de la science et de la religion sont susceptibles d’être partiellement prouvés par la logique de la mota. Sur le niveau spirituel de statut maximum, la nécessité d’une preuve finie disparait graduellement devant l’expérience effective de la réalité, et en présence de la réalité. Mais, même alors, beaucoup de choses au-delà du fini restent improuvées.
 
(103.0) 103:7.11 Toutes les divisions de la pensée humaine sont basées sur certaines hypothèses qui, malgré l’absence de preuves, sont acceptées par la sensibilité à la réalité inhérente à la dotation mentale de l'homme. La science entreprend sa carrière de raisonnement tant vantée en supposant la réalité de trois choses : la matière, le mouvement et la vie. La religion commence par l’hypothèse sur la validité de trois choses : le mental, l’esprit et l’univers – l’Être Suprême.
 
(103.0) 103:7.12 La science convient au domaine de pensée des mathématiques, de l’énergie et de la matière temporelle dans l’espace. La religion ne prétend pas s’occuper seulement de l’esprit temporel et fini, mais aussi de l’esprit d’éternité et de suprématie. C’est seulement par une longue expérience de la mota que ces deux manières extrêmes de percevoir l’univers peuvent être amenées à fournir des interprétations analogues sur les origines, les fonctions, les relations, les réalités et les destinées. C’est par l’entrée dans le circuit des Sept Maitres Esprits que la divergence entre l’énergie et l’esprit est harmonisée au maximum. La première unification de cette divergence a lieu dans la Déité du Suprême, et son unité de finalité se réalise dans l’infinité de la Source-Centre Première, le JE SUIS.
 
(103.0) 103:7.13 La raison est l’acte de reconnaitre les conclusions de la conscience concernant l’expérience dans et avec le monde physique d’énergie et de matière. La foi est l’acte de reconnaître la validité de la conscience spirituelle – chose non susceptible d’être humainement prouvée d’une autre manière. La logique est la progression synthétique de l’unité entre la foi et la raison à la recherche de la vérité ; elle est basée sur les dotations mentales constitutives des mortels, la reconnaissance innée des choses, des significations et des valeurs.
 
(103.0) 103:7.14 La présence de l’Ajusteur de Pensée apporte une preuve effective de la réalité spirituelle. Toutefois, la validité de cette présence n’est pas démontrable au monde extérieur, mais seulement à celui qui fait l’expérience de cette présence intérieure de Dieu. La conscience d’avoir un Ajusteur est basée sur la réception intellectuelle de la vérité, la perception supramentale de la bonté et la motivation de la personnalité pour aimer.
 
(103.0) 103:7.15 La science découvre le monde matériel, la religion l’évalue et la philosophie essaie d’interpréter ses significations en coordonnant le point de vue matériel scientifique avec le concept spirituel religieux. Toutefois, l’histoire est un domaine dans lequel la science et la religion ne pourront peut-être jamais se mettre pleinement d’accord.
 
8. Philosophie et religion

(103.0) 103:8.1 Bien que la science et la philosophie puissent toutes deux admettre la probabilité de Dieu par leur raison et leur logique, seul un homme, conduit par l’esprit dans son expérience religieuse personnelle, peut affirmer avec certitude que cette Déité suprême et personnelle existe. Par la technique d’une telle incarnation de la vérité vivante, l’hypothèse philosophique de la probabilité de Dieu devient une réalité religieuse.
 
(103.0) 103:8.2 Le désarroi au sujet de la certitude expérientielle de Dieu provient des interprétations et descriptions dissemblables de cette expérience par des individus distincts et par des hommes de races différentes. On peut avoir très valablement fait l’expérience de Dieu, mais les discours au sujet de Dieu sont intellectuels et philosophiques, donc divergents et souvent spécieux au point que l’on s’y perd.
 
(103.0) 103:8.3 Un homme bon et noble peut être parfaitement amoureux de sa femme, mais absolument incapable de passer d’une manière satisfaisante un examen écrit sur la psychologie de l’amour conjugal. Un autre homme aimant peu ou n’aimant pas son épouse peut passer très honorablement cet examen. La manière imparfaite dont celui qui aime perçoit la vraie nature de l’objet aimé n’invalide pas le moins du monde la réalité ou la sincérité de son amour.
 
(103.0) 103:8.4 Si vous croyez vraiment en Dieu – si vous le connaissez et l’aimez par la foi – ne permettez en aucune manière que la réalité de cette expérience soit minimisée ou dépréciée par les insinuations dubitatives de la science, les chicanes de la logique, les postulats de la philosophie ou les adroites suggestions d’âmes bien intentionnées qui voudraient créer une religion sans Dieu.
 
(103.0) 103:8.5 La certitude du religioniste qui connait Dieu ne devrait pas être troublée par l’incertitude du matérialiste incrédule. C’est plutôt la foi profonde et la certitude inébranlable du croyant expérientiel qui devraient lancer un puissant défi à l’incertitude de l'incroyant.
 
(103.0) 103:8.6 Pour rendre le maximum de services à la science et à la religion, la philosophie devrait éviter les deux extrêmes du matérialisme et du panthéisme. Seule une philosophie qui reconnait la réalité de la personnalité – la permanence en présence du changement – peut avoir une valeur morale pour l’homme et servir de liaison entre les théories de la science matérielle et celles de la religion spirituelle. La révélation vient compenser les faiblesses de la philosophie en évolution.
 
9. L’essence de la religion

(103.0) 103:9.1 La théologie s’occupe du contenu intellectuel de la religion ; la métaphysique (la révélation) traite de ses aspects philosophiques. L’expérience religieuse est le contenu spirituel de la religion. L’expérience spirituelle de la religion personnelle reste authentique et valable malgré les fantaisies mythologiques et les illusions psychologiques du contenu intellectuel de la religion, malgré les hypothèses erronées de la métaphysique et les techniques pour se tromper soi-même, malgré les déformations politiques et les travestissements socioéconomiques du contenu philosophique de la religion.
 
(103.0) 103:9.2 La religion ne concerne pas seulement les manières de penser, mais aussi les manières de ressentir, d’agir et de vivre. La pensée est plus étroitement reliée à la vie matérielle ; elle devrait principalement, mais non complètement, être dominée par la raison et par les faits de la science ; elle devrait l’être par la vérité dans ses extensions immatérielles vers les domaines de l’esprit. Quelles que soient les illusions et les erreurs de votre théologie, votre religion peut être tout à fait authentique et éternellement vraie.
 
(103.0) 103:9.3 Le bouddhisme dans sa forme originelle est l’une des meilleures religions sans Dieu qui soient apparues dans toute l’histoire évolutionnaire d’Urantia, bien que cette foi ne soit pas restée athée au cours de son développement. La religion sans foi est une contradiction. La religion sans Dieu est une incompatibilité philosophique et une absurdité intellectuelle.
 
(103.0) 103:9.4 L’origine magique et mythologique de la religion naturelle n’invalide ni la réalité, ni la vérité des religions ultérieures de révélation, ni le parfait évangile sauveur de la religion de Jésus. La vie et les enseignements de Jésus ont définitivement dépouillé la religion des superstitions de la magie, des illusions de la mythologie et de l’esclavage du dogmatisme traditionnel. Mais la magie et la mythologie primitives avaient très efficacement préparé le chemin à une religion ultérieure et supérieure en admettant l’existence et la réalité de valeurs et d’êtres supramatériels.
 
(103.0) 103:9.5 Bien que l’expérience religieuse soit un phénomène subjectif purement spirituel, cette expérience comporte une attitude de foi positive et vivante envers les domaines les plus élevés de la réalité objective de l'univers. L’idéal de la philosophie religieuse est une foi-confiance capable d’amener l’homme à dépendre sans réserve de l’amour absolu du Père infini de l’univers des univers. Cette authentique expérience religieuse transcende de loin l’objectivation philosophique des désirs idéalistes ; elle considère effectivement le salut comme acquis et s’occupe uniquement d’apprendre et de faire la volonté du Père du Paradis. Cette religion a pour signes distinctifs la foi en une Déité suprême, l’espoir d’une survie éternelle et l’amour, spécialement l’amour de ses semblables.
 
(103.0) 103:9.6 Quand la théologie domine la religion, la religion meurt ; elle devient une doctrine au lieu d’être une vie. La mission de la théologie consiste simplement à faciliter la prise de conscience d’une expérience spirituelle personnelle. La théologie constitue l’effort religieux pour définir, clarifier, exposer et justifier les prétentions expérientielles de la religion qui, en dernière analyse, ne peuvent être validées que par une foi vivante. Dans la philosophie supérieure de l’univers, la sagesse comme la raison s’allient à la foi. La raison, la sagesse et la foi sont les accomplissements humains les plus élevés. La raison fait pénétrer l’homme dans le monde des faits, des choses ; la sagesse le fait pénétrer dans un monde de vérité, de relations ; la foi l’initie à un monde de divinité, d’expérience spirituelle.
 
(103.0) 103:9.7 La foi emmène bien volontiers la raison aussi loin que la raison peut aller ; la foi continue ensuite son chemin avec la sagesse jusqu’à sa pleine limite philosophique ; après cela, elle ose se lancer dans le voyage sans limites et sans fin de l’univers, en seule compagnie de la VÉRITÉ.
 
(103.0) 103:9.8 La science (la connaissance) est fondée sur l’hypothèse inhérente (l’esprit adjuvat) que la raison est valable, que l’univers est susceptible d’être compris. La philosophie (compréhension coordonnée) est fondée sur l’hypothèse inhérente (l’esprit de sagesse) que la sagesse est valable, qu’il est possible de coordonner l’univers matériel avec le spirituel. La religion (la vérité de l’expérience spirituelle personnelle) est basée sur l’hypothèse inhérente (l’Ajusteur de Pensée) que la foi est valable, que Dieu est susceptible d’être connu et atteint.
 
(103.0) 103:9.9 La pleine réalisation de la réalité de la vie humaine consiste en un consentement progressif à croire ces hypothèses de la raison, de la sagesse et de la foi. Une telle vie est motivée par la vérité et dominée par l’amour, lesquels sont les idéaux de la réalité cosmique objective dont l’existence ne peut être démontrée matériellement.
 
(103.0) 103:9.10 Une fois que la raison reconnait le vrai et le faux, elle fait montre de sagesse ; quand la sagesse choisit entre le vrai et le faux, entre la vérité et l’erreur, elle démontre la gouverne de l’esprit. C’est ainsi que les rôles du mental, de l’âme et de l’esprit sont toujours étroitement unis et fonctionnellement associés. La raison s’occupe de la connaissance des faits ; la sagesse s’occupe de la philosophie et de la révélation ; la foi s’occupe de l’expérience spirituelle vivante. Par la vérité, l’homme atteint la beauté, et par l’amour spirituel, il s’élève à la bonté.
 
(103.0) 103:9.11 La foi conduit à connaitre Dieu et pas seulement à un sentiment mystique de la présence divine. Il ne faut pas que la foi soit influencée à l’excès par ses conséquences émotives. La vraie religion est l’expérience de croire et de savoir, aussi bien qu’une satisfaction de sentir.
 
(103.0) 103:9.12 Il y a, dans l’expérience religieuse, une réalité qui est proportionnelle à son contenu spirituel, et cette réalité est transcendante par rapport à la raison, à la science, à la philosophie, à la sagesse et à tous les autres accomplissements humains. Les convictions résultant de cette expérience sont inébranlables ; la logique de la vie religieuse défie toute contradiction ; la certitude de sa connaissance est suprahumaine ; les satisfactions qui l’accompagnent sont magnifiquement divines ; le courage est indomptable, les dévouements sont inconditionnels, les fidélités sont suprêmes et les destinées sont finales – éternelles, ultimes et universelles.
 
(103.0) 103:9.13 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]
 


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102. Les fondements de la foi religieuse

LIVRE D'URANTIA  -  Fascicule 102. Les fondements de la foi religieuse

(102.0) 102:0.1 Pour le matérialiste incroyant, l’homme est simplement un accident évolutionnaire. Ses espoirs de survivance sont liés à une fiction de son imagination de mortel ; ses frayeurs, ses amours, ses désirs et ses croyances ne sont que les réactions de la juxtaposition accidentelle de certains atomes de matière dépourvus de vie. Nul déploiement d’énergie, nulle expression de confiance ne peuvent le transporter au delà du tombeau. Les œuvres de dévotion et le génie inspirant les meilleurs hommes sont condamnés à l’annihilation par la mort, à la longue nuit solitaire de l’éternel oubli et de l’anéantissement de l’âme. Un désespoir sans nom est la seule récompense de l’homme pour avoir vécu et travaillé sous le soleil temporel de l’existence mortelle. Chaque jour de la vie resserre lentement et sûrement l’emprise d’un destin impitoyable qu’un univers de matière, hostile et implacable, a décrété comme insulte suprême à tout ce qui est beau, noble, élevé et bon dans les désirs humains.
 
(102.0) 102:0.2 Telle n’est pas la fin et la destinée éternelle de l’homme. Cette vision n’est que le cri de désespoir poussé par une âme errante qui s’est perdue dans les ténèbres spirituelles, qui lutte bravement en face des sophismes mécanistes d’une philosophie matérialiste, et qui est aveuglée par le désordre et la déformation d’une érudition complexe. Toute cette condamnation aux ténèbres et toute cette destinée de désespoir sont dissipées pour toujours par un seul courageux déploiement de foi du plus humble et du plus ignorant enfant de Dieu sur terre.
 
(102.0) 102:0.3 Cette foi qui sauve prend naissance dans le cœur humain quand la conscience morale de l’homme se rend compte qu’au cours de l’expérience mortelle, les valeurs humaines peuvent être transposées du matériel au spirituel, de l’humain au divin, du temps à l’éternité.
 
1. Les assurances de la foi

(102.0) 102:1.1 Le travail de l’Ajusteur de Pensée est par lui-même l’explication de la manière dont le sens primitif et évolutionnaire du devoir est transmué en une foi supérieure et plus certaine dans les éternelles réalités de la révélation. Il faut que le cœur de l’homme soit avide de perfection pour lui assurer la capacité de comprendre les sentiers de la foi menant à l’aboutissement suprême. Quiconque choisit de faire la volonté divine connaitra le chemin de la vérité. Il est littéralement vrai “ qu’il fautconnaitre les choses humaines pour les aimer, mais qu’il faut aimer les choses divines pour les connaitre. ” Mais les doutes honnêtes et les interrogations sincères ne sont pas des péchés ; ces attitudes sont simplement une cause de retard dans le cheminement progressif d’accession à la perfection. Une confiance d’enfant assure l’entrée de l’homme dans le royaume de l’ascension du ciel, mais le progrès dépend entièrement de l’exercice vigoureux de la foi robuste et confiante de l’homme accompli.
 
(102.0) 102:1.2 La raison de la science est fondée sur les faits observables du temps. La foi religieuse tire argument du programme spirituel de l’éternité. Ce que le savoir et la raison ne peuvent faire pour nous, la vraie sagesse nous exhorte à permettre à la foi de l’accomplir par clairvoyance religieuse et transformation spirituelle.
 
(102.0) 102:1.3 Par suite de l’isolement dû à la rébellion, la révélation de la vérité sur Urantia a été trop souvent mêlée aux affirmations de cosmologies partielles et transitoires. La vérité reste invariante de génération en génération, mais les enseignements associés concernant le monde physique varient de jour en jour et d’année en année. La vérité éternelle ne devrait pas être dédaignée parce qu’on la rencontre par hasard en compagnie d’idées périmées sur le monde matériel. Plus vous êtes docte en science, moins vous êtes sûr de vous ; plus vous avez de religion, plus vous êtes pénétré de certitude.
 
(102.0) 102:1.4 Les certitudes de la science proviennent entièrement de l’intellect ; les certitudes de la religion jaillissent des fondements mêmes de la personnalité tout entière. La science fait appel à la compréhension du mental ; la religion fait appel à la fidélité et au dévouement du corps, du mental et de l’esprit, en fait à toute la personnalité.
 
(102.0) 102:1.5 Dieu est si complètement réel et absolu que l’on ne peut offrir, en témoignage de sa réalité, aucun signe matériel de preuve, aucune démonstration de prétendus miracles. C’est toujours notre confiance en lui qui nous le fera connaitre, et notre croyance en lui est entièrement basée sur notre participation personnelle aux manifestations divines de sa réalité infinie.
 
(102.0) 102:1.6 L’Ajusteur de Pensée intérieur éveille infailliblement, dans l’âme humaine, une véritable soif avide de perfection ainsi qu’une vaste curiosité, lesquelles ne peuvent être convenablement apaisées que par communion avec Dieu, source divine de cet Ajusteur. L’âme assoiffée de l’homme refuse d’être satisfaite tant qu’elle n’est pas parvenue à la réalisation personnelle du Dieu vivant. Quoi que Dieu puisse être de plus qu’une personnalité morale supérieure et parfaite, dans notre concept avide mais fini, il ne peut rien être de moins.
 
2. Religion et réalité

(102.0) 102:2.1 Un mental observateur et une âme capable de discernement reconnaissent la religion quand ils la rencontrent dans la vie de leurs compagnons. La religion n’a besoin d’aucune définition ; nous connaissons tous ses fruits sociaux, moraux, intellectuels et spirituels. Et tout ceci provient du fait que la religion est la propriété de la race humaine ; elle n’est pas engendrée par la culture. Il est vrai que la perception de la religion est encore humaine, et par conséquent sujette à la servitude de l’ignorance, à l’esclavage des superstitions, aux duperies des sophismes et aux illusions d'une fausse philosophie.
 
(102.0) 102:2.2 L’une des particularités caractéristiques de l’assurance religieuse authentique est que, malgré le caractère absolu de ses affirmations et la fermeté de son attitude, l’esprit de son expression est assez équilibré et tempéré pour ne jamais donner la plus petite impression d’affirmation de soi ou d’exaltation de l’ego. La sagesse de l’expérience religieuse est quelque peu paradoxale, en ce sens qu’elle est, à la fois, d’origine humaine et dérivée de l’Ajusteur. La force religieuse n’est pas le produit des prérogatives personnelles de l’individu, mais plutôt la mise en œuvre de l’association sublime entre l’homme et la source perpétuelle de toute sagesse. C’est ainsi que les paroles et les actes de la religion vraie, dans sa pureté originale, acquièrent une autorité irrésistible pour tous les mortels éclairés.
 
(102.0) 102:2.3 Il est difficile d’identifier et d’analyser les facteurs d’une expérience religieuse, mais il est facile d’observer que les pratiquants religieux vivent et persévèrent comme s’ils étaient déjà en présence de l’Éternel. Les croyants réagissent à la vie temporelle comme si l’immortalité était déjà à portée de leur main. Dans la vie de ces mortels, on trouve une originalité valable et une spontanéité d’expression qui les classent définitivement à part de leurs compagnons n’ayant absorbé que la sagesse du monde. Les religionistes paraissent vivre effectivement émancipés du harcèlement de la hâte et de la tension douloureuse des vicissitudes inhérentes aux courants séculiers du temps. Ils font montre d’une stabilité de personnalité et d’une sérénité de caractère que les lois de la physiologie, de la psychologie et de la sociologie n’expliquent pas.
 
(102.0) 102:2.4 Le temps est un élément invarable pour atteindre la connaissance ; la religion rend ses dons immédiatement accessibles, bien que subsiste le facteur important de la croissance en grâce, un progrès caractérisé dans toutes les phases de l’expérience religieuse. La connaissance est une quête éternelle ; vous apprenez toujours, mais vous n’êtes jamais capable d’arriver à la connaissance complète de la vérité absolue. La connaissance seule ne donne jamais une certitude absolue, mais seulement une probabilité approximative croissante. Par contre, l’âme religieuse spirituellement illuminée sait, et elle sait maintenant. Cette certitude profonde et positive ne conduit cependant pas ce religioniste mentalement sain à prendre moins d’intérêt aux avances et aux reculs du progrès de la sagesse humaine, liée dans le domaine matériel aux lents développements de la science.
 
(102.0) 102:2.5 Même les découvertes de la science ne sont pas vraiment réelles dans la conscience de l’expérience humaine avant d’être éclaircies et mises en corrélation, avant que leurs faits pertinents ne prennent effectivement une signification par leur mise en circuit dans les courants de pensée du mental. L’homme mortel considère même son entourage physique, depuis le niveau mental, selon la perspective de son enregistrement psychologique. Il n’est donc pas étonnant que l’homme interprète l’univers d’une façon hautement unifiée, et cherche ensuite à identifier l’unité énergétique de sa science avec l’unité spirituelle de son expérience religieuse. Le mental est unité ; la conscience mortelle vit sur le niveau mental et perçoit les réalités universelles par les yeux de sa dotation mentale. La perspective mentale ne révèle pas l’unité existentielle de la source de la réalité, la Source-Centre Première, mais elle peut présenter et présente parfois à l’homme la synthèse expérientielle de l’énergie, du mental et de l’esprit dans l’Être Suprême et en tant qu’Être Suprême. Toutefois, le mental ne peut jamais réussir dans cette unification de la diversité de la réalité, à moins que ce mental ne soit solidement conscient des choses matérielles, des significations intellectuelles et des valeurs spirituelles. Il n’y a unité que dans l’harmonie de la triunité de la réalité fonctionnelle, et c’est seulement dans l’unité que la personnalité se satisfait dans la réalisation de la constance et de la cohérence cosmiques.
 
(102.0) 102:2.6 Dans l’expérience humaine, c’est par la philosophie que l’on trouve le plus facilement l’unité. Bien que le corps de doctrine philosophique doive toujours être fondé sur des faits matériels, la clairvoyance spirituelle du mortel est l’âme et l’énergie du vrai dynamisme philosophique.
 
(102.0) 102:2.7 L’homme évolutionnaire n’a pas de gout naturel pour les travaux pénibles. Dans la vie expérientielle, pour marcher de pair avec les exigences harcelantes et les besoins pressants d’une expérience religieuse grandissante, il faut une incessante activité dans la croissance spirituelle, l’expansion intellectuelle, le développement factuel et le service social. Il n’y a pas de véritable religion sans une personnalité très active ; c’est pourquoi les hommes les plus indolents cherchent souvent à échapper aux rigueurs des activités vraiment religieuses en se dupant ingénieusement eux-mêmes, en se retirant dans le faux abri de doctrines et de dogmes religieux stéréotypés. Mais la vraie religion est vivante. La cristallisation intellectuelle de concepts religieux équivaut à la mort spirituelle. Vous ne pouvez concevoir une religion sans idées, mais, une fois que la religion se trouve réduite simplement à une idée, elle cesse d’être une religion, elle est devenue simplement une espèce de philosophie humaine.
 
(102.0) 102:2.8 Par ailleurs, d’autres types d’âmes instables et peu disciplinées cherchent à employer les idées sentimentales de la religion pour échapper aux exigences irritantes de la vie. Quand certains mortels vacillants et timides cherchent à échapper à la pression incessante de la vie évolutionnaire, la religion telle qu’ils la conçoivent semble leur offrir le refuge le plus proche, la meilleure échappatoire. Mais la mission de la religion consiste à préparer l’homme à faire face courageusement, et même héroïquement, aux vicissitudes de la vie. La religion est le don suprême de l’homme évolutionnaire, la seule chose qui lui permette de persévérer et “ de souffrir avec patience comme s’il voyait Celui qui est invisible ”. Cependant, le mysticisme est souvent empreint d’une tendance à se retirer de la vie ; il est embrassé par les humains qui n’apprécient pas les activités plus rudes d’une vie religieuse vécue dans les arènes ouvertes de la société et du commerce humains. La vraie religion se doit d’agir. La conduite résulte de la religion quand l’homme en a effectivement une, ou plutôt quand l’homme permet à la religion de le posséder vraiment. La religion ne se satisfera jamais de pensées velléitaires, ni de sentiments passifs.
 
(102.0) 102:2.9 Nous sommes bien conscients du fait que la religion agit souvent d’une manière peu sage et même irreligieuse, mais elle agit. Des convictions religieuses aberrantes ont conduit à de sanglantes persécutions, mais la religion fait toujours quelque chose ; elle est dynamique !
 
3. Connaissance, sagesse et clairvoyance

(102.0) 102:3.1 Les carences intellectuelles et les insuffisances dans l’éducation handicapent inévitablement l’accès aux niveaux religieux supérieurs, car un environnement de la nature spirituelle aussi appauvri dérobe à la religion son principal canal de contact philosophique avec le monde des connaissances scientifiques. Les facteurs intellectuels de la religion sont importants, mais il arrive aussi parfois que leur hypertrophie soit très gênante et embarrassante. La religion doit constamment travailler sous la pression d’une nécessité paradoxale ; la nécessité d’employer efficacement la pensée, tout en faisant peu de cas de l’utilité spirituelle de toute pensée.
 
(102.0) 102:3.2 Les spéculations religieuses sont inévitables, mais toujours nuisibles. La spéculation dénature invariablement son objet. La spéculation tend à faire passer la religion pour quelque chose de matériel ou d’humaniste, et ainsi, interférant alors directement avec la clarté de la pensée logique, elle fait indirectement apparaitre la religion comme une fonction du monde temporel, le monde même avec lequel elle devrait éternellement former contraste. La religion sera donc toujours caractérisée par des paradoxes, les paradoxes résultant de l’absence du lien expérientiel entre les niveaux matériels et spirituels de l’univers – de la mota morontielle, la sensibilité supraphilosophique permettant de discerner la vérité et de percevoir l’unité.
 
(102.0) 102:3.3 Les sentiments matériels, les émotions humaines, conduisent directement à des actions matérielles, à des actes égoïstes. Les points de vue religieux, les motivations spirituelles, conduisent directement à des actions religieuses, à des actes désintéressés de service social et de bienveillance altruiste.
 
(102.0) 102:3.4 Le désir religieux est une quête avide de la réalité divine. L’expérience religieuse est la réalisation de la conscience d’avoir trouvé Dieu. Et, quand un être humain trouve Dieu, le triomphe de sa découverte fait éprouver à son âme une effervescence tellement indescriptible qu’il est poussé à rechercher un affectueux contact de service avec ses compagnons moins éclairés, non pour révéler qu’il a trouvé Dieu, mais plutôt pour permettre au débordement de la bonté éternelle qui surgit dans son âme de réconforter et ennoblir ses compagnons. La religion réelle mène à un service social accru.
 
(102.0) 102:3.5 La science, la connaissance, conduit à la conscience des faits ; la religion, l’expérience, conduit à la conscience des valeurs ; la philosophie, la sagesse, conduit à coordonner la conscience. La révélation (le substitut de la mota morontielle) conduit à la conscience de la vraie réalité ; tandis que la coordination de la conscience des faits, des valeurs et de la vraie réalité constitue la perception consciente de la réalité de la personnalité, le maximum d’être, en même temps que de la croyance à la possibilité de survie de cette même personnalité.
 
(102.0) 102:3.6 La connaissance amène à donner un rang aux hommes, à faire naitre des couches sociales et des castes. La religion conduit à servir les hommes et à créer ainsi l’éthique et l’altruisme. La sagesse conduit à une meilleure et plus haute communauté dans nos idées et avec nos semblables. La révélation affranchit les hommes et les lance dans l’aventure éternelle.
 
(102.0) 102:3.7 La science sélectionne les hommes ; la religion aime les hommes, jusqu’à les aimer comme vous-mêmes ; la sagesse fait justice à la différence entre les hommes ; mais la révélation glorifie l’homme et révèle sa capacité d’association avec Dieu.
 
(102.0) 102:3.8 La science s’efforce vainement de créer la fraternité de la culture. La religion amène à l’existence la fraternité de l’esprit. La philosophie recherche la fraternité de sagesse ; la révélation dépeint la fraternité éternelle, le Corps Paradisiaque de la Finalité.
 
(102.0) 102:3.9 La connaissance fait naitre de l’orgueil dans le fait de la personnalité ; la sagesse est la conscience de la signification de la personnalité ; la religion est l’expérience de la connaissance de la valeur de la personnalité ; la révélation est l’assurance de la survie de la personnalité.
 
(102.0) 102:3.10 La science cherche à identifier, à analyser et à classifier les parties fractionnées du cosmos illimité. La religion saisit l’idée-du-tout, l’ensemble du cosmos. La philosophie essaye d’identifier les segments matériels de la science avec le concept de clairvoyance spirituelle du tout. Sur les points où la philosophie échoue dans cette tentative, la révélation réussit en affirmant que le cercle cosmique est universel, éternel, absolu et infini. Ce cosmos de l’Infini JE SUIS est donc sans fin, sans bornes et incluant tout – il est sans temps, sans espace et non qualifié. Et nous rendons témoignage que l’Infini JE SUIS est aussi le Père de Micaël de Nébadon et le Dieu du salut humain.
 
(102.0) 102:3.11 La science montre la Déité comme un fait ; la philosophie présente l’idée d’un Absolu ; la religion envisage Dieu comme une personnalité spirituelle aimante. La révélation affirme qu’il y a unité entre le fait de la Déité, l’idée de l’Absolu et la personnalité spirituelle de Dieu ; de plus, elle présente ce concept comme étant notre Père – le fait universel de l’existence, l’idée éternelle du mental et l’esprit infini de la vie.
 
(102.0) 102:3.12 La poursuite de la connaissance constitue la science ; la recherche de la sagesse est la philosophie ; l’amour pour Dieu est la religion ; la soif de vérité est une révélation ; mais c’est l’Ajusteur de Pensée intérieur qui attache le sentiment de réalité à la clairvoyance spirituelle de l’homme par rapport au cosmos.
 
(102.0) 102:3.13 En science, l’idée précède l’expression de sa réalisation ; en religion, l’expérience de la réalisation précède l’expression de l’idée. Il y a une immense différence entre d’une part la volonté-de-croire évolutionnaire, et d’autre part le produit de la raison éclairée, de la clairvoyance religieuse et de la révélation – la volonté qui croit.
 
(102.0) 102:3.14 Dans l’évolution, la religion amène souvent l’homme à créer ses concepts de Dieu. La révélation montre le phénomène de Dieu faisant évoluer l’homme lui-même, tandis que, dans la vie terrestre de Christ Micaël, nous voyons le phénomène de Dieu se révélant lui-même à l’homme. L’évolution tend à faire ressembler Dieu à l’homme ; la révélation tend à faire ressembler l’homme à Dieu.
 
(102.0) 102:3.15 La science n’est satisfaite que par les causes premières, la religion, par la personnalité suprême et la philosophie, par l’unité. La révélation affirme que les trois sont un et que toutes sont bonnes. L’éternel réel est le bien de l’univers, et non les illusions temporelles du mal spatial. Dans l’expérience spirituelle de toutes les personnalités, il est toujours vrai que le réel est le bien et que le bien est le réel.
 
4. Le fait de l’expérience

(102.0) 102:4.1 En raison de la présence de l’Ajusteur de Pensée dans votre mental, il n’est pas plus mystérieux pour vous de connaitre le mental de Dieu que d’être sûr que vous êtes conscient de connaitre tout autre mental, humain ou suprahumain. La religion et la conscience sociale ont ceci de commun ; elles sont toutes deux fondées sur la conscience de l’altérité. La technique par laquelle vous pouvez accepter comme vôtre l’idée d’un autre est la même qui vous permet de “ laisser le mental qui était en Christ être aussi en vous ”.
 
(102.0) 102:4.2 Qu’est-ce que l’expérience humaine ? C’est simplement l’effet réciproque entre un moi actif et interrogateur, et toute autre réalité active et extérieure. La masse de l’expérience est déterminée par la profondeur de concept, plus le total de la reconnaissance de la réalité de ce qui est extérieur. Le mouvement de l’expérience est égal à la force de l’imagination en expectative, plus l’acuité de la découverte sensorielle des qualités externes de la réalité contactée. Le fait de l’expérience se trouve dans la conscience de soi et de l’existence des autres – des choses autres, des mentalités autres, des spiritualités autres.
 
(102.0) 102:4.3 L’homme devient très tôt conscient qu’il n’est seul ni dans le monde ni dans l’univers. Il se développe une prise de conscience naturelle et spontanée de mentalités autres dans l’entourage de l’individu. La foi transforme cette expérience naturelle en religion, en récognition de Dieu comme réalité – source, nature et destinée – du mental de l’autre, mais cette connaissance de Dieu est toujours une réalité de l’expérience personnelle. Si Dieu n’était pas une personnalité, il ne pourrait devenir une partie vivante de l’expérience religieuse réelle d’une personnalité humaine.
 
(102.0) 102:4.4 L’élément d’erreur présent dans l’expérience religieuse humaine est directement proportionnel au contenu de matérialisme qui souille le concept spirituel du Père Universel. La progression de l’homme dans l’univers, avant d’atteindre le statut d’esprit, consiste à se débarrasser de ces idées erronées sur la nature de Dieu et sur la réalité du pur et véritable esprit. La Déité est plus que l’esprit, mais l’approche spirituelle est la seule possible pour l’ascendeur humain.
 
(102.0) 102:4.5 La prière fait assurément partie de l’expérience religieuse, mais les religions modernes ont mis à tort l’accent sur elle, au détriment de la communion d’adoration qui est plus essentielle. Les pouvoirs réflexifs du mental s’approfondissent et s’élargissent par l’adoration. La prière peut enrichir la vie, mais l’adoration illumine la destinée.
 
(102.0) 102:4.6 La religion révélée est l’élément unifiant de l’existence humaine. La révélation unifie l’histoire, coordonne la géologie, l’astronomie, la physique, la chimie, la biologie, la sociologie et la psychologie. L’expérience spirituelle est l’âme réelle du cosmos de l’homme.
 
5. La suprématie du potentiel d’intention

(102.0) 102:5.1 Bien que l’établissement du fait de la croyance n’équivaille pas à établir le fait de ce qui est cru, la progression évolutionnaire de la vie simple jusqu’au statut de personnalité démontre bien néanmoins l’existence, au départ, du potentiel de personnalité. Dans les univers du temps, le potentiel a toujours la suprématie sur l’actuel. Dans le cosmos en évolution, le potentiel représente ce qui va être, et ce qui va être est le développement des décisions intentionnelles de la Déité.
 
(102.0) 102:5.2 Cette même suprématie des intentions apparait dans l’évolution de l’idéation mentale quand la peur animale primitive se transmue en une vénération constamment plus profonde de Dieu et en une crainte croissante devant l’univers. L’homme primitif avait plus de peur religieuse que de foi. La suprématie des potentiels spirituels sur les réalités mentales est démontrée quand cette lâche frayeur se transforme en foi vivante dans les réalités spirituelles.
 
(102.0) 102:5.3 On peut faire l’analyse psychologique de la religion évolutionnaire, mais non celle de la religion d’origine spirituelle vécue personnellement. La morale humaine peut reconnaitre des valeurs, mais seule la religion peut les conserver, les exalter et les spiritualiser. Malgré cela, la religion est quelque chose de plus qu’une moralité à caractère émotionnel. La religion est à la moralité ce que l’amour est au devoir, ce que la filiation est à la servitude, ce que l’essence est à la substance. La moralité révèle un Contrôleur tout-puissant, une Déité à servir ; la religion révèle un Père tout-aimant, un Dieu à adorer et à aimer. Et de nouveau cela tient à ce que le potentiel spirituel de la religion domine l’actualité des devoirs de la moralité évolutionnaire.
 
6. La certitude de la foi religieuse

(102.0) 102:6.1 L’élimination de la crainte religieuse par la philosophie et les progrès continus de la science contribuent sérieusement à la mortalité des faux dieux. Même si la disparition de ces déités, créées par les hommes, peut obscurcir momentanément la vision spirituelle, elle détruit, en fin de compte, l’ignorance et la superstition qui ont si longtemps voilé le Dieu vivant, le Dieu d’amour éternel. La relation entre la créature et le Créateur est une expérience vivante, une foi religieuse dynamique, qui n’est pas sujette à une définition précise. Isoler une partie de la vie et l’appeler religion, c’est désintégrer la vie et défigurer la religion. C’est justement pourquoi le Dieu d’adoration réclame une fidélité totale, ou n’en demande aucune.
 
(102.0) 102:6.2 Les dieux des hommes primitifs n’ont peut-être pas été plus que les ombres de ces hommes. Le Dieu vivant est la lumière divine dont les interruptions constituent les ombres de création de tout l’espace.
 
(102.0) 102:6.3 Le religioniste, qualifié en philosophie, a foi en un Dieu personnel de salut personnel, en quelque chose de plus qu’une réalité, une valeur, un niveau d’accomplissement, un processus supérieur, une transmutation, l’ultime de l’espace-temps, une idéalisation, la personnalisation de l’énergie, l’entité de la gravitation, une projection humaine, l’idéalisation du moi, la poussée élévatrice de la nature, le penchant à la bonté, l’impulsion en avant de l’évolution ou une hypothèse sublime. Le religioniste a foi en un Dieu d’amour. L’amour est l’essence de la religion et la source vive des civilisations supérieures.
 
(102.0) 102:6.4 Dans l’expérience religieuse personnelle, la foi transforme le Dieu de la probabilité philosophique en un Dieu de salut certain. Le scepticisme peut défier les théories de la théologie, mais la conviction que l’on peut se fier à l’expérience personnelle affirme la vérité des croyances qui ont grandi jusqu’à la foi.
 
(102.0) 102:6.5 On peut arriver à des convictions sur Dieu par de sages raisonnements, mais on n’apprend individuellement à connaitre Dieu que par la foi, par l’expérience personnelle. Dans beaucoup de choses qui ont trait à la vie, il faut tenir compte des probabilités, mais, dans le contact avec la réalité cosmique, on peut éprouver des certitudes quand on aborde leurs significations et leurs valeurs à l’aide d’une foi vivante. Une âme quiconnait Dieu ose dire “ je sais ”, même quand sa connaissance de Dieu est contestée par l’incroyant qui nie cette certitude parce qu’elle n’est pas entièrement étayée par la logique intellectuelle. Le croyant se borne à répliquer à un tel incroyant ; “ Comment savez-vous que je ne sais pas ? ”
 
(102.0) 102:6.6 Bien que la raison puisse toujours mettre la foi en doute, la foi peut toujours compléter aussi bien la raison que la logique. La raison crée la probabilité que la foi peut transformer en certitude morale, et même en expérience spirituelle. Dieu est la première vérité et le dernier fait, et c’est pourquoi toute vérité prend origine en lui, tandis que tous les faits existent relativement à lui. Dieu est la vérité absolue. On peut connaitre Dieu en tant que vérité, mais pour comprendre Dieu – pour l’expliquer – il faut explorer le fait de l’univers des univers. L’immense abime entre l’expérience de la vérité de Dieu et l’ignorance du fait de Dieu ne peut être comblé que par la foi vivante. La raison seule ne peut établir l’harmonie entre la vérité infinie et le fait universel.
 
(102.0) 102:6.7 La croyance peut se révéler incapable de résister au doute et de supporter la peur, mais la foi triomphe toujours du doute, car elle est à la fois positive et vivante. Le positif a toujours l’avantage sur le négatif, la vérité sur l’erreur, l’expérience sur la théorie, les réalités spirituelles sur les faits isolés de l’espace et du temps. La preuve convaincante de cette certitude spirituelle réside dans les fruits sociaux de l’esprit que les croyants, hommes de foi, produisent à la suite de leur expérience spirituelle authentique. Jésus a dit ; “ Si vous aimez votre prochain comme je vous ai aimés, alors tous les hommes sauront que vous êtes mes disciples. ”
 
(102.0) 102:6.8 Pour la science, Dieu est une possibilité; pour la psychologie, il est désirable; pour la philosophie, il est une probabilité; pour la religion, il est une certitude, une actualité de l’expérience religieuse. La raison exige qu’une philosophie incapable de trouver le Dieu de la probabilité soit très respectueuse de la foi religieuse qui peut trouver le Dieu de la certitude et y parvient. La science ne devrait pas non plus dédaigner l’expérience religieuse en invoquant la crédulité, au moins tant que la science persiste à supposer que les dons intellectuels et philosophiques de l’homme sont issus d’intelligences d’autant moindres que l’on s’éloigne davantage dans le passé, et finalement que ces dons ont pris origine dans la vie primitive qui était totalement dépourvue de pensée et de sentiment.
 
(102.0) 102:6.9 Il ne faut pas dresser les faits de l’évolution contre la vérité que l’expérience spirituelle de la vie religieuse d’un mortel connaissant Dieu est une réalité et une certitude. Les hommes intelligents devraient cesser de raisonner comme des enfants et essayer d’employer la logique cohérente des adultes, logique qui tolère le concept de vérité en même temps que l’observation des faits. Le matérialisme scientifique fait faillite quand il persiste, en face de chaque phénomène universel récurrent, à réfuter les objections courantes en rattachant ce qui est reconnu comme supérieur à ce qui est reconnu comme inférieur. La logique exige que l’on reconnaisse les activités d’un Créateur ayant un dessein.
 
(102.0) 102:6.10 L’évolution organique est un fait. L’évolution motivée ou progressive est une vérité qui rend cohérents les phénomènes, qui autrement seraient contradictoires, des accomplissements toujours ascendants de l’évolution. Plus un savant progresse dans la science qu’il a choisie, plus il abandonne les théories matérialistes du fait matériel en faveur de la vérité cosmique – la domination du Mental Suprême. Le matérialisme déprécie la vie humaine ; l’évangile de Jésus rehausse prodigieusement tous les mortels et les exalte divinement. Il faut se représenter l’existence humaine comme l’expérience mystérieuse et fascinante, où l’on réalise la rencontre entre l’humain tendant la main vers le haut et le divin lui tendant vers le bas la main secourable du salut.
 
7. La certitude du divin

(102.0) 102:7.1 Dès lors que le Père Universel existe par lui-même, il s’explique aussi par lui-même ; il vit réellement chez tout mortel doué de raison. Mais vous ne pouvez avoir de certitude en ce qui concerne Dieu à moins de le connaitre ; la filiation est la seule expérience qui rende certaine la paternité. L’univers subit partout des modifications. Un univers changeant est un univers dépendant ; une telle création ne peut être ni finale ni absolue. Un univers fini dépend entièrement de l’Ultime et de l’Absolu. L’univers et Dieu ne sont pas identiques ; l’un est la cause et l’autre l’effet. La cause est absolue, infinie, éternelle et invariante. L’effet est spatiotemporel et transcendantal, mais toujours changeant, toujours croissant.
 
(102.0) 102:7.2 Dieu est le seul et unique fait de l’univers qui soit causé par lui-même. Il est le secret de l’ordre, du plan et du dessein de toute la création des choses et des êtres. L’univers partout changeant est réglé et stabilisé par des lois absolument invariantes, les habitudes d’un Dieu invariant. Le fait de Dieu, la loi divine, ne change pas. La vérité de Dieu, sa relation avec l’univers, est une révélation relative toujours adaptable à l’univers en constante évolution.
 
(102.0) 102:7.3 Ceux qui voudraient inventer une religion sans Dieu ressemblent à ceux qui voudraient récolter des fruits sans arbres ou avoir des enfants sans parents. On ne peut obtenir d’effets sans causes, et seul le JE SUIS est sans cause. Le fait de l’expérience religieuse implique Dieu, et un tel Dieu d’expérience personnelle doit être une Déité personnelle. On ne peut adresser une prière à une formule chimique, supplier une équation mathématique, adorer une hypothèse, se confier à un postulat, communier avec un processus, servir une abstraction ou entretenir une camaraderie affectueuse avec une loi.
 
(102.0) 102:7.4 Il est vrai que beaucoup de traits apparemment religieux peuvent provenir de bases non religieuses. Un homme peut nier Dieu intellectuellement et, cependant, être moralement bon, loyal, filial, honnête et même idéaliste. L’homme peut greffer beaucoup de branches purement humanistes sur sa nature spirituelle fondamentale, et donner ainsi l’apparence de prouver ses affirmations au sujet d’une religion sans dieu, mais cette expérience est dépourvue de valeurs de survie, de connaissance de Dieu et d’ascension vers Dieu ; cette expérience de mortel ne produit que des fruits sociaux et non spirituels. La greffe détermine la nature du fruit, bien que la subsistance vivante soit tirée des racines de la divine dotation originelle de mental et d’esprit.
 
(102.0) 102:7.5 La marque intellectuelle particulière de la religion est la certitude ; sa caractéristique philosophique est la cohérence ; ses fruits sociaux sont l’amour et le service.
 
(102.0) 102:7.6 L’individu qui connait Dieu n’est pas aveugle aux difficultés ni inattentif aux obstacles qui barrent la route pour trouver Dieu dans le dédale des superstitions, des traditions et des tendances matérialistes des temps modernes. Il a rencontré toutes ces menaces et en a triomphé, il les a surmontées par une foi vivante et a atteint, malgré elles, les hautes terres de l’expérience spirituelle. Il est vrai que beaucoup de personnes, intérieurement sures de l’existence de Dieu, ont peur d’affirmer ces sentiments de certitude, à cause de la multiplicité et de l’habileté de ceux qui assemblent des objections et grossissent les obstacles à la croyance en Dieu. Nul besoin d’une intelligence supérieure pour repérer des points faibles, poser des questions ou soulever des objections. Par contre, il faut un mental brillant pour répondre à ces questions et résoudre ces difficultés ; la certitude de la foi est la meilleure technique pour traiter toutes ces critiques superficielles.
 
(102.0) 102:7.7 Si la science, la philosophie ou la sociologie osaient devenir dogmatiques en s’opposant aux prophètes de la vraie religion, alors les hommes connaissant Dieu devraient répliquer à ce dogmatisme injustifié par le dogmatisme à plus longue vue de la certitude provenant de l’expérience spirituelle personnelle ; “ Je sais ce que j’ai expérimenté parce que je suis un fils du JE SUIS. ” Si l’expérience personnelle d’une personne qui a foi dans le Père expérimentable devait être contestée par un dogme, ce fils né de la foi pourrait répondre par le dogme irrécusable affirmant sa filiation effective avec le Père Universel.
 
(102.0) 102:7.8 Seule une réalité non qualifiée, un absolu, peut se permettre d’être dogmatique avec logique. Ceux qui affectent le dogmatisme, s’ils sont logiques, seront tôt ou tard jetés dans l’emprise de l’Absolu de l’énergie, de l’Universel de la vérité et de l’Infini de l’amour.
 
(102.0) 102:7.9 Si quelqu’un aborde de façon non religieuse la réalité cosmique en prétendant contester la certitude de la foi sous prétexte que son statut n’est pas prouvé, alors celui qui a l’expérience de l’esprit peut aussi avoir recours à la contestation dogmatique des faits de la science et des croyances de la philosophie en disant qu’ils ne sont pas non plus prouvés, qu’ils sont également des expériences dans la conscience du savant ou du philosophe.
 
(102.0) 102:7.10 De ce Dieu qui est la plus inéluctable de toutes les présences, le plus réel de tous les faits, la plus vivante de toutes les vérités, le plus aimant de tous les amis, la plus divine de toutes les valeurs, nous avons le droit d’être certains comme de la plus certaine de toutes les expériences de l’univers.
 
8. Les preuves de la religion

(102.0) 102:8.1 La meilleure preuve de la réalité et de l’efficacité de la religion consiste dans le fait de l’expérience humaine. Voici des hommes naturellement craintifs et soupçonneux, doués par naissance d’un fort instinct de conservation et ardemment désireux de survivre à la mort ; ils acceptent pleinement de confier les plus profonds intérêts de leur présent et de leur avenir à la garde et à la direction du pouvoir et de la personne que leur foi appelle Dieu. Telle est l’unique vérité centrale de toute religion. Quant à ce que ce pouvoir ou cette personne exige de l’homme en échange de cette garde et de ce salut final, il n’y a pas deux religions qui soient d’accord ; en fait, elles sont toutes plus ou moins en désaccord.
 
(102.0) 102:8.2 Pour situer le statut d’une religion sur l’échelle évolutionnaire, le mieux est de l’estimer d’après ses jugements moraux et ses critères éthiques. Plus un type de religion est élevé, plus il encourage une moralité sociale et une culture éthique en constant progrès, et plus il est encouragé par elle. Nous ne pouvons juger une religion par le statut de la civilisation qui l’accompagne ; nous ferions mieux d’apprécier la vraie nature d’une civilisation d’après la pureté et la noblesse de sa religion. Beaucoup d’éducateurs religieux parmi les plus remarquables du monde furent pratiquement des illettrés. La sagesse du monde n’est pas nécessaire pour manifester une foi salvatrice dans les réalités éternelles.
 
(102.0) 102:8.3 Les différences entre les religions des diverses époques dépendent entièrement de la manière variée dont les hommes comprennent la réalité et reconnaissent les valeurs morales, les relations éthiques et les réalités spirituelles.
 
(102.0) 102:8.4 L’éthique est le miroir externe social ou racial qui reflète fidèlement les progrès, par ailleurs inobservables, des développements internes spirituels et religieux. L’homme a toujours pensé à Dieu dans les termes de ce qu’il connaissait de meilleur, de ses idées les plus profondes et de ses idéaux les plus élevés. Même la religion historique a toujours créé ses conceptions de Dieu en partant de ses plus hautes valeurs reconnues. Toute créature intelligente donne le nom de Dieu à ce qu’elle connait de meilleur et de plus élevé.
 
(102.0) 102:8.5 La religion réduite au langage de la raison et à l’expression intellectuelle a toujours osé critiquer la civilisation et le progrès évolutionnaire en les jugeant d’après ses propres critères de culture éthique et de progrès moral.
 
(102.0) 102:8.6 Bien que la religion personnelle précède l’évolution de la morale humaine, on constate à regret que la religion institutionnelle est invariablement restée à la traine des mœurs, lentement changeantes, des races humaines. La religion organisée s’est montrée retardataire par conservatisme. Les prophètes ont généralement guidé les peuples dans le développement religieux ; les théologiens les ont généralement freinés. La religion, étant une affaire d’expérience intérieure ou personnelle, ne peut jamais anticiper beaucoup sur l’évolution intellectuelle des races.
 
(102.0) 102:8.7 Mais la religion n’est jamais rehaussée par un appel à de prétendus miracles. La recherche des miracles est un recul vers les religions primitives de magie. La vraie religion n’a rien à faire avec de prétendus miracles, et la religion révélée ne fait jamais appel à des miracles comme preuve de son autorité. La religion est toujours enracinée et fondée sur l’expérience personnelle. Et votre religion la plus élevée, la vie de Jésus, fut précisément une telle expérience personnelle ; l’homme, le mortel, cherchant Dieu et le trouvant dans sa plénitude au cours d’une brève vie dans la chair, tandis que, dans cette même expérience humaine, se manifesta la présence de Dieu cherchant l’homme et le trouvant, à la pleine satisfaction de l’âme parfaite de suprématie infinie. Voilà la religion, la plus élevée qui ait été révélée jusqu’ici dans l’univers de Nébadon – la vie terrestre de Jésus de Nazareth.
 
(102.0) 102:8.8 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]
 


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101. La nature réelle de la religion

LIVRE D'URANTIA  -  Fascicule 101. La nature réelle de la religion

(101.0) 101:0.1 La religion, en tant qu’expérience humaine, s’étend depuis l’esclavage primitif de la peur, chez les sauvages en évolution, jusqu’à la sublime et magnifique liberté de la foi chez les mortels civilisés, splendidement conscients de leur filiation avec le Dieu éternel.
 
(101.0) 101:0.2 La religion est l’ancêtre de l’éthique et de la morale supérieures de l’évolution sociale progressive. La religion par elle-même n’est pas simplement un mouvement moral, bien que ses manifestations extérieures et sociales soient puissamment influencées par la force vive éthique et morale de la société humaine. La religion est toujours l’inspiratrice de la nature évoluante des hommes, mais elle n’est pas le secret de cette évolution.
 
(101.0) 101:0.3 La religion, la foi-conviction de la personnalité, peut toujours triompher de la logique contradictoire et superficielle du désespoir, logique née dans le mental matériel incroyant. Il existe une voix intérieure vraie et authentique, cette “ vraie lumière qui éclaire tout homme venant dans le monde ”. Et cette gouverne de l’esprit est distincte des incitations éthiques de la conscience humaine. Le sentiment de l’assurance religieuse est plus qu’un sentiment émotif. L’assurance de la religion transcende la raison mentale et même la logique philosophique. La religion est la foi, la confiance et l’assurance.
 
1. La vraie religion

(101.0) 101:1.1 La vraie religion n’est pas un système de croyances philosophiques qui puisse être déduit par raisonnement et démontré par des preuves naturelles. Elle n’est pas non plus une expérience fantastique et mystique de sentiments d’extase indescriptibles, dont seuls peuvent bénéficier les romantiques dévots du mysticisme. La religion n’est pas le produit de la raison, mais, vue de l’intérieur, elle est entièrement raisonnable. La religion ne dérive pas de la logique de la philosophie humaine, mais, en tant qu’expérience des mortels, elle est entièrement logique. La religion est l’expérimentation de la divinité dans la conscience d’un être moral d’origine évolutionnaire ; elle représente une expérience vraie avec des réalités éternelles dans le temps, la réalisation de satisfactions spirituelles durant l’incarnation.
 
(101.0) 101:1.2 L’Ajusteur de Pensée n’a pas de mécanisme spécial par lequel il puisse atteindre à l’expression de soi. Nulle faculté religieuse mystique n’existe pour recevoir ou exprimer des émotions religieuses. Ces expériences sont rendues possibles par le mécanisme naturellement approprié du mental humain, d’où une explication de la difficulté que rencontre l’Ajusteur à entrer en communication directe avec le mental matériel qu’il habite constamment.
 
(101.0) 101:1.3 L’esprit divin établit le contact avec l’homme mortel, non par des sentiments ou des émotions, mais dans le domaine de la pensée la plus élevée et la plus spiritualisée. Ce sont vos pensées, et non vos sentiments, qui vous conduisent vers Dieu. Seuls les yeux du mental peuvent percevoir la nature divine. Mais le mental qui discerne réellement Dieu, qui entend l’Ajusteur intérieur, est le mental pur. “ Sans sainteté, nul ne peut voir le Seigneur. ” Toute communion intérieure et spirituelle de cet ordre s’appelle clairvoyance spirituelle. Ces expériences religieuses résultent de l’impression faite sur le mental humain par les opérations conjuguées de l’Ajusteur de Pensée et de l’Esprit de Vérité pendant qu’ils agissent parmi et sur les idées, les idéaux, les aperçus et les efforts spirituels des fils de Dieu en évolution.
 
(101.0) 101:1.4 La religion vit et prospère donc, non par la vue et les sentiments, mais plutôt par la foi et la clairvoyance. Elle ne consiste ni dans la découverte de faits nouveaux, ni dans la rencontre d’une expérience exceptionnelle ; elle consiste plutôt dans la découverte de nouvelles significations spirituelles dans des faits déjà bien connus de l’humanité. La plus haute expérience religieuse ne dépend pas d’actes préalables guidés par la croyance, la tradition et l’autorité ; elle n’est pas non plus issue de sentiments sublimes ou d’émotions purement mystiques. Elle est plutôt une expérience profondément grave et effective de communion spirituelle avec les influences d'esprit qui résident dans le mental humain. Dans la mesure où l’on peut définir cette expérience en termes de psychologie, elle consiste simplement à savoir expérimentalement que la réalité de la croyance en Dieu est la réalité d’une telle expérience purement personnelle.
 
(101.0) 101:1.5 Bien que la religion ne soit pas le produit des spéculations rationalistes d’une cosmologie matérielle, elle est néanmoins le produit d’une clairvoyance entièrement rationnelle issue de l’expérience mentale de l’homme. La religion ne nait ni de méditations mystiques ni de contemplations solitaires, bien qu’elle soit toujours plus ou moins mystérieuse et toujours indéfinissable et inexplicable en termes de raison purement intellectuelle et de logique philosophique. Les germes de la vraie religion ont leur origine dans le domaine de la conscience morale de l’homme et se révèlent par la croissance de la clairvoyance spirituelle ; cette faculté de la personnalité humaine résulte de la présence de l’Ajusteur de Pensée révélateur de Dieu dans le mental humain assoiffé de Dieu.
 
(101.0) 101:1.6 La foi unit le discernement moral à la discrimination consciencieuse des valeurs, et le sens évolutionnaire préexistant du devoir complète le lignage de la vraie religion. L’expérience de la religion aboutit finalement à la certitude consciente que Dieu existe et à l’assurance indubitable de la survie de la personnalité croyante.
 
(101.0) 101:1.7 On voit, ainsi, que les aspirations religieuses et les impulsions spirituelles ne sont pas de nature à simplement conduire les hommes à vouloir croire en Dieu ; leur nature et leur puissance ont plutôt pour effet d’inculquer profondément aux hommes la conviction qu’ils devraient croire en Dieu. Le sens du devoir évolutionnaire et les obligations découlant de l’illumination de la révélation font une impression si profonde sur la nature morale de l’homme qu’il atteint finalement cette position mentale et cette attitude de l’âme où il conclut qu’il n’a pas le droit de ne pas croire en Dieu. La sagesse supérieure et supraphilosophique de ces individus éclairés et disciplinés leur apporte, en fin de compte, l’enseignement que, s’ils doutent de Dieu ou n’ont pas confiance en sa bonté, ils se révèlent être infidèles à l’élément le plus réel et le plus profond qui soit dans le mental et l’âme des hommes – l’Ajusteur divin.
 
2. Le fait de la religion

(101.0) 101:2.1 Le fait de la religion consiste entièrement dans l’expérience religieuse des êtres humains raisonnables et ordinaires. C’est le seul sens dans lequel la religion puisse jamais être considérée comme scientifique ou même psychologique. C’est ce même fait d’expérience humaine qui prouve que la révélation est révélation, à savoir que la révélation synthétise les sciences de la nature et la théologie religieuse, apparemment divergentes, en une philosophie de l’univers cohérente et logique, en une explication coordonnée et sans hiatus aussi bien de la science que de la religion, créant ainsi une harmonie dumental et la satisfaction à l’esprit. Elle répond, dans l’expérience humaine, aux interrogations du mental avide de savoir comment l’Infini met sa volonté et ses plans à exécution dans la matière, avec le mental et sur l’esprit.
 
(101.0) 101:2.2 La raison est la méthode de la science ; la foi est la méthode de la religion ; la logique est la technique que tâche d’utiliser la philosophie. La révélation compense l’absence du point de vue morontiel en fournissant une technique pour parvenir à l’unité dans la compréhension de la réalité de la matière et de l’esprit ainsi que de leurs relations par l’intermédiaire du mental. La vraie révélation ne dénature jamais la science ; elle ne rend ni la religion déraisonnable, ni la philosophie illogique.
 
(101.0) 101:2.3 Par l’étude de la science, la raison peut, au travers de la nature, conduire à retrouver une Cause Première, mais il faut une foi religieuse pour transformer la Cause Première de la science en un Dieu de salut ; en outre, la révélation est nécessaire pour valider cette foi, cette clairvoyance spirituelle.
 
(101.0) 101:2.4 Il y a deux raisons fondamentales pour croire en un Dieu qui entretient la survie humaine :
 
  (101.0) 101:2.5 1.L’expérience humaine, l’assurance personnelle, l’espérance et la confiance ressenties d’une façon ou d’une autre et suscitées par l’Ajusteur de Pensée intérieur.
 
  (101.0) 101:2.6 2.La révélation de la vérité, soit par le ministère personnel direct de l’Esprit de Vérité, soit par l’effusion de Fils divins sur le monde, soit par les révélations écrites.
 
(101.0) 101:2.7 Les recherches de la science par la raison s’achèvent à l’hypothèse d’une Cause Première. La religion n’interrompt pas sa propre envolée de foi avant d’être sûre de l’existence d’un Dieu de salut. Les études scientifiques discriminatoires suggèrent logiquement la réalité et l’existence d’un Absolu. La religion croit sans réserve à l’existence et à la réalité d’un Dieu qui entretient la survie de la personnalité. Là où la métaphysique échoue totalement et où la philosophie elle-même échoue partiellement, la révélation réussit; en d'autres termes, elle affirme que la Cause Première de la science et le Dieu de salut de la religion ne sont qu’une seule et même Déité.
 
(101.0) 101:2.8 La raison est la preuve de la science, la foi est la preuve de la religion, la logique est la preuve de la philosophie, mais la révélation n’est validée que par l’expérience humaine. La science apporte la connaissance, la religion apporte le bonheur, la philosophie apporte l’unité et la révélation confirme l’harmonie expérientielle de cette approche trine de la réalité universelle.
 
(101.0) 101:2.9 La contemplation de la nature ne peut révéler qu’un Dieu de la nature, un Dieu de mouvement. La nature ne fait voir que la matière, le mouvement et l’animation – la vie. Sous certaines conditions, la matière additionnée d’énergie se manifeste sous des formes vivantes, mais, alors que la vie naturelle est un phénomène relativement continu, elle reste entièrement transitoire pour les individus. La nature ne fournit pas de base à une croyance logique en la survie de la personnalité humaine. L’homme religieux qui trouve Dieu dans la nature a d’abord et déjà trouvé ce même Dieu personnel dans sa propre âme.
 
(101.0) 101:2.10 La foi révèle Dieu dans l’âme. La révélation, substitut de la clairvoyance morontielle sur les mondes évolutionnaires, permet à l’homme de voir, dans la nature, le même Dieu que la foi a déployé dans son âme. La révélation réussit ainsi à jeter un pont par-dessus l’abime entre le matériel et le spirituel, et même entre la créature et le Créateur, entre l’homme et Dieu.
 
(101.0) 101:2.11 La contemplation de la nature conduit logiquement vers la notion de l’existence d’une gouverne intelligente et même d’une supervision vivante, mais elle ne révèle d’aucune manière satisfaisante un Dieu personnel. D’autre part, il n’y a rien, dans la nature, qui empêche de considérer l’univers comme l’œuvre du Dieu de la religion. On ne peut trouver Dieu par la nature seule, mais, une fois qu’on l’a trouvé autrement, l’étude de la nature devient entièrement compatible avec une interprétation plus élevée et plus spirituelle de l’univers.
 
(101.0) 101:2.12 La révélation, en tant que phénomène d'époque, est périodique ; en tant qu’expérience humaine personnelle, elle est continue. La divinité opère dans la personnalité du mortel comme don de l’Ajusteur par le Père, comme Esprit de Vérité du Fils et comme Saint-Esprit de l’Esprit de l’Univers, et ces trois dotations supramortelles sont unifiées dans l’évolution expérientielle humaine en tant que ministère du Suprême.
 
(101.0) 101:2.13 La vraie religion est une pénétration dans la réalité, l’enfant par la foi de la conscience morale, et non un simple assentiment intellectuel à un quelconque corps de doctrines dogmatiques. La vraie religion consiste à éprouver expérimentalement que “ l’Esprit lui-même rend témoignage avec notre esprit que nous sommes les enfants de Dieu ”. La religion ne consiste pas en des propositions théologiques, mais dans la clairvoyance spirituelle et la sublimité de la confiance de l’âme.
 
(101.0) 101:2.14 Votre nature la plus profonde – l’Ajusteur divin – crée en vous une faim et une soif de droiture, un certain désir intense de perfection divine. La religion est l’acte de foi par lequel on reconnait cette impulsion intérieure d’accomplissement divin. Ainsi naissent la confiance et l’assurance de l’âme que vous reconnaissez être le chemin du salut, la technique de survie de la personnalité et toutes les valeurs que vous êtes parvenu à considérer comme vraies et bonnes.
 
(101.0) 101:2.15 La réalisation de la religion n’a jamais dépendu et ne dépendra jamais d’un grand savoir ou d’une logique habile. Elle est clairvoyance spirituelle, et c’est précisément pourquoi certains des plus grands éducateurs religieux, et même les prophètes, ont parfois possédé si peu de la sagesse du monde. La foi religieuse est accessible également aux érudits et aux ignorants.
 
(101.0) 101:2.16 La religion doit toujours être son propre critique et son propre juge ; elle ne peut jamais être évaluée, et encore bien moins comprise, de l’extérieur. Votre seule assurance d’un Dieu personnel consiste en votre propre clairvoyance concernant votre croyance aux choses spirituelles et votre expérience de ces choses spirituelles. Pour tous vos compagnons qui ont eu une expérience semblable, nul argument sur la personnalité ou la réalité de Dieu n’est nécessaire, tandis que, pour tous les autres hommes qui n’ont pas cette certitude de Dieu, aucun argument ne peut jamais être vraiment convaincant.
 
(101.0) 101:2.17 La psychologie peut assurément essayer d’étudier le phénomène des réactions religieuses à l’entourage social, mais jamais elle ne peut espérer pénétrer les mobiles intérieurs et réels ni le fonctionnement de la religion. Seule la théologie, domaine de la foi et la technique de la révélation, peut rendre compte intelligemment de la nature et du contenu de l’expérience religieuse.
 
3. Les caractéristiques de la religion

(101.0) 101:3.1 La religion est tellement vitale qu’elle persiste en l’absence de savoir. Elle vit, en dépit de sa contamination par des cosmologies erronées et des fausses philosophies. Elle survit même à la confusion de la métaphysique. À travers toutes les vicissitudes historiques de la religion persiste toujours ce qui est indispensable au progrès et à la survie des hommes : la conscience éthique et la conscience morale.
 
(101.0) 101:3.2 La foi-clairvoyance, ou intuition spirituelle, est la dotation du mental cosmique en association avec l’Ajusteur de Pensée, lequel est le don du Père à l’homme. La raison spirituelle, ou intelligence de l’âme, est la dotation du Saint-Esprit, le don de l’Esprit Créatif à l’homme. La philosophie spirituelle, ou sagesse des réalités spirituelles, est la dotation de l’Esprit de Vérité, le don conjugué des Fils d’effusion aux enfants des hommes. La coordination et l’association de ces dotations d'esprit font de l’homme une personnalité spirituelle dans une destinée potentielle.
 
(101.0) 101:3.3 C’est cette même personnalité spirituelle, sous une forme primitive et embryonnaire qui, en la possession de l’Ajusteur, survit à la mort naturelle dans la chair. Cette entité composite d’origine spirituelle associée à une expérience humaine est rendue capable de survivre (conservée par l’Ajusteur) à la dissolution du moi mental et matériel. Elle y parvient au moyen du chemin vivant fourni par les Fils divins quand l’association temporaire du matériel et du spirituel est rompue par la cessation du mouvement vital.
 
(101.0) 101:3.4 Par la foi religieuse, l’âme de l’homme se révèle et démontre la divinité potentielle de sa nature émergente par la manière caractéristique dont elle incite la personnalité mortelle à réagir à certaines situations intellectuellement et socialement éprouvantes. La foi spirituelle authentique (la vraie conscience morale) se révèle en ceci :
 
  (101.0) 101:3.5 1.Elle fait progresser l’éthique et la morale malgré les tendances animales inhérentes et adverses.
 
  (101.0) 101:3.6 2.Elle produit une sublime confiance dans la bonté de Dieu, même en face de déceptions amères et de défaites écrasantes.
 
  (101.0) 101:3.7 3.Elle engendre une confiance et un courage profonds malgré l’adversité naturelle et les calamités physiques.
 
  (101.0) 101:3.8 4.Elle fait preuve d’un équilibre inexplicable et d’une tranquillité fortifiante, en dépit de maladies déconcertantes et même de souffrances physiques aigües.
 
  (101.0) 101:3.9 5.Elle conserve à la personnalité un sang-froid et un équilibre mystérieux en face des mauvais traitements et des plus flagrantes injustices.
 
  (101.0) 101:3.10 6.Elle maintient une confiance divine dans la victoire finale, malgré les cruautés d’un destin apparemment aveugle et l’indifférence apparemment complète des forces naturelles envers le bien-être humain.
 
  (101.0) 101:3.11 7.Elle persiste à croire inébranlablement en Dieu malgré toutes les démonstrations contraires de la logique, et résiste avec succès à tous les autres sophismes intellectuels.
 
  (101.0) 101:3.12 8.Elle continue à montrer une foi indomptable en la survie de l’âme, sans se soucier des enseignements trompeurs de la fausse science ni des illusions persuasives d’une philosophie spécieuse.
 
  (101.0) 101:3.13 9.Elle vit et triomphe indépendamment du fardeau écrasant des civilisations complexes et partielles des temps modernes.
 
  (101.0) 101:3.14 10.Elle contribue à la survivance continue de l’altruisme en dépit de l’égoïsme humain, des antagonismes sociaux, des convoitises industrielles et des dérèglements politiques.
 
  (101.0) 101:3.15 11.Elle adhère fermement à une croyance sublime à l’unité de l’univers et à la gouverne divine, sans se préoccuper de la présence troublante du mal et du péché.
 
  (101.0) 101:3.16 12.Elle continue imperturbablement à adorer Dieu en dépit de tout, et quoi qu’il arrive. Elle ose déclarer : “ Même s’il m’immole, je le servirai. ”
 
(101.0) 101:3.17 Nous savons donc, par trois phénomènes, que l’homme a un esprit ou des esprits divins qui l’habitent ; premièrement par expérience personnelle – la foi religieuse ; deuxièmement par révélation – personnelle et raciale ; et troisièmement par l’étonnante manifestation des réactions extraordinaires et non naturelles à son environnement matériel dont nous venons de donner des exemples en décrivant douze accomplissements de caractère spirituel en face de situations effectives et éprouvantes de l’existence humaine réelle. Et il y en a encore d’autres.
 
(101.0) 101:3.18 Ce sont précisément de telles performances vitales et vigoureuses de la foi, dans le domaine de la religion, qui donnent le droit aux mortels d’affirmer la possession personnelle et la réalité spirituelle de ce don suprême de la nature humaine, l’expérience religieuse.
 
4. Les limites de la révélation

(101.0) 101:4.1 Parce que votre monde ignore généralement l’origine des choses, même physiques, il a paru sage de lui fournir, de temps en temps, des notions de cosmologie, mais cela a toujours provoqué des troubles pour l’avenir. Les lois gouvernant la révélation nous gênent grandement, parce qu’elles interdisent de transmettre des connaissances imméritées ou prématurées. Toute cosmologie présentée comme partie d’une religion révélée est destinée à être dépassée au bout de très peu de temps. En conséquence, les futurs étudiants de cette révélation sont tentés de rejeter tout élément de vérité religieuse authentique qu’elle peut contenir, parce qu’ils découvrent des erreurs manifestes dans les cosmologies associées qui y sont présentées.
 
(101.0) 101:4.2 L’humanité devrait comprendre que nous, qui participons à la révélation de la vérité, nous sommes très rigoureusement limités par les instructions de nos supérieurs. Nous ne sommes pas libres d’anticiper sur les découvertes scientifiques d’un millénaire. Les révélateurs doivent agir selon les instructions qui forment une partie du mandat de révélation. Nous ne voyons aucun moyen de surmonter cette difficulté, ni dans le présent ni dans un avenir quelconque. Les faits historiques et les vérités religieuses de cette série d’exposés révélateurs subsisteront dans les annales des âges à venir, mais, en même temps, nous savons parfaitement que, d’ici peu d’années, beaucoup de nos affirmations concernant les sciences physiques auront besoin d’être revues, à la suite de développements scientifiques additionnels et de découvertes nouvelles. Nous prévoyons, dès maintenant, ces nouveaux développements, mais il nous est interdit d’inclure, dans nos exposés révélateurs, ces notions que les hommes n’ont pas encore découvertes. Qu’il soit bien clair que les révélations ne sont pas nécessairement inspirées. La cosmologie révélée ici n’est pas inspirée. Elle est limitée par l’autorisation que nous avons de coordonner et de trier les connaissances d’aujourd’hui. La clairvoyance divine ou spirituelle est un don, mais la sagesse humaine doit évoluer.
 
(101.0) 101:4.3 La vérité est toujours une révélation. C’est une autorévélation quand elle émerge comme résultat du travail de l’Ajusteur intérieur, et c’est une révélation d'époque quand elle est présentée par le truchement d’autres intermédiaires, groupes ou personnalités célestes.
 
(101.0) 101:4.4 En dernière analyse, la religion doit être jugée à ses fruits, selon la manière dont elle démontre son excellence divine inhérente et l’étendue de cette démonstration.
 
(101.0) 101:4.5 La vérité peut n’être inspirée que relativement, bien que la révélation soit invariablement un phénomène spirituel. Les exposés se référant à la cosmologie ne sont jamais inspirés, mais de telles révélations ont une immense valeur, en ce sens qu’elles clarifient au moins provisoirement les connaissances :
 
  (101.0) 101:4.6 1.Elles réduisent la confusion en éliminant d’autorité les erreurs.
 
  (101.0) 101:4.7 2.Elles coordonnent les observations et les faits connus ou sur le point d’être connus.
 
  (101.0) 101:4.8 3.Elles restaurent d’importantes fractions de connaissances perdues concernant des évènements historiques du passé lointain.
 
  (101.0) 101:4.9 4.Elles fournissent des renseignements qui comblent des lacunes fondamentales dans les connaissances acquises par ailleurs.
 
  (101.0) 101:4.10 5.Elles présentent des données cosmiques d’une manière qui éclaire les enseignements spirituels contenus dans la révélation qui les accompagne.
 
5. Expansion de la religion par révélation

(101.0) 101:5.1 La révélation est une technique qui permet d’économiser des âges et des âges de temps dans le travail indispensable de triage et de criblage des erreurs de l’évolution, afin de dégager les vérités acquises par l’esprit.
 
(101.0) 101:5.2 La science traite des faits. La religion ne s’occupe que des valeurs. Par une philosophie éclairée, le mental s’efforce d’unir les significations des faits et des valeurs pour arriver à un concept de la réalité complète. Souvenez-vous que la science est le domaine de la connaissance, la philosophie, le royaume de la sagesse, et la religion, la sphère de l’expérience de la foi. La religion présente néanmoins deux phases de manifestations :
 
  (101.0) 101:5.3 1.La religion évolutionnaire. C’est l’expérience de l'adoration primitive, la religion qui découle du mental.
 
  (101.0) 101:5.4 2.La religion révélée. L’attitude universelle qui découle de l’esprit ; c’est la conviction et l’assurance que les réalités éternelles sont conservées, que la personnalité survit, et que l’on atteindra finalement la Déité cosmique dont le dessein a rendu tout ceci possible. Tôt ou tard, la religion évolutionnaire est destinée à recevoir l’expansion spirituelle de la révélation ; cela fait partie du plan de l’univers.
 
(101.0) 101:5.5 La science et la religion commencent toutes deux par admettre certaines bases généralement acceptées pour en tirer des déductions logiques. Il faut donc aussi que la philosophie commence sa carrière en admettant la réalité de trois choses :
 
  (101.0) 101:5.6 1.Le corps matériel.
 
  (101.0) 101:5.7 2.La phase supramatérielle de l’être humain, l’âme ou même l’esprit intérieur.
 
  (101.0) 101:5.8 3.Le mental humain, mécanisme d’interassociation et d’intercommunication entre l’esprit et la matière, entre le matériel et le spirituel.
 
(101.0) 101:5.9 Les savants rassemblent des faits, les philosophes coordonnent des idées, tandis que les prophètes exaltent des idéaux. Les sentiments et les émotions accompagnent invariablement la religion, mais ne sont pas la religion. La religion peut être le sentiment de l’expérience, mais difficilement l’expérience des sentiments. Ni la logique (la rationalisation) ni les émotions (les sentiments) ne font nécessairement partie de l’expérience religieuse ; bien que toutes deux puissent être diversement associées à l’exercice de la foi pour faire progresser la clairvoyance spirituelle dans la réalité, le tout selon le statut et les tendances tempéramentales du mental individuel.
 
(101.0) 101:5.10 La religion évolutionnaire est la manifestation pratique de la dotation de l’adjuvat mental de l’univers local chargé de créer et d’entretenir la caractéristique d’adoration chez l’homme en évolution. Ces religions primitives s’intéressent directement à l’éthique et à la morale, au sens du devoir humain. Elles sont fondées sur l’assurance de la conscience et aboutissent à stabiliser des civilisations relativement éthiques.
 
(101.0) 101:5.11 Les religions personnellement révélées sont parrainées par les esprits d’effusion représentant les trois personnes de la Trinité du Paradis ; elles s’occupent spécialement de l’expansion de la vérité. La religion évolutionnaire inculque à l’individu l’idée du devoir personnel ; la religion révélée met de plus en plus l’accent sur l’amour, la règle d’or.
 
(101.0) 101:5.12 La religion évoluée repose entièrement sur la foi. La révélation donne l’assurance supplémentaire de présenter, d’une manière plus étendue, les vérités concernant la divinité et la réalité, et le témoignage encore plus précieux de l’expérience effective qui s’accumule par l’union efficace pratique de la foi de l’évolution et de la vérité de la révélation. Cette union efficace de la foi humaine et de la vérité divine constitue la possession d’un caractère qui est bien en voie d’acquérir effectivement une personnalité morontielle.
 
(101.0) 101:5.13 La religion évolutionnaire ne fournit que l’assurance de la foi et la confirmation de la conscience. La religion révélée fournit l’assurance de la foi plus la vérité d’une expérience vivante des réalités de la révélation. La troisième étape de la religion, ou troisième phase de l’expérience de la religion, concerne l’état morontiel, l’emprise plus ferme de la mota. Au cours de la progression morontielle, les vérités de la religion révélée subissent une expansion croissante. Vous connaitrez de mieux en mieux la vérité des valeurs suprêmes, des bienfaits divins, des relations universelles, des réalités éternelles et des destinées ultimes..
 
(101.0) 101:5.14 Pendant toute la progression morontielle, l’assurance de la vérité remplace de plus en plus l’assurance de la foi. Quand vous serez finalement enrôlés dans le monde spirituel effectif, les assurances de la pure clairvoyance spirituelle opèreront alors à la place de la foi et de la vérité, ou plutôt en conjonction avec elles et en se surimposant sur ces anciennes techniques d’assurance de la personnalité.
 
6. L’expérience religieuse progressive

(101.0) 101:6.1 La phase morontielle de la religion révélée concerne l’expérience de la survie ; son grand mobile est d’aboutir à la perfection de l’esprit. L'impulsion supérieure incitant à l’adoration est également présente, associée à l’impulsion d’un appel à un service éthique accru. La clairvoyance morontielle implique une expansion constante de la conscience du Septuple, du Suprême et même de l’Ultime.
 
(101.0) 101:6.2 Tout au long de chaque expérience religieuse, depuis ses premiers débuts sur le niveau matériel jusqu’au moment de l’obtention du plein statut d’esprit, l’Ajusteur est le secret permettant la réalisation personnelle de la réalité de l’existence du Suprême. Ce même Ajusteur détient aussi les secrets de votre foi en l’accomplissement transcendantal de l’Ultime. La personnalité expérientielle de l’homme en évolution, unie à l’Ajusteur, essence du Dieu existentiel, constitue le parachèvement potentiel de l’existence suprême et elle est par nature la base permettant l’extériorisation superfinie de la personnalité transcendantale.
 
(101.0) 101:6.3 La volonté morale embrasse des décisions basées sur une connaissance raisonnée, accrues par la sagesse et sanctionnées par une foi religieuse. De tels choix sont des actes de nature morale et prouvent l’existence d’une personnalité morale, prémices de la personnalité morontielle et finalement du vrai statut d’esprit.
 
(101.0) 101:6.4 Le type évolutionnaire de connaissance n’est que l’accumulation des matériaux protoplasmiques de la mémoire, c’est la forme la plus primitive de conscience des créatures. La sagesse englobe les idées formulées par la mémoire protoplasmique dans un processus d’associations et de recombinaisons nouvelles ; ce phénomène différencie le mental humain du mental simplement animal. Les animaux ont des connaissances, mais seul l’homme possède l’aptitude à la sagesse. La vérité est rendue accessible à l’individu doué de sagesse par l’effusion sur un tel mental des esprits du Père et des Fils, l’Ajusteur de Pensée et l’Esprit de Vérité.
 
(101.0) 101:6.5 Lors de son effusion sur Urantia, Christ Micaël vécut sous le règne de la religion évolutionnaire jusqu’à l’époque de son baptême. À partir de ce moment-là et jusqu’à sa crucifixion incluse, il poursuivit son œuvre par la gouverne conjuguée de la religion évolutionnaire et de la religion révélée. Depuis le matin de sa résurrection jusqu’à son ascension, il traversa les multiples phases de la vie morontielle de transition humaine depuis le monde de la matière jusqu’à celui de l’esprit. Après son ascension, Micaël devint maitre de l’expérience de la Suprématie, la réalisation du Suprême. Étant la seule personne dans Nébadon à posséder l’aptitude illimitée d’expérimenter la réalité du Suprême, il atteignit instantanément le statut de la souveraineté de suprématie dans et sur son univers local.
 
(101.0) 101:6.6 Chez l’homme, la fusion finale avec l’Ajusteur intérieur et l’unité résultante – la synthèse de l’homme et de l’essence de Dieu en une personnalité – font de lui potentiellement une partie vivante du Suprême et assurent, à l’être jadis mortel, le droit de naissance éternel à poursuivre indéfiniment la finalité du service universel avec et pour le Suprême.
 
(101.0) 101:6.7 La révélation enseigne à l’homme mortel que, pour entreprendre une aventure aussi magnifique et mystérieuse à travers l’espace au moyen de la progression du temps, il doit commencer par organiser ses connaissances en idées-décisions. Il faut ensuite ordonner à la sagesse de travailler sans relâche à sa noble tâche de transformation des idées personnelles en idéaux de plus en plus pratiques, mais néanmoins célestes ; il faut même que ces concepts soient assez raisonnables en tant qu’idées et assez logiques en tant qu’idéaux pour que l’Ajusteur ose les conjuguer et les spiritualiser, de manière à les rendre disponibles pour cette association dans le mental fini qui en fera le complément humain effectif prêt à réagir à l’Esprit de Vérité des Fils, les manifestations spatiotemporelles de la vérité du Paradis – la vérité universelle. La coordination d’idées-décisions, d’idéaux logiques et de la vérité divine représente la possession d’un caractère droit, condition préalable pour qu’un mortel soit admis aux réalités toujours plus vastes et de plus en plus spirituelles des mondes morontiels.
 
(101.0) 101:6.8 Les enseignements de Jésus constituèrent la première religion d’Urantia embrassant si pleinement une coordination harmonieuse de connaissance, de sagesse, de foi, de vérité et d’amour pour fournir complètement et simultanément la tranquillité temporelle, la certitude intellectuelle, l’illumination morale, la stabilité philosophique, la sensibilité éthique, la conscience de Dieu et l’assurance formelle de la survie personnelle. La foi de Jésus indiqua le chemin vers la finalité du salut humain, vers l’ultimité de l’aboutissement universel des mortels, puisqu’elle assurait :
 
  (101.0) 101:6.9 1.La délivrance des entraves matérielles dans la réalisation personnelle de la filiation avec Dieu, qui est esprit.
 
  (101.0) 101:6.10 2.La délivrance de l’esclavage intellectuel : l’homme connaitra la vérité, et la vérité l’affranchira.
 
  (101.0) 101:6.11 3.La délivrance de l’aveuglement spirituel, la réalisation humaine de la fraternité des êtres mortels et la conscience morontienne de la fraternité de toutes les créatures de l’univers ; la découverte de la réalité spirituelle par le service et la révélation de la bonté des valeurs spirituelles par le ministère.
 
  (101.0) 101:6.12 4.La délivrance de l’incomplétude du moi, par le fait d’atteindre les niveaux spirituels de l’univers et finalement par la réalisation de l’harmonie de Havona et de la perfection du Paradis.
 
  (101.0) 101:6.13 5.La délivrance du moi, échappant aux limitations de la conscience de soi par l’aboutissement aux niveaux cosmiques du mental Suprême et par la coordination avec les accomplissements de tous les autres êtres conscients de soi.
 
  (101.0) 101:6.14 6.La délivrance du temps, par l’accomplissement d’une vie éternelle de progrès sans fin dans la reconnaissance de Dieu et le service de Dieu.
 
  (101.0) 101:6.15 7.La délivrance du fini, par une unité devenue parfaite avec la Déité dans et par le Suprême, au moyen de laquelle la créature essaye de découvrir transcendantalement l’Ultime sur les niveaux postfinalitaires absonites.
 
(101.0) 101:6.16 Cette septuple délivrance équivaut à atteindre la réalisation parfaite et complète de l’expérience ultime du Père Universel. Et tout ceci est potentiellement contenu dans la réalité de la foi de l’expérience religieuse humaine, et peut y être contenu effectivement, car la foi de Jésus était nourrie par des réalités dépassant même l’ultime, et elle les révélait. La foi de Jésus approchait du statut d’un absolu universel dans la mesure où la manifestation de cet absolu est possible dans le cosmos de l’espace et du temps en évolution.
 
(101.0) 101:6.17 En assimilant la foi de Jésus, l’homme mortel peut avoir, dans le temps, un avant-gout des réalités de l’éternité. Au cours de son expérience humaine, Jésus découvrit le Père Final, et ses frères, en incarnation dans la vie mortelle, peuvent le suivre dans la même expérience de découverte du Père. Tels qu’ils sont, ils peuvent même atteindre, dans cette expérience avec le Père, une satisfaction semblable à celle de Jésus tel qu’il était. De nouveaux potentiels furent actualisés dans l’univers de Nébadon à la suite de l’effusion terminale de Micaël, et l’un d’eux fut une nouvelle illumination du sentier de l’éternité qui conduit au Père de tous et qui peut être parcouru même par les mortels de chair et de sang au cours de leur vie initiale sur les planètes de l’espace. Jésus était et reste le nouveau chemin vivant par lequel l’homme peut entrer dans le divin héritage dont le Père a décrété qu’il lui appartiendrait, pourvu qu’il le demande. En Jésus sont abondamment démontrés à la fois les commencements et les aboutissements de l’expérience de la foi de l’humanité et même de l’humanité divine.
 
7. Une philosophie personnelle de la religion

(101.0) 101:7.1 Une idée n’est qu’un plan théorique d’action, tandis qu’une décision formelle est un plan d’action validé. Un stéréotype est un plan d’action accepté sans validation. Les matériaux avec lesquels un individu peut se bâtir une philosophie personnelle de la religion sont tirés à la fois de son expérience intérieure et de son expérience avec son entourage. Le statut social, les conditions économiques, la possibilité de s’instruire, les orientations morales, l’influence des institutions, les développements politiques, les tendances raciales et les enseignements religieux du temps et du lieu deviennent tous des facteurs dans la formulation d’une philosophie personnelle de la religion. Même les tempéraments innés et les penchants intellectuels déterminent, d’une façon marquée, les types de philosophie religieuse. La vocation, le mariage et les affinités influencent tous l’évolution des niveaux de vie personnels.
 
(101.0) 101:7.2 Une philosophie de la religion nait d’une croissance fondamentale des idées, accrue de la vie expérimentale, toutes deux modifiées par la tendance à imiter des compagnons. La solidité des conclusions philosophiques dépend de la pénétration, de l’honnêteté et de la discrimination dans la manière de penser en relation avec la sensibilité aux significations et la justesse d’évaluation. Les êtres moralement lâches n’atteignent jamais des niveaux élevés de pensée philosophique. Il faut du courage pour pénétrer de nouveaux plans d’expérience et pour tenter l’exploration des domaines inconnus de la vie intellectuelle.
 
(101.0) 101:7.3 De nouveaux systèmes de valeurs voient à présent le jour ; de nouvelles formulations de principes et de critères s’établissent ; les habitudes et les idéaux sont remodelés ; une certaine idée d’un Dieu personnel est atteinte, suivie de concepts élargis des relations avec lui.
 
(101.0) 101:7.4 La grande différence entre une philosophie religieuse et une philosophie non religieuse de la vie réside dans la nature et le niveau des valeurs reconnues, et dans l’objet des allégeances. L’évolution de la philosophie religieuse comporte quatre phases. Cette expérience peut devenir simplement conformiste, résignée à la soumission, à la tradition et à l’autorité. Ou bien, elle peut se satisfaire d’accomplissements mineurs, juste assez pour stabiliser sa vie quotidienne et se trouver alors arrêtée de bonne heure sur ce niveau occasionnel. Les mortels de ce genre croient que le mieux est l’ennemi du bien. Un troisième groupe progresse jusqu’au niveau de l’intellectualité logique, mais y stagne par suite d’esclavage culturel. Il est vraiment lamentable de voir des intelligences géantes maintenues si solidement sous l’emprise cruelle de la servitude culturelle. Il est tout aussi pathétique d’observer ceux qui troquent leur servitude culturelle contre les chaines matérialistes d’une discipline faussement qualifiée de science. Le quatrième niveau de philosophie parvient à s’affranchir de tous les handicaps classiques et traditionnels ; sur ce niveau, on ose penser, agir et vivre honnêtement, loyalement, sans peur et sincèrement.
 
(101.0) 101:7.5 La pierre de touche pour toute philosophie religieuse consiste à savoir si elle fait ou ne fait pas la distinction entre la réalité du monde matériel et celle du monde spirituel, tout en reconnaissant en même temps leur unification dans l’effort intellectuel et le service social. Une saine philosophie religieuse ne confond pas les choses de Dieu avec celles de César. Elle n’admet pas non plus le culte esthétique du pur merveilleux comme substitut de la religion.
 
(101.0) 101:7.6 La philosophie transforme la religion primitive, qui était largement un conte de fées de la conscience, en une expérience vivante des valeurs ascendantes de la réalité cosmique.
 
8. Foi et croyance

(101.0) 101:8.1 La croyance a atteint le niveau de la foi quand elle motive la vie et façonne la manière de vivre. Le fait d’accepter un enseignement comme vrai n’est pas la foi, c’est une simple croyance. La certitude et la conviction ne sont pas non plus la foi. Une disposition mentale n’atteint les niveaux de la foi que si elle domine effectivement la manière de vivre. La foi est un attribut vivant de l’expérience religieuse personnelle authentique. On croit la vérité, on admire la beauté, on respecte la bonté, mais on ne les adore pas. Une telle attitude de foi salvatrice est centrée sur Dieu seul, qui personnifie la vérité, la beauté, la bonté et infiniment plus encore.
 
(101.0) 101:8.2 La croyance limite et enchaine toujours ; la foi se déploie et libère. La croyance attache, la foi affranchit. Mais la foi religieuse vivante représente plus qu’une association de nobles croyances, plus qu’un système exalté de philosophie ; elle est une expérience vivante s’intéressant aux significations spirituelles, aux idéaux divins et aux valeurs suprêmes ; elle connaît Dieu et sert les hommes. Les croyances peuvent devenir la propriété d’un groupe, mais la foi doit être personnelle. On peut suggérer des croyances théologiques à un groupe, mais la foi ne peut surgir dans le cœur des personnes religieuses qu’individuellement.
 
(101.0) 101:8.3 La foi falsifie sa mission de confiance quand elle prétend nier les réalités et conférer à ses adeptes des connaissances présumées. La foi est traitresse quand elle pousse à trahir l’intégrité intellectuelle et déprécie la fidélité aux valeurs suprêmes et aux idéaux divins. La foi ne se dérobe jamais au devoir de résoudre les problèmes de la vie des mortels. La foi vivante ne favorise ni la bigoterie, ni la persécution, ni l’intolérance.
 
(101.0) 101:8.4 La foi n’entrave pas l’imagination créatrice, elle n’entretient pas non plus de préjugés irraisonnés contre les découvertes de la recherche scientifique. La foi vivifie la religion et oblige le religioniste à vivre héroïquement la règle d’or. Le zèle de la foi est proportionné à la connaissance, et ses efforts sont le prélude d’une paix sublime.
 
9. Religion et moralité

(101.0) 101:9.1 Nulle révélation de la religion, qui se prétend telle, ne peut être considérée comme authentique si elle ne reconnait pas les devoirs, commandés par les obligations éthiques qui avaient été créés et entretenus par la religion évolutionnaire antérieure. La révélation élargit infailliblement l’horizon éthique de la religion évoluée, tout en accroissant simultanément et infailliblement les obligations morales résultant de toutes les révélations antérieures.
 
(101.0) 101:9.2 Quand vous prenez la liberté de porter un jugement critique sur la religion primitive de l’homme (ou sur la religion de l’homme primitif), vous devriez vous souvenir qu’il faut juger les sauvages et estimer leur expérience religieuse selon leurs clartés et leur statut de conscience. Ne commettez pas l’erreur de juger la religion d’autrui d’après vos propres critères de connaissance et de vérité.
 
(101.0) 101:9.3 La vraie religion est, à l’intérieur de l’âme, cette conviction intime et sublime qui exhorte l’homme, d’une manière irrésistible, à considérer comme mauvais pour lui de ne pas croire aux réalités morontielles qui constituent ses concepts éthiques et moraux les plus élevés, sa plus haute interprétation des plus grandes valeurs de la vie et des plus profondes réalités de l’univers. Et cette religion est simplement l’expérience de vouer sa loyauté intellectuelle aux directives les plus élevées de la conscience spirituelle.
 
(101.0) 101:9.4 La recherche de la beauté ne fait partie de la religion que dans la mesure où elle est éthique et enrichit le concept de la morale. L’art n’est religieux que s’il se diffuse avec un dessein dérivé de haute motivation spirituelle.
 
(101.0) 101:9.5 La conscience spirituelle éclairée de l’homme civilisé s’intéresse moins à une croyance intellectuelle spécifique ou à un mode de vie particulier qu’à découvrir la vérité de la vie, la bonne et juste technique pour réagir aux situations toujours récurrentes de l’existence des mortels. La conscience morale est simplement un nom appliqué à la récognition et à la conscience des valeurs éthiques morontielles émergentes auxquelles le devoir exige que l’homme se conforme dans le contrôle et la gouverne de sa conduite au jour le jour.
 
(101.0) 101:9.6 Nous reconnaissons que la religion est imparfaite, mais il existe au moins deux manifestations pratiques de sa nature et de sa fonction :
 
  (101.0) 101:9.7 1.L’incitation spirituelle et la pression philosophique de la religion poussent l’homme à projeter son estimation des valeurs morales directement à l’extérieur dans les affaires de ses compagnons – c’est la réaction éthique de la religion.
 
  (101.0) 101:9.8 2.La religion crée, pour le mental humain, une conscience spiritualisée de la réalité divine basée sur des concepts antérieurs de valeurs morales, dérivée d’eux par la foi, et coordonnée avec des concepts surimposés de valeurs spirituelles. La religion devient ainsi un censeur des affaires des mortels, une forme de crédit moral glorifié et de confiance dans la réalité, faite des réalités rehaussées du temps et des réalités plus durables de l’éternité.
 
(101.0) 101:9.9 La foi devient le trait d’union entre la conscience morale et le concept spirituel de la réalité permanente. La religion devient la voie par laquelle l’homme échappe aux limitations matérielles du monde temporel et naturel, et s’oriente vers les réalités célestes du monde éternel et spirituel en utilisant, à cet effet, la technique du salut, la transformation morontielle progressive.
 
10. La religion en tant que libératrice de l’homme

(101.0) 101:10.1 L’homme intelligent sait qu’il est un enfant de la nature, une partie de l’univers matériel. Il ne discerne aucune survie de la personnalité individuelle dans les mouvements et tensions du niveau mathématique de l’univers d’énergie. Jamais non plus l’homme ne peut discerner la réalité spirituelle par l’examen de causes et d’effets physiques.
 
(101.0) 101:10.2 Un être humain se rend compte aussi qu’il est une partie du cosmos idéationnel, mais, bien qu’un concept puisse persister au-delà de la durée de la vie d’un mortel, il n’y a rien d’inhérent au concept qui indique la survivance personnelle de la personnalité qui conçoit. L’épuisement des possibilités de la logique et de la raison ne révèlera jamais non plus au logicien ni au raisonneur la vérité éternelle de la survie de la personnalité.
 
(101.0) 101:10.3 Le niveau matériel de la loi assure la continuité de la causalité, l’interminable réaction de l’effet à l’action antécédente ; le niveau mental suggère la perpétuation dans la continuité de l’idéation, le flot incessant de potentialité conceptuelle dérivant des conceptions préexistantes. Mais aucun de ces niveaux universels ne révèle au chercheur mortel une échappatoire à son statut partiel et à l’intolérable incertitude d’être une réalité transitoire dans l’univers, une personnalité temporelle condamnée à l’anéantissement quand ses énergies vitales limitées seront épuisées.
 
(101.0) 101:10.4 Seule la voie morontielle conduisant à la clairvoyance spirituelle permet à l’homme de briser les chaines inhérentes à son statut mortel dans l’univers. L’énergie et le mental ramènent bien au Paradis et à la Déité, mais ni la dotation énergétique ni la dotation mentale de l’homme ne proviennent directement de la Déité du Paradis. C’est seulement au sens spirituel que l’homme est un enfant de Dieu, et ceci est vrai parce que c’est seulement au sens spirituel que l’homme est à présent doté et habité par le Père du Paradis. L’humanité ne peut jamais découvrir la divinité autrement que par la voie de l’expérience religieuse et par l’exercice de la vraie foi. L’acceptation de la vérité de Dieu par la foi permet à l’homme d’échapper aux frontières circonscrites des limitations matérielles, et lui fournit un espoir rationnel d’obtenir un sauf-conduit pour sortir du royaume matériel où est la mort, vers le royaume spirituel où est la vie éternelle.
 
(101.0) 101:10.5 Le but de la religion n’est pas de satisfaire la curiosité au sujet de Dieu, mais plutôt d’apporter la constance intellectuelle et la sécurité philosophique, de stabiliser et d’enrichir la vie humaine en mêlant le mortel au divin, le partiel au parfait, l’homme à Dieu. C’est par l’expérience religieuse que les concepts humains de l’idéalité sont dotés de réalité.
 
(101.0) 101:10.6 Il ne peut jamais y avoir de preuves scientifiques ou logiques de la divinité. La raison seule ne peut jamais valider les valeurs et les bienfaits de l’expérience religieuse. Par contre, il restera toujours vrai que quiconque veut faire la volonté de Dieu comprendra la validité des valeurs spirituelles ; c’est ainsi que, sur le niveau mortel, on s’approche le plus de la possibilité de prouver la réalité de l’expérience religieuse. La foi correspondante fournit la seule manière d’échapper à l’emprise mécanique du monde matériel et aux erreurs déformantes provenant de l’incomplétude du monde intellectuel. C’est la seule solution que l’on ait découverte pour sortir de l’impasse où se trouve la pensée des mortels au sujet de la continuité de la survie de la personnalité individuelle. C’est le seul passeport pour le parachèvement de la réalité et pour l’éternité de vie dans une création universelle d’amour, de loi, d’unité et d’aboutissement progressif à la Déité.
 
(101.0) 101:10.7 La religion guérit efficacement le sentiment humain d’isolement idéaliste ou de solitude spirituelle. Elle fait admettre le croyant comme fils de Dieu, comme citoyen d’un univers nouveau et significatif. La religion certifie à l’homme que, s’il suit la lueur de droiture discernable dans son âme, il s’identifie par là même avec le plan de l’Infini et le dessein de l’Éternel. Une âme ainsi libérée commence immédiatement à se sentir chez elle dans ce nouvel univers, son univers.
 
(101.0) 101:10.8 Quand vous passez par l’expérience d’une telle transformation par la foi, vous cessez d’être une partie servile du cosmos mathématique et vous devenez plutôt un fils affranchi volitif du Père Universel. Ce fils affranchi ne lutte plus seul contre le destin inexorable mettant fin à l’existence temporelle ; il ne combat plus toute la nature avec des perspectives irrémédiablement hostiles ; il ne chancelle plus sous la peur paralysante d’avoir peut-être mis sa confiance dans une chimère sans espoir ou engagé sa foi dans une erreur fantaisiste.
 
(101.0) 101:10.9 Maintenant, les fils de Dieu sont plutôt enrôlés ensemble pour mener le combat où la réalité triomphe des ombres partielles de l’existence. Enfin, toutes les créatures deviennent conscientes du fait que Dieu et toutes les armées divines d’un univers à peu près infini sont à leur côté dans la lutte céleste pour atteindre l’éternité de vie et la divinité de statut. Ces fils affranchis par la foi se sont certainement engagés dans les luttes du temps du côté des forces suprêmes et des personnalités divines de l’éternité ; même les étoiles dans leur course combattent maintenant pour eux. Enfin, ils contemplent l’univers depuis l’intérieur, du point de vue de Dieu, et toutes les incertitudes de l’isolement matériel sont transformées en sécurités de la progression spirituelle éternelle. Le temps lui-même ne devient plus que l’ombre de l’éternité projetée par les réalités du Paradis sur la panoplie mouvante de l’espace.
 
(101.0) 101:10.10 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]
 


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100. La religion dans l’expérience humaine

LIVRE D'URANTIA  -  Fascicule 100. La religion dans l’expérience humaine

(100.0) 100:0.1 L’experience d’une vie religieuse dynamique transforme un individu médiocre en une personnalité douée d’un pouvoir idéaliste. La religion contribue au progrès de tous en encourageant le progrès de chaque individu, et le progrès de chacun est accru par l’accomplissement de tous.
 
(100.0) 100:0.2 La croissance spirituelle est mutuellement stimulée par l’association intime avec d’autres religionistes. L’amour fournit le terrain du développement religieux – un attrait objectif au lieu d’une satisfaction subjective – et, cependant, il donne la satisfaction subjective suprême. La religion ennoblit les corvées banales de la vie quotidienne.
 
1. Croissance religieuse

(100.0) 100:1.1 La religion produit la croissance des significations et le rehaussement des valeurs, mais, si l’on se permet d’attribuer un caractère absolu à des évaluations purement personnelles, il en résulte toujours un mal. Un enfant évalue l’expérience d’après le plaisir qu’elle procure. L’homme est mûr dans la mesure où il substitue des significations supérieures au plaisir personnel, allant jusqu’à l’allégeance aux plus hauts concepts des situations de vie diversifiées et des relations cosmiques.
 
(100.0) 100:1.2 Certaines personnes sont trop affairées pour croitre et se trouvent alors en sérieux danger d’immobilisme spirituel. Il faut prendre des dispositions pour la croissance des significations à différents âges, dans les cultures successives et dans les stades passagers des civilisations progressives. Les principaux inhibiteurs de la croissance sont les préjugés et l’ignorance.
 
(100.0) 100:1.3 Donnez à tout enfant qui se développe une chance de faire sa propre expérience religieuse et ne lui imposez pas une expérience adulte toute faite. Rappelez-vous que le passage, année après année, par les classes successives d’un régime d’instruction établi ne signifie pas nécessairement qu’il y ait progrès intellectuel, et encore bien moins croissance spirituelle. Élargissement du vocabulaire ne veut pas dire développement du caractère. La croissance ne se reconnait pas vraiment aux simples résultats, mais plutôt aux progrès effectués. Le véritable développement éducatif ressort du rehaussement des idéaux, de l’appréciation accrue des valeurs, des nouvelles significations attribuées aux valeurs et d’une fidélité plus grande aux valeurs suprêmes.
 
(100.0) 100:1.4 Les enfants ne sont impressionnés d’une manière permanente que par le loyalisme de leurs compagnons adultes ; les préceptes et même l’exemple n’ont pas d’influence durable. Les personnes loyales sont des personnes en cours de croissance, et la croissance est une réalité impressionnante et inspirante. Vivez loyalement aujourd’hui – croissez – et demain prendra soin de lui-même. La manière la plus rapide pour un têtard de devenir une grenouille est de vivre loyalement chaque instant comme un têtard.
 
(100.0) 100:1.5 Le terrain essentiel à la croissance religieuse présuppose une vie progressive de réalisation de soi, la coordination des tendances naturelles, l’exercice de la curiosité et le plaisir d’aventures raisonnables, le fait d’éprouver des sentiments de satisfaction, le fonctionnement de la peur pour stimuler l’attention et la conscience, l’attrait du merveilleux et l’humilité, c’est-à-dire une conscience normale de notre petitesse. La croissance est également basée sur la découverte de soi accompagnée d’autocritique – de conscience – car la conscience est réellement la critique de soi par notre propre échelle de valeurs, par nos idéaux personnels.
 
(100.0) 100:1.6 L’expérience religieuse est notablement influencée par la santé physique, le tempérament hérité et le milieu social. Mais ces conditions temporelles n’empêchent pas le progrès spirituel intérieur d’une âme consacrée à faire la volonté du Père qui est aux cieux. Il existe, chez tous les mortels normaux, certaines tendances innées à la croissance et à la réalisation de soi, qui agissent si elles ne sont pas spécifiquement inhibées. La technique infaillible pour stimuler cette dotation constitutive du potentiel de la croissance spirituelle est de maintenir une attitude de sincère dévotion aux valeurs suprêmes.
 
(100.0) 100:1.7 La religion ne peut être ni conférée, ni reçue, ni prêtée, ni apprise, ni perdue. Elle est une expérience personnelle qui grandit proportionnellement à la recherche croissante des valeurs finales. La croissance cosmique accompagne donc l’accumulation des significations et l’élévation toujours plus poussée des valeurs. Mais la noblesse en elle-même est toujours une croissance inconsciente.
 
(100.0) 100:1.8 Les habitudes religieuses de pensée et d’action contribuent à l’économie de la croissance spirituelle. On peut développer des prédispositions religieuses qui conduiront à réagir favorablement à des stimuli spirituels, une sorte de réflexe spirituel conditionné. Les habitudes qui favorisent la croissance religieuse englobent la culture de la sensibilité aux valeurs divines, la récognition de la vie religieuse chez les autres, la méditation réfléchie sur les significations cosmiques, la résolution des problèmes par l'adoration, le partage de votre vie spirituelle avec celle de vos compagnons, le fait d’éviter l’égoïsme, le refus d’escompter la miséricorde divine et l’habitude de vivre comme si l’on se trouvait en présence de Dieu. Les facteurs de la croissance religieuse peuvent être intentionnels, mais la croissance elle-même est invariablement inconsciente.
 
(100.0) 100:1.9 La nature inconsciente de la croissance religieuse ne signifie cependant pas qu’elle soit une activité fonctionnant dans des domaines prétendument subconscients de l’intellect humain ; elle dénote plutôt des activités créatives dans les niveaux superconscients du mental mortel. L’expérience de la réalisation de la réalité de la croissance religieuse inconsciente est la seule preuve positive de l’existence fonctionnelle de la superconscience.
 
2. Croissance spirituelle

(100.0) 100:2.1 Le développement spirituel dépend, en premier lieu, du maintien d’un lien spirituel vivant avec de vraies forces spirituelles, et, en second lieu, de la production continue de fruits spirituels par transmission, à vos compagnons, de l’aide que vous avez reçue de vos bienfaiteurs spirituels. Le progrès spirituel est basé sur la récognition intellectuelle de la pauvreté spirituelle, doublée de la conscience personnelle de la soif de perfection, du désir de connaitre Dieu et d’être semblable à lui, de l’intention sincère de faire la volonté du Père qui est aux cieux.
 
(100.0) 100:2.2 La croissance spirituelle est d’abord un éveil aux besoins, ensuite un discernement des significations et enfin une découverte des valeurs. La preuve du vrai développement spirituel consiste dans la manifestation d’une personnalité humaine motivée par l’amour, animée par un esprit de service désintéressé et dominée par l’adoration sincère des idéaux de perfection de la divinité. L’ensemble de cette expérience constitue la réalité de la religion par contraste avec les simples croyances théologiques.
 
(100.0) 100:2.3 La religion peut progresser jusqu’au niveau d’expérience où elle devient une technique éclairée et sage pour réagir spirituellement à l’univers. Cette religion glorifiée peut opérer sur trois niveaux de la personnalité humaine : l’intellectuel, le morontiel et le spirituel ; sur le mental, dans l’âme évoluante et avec l’esprit intérieur.
 
(100.0) 100:2.4 La spiritualité indique immédiatement votre proximité de Dieu et la mesure de votre utilité pour vos compagnons. La spiritualité rehausse l’aptitude à découvrir la beauté dans les choses, à reconnaitre la vérité dans les significations et à trouver la bonté dans les valeurs. Le développement spirituel est déterminé par cette capacité et il est directement proportionnel à l’élimination des aspects égoïstes de l’amour.
 
(100.0) 100:2.5 Le statut spirituel effectif est la mesure de l’aboutissement à la Déité, l’harmonisation avec l’Ajusteur. Accomplir la finalité de la spiritualité équivaut à atteindre le summum de la réalité, le maximum de ressemblance avec Dieu. La vie éternelle est la recherche perpétuelle des valeurs infinies.
 
(100.0) 100:2.6 Le but de la réalisation de soi, pour l’homme, devrait être spirituel et non matériel. Les seules réalités qui vaillent l’effort sont divines, spirituelles et éternelles. L’homme mortel a droit à la joie des plaisirs physiques et à la satisfaction des affections humaines ; il tire bénéfice de sa fidélité aux associations humaines et aux institutions temporelles ; mais ce ne sont pas là les fondations éternelles sur lesquelles il faut bâtir la personnalité immortelle qui devra transcender l’espace, vaincre le temps et accomplir la destinée éternelle de perfection divine et de service finalitaire.
 
(100.0) 100:2.7 Jésus dépeignit la sécurité profonde de l’homme connaissant Dieu en disant : “ Pour celui qui connait Dieu et croit au royaume, qu’importe si toutes les choses terrestres s'effondrent ? ” Les sécurités temporelles sont vulnérables, mais les sécurités spirituelles sont invulnérables. Quand les marées de l’adversité humaine, de l’égoïsme, de la cruauté, de la haine, de la méchanceté et de la jalousie viennent battre l’âme du mortel, on peut se reposer dans l’assurance qu’il existe un bastion intérieur, la citadelle de l’esprit, qui est absolument inexpugnable ; du moins est-ce vrai pour tout être humain qui a confié la garde de son âme à l’esprit intérieur du Dieu éternel.
 
(100.0) 100:2.8 Après cet accomplissement spirituel assuré soit par une croissance graduelle, soit par une crise spécifique, il se produit une réorientation de la personnalité, accompagnée du développement d’une nouvelle échelle de valeurs. De tels individus, nés d’esprit, ont des motivations de vie si renouvelées qu’ils peuvent assister avec calme à la mort de leurs plus chères ambitions et à la destruction de leurs espoirs les plus ardents. Ils savent pertinemment que ces catastrophes sont simplement des cataclysmes rectificateurs qui ruinent leurs créations temporelles, préalablement à la construction des réalités plus nobles et plus durables d’un niveau à la fois nouveau et plus sublime d’accomplissement universel.
 
3. Concepts de valeur suprême

(100.0) 100:3.1 La religion n’est pas une technique pour obtenir une paix mentale statique et sereine ; c’est une impulsion destinée à organiser l’âme pour un service dynamique. C’est l’enrôlement de la totalité de l’individualité dans une allégeance pour aimer Dieu et servir les hommes. La religion paie à n’importe quel prix ce qui est essentiel pour atteindre le but suprême, la récompense éternelle. Il y a une plénitude de consécration dans la loyauté religieuse dont la sublimité est magnifique, et cette loyauté est socialement efficace et spirituellement progressive.
 
(100.0) 100:3.2 Pour le religioniste, le mot Dieu devient un symbole signifiant l’approche de la réalité suprême et la récognition de la valeur divine. Ce ne sont ni les préférences ni les aversions humaines qui déterminent le bien et le mal ; les valeurs morales ne résultent pas de ce que les désirs sont exaucés ou les émotions frustrées.
 
(100.0) 100:3.3 En méditant sur les valeurs, il faut distinguer entre ce qui est une valeur et ce qui a une valeur. Il faut reconnaitre la relation entre des activités agréables, leur intégration significative et leur réalisation rehaussée sur des niveaux d’expérience humaine constamment et progressivement plus élevés.
 
(100.0) 100:3.4 La signification est quelque chose que l’expérience ajoute à la valeur ; c’est la conscience appréciative des valeurs. Un plaisir isolé et purement égoïste peut comporter une dévalorisation virtuelle des significations, une jouissance dépourvue de sens et frisant le mal relatif. Les valeurs sont expérientielles quand les réalités sont significatives et mentalement associées, quand de telles relations sont reconnues et appréciées par le mental.
 
(100.0) 100:3.5 Les valeurs ne peuvent jamais être statiques ; réalité signifie changement, croissance. Le changement sans croissance, sans expansion de signification et sans exaltation de valeur, est sans valeur – c’est un mal potentiel. Plus sa qualité d’adaptation cosmique est grande, plus une expérience possède de signification. Les valeurs ne sont pas des illusions conceptuelles ; elles sont réelles, mais dépendent toujours du fait de l’existence des relations. Les valeurs sont toujours à la fois actuelles et potentielles – elles ne représentent pas ce qui était, mais ce qui est et ce qui sera.
 
(100.0) 100:3.6 L’association des actuels et des potentiels équivaut à la croissance, à la réalisation expérientielle des valeurs. Mais la croissance n’est pas simplement le progrès. Le progrès est toujours significatif, mais, à défaut de croissance, il est relativement sans valeur. La valeur suprême de la vie humaine consiste dans la croissance des valeurs, dans le progrès des significations et dans la réalisation de la corrélation cosmique intime entre ces deux expériences. Et une telle expérience équivaut à avoir conscience de Dieu. Un tel mortel, bien que n’étant pas surnaturel, devient vraiment suprahumain ; une âme immortelle est en évolution.
 
(100.0) 100:3.7 L’homme ne peut provoquer la croissance, mais il peut lui fournir des conditions favorables. La croissance est toujours inconsciente, qu’elle soit physique, intellectuelle ou spirituelle. C’est ainsi que croit l’amour ; on ne peut ni le créer, ni le fabriquer, ni l’acheter ; il faut qu’il croisse. L’évolution est une technique cosmique de croissance. La croissance sociale ne peut être assurée par la législation, ni la croissance morale par une meilleure administration. L’homme peut construire une machine, mais sa valeur réelle doit dériver de la culture humaine et d’une appréciation personnelle. L’unique contribution de l’homme à la croissance est la mobilisation de la totalité des pouvoirs de sa personnalité – sa foi vivante.
 
4. Problèmes de croissance

(100.0) 100:4.1 Une vie religieuse est une vie dévouée et une vie dévouée est une vie créative, originale et spontanée. De nouvelles clairvoyances religieuses surgissent de conflits qui déclenchent le choix de nouvelles et meilleures habitudes de réagir, pour remplacer les modèles anciens et inférieurs de réaction. C’est seulement dans des conflits que de nouvelles significations émergent, et un conflit ne persiste que si l’on refuse d’adopter les valeurs supérieures impliquées dans des significations plus élevées.
 
(100.0) 100:4.2 La perplexité est inévitable en religion ; il ne peut y avoir de croissance sans conflits psychiques et sans agitation spirituelle. L’organisation d’une norme de vie philosophique entraine des commotions considérables dans le domaine philosophique du mental. Ce n’est pas sans lutte que l’on exerce sa loyauté envers ce qui est grand, bon, vrai et noble. La clarification de la vision spirituelle et le rehaussement de la perspicacité cosmique s’accompagnent d’efforts, et l’intellect humain proteste quand il est sevré de la nourriture que lui procuraient les énergies non spirituelles de l’existence temporelle. Le mental animal indolent se rebelle devant l’effort exigé par la lutte pour résoudre les problèmes cosmiques.
 
(100.0) 100:4.3 Cependant, le grand problème de la vie religieuse consiste à unifier les pouvoirs de l’âme de la personnalité par la domination de l’AMOUR. La santé, l’efficacité mentale et le bonheur résultent de l’unification de systèmes physiques, de systèmes mentaux et de systèmes spirituels. L’homme comprend beaucoup de choses concernant la santé physique et la santé mentale, mais il a vraiment des idées très peu claires sur le bonheur. Le plus grand bonheur est indissolublement lié au progrès spirituel. La croissance spirituelle procure une joie durable, une paix qui dépasse toute compréhension.
 
(100.0) 100:4.4 Dans la vie physique, les sens révèlent l’existence des choses et le mental découvre la réalité des significations ; mais c’est l’expérience spirituelle qui révèle aux individus les vraies valeurs de la vie. On atteint ces niveaux supérieurs de vie dans l’amour suprême de Dieu et dans l’amour désintéressé des hommes. Si vous aimez vos compagnons, c’est que vous avez découvert leur valeur. Jésus aimait tellement les hommes parce qu’il leur attribuait une haute valeur. C’est en découvrant les mobiles de vos associés que vous découvrez le mieux leur valeur. Si quelqu’un vous irrite et suscite en vous du ressentiment, vous devriez chercher avec sympathie à discerner son point de vue, les motifs de sa conduite désagréable. Dès lors que vous comprenez votre voisin, vous devenez tolérant, et cette tolérance va se transformer, croitre en amitié et murir en amour.
 
(100.0) 100:4.5 Essayez de voir, par la pensée, l’image d’un de vos ancêtres primitifs à l’âge des cavernes – un lourdaud petit, mal bâti, sale, hargneux, se tenant les jambes écartées, la massue levée, respirant la haine et l’animosité tandis qu’il regarde férocement droit devant lui. Une telle image ne décrit guère la divine dignité de l’homme ; mais élargissons le tableau. Devant cet homme animé, un tigre à dents de sabre se prépare à bondir. Derrière lui se tiennent une femme et deux enfants. Vous reconnaissez immédiatement que l’image représente les débuts de beaucoup de beaux et nobles caractères de la race humaine, et pourtant l’homme est le même dans les deux tableaux. Seulement, dans le second, vous êtes favorisés par un élargissement d’horizon ; vous discernez le mobile de ce mortel en évolution. Son attitude devient digne de louange parce que vous le comprenez. Si vous pouviez seulement sonder les motifs de vos compagnons, combien mieux vous les comprendriez ! Si seulement vous pouviez connaitre vos semblables, vous en tomberiez finalement amoureux.
 
(100.0) 100:4.6 Vous ne pouvez pas aimer vraiment vos compagnons par un simple acte de volonté. L’amour nait seulement d’une compréhension approfondie et consommée des mobiles et des sentiments de votre prochain. Il est moins important d’aimer tous les hommes aujourd’hui que d’apprendre chaque jour à en aimer un de plus. Si, chaque jour ou chaque semaine, vous parvenez à comprendre un compagnon de plus, et si c’est la limite de vos capacités, alors vous êtes certainement en voie de rendre votre personnalité sociale et vraiment spirituelle. L’amour est contagieux ; et, quand la dévotion humaine est intelligente et sage, l’amour a plus d’emprise que la haine. Mais seul l’amour authentique et désintéressé est vraiment contagieux. Si seulement chaque mortel pouvait devenir un foyer d’affection dynamique, le virus bénin de l’amour imprègnerait bientôt le courant émotionnel sentimental de l’humanité au point que toute la civilisation serait enveloppée d’amour, et ce serait la réalisation de la fraternité humaine.
 
5. Conversion et mysticisme

(100.0) 100:5.1 Le monde est rempli d’âmes perdues, non pas perdues au sens théologique, mais ayant perdu leur direction, errant dans la confusion au milieu des théories en “ isme ” et des cultes d’une ère philosophiquement frustrée. Trop peu de ces âmes ont appris à établir une philosophie de vie remplaçant l’autorité religieuse. (Les symboles de la religion socialisée ne doivent pas être méprisés comme canaux de croissance, bien que le lit de la rivière ne soit pas la rivière.)
 
(100.0) 100:5.2 La progression de la croissance religieuse conduit, par conflit, de la stagnation à la coordination, de l’insécurité à la foi inébranlable, de la confusion de la conscience cosmique à l’unification de la personnalité, de l’objectif temporel à l’objectif éternel, de l’esclavage de la peur à la liberté de la filiation divine.
 
(100.0) 100:5.3 Précisons que les professions de loyauté envers les idéaux suprêmes – la perception psychique, émotive et spirituelle de celui qui est conscient de Dieu – peuvent provenir d’une croissance naturelle et graduelle, ou parfois être éprouvées dans certaines conjonctures telles qu’une crise. L’apôtre Paul fit précisément l'expérience d'une conversion soudaine et spectaculaire de cet ordre en un jour mémorable sur la route de Damas. Gautama Siddharta passa par une expérience similaire la nuit où, solitaire, il s’assit et chercha à pénétrer le mystère de la vérité finale. Beaucoup d’autres hommes ont eu des expériences semblables ; cependant nombre de vrais croyants ont progressé en esprit sans conversion soudaine.
 
(100.0) 100:5.4 La plupart des phénomènes spectaculaires associés aux conversions dites religieuses sont entièrement de nature psychologique, mais, de temps à autre, surviennent des expériences qui ont aussi une origine spirituelle. Quand la mobilisation mentale est absolument totale sur un niveau psychique quelconque de l’expansion vers l’aboutissement spirituel, quand les mobiles humains de loyauté à l’idée divine sont parfaits, il arrive très souvent que l’esprit intérieur s’abaisse pour saisir le dessein concentré et consacré du mental superconscient du mortel croyant pour se synchroniser avec lui. Ce sont ces expériences d’unification de phénomènes intellectuels et spirituels qui constituent la conversion, laquelle consiste en facteurs qui dépassent les implications purement psychologiques.
 
(100.0) 100:5.5 Mais l’émotion seule est une fausse conversion ; il faut avoir la foi aussi bien que la sensation. Dans la mesure où la mobilisation psychique est partielle et où les mobiles de la loyauté humaine sont incomplets, l’expérience de la conversion sera dans la même mesure une réalité mixte, intellectuelle, émotionnelle et spirituelle.
 
(100.0) 100:5.6 Si l’on est disposé à admettre, comme hypothèse de travail pratique, l’existence d’un mental théorique subconscient dans la vie intellectuelle qui autrement est unifiée, alors, pour être logique, on devrait supposer l’existence d’un domaine semblable et correspondant d’activité intellectuelle ascendante, en tant que niveau superconscient, la zone de contact immédiat avec l’entité spirituelle intérieure, l’Ajusteur de Pensée. Le grand danger de toutes ces spéculations psychiques est que l’on peut prendre des visions et d’autres expériences dites mystiques ainsi que des rêves extraordinaires pour des communications divines au mental humain. Dans le passé, des êtres divins se sont révélés à certaines personnes connaissant Dieu, non pas à cause de leurs transes mystiques ou de leurs visions morbides, mais en dépit de tous ces phénomènes.
 
(100.0) 100:5.7 En contraste avec la recherche de la conversion, la meilleure manière d’approcher les zones morontielles de contact possible avec l’Ajusteur de Pensée serait par la foi vivante et l’adoration sincère, la prière fervente et désintéressée. Dans l’ensemble, une bien trop grande partie de la montée soudaine de souvenirs provenant des niveaux inconscients du mental humain a été considérée à tort comme des révélations divines et des directives spirituelles.
 
(100.0) 100:5.8 De grands dangers accompagnent la pratique habituelle du rêve éveillé religieux ; le mysticisme peut devenir une technique pour échapper à la réalité, bien qu’il ait parfois été un moyen de communion spirituelle authentique. De courtes périodes où l’on se retire de la scène active de la vie peuvent ne pas présenter de dangers sérieux, mais l’isolement prolongé de la personnalité est fort indésirable. En aucun cas il ne faut cultiver l’état de conscience visionnaire, du genre transe, comme une expérience religieuse.
 
(100.0) 100:5.9 L’état mystique est caractérisé par une conscience diffuse, avec des ilots vivaces d’attention focalisée opérant sur un intellect relativement passif. Tout cela fait graviter la conscience vers le subconscient plutôt que vers la zone de contact spirituel, vers le superconscient. Beaucoup de mystiques ont poussé leur dissociation mentale jusqu’au niveau des manifestations mentales anormales.
 
(100.0) 100:5.10 L’attitude la plus saine de méditation spirituelle se trouve dans l’adoration réflexive et la prière d’actions de grâces. La communion directe avec l’Ajusteur de Pensée, telle qu’elle s’est produite dans les dernières années de la vie incarnée de Jésus, ne devrait pas être confondue avec les expériences dites mystiques. Les facteurs qui contribuent au déclenchement de la communion mystique dénotent le danger de ces états psychiques. L’état mystique est favorisé par des facteurs tels que fatigue physique, jeûne, dissociation psychique, expériences esthétiques profondes, impulsions sexuelles vivaces, peur, anxiété, fureur et danses échevelées. Nombre de phénomènes résultant de cette préparation préliminaire ont leur origine dans le mental subconscient.
 
(100.0) 100:5.11 Si favorables que les conditions aient pu être pour des phénomènes mystiques, il faut bien comprendre que Jésus de Nazareth n’a jamais eu recours à de telles méthodes pour communier avec son Père du Paradis. Jésus n’avait ni hallucinations subconscientes ni illusions superconscientes.
 
6. Les signes d’une vie religieuse

(100.0) 100:6.1 Les religions d’évolution et les religions de révélation peuvent différer notablement dans leurs méthodes, mais elles ont une grande similitude dans leurs intentions. La religion n’est pas une fonction spécifique de la vie, c’est plutôt un mode de vie. La vraie religion est une sincère dévotion envers une réalité que le relogioniste estime être d’une valeur suprême pour lui-même et pour toute l’humanité. Les caractéristiques marquantes de toutes les religions sont une fidélité totale et une sincère dévotion aux valeurs suprêmes. Cette dévotion religieuse aux valeurs suprêmes apparait dans la relation d’une mère, soi-disant irréligieuse, avec son enfant, et dans le fervent loyalisme de certaines personnes non religieuses envers la cause qu’ils ont épousée.
 
(100.0) 100:6.2 La valeur suprême acceptée par les religionistes peut être indigne ou même fausse, mais n’en est pas moins religieuse. Une religion est authentique dans la mesure exacte où la valeur qu’elle tient pour suprême est vraiment une réalité cosmique de valeur spirituelle authentique.
 
(100.0) 100:6.3 Les signes de la réaction humaine aux impulsions religieuses comprennent les qualités de noblesse et de grandeur. Le religioniste sincère est conscient d’être un citoyen de l’univers et se rend compte qu’il établit un contact avec des sources de pouvoir suprahumain. Il est exalté et stimulé par l’assurance qu’il appartient à une fraternité supérieure et ennoblie de fils de Dieu. La conscience de sa valeur propre s’est accrue du stimulant de la recherche des objectifs universels les plus élevés – des buts suprêmes.
 
(100.0) 100:6.4 Le moi s'est abandonné à la mystérieuse poussée d’un mobile qui englobe tout, qui impose une autodiscipline accrue, atténue les conflits émotifs et rend la vie humaine vraiment digne d’être vécue. La récognition morbide des limitations humaines se transforme en une conscience naturelle des imperfections humaines qui s’associe à la détermination morale et à l’aspiration spirituelle d’atteindre les buts les plus élevés de l’univers et du superunivers. Cet effort intense pour atteindre les idéaux supramortels est toujours caractérisé par un accroissement de patience, de longanimité, de force d’âme et de tolérance.
 
(100.0) 100:6.5 Mais la vraie religion est un amour vivant, une vie de service. Le détachement du religioniste de quantité de choses purement temporelles et insignifiantes, ne conduit jamais à l’isolement social et cela ne devrait pas détruire le sens de l’humour. La religion authentique n’enlève rien à l’existence humaine, mais ajoute au contraire de nouvelles significations à l’ensemble de la vie. Elle engendre de nouveaux types d’enthousiasme, de zèle et de courage, pouvant même aller jusqu’à l’esprit de croisade ; ce dernier est plus que dangereux s’il n’est pas contrôlé par la clairvoyance spirituelle et la dévotion sincère aux obligations sociales ordinaires des allégeances humaines.
 
(100.0) 100:6.6 L’un des signes les plus remarquables de la vie religieuse est une paix dynamique et sublime, cette paix qui dépasse toute compréhension humaine, cet équilibre cosmique qui dénote l’absence de tout doute et de toute agitation. Ces niveaux de stabilité spirituelle sont immunisés contre les déceptions. De tels religionistes ressemblent à l’apôtre Paul qui disait : “ Je suis persuadé que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les pouvoirs, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni hauteur, ni profondeur, ni rien d’autre ne pourra jamais nous séparer de l’amour de Dieu. ”
 
(100.0) 100:6.7 Un sentiment de sécurité associé à la réalisation d’une gloire triomphante habite la conscience du religioniste qui a saisi la réalité du Suprême et qui poursuit le but de l’Ultime.
 
(100.0) 100:6.8 Même la religion évolutionnaire a tous ces aspects de loyauté et de grandeur parce qu’elle est une expérience authentique, mais la religion révélée est excellente aussi bien qu’authentique. Les nouvelles allégeances dues à une vision spirituelle élargie créent des niveaux d’amour et de dévotion, de service et de solidarité nouveaux ; et toutes ces perspectives sociales rehaussées agrandissent la conscience de la Paternité de Dieu et de la fraternité des hommes.
 
(100.0) 100:6.9 La différence caractéristique entre la religion évolutionnaire et la religion révélée consiste en une nouvelle qualité de sagesse divine qui s’ajoute à la sagesse humaine purement expérientielle. Toutefois, c’est l’expérience que l’on a dans et avec les religions humaines qui accroit la capacité de recevoir ultérieurement des dons accrus de sagesse divine et de clairvoyance cosmique.
 
7. L’apogée de la vie religieuse

(100.0) 100:7.1 Bien qu’un mortel ordinaire d’Urantia ne puisse espérer atteindre la haute perfection de caractère acquise par Jésus de Nazareth durant son temps d’incarnation, il est entièrement possible à tout croyant mortel de développer une forte personnalité unifiée selon les lignes devenues parfaites de la personnalité de Jésus. Le trait exceptionnel de la personnalité du Maitre n’était pas tant sa perfection que son harmonie, son exquise unification équilibrée. La présentation la plus efficace de Jésus consiste à suivre l’exemple de celui qui a dit, en faisant un geste vers le Maitre debout devant ses accusateurs : “ Voici l’homme. ”
 
(100.0) 100:7.2 La constante bienveillance de Jésus touchait le cœur des hommes, mais la fermeté de sa force de caractère stupéfiait ceux qui le suivaient. Il était vraiment sincère ; il n’y avait rien d’hypocrite en lui. Il était dégagé de toute affectation ; il était toujours si agréablement franc. Il ne s’abaissait jamais à prétendre et n’avait jamais recours à la simulation. Il vivait la vérité exactement comme il l’enseignait. Il était la vérité. Il était forcé de proclamer la vérité salvatrice à sa génération, même si sa sincérité causait parfois de la peine. Sa loyauté envers toute vérité était sans réserve.
 
(100.0) 100:7.3 Le Maitre était pourtant si raisonnable, si accessible et si pratique dans tout son ministère ; tous ses plans étaient empreints d’un grand bon sens sanctifié. Il était dégagé de toute tendance fantaisiste, erratique ou excentrique. Il n’était jamais capricieux, fantasque ni hystérique. Tous ses enseignements et tout ce qu’il faisait étaient toujours empreints d’une charmante discrimination associée à un sens extraordinaire de l’à-propos.
 
(100.0) 100:7.4 Le Fils de l’Homme fut toujours une personnalité bien équilibrée. Ses ennemis eux-mêmes lui témoignaient un respect salutaire ; ils craignaient même sa présence. Jésus était sans peur. Il débordait d’enthousiasme divin, mais ne devenait jamais fanatique. Il était émotivement actif, mais jamais instable. Il avait de l’imagination, mais était toujours pratique. Il faisait franchement face aux réalités de la vie, mais n’était jamais ennuyeux ni prosaïque. Il était courageux, mais jamais téméraire ; prudent, mais jamais lâche. Il était compatissant, mais non sentimental ; exceptionnel, mais non excentrique. Il était pieux, mais non bigot. Il était si bien équilibré parce qu’il était si parfaitement unifié.
 
(100.0) 100:7.5 L’originalité de Jésus n’était étouffée d’aucune façon. Il n’était ni lié par la tradition, ni handicapé par soumission à d’étroites pratiques conventionnelles. Il parlait avec une confiance assurée et enseignait avec une autorité absolue. Mais sa magnifique originalité ne lui faisait pas négliger les perles de vérité contenues dans les enseignements de ses prédécesseurs ou de ses contemporains. Et le plus original de ses enseignements était l’accent mis sur l’amour et la miséricorde, au lieu de la peur et du sacrifice.
 
(100.0) 100:7.6 Jésus avait des vues très larges. Il exhortait ceux qui le suivaient à prêcher l’évangile à tous les peuples. Il était exempt de toute étroitesse de pensée. Son cœur compatissant embrassait toute l’humanité et même un univers. Son invitation était toujours : “ Si quelqu’un désire venir, qu’il vienne. ”
 
(100.0) 100:7.7 On a dit à juste titre de Jésus qu’“ il avait confiance en Dieu ”. En tant qu’homme parmi les hommes, il manifesta la plus sublime confiance envers le Père qui est aux cieux. Il avait confiance en son Père comme un petit enfant a confiance en ses parents terrestres. Sa foi était parfaite, mais jamais présomptueuse. Il importait peu combien la nature puisse paraitre cruelle ou indifférente au bien-être des hommes sur terre, Jésus ne trébucha jamais dans sa foi. Il était immunisé contre les déceptions et insensible aux persécutions. Les échecs apparents ne le touchaient pas.
 
(100.0) 100:7.8 Il aimait les hommes comme des frères et reconnaissait en même temps combien leurs dons innés et leurs qualités acquises étaient différents. “ Il allait son chemin, faisant du bien. ”
 
(100.0) 100:7.9 Jésus était une personne exceptionnellement gaie sans être d’un optimisme aveugle ou déraisonnable. Il exhortait en disant constamment : “ Ayez bon courage. ” Il put maintenir cette attitude confiante à cause de sa foi inébranlable en Dieu et de sa confiance à toute épreuve dans les hommes. Il manifestait toujours une considération touchante à tous les hommes parce qu’il les aimait et croyait en eux, mais il restait toujours fidèle à ses convictions et merveilleusement ferme dans sa dévotion à faire la volonté de son Père.
 
(100.0) 100:7.10 Le Maitre était toujours généreux. Il ne se fatigua jamais de dire qu’“ il vaut mieux donner que recevoir. ” et “ vous avez reçu libéralement, donnez libéralement. ” Et cependant, malgré sa générosité illimitée, il ne gaspillait jamais et ne faisait pas d’extravagances. Il enseignait qu’il fallait croire pour recevoir le salut. “ Car quiconque cherche recevra. ”
 
(100.0) 100:7.11 Il était direct, mais toujours affable. Il disait : “ S’il n’en était pas ainsi, je vous l’aurais dit. ” Il était franc, mais toujours amical. Il exprimait clairement son amour des pécheurs et sa haine du péché, mais, dans toute cette étonnante franchise, il était infailliblement équitable.
 
(100.0) 100:7.12 Jésus était toujours de bonne humeur, bien qu’il ait parfois bu largement à la coupe des douleurs humaines. Il faisait front avec intrépidité aux réalités de l’existence et, cependant, il était rempli d’enthousiasme pour l’évangile du royaume. Mais il contrôlait son enthousiasme, il n’était jamais dominé par lui. Il était consacré sans réserve “ aux affaires du Père ”. Cet enthousiasme divin amenait ses frères non spirituels à croire qu’il n’avait plus tout son bon sens, mais l’univers qui l’observait l’appréciait comme l'idéal de la santé mentale et le modèle de la suprême dévotion du mortel aux critères élevés de la vie spirituelle. Son enthousiasme contrôlé était contagieux et obligeait ses compagnons à partager son divin optimisme.
 
(100.0) 100:7.13 Cet homme de Galilée n’était pas un homme de douleurs ; il avait une âme joyeuse. Il ne cessait de dire : “ Réjouissez-vous et soyez pleins d’allégresse. ” Mais, lorsque le devoir l’exigea, il accepta de traverser courageusement la “ vallée de l’ombre de la mort ”. Il était heureux et en même temps humble.
 
(100.0) 100:7.14 Son courage n’était égalé que par sa patience. Quand on le pressait d’agir prématurément, il se bornait à répondre : “ Mon heure n’est pas encore venue. ” Il n’était jamais pressé ; son sang-froid était sublime, mais il s’indignait souvent contre le mal et ne tolérait pas le péché. Il fut souvent poussé à résister énergiquement aux tendances contraires au bien-être de ses enfants terrestres, mais son indignation contre le péché ne le conduisit jamais à se mettre en colère contre les pécheurs.
 
(100.0) 100:7.15 Son courage était magnifique, mais n’allait jamais jusqu’à la témérité. Son mot de passe était : “ Ne craignez pas. ” Sa bravoure était altière et son courage souvent héroïque, mais son courage était empreint de discernement et contrôlé par la raison. C’était le courage né de la foi, et non la témérité d’une présomption aveugle. Il était vraiment brave, mais ne prenait jamais de risques inutiles.
 
(100.0) 100:7.16 Le Maitre était un modèle de déférence. Dès sa jeunesse, sa prière commençait par : “ Notre Père, qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié. ” Il respectait même le culte erroné de ses compagnons, mais cela ne l’empêchait pas d’attaquer des traditions religieuses ni de livrer assaut aux erreurs des croyances humaines. Il révérait la vraie sainteté, mais pouvait s’adresser avec justesse à ses compagnons en leur disant : “ Qui d’entre vous me convaincra de péché ? ”
 
(100.0) 100:7.17 Jésus était grand parce qu’il était bon et, cependant, il fraternisait avec les petits enfants. Il était doux et modeste dans sa vie personnelle et, cependant, il était l’homme rendu parfait d’un univers. Ses compagnons l’appelaient Maitre sans en être priés.
 
(100.0) 100:7.18 Jésus était la personnalité humaine parfaitement unifiée. Et, aujourd’hui, comme autrefois en Galilée, il continue à unifier l’expérience mortelle et à coordonner les efforts humains. Il unifie la vie, ennoblit le caractère et simplifie l’expérience. Il pénètre le mental humain pour l’élever, le transformer et le transfigurer. Il est littéralement vrai que, “ si un homme a le Christ Jésus en lui, il est une nouvelle créature ; les anciennes choses sont en train de passer et voici, toutes choses deviennent nouvelles ”.
 
(100.0) 100:7.19 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]
 


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