196. La foi de Jésus

LIVRE D'URANTIA  -  Fascicule 196. La foi de Jésus

 

(196.0) 196:0.1 Jésus avait en Dieu une foi sublime et sincère. Il éprouva les hauts et les bas ordinaires de l’existence de mortel, mais il ne mit jamais religieusement en doute la certitude de la vigilance et des directives de Dieu. Sa foi était le fruit de la clairvoyance née de l’activité de la présence divine, son Ajusteur intérieur. Sa foi n’était ni traditionnelle, ni simplement intellectuelle ; elle était entièrement personnelle et purement spirituelle.
 
(196.0) 196:0.2 Le Jésus humain voyait Dieu comme étant saint, juste et grand, aussi bien que vrai, beau et bon. Il focalisa dans son mental tous ces attributs de divinité en tant que “ volonté du Père qui est aux cieux ”. Le Dieu de Jésus était simultanément “ le Saint d’Israël ” et “ le Père qui est aux cieux vivant et aimant ”. Le concept de Dieu en tant que Père n’était pas originel chez Jésus, mais il exalta et éleva l’idée au niveau d’une expérience sublime en accomplissant une nouvelle révélation de Dieu et en proclamant que toute créature mortelle est un enfant de ce Père de l’amour, un fils de Dieu.
 
(196.0) 196:0.3 Jésus ne s’accrocha pas à la foi en Dieu comme une âme se débattant dans une guerre contre l’univers et menant une lutte à mort contre un monde hostile et pécheur. Il n’eut pas recours à la foi uniquement pour se consoler au milieu des difficultés ou pour s’encourager devant la menace du désespoir. La foi n’était pas pour lui une simple compensation illusoire aux réalités déplaisantes et aux tristesses de la vie. En face de toutes les difficultés naturelles et des contradictions temporelles de l’existence d’un mortel, il éprouvait la tranquillité d’une confiance suprême et indiscutée en Dieu, et la fascination de vivre, par la foi, dans la présence même du Père céleste. Cette foi triomphante était une expérience vivante d’aboutissement d’esprit effectif. La grande contribution de Jésus aux valeurs de l’expérience humaine ne fut pas de révéler tant d’idées nouvelles au sujet du Père qui est aux cieux, mais plutôt de démontrer si magnifiquement et humainement un type nouveau et supérieur de foi vivante en Dieu. Jamais sur aucun monde de notre univers, ni dans la vie d’aucun mortel particulier, Dieu ne devint une telle réalité vivante que dans l’expérience humaine de Jésus de Nazareth.
 
(196.0) 196:0.4 Ce monde et tous les autres mondes de la création locale découvrent, dans la vie du Maitre sur Urantia, une religion d’un type nouveau et supérieur, une religion basée sur les relations spirituelles personnelles avec le Père Universel, et entièrement validée par l’autorité suprême d’une expérience personnelle authentique. Cette foi vivante de Jésus était plus qu’une réflexion intellectuelle et n’était pas une méditation mystique.
 
(196.0) 196:0.5 La théologie peut fixer, formuler, définir et dogmatiser la foi, mais, dans la vie humaine de Jésus, la foi était personnelle, vivante, originale, spontanée et purement spirituelle. Cette foi n’était ni un respect pour la tradition, ni une simple croyance intellectuelle tenue pour un crédo sacré, mais plutôt une expérience sublime et une profonde conviction qui le tenaient en sécurité. Sa foi était si réelle et si totalement inclusive qu’elle balaya absolument tous les doutes spirituels et détruisit efficacement tout désir conflictuel. Rien n’était capable d’arracher Jésus de l’ancrage spirituel dans cette foi fervente, sublime et intrépide. Même en face d’une défaite apparente, ou dans l’angoisse des déceptions et d’un désespoir menaçant, il se tenait calmement dans la présence divine, libéré de toute peur et pleinement conscient d’être spirituellement invincible. Jésus bénéficiait de l’assurance tonifiante de posséder une foi stoïque ; dans chaque situation éprouvante de la vie, il fit infailliblement preuve d’une fidélité totale à la volonté du Père. Et cette foi superbe ne fut pas ébranlée, même par la menace cruelle et écrasante d’une mort ignominieuse.
 
(196.0) 196:0.6 Chez un génie religieux, une puissante foi spirituelle conduit trop souvent directement à un fanatisme désastreux, à l’exagération de l’égo religieux, mais ce ne fut pas le cas pour Jésus. Sa vie pratique ne fut pas affectée défavorablement par sa foi extraordinaire et par son aboutissement d’esprit, parce que cette exaltation spirituelle était l’expression entièrement inconsciente et spontanée en son âme de son expérience personnelle avec Dieu.
 
(196.0) 196:0.7 La foi spirituelle de Jésus, ardente et indomptable, ne devint jamais fanatique, car elle n’essaya jamais de l’emporter sur ses jugements intellectuels bien équilibrés concernant les valeurs relatives des situations pratiques et ordinaires de la vie sociale, économique et morale. Le Fils de l’Homme était une personnalité humaine splendidement unifiée ; il était un être divin parfaitement doué ; il était magnifiquement coordonné en tant qu’être humain et divin combiné, opérant sur terre en une seule personnalité. Le Maitre coordonnait toujours la foi de l’âme avec les sages appréciations d’une expérience murie. La foi personnelle, l’espérance spirituelle et la dévotion morale étaient toujours liées dans une incomparable unité religieuse s’associant harmonieusement avec la pénétrante réalisation de la réalité et du caractère sacré de toutes les allégeances humaines – honneur personnel, amour familial, obligations religieuses, devoir social et nécessités économiques.
 
(196.0) 196:0.8 La foi de Jésus voyait toutes les valeurs d’esprit comme incluses dans le royaume de Dieu, et c’est pourquoi il disait : “ Cherchez d’abord le royaume des cieux. ” Jésus voyait, dans la communauté idéale et évoluée du royaume, l’aboutissement et l’accomplissement de “ la volonté de Dieu ”. L’essentiel de la prière qu’il enseigna à ses disciples était : “ Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite. ” Ayant ainsi conçu le royaume comme incluant la volonté de Dieu, il se consacra à le manifester avec un étonnant oubli de soi et un enthousiasme illimité. Mais, dans toute l’intensité de sa mission et durant sa vie extraordinaire, il ne fit jamais apparaitre l’acharnement d’un fanatique ni la futilité superficielle du religieux égotiste.
 
(196.0) 196:0.9 Toute la vie du Maitre fut constamment conditionnée par cette foi vivante, cette sublime expérience religieuse. Cette attitude spirituelle dominait complètement sa manière de penser et de sentir, de croire et de prier, d’enseigner et de prêcher. Cette foi personnelle d’un fils en la certitude de la gouverne et la sécurité de la protection du Père céleste imprégna sa vie exceptionnelle d’un profond contenu de réalité spirituelle. Cependant, malgré cette intime conscience de ses relations étroites avec la divinité, ce Galiléen, le Galiléen de Dieu, lorsqu’on s’adressa à lui en l’appelant Bon Maitre, répliqua immédiatement : “ Pourquoi m’appelles-tu bon ? ” Quand nous nous trouvons en face d’un aussi splendide oubli de soi, nous commençons à comprendre comment le Père Universel trouva possible de se manifester si pleinement à Jésus et de se révéler à travers lui aux mortels des royaumes.
 
(196.0) 196:0.10 En tant qu’homme du royaume, Jésus apporta à Dieu la plus grande de toutes les offrandes : il consacra et dédia sa propre volonté au majestueux service de faire la volonté divine. Jésus interprétait toujours immanquablement la religion entièrement sous l’aspect de la volonté du Père. Quand vous étudiez la carrière du Maitre au point de vue de la prière ou de tout autre trait de la vie religieuse, recherchez moins ses enseignements que ses actes. Jamais Jésus ne fit une prière à titre de devoir religieux. Pour lui, la prière était une expression sincère d’attitude spirituelle, une déclaration de loyauté d’âme, un exposé de dévotion personnelle, une expression d’actions de grâces, une manière d’échapper à la tension émotive, une prévention de conflit, une exaltation de l’intellect, un anoblissement des désirs, une justification de décisions morales, un enrichissement de la pensée, un renforcement des tendances supérieures, une consécration d’impulsion, une clarification de point de vue, une déclaration de foi, une reddition transcendantale de la volonté, une sublime affirmation de confiance, une révélation de courage, la proclamation d’une découverte, une confession de dévotion suprême, la confirmation d’une consécration, une technique pour aplanir les difficultés et la puissante mobilisation des pouvoirs conjugués de l’âme pour résister à toutes les tendances humaines à l’égoïsme, au mal et au péché. Il vécut précisément cette vie de pieuse consécration à faire la volonté de son Père et la termina triomphalement par une prière de cet ordre. Le secret de son incomparable vie religieuse était cette conscience de la présence de Dieu ; il l’atteignit par des prières intelligentes et une adoration sincère – une communion ininterrompue avec Dieu – et non par des directives, des voix, des visions ou des pratiques religieuses extraordinaires.
 
(196.0) 196:0.11 Dans la vie terrestre de Jésus, la religion fut une expérience vivante, un mouvement direct et personnel depuis la vénération spirituelle jusqu’à la droiture pratique. La foi de Jésus porta les fruits transcendants de l’esprit divin. Sa foi n’était ni dépourvue de maturité ni crédule comme celle d’un enfant, mais, sous beaucoup de rapports, elle ressemblait à la confiance candide du mental de l’enfant. La confiance de Jésus en Dieu ressemblait beaucoup à celle d’un enfant en ses parents. Il avait une profonde confiance dans l’univers, précisément ce genre de confiance que l’enfant porte à son environnement parental. La foi sincère de Jésus dans la bonté fondamentale de l’univers ressemblait beaucoup à celle d’un enfant dans la sécurité de son entourage terrestre. Jésus dépendait du Père céleste comme un enfant s’appuie sur son père terrestre, et jamais sa foi ardente ne mit un instant en doute la certitude que le Père céleste veillait sur lui. Jésus ne fut pas sérieusement troublé par la peur, le doute ou le scepticisme. L’incroyance n’inhibait pas l’expression libre et originale de sa vie. Il conjuguait le courage solide et intelligent d’un adulte avec l’optimisme sincère et confiant d’un enfant croyant. Sa foi avait grandi jusqu’à un tel degré de confiance qu’elle était dépourvue de peur.
 
(196.0) 196:0.12 La foi de Jésus atteignait la pureté d’une confiance d’enfant. Elle était si absolue et dépourvue de doutes qu’elle réagissait au charme du contact avec des compagnons et aux merveilles de l’univers. Son sentiment de dépendance envers le divin était si complet et confiant qu’il lui procurait la joie et l’assurance d’une sécurité personnelle absolue. Il n’y avait pas de simulation hésitante dans l’expérience religieuse de Jésus. Dans cet intellect géant d’adulte, la foi de l’enfant régnait suprêmement en toutes les matières se rapportant à la conscience religieuse. Il n’est pas étonnant qu’il ait une fois dit : “ À moins de devenir comme un petit enfant, vous n’entrerez pas dans le royaume. ” Bien que la foi de Jésus fût enfantine, elle n’était en aucun cas infantile.
 
(196.0) 196:0.13 Jésus ne demande pas à ses disciples de croire en lui, mais plutôt de croire avec lui, de croire à la réalité de l’amour de Dieu et d’accepter en toute confiance l’assurance de leur filiation avec le Père céleste. Le Maitre désire que tous ses fidèles partagent pleinement sa foi transcendante. De la manière la plus touchante, Jésus mit ses partisans au défi non seulement de croire ce qu’il croyait, mais aussi de croire comme il croyait. Telle est la pleine signification de son unique exigence suprême : “ Suis-moi. ”
 
(196.0) 196:0.14 La vie terrestre de Jésus fut consacrée à un seul grand dessein – faire la volonté du Père, vivre la vie humaine religieusement et par la foi. La foi de Jésus était confiante comme celle d’un enfant, mais sans la moindre présomption. Il prit des décisions fermes et viriles, affronta courageusement de multiples déceptions, surmonta résolument d’extraordinaires difficultés et fit face sans défaillance aux rudes exigences du devoir. Il fallait une forte volonté et une confiance indéfectible pour croire ce que Jésus croyait et comme il le croyait.
 
1. Jésus – l’Homme

 

(196.0) 196:1.1 La dévotion de Jésus à la volonté du Père et au service de l’homme représentait plus qu’une décision de mortel et une détermination humaine ; c’était une consécration de tout son cœur à cette effusion d’amour sans restriction. Si grand que soit le fait de la souveraineté de Micaël, il ne faut pas enlever aux hommes le Jésus humain. Le Maitre est monté aux cieux aussi bien en tant qu’homme qu’en tant que Dieu ; il appartient aux hommes et les hommes lui appartiennent. Il est fort malheureux que l’interprétation de la religion elle-même soit défectueuse au point d’enlever le Jésus humain aux mortels qui se débattent. Il ne faudrait pas que les discussions sur l’humanité ou la divinité du Christ obscurcissent la vérité salutaire que Jésus de Nazareth était un homme religieux qui réussit, par la foi, à connaitre et à faire la volonté de Dieu ; il fut l’homme le plus véritablement religieux qui ait jamais vécu sur Urantia.
 
(196.0) 196:1.2 Les temps sont murs pour constater la résurrection symbolique du Jésus humain, sortant du tombeau des traditions théologiques et des dogmes religieux de dix-neuf siècles. Jésus de Nazareth ne doit plus être sacrifié, même au concept splendide du Christ glorifié. Quel service transcendant rendrait la présente révélation si, par elle, le Fils de l’Homme pouvait être retiré de la tombe de la théologie traditionnelle et présenté, en tant que Jésus vivant, à l’Église qui porte son nom et à toutes les autres religions ! La communauté chrétienne des croyants n’hésiterait certainement pas à réadapter sa foi et ses habitudes de vie, de manière à pouvoir “ suivre ” le Maitre dans la démonstration de sa vie réelle de dévotion religieuse à faire la volonté de son Père et de consécration désintéressée au service des hommes. Les prétendus chrétiens craignent-ils de dévoiler la suffisance et la non-consécration d’une communauté faite de respectabilité sociale et d’inadaptation économique égoïste ? Le christianisme institutionnel craint-il que l’autorité ecclésiastique traditionnelle ne soit mise en péril, et même peut-être renversée, si le Jésus de Galilée est rétabli dans le mental et l’âme des hommes mortels en tant qu’idéal de vie religieuse personnelle ? En vérité, les rajustements sociaux, les transformations économiques, les régénérescences morales et les révisions religieuses de la civilisation chrétienne seraient radicaux et révolutionnaires si la religion vivante de Jésus supplantait soudainement la religion théologique à propos de Jésus.
 
(196.0) 196:1.3 “ Suivre Jésus ” signifie partager personnellement sa foi religieuse et entrer dans l’esprit de la vie du Maitre consacrée au service désintéressé des hommes. L’une des choses les plus importantes de la vie humaine consiste à découvrir ce que Jésus croyait, à découvrir ses idéaux et à s’efforcer d’accomplir le dessein élevé de sa vie. De toutes les connaissances humaines, celle qui présente la plus grande valeur est de connaitre la vie religieuse de Jésus et la manière dont il la vécut.
 
(196.0) 196:1.4 Les gens du peuple étaient heureux d’entendre Jésus, et ils réagiront de nouveau à la présentation de sa vie humaine sincère de motivation religieuse consacrée, si ces vérités sont de nouveau proclamées dans le monde. Les gens l’écoutaient avec plaisir parce qu’il était l’un d’eux, un laïc sans prétention ; le plus grand instructeur religieux du monde était en vérité un laïc.
 
(196.0) 196:1.5 Les croyants au royaume ne devraient pas avoir pour but d’imiter à la lettre les aspects extérieurs de la vie de Jésus dans la chair, mais plutôt de partager sa foi, d’avoir confiance en Dieu comme il eut confiance en Dieu et de croire aux hommes comme il croyait aux hommes. Jésus ne discuta jamais la paternité de Dieu ni la fraternité des hommes ; il était une illustration vivante de la première et une profonde manifestation de la seconde.
 
(196.0) 196:1.6 De même que les hommes doivent progresser de la conscience de l’humain à la réalisation du divin, de même Jésus s’éleva de la nature de l’homme à la conscience de la nature de Dieu. Et le Maitre effectua cette grande ascension de l’humain au divin par l’accomplissement conjugué de la foi de son intellect de mortel et les actes de son Ajusteur intérieur. La réalisation de fait de l’aboutissement à la divinité totale (avec, à tout instant, la pleine conscience de la réalité de son humanité) passa par sept stades de conscience, par la foi, de sa divinisation progressive. Ces stades de réalisation progressive de soi furent marqués par les extraordinaires évènements suivants dans l’expérience d’effusion du Maitre :
 
  (196.0) 196:1.7 1.L’arrivée de l’Ajusteur de Pensée.
 
  (196.0) 196:1.8 2.La venue du messager d’Emmanuel qui apparut à Jésus, à Jérusalem, à l’époque où il avait à peu près douze ans.
 
  (196.0) 196:1.9 3.Les manifestations qui accompagnèrent son baptême.
 
  (196.0) 196:1.10 4.Les expériences sur le mont de la Transfiguration.
 
  (196.0) 196:1.11 5.La résurrection morontielle.
 
  (196.0) 196:1.12 6.L’ascension en esprit.
 
  (196.0) 196:1.13 7.L’embrassement final du Père du Paradis lui conférant la souveraineté illimitée sur son univers.
 
2. La religion de Jésus

 

(196.0) 196:2.1 Un jour, une réforme dans l’Église chrétienne pourrait avoir un impact assez profond pour revenir aux purs enseignements religieux de Jésus, source et aboutissement de notre foi. On peut prêcher une religion à propos de Jésus, mais obligatoirement, on doit vivre la religion de Jésus. Dans l’enthousiasme de la Pentecôte, Pierre inaugura involontairement une nouvelle religion, la religion du Christ ressuscité et glorifié. L’apôtre Paul transforma plus tard ce nouvel évangile en christianisme, religion où il incorpora ses propres vues théologiques et décrivit sa propre expérience personnelle avec le Jésus de la route de Damas. L’évangile du royaume est fondé sur l’expérience religieuse personnelle de Jésus de Galilée ; le christianisme est fondé presque exclusivement sur l’expérience religieuse personnelle de l’apôtre Paul. Presque tout le Nouveau Testament est consacré non à décrire la vie religieuse significative et inspirante de Jésus, mais à analyser l’expérience religieuse de Paul et à décrire ses convictions religieuses personnelles. Les seules exceptions notables à cette affirmation, à part certains chapitres de Matthieu, de Marc et de Luc, sont le Livre des Hébreux et l’Épitre de Jacques. Même Pierre ne revint qu’une fois dans ses écrits sur la vie religieuse personnelle de son Maitre. Le Nouveau Testament est un superbe document chrétien, mais n'est que piètrement jésusonien.
 
(196.0) 196:2.2 La vie de Jésus dans la chair dépeint une croissance religieuse transcendante, commençant par les idées anciennes de crainte primitive et de vénération humaine, continuant par des années de communion spirituelle personnelle et parvenant finalement au statut supérieur et exalté de la conscience de son unité avec le Père. Ainsi, en une seule courte vie, Jésus franchit l’expérience de la progression spirituelle religieuse que les hommes commencent sur terre et n’achèvent généralement qu’à la fin de leur long séjour dans les écoles d’éducation spirituelle des niveaux successifs de la carrière préparadisiaque. Jésus progressa à partir d’une conscience purement humaine des certitudes de la foi, fruit de l’expérience religieuse personnelle, jusqu’aux hauteurs spirituelles sublimes de la réalisation positive de sa nature divine et jusqu’à la prise de conscience de son association étroite avec le Père Universel dans la gestion d’un univers. Il progressa depuis l’humble statut de dépendance de mortel, qui l’avait incité à répondre spontanément à l’interlocuteur qui l’appelait Bon Maitre : “ Pourquoi m’appelles-tu bon ? Nul n’est bon sinon Dieu, ” jusqu’à la conscience sublime de sa divinité parachevée, qui le conduisit à s’écrier : “ Qui d’entre vous me convaincra de péché ? ” Et cette ascension progressive de l’humain au divin fut purement l’accomplissement d’un mortel. Et, lorsque Jésus eut ainsi atteint la divinité, il était encore le même Jésus humain, le Fils de l’Homme aussi bien que le Fils de Dieu.
 
(196.0) 196:2.3 Marc, Matthieu et Luc gardent quelque chose du portrait du Jésus humain se lançant dans la magnifique lutte pour connaitre la volonté divine et pour exécuter cette volonté. Jean présente un portrait du triomphant Jésus marchant sur terre avec la pleine conscience de sa divinité. La grande erreur commise par ceux qui ont étudié la vie du Maitre est que certains ont conçu Jésus comme entièrement humain, tandis que d’autres l’ont imaginé comme uniquement divin. Durant toute son expérience, il fut véritablement à la fois humain et divin, comme il l’est encore maintenant.
 
(196.0) 196:2.4 Mais la plus grande erreur consista en ceci : alors que le Jésus humain était reconnu comme ayant une religion, le Jésus divin (le Christ) devint une religion presque du jour au lendemain. Le christianisme de Paul assura l’adoration du divin Christ, mais perdit à peu près complètement de vue le Jésus humain de Galilée luttant vaillamment et qui, par la valeur de sa foi religieuse personnelle et l’héroïsme de son Ajusteur intérieur, s’éleva des humbles niveaux de l’humanité pour devenir un avec la divinité, devenant ainsi le chemin nouveau et vivant par lequel tous les mortels peuvent effectuer la même ascension depuis l’humanité jusqu’à la divinité. Les mortels, à tous les stades de spiritualité et sur tous les mondes, peuvent trouver dans la vie personnelle de Jésus ce qui les fortifiera et les inspirera pendant qu’ils progressent des niveaux spirituels les plus bas aux valeurs divines les plus élevées, depuis le commencement jusqu’à la fin de toute expérience religieuse personnelle.
 
(196.0) 196:2.5 À l’époque où fut écrit le Nouveau Testament, les auteurs croyaient profondément non seulement à la divinité du Christ ressuscité, mais ils croyaient aussi pieusement et sincèrement à son retour immédiat sur terre pour parfaire le royaume des cieux. Cette foi solide dans le retour immédiat du Seigneur contribua beaucoup à faire omettre, dans le récit, les références qui dépeignaient les expériences et les attributs purement humains du Maitre. Tout le mouvement chrétien eut tendance à s’écarter du portrait humain de Jésus de Nazareth pour s’orienter vers l’exaltation du Christ ressuscité, le Seigneur Jésus-Christ glorifié qui devait bientôt revenir.
 
(196.0) 196:2.6 Jésus fonda la religion de l’expérience personnelle en faisant la volonté de Dieu et en servant la fraternité humaine. Paul fonda une religion où Jésus glorifié devenait l’objet d’adoration, et où la fraternité se composait de compagnons croyant au divin Christ. Ces deux concepts existaient potentiellement dans la vie divine-humaine de Jésus durant son effusion, et il est vraiment dommage que ses disciples n’aient pas réussi à créer une religion unifiée qui aurait dument reconnu à la fois la nature humaine et la nature divine du Maitre, telles qu’elles étaient inséparablement liées dans sa vie terrestre et si glorieusement exposées dans l’évangile originel du royaume.
 
(196.0) 196:2.7 Vous ne seriez ni choqué ni troublé par certaines vigoureuses proclamations de Jésus si vous vouliez seulement vous rappeler qu’il était le religioniste le plus sincère et le plus dévoué du monde. Il était un mortel entièrement consacré, voué sans réserve à faire la volonté de son Père. Beaucoup de ses sentences apparemment dures représentaient plutôt une profession personnelle de foi et un engagement de dévotion que des commandements à ses disciples. Et ce furent précisément cette unité de dessein et sa dévotion désintéressée qui lui permirent de faire, en une courte vie, des progrès aussi extraordinaires dans la conquête du mental humain. Beaucoup de ses déclarations devraient être considérées comme des confessions de ce qu’il exigeait de lui-même plutôt que comme des exigences imposées à tous ses disciples. Dans sa dévotion à la cause du royaume, Jésus brula tous les ponts derrière lui ; il sacrifia tout ce qui était un obstacle à l’exécution de la volonté de son Père.
 
(196.0) 196:2.8 Jésus bénissait les pauvres parce qu’ils étaient généralement sincères et pieux ; il condamnait les riches parce qu’ils étaient généralement libertins et impies. Mais il condamnait aussi les pauvres quand ils étaient impies, et louait les hommes fortunés quand ils étaient pieux et consacrés.
 
(196.0) 196:2.9 Jésus amenait les hommes à se sentir chez eux dans le monde ; il les délivrait de l’esclavage des tabous et leur enseignait que le monde n’est pas fondamentalement mauvais. Il n’aspirait pas à échapper à sa vie terrestre. Durant sa vie dans la chair, il maitrisa une technique pour faire la volonté de son Père d’une manière qui fut convenable. Il atteignit une vie religieuse idéaliste au milieu d’un monde réaliste. Jésus ne partageait pas le point de vue pessimiste de Paul sur l’humanité. Le Maitre considérait les hommes comme fils de Dieu et prévoyait un avenir éternel et magnifique pour tous ceux qui choisiraient de survivre. Il n’était pas un sceptique moral ; il regardait l’homme positivement et non négativement. Il considérait la plupart des hommes comme faibles plutôt que mauvais, désaxés plutôt que dépravés. Mais quel que fût leur statut, ils étaient tous les enfants de Dieu et ses frères.
 
(196.0) 196:2.10 Il enseigna aux hommes à s’attribuer une haute valeur dans le temps et dans l’éternité. À cause de cette haute estime que Jésus avait pour les hommes, il était prêt à se dépenser au service assidu de l’humanité. Et c’était cette valeur infinie qu’il attribuait au fini qui faisait de la règle d’or un facteur essentiel de sa religion. Quel mortel ne serait pas soulevé par la foi extraordinaire que Jésus a en lui ?
 
(196.0) 196:2.11 Jésus n’offrit pas de règles pour le progrès social. Sa mission était religieuse, et la religion est une expérience exclusivement individuelle. Le but ultime de la société dans son accomplissement le plus avancé ne peut jamais espérer transcender la fraternité des hommes fondée sur la reconnaissance de la paternité de Dieu enseignée par Jésus. L’idéal de tout aboutissement social ne peut être réalisé que par la venue de ce royaume divin.
 
3. La suprématie de la religion

(196.0) 196:3.1 L’expérience religieuse personnelle, spirituelle, résout efficacement la plupart des difficultés des mortels ; elle sélectionne, évalue et ajuste efficacement tous les problèmes humains. La religion n’écarte ni ne supprime les ennuis humains, mais elle les dissout, les absorbe, les illumine et les transcende. La véritable religion unifie la personnalité pour qu’elle s’ajuste efficacement à toutes les nécessités des mortels. La foi religieuse – la gouverne positive de la divine présence intérieure – permet infailliblement à l’homme qui connait Dieu de jeter un pont sur l’abime qui existe entre d’une part la logique intellectuelle qui reconnait la Première Cause Universelle comme étant Cela, et d’autre part les affirmations positives de l’âme qui déclarent que cette Première Cause est Lui, le Père céleste de l’évangile de Jésus, le Dieu personnel du salut humain.
 
(196.0) 196:3.2 Il n’y a que trois éléments dans la réalité universelle : le fait, l’idée et la relation. La conscience religieuse identifie ces réalités en tant que science, philosophie et vérité. La philosophie aurait tendance à considérer ces activités comme la raison, la sagesse et la foi – la réalité physique, la réalité intellectuelle et la réalité spirituelle. Nous avons l’habitude d’appeler ces réalités choses, significations et valeurs.
 
(196.0) 196:3.3 La compréhension progressive de la réalité équivaut à s’approcher de Dieu. La découverte de Dieu, la conscience d’être identique à la réalité, équivaut à éprouver le parachèvement de soi – le soi entier, la totalité de soi. L’expérience de la réalité totale est la pleine réalisation de Dieu, la finalité de l’expérience de la connaissance de Dieu.
 
(196.0) 196:3.4 Le résumé complet de la vie humaine consiste à savoir que l’homme est éduqué par le fait, ennobli par la sagesse et sauvé – justifié – par la foi religieuse.
 
(196.0) 196:3.5 La certitude physique consiste en la logique de la science ; la certitude morale, en la sagesse de la philosophie ; la certitude spirituelle, en la vérité de l’expérience religieuse authentique.
 
(196.0) 196:3.6 Le mental humain peut atteindre de hauts niveaux de clairvoyance spirituelle et les sphères correspondantes de divinité des valeurs, parce qu’il n’est pas entièrement matériel. Il existe un noyau d’esprit dans le mental de l’homme – l’Ajusteur de la présence divine. Il y a trois preuves distinctes que cet esprit habite le mental humain :
 
  (196.0) 196:3.7 1.La communion humanitaire – l’amour. Le mental purement animal peut être grégaire pour se protéger, mais seul l’intellect habité par l’esprit est généreusement altruiste et inconditionnellement aimant.
 
  (196.0) 196:3.8 2.L’interprétation de l’univers – la sagesse. Seul le mental habité par l’esprit peut comprendre que l’univers est bienveillant pour l'individu.
 
  (196.0) 196:3.9 3.L’évaluation spirituelle de la vie – l’adoration. Seul l’homme habité par l’esprit peut réaliser la divine présence et chercher à atteindre une expérience plus complète dans et avec cet avant-gout de divinité.
 
(196.0) 196:3.10 Le mental humain ne crée pas de valeurs réelles ; l’expérience humaine ne procure pas la clairvoyance de l’univers. En ce qui concerne la clairvoyance, la récognition des valeurs morales et le discernement des significations spirituelles, tout ce que le mental humain peut faire consiste à découvrir, reconnaitre, interpréter et choisir.
 
(196.0) 196:3.11 Les valeurs morales de l’univers deviennent des acquis intellectuels par l’exercice des trois jugements, ou choix fondamentaux, du mental des mortels :
 
  (196.0) 196:3.12 1.Le jugement de soi – le choix moral.
 
  (196.0) 196:3.13 2.Le jugement social – le choix éthique.
 
  (196.0) 196:3.14 3.Le jugement de Dieu – le choix religieux.
 
(196.0) 196:3.15 Il en ressort que tout progrès humain est effectué par une technique conjointe d’évolution-révélation.
 
(196.0) 196:3.16 Si un amant divin ne vivait pas en lui, l’homme ne pourrait aimer généreusement et spirituellement. Si un interprète ne vivait pas dans son mental, l’homme ne pourrait pas vraiment se rendre compte de l’unité de l’univers. Si un estimateur ne demeurait pas en lui, l’homme serait dans l’impossibilité d’apprécier les valeurs morales et de reconnaitre les significations spirituelles. Or, cet amant divin vient de la source même de l’amour infini ; cet interprète est une fraction de l’Unité Universelle ; cet estimateur est l’enfant du Centre-Source de toutes les valeurs absolues de la réalité éternelle et divine.
 
(196.0) 196:3.17 L’évaluation morale avec une signification religieuse – la clairvoyance spirituelle – implique le choix individuel entre le bien et le mal, la vérité et l’erreur, le matériel et le spirituel, l’humain et le divin, le temps et l’éternité. La survie humaine dépend, dans une grande mesure, de la consécration de la volonté humaine à choisir les valeurs triées par le sélecteur des valeurs spirituelles – l’interprète et l’unificateur intérieur. L’expérience religieuse personnelle comporte deux phases : la découverte dans le mental humain, et la révélation par le divin esprit intérieur. Par un excès de raisonnements sophistiqués ou par suite de la conduite impie de prétendus religionistes, il se peut qu’un homme, ou même une génération d’hommes, suspende ses efforts pour découvrir le Dieu qui les habite ; ces hommes peuvent cesser de progresser et ne pas aboutir à la révélation divine. Mais de telles attitudes dépourvues de progrès spirituel ne peuvent durer longtemps à cause de la présence et de l’influence des Ajusteurs de Pensée intérieurs.
 
(196.0) 196:3.18 Cette profonde expérience de la réalité de la présence divine intérieure transcende pour toujours la grossière technique matérialiste des sciences physiques. On ne peut ni mettre la joie spirituelle sous un microscope, ni peser l’amour dans une balance, ni mesurer les valeurs morales ; et l’on ne peut pas non plus chiffrer la qualité de l’adoration spirituelle.
 
(196.0) 196:3.19 Les Hébreux avaient une religion de sublimité morale. Les Grecs élaborèrent une religion de beauté. Paul et ses confrères fondèrent une religion de foi, d’espérance et de charité. Jésus révéla une religion d’amour et en donna l’exemple : la sécurité dans l’amour du Père, avec la joie et la satisfaction résultant du partage de cet amour au service de la fraternité humaine.
 
(196.0) 196:3.20 Chaque fois qu’un homme fait un choix moral réfléchi, il fait immédiatement l’expérience d’une nouvelle invasion divine de son âme. Le choix moral constitue la religion en tant que mobile de réaction intérieure aux conditions extérieures. Mais cette religion réelle n’est pas une expérience purement subjective. Elle signifie que l’ensemble subjectif de l’individu est engagé dans une réaction significative et intelligente à l’objectivité totale – à l’univers et à son Auteur.
 
(196.0) 196:3.21 Ce n’est pas parce que l’expérience exquise et transcendantale d’aimer et d’être aimé est si purement subjective qu’elle n’est qu’une illusion psychique. La seule réalité vraiment divine et objective qui soit associée aux êtres mortels, l’Ajusteur de Pensée, fonctionne apparemment, pour l’observation humaine, comme un phénomène exclusivement subjectif. Le contact de l’homme avec Dieu, la réalité objective la plus haute, ne s’effectue que par l’expérience purement subjective de le connaitre, de l’adorer et de réaliser la filiation avec lui.
 
(196.0) 196:3.22 La véritable adoration religieuse n’est pas un futile monologue où l’on se trompe soi-même. L’adoration est une communion personnelle avec ce qui est divinement réel, avec ce qui est la source même de la réalité. Par l’adoration, l’homme aspire à devenir meilleur et, par elle, il finit par atteindre le meilleur.
 
(196.0) 196:3.23 L’idéalisation de la vérité, de la beauté et de la bonté, et la tentative de les servir ne sont pas un substitut à l’expérience religieuse authentique – la réalité spirituelle. La psychologie et l’idéalisme ne sont pas l’équivalent de la réalité religieuse. Les projections de l’intellect humain peuvent, il est vrai, donner naissance à de faux dieux – des dieux à l’image de l’homme – mais le fait d’avoir véritablement conscience de Dieu n’a pas cette origine ; la conscience de Dieu réside dans l’esprit intérieur. Beaucoup de systèmes religieux humains proviennent de formules issues de l’intellect humain, mais le fait d’avoir conscience de Dieu ne fait pas nécessairement partie de ces grotesques systèmes d’esclavage religieux.
 
(196.0) 196:3.24 Dieu n’est pas la simple invention de l’idéalisme humain ; il est la source même de tous les discernements et de toutes les valeurs superanimales de ce genre. Dieu n’est pas une hypothèse formulée pour unifier les concepts humains de vérité, de beauté et de bonté ; il est la personnalité d’amour de qui toutes ces manifestations de l’univers sont issues. La vérité, la beauté et la bonté du monde des hommes sont unifiées par la spiritualité croissante de l’expérience des mortels qui s’élèvent vers les réalités du Paradis. On ne peut réaliser l’unité de la vérité, de la beauté et de la bonté que dans l’expérience spirituelle de la personnalité connaissant Dieu.
 
(196.0) 196:3.25 La moralité est l’indispensable base préexistante de la conscience personnelle de Dieu, de la réalisation personnelle de la présence intérieure de l’Ajusteur, mais cette moralité n’est ni la source de l’expérience religieuse, ni la clairvoyance spirituelle qui en résulte. La nature morale est superanimale mais subspirituelle. La moralité équivaut à reconnaitre le devoir, à réaliser l’existence de ce qui est juste et de ce qui ne l’est pas. La zone morale s’interpose entre le type de mental animal et le type de mental humain, de même que la morontia fonctionne entre les sphères matérielles et spirituelles d’aboutissement de la personnalité.
 
(196.0) 196:3.26 Le mental évolutionnaire est capable de découvrir la loi, la morale et l’éthique, mais c’est l’Ajusteur intérieur, l’esprit effusé, qui révèle au mental humain évoluant le législateur, le Père-source de tout ce qui est vrai, beau et bon. Un homme ainsi éclairé possède une religion ; il est spirituellement équipé pour entreprendre la longue et aventureuse recherche de Dieu.
 
(196.0) 196:3.27 La moralité n’est pas nécessairement spirituelle ; elle peut être entièrement et purement humaine, bien que la véritable religion rehausse toutes les valeurs morales et les rende plus significatives. La moralité sans religion ne réussit ni à révéler la bonté ultime, ni à assurer la survie des valeurs morales, même des siennes propres. La religion permet de rehausser et de glorifier tout ce que la morale reconnait et approuve, et elle permet d’en assurer la survie.
 
(196.0) 196:3.28 La religion se tient au-dessus de la science, de l’art, de la philosophie, de l’éthique et de la morale, mais sans en être indépendante. Toutes sont indissolublement liées dans l’expérience humaine personnelle et sociale. La religion est l’expérience suprême de l’homme dans sa nature de mortel, mais le caractère fini du langage rend impossible à la théologie de jamais dépeindre d’une manière appropriée l’expérience religieuse réelle.
 
(196.0) 196:3.29 La clairvoyance religieuse possède le pouvoir de transformer une défaite en désirs supérieurs et en nouvelles déterminations. L’amour est la motivation la plus élevée que l’homme puisse utiliser dans son ascension de l’univers. Mais, quand l’amour est dépouillé de vérité, de beauté et de bonté, il n’est que sentiment, déformation philosophique, illusion psychique et tromperie spirituelle. L’amour doit toujours être défini à nouveau sur les niveaux successifs de la progression morontielle et spirituelle.
 
(196.0) 196:3.30 L’art est issu de la tentative de l’homme pour échapper au manque de beauté de son entourage matériel ; il est un geste vers le niveau morontiel. La science est l’effort de l’homme pour résoudre les énigmes apparentes de l’univers matériel. La philosophie est sa tentative pour unifier l’expérience humaine. La religion est le geste suprême de l’homme magnifiquement tendu vers la réalité finale, sa détermination de trouver Dieu et d’être semblable à lui.
 
(196.0) 196:3.31 Dans le domaine de l’expérience religieuse, les possibilités spirituelles sont des réalités potentielles. La poussée spirituelle humaine en avant n’est pas une illusion psychique. Toutes les fabulations des hommes au sujet de l’univers peuvent ne pas correspondre à des faits, mais elles contiennent une grande, une très grande partie de vérité.
 
(196.0) 196:3.32 La vie de certains hommes est trop grande et noble pour descendre au bas niveau d’une simple réussite. L’animal doit s’adapter à son environnement, mais l’homme religieux transcende son environnement ; il échappe ainsi aux limitations du présent monde matériel par la clairvoyance de l’amour divin. Ce concept de l’amour engendre dans l’âme de l’homme l’effort superanimal pour trouver la vérité, la beauté et la bonté ; et, quand il les trouve effectivement, il est glorifié dans leur étreinte ; il est consumé du désir de les vivre et d’agir selon la droiture.
 
(196.0) 196:3.33 Ne vous découragez pas ; l’évolution humaine est encore en cours de progrès, et la révélation de Dieu au monde, en Jésus et par Jésus, ne fera pas défaut.
 
(196.0) 196:3.34 Le grand défi lancé à l’homme moderne consiste à établir de meilleures communications avec le divin Moniteur qui habite le mental humain. La plus grande aventure de l’homme dans la chair est son effort sain et équilibré pour repousser les frontières de la conscience de soi à travers les domaines imprécis de la conscience embryonnaire de l’âme, dans un effort sincère pour atteindre la région frontière de la conscience de l’esprit – le contact avec la divine présence. Une telle expérience constitue la conscience de Dieu, c’est une expérience qui confirme puissamment la vérité préexistante de l’expérience religieuse consistant à connaitre Dieu. Cette conscience de l’esprit équivaut à connaitre effectivement la filiation avec Dieu. À défaut, l’assurance de cette filiation est l’expérience de la foi..
 
(196.0) 196:3.35 La conscience de Dieu est l’équivalent de l’intégration du moi à l’univers sur ses niveaux les plus élevés de réalité spirituelle. Seul le contenu spirituel d’une valeur quelconque est impérissable. Même ce qui est vrai, beau et bon ne saurait périr dans l’expérience humaine. Si l’homme ne choisit pas de survivre, alors l’Ajusteur survivant conserve ces réalités nées de l’amour et nourries dans le service. Et toutes ces choses font partie du Père Universel. Le Père est amour vivant, et cette vie du Père est dans ses Fils. Et l’esprit du Père est dans les fils de ses Fils – les hommes mortels. Quand tout est dit et fait, l’idée de Père reste encore le concept humain le plus élevé de Dieu.
 
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195. Après la Pentecôte

LIVRE D'URANTIA  -  Fascicule 195. Après la Pentecôte

 

(195.0) 195:0.1 Les résultats de la prédication de Pierre, le jour de la Pentecôte, eurent une influence décisive sur la politique future et les plans de la majorité des apôtres dans leurs efforts pour proclamer l’évangile du royaume. Pierre fut le véritable fondateur de l’Église chrétienne ; Paul apporta le message chrétien aux Gentils et les croyants grecs le propagèrent dans tout l’empire romain.
 
(195.0) 195:0.2 Liés par la tradition et tyrannisés par les prêtres, les Hébreux, en tant que peuple, refusèrent d’accepter soit l’évangile de Jésus sur la paternité de Dieu et la fraternité des hommes, soit la proclamation de Pierre et de Paul sur la résurrection et l’ascension du Christ (le christianisme ultérieur) ; par contre, le reste de l’empire romain fut réceptif aux enseignements chrétiens en évolution. À cette époque, la civilisation occidentale était intellectuelle, fatiguée de la guerre et complètement sceptique sur toutes les religions existantes et les philosophies universelles. Les peuples du monde occidental, bénéficiaires de la culture grecque, avaient une tradition révérée d’un grand passé. Ils pouvaient contempler un héritage de grands accomplissements en philosophie, en art, en littérature et en progrès politiques. Mais, malgré tous ces accomplissements, ils n’avaient pas de religion satisfaisante pour l’âme. Leurs profonds désirs spirituels restaient insatisfaits.
 
(195.0) 195:0.3 C’est sur une telle scène de la société humaine que les enseignements de Jésus contenus dans le message chrétien furent soudainement projetés. Un nouvel ordre de vie fut ainsi présenté aux cœurs affamés de ces peuples occidentaux. Cette situation impliquait un conflit immédiat entre les anciennes pratiques religieuses et la nouvelle version christianisée du message de Jésus au monde. Ce conflit devait se terminer soit par une nette victoire des anciennes ou des nouvelles croyances, soit par une sorte de compromis. L’histoire montre que la lutte se termina par un compromis. Le christianisme eut l’ambition d’embrasser un programme trop étendu pour qu’un peuple quelconque puisse l’assimiler dans l’espace d’une ou deux générations. Ce programme n’était pas un simple appel spirituel tel que Jésus l’avait présenté à l’âme des hommes. De bonne heure, le christianisme prit nettement position sur les rituels religieux, l’éducation, la magie, la médecine, l’art, la littérature, la loi, le gouvernement, la morale, la règlementation sexuelle, la polygamie et même, dans une mesure limitée, sur l’esclavage. Le christianisme n’émergea pas simplement comme une nouvelle religion – chose que tout l’empire romain et tout l'Orient attendaient – mais comme un nouvel ordre de la société humaine. Alors, très vite cette prétention précipita le conflit sociomoral des âges. Les idéaux de Jésus, tels qu’ils furent réinterprétés par la philosophie grecque et socialisés dans le christianisme, défiaient maintenant audacieusement les traditions de la race humaine incorporés dans l’éthique, la moralité et les religions de la civilisation occidentale.
 
(195.0) 195:0.4 Au début, le christianisme ne fit de conversions que dans les couches inférieures des milieux sociaux et économiques. Mais, dès le commencement du deuxième siècle, l’élite de la culture gréco-romaine s’orienta de plus en plus vers ce nouvel ordre de croyance chrétienne, ce nouveau concept de la raison de vivre et du but de l’existence.
 
(195.0) 195:0.5 Comment ce nouveau message d’origine juive, qui avait presque échoué dans son pays natal, put-il capter si vite et si efficacement le mental des élites de l’Empire romain ? Le triomphe du christianisme sur les religions philosophiques et les cultes des mystères fut dû aux facteurs suivants :
 
  (195.0) 195:0.6 1.L’organisation – Paul était un grand organisateur, et ses successeurs restèrent à sa hauteur.
 
  (195.0) 195:0.7 2.Le christianisme était complètement hellénisé. Il englobait ce qu’il y avait de meilleur dans la philosophie grecque et dans la théologie hébraïque.
 
  (195.0) 195:0.8 3.Mais, mieux que tout, il contenait un nouvel et grand idéal, l’écho de la vie d’effusion de Jésus et le reflet de son message de salut pour toute l’humanité.
 
  (195.0) 195:0.9 4.Les dirigeants chrétiens étaient disposés à faire, avec le mithracisme, les compromis nécessaires pour que plus de la moitié de ses adhérents soient gagnés au culte d’Antioche.
 
  (195.0) 195:0.10 5.De même, la génération suivante et les générations subséquentes de dirigeants chrétiens firent encore de tels compromis avec le paganisme que même l’empereur romain Constantin fut gagné à la nouvelle religion.
 
(195.0) 195:0.11 Toutefois, les chrétiens conclurent un marché judicieux avec les païens, en ce sens qu’ils adoptèrent l’apparat du rituel païen tout en obligeant les païens à accepter la version hellénisée du christianisme paulinien. Ils transigèrent plus heureusement avec le paganisme qu’avec le culte mithriaque, mais, même dans ce compromis initial, ils sortirent plus que vainqueurs, en ce sens qu’ils réussirent à éliminer les grossières immoralités ainsi que nombre d’autres pratiques répréhensibles des mystères persans.
 
(195.0) 195:0.12 À tort ou à raison, les premiers dirigeants du christianisme compromirent délibérément les idéaux de Jésus dans un effort pour sauver et propager beaucoup de ses idées. Et ils remportèrent de grands succès. Mais ne vous y trompez pas ! Les idéaux compromis du Maitre restent latents dans son évangile et finiront par affirmer leurs pleins pouvoirs sur le monde.
 
(195.0) 195:0.13 Par cette paganisation du christianisme, l’ancien ordre de choses gagna nombre de victoires mineures de nature ritualiste, mais les chrétiens prirent l’ascendant en ce sens que :
 
  (195.0) 195:0.14 1.Ils firent résonner dans la morale humaine une nouvelle note d’un diapason infiniment plus élevé.
 
  (195.0) 195:0.15 2.Ils donnèrent au monde un nouveau concept considérablement élargi de Dieu.
 
  (195.0) 195:0.16 3.L’espoir de l’immortalité devint une partie de l’assurance d’une religion reconnue.
 
  (195.0) 195:0.17 4.Jésus de Nazareth fut offert à l’âme affamée des hommes.
 
(195.0) 195:0.18 Des grandes vérités enseignées par Jésus, beaucoup furent presque perdues dans les premiers compromis, mais elles sommeillent encore dans cette religion de christianisme paganisé, qui était elle-même la version paulinienne de la vie et des enseignements du Fils de l’Homme. Même avant d’être paganisé, le christianisme fut d’abord complètement hellénisé. Le christianisme a une dette, une très grande dette envers les Grecs. Ce fut un Grec d’Égypte qui se dressa si courageusement à Nicée et mit l’assemblée au défi avec tant d’intrépidité que le concile n’osa pas obscurcir le concept de la nature de Jésus au point de risquer de faire perdre au monde la vérité concernant son effusion. Ce Grec s’appelait Athanase. Sans l’éloquence et la logique de ce croyant, les opinions persuasives d’Arius auraient triomphé.
 
1. Influence des Grecs

 

(195.0) 195:1.1 L’hellénisation du christianisme commença réellement le jour mémorable où l’apôtre Paul se présenta devant le conseil de l’aréopage d’Athènes et parla aux Athéniens du “ Dieu inconnu ”. Là, à l’ombre de l’Acropole, ce citoyen romain proclama aux Grecs sa version de la nouvelle religion qui avait pris naissance dans le pays juif de Galilée. La philosophie grecque et nombre d’enseignements de Jésus présentaient d’étranges similitudes. Ils avaient un but commun – tous deux visaient à l’émergence de l’individu ; les Grecs, à son émergence sociale et politique ; Jésus, à son émergence morale et spirituelle. Les Grecs enseignaient le libéralisme intellectuel conduisant à la liberté politique ; Jésus enseignait le libéralisme spirituel conduisant à la liberté religieuse. L’union de ces deux idées formait une nouvelle et puissante charte de la liberté humaine ; elle laissait présager la liberté sociale, politique et spirituelle de l’homme.
 
(195.0) 195:1.2 Le christianisme prit naissance et triompha de toutes les religions rivales pour deux raisons principales :
 
  (195.0) 195:1.3 1.Le mental grec était disposé à emprunter de bonnes idées nouvelles, même aux Juifs.
 
  (195.0) 195:1.4 2.Paul et ses successeurs étaient prêts à des compromis, mais à des compromis astucieux et sagaces ; ils étaient de fins négociateurs en matière de théologie.
 
(195.0) 195:1.5 Au moment où Paul se dressa à Athènes en prêchant “ le Christ et le Christ crucifié ”, les Grecs étaient spirituellement affamés. Ils étaient investigateurs, intéressés et recherchaient effectivement la vérité spirituelle. N’oubliez jamais que les Romains commencèrent par combattre le christianisme, tandis que les Grecs l’embrassèrent, et ce furent les Grecs qui, ultérieurement, forcèrent littéralement les Romains à accepter cette nouvelle religion, sous sa forme modifiée, comme faisant partie de la culture grecque.
 
(195.0) 195:1.6 Les Grecs révéraient la beauté et les Juifs, la sainteté, mais les deux peuples aimaient la vérité. Durant des siècles, les Grecs avaient sérieusement médité et sincèrement discuté tous les problèmes humains – sociaux, économiques, politiques et philosophiques – sauf la religion. Rares étaient les Grecs qui avaient vraiment prêté attention à la religion ; ils ne prenaient même pas leur propre religion très au sérieux. Pendant des siècles, les Juifs avaient négligé les autres domaines de la pensée en consacrant leur attention à la religion. Ils prenaient leur religion très sérieusement, trop sérieusement même. Éclairé par le contenu du message de Jésus, le produit unifié des siècles de pensée de ces deux peuples devint alors le moteur d’un nouvel ordre social humain et, dans une certaine mesure, d’un nouvel ordre humain de croyances et de pratiques religieuses.
 
(195.0) 195:1.7 À l’époque où Alexandre répandit la philosophie hellénistique dans le Proche-Orient, l’influence de la culture grecque avait déjà pénétré les pays de la Méditerranée occidentale. Tant qu’ils habitèrent de petites cités-États, les Grecs eurent de bons résultats avec leur religion et leur politique, mais, quand le roi de Macédoine osa faire de la Grèce un empire s’étendant de l’Adriatique à l’Indus, les difficultés commencèrent. L’art et la philosophie de la Grèce étaient parfaitement à la hauteur de l’expansion impériale, mais on ne saurait en dire autant de son administration politique ni de sa religion. Après que les cités-États de Grèce se furent développées en un empire, leurs dieux plutôt paroissiaux semblèrent un peu bizarres. Les Grecs étaient vraiment à la recherche d’un Dieu unique, d’un Dieu plus grand et meilleur, lorsque la version christianisée de l’ancienne religion juive leur parvint.
 
(195.0) 195:1.8 En tant que tel, l’Empire hellénistique ne pouvait durer. Son emprise culturelle continua, mais ne subsista qu’après avoir acquis de l’Occident le génie politique romain pour l’administration d’un empire, et après avoir obtenu de l’Orient une religion dont le Dieu unique possédait une dignité impériale.
 
(195.0) 195:1.9 Au premier siècle après le Christ, la culture hellénistique avait déjà atteint son apogée ; sa régression avait commencé ; l’instruction augmentait, mais le génie déclinait. Ce fut à cette époque précise que les idées et idéaux de Jésus, partiellement incorporés dans le christianisme, devinrent une partie de la culture et de l’instruction grecques qui purent être sauvées.
 
(195.0) 195:1.10 Alexandre avait foncé sur l’Orient avec le don de la civilisation grecque ; Paul prit d’assaut l’Occident avec la version chrétienne de l’évangile de Jésus. Dans toutes les parties de l’Occident où la culture grecque prévalut, le christianisme hellénisé prit racine.
 
(195.0) 195:1.11 La version orientale du message de Jésus, bien qu’elle demeurât plus fidèle aux enseignements du Maitre, continua de suivre l’attitude intransigeante d’Abner. Elle ne progressa jamais comme la version hellénisée, et finit par se perdre dans le mouvement islamique.
 
2. L’influence romaine

 

(195.0) 195:2.1 Les Romains adoptèrent en bloc la culture grecque en substituant des gouvernements représentatifs aux gouvernements par tirage au sort. Ces changements ne tardèrent pas à favoriser le christianisme, en ce sens que Rome introduisit, dans tout le monde occidental, une tolérance nouvelle pour des langues, des populations et même des religions étrangères.
 
(195.0) 195:2.2 À Rome, une grande partie des premières persécutions contre les chrétiens fut motivée uniquement par l’emploi malencontreux du mot “ royaume ” dans leurs prédications. Les Romains toléraient toutes les religions et n’importe laquelle, mais ne supportaient rien de ce qui avait un air de rivalité politique. Aussi, quand ces premières persécutions religieuses – si largement dues à des malentendus – prirent fin, le champ de la propagande religieuse se trouva largement ouvert. Le Romain s’intéressait à l’administration politique ; il s’intéressait peu à l’art et à la religion, mais il était exceptionnellement tolérant pour les deux.
 
(195.0) 195:2.3 La loi orientale était sévère et arbitraire ; la loi grecque était fluide et artistique ; la loi romaine avait de la dignité et imposait le respect. L’éducation romaine engendrait une fidélité incomparable et impassible. Les premiers Romains étaient des individus politiquement dévoués et sublimement consacrés. Ils étaient honnêtes, zélés et dévoués à leurs idéaux, mais sans religion digne de ce nom. Il n’est guère étonnant que leurs éducateurs grecs aient pu les persuader d’accepter le christianisme de Paul.
 
(195.0) 195:2.4 Et ces Romains étaient un grand peuple. Ils purent gouverner l’Occident parce qu’ils se gouvernaient eux-mêmes. Une telle honnêteté sans précédent, une telle consécration et une telle maitrise résolue de soi formaient un terrain idéal pour la réception et la croissance du christianisme.
 
(195.0) 195:2.5 Il était facile à ces Gréco-Romains de devenir tout aussi dévoués spirituellement à une Église institutionnelle qu’ils l’étaient politiquement à l’État. Les Romains ne combattirent l’Église qu’au moment où ils craignirent qu’elle ne fît concurrence à l’État. Ayant peu de philosophie nationale ou de culture indigène, Rome reprit à son compte la culture grecque et adopta hardiment l’enseignement du Christ comme philosophie morale. Le christianisme devint la culture morale de Rome, mais ne devint guère sa religion dans le sens d’une expérience individuelle de croissance spirituelle pour ceux qui embrassèrent la nouvelle religion d’une manière aussi globale. Il est vrai, en effet, qu’un bon nombre d’individus pénétrèrent sous la superficialité de toute cette religion d’État, et trouvèrent, pour nourrir leur âme, les vraies valeurs des significations cachées contenues dans les vérités latentes du christianisme hellénisé et paganisé.
 
(195.0) 195:2.6 Le stoïcien, et son vigoureux appel “ à la nature et à la conscience ”, n’avait que mieux préparé tout Rome à recevoir le Christ, au moins dans un sens intellectuel. Le Romain était un juriste par nature et par éducation ; il révérait même les lois de la nature. Et maintenant, dans le christianisme, il discernait les lois de Dieu dans les lois de la nature. Un peuple qui pouvait produire un Cicéron et un Virgile était mûr pour le christianisme hellénisé de Paul.
 
(195.0) 195:2.7 C’est ainsi que ces Grecs romanisés forcèrent à la fois les juifs et les chrétiens à rendre philosophique leur religion, à en coordonner les idées, à rendre systématiques ses idéaux et à adapter les pratiques religieuses au courant de vie existant. Tout ceci fut immensément aidé par la traduction en grec des Écritures hébraïques et par la rédaction ultérieure en langue grecque du Nouveau Testament.
 
(195.0) 195:2.8 Contrairement aux Juifs et à de nombreux autres peuples, les Grecs avaient depuis longtemps cru provisoirement à l’immortalité, à une sorte de survie après la mort. Or, c’était l’essence de l’enseignement de Jésus ; il était donc certain que le christianisme exercerait sur eux un puissant attrait.
 
(195.0) 195:2.9 Une succession de victoires de la culture grecque et de la politique romaine avait consolidé les pays méditerranéens eu un seul empire, avec une seule langue et une seule culture, de sorte que le monde occidental était prêt pour un seul Dieu. Le judaïsme fournissait ce Dieu, mais le judaïsme en tant que religion était inacceptable pour les Grecs romanisés. Philon en aida quelques-uns à mitiger leurs objections, mais le christianisme leur révéla un concept encore meilleur d’un Dieu unique, et ils l’adoptèrent volontiers.
 
3. Sous l’empire romain

 

(195.0) 195:3.1 Après la consolidation de la souveraineté politique romaine et la propagation du christianisme, les chrétiens se trouvèrent avec un seul Dieu, un grand concept religieux, mais sans empire. Les Gréco-Romains se trouvèrent avec un grand empire, mais sans un Dieu qui puisse de manière satisfaisante servir de concept religieux pour le culte d’un empire et pour son unification spirituelle. Les chrétiens acceptèrent l’empire, et l’empire adopta le christianisme. Les Romains fournirent une unité de gouvernement politique, les Grecs, une unité de culture et d’instruction, et le christianisme, une unité de pensée et de pratique religieuses.
 
(195.0) 195:3.2 Rome triompha de la tradition du nationalisme par un universalisme impérial. Pour la première fois dans l’histoire, elle rendit possible à différentes races et nations d’accepter, au moins nominalement, une même religion.
 
(195.0) 195:3.3 Le christianisme gagna la faveur de Rome à un moment de lutte ardente entre les vigoureux enseignements des stoïciens et les promesses de salut du culte des mystères. Le christianisme apporta une consolation reposante et un pouvoir libérateur à un peuple spirituellement affamé, dont le langage ne comportait pas de mot signifiant “ désintéressement ”.
 
(195.0) 195:3.4 Le christianisme tira son plus grand pouvoir de la manière dont ses croyants vécurent une vie de service, et même de la manière dont ils moururent pour leur foi durant les premiers temps de persécutions rigoureuses.
 
(195.0) 195:3.5 L’enseignement concernant l’amour du Christ pour les enfants mit bientôt fin à la pratique généralisée d’exposer à la mort les enfants qui n’étaient pas désirés, et particulièrement les filles.
 
(195.0) 195:3.6 Les premières formes de culte chrétien furent largement copiées sur celles des synagogues juives, modifiées par le rituel mithriaque. Plus tard, on y ajouta beaucoup d’apparat païen. Les Grecs christianisés, prosélytes du judaïsme, formaient l’ossature de l’Église chrétienne primitive.
 
(195.0) 195:3.7 Le deuxième siècle après le Christ fut le meilleur temps de toute l’histoire du monde pour qu’une bonne religion puisse progresser dans le monde occidental. Durant le premier siècle, le christianisme s’était préparé, par des luttes et des compromis, à prendre racine et à se répandre rapidement. Le christianisme adopta l’empereur, et plus tard l’empereur adopta le christianisme. C’était une grande époque pour la diffusion d’une nouvelle religion. On jouissait de la liberté religieuse, les voyages étaient universels et la pensée ne subissait pas d’entraves.
 
(195.0) 195:3.8 L’élan spirituel donné par l’acceptation nominale du christianisme hellénisé atteignit Rome trop tard pour empêcher son déclin moral bien amorcé ou pour compenser sa dégénérescence raciale déjà bien établie et croissante. Cette nouvelle religion était une nécessité culturelle pour la Rome impériale, et il est extrêmement malheureux qu’elle ne soit pas devenue un moyen de salut spirituel dans un sens plus large.
 
(195.0) 195:3.9 Même une bonne religion ne put sauver un grand empire des résultats certains du manque de participation des individus aux affaires du gouvernement, d’un excès de paternalisme, d’impôts exagérés comportant des abus grossiers dans leur recouvrement, d’un commerce déséquilibré avec le Levant qui drainait l’or, de la folie des plaisirs, de la standardisation romaine, de l’état dégradant où était tenue la femme, de la décadence raciale et de l’esclavage, des calamités physiques et d’une Église d’État qui devint à tel point une institution qu’elle frisa la stérilité spirituelle.
 
(195.0) 195:3.10 Les conditions n’étaient cependant pas aussi mauvaises à Alexandrie. Les premières écoles conservèrent beaucoup d’enseignements de Jésus, libres de compromis. Pantène enseigna Clément, puis suivit Nathanael aux Indes en proclamant le Christ. Bien que certains idéaux de Jésus aient été sacrifiés pour bâtir le christianisme, il faut constater en toute équité que, vers la fin du deuxième siècle, la quasi-totalité des grands penseurs du monde gréco-romain était devenue chrétienne. Le triomphe approchait de son parachèvement.
 
(195.0) 195:3.11 Et cet empire romain dura suffisamment longtemps pour assurer la survie du christianisme même après son propre effondrement. Nous avons souvent cherché à imaginer ce qui serait arrivé à Rome et dans le monde si l’évangile du royaume avait été adopté à la place du christianisme grec.
 
4. Les âges de ténèbres en Europe

 

(195.0) 195:4.1 Auxiliaire de la société et alliée de la politique, l’Église était condamnée à partager le déclin intellectuel et spirituel de ce qu’on appelle les “ âges de ténèbres ” européens. Durant cette époque, la religion prit un caractère de plus en plus monastique, ascétique et règlementaire. Au sens spirituel, le christianisme était en hibernation. À côté de cette religion sommeillante et sécularisée, il exista, durant toute cette période, un courant continu de mysticisme, une expérience spirituelle fantastique frisant l’irréel et philosophiquement parente du panthéisme.
 
(195.0) 195:4.2 Durant ces sombres siècles de désespoir, la religion redevint pratiquement de seconde main. Les individus étaient à peu près perdus devant l’autorité, la tradition et la mainmise de l’Église qui s’étendait sur tout. Une nouvelle menace spirituelle s’éleva par la création d’une galaxie de “ saints ” censés avoir une influence spéciale auprès des tribunaux divins ; en conséquence, si l’on savait faire efficacement appel à eux, ils devaient pouvoir intercéder en faveur des hommes auprès des Dieux.
 
(195.0) 195:4.3 Tout en restant impuissant à barrer la route aux âges des ténèbres qui arrivaient, le christianisme était suffisamment socialisé et paganisé pour survivre d’autant mieux à une période prolongée de ténèbres morales et de stagnation spirituelle. Et il subsista bel et bien durant la longue nuit de la civilisation occidentale et agissait encore en tant qu’influence morale dans le monde à l’aurore de la Renaissance. Après l’écoulement des âges de ténèbres, la réhabilitation du christianisme eut pour résultat de faire naitre de nombreuses sectes d’enseignements chrétiens dont les croyances étaient adaptées à des types spéciaux – intellectuels, émotionnels et spirituels – de personnalités humaines. Beaucoup de ces collectivités chrétiennes spéciales, ou familles religieuses, subsistent encore à l’époque où nous effectuons cette présentation.
 
(195.0) 195:4.4 L’histoire montre que le christianisme est né de la transformation involontaire de la religion de Jésus en une religion à propos de Jésus. Elle montre aussi que le christianisme a subi l’hellénisation, la paganisation, la sécularisation, l’institutionnalisme, la dépravation intellectuelle, la décadence spirituelle, l’hibernation morale, les menaces d’extinction, la régénérescence ultérieure, la fragmentation et, plus récemment, une réhabilitation relative. Ce curriculum dénote une vitalité qui lui est inhérente et la possession d’immenses facultés de récupération. Et ce même christianisme est actuellement présent dans le monde civilisé des peuples occidentaux, faisant face à une lutte pour la vie encore plus inquiétante que les mémorables crises caractéristiques de ses anciennes batailles pour la domination.
 
(195.0) 195:4.5 La religion est aujourd’hui confrontée au défi d’un nouvel âge de mentalité scientifique et de tendances matérialistes. Dans ce gigantesque conflit entre le temporel et le spirituel, la religion de Jésus finira par triompher.
 
5. Le problème moderne

 

(195.0) 195:5.1 Le vingtième siècle a apporté, au christianisme et à toutes les autres religions, de nouveaux problèmes à résoudre. Plus une civilisation s’élève, plus s’impose aux hommes le devoir impérieux de “ chercher d’abord les réalités célestes ” dans tous leurs efforts pour stabiliser la société et faciliter la solution de ses problèmes matériels.
 
(195.0) 195:5.2 Bien souvent la vérité devient confuse et même trompeuse quand elle est disséquée, fractionnée, isolée et trop analysée. La vérité vivante ne donne au chercheur un enseignement valable que si elle est embrassée dans sa totalité et en tant que réalité spirituelle vivante, et non pas comme un fait de la science matérielle ou une inspiration d’un art intermédiaire.
 
(195.0) 195:5.3 La religion est la révélation à l’homme de sa destinée divine et éternelle. La religion est une expérience purement personnelle et spirituelle ; elle doit perpétuellement être distinguée des autres formes supérieures de la pensée humaine telles que :
 
  (195.0) 195:5.4 1.L’attitude logique de l'homme envers les choses de la réalité matérielle.
 
  (195.0) 195:5.5 2.L’appréciation esthétique de la beauté par contraste avec la laideur.
 
  (195.0) 195:5.6 3.La reconnaissance éthique par l'homme des obligations sociales et du devoir politique.
 
  (195.0) 195:5.7 4.Même le sens de la moralité humaine n’est pas religieux en soi et par lui-même.
 
(195.0) 195:5.8 La religion est destinée à trouver dans l’univers les valeurs qui suscitent la foi, la confiance et l’assurance ; la religion culmine dans l’adoration. La religion découvre pour l’âme les valeurs suprêmes qui contrastent avec les valeurs relatives découvertes par le mental. On ne possède cette clairvoyance suprahumaine que par une expérience religieuse authentique.
 
(195.0) 195:5.9 Il n’est pas plus possible de maintenir un système social durable sans une moralité fondée sur des réalités spirituelles que de maintenir le système solaire sans la gravité.
 
(195.0) 195:5.10 N’essayez ni de satisfaire la curiosité ni de contenter tous les désirs latents d’aventure qui surgissent dans l’âme pendant la courte durée d’une vie dans la chair. Soyez patients ! Ne cédez pas à la tentation de vous plonger dans le dérèglement des aventures vulgaires et sordides. Domptez vos énergies et réfrénez vos passions. Soyez calmes en attendant le déroulement majestueux d’une carrière sans fin d’aventures progressives et de découvertes passionnantes.
 
(195.0) 195:5.11 Dans la confusion sur l’origine de l’homme, ne perdez pas de vue sa destinée éternelle. N’oubliez pas que Jésus aimait même les petits enfants, et qu’il montra, clairement et à tout jamais, la grande valeur de la personnalité humaine.
 
(195.0) 195:5.12 En observant le monde, rappelez-vous que les taches sombres du mal que vous voyez ressortent sur un arrière-plan clair de bien ultime. Vous ne voyez pas simplement le bien sous forme de taches blanches ressortant misérablement sur un noir arrière-plan de mal.
 
(195.0) 195:5.13 Quand il y a tant de vérités bonnes à publier et à proclamer, pourquoi les hommes devraient-ils prêter tant d’attention au mal dans le monde simplement parce que le mal apparait comme un fait ? Les belles valeurs spirituelles de la vérité sont plus agréables et exaltantes que le phénomène du mal.
 
(195.0) 195:5.14 En religion, Jésus recommanda et suivit la méthode de l’expérience, de même que la science moderne poursuit la technique expérimentale. Nous trouvons Dieu par les directives de la clairvoyance spirituelle, mais nous approchons cette clairvoyance de l’âme par l’amour du beau, la poursuite de la vérité, la fidélité au devoir et l’adoration de la divine bonté. Mais, parmi toutes ces valeurs, l’amour est le véritable guide vers la clairvoyance réelle.
 
6. Le matérialisme

 

(195.0) 195:6.1 Les scientifiques ont involontairement précipité l’humanité dans un affolement matérialiste. Ils ont déclenché une ruée irréfléchie sur la banque morale des âges, mais cette banque de l’expérience humaine dispose de vastes ressources spirituelles et peut faire face aux demandes qui lui sont présentées. Seuls les irréfléchis s’affolent au sujet des actifs spirituels de la race humaine. Quand l’affolement matérialiste-laïque aura passé, la religion de Jésus n’aura pas fait banqueroute. La banque spirituelle du royaume des cieux fera des paiements de foi, d’espérance et de sécurité morale à tous ceux qui auront recours à elle “ en Son nom ”.
 
(195.0) 195:6.2 Quel que puisse être le conflit apparent entre le matérialisme et les enseignements de Jésus, vous pouvez être assurés que les enseignements du Maitre triompheront pleinement au cours des âges à venir. En réalité, il ne peut se produire aucune controverse entre la vraie religion et la science, car la première ne s’occupe aucunement des choses matérielles. La religion observe simplement vis-à-vis de la science une neutralité bienveillante, tandis qu’elle s’intéresse suprêmement au savant.
 
(195.0) 195:6.3 La poursuite de la simple connaissance, quand elle n’est accompagnée ni de l’interprétation par la sagesse ni de la clairvoyance spirituelle due à l’expérience religieuse, conduit finalement au pessimisme et au désespoir humain. Une connaissance limitée est vraiment déconcertante.
 
(195.0) 195:6.4 À l’époque du présent écrit, les pires moments de l’âge matérialiste sont passés ; l’aube d’une meilleure compréhension commence déjà à poindre. Ceux qui, dans le monde scientifique, disposent d’un mental supérieur, ont cessé d’avoir une philosophie entièrement matérialiste, mais le commun du peuple incline toujours dans cette direction par suite des enseignements antérieurs. Toutefois, cet âge de réalisme physique n’est qu’un épisode transitoire dans la vie de l’homme sur terre. La science moderne a laissé intacte la vraie religion : les enseignements de Jésus traduits dans la vie de ceux qui croient en lui. Tout l’accomplissement de la science a consisté à détruire les illusions enfantines des fausses interprétations de la vie.
 
(195.0) 195:6.5 En ce qui concerne la vie de l’homme sur terre, la science est une expérience quantitative, et la religion une expérience qualitative. La science s’occupe des phénomènes ; la religion des origines, des valeurs et des buts. Mettre en avant des causes pour expliquer des phénomènes physiques, c’est confesser son ignorance des ultimes, et ne peut en fin de compte que ramener le savant à la grande cause première – le Père Universel du Paradis.
 
(195.0) 195:6.6 Le passage violent d’un âge de miracles à un âge de machines s’est révélé tout à fait déroutant pour l’homme. Le fait que les fausses philosophies mécanistes déploient de l’ingéniosité et de la dextérité dément leur prétention d’être exclusivement mécanistes. L’agilité fataliste du mental d’un matérialiste contredit perpétuellement ses affirmations que l’univers est un phénomène énergétique aveugle et sans but.
 
(195.0) 195:6.7 Le naturalisme mécaniste de certains hommes supposés instruits et la laïcité inconsidérée de l’homme de la rue s’occupent tous deux exclusivement de choses ; ils sont dénués de toute vraie valeur, sanction ou satisfaction de nature spirituelle, et sont également dépourvus de foi, d’espérance et d’assurances éternelles. L’une des grandes difficultés de la vie moderne est que l’homme se croit trop occupé pour trouver le temps nécessaire à la méditation spirituelle et à la dévotion religieuse.
 
(195.0) 195:6.8 Le matérialisme réduit l’homme à l’état d’automate sans âme, et fait simplement de lui un symbole arithmétique placé sans pouvoir dans la formule mathématique d’un univers mécaniste et dépourvu de romanesque. Mais d’où vient donc cet immense univers de mathématiques sans un Maitre Mathématicien ? La science peut disserter sur la conservation de la matière, mais la religion valide la conservation des âmes humaines – elle concerne leur expérience avec des réalités spirituelles et des valeurs éternelles.
 
(195.0) 195:6.9 Le sociologue matérialiste contemporain observe une communauté, fait un rapport à son sujet et laisse les gens tels qu’il les a trouvés. Il y a dix-neuf-cents ans, des Galiléens sans instruction observèrent Jésus donnant sa vie comme contribution spirituelle à l’expérience intérieure de l’homme et ensuite ils sortirent de Galilée et mirent sens dessus dessous tout l’empire romain.
 
(195.0) 195:6.10 Mais les dirigeants religieux commettent une grave erreur en essayant d’appeler l’homme moderne à la bataille spirituelle au son des trompettes du Moyen Âge. La religion doit se pourvoir elle-même de slogans nouveaux et modernes. Ni la démocratie ni aucune autre panacée politique ne remplaceront le progrès spirituel. Les fausses religions peuvent représenter une évasion hors de la réalité, mais, dans son évangile, Jésus a présenté à l’homme mortel la véritable entrée dans une réalité éternelle de progression spirituelle.
 
(195.0) 195:6.11 Dire que le mental “ émergea ” de la matière n’explique rien. Si l’univers était simplement un mécanisme et si le mental était solidaire de la matière, nous n’aurions jamais deux interprétations différentes d’un même phénomène observé. Les concepts de vérité, de beauté et de bonté ne sont inhérents ni à la physique ni à la chimie. Une machine ne peut pas connaitre, et encore bien moins connaitre la vérité, avoir soif de droiture et chérir la bonté.
 
(195.0) 195:6.12 La science peut être physique, mais le mental du savant discernant la vérité est instantanément supramatériel. La matière ne connait pas la vérité ; elle ne peut non plus aimer la miséricorde ni prendre plaisir aux réalités spirituelles. Les convictions morales basées sur l’illumination spirituelle et enracinées dans l’expérience humaine sont tout aussi réelles et certaines que les déductions mathématiques basées sur des observations physiques, mais elles se situent sur un niveau différent et plus élevé.
 
(195.0) 195:6.13 Si les hommes n’étaient que des machines, ils réagiraient plus ou moins uniformément à un univers matériel. L’individualité n’existerait pas, et la personnalité encore bien moins.
 
(195.0) 195:6.14 Le fait du mécanisme absolu du Paradis au centre de l’univers des univers en présence de la volition sans réserve de la Source-Centre Deuxième rend certain pour toujours que les causes déterminantes ne sont pas la loi exclusive du cosmos. Le matérialisme est là, mais il n’est pas exclusif. Le mécanisme est là, mais il n’est pas sans réserve. Le déterminisme est là, mais il n’est pas seul.
 
(195.0) 195:6.15 L’univers fini de la matière deviendrait finalement uniforme et déterministe s’il n’y avait pas la présence conjuguée du mental et de l’esprit. L’influence du mental cosmique injecte constamment de la spontanéité, même dans les mondes matériels.
 
(195.0) 195:6.16 Dans tout domaine d’existence, la liberté ou l’initiative est directement proportionnelle au degré d’influence spirituelle et de contrôle du mental cosmique, c’est-à-dire, dans l’expérience humaine, au degré auquel on se conforme effectivement à “ la volonté du Père ”. Donc, une fois que vous êtes parti à la recherche de Dieu, c’est la preuve concluante que Dieu vous a déjà trouvé.
 
(195.0) 195:6.17 La poursuite sincère de la bonté, de la beauté et de la vérité conduit à Dieu. Toute découverte scientifique démontre l’existence simultanée de la liberté et de l'uniformité dans l’univers. L’inventeur était libre de faire sa découverte. La chose découverte est réelle et apparemment uniforme, car autrement elle n’aurait pu être connue en tant que chose.
 
7. La vulnérabilité du matérialisme

 

(195.0) 195:7.1 Combien l’homme à mentalité matérielle est insensé de permettre à des théories aussi vulnérables que celles d’un univers mécaniste de le priver des immenses ressources spirituelles de l’expérience personnelle de la vraie religion. Les faits ne sont jamais en contradiction avec la véritable foi spirituelle ; les théories peuvent l’être. La science ferait mieux de se consacrer à détruire la superstition plutôt qu’à essayer de ruiner la foi religieuse : la croyance humaine aux réalités spirituelles et aux valeurs divines.
 
(195.0) 195:7.2 La science devrait faire matériellement pour l’homme ce que la religion fait spirituellement pour lui : étendre l’horizon de la vie et agrandir sa personnalité. La vraie science ne peut avoir de querelle durable avec la vraie religion. La “ méthode scientifique ” est simplement un étalon intellectuel pour mesurer les aventures matérielles et les accomplissements physiques. Mais, étant matérielle et entièrement intellectuelle, cette méthode ne sert absolument à rien pour évaluer les réalités spirituelles et les expériences religieuses.
 
(195.0) 195:7.3 L’illogisme du mécaniste moderne est le suivant : si notre univers était simplement matériel et l’homme seulement une machine, cet homme serait entièrement incapable de se reconnaitre en tant que machine ; de même un tel homme-machine serait entièrement inconscient du fait qu’un tel univers matériel existe. Dans sa consternation et son désespoir matérialiste, la science mécaniste n’a pas réussi à reconnaitre le fait que le mental du savant est habité par l’esprit, or, c’est la perspicacité supramatérielle de ce même savant qui formule ces concepts erronés et contradictoires en soi d’un univers matérialiste.
 
(195.0) 195:7.4 Les valeurs paradisiaques d’éternité et d’infinité, de vérité, de beauté et de bonté, sont dissimulées dans les faits des phénomènes des univers du temps et de l’espace. Mais il faut l’œil de la foi chez un mortel né d’esprit pour détecter et discerner ces valeurs spirituelles.
 
(195.0) 195:7.5 Les réalités et les valeurs du progrès spirituel ne sont pas une “ projection psychologique ” – un simple rêve éveillé et glorifié du mental matériel. Ces choses sont les prévisions spirituelles de l’Ajusteur intérieur, l’esprit de Dieu vivant dans le mental de l’homme. Ne laissez pas les quelques notions que vous avez au sujet des découvertes faiblement entrevues de la “ relativité ” troubler vos concepts de l’éternité et de l’infinité de Dieu. Et, chaque fois que vous êtes pressés par la nécessité d’exprimer votre moi, ne commettez pas la faute d’omettre l’expression de l’Ajusteur, la manifestation de votre réel et meilleur moi.
 
(195.0) 195:7.6 Si cet univers était uniquement matériel, l’homme matériel ne serait jamais capable de parvenir au concept du caractère mécaniste d’une telle existence exclusivement matérielle. Ce même concept mécaniste de l’univers est en lui-même un phénomène non matériel du mental, et tout mental est d’origine non matérielle, indépendamment du fait qu’il puisse apparaitre comme complètement conditionné matériellement et contrôlé mécaniquement.
 
(195.0) 195:7.7 Le mécanisme mental partiellement évolué de l’homme mortel n'est pas surdoué en sagesse et en logique. La vanité de l’homme dépasse souvent sa raison et échappe à sa logique.
 
(195.0) 195:7.8 C’est précisément le pessimisme du matérialiste le plus pessimiste qui est, en soi et par lui-même, une preuve suffisante que l’univers du pessimiste n’est pas entièrement matériel. L’optimisme et le pessimisme sont tous deux des réactions conceptuelles dans un mental conscient des valeurs aussi bien que des faits. Si l’univers était vraiment conforme à la conception des matérialistes, alors l’homme, en tant que machine humaine, serait privé de toute reconnaissance consciente de ce fait. Sans la conscience du concept de valeurs dans le mental né d’esprit, l’homme ne pourrait aucunement reconnaitre le fait du matérialisme universel ni les phénomènes machinaux du fonctionnement de l’univers. Une machine ne peut être consciente de la nature ni de la valeur d’une autre machine.
 
(195.0) 195:7.9 Une philosophie mécaniste de la vie et de l’univers ne saurait être scientifique, parce que la science ne reconnait et ne traite que des objets matériels et des faits. La philosophie est inévitablement suprascientifique. L’homme est un fait matériel de la nature, mais sa vie est un phénomène qui en transcende les niveaux matériels, en ce sens qu’elle déploie les attributs contrôlants du mental et les qualités créatives de l’esprit.
 
(195.0) 195:7.10 L’effort sincère de l’homme pour devenir mécaniste représente le phénomène tragique de sa futile tentative pour se suicider intellectuellement et moralement. Mais il ne peut y parvenir.
 
(195.0) 195:7.11 Si l’univers était uniquement matériel et l’homme uniquement une machine, il n’y aurait pas de science enhardissant les savants à postuler la mécanisation de l’univers. Les machines ne peuvent ni se mesurer, ni se classifier, ni s’évaluer elles-mêmes. Cette œuvre scientifique ne pourrait être exécutée que par une entité ayant statut supramachinal.
 
(195.0) 195:7.12 Si la réalité de l’univers n’est qu’une immense mécanique, alors il faut que l’homme soit extérieur à l’univers et séparé de lui pour reconnaitre ce fait et devenir conscient de la perspicacité de cette évaluation.
 
(195.0) 195:7.13 Si l’homme n’est qu’une machine, par quelle technique parvient-il à croire ou à prétendre savoir qu’il est seulement une machine ? L’expérience de s’évaluer consciemment soi-même n’est jamais l’attribut d’une simple machine. Un mécaniste avoué et conscient de soi constitue la meilleure réponse possible au mécanisme. Si le matérialisme était un fait, il ne pourrait exister de mécaniste conscient de soi. Il est également vrai qu’il faut d’abord être une personne morale avant de pouvoir accomplir des actes immoraux.
 
(195.0) 195:7.14 La seule prétention du matérialisme implique une conscience supramatérielle du mental qui se permet d’affirmer ce dogme. Un mécanisme peut se détériorer, mais ne peut jamais progresser. Les machines ne peuvent ni penser, ni créer, ni rêver, ni aspirer à quelque chose, ni idéaliser, ni avoir faim de vérité ou soif de droiture. Elles ne motivent pas leur vie par la passion de servir d’autres machines et de choisir, pour but de progression éternelle, la tâche sublime de trouver Dieu et de s’efforcer de lui ressembler. Les machines ne sont jamais intellectuelles, émotives, esthétiques, éthiques, morales, ni spirituelles.
 
(195.0) 195:7.15 L’art prouve que l’homme n’est pas une machine, mais ne prouve pas qu’il soit spirituellement immortel. L’art est la morontia du mortel, le domaine intermédiaire entre l’homme matériel et l’homme spirituel. La poésie est un effort pour échapper aux réalités matérielles et s’approcher des valeurs spirituelles.
 
(195.0) 195:7.16 Dans une haute civilisation, l’art humanise la science, et à son tour il est spiritualisé par la vraie religion – la clairvoyance des valeurs spirituelles et éternelles. L’art représente l’évaluation humaine de la réalité dans l’espace-temps. La religion est l’emprise divine des valeurs cosmiques et implique une progression éternelle dans l’ascension et l’expansion spirituelles. L’art temporel n’est dangereux que s’il devient aveugle aux étalons spirituels des archétypes divins que l’éternité reflète en tant qu’ombres de réalité du temps. L’art véritable est la manipulation efficace des choses matérielles de la vie ; la religion est la transformation ennoblissante des faits matériels de la vie et ne cesse jamais d’évaluer l’art du point de vue spirituel.
 
(195.0) 195:7.17 Combien il est stupide de supposer qu’un automate pourrait concevoir une philosophie de l’automatisme, et ridicule de penser qu’il pourrait prétendre se former un tel concept de ses compagnons automates !
 
(195.0) 195:7.18 Toute interprétation scientifique de l’univers matériel est sans valeur, à moins qu’elle ne comporte la due récognition du savant. Nulle appréciation de l’art n’est authentique si elle ne reconnait pas l’artiste. Nulle évaluation de la morale n’est valable à moins d’inclure le moraliste. Nulle récognition de la philosophie n’est édifiante si elle ignore le philosophe. Quant à la religion, elle ne peut exister sans l’expérience réelle du religioniste qui, dans cette expérience même et à travers elle, cherche à trouver Dieu et à le connaitre. Similairement, l’univers des univers est dépourvu de signification en dehors du JE SUIS, le Dieu infini qui l’a créé et qui l’administre sans cesse.
 
(195.0) 195:7.19 Les mécanistes – les humanistes – tendent à dériver avec les courants matériels. Les idéalistes et les spiritualistes osent employer leurs forces avec intelligence et vigueur pour modifier le cours, en apparence purement matériel, des circuits d’énergie.
 
(195.0) 195:7.20 La science vit par les mathématiques du mental. La musique exprime la cadence des émotions. La religion est le rythme spirituel de l’âme en harmonie spatiale-temporelle avec la mélodie des mesures supérieures et éternelles de l’Infinité. L’expérience religieuse est quelque chose de vraiment supramathématique dans la vie humaine.
 
(195.0) 195:7.21 Dans le langage, l’alphabet représente le mécanisme du matérialisme, tandis que les mots qui expriment la signification de mille pensées, grandes idées et nobles idéaux – d’amour et de haine, de lâcheté et de courage – représentent les accomplissements du mental opérant dans les limites de la loi tant matérielle que spirituelle ; ces accomplissements du mental étant dirigés par l’affirmation de la volonté de la personnalité et limités par les dotations inhérentes à la situation.
 
(195.0) 195:7.22 L’univers ne ressemble pas aux lois, mécanismes et constantes que les savants découvrent et qu’ils finissent par considérer comme la science. Il ressemble plutôt au savant curieux, pensant, choisissant, créant, combinant et discriminant, qui observe ainsi les phénomènes de l’univers et classifie les faits mathématiques inhérents aux phases machinales de l’aspect matériel de la création. L’univers ne ressemble pas non plus à l’effet artistique, mais plutôt à l’artiste qui travaille, rêve, élève ses pensées, progresse et cherche à transcender le monde des choses matérielles par un effort pour atteindre un but spirituel.
 
(195.0) 195:7.23 C’est le savant, et non la science, qui perçoit la réalité d’un univers d’énergie et de matière en évolution et en progrès. C’est l’artiste, et non l’art, qui démontre l’existence du monde morontiel transitoire interposé entre l’existence matérielle et la liberté spirituelle. C’est le religioniste, et non la religion, qui prouve l’existence des réalités d’esprit et des valeurs divines que l’on sera amené à rencontrer au cours du progrès dans l’éternité.
 
8. Le totalitarisme laïque

 

(195.0) 195:8.1 Mais, même après que le matérialisme et le machinisme auront été plus ou moins vaincus, l’influence dévastatrice du laïcisme du vingtième siècle flétrira encore l’expérience spirituelle de millions d’âmes candides.
 
(195.0) 195:8.2 Le laïcisme moderne a été nourri par deux influences mondiales. Le père du laïcisme fut l’étroitesse de pensée et l’attitude impie de ce que l’on appelle la science du dix-neuvième et du vingtième siècles – la science athée. La mère du laïcisme moderne fut l’Église chrétienne totalitaire du Moyen Âge. Le laïcisme débuta comme une protestation contre la domination à peu près complète de la civilisation occidentale par l’Église chrétienne transformée en institution.
 
(195.0) 195:8.3 À l’époque de la présente révélation, le climat intellectuel et philosophique prévalant à la fois dans la vie européenne et la vie américaine est nettement laïque – humaniste. Au cours des trois derniers siècles, la pensée occidentale a été progressivement laïcisée. La religion est devenue de plus en plus une influence nominale, et largement un exercice rituel. En majorité, ceux qui s’avouent chrétiens dans la civilisation occidentale sont en fait, sans le savoir, des laïcs.
 
(195.0) 195:8.4 Il a fallu un grand pouvoir, une puissante influence, pour libérer la pensée et la vie des peuples occidentaux de l’emprise desséchante d’une domination ecclésiastique totalitaire. Le laïcisme a effectivement brisé les entraves du contrôle de l’Église, et il menace maintenant à son tour d’établir un nouveau type de domination athée sur le cœur et le mental de l’homme moderne. L’État politique tyrannique et dictatorial est le rejeton direct du matérialisme scientifique et du laïcisme philosophique. À peine la laïcité a-t-elle libéré l’homme de la domination de l’Église passée au rang d’institution, qu’elle le vend comme esclave servile à l’État totalitaire. Le laïcisme ne libère l’homme de la servitude ecclésiastique que pour le trahir en le livrant à la tyrannie de l’esclavage politique et économique.
 
(195.0) 195:8.5 Le matérialisme renie Dieu ; le laïcisme se borne à l’ignorer ; tout au moins ce fut son attitude primitive. Plus récemment, le laïcisme a pris une attitude plus militante, prétendant prendre la place de la religion de servitude totalitaire à laquelle il avait jadis résisté. Le laïcisme du vingtième siècle tend à affirmer que l’homme n’a pas besoin de Dieu. Mais attention ! Cette philosophie athée de la société humaine ne conduira qu’à des troubles, à l’animosité, au malheur, à la guerre et à des désastres à l’échelle mondiale.
 
(195.0) 195:8.6 Le laïcisme ne peut jamais apporter la paix à l’humanité. Rien ne peut remplacer Dieu dans la société humaine. Mais prenez bien garde ! Ne vous hâtez pas d’abandonner les bénéfices de la révolte laïque qui vous a dégagés du totalitarisme ecclésiastique. La civilisation occidentale jouit aujourd’hui de beaucoup de libertés et de satisfactions qui proviennent de la révolte laïque. La grande erreur du laïcisme fut la suivante : en se révoltant contre le contrôle à peu près total de la vie par l’autorité religieuse, et après s’être libérés de cette tyrannie ecclésiastique, les laïcistes ont poursuivi leur activité en instituant une révolte contre Dieu lui-même, parfois tacitement, parfois ouvertement.
 
(195.0) 195:8.7 C’est à la révolte laïque que vous devez la stupéfiante créativité de l’industrie américaine et le progrès matériel sans précédent de la civilisation occidentale. Et, parce que la révolte laïque est allée trop loin, et a perdu de vue Dieu et la vraie religion, il s’en est suivi une moisson inattendue de guerres mondiales et d’instabilité internationale.
 
(195.0) 195:8.8 Il n’est pas nécessaire de sacrifier la foi en Dieu pour jouir des bienfaits de la révolte laïque moderne : tolérance, service social, gouvernement démocratique et libertés civiles. Il n’était pas indispensable aux laïcs de s’opposer à la vraie religion pour promouvoir la science et faire progresser l’éducation.
 
(195.0) 195:8.9 Mais le laïcisme n’est pas le seul auteur de tous les gains récents dans l’épanouissement de la vie. Derrière les gains du vingtième siècle, il y a non seulement la science et le laïcisme, mais aussi l’action spirituelle de la vie et des enseignements de Jésus de Nazareth qui ne sont ni reconnus ni pris en considération.
 
(195.0) 195:8.10 Sans Dieu, sans religion, le laïcisme scientifique ne pourra jamais coordonner ses forces ni harmoniser ses divergences et rivalités d’intérêts, de races et de nationalismes. Malgré ses accomplissements matérialistes incomparables, cette société humaine laïcisée se désintègre lentement. La principale force de cohésion résistant à cette désintégration d’antagonismes est le nationalisme. Or, le nationalisme est le principal obstacle à la paix mondiale.
 
(195.0) 195:8.11 La faiblesse inhérente au laïcisme vient de ce qu’il rejette la morale et la religion en faveur de la politique et du pouvoir. Il est tout simplement impossible d’établir la fraternité des hommes en ignorant ou en reniant la paternité de Dieu.
 
(195.0) 195:8.12 L’optimisme laïque en matière sociale et politique est une illusion. Sans Dieu, ni la libération et la liberté, ni les biens et la richesse n’apporteront la paix.
 
(195.0) 195:8.13 La laïcisation complète de la science, de l’éducation, de l’industrie et de la société ne peut conduire qu’au désastre. Durant le premier tiers du vingtième siècle, les Urantiens ont tué plus d’hommes que durant les dix-neuf premiers siècles de la dispensation chrétienne. Et ce n’est que le commencement de l’affreuse moisson du matérialisme et du laïcisme ; des destructions plus terribles sont encore à venir.
 
9. Le problème du christianisme

 

(195.0) 195:9.1 Ne négligez pas la valeur de votre héritage spirituel, le fleuve de vérité coulant à travers les siècles, même jusqu’à l’époque stérile d’un âge matérialiste et laïc. Dans tous vos valeureux efforts pour vous débarrasser des crédos superstitieux des âges passés, assurez-vous que vous retenez fermement la vérité éternelle. Mais soyez patients ! Quand la présente révolte contre la superstition aura pris fin, les vérités de l’évangile de Jésus persisteront glorieusement pour illuminer une voie nouvelle et meilleure.
 
(195.0) 195:9.2 Mais le christianisme paganisé et socialisé a besoin d’un nouveau contact avec les enseignements sans compromis de Jésus ; il languit faute d’une vision neuve de la vie du Maitre sur terre. Une révélation nouvelle et plus complète de la religion de Jésus est destinée à triompher d’un empire de laïcisme matérialiste et à renverser un courant mondial de naturalisme mécaniste. Urantia frémit maintenant au bord même d’une de ses époques les plus stupéfiantes et passionnantes de rajustement social, de stimulation morale et d’illumination spirituelle.
 
(195.0) 195:9.3 Même grandement modifiés, les enseignements de Jésus ont survécu aux cultes des mystères de leur époque natale, à l’ignorance et à la superstition des âges de ténèbres ; et, en ce moment même, ils triomphent lentement du matérialisme, du machinisme et du laïcisme du vingtième siècle. Et de telles époques de grandes épreuves et de défaites menaçantes sont toujours des périodes de grande révélation.
 
(195.0) 195:9.4 La religion a besoin de nouveaux dirigeants, d’hommes et de femmes spirituels qui oseront dépendre uniquement de Jésus et de ses incomparables enseignements. Si le christianisme persiste à négliger sa mission spirituelle tout en continuant à s’occuper des problèmes sociaux et matériels, il faudra que la renaissance spirituelle attende la venue de ces nouveaux instructeurs de la religion de Jésus qui se consacreront exclusivement à la régénération spirituelle des hommes. Alors, ces âmes nées d’esprit fourniront rapidement les directives et l’inspiration nécessaires à la réorganisation sociale, morale, économique et politique du monde.
 
(195.0) 195:9.5 L’âge moderne refusera d’accepter une religion incompatible avec les faits et qui ne s’harmonise pas avec ses conceptions les plus élevées de la vérité, de la beauté et de la bonté. L’heure est venue de redécouvrir les vrais fondements originels du christianisme aujourd’hui déformé et plein de compromis – la vie et les enseignements réels de Jésus.
 
(195.0) 195:9.6 L’homme primitif vivait une vie d’asservissement superstitieux à la peur religieuse. L’homme civilisé moderne redoute de tomber sous la domination de fortes convictions religieuses. L’homme réfléchi a toujours craint d’être tenu par une religion. Quand une religion forte et active menace de le dominer, il tente invariablement de la rationaliser, d’en faire une tradition et de la transformer en une institution, dans l’espoir de pouvoir ainsi la contrôler. Par ce processus, même une religion révélée devient une croyance établie et dominée par des hommes. Les hommes et les femmes modernes et intelligents fuient la religion de Jésus par crainte de ce qu’elle leur fera – et de ce qu’elle fera d’eux. Et toutes ces craintes sont bien fondées. En vérité, la religion de Jésus domine et transforme ses fidèles ; elle exige que les hommes consacrent leur vie à rechercher la connaissance de la volonté du Père qui est aux cieux et demande que les énergies de la vie soient affectées au service désintéressé de la fraternité des hommes.
 
(195.0) 195:9.7 Tout simplement, les hommes et les femmes égoïstes ne veulent pas payer ce prix, même en échange du plus grand trésor spirituel qui ait jamais été offert à l'homme mortel. Il faut attendre que l’homme ait été suffisamment désillusionné par les tristes déceptions accompagnant la poursuite insensée et trompeuse de l’égoïsme, et qu’il ait découvert la stérilité de la religion formaliste. C’est alors seulement qu’il sera disposé à se tourner de tout cœur vers l’évangile du royaume, la religion de Jésus de Nazareth.
 
(195.0) 195:9.8 Le monde a besoin d’une religion de première main. Même le christianisme – la meilleure religion du vingtième siècle – n’est pas seulement une religion à propos de Jésus, mais il est largement une religion que les hommes expérimentent de seconde main. Ils prennent leur religion intégralement telle qu’elle leur est transmise par leurs instructeurs religieux reconnus. De quel réveil le monde ferait l’expérience si seulement il pouvait voir Jésus tel qu’il a réellement vécu sur terre et connaitre de première main ses enseignements donnant la vie ! Des mots décrivant de belles choses ne peuvent passionner autant que la vue de ces choses ; les mots d’un crédo ne peuvent pas non plus inspirer les âmes humaines comme l’expérience de connaitre la présence de Dieu. Cependant, la foi attentive gardera toujours ouverte la porte d’espérance de l’âme humaine pour laisser entrer les éternelles réalités spirituelles des valeurs divines des mondes de l’au-delà.
 
(195.0) 195:9.9 Le christianisme a osé abaisser ses idéaux devant le défi lancé par l’avidité humaine, la folie guerrière et la convoitise du pouvoir. Mais la religion de Jésus subsiste comme la convocation spirituelle immaculée et transcendante ; elle appelle ce qu’il y a de meilleur dans l’homme à s’élever au-dessus de tous ces héritages de l’évolution animale, et à atteindre par la grâce les hauteurs morales de la véritable destinée humaine.
 
(195.0) 195:9.10 Le christianisme est menacé de mort lente par le formalisme, l’excès d’organisation, l’intellectualisme et d’autres tendances non spirituelles. L’Église chrétienne moderne n’est pas une fraternité de croyants dynamiques comme celle que Jésus avait chargée d’effectuer la transformation spirituelle continue des générations successives de l’humanité.
 
(195.0) 195:9.11 Ce qu’on appelle christianisme est devenu un mouvement social et culturel autant qu’une croyance et une pratique religieuse. Le courant du christianisme moderne draine un bon nombre d’anciens marécages païens et bien des marais du barbarisme. Beaucoup d’anciens bassins culturels s’écoulent dans le courant culturel d’aujourd’hui en même temps que les cours d’eau venant des hauts plateaux de Galilée, qui sont censés être sa source exclusive.
 
10. L’avenir

(195.0) 195:10.1 En vérité, le christianisme a rendu un grand service à ce monde, mais maintenant, ce dont le monde a le plus besoin, c’est de Jésus. Le monde a besoin de voir Jésus vivre de nouveau sur terre dans l’expérience des mortels nés d’esprit qui révèlent effectivement le Maitre à tous les hommes. Il est futile de parler d’une renaissance du christianisme primitif ; il faut avancer en partant du point où l’on se trouve. Il faut que la culture moderne soit spirituellement baptisée d’une nouvelle révélation de la vie de Jésus et illuminée par une nouvelle compréhension de son évangile de salut éternel. Et, quand Jésus sera ainsi élevé, il attirera tous les hommes à lui. Davantage encore que des conquérants, les disciples de Jésus devraient être pour l’humanité des sources débordantes d’inspiration et de vie rehaussée. La religion n’est qu’un humanisme exalté jusqu’à ce qu’elle soit rendue divine par la découverte de la réalité de la présence de Dieu dans l’expérience personnelle.
 
(195.0) 195:10.2 La beauté et la sublimité de la vie de Jésus sur terre, son humanité et sa divinité, sa simplicité et son caractère unique présentent une image si frappante et si attirante du salut des hommes et de la révélation de Dieu, que les théologiens et les philosophes de toutes les époques devraient être efficacement empêchés de formuler des crédos et créer des systèmes théologiques de servitude spirituelle en partant de cette effusion transcendantale de Dieu sous la forme de l’homme. En Jésus, l’univers a produit un homme mortel en qui l’esprit d’amour a vaincu les handicaps matériels du temps et triomphé du fait de son origine physique.
 
(195.0) 195:10.3 Souvenez-vous toujours que Dieu et l’homme ont besoin l’un de l’autre. Ils sont mutuellement nécessaires pour l’aboutissement final et complet de l’expérience de la personnalité éternelle dans la destinée divine de la finalité de l’univers.
 
(195.0) 195:10.4 “ Le royaume de Dieu est en vous. ” C’est probablement la plus grande proclamation que Jésus ait jamais faite, après la déclaration que son Père est un esprit vivant et aimant.
 
(195.0) 195:10.5 Pour gagner des âmes au Maitre, ce n’est pas la première lieue parcourue par obligation, devoir ou convention qui transformera l’homme et son monde, mais plutôt la seconde lieue de service libre et de dévotion aimant la liberté ; elle dénote que le jésusonien a tendu la main à la manière de Jésus pour saisir son frère avec amour et l’amener, sous gouverne spirituelle, vers le but supérieur et divin de l’existence de mortel. Même aujourd’hui, le christianisme parcourt volontiers la première lieue, mais l’humanité languit et marche en trébuchant dans les ténèbres morales parce qu’il y a trop peu de disciples authentiquement prêts à parcourir la seconde lieue – trop peu de partisans avoués de Jésus qui vivent et aiment réellement comme il enseigna à ses disciples à vivre, aimer et servir.
 
(195.0) 195:10.6 L’appel à l’aventure consistant à construire une société humaine nouvelle et transformée, par la renaissance spirituelle de la fraternité du royaume de Jésus, devrait passionner tous ceux qui croient en lui et leur inspirer des sentiments plus vifs que les hommes n’en ont jamais ressenti depuis l’époque où, sur terre, ils parcouraient le pays comme ses compagnons dans la chair.
 
(195.0) 195:10.7 Nul système social ou régime politique niant la réalité de Dieu ne peut contribuer d’une manière constructive et durable à l’avancement de la civilisation humaine. Mais le christianisme, tel qu’il est aujourd’hui subdivisé et laïcisé, présente le plus grand de tous les obstacles à la poursuite du progrès de l’humanité ; cela est spécialement vrai en ce qui concerne l’Orient.
 
(195.0) 195:10.8 La domination ecclésiastique est immédiatement et éternellement incompatible avec cette foi vivante, cet esprit croissant et cette expérience de première main des camarades de Jésus dans la foi en la fraternité des hommes dans l’association spirituelle du royaume des cieux. Le désir louable de préserver la tradition des accomplissements passés conduit souvent à défendre des systèmes d’adoration périmés. Le désir bien intentionné d’entretenir d’anciens systèmes de pensée empêche efficacement de parrainer des méthodes et moyens nouveaux et appropriés destinés à satisfaire les ardents désirs spirituels du mental en développement et en progrès de l’homme moderne. De même, les Églises chrétiennes du vingtième siècle se dressent comme des obstacles immenses, mais d’une manière totalement inconsciente, devant le progrès immédiat du véritable évangile – les enseignements de Jésus de Nazareth.
 
(195.0) 195:10.9 Bien des personnes sérieuses, qui seraient heureuses d’offrir leur fidélité au Christ de l’évangile, trouvent très difficile de soutenir avec enthousiasme une Église qui tient si peu compte de l’esprit de sa vie et de ses enseignements, et dont il leur a été dit, à tort, qu’elle avait été fondée par lui. Jésus n’est pas le fondateur de ladite Église chrétienne, mais, de toutes les manières compatibles avec sa nature, il l’a entretenue comme le meilleur porte-parole existant de l’œuvre de sa vie sur terre.
 
(195.0) 195:10.10 Si l’Église chrétienne osait seulement adopter le programme du Maitre, des milliers de jeunes, apparemment indifférents, se précipiteraient pour s’enrôler dans une telle entreprise spirituelle et n’hésiteraient pas à aller jusqu’au bout dans cette grande aventure.
 
(195.0) 195:10.11 Le christianisme est sérieusement confronté à la condamnation incorporée dans un de ses propres slogans : “ Une maison divisée contre elle-même ne peut subsister. ” Le monde non chrétien n’acceptera pas de capituler devant une chrétienté divisée en sectes. Jésus vivant représente le seul espoir possible d’unifier le christianisme. La véritable Église – la fraternité de Jésus – est invisible, spirituelle et caractérisée par l’unité, mais non nécessairement par l’uniformité. L’uniformité est la marque distinctive du monde physique de nature mécaniste. L’unité spirituelle est le fruit de l’union par la foi avec Jésus vivant. L’Église visible devrait refuser de continuer à handicaper le progrès de la fraternité invisible et spirituelle du royaume de Dieu. Cette fraternité est destinée à devenir un organisme vivant, contrastant avec une organisation sociale passée au rang d’institution. Les organisations sociales peuvent bien être utilisées par la fraternité, mais il ne faut pas qu’elles la supplantent.
 
(195.0) 195:10.12 Toutefois, le christianisme, même celui du vingtième siècle, ne doit pas être méprisé. Il est le produit du génie moral conjugué des hommes connaissant Dieu, venant de multiples races et de nombreux âges ; il a vraiment été l’une des plus grandes puissances bénéfiques sur terre. C’est pourquoi, nul ne devrait le considérer à la légère, malgré ses défauts inhérents et acquis. Le christianisme trouve encore le moyen d’agir par de puissantes émotions morales sur le mental des hommes réfléchis.
 
(195.0) 195:10.13 Mais, quand l’Église se lance dans le commerce et la politique, elle n’a pas d’excuse ; ces alliances impies sont une flagrante trahison du Maitre. Et les amoureux sincères de la vérité mettront longtemps à oublier que cette puissante Église institutionnalisée a souvent eu l’audace d’étouffer une foi nouvellement née et de persécuter des porteurs de vérité à qui il arrivait de se présenter sous des vêtements non orthodoxes.
 
(195.0) 195:10.14 Il est malheureusement trop vrai que cette Église n’aurait pas survécu s’il n’y avait eu, dans le monde, des hommes pour préférer cette sorte d’adoration. Beaucoup d’âmes spirituellement indolentes désirent ardemment une religion ancienne de rites et de traditions sacrées qui fasse autorité. L’évolution humaine et le progrès spirituel ne sont guère suffisants pour permettre à tous les hommes de se dispenser d’une autorité religieuse. Et la fraternité invisible du royaume peut très bien inclure ces groupes familiaux de classes sociales et de caractères variés, pourvu que leurs membres soient disposés à devenir des fils de Dieu, vraiment conduits par l’esprit. Mais, dans cette fraternité de Jésus, il n’y a place ni pour des rivalités sectaires, ni pour l’acrimonie de groupe, ni pour des affirmations de supériorité morale et d’infaillibilité spirituelle.
 
(195.0) 195:10.15 Ces divers groupements de chrétiens peuvent servir à concilier de nombreux types différents d’hommes désireux de croire, parmi les divers peuples de la civilisation occidentale, mais une telle division de la chrétienté présente une sérieuse faiblesse quand elle essaye d’apporter l’évangile de Jésus aux peuples orientaux. Ces races ne comprennent pas encore qu’il existe une religion de Jésus séparée et quelque peu distincte du christianisme, lequel est de plus en plus devenu une religion à propos de Jésus.
 
(195.0) 195:10.16 Le grand espoir d’Urantia réside dans la possibilité d’une nouvelle révélation de Jésus, avec une présentation nouvelle et élargie de son message sauveur, qui unirait spirituellement, dans un service aimant, les nombreuses familles de ceux qui se prétendent aujourd’hui ses fidèles.
 
(195.0) 195:10.17 Même l’éducation laïque pourrait aider à cette grande renaissance spirituelle si elle voulait prêter plus d’attention à la tâche d’apprendre aux jeunes comment s’engager dans des projets de vie et de développement du caractère. Le but de toute éducation devrait consister à entretenir et à poursuivre le dessein suprême de la vie, le développement d’une personnalité pleine de majesté et bien équilibrée. Il y a grand besoin d’enseigner la discipline morale à la place de tant de satisfactions égoïstes. Sur une telle base, la religion peut apporter la contribution de son stimulant spirituel pour élargir et enrichir la vie des mortels, même jusqu’à la sécurité et à l’élévation de la vie éternelle.
 
(195.0) 195:10.18 Le christianisme est une religion improvisée ; il faut donc qu’il opère en petite vitesse. Les performances spirituelles à grande vitesse doivent attendre la nouvelle révélation et l’acceptation plus généralisée de la vraie religion de Jésus. Le christianisme est cependant une puissante religion, puisque les simples disciples d’un charpentier crucifié ont lancé les enseignements qui ont conquis le monde romain en trois siècles et ont poursuivi leur action en triomphant des barbares qui renversèrent Rome. Ce même christianisme a conquis – absorbé et exalté – tout le courant de la théologie hébraïque et de la philosophie grecque. Et ensuite, quand la religion chrétienne est entrée dans le coma de plus de mille ans par suite d’une dose excessive de mystères et de paganisme, elle s’est ressuscitée elle-même et a pratiquement reconquis tout le monde occidental. Le christianisme contient suffisamment d’enseignements de Jésus pour devenir immortel.
 
(195.0) 195:10.19 Si seulement le christianisme pouvait saisir une plus grande partie des enseignements de Jésus, il pourrait faire tellement plus pour aider l’homme moderne à résoudre ses problèmes nouveaux et de plus en plus complexes.
 
(195.0) 195:10.20 Le christianisme souffre d’un grand handicap parce que, dans le mental de tous les hommes du monde, il a été identifié à une partie du système social, de la vie industrielle et des critères moraux de la civilisation occidentale ; et c’est ainsi que le christianisme a involontairement paru parrainer une société qui chancèle sous la culpabilité de tolérer la science sans idéalisme, la politique sans principes, la fortune sans travail, le plaisir sans restriction, la connaissance sans caractère, le pouvoir sans conscience et l’industrie sans moralité.
 
(195.0) 195:10.21 L’espoir du christianisme moderne consiste à cesser de parrainer les systèmes sociaux et la politique industrielle de la civilisation occidentale, tout en s’inclinant humblement devant la croix qu’il exalte si vaillamment, et à y apprendre à nouveau de Jésus de Nazareth les plus grandes vérités que l’homme mortel puisse jamais entendre – l’évangile vivant de la paternité de Dieu et de la fraternité des hommes.
 


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193. Apparitions finales et ascension

LIVRE D'URANTIA  -  Fascicule 193. Apparitions finales et ascension

 

(193.0) 193:0.1 La seizième manifestation morontielle de Jésus eut lieu le vendredi 5 mai, vers neuf heures du soir dans la cour de Nicodème. Ce soir-là, les croyants de Jérusalem avaient fait leur première tentative depuis la résurrection pour se réunir. À ce moment se trouvaient rassemblés les onze apôtres, le groupe des femmes disciples et de leurs associées, et une cinquantaine des autres éminents disciples du Maitre, comprenant un certain nombre de Grecs. Ces croyants avaient échangé des conversations amicales depuis plus d’une demi-heure lorsque le Maitre morontiel apparut soudainement, pleinement visible à tous, et commença immédiatement à les instruire. Jésus dit :
 
(193.0) 193:0.2 “ Que la paix soit sur vous. Voici le groupe de croyants le plus représentatif – apôtres et disciples, hommes et femmes – auquel je sois apparu depuis le moment où j’ai été délivré de la chair. Je vous appelle maintenant à témoigner que je vous avais prévenus qu’il fallait que mon séjour parmi vous prenne fin ; je vous ai dit que je devais bientôt retourner auprès du Père. Ensuite, je vous avais clairement exposé comment les chefs des prêtres et les dirigeants des Juifs me livreraient pour être mis à mort, et que je ressusciterais. Alors, pourquoi vous êtes-vous tellement laissé déconcerter par toutes ces choses quand elles sont advenues ? Et pourquoi avez-vous été aussi surpris quand je suis ressuscité au troisième jour ? Vous n’avez pas réussi à me croire, parce que vous entendiez mes paroles sans comprendre leur signification.
 
(193.0) 193:0.3 “ Et maintenant, vous devriez prêter l’oreille à ce que je dis, de crainte de renouveler la faute d’entendre mon enseignement avec votre mental sans en comprendre le sens dans votre cœur. Depuis le commencement de mon séjour parmi vous comme l’un de vos semblables, je vous ai enseigné que mon unique but était de révéler mon Père qui est aux cieux à ses enfants terrestres. J’ai vécu l’effusion révélatrice de Dieu afin que vous puissiez faire l’expérience de la carrière de la connaissance de Dieu. Je vous ai révélé Dieu comme votre Père qui est aux cieux, et je vous ai révélés comme les fils de Dieu sur terre. Dieu vous aime, vous ses fils ; c’est un fait. Par la foi en mes paroles, ce fait devient une vérité éternellement vivante dans votre cœur. Quand, par votre foi vivante, vous devenez divinement conscients de Dieu, alors vous êtes nés d’esprit en tant qu’enfants de lumière et de vie, de cette vie éternelle grâce à laquelle vous ferez l’ascension de l’univers des univers et l’expérience de trouver Dieu le Père au Paradis.
 
(193.0) 193:0.4 “ Je vous exhorte à vous rappeler toujours que votre mission parmi les hommes consiste à proclamer l’évangile du royaume – la réalité que Dieu est le Père des hommes et la vérité qu’ils sont ses fils. Proclamez la vérité entière de la bonne nouvelle, et non pas seulement une partie de l’évangile sauveur. Votre message n’est pas modifié par l’expérience de ma résurrection. La filiation avec Dieu, par la foi, reste la vérité salvatrice de l’évangile du royaume. Vous irez prêcher l’amour de Dieu et le service des hommes. Ce que le monde a le plus besoin de savoir, c’est que les hommes sont les fils de Dieu et que, par la foi, ils peuvent effectivement réaliser cette vérité ennoblissante et en faire l’expérience quotidienne. Mon effusion devrait aider tous les hommes à savoir qu’ils sont les enfants de Dieu, mais cette connaissance sera insuffisante s’ils n’arrivent pas à saisir personnellement par la foi la vérité salvatrice qu’ils sont les vivants fils spirituels du Père éternel. L’évangile du royaume concerne l’amour du Père et le service de ses enfants sur terre.
 
(193.0) 193:0.5 “ Ici, vous partagez ensemble la connaissance de ma résurrection d’entre les morts, mais elle n’a rien d’étrange. J’ai le pouvoir d’abandonner ma vie et de la reprendre ; le Père donne un tel pouvoir à ses Fils du Paradis. Vous devriez plutôt avoir le cœur ému de savoir que les morts d’un âge ont entrepris l’ascension éternelle peu après que j’eus quitté le tombeau neuf de Joseph d’Arimathie. J’ai vécu ma vie dans la chair pour vous montrer comment, par un service aimant, vous pouvez révéler Dieu à vos semblables, de même qu’en vous aimant et en vous servant, je suis devenu une révélation de Dieu pour vous. J’ai vécu parmi vous en tant que Fils de l’Homme pour que vous, et tous les autres hommes, puissiez savoir que vous êtes en vérité les fils de Dieu. Donc, allez maintenant dans le monde entier prêcher à tous les hommes cet évangile du royaume des cieux. Aimez tous les hommes comme je vous ai aimés ; servez vos compagnons mortels comme je vous ai servis. Vous avez reçu libéralement, donnez libéralement. Restez à Jérusalem seulement pendant que je vais auprès du Père et jusqu’à ce que je vous envoie l’Esprit de Vérité. Il vous conduira dans un plus vaste domaine de vérité, et je vous accompagnerai dans le monde entier. Je suis avec vous toujours, et je vous laisse ma paix. ”
 
(193.0) 193:0.6 Après que le Maitre leur eut parlé, il disparut de leur vue. Les croyants restèrent ensemble toute la nuit, discutant sérieusement les avertissements du Maitre et méditant sur tout ce qui leur était arrivé ; ils ne se dispersèrent qu’à l'approche de l’aube. Jacques Zébédée et d’autres apôtres leur racontèrent aussi leurs expériences avec le Maitre morontiel en Galilée et leur exposèrent en détail comment il leur était apparu trois fois.
 
1. L’apparition à Sychar

 

(193.0) 193:1.1 L’après-midi du sabbat, le 13 mai vers quatre heures, le Maitre apparut à Nalda et à environ soixante-quinze croyants samaritains près du puits de Jacob à Sychar. Les croyants avaient l’habitude de se réunir à cet endroit près duquel Jésus avait parlé à Nalda de l’eau vivante. Ce jour-là, juste au moment où ils avaient fini de discuter les nouvelles de la résurrection, Jésus apparut soudain devant eux et dit :
 
(193.0) 193:1.2 “ Que la paix soit sur vous. Vous vous réjouissez de savoir que je suis la résurrection et la vie, mais cela ne vous servira de rien si vous n’êtes pas d’abord nés de l’esprit éternel, ce qui vous amène à posséder, par la foi, le don de la vie éternelle. Si vous êtes les fils de mon Père par la foi, vous ne mourrez jamais ; vous ne périrez pas. L’évangile du royaume vous a appris que tous les hommes sont les fils de Dieu. Il faut que cette bonne nouvelle concernant l’amour du Père céleste pour ses enfants terrestres soit apportée au monde entier. L’heure est venue de ne plus adorer Dieu sur le mont Garizim ou à Jérusalem, mais en esprit et en vérité, là où vous êtes, tels que vous êtes. C’est votre foi qui sauve votre âme. Le salut est le don de Dieu à tous ceux qui croient être ses fils. Mais ne vous y trompez pas ; bien que le salut soit le don gratuit de Dieu et soit offert à tous ceux qui l’acceptent par la foi, il est suivi par l’expérience de porter les fruits de cette vie de l'esprit telle qu’elle est vécue dans la chair. L’acceptation de la doctrine de la paternité de Dieu implique que vous acceptiez aussi librement cette vérité corollaire de la fraternité des hommes. Or, si un homme est votre frère, il est plus encore que votre prochain, que le Père vous demande d’aimer comme vous-même. Puisque votre frère appartient à votre propre famille, non seulement vous l’aimerez d’une affection familiale, mais aussi vous le servirez comme vous vous serviriez vous-même. Et vous aimerez et servirez ainsi votre frère parce que, étant mes frères, vous avez été aimés et servis par moi de cette façon. Donc, allez dans le monde entier proclamer cette bonne nouvelle à toutes les créatures de chaque race, de chaque tribu et de chaque nation. Mon esprit vous précèdera, et je serai avec vous toujours. ”
 
(193.0) 193:1.3 Ces Samaritains furent stupéfaits de cette apparition du Maitre et partirent en hâte vers les villes et villages voisins, où ils répandirent la nouvelle qu’ils avaient vu Jésus et que celui-ci leur avait parlé. Ce fut la dix-septième apparition morontielle du Maitre.
 
2. L’apparition en Phénicie

 

(193.0) 193:2.1 La dix-huitième apparition morontielle du Maitre eut lieu à Tyr, le mardi 16 mai, un peu avant neuf heures du soir et, de nouveau, à la clôture d’une réunion de croyants. Au moment où ils étaient sur le point de se séparer, Jésus dit :
 
(193.0) 193:2.2 “ Que la paix soit sur vous. Vous vous réjouissez de savoir que le Fils de l’Homme est ressuscité d’entre les morts parce que vous savez par là même que vos frères et vous survivrez aussi au trépas humain. Mais, pour survivre, il faut que vous soyez préalablement nés de l’esprit qui recherche la vérité et trouve Dieu. Le pain de vie et l’eau vivante sont donnés seulement à ceux qui ont faim de vérité et soif de droiture – de Dieu. Le fait que les morts ressuscitent n’est pas l’évangile du royaume. Ces grandes vérités et ces faits universels sont tous reliés à l’évangile, parce qu’ils font partie du résultat obtenu par ceux qui croient la bonne nouvelle ; ils sont englobés dans l’expérience ultérieure de ceux qui, par la foi, deviennent, en fait et en vérité, les fils perpétuels du Dieu éternel. Mon Père m’a envoyé dans le monde pour proclamer à tous les hommes ce salut de la filiation. De même, je vous envoie au loin pour prêcher ce salut de la filiation. Le salut est un don gratuit de Dieu, mais ceux qui sont nés de l’esprit commencent immédiatement à montrer les fruits de l’esprit par leur service aimant auprès de leurs semblables. Et voici les fruits de l’esprit divin produits dans la vie des mortels nés d’esprit et connaissant Dieu : service aimant, dévouement désintéressé, fidélité courageuse, équité sincère, honnêteté éclairée, espoir vivace, confiance sans soupçons, ministère miséricordieux, bonté inaltérable, tolérance indulgente et paix durable. Si de prétendus croyants ne portent pas ces fruits de l’esprit divin dans leur vie, ils sont morts ; l’Esprit de Vérité n’est pas en eux ; ils sont des sarments inutiles de la vigne vivante et seront bientôt retranchés. Mon Père demande aux enfants de la foi de porter beaucoup de fruits de l’esprit. Si donc vous êtes stériles, il creusera autour de vos racines et coupera vos sarments improductifs. À mesure que vous progresserez vers le ciel dans le royaume de Dieu, il faudra de plus en plus que vous produisiez des fruits de l’esprit. Vous pouvez entrer dans le royaume de Dieu comme un enfant, mais le Père exige que vous grandissiez, par la grâce, jusqu’à la pleine stature d’un adulte spirituel. Quand vous irez au loin proclamer à toutes les nations la bonne nouvelle de cet évangile, je vous devancerai, et mon Esprit de Vérité demeurera dans votre cœur. Je vous laisse ma paix. ”
 
(193.0) 193:2.3 Ensuite le Maitre disparut de leur vue. Le lendemain, partirent de Tyr des croyants qui témoignèrent de ces faits à Sidon et même à Antioche et à Damas. Jésus avait visité ces croyants durant sa vie dans la chair, et ils ne furent pas longs à le reconnaitre quand il commença à les enseigner. Bien que ses amis eussent de la peine à reconnaitre sa forme morontielle quand elle était rendue visible, ils ne tardaient jamais à identifier sa personnalité quand il leur parlait.
 
3. Dernière apparition à Jérusalem

 

(193.0) 193:3.1 De bonne heure le jeudi matin 18 mai, Jésus fit sa dernière apparition sur terre en tant que personnalité morontielle. Tandis que les onze apôtres allaient s’assoir pour leur repas matinal dans la salle du haut de la maison de Marie Marc, Jésus leur apparut et dit :
 
(193.0) 193:3.2 “ Que la paix soit sur vous. Je vous ai demandé de rester ici, à Jérusalem, jusqu’à mon ascension auprès du Père, et même jusqu’à ce que je vous envoie l’Esprit de Vérité, qui sera bientôt répandu sur toute chair et vous confèrera un pouvoir d’en haut. ” Simon Zélotès interrompit Jésus en demandant : “ Et alors, Maitre, rétabliras-tu le royaume et verrons-nous la gloire de Dieu manifestée sur terre ? ” Après avoir écouté la question de Simon, Jésus répondit : “ Simon, tu t’accroches encore à tes vieilles idées sur le Messie des Juifs et le royaume matériel, mais tu recevras un pouvoir spirituel quand l’esprit sera descendu sur toi, et tu iras bientôt dans le monde entier prêcher l’évangile du royaume. De même que le Père m’a envoyé dans le monde, de même je vous y envoie. Je souhaite que vous vous aimiez et que vous ayez confiance les uns dans les autres. Judas n’est plus avec vous parce que son amour s’était refroidi et parce qu’il vous refusait sa confiance, à vous ses frères loyaux. N’avez-vous pas lu le passage des Écritures où il est dit : ‘Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Nul ne vit pour lui-même’ ? Et aussi celui qui dit : ‘Quiconque veut avoir des amis doit se montrer amical’ ? Ne vous ai-je pas envoyés enseigner deux par deux afin que vous ne vous sentiez pas seuls, et que vous ne tombiez pas dans les ennuis et les malheurs de l’isolement ? Vous savez bien aussi que, lorsque j’étais dans la chair, je ne me suis jamais permis de rester longtemps seul. Dès le commencement de notre association, j’ai constamment eu deux ou trois d’entre vous auprès de moi ou tout à fait à proximité, même quand je communiais avec le Père. Donc, ayez confiance et confiez-vous les uns aux autres. C’est d’autant plus nécessaire qu’aujourd’hui je vais vous laisser seuls dans le monde. L’heure est venue, je suis sur le point d’aller auprès du Père. ”
 
(193.0) 193:3.3 Après leur avoir ainsi parlé, il leur fit signe de l’accompagner et les conduisit sur le mont des Oliviers, où il leur fit ses adieux préparatoires à son départ d’Urantia. Le trajet jusqu’à Olivet fut solennel. Aucun d’eux ne prononça un mot depuis le départ de la salle du haut jusqu’au moment où Jésus s’arrêta avec eux au mont des Oliviers.
 
4. Les causes de la chute de Judas

 

(193.0) 193:4.1 Ce fut dans la première partie de son message d’adieu à ses apôtres, que le Maitre fit allusion à la perte de Judas et fit ressortir le sort tragique de leur traitre compagnon comme un avertissement solennel contre les dangers de l’isolement social et fraternel. Il est peut-être utile, pour les croyants du présent âge et des âges futurs, de passer brièvement en revue les causes de la chute de Judas à la lumière des remarques du Maitre et en tenant compte des éclaircissements accumulés des siècles ultérieurs.
 
(193.0) 193:4.2 En considérant rétrospectivement cette tragédie, nous concevons que, si Judas s’est fourvoyé, la cause première en était son caractère très marqué de personnalité solitaire, une personnalité fermée et coupée des contacts sociaux ordinaires. Il refusa avec persistance de se confier à ses compagnons apôtres ou de fraterniser franchement avec eux. Mais le fait qu’il était une personnalité du type solitaire n’aurait pas causé par lui-même un tel désastre pour Judas si, en même temps, un autre facteur n’était intervenu : Judas n’était pas parvenu à croitre en amour et en grâce spirituelle. Alors, comme pour aggraver encore une méchante affaire, il garda des rancunes persistantes et entretint des ennemis psychologiques, tels que la vengeance et le désir généralisé de “ rendre la pareille ” à quelqu’un pour toutes ses déceptions.
 
(193.0) 193:4.3 Cette combinaison malheureuse de particularités individuelles et de tendances mentales concourut à détruire un homme bien intentionné qui n’avait pas réussi à juguler ces maux par l’amour, la foi et la confiance. Le fait qu’il n’était pas nécessaire que Judas se fourvoie est bien démontré par les cas de Thomas et Nathanael, qui étaient tous deux affligés de la même sorte de suspicion et hyperdéveloppés dans leur tendance individualiste. André et Matthieu eux-mêmes avaient de nombreux penchants dans ce sens, mais tous ces hommes éprouvaient, pour leurs compagnons et pour Jésus, un amour qui, avec le temps, allait en croissant et non en diminuant. Ils grandirent en grâce et en connaissance de la vérité. Ils devinrent de plus en plus confiants envers leurs frères et développèrent lentement l’aptitude à se confier à leurs compagnons, alors que Judas refusa avec persistance de se confier à ses frères. Quand l’accumulation de ses conflits émotionnels l’obligeait à chercher un exutoire en s’exprimant, il allait invariablement demander l’avis – et recevoir les consolations malavisées – de ses proches parents non spiritualisés, ou bien encore il se confiait à des relations de hasard, qui étaient soit indifférentes, soit hostiles à l’intérêt et au progrès des réalités spirituelles du royaume céleste, dont il était sur terre l’un des douze ambassadeurs consacrés.
 
(193.0) 193:4.4 Judas rencontra la défaite dans sa lutte terrestre à cause des facteurs suivants concernant ses tendances personnelles et ses faiblesses de caractère :
 
  (193.0) 193:4.5 1.Il était un être humain du type solitaire. Il était hautement individualiste et choisit en grandissant de devenir une personne fortement repliée sur elle-même et insociable.
 
  (193.0) 193:4.6 2.En tant qu’enfant, la vie lui avait été rendue trop facile. Il éprouvait une rancune amère d’être contrarié. Il s’attendait toujours à gagner ; il était mauvais perdant.
 
  (193.0) 193:4.7 3.Il n’acquit jamais une technique philosophique pour affronter les déceptions. Au lieu d’accepter les désappointements comme un évènement régulier et courant de l’existence humaine, il recourait infailliblement à la pratique de blâmer quelqu’un en particulier, ou ses associés collectivement, pour toutes ses difficultés ou ses désappointements personnels.
 
  (193.0) 193:4.8 4.Il avait tendance à garder rancune, il nourrissait toujours l’idée de vengeance.
 
  (193.0) 193:4.9 5.Il n’aimait pas faire franchement face aux faits ; il était malhonnête dans son attitude envers les situations de la vie.
 
  (193.0) 193:4.10 6.Il détestait discuter ses problèmes personnels avec ses associés immédiats. Il refusait de parler de ses difficultés avec ses vrais amis et avec ceux qui l’aimaient réellement. Au cours de toutes ses années d’association avec le Maitre, il n’alla pas une seule fois lui soumettre un problème purement personnel.
 
  (193.0) 193:4.11 7.Il n’apprit jamais qu’après tout, les récompenses réelles d’une noble vie sont des prix spirituels, qui ne sont pas toujours distribués pendant cette seule courte vie dans la chair.
 
(193.0) 193:4.12 À la suite de l’isolement persistant de sa personnalité, ses griefs se multiplièrent, ses chagrins s’accrurent, ses anxiétés augmentèrent et son désespoir atteignit une profondeur presque impossible à supporter.
 
(193.0) 193:4.13 Bien que cet apôtre égocentrique et ultraindividualiste eût de nombreux troubles psychiques, émotifs et spirituels, ses principales difficultés étaient les suivantes : en tant que personnalité, il était isolé. Mentalement, il était soupçonneux et rancunier. Par tempérament, il était revêche et vindicatif. Émotionnellement, il était dénué d’amour et incapable de pardonner. Socialement, il ne se confiait pas et restait presque entièrement renfermé sur lui-même. En esprit, il devint arrogant et égoïstement ambitieux. Dans la vie, il ignorait ceux qui l’aimaient et, dans la mort, il n’eut pas d’amis.
 
(193.0) 193:4.14 Tels sont donc les facteurs mentaux et les influences mauvaises qui, pris ensemble, expliquent la conduite d’un croyant en Jésus, qui fut jadis, par ailleurs, bien intentionné et sincère, mais qui, même après plusieurs années d’association intime avec cette personnalité transformatrice, abandonna ses compagnons, répudia une cause sacrée, renonça à sa sainte vocation et trahit son divin Maitre.
 
5. L’ascension du Maitre

 

(193.0) 193:5.1 Il était presque sept heures et demie du matin, le jeudi 18 mai, quand Jésus arriva sur le versant ouest du mont Olivet avec ses onze apôtres silencieux et quelque peu désorientés. De cet endroit situé aux deux tiers de la montée jusqu’au sommet, ils pouvaient voir le panorama de Jérusalem avec Gethsémani à leurs pieds. Jésus se prépara alors à leur faire ses derniers adieux avant de quitter Urantia. Tandis qu’il se tenait là, debout devant eux, ils s’agenouillèrent tous spontanément en cercle autour de lui, et le Maitre dit :
 
(193.0) 193:5.2 “ Je vous ai demandé de rester à Jérusalem jusqu’à ce qu’un pouvoir d’en haut vous soit donné. Je suis maintenant sur le point de prendre congé de vous et de monter auprès de mon Père. Bientôt, très bientôt, nous enverrons l’Esprit de Vérité dans ce monde où j’ai séjourné ; quand il sera venu, vous commencerez la nouvelle proclamation de l’évangile du royaume, d’abord à Jérusalem, et ensuite jusqu’aux confins du monde. Aimez les hommes avec l’amour dont je vous ai aimés, et servez vos compagnons mortels comme je vous ai servis. Par les fruits spirituels de votre vie, amenez les âmes à croire la vérité que l’homme est un fils de Dieu et que tous les hommes sont frères. Souvenez-vous de tout ce que je vous ai enseigné et de la vie que j’ai vécue parmi vous. Mon amour vous couvre de son ombre, mon esprit habitera en vous et ma paix demeurera sur vous. Adieu. ”
 
(193.0) 193:5.3 Après avoir ainsi parlé, le Maitre morontiel disparut de leur vue. Ce qu’on appelle l’ascension de Jésus ne différa en rien de ses autres disparitions de la vision humaine durant les quarante jours de sa carrière morontielle sur Urantia.
 
(193.0) 193:5.4 Le Maitre passa par Jérusem pour se rendre sur Édentia, où les Très Hauts, sous le regard du Fils du Paradis, dégagèrent Jésus de Nazareth de l’état morontiel. Ensuite, par les chenaux spirituels d’ascension, ils le rétablirent dans le statut de filiation paradisiaque et de souveraineté suprême sur Salvington.
 
(193.0) 193:5.5 Il était environ sept heures quarante-cinq le matin où Jésus, sous forme morontielle, disparut du champ d’observation de ses onze apôtres pour commencer son ascension vers la droite du Père et y recevoir la confirmation officielle du parachèvement de sa souveraineté sur l’univers de Nébadon.
 
6. Pierre convoque une réunion

(193.0) 193:6.1 Agissant selon les instructions de Pierre, Jean Marc et plusieurs autres personnes allèrent convoquer les disciples les plus éminents à une réunion chez Marie Marc. Vers dix heures et demie du matin, cent-vingt des principaux disciples de Jésus vivant à Jérusalem s’étaient rassemblés pour écouter le compte rendu du message d’adieu du Maitre et pour entendre la nouvelle de son ascension. Marie, mère de Jésus, se trouvait dans ce groupe. Elle était retournée à Jérusalem avec Jean Zébédée au moment où les apôtres revenaient de leur récent séjour en Galilée. Peu après la Pentecôte, elle retourna chez Salomé à Bethsaïde. Jacques, frère de Jésus, était également présent à cette réunion, la première conférence de disciples convoquée après la fin de la carrière planétaire du Maitre.
 
(193.0) 193:6.2 Simon Pierre prit sur lui de parler au nom de ses compagnons apôtres et fit un rapport passionnant sur la dernière réunion des onze avec leur Maitre. Il décrivit d’une manière vraiment touchante l’adieu final du Maitre et sa disparition pour l’ascension. Jamais auparavant dans ce monde il n’y avait eu de réunion semblable ; cette première partie de la réunion dura un peu moins d’une heure. Pierre expliqua ensuite que les apôtres avaient décidé de choisir un successeur à Judas Iscariot, et qu’il y aurait une pause pour permettre aux apôtres de décider entre Matthias et Justus, les deux hommes dont la candidature à cette fonction avait été proposée.
 
(193.0) 193:6.3 Les onze apôtres descendirent alors au rez-de-chaussée où ils se mirent d’accord pour tirer au sort en vue de déterminer lequel de ces hommes deviendrait apôtre et servirait à la place de Judas. Le sort tomba sur Matthias, qui fut proclamé nouvel apôtre. Il fut dument installé dans sa charge, puis nommé trésorier. Mais Matthias ne joua qu’un rôle effacé dans les activités ultérieures des apôtres.
 
(193.0) 193:6.4 Peu après la Pentecôte, les jumeaux retournèrent chez eux en Galilée. Simon Zélotès se retira pendant quelque temps avant de repartir prêcher l’évangile. Thomas se fit du souci un peu moins longtemps, puis reprit son enseignement. Nathanael différa de plus en plus d’opinion avec Pierre qui tendait à prêcher à propos de Jésus au lieu de proclamer comme auparavant l’évangile du royaume. Vers le milieu du mois suivant, leur désaccord devint si aigu que Nathanael se retira et se rendit à Philadelphie pour rendre visite à Abner et Lazare. Après y être resté plus d’un an, il alla dans les pays situés au-delà de la Mésopotamie afin de prêcher l’évangile tel qu’il le comprenait.
 
(193.0) 193:6.5 Cela ne laissa que six apôtres, sur les douze originels, pour opérer sur la scène de la proclamation initiale de l’évangile à Jérusalem : Pierre, André, Jacques, Jean, Philippe et Matthieu.
 
(193.0) 193:6.6 Il était près de midi quand les apôtres remontèrent auprès de leurs compagnons dans la salle du haut et annoncèrent que Matthias avait été choisi comme nouvel apôtre. Ensuite, Pierre invita tous les croyants à se mettre en prière, et à prier en vue d’être prêts à recevoir le don de l’esprit que le Maitre avait promis d’envoyer.
 


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194. L’effusion de l’Esprit de Vérité

LIVRE D'URANTIA  -  Fascicule 194. L’effusion de l’Esprit de Vérité

 

(194.0) 194:0.1 Vers une heure de l’après-midi, tandis que les cent-vingt croyants étaient en prière, ils se rendirent tous compte d’une étrange présence dans la salle. En même temps, tous ces disciples devinrent conscients d’un sentiment nouveau et profond de joie, de sécurité et de confiance spirituelles. Cette nouvelle conscience de force spirituelle fut immédiatement suivie d’une puissante impulsion à sortir pour proclamer publiquement l’évangile du royaume et la bonne nouvelle que Jésus était ressuscité d’entre les morts.
 
(194.0) 194:0.2 Pierre se leva et déclara que ce devait être la venue de l’Esprit de Vérité que le Maitre leur avait promis. Il leur proposa d’aller au temple commencer à proclamer la bonne nouvelle confiée à leurs soins, et tous firent ce que Pierre avait suggéré.
 
(194.0) 194:0.3 L’éducation de ces hommes leur avait bien appris que l’évangile qu’ils devaient prêcher était la paternité de Dieu et la filiation des hommes, mais, à ce moment précis d’extase spirituelle et de triomphe personnel, la meilleure et la plus grande nouvelle à laquelle ils pouvaient penser était le fait que le Maitre était ressuscité. Dotés d’un pouvoir d’en haut, ils allèrent donc prêcher l’heureuse nouvelle au peuple – le salut par Jésus – mais ils tombèrent involontairement dans l’erreur de substituer au message même de l’évangile certains faits associés à l’évangile. Pierre prit inconsciemment l’initiative de cette erreur, et d’autres le suivirent, jusqu’à Paul, qui créa une nouvelle religion fondée sur cette nouvelle version de la bonne nouvelle.
 
(194.0) 194:0.4 L’évangile du royaume est : le fait de la paternité de Dieu associé à la vérité qui en découle de la fraternité des hommes basée sur cette filiation. Le christianisme, tel qu’il s’est développé depuis ce jour, est : le fait de Dieu en tant que Père du Seigneur Jésus-Christ, associé à l’expérience de communion du croyant avec le Christ ressuscité et glorifié.
 
(194.0) 194:0.5 Il n’est pas étonnant que ces hommes imprégnés d’esprit aient saisi cette occasion d’exprimer leur sentiment de triomphe sur les forces qui avaient cherché à détruire leur Maitre et à mettre fin à l’influence de son enseignement. En un pareil moment, il leur était plus facile de se rappeler leur association personnelle avec Jésus et d’être passionnés par l’assurance que le Maitre vivait encore, que leur amitié avec lui n’avait pas pris fin et que l’esprit était vraiment venu sur eux précisément comme il le leur avait promis.
 
(194.0) 194:0.6 Ces croyants se sentirent soudainement transportés dans un autre monde, dans une nouvelle existence de joie, de puissance et de gloire. Le Maitre leur avait dit que le royaume viendrait avec puissance, et certains d’entre eux crurent commencer à discerner ce qu’il avait voulu dire.
 
(194.0) 194:0.7 Quand tout ceci est pris en considération, il est facile de comprendre comment ces hommes en arrivèrent à prêcher un nouvel évangile à propos de Jésus à la place de leur message initial de la paternité de Dieu et de la fraternité des hommes.
 
1. Le sermon de la Pentecôte

 

(194.0) 194:1.1 Les apôtres s’étaient cachés pendant quarante jours. Ce jour se trouvait être la fête juive de la Pentecôte, et des milliers de visiteurs de toutes les parties du monde séjournaient à Jérusalem. Bon nombre d’entre eux étaient arrivés pour cette fête, mais la majorité était restée dans la ville depuis la Pâque. Maintenant, ces apôtres effrayés réapparaissaient après leurs semaines de réclusion pour se montrer audacieusement dans le temple et commencer à y prêcher le nouveau message d’un Messie ressuscité. Et tous les disciples étaient également conscients d’avoir reçu un nouveau don spirituel de clairvoyance et de pouvoir.
 
(194.0) 194:1.2 Il était environ deux heures de l’après-midi lorsque, à l’endroit même où son Maitre avait enseigné pour la dernière fois dans le temple, Pierre se leva et prononça l’appel passionné qui aboutit à gagner près de deux-mille âmes. Le Maitre était parti, mais les apôtres découvrirent subitement que ce récit le concernant avait un grand pouvoir sur le peuple. Il est bien naturel qu’ils aient continué à proclamer ce qui justifiait leur ancienne dévotion à Jésus et, en même temps, contraignait les hommes à croire en lui. Six apôtres participèrent à cette réunion : Pierre, André, Jacques, Jean, Philippe et Matthieu. Ils parlèrent pendant plus d’une heure et demie et exprimèrent leurs messages en grec, en hébreu et en araméen ; ils prononcèrent même quelques paroles en d’autres langues dont ils avaient quelque notion.
 
(194.0) 194:1.3 Les chefs des Juifs furent stupéfaits de l’audace des apôtres, mais craignirent de les molester à cause du grand nombre de gens qui croyaient à leur récit.
 
(194.0) 194:1.4 Vers quatre heures et demie, plus de deux-mille nouveaux croyants descendirent avec les apôtres à la piscine de Siloé où Pierre, André, Jacques et Jean les baptisèrent au nom du Maitre. Il faisait nuit quand ils eurent achevé de baptiser cette multitude.
 
(194.0) 194:1.5 La Pentecôte était la grande fête du baptème où l’on admettait à la communauté des prosélytes de la porte, les Gentils qui désiraient servir Yahweh. Il était donc d’autant plus facile à un grand nombre de Juifs et de Gentils croyants de se faire baptiser ce jour-là. Ce faisant, ils ne rompaient en aucune manière avec la foi juive. Les croyants en Jésus formèrent même, pendant quelque temps, une secte interne du judaïsme. Tous, y compris les apôtres, restaient fidèles aux exigences essentielles du système cérémoniel juif.
 
2. La signification de la Pentecôte

 

(194.0) 194:2.1 Jésus vécut et enseigna sur terre un évangile qui dégagea l’homme de la superstition qu’il était un enfant du diable et l’éleva à la dignité de fils de Dieu par la foi. Ce message de Jésus, tel qu’il le prêcha et le vécut en son temps, résolvait efficacement les difficultés spirituelles de l’homme à l’époque où il fut énoncé. Et maintenant que le Maitre a personnellement quitté ce monde, il envoie à sa place l’Esprit de Vérité destiné à vivre dans l’homme et à reformuler le message de Jésus pour chaque nouvelle génération. Ainsi, chaque nouveau groupe de mortels apparaissant à la surface de la terre aura une nouvelle version mise à jour de l’évangile ; une illumination personnelle et une gouverne collective telle qu’elle se révèlera être pour l’homme une solution efficace de ses difficultés spirituelles toujours nouvelles et variées.
 
(194.0) 194:2.2 Bien entendu, la première mission de cet esprit consiste à entretenir et à personnaliser la vérité, car c’est la compréhension de la vérité qui constitue la forme la plus élevée de la liberté humaine. Ensuite, cet esprit a pour dessein de détruire chez le croyant le sentiment d’être orphelin. Jésus ayant vécu parmi les hommes, tous les croyants éprouveraient un sentiment de solitude si l’Esprit de Vérité n’était pas venu habiter dans les cœurs humains.
 
(194.0) 194:2.3 L’effusion de l’esprit du Fils prépara efficacement le mental de tous les hommes normaux à l’effusion universelle subséquente de l’esprit du Père (l’Ajusteur) sur toute l’humanité. Dans un certain sens, l’Esprit de Vérité est à la fois l’esprit du Père Universel et celui du Fils Créateur.
 
(194.0) 194:2.4 Ne commettez pas l’erreur de compter acquérir la ferme conscience intellectuelle de l’Esprit de Vérité désormais répandu. L’esprit ne crée jamais une conscience de lui-même, mais seulement une conscience de Micaël, le Fils. Dès le commencement, Jésus enseigna que l’esprit ne parlerait pas de lui-même. La preuve de votre communion avec l’Esprit de Vérité ne se trouve donc pas dans votre conscience de cet esprit, mais plutôt dans votre expérience d’une communion accrue avec Micaël.
 
(194.0) 194:2.5 L’esprit vint aussi pour aider les hommes à se rappeler et à comprendre les paroles du Maitre, ainsi qu’à éclairer et réinterpréter sa vie sur terre.
 
(194.0) 194:2.6 Ensuite, l’Esprit de Vérité vint aider les croyants à témoigner des réalités des enseignements et de la vie de Jésus telle qu’il la vécut dans la chair, et telle qu’il la vit maintenant de nouveau et à nouveau dans chaque croyant des générations successives de fils de Dieu imprégnés de l’esprit.
 
(194.0) 194:2.7 Il apparait ainsi que l’Esprit de Vérité vient réellement pour conduire tous les croyants dans toute la vérité, pour les faire accéder à la connaissance grandissante de l'expérience de la conscience spirituelle vivante et croissante de la réalité de la filiation éternelle et ascendante avec Dieu.
 
(194.0) 194:2.8 Jésus vécut une vie qui est une révélation de l’homme soumis à la volonté du Père, et non un exemple que chacun doit essayer de suivre à la lettre. Sa vie dans la chair ainsi que sa mort sur la croix et sa résurrection ultérieure devinrent bientôt un nouvel évangile de la rançon ainsi payée pour racheter l’homme de l’emprise du malin – de la condamnation d’un Dieu offensé. Malgré tout, bien que l’évangile ait été ainsi très déformé, le fait subsiste que ce nouveau message à propos de Jésus comportait bien des vérités et des enseignements fondamentaux de son évangile initial du royaume. Tôt ou tard, ces vérités passées sous silence de la paternité de Dieu et de la fraternité des hommes émergeront pour transformer efficacement la civilisation de toute l’humanité.
 
(194.0) 194:2.9 Mais ces erreurs intellectuelles n’interfèrent en aucune manière avec les grands progrès des croyants en croissance d’esprit. En moins d’un mois après l’effusion de l’Esprit de Vérité, les apôtres firent individuellement plus de progrès spirituels que durant leurs quatre années, ou presque, d’association personnelle et affectueuse avec le Maitre. Cette substitution du fait de la résurrection de Jésus à la vérité de l’évangile sauveur de la filiation avec Dieu n’empêcha pas non plus, en quoi que ce soit, la diffusion rapide de leurs enseignements ; au contraire, le fait que le message de Jésus ait été apporté sous l’égide des nouveaux enseignements sur sa personne et sa résurrection parut faciliter grandement la prédication de la bonne nouvelle.
 
(194.0) 194:2.10 L’expression “ baptême de l'esprit ”, qui fut si généralement employée vers cette époque, signifiait simplement la réception consciente de ce don de l’Esprit de Vérité et la récognition personnelle de ce nouveau pouvoir spirituel comme un accroissement de toutes les influences spirituelles précédemment ressenties par les âmes connaissant Dieu.
 
(194.0) 194:2.11 Depuis l’effusion de l’Esprit de Vérité, l’homme est sujet à l’enseignement et à la gouverne d’une triple dotation spirituelle : l’Esprit du Père, l’Ajusteur de Pensée ; l’esprit du Fils, l’Esprit de Vérité ; et l’esprit de l’Esprit, le Saint- Esprit.
 
(194.0) 194:2.12 Dans un sens, l’humanité est sujette à la double influence du septuple appel des influences spirituelles universelles. Les races primitives évolutionnaires de mortels subissent le contact progressif des sept esprits-mentaux adjuvats de l’Esprit-Mère de l’univers local. Ensuite, à mesure que l’homme progresse en s’élevant sur l’échelle de l’intelligence et de la perception spirituelle, sept influences supérieures d’esprit viennent en fin de compte planer au-dessus de lui et habiter en lui. Voici ces sept esprits des mondes en progrès :
 
  (194.0) 194:2.13 1.L’esprit effusé du Père Universel – l’Ajusteur de Pensée.
 
  (194.0) 194:2.14 2.La présence en esprit du Fils Éternel – la gravité d’esprit de l’univers des univers et le chenal certain de toute communion spirituelle.
 
  (194.0) 194:2.15 3.La présence en esprit de l’Esprit Infini – le mental-esprit universel de toute la création, la source spirituelle de la parenté intellectuelle de toutes les intelligences progressives.
 
  (194.0) 194:2.16 4.L’esprit du Père Universel et du Fils Créateur – l’Esprit de Vérité, généralement considéré comme l’esprit du Fils de l’Univers.
 
  (194.0) 194:2.17 5.L’esprit de l’Esprit Infini et de l’Esprit-Mère de l’Univers – le Saint-Esprit, généralement considéré comme l’esprit de l’Esprit de l’Univers.
 
  (194.0) 194:2.18 6.L'esprit-mental de l’Esprit-Mère de l’Univers – les sept esprits-mentaux adjuvats de l’univers local.
 
  (194.0) 194:2.19 7.L’esprit du Père, des Fils et des Esprits – l’esprit au nouveau nom des mortels ascendeurs des royaumes après la fusion de l’âme humaine née d’esprit avec l’Ajusteur de Pensée du Paradis, et après que ces ascendeurs auront atteint ultérieurement la divinité et la glorification du statut du Corps Paradisiaque de la Finalité.
 
(194.0) 194:2.20 C’est ainsi que l’effusion de l’Esprit de Vérité apporta au monde et à ses peuples la dernière dotation d’esprit destinée à les aider dans la recherche ascendante de Dieu.
 
3. Ce qui se passa à la Pentecôte

 

(194.0) 194:3.1 Beaucoup d’enseignements bizarres et étranges furent associés aux récits initiaux du jour de la Pentecôte. Dans les temps qui suivirent, les évènements de ce jour où l’Esprit de Vérité, le nouvel instructeur, vint habiter parmi les hommes, ont été confondus avec les stupides débordements d’un sentimentalisme exacerbé. La principale mission de cet esprit, répandu par le Père et le Fils, consiste à enseigner aux hommes les vérités sur l’amour du Père et la miséricorde du Fils. Ce sont là les vérités de divinité que les hommes peuvent comprendre plus complètement que tous les autres traits de caractère divin. L’Esprit de Vérité cherche en premier lieu à révéler la nature spirituelle du Père et le caractère moral du Fils. Le Fils Créateur, dans la chair, a révélé Dieu aux hommes ; l’Esprit de Vérité, dans le cœur, révèle le Fils Créateur aux hommes. Quand un homme produit dans sa vie les “ fruits de l’esprit ”, il exprime simplement les traits de caractère que le Maitre a manifestés dans sa propre vie terrestre. Quand Jésus était sur terre, il a vécu sa vie comme une personnalité indivise – Jésus de Nazareth. En tant qu’esprit intérieur du “ nouvel instructeur ”, depuis la Pentecôte, le Maitre a pu vivre sa vie à nouveau dans l’expérience de tout croyant instruit de la vérité.
 
(194.0) 194:3.2 Bien des évènements qui surviennent au cours d’une vie humaine sont difficiles à comprendre et à concilier avec l’idée que nous habitons un univers dans lequel la vérité prévaut et la droiture triomphe. Il apparait trop souvent que la calomnie, le mensonge, la malhonnêteté et l’injustice – le péché – ont le dessus. Après tout, la foi triomphe-t-elle du mal, du péché et de l’iniquité ? La réponse est affirmative ; la vie et la mort de Jésus sont la preuve éternelle que la vérité de la bonté et la foi des créatures dirigées par l’esprit seront toujours justifiées. Des spectateurs se gaussèrent de Jésus sur la croix en disant : “ Voyons si Dieu va venir le délivrer. ” Le jour de la crucifixion parut sombre, mais le matin de la résurrection fut glorieusement clair, et le jour de la Pentecôte fut encore plus brillant et joyeux. Les religions de désespoir pessimiste cherchent à se libérer des fardeaux de la vie ; elles souhaitent ardemment l’anéantissement dans un sommeil et un repos sans fin. Ce sont les religions de la peur et de la crainte primitives. La religion de Jésus est un nouvel évangile de foi à proclamer à l’humanité qui se débat. Cette religion nouvelle est fondée sur la foi, l’espérance et l’amour.
 
(194.0) 194:3.3 La vie de mortel avait porté à Jésus ses coups les plus durs, les plus cruels et les plus sévères ; et cet homme avait fait face à ces situations désespérantes avec foi et courage, et avec la détermination inébranlable de faire la volonté de son Père. Jésus affronta la vie dans toute sa terrible réalité, et la maitrisa – même jusque dans la mort. Il ne se servit pas de la religion pour se libérer de la vie. La religion de Jésus ne cherche pas à échapper à cette vie pour jouir d’une félicité qui vous attend dans une autre existence. La religion de Jésus procure la joie et la paix d’une nouvelle existence spirituelle qui rehausse et ennoblit la vie que les hommes vivent actuellement dans la chair.
 
(194.0) 194:3.4 Si une religion est un opium pour le peuple, elle n’est pas la religion de Jésus. Sur la croix, il refusa de boire le narcotique. Son esprit, répandu sur toute chair, est une puissante influence mondiale qui élève l’homme et le pousse à progresser. L’impulsion vers le progrès spirituel est la force motrice la plus puissante présente dans le monde. Les croyants qui apprennent la vérité sont les seules âmes progressives et dynamiques sur terre.
 
(194.0) 194:3.5 Le jour de la Pentecôte, la religion de Jésus rompit toutes les restrictions nationales et entraves raciales. Il est éternellement vrai que “ là où se trouve l’esprit du Seigneur, là est la liberté ”. Ce jour-là, l’Esprit de Vérité devint le don personnel du Maitre à chaque mortel. Cet esprit fut effusé afin de qualifier les croyants pour prêcher plus efficacement l’évangile du royaume, mais ils commirent l’erreur de prendre l’expérience de recevoir l’esprit ainsi répandu pour une partie du nouvel évangile qu’inconsciemment ils formulaient.
 
(194.0) 194:3.6 Tenez compte du fait que l’Esprit de Vérité fut effusé sur tous les croyants sincères, et que les apôtres ne furent pas les seuls bénéficiaires de ce don de l’esprit. Les cent-vingt hommes et femmes assemblés dans la salle du haut reçurent tous le nouvel instructeur, aussi bien que tous les cœurs honnêtes du monde entier. Ce nouvel instructeur fut effusé sur l’humanité, et chaque âme le reçut selon son propre amour de la vérité et sa propre aptitude à saisir et à comprendre les réalités spirituelles. Enfin, la vraie religion est libérée de l’emprise des prêtres et de toutes les classes sacrées, et trouve sa manifestation réelle dans l’âme individuelle des hommes.
 
(194.0) 194:3.7 La religion de Jésus encourage le type le plus élevé de civilisation humaine, en ce sens qu’elle crée le type le plus élevé de personnalité spirituelle et proclame le caractère sacré de cette personne.
 
(194.0) 194:3.8 La venue de l’Esprit de Vérité à la Pentecôte rendit possible une religion qui n’est ni radicale ni conservatrice ; elle n’est ni l’ancienne, ni la nouvelle ; elle ne doit être dominée ni par les vieux ni par les jeunes. Le fait de la vie terrestre de Jésus fournit un point d’appui pour l’ancre du temps, tandis que l’effusion de l’Esprit de Vérité assure l’expansion perpétuelle et la croissance indéfinie de la religion que Jésus a vécue et de l’évangile qu’il a proclamé. L’esprit guide dans toute la vérité. Il enseigne l’expansion et la croissance constantes d’une religion de progrès sans fin et de révélation divine. Ce nouvel instructeur dévoilera perpétuellement aux croyants cherchant la vérité ce qui était si divinement contenu dans la personne et la nature du Fils de l’Homme.
 
(194.0) 194:3.9 Les manifestations associées à l’effusion du “ nouvel instructeur ” et l’accueil fait aux sermons des apôtres par les hommes des diverses races et nations, réunis à Jérusalem, dénotent l’universalité de la religion de Jésus. L’évangile du royaume ne devait être identifié avec aucune race, culture ou langue particulière. Le jour de la Pentecôte marqua le grand effort de l’esprit pour libérer la religion de Jésus des entraves juives dont elle avait hérité. Même après cette démonstration où l’esprit fut répandu sur toute chair, les apôtres s’efforcèrent d’abord d’imposer à tous leurs convertis les exigences du judaïsme. Paul lui-même eut des difficultés avec ses frères de Jérusalem parce qu’il refusait de soumettre les Gentils à ces pratiques juives. Nulle religion révélée ne peut se répandre dans le monde entier si elle commet la grave erreur de se laisser imprégner par une culture nationale, ou associer à des pratiques raciales, économiques ou sociales déjà établies.
 
(194.0) 194:3.10 L’effusion de l’Esprit de Vérité fut indépendante de toute forme, cérémonie, lieu sacré et comportement spécial de ceux qui reçurent la plénitude de sa manifestation. Au moment où l’esprit vint sur les personnes assemblées dans la salle du haut, elles étaient simplement assises là et venaient de se plonger dans une prière silencieuse. L’esprit fut effusé à la campagne aussi bien qu’à la ville. Il n’était pas nécessaire pour les apôtres de se retirer dans la solitude pendant des années de méditation solitaire afin de recevoir l’esprit. La Pentecôte dissocie à jamais l’idée d’expérience spirituelle de la notion d’un environnement spécialement favorable.
 
(194.0) 194:3.11 La Pentecôte, avec sa dotation spirituelle, était destinée à détacher pour toujours la religion du Maitre de toute subordination à la force physique. Les éducateurs de cette nouvelle religion sont désormais munis d’armes spirituelles ; ils doivent partir à la conquête du monde avec une indulgence qui ne se dément jamais, une bonne volonté incomparable et un amour abondant. Ils sont équipés pour triompher du mal par le bien, pour vaincre la haine par l’amour, pour anéantir la peur avec une foi vivante et courageuse dans la vérité. Jésus avait déjà enseigné à ceux qui le suivaient que sa religion n’était jamais passive ; ses disciples devaient toujours être actifs et positifs dans leur ministère de miséricorde et dans leurs manifestations d’amour. Ces croyants ne regardaient plus Yahweh comme “ le Seigneur des Armées ”. Ils considéraient maintenant la Déité éternelle comme le “ Dieu et Père du Seigneur Jésus-Christ ”. Ils firent au moins ce progrès-là, même si, dans une certaine mesure, ils n’arrivèrent pas à comprendre totalement la vérité que Dieu est aussi le Père spirituel de chaque individu.
 
(194.0) 194:3.12 La Pentecôte dota l’homme mortel du pouvoir de pardonner les blessures personnelles, de supporter avec douceur les pires injustices, de rester impassible en face de dangers effrayants et de défier les maux de la haine et de la colère par des actes intrépides d’amour et de longanimité. Au cours de son histoire, Urantia a subi les ravages de grandes guerres dévastatrices. Tous les participants à ces conflits terribles ont rencontré la défaite. Il n’est resté qu’un seul vainqueur, un seul rescapé de ces luttes acharnées, ayant accru sa renommée – Jésus de Nazareth avec son évangile de triomphe sur le mal par le bien. Le secret d’une meilleure civilisation est inclus dans les enseignements du Maitre sur la fraternité des hommes, la bonne volonté de l’amour et de la confiance mutuelle.
 
(194.0) 194:3.13 Jusqu’à la Pentecôte, la religion n’avait révélé que l’homme à la recherche de Dieu ; depuis la Pentecôte, l’homme recherche encore Dieu, mais on voit aussi briller sur le monde le spectacle de Dieu recherchant l’homme et envoyant son esprit demeurer en lui quand il l’a trouvé.
 
(194.0) 194:3.14 Avant les enseignements de Jésus, qui atteignirent leur apogée à la Pentecôte, les femmes n’étaient que peu ou pas du tout considérées du point de vue spirituel dans les doctrines des anciennes religions. Après la Pentecôte et dans la fraternité du royaume, la femme se trouva devant Dieu sur un pied d’égalité avec l’homme. Parmi les cent-vingt personnes qui reçurent cette visitation spéciale de l’esprit, se trouvaient beaucoup de femmes disciples qui eurent, dans ces bénédictions, une part égale à celle des croyants masculins. Les hommes ne peuvent plus prétendre monopoliser le ministère du service religieux. Les pharisiens pouvaient continuer à remercier Dieu de n’être pas “ nés femmes, lépreux ou Gentils ”, mais, parmi les fidèles de Jésus, les femmes ont été définitivement libérées de toute discrimination religieuse basée sur le sexe. La Pentecôte a effacé toute séparation religieuse fondée sur des distinctions raciales, des différences culturelles, des castes sociales ou des préjugés concernant le sexe. Il n’est pas surprenant que ces croyants à la nouvelle religion se soient écriés : “ Là où se trouve l’esprit du Seigneur, là est la liberté. ”
 
(194.0) 194:3.15 La mère et un frère de Jésus se trouvaient tous deux parmi les cent-vingt croyants. En tant que membres de ce groupe commun de disciples, ils reçurent également l’esprit répandu. Ils ne reçurent pas de ce don béni une plus grande part que leurs compagnons. Aucun don spécial ne fut conféré aux membres de la famille terrestre de Jésus. La Pentecôte marqua la fin des prêtrises spéciales et de toute croyance à des familles sacrées.
 
(194.0) 194:3.16 Avant la Pentecôte, les apôtres avaient renoncé à bien des choses pour Jésus. Ils avaient sacrifié leur foyer, leur famille, leurs amis, leurs biens terrestres et leur situation. Lors de la Pentecôte, ils se donnèrent à Dieu, et le Père et le Fils répondirent en se donnant eux-mêmes aux hommes – en envoyant leurs esprits vivre dans les hommes. Cette expérience consistant à perdre le moi et à trouver l’esprit ne fut pas une expérience émotionnelle ; elle fut un acte de reddition intelligente du moi et de consécration sans réserve.
 
(194.0) 194:3.17 La Pentecôte fut l’appel à l’unité spirituelle parmi les croyants à l’évangile. Quand l’esprit descendit sur les disciples à Jérusalem, la même chose se produisit à Philadelphie, à Alexandrie et en tous les autres lieux où demeuraient des croyants sincères. Il fut littéralement vrai “ qu’il n’y avait qu’un seul cœur et une seule âme parmi la multitude des croyants ”. La religion de Jésus est la plus puissante influence unificatrice que le monde ait jamais connue.
 
(194.0) 194:3.18 La Pentecôte était destinée à diminuer l’outrecuidance d’individus, de groupes, de nations et de races – cet esprit d’outrecuidance dont la tension croit au point qu’il se déchaine périodiquement en guerres dévastatrices. Seule une approche spirituelle peut unifier l’humanité, et l’Esprit de Vérité est une influence mondiale universelle.
 
(194.0) 194:3.19 La venue de l’Esprit de vérité purifie le cœur humain et conduit ses bénéficiaires à formuler un but de vie unifié avec la volonté de Dieu et le bien-être des hommes. L’esprit d’égoïsme matériel a été englouti dans ce nouveau don spirituel d’altruisme. La Pentecôte, à cette époque comme maintenant, signifie que le Jésus historique est devenu le Fils divin d’expérience vivante. Quand la joie de cet esprit répandu est éprouvée consciemment dans la vie humaine, elle est un tonique pour la santé, un stimulant pour le mental et une énergie inépuisable pour l’âme.
 
(194.0) 194:3.20 Ce n’est pas la prière qui fit descendre l’esprit le jour de la Pentecôte, mais elle contribua beaucoup à déterminer la capacité réceptive qui caractérisa les croyants individuels. La prière n’incite pas le cœur divin à s’effuser libéralement, mais bien souvent la prière creuse des chenaux plus larges et plus profonds par lesquels les dons divins peuvent affluer vers le cœur et l’âme de ceux qui se souviennent ainsi de maintenir, par la prière sincère et la véritable adoration, une communion ininterrompue avec leur Auteur.
 
4. Les débuts de l’Église chrétienne

(194.0) 194:4.1 Quand les ennemis de Jésus s’emparèrent aussi soudainement de lui et le crucifièrent si rapidement entre deux voleurs, ses apôtres et ses disciples furent complètement démoralisés. La pensée que le Maitre avait été arrêté, lié, flagellé et crucifié était plus que ne pouvaient supporter les apôtres eux-mêmes. Ils oublièrent ses enseignements et ses avertissements. Jésus pouvait bien avoir été “ un prophète puissant en paroles et en œuvres devant Dieu et tout le peuple ”, mais il ne pouvait guère être le Messie dont ils avaient espéré qu’il restaurerait le royaume d’Israël.
 
(194.0) 194:4.2 Vient alors la résurrection qui délivre les apôtres du désespoir et rétablit leur foi dans la divinité du Maitre. À maintes reprises, ils le voient et lui parlent, et il les emmène sur le mont Olivet où il leur dit adieu et leur annonce qu’il retourne auprès du Père. Il leur a recommandé de demeurer à Jérusalem jusqu’à ce qu’ils soient dotés de pouvoir – jusqu’à ce que vienne l’Esprit de Vérité. Et, le jour de la Pentecôte, ce nouvel instructeur arrive, et les apôtres sortent immédiatement pour prêcher leur évangile avec une nouvelle puissance. Ils sont les disciples audacieux et courageux d’un Seigneur vivant, et non d’un chef défunt et vaincu. Le Maitre vit dans le cœur de ces évangélistes. Dieu n’est plus une doctrine dans leur mental ; il est devenu une présence vivante dans leur âme.
 
(194.0) 194:4.3 “ Jour après jour, ils persévéraient d’un commun accord dans le temple et rompaient le pain à la maison. Ils prenaient leur nourriture avec joie et unité de cœur, louant Dieu et ayant la faveur de tout le peuple. Ils étaient tous remplis de l’esprit et proclamaient la parole de Dieu avec audace. Et la foule des croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme ; aucun d’eux ne disait que les biens qu’il possédait lui appartenaient en propre, et ils avaient toutes choses en commun. ”
 
(194.0) 194:4.4 Qu’est-il arrivé à ces hommes que Jésus a ordonnés pour aller prêcher l’évangile du royaume, la paternité de Dieu et la fraternité des hommes ? Ils ont un nouvel évangile ; ils brulent d’une nouvelle expérience ; ils sont pleins d’une nouvelle énergie spirituelle. Leur message a soudain changé pour devenir la proclamation du Christ ressuscité : “ Jésus de Nazareth, cet homme que Dieu approuva par des œuvres puissantes et des prodiges, qui a été livré conformément au conseil précis et selon la préconnaissance de Dieu, vous l’avez crucifié et fait périr. Il a ainsi accompli les choses que Dieu avait annoncées longtemps d’avance par la bouche de tous les prophètes. C’est ce Jésus que Dieu a ressuscité. Dieu l’a fait à la fois Seigneur et Christ. Ayant été élevé à la droite de Dieu, et ayant reçu du Père la promesse de l’esprit, il a répandu ce que vous voyez et entendez. Repentez-vous, pour que vos péchés puissent être effacés, pour que le Père puisse envoyer le Christ, qui a été désigné pour vous, Jésus lui-même, que les cieux doivent recevoir jusqu’au jour du rétablissement de toutes choses. ”
 
(194.0) 194:4.5 L’évangile du royaume, le message de Jésus, venait d’être changé subitement en évangile du Seigneur Jésus-Christ. Les apôtres proclamaient maintenant les faits de sa vie, de sa mort et de sa résurrection, et prêchaient l’espoir qu’il reviendrait rapidement sur ce monde pour achever l’œuvre qu’il avait commencée. Le message des premiers croyants concernait donc la prédication au sujet des faits de sa première venue et l’enseignement de l’espérance de sa seconde venue, évènement qu’ils estimaient devoir survenir à très bref délai.
 
(194.0) 194:4.6 Le Christ allait devenir le crédo de l’Église qui se formait rapidement : Jésus est vivant ; il est mort pour les hommes ; il a donné l’esprit ; il revient. Jésus remplissait toutes les pensées des disciples et déterminait tous leurs nouveaux concepts sur Dieu et sur tout le reste. Ils étaient trop enthousiastes de la nouvelle doctrine où “ Dieu est le Père du Seigneur Jésus ” pour se soucier de l’ancien message où “ Dieu est le Père aimant de tous les hommes ”, et même de chaque personne prise individuellement. Il est vrai qu’une merveilleuse manifestation d’amour fraternel et de bonne volonté sans pareille prit naissance dans ces communautés primitives de croyants, mais elles représentaient des communautés de croyants en Jésus, et non une communauté de frères dans le royaume familial du Père qui est aux cieux. Leur bonne volonté provenait de l’amour né du concept de l’effusion de Jésus, et non de la récognition de la fraternité des mortels. Néanmoins, leurs membres étaient remplis de joie et vivaient une vie si nouvelle et si exceptionnelle que tous les hommes étaient attirés par leurs enseignements au sujet de Jésus. Ils commirent la grande erreur d’utiliser le commentaire vivant et illustré de l’évangile du royaume au lieu de cet évangile lui-même, mais même cela représentait la plus grande religion que l’humanité ait connue jusqu’alors.
 
(194.0) 194:4.7 De toute évidence, une nouvelle communauté naissait dans le monde. “ La multitude qui croyait persévérait dans la doctrine et la communion des apôtres, rompant le pain et priant. ” Ils s’appelaient les uns les autres frère et sœur ; ils se saluaient d’un saint baiser ; ils soignaient les pauvres. C’était une communauté de vie aussi bien que d’adoration ; elle ne résultait pas d’un décret, mais du désir de partager leurs biens avec leurs compagnons croyants. Ils espéraient avec confiance que, durant leur génération, Jésus reviendrait parachever l’établissement du royaume du Père. Ce partage spontané des possessions terrestres n’était pas une caractéristique directe de l’enseignement de Jésus ; il résulta de la sincérité et de la confiance avec laquelle ces hommes et ces femmes croyaient que le Maitre allait revenir incessamment pour achever son œuvre et instaurer le royaume. Mais les résultats finals de cette expérience bien intentionnée d’amour fraternel inconsidéré furent désastreux et générateurs de chagrins. Des milliers de croyants sincères vendirent leurs propriétés et distribuèrent tous leurs capitaux et autres actifs rentables. Avec le temps, les ressources du “ partage égal ” chrétien s’amenuisèrent et finirent par s’épuiser – mais la vie continuait. Au bout de très peu de temps, les croyants d’Antioche firent des collectes pour empêcher leurs coreligionnaires de Jérusalem de mourir de faim.
 
(194.0) 194:4.8 À cette époque, les croyants célébraient le souper du Seigneur de la manière dont il avait été établi, c’est-à-dire qu’ils se rassemblaient pour un repas collectif de bonne communion et prenaient part au sacrement à la fin du repas.
 
(194.0) 194:4.9 Au début, ils baptisèrent au nom de Jésus ; c’est seulement au bout d’une vingtaine d’années qu’ils commencèrent à baptiser “ au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ”. On n’exigeait rien d’autre que le baptème pour l’admission à la communauté des croyants ; celle-ci n’avait pas encore d’organisation ; elle était simplement la fraternité de Jésus.
 
(194.0) 194:4.10 Cette secte de Jésus grandissait rapidement et, une fois de plus, les sadducéens leur prêtèrent attention. Les pharisiens s’inquiétaient peu de la situation, voyant qu’aucun des enseignements n’interférait en quoi que ce soit avec l’observance des lois juives. Mais les sadducéens commencèrent à mettre en prison les dirigeants de la secte de Jésus, jusqu’au moment où Gamaliel, l’un des principaux rabbis, les amena à accepter ses recommandations : “ Abstenez-vous de toucher à ces hommes et laissez-les tranquilles, car, si ce dessein ou cette œuvre vient des hommes, il sera anéanti ; mais, s’il vient de Dieu, vous ne pourrez pas les détruire, et peut-être même vous trouverez-vous en conflit avec Dieu. ” Les sadducéens décidèrent de suivre l’avis de Gamaliel, et il s’ensuivit une période de paix et de tranquillité à Jérusalem, durant laquelle le nouvel évangile à propos de Jésus se répandit rapidement.
 
(194.0) 194:4.11 Tout se passa donc bien à Jérusalem jusqu’au moment où des Grecs arrivèrent en grand nombre d’Alexandrie. Deux élèves de Rodan vinrent à Jérusalem et firent de nombreuses conversions chez les Hellénistes. Parmi les premiers se trouvaient Étienne et Barnabas. Ces Grecs compétents ne partageaient pas tellement le point de vue des Juifs, et ne se conformaient pas si bien au mode d’adoration des Juifs ni à certaines de leurs pratiques cérémonielles. Ce furent les agissements de ces croyants grecs qui mirent fin aux rapports pacifiques entre la fraternité de Jésus d’une part, et les pharisiens et sadducéens d’autre part. Étienne et son associé grec commencèrent à faire des sermons plus conformes à l’enseignement de Jésus, ce qui provoqua un conflit immédiat avec les dirigeants juifs. Au cours d’un sermon public, quand Étienne atteignit la partie de son discours jugée répréhensible, ils se dispensèrent de toute formalité juridique et le lapidèrent à mort sur place.
 
(194.0) 194:4.12 Étienne, chef de la colonie grecque des croyants en Jésus à Jérusalem, devint ainsi le premier martyr de la foi nouvelle et la cause spécifique de l’organisation officielle de l’Église chrétienne primitive. Les croyants firent face à cette nouvelle crise en constatant qu’ils ne pouvaient plus prolonger leur statut de secte intérieure de la foi juive. Ils convinrent tous qu’il fallait se séparer des incroyants. Un mois après la mort d’Étienne, l’Église de Jérusalem avait été organisée sous la direction de Pierre, et Jacques, le frère de Jésus, en avait été nommé chef titulaire.
 
(194.0) 194:4.13 Alors éclatèrent les nouvelles et implacables persécutions par les Juifs, de sorte que les éducateurs actifs de la nouvelle religion à propos de Jésus, religion que l’on appela ultérieurement christianisme à Antioche, se dispersèrent jusqu’aux confins de l’empire en proclamant Jésus. Avant l’époque de Paul, ce furent donc des Grecs qui dirigèrent la diffusion du message. Ces premiers missionnaires, ainsi d’ailleurs que les suivants, reprirent l’itinéraire autrefois suivi par Alexandre, allant à Antioche par Gaza et Tyr, et de là en Macédoine par l’Asie Mineure, puis à Rome et dans les parties les plus lointaines de l’empire.
 


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192. Apparitions en Galilée

LIVRE D'URANTIA  -  Fascicule 192. Apparitions en Galilée

(192.0) 192:0.1 Au moment où les apôtres quittèrent Jérusalem pour la Galilée, les dirigeants juifs s’étaient considérablement calmés. Du fait que Jésus n’était apparu qu’à sa famille de croyants au royaume, et du fait que les apôtres se cachaient et ne prêchaient pas en public, les chefs des Juifs conclurent que, somme toute, le mouvement de l’évangile était bien écrasé. Bien entendu, ils étaient déconcertés par la rumeur croissante que Jésus était ressuscité d’entre les morts, mais ils comptaient sur les gardes soudoyés pour contrecarrer efficacement les effets de toutes ces histoires en répétant le récit qu’une troupe de disciples de Jésus avait enlevé son corps.
 
(192.0) 192:0.2 Depuis ce moment-là, et jusqu’à ce que les apôtres eussent été dispersés par la marée montante des persécutions, Pierre fut le chef généralement reconnu du corps apostolique. Jamais Jésus ne lui donna pareille autorité, et jamais ses compagnons apôtres ne l’élurent officiellement à un tel poste de responsabilité ; il l’assuma naturellement et le conserva par consentement général – et aussi parce qu’il était parmi eux le principal prédicateur. Les sermons publics devinrent désormais l’occupation majeure des apôtres. Après leur retour de Galilée, Matthias, qu’ils choisirent pour remplacer Judas, devint leur trésorier.
 
(192.0) 192:0.3 Durant la semaine où ils demeurèrent à Jérusalem, Marie, mère de Jésus, passa une grande partie de son temps avec les femmes croyantes qui logeaient chez Joseph d’Arimathie.
 
(192.0) 192:0.4 Le lundi matin où les apôtres partirent à l’aube pour la Galilée, Jean Marc partit aussi et les suivit hors de la ville, et, quand ils furent bien au-delà de Béthanie, il s’avança hardiment parmi eux, persuadé qu’ils ne le renverraient pas.
 
(192.0) 192:0.5 Les apôtres s’arrêtèrent plusieurs fois sur la route de Galilée pour raconter l’histoire de leur Maitre ressuscité ; ils n’arrivèrent donc à Bethsaïde que très tard le mercredi soir. Il fallut attendre le jeudi midi pour qu’ils fussent tous réveillés et prêts à prendre leur repas matinal.
 
1. Apparition près du lac

(192.0) 192:1.1 Le vendredi matin 21 avril vers six heures, le Maitre morontiel fit sa treizième apparition, la première en Galilée, aux dix apôtres pendant que leur bateau s’approchait du rivage près de l’embarcadère habituel de Bethsaïde.
 
(192.0) 192:1.2 Après que les apôtres eurent passé l’après-midi et le commencement de la soirée de jeudi dans l’expectative chez Zébédée, Simon Pierre leur suggéra d’aller pêcher. Lorsque Pierre proposa cette expédition de pêche, ils décidèrent tous de s’y joindre. Ils peinèrent toute la nuit avec leurs filets, mais n’attrapèrent pas de poissons. Il leur était un peu indifférent de ne pas faire de prise, car ils avaient beaucoup d’expériences intéressantes à se raconter sur les choses qui leur étaient si récemment arrivées à Jérusalem. Mais, au lever du jour, ils décidèrent de retourner à Bethsaïde. En approchant du rivage, ils virent quelqu’un sur la grève, près du débarcadère, debout à côté d’un feu. Ils crurent d’abord que c’était Jean Marc venu les accueillir, eux et leur pêche, à leur retour, mais, en s’approchant encore du rivage, ils virent qu’ils s’étaient trompés – l’homme était trop grand pour être Jean. Aucun d’eux n’avait eu l’idée que la personne qui se tenait sur la plage était le Maitre. Ils ne comprenaient pas bien pourquoi Jésus voulait les rencontrer en plein air, parmi les scènes de leur première vie en commun, et en contact avec la nature, loin de l’ambiance fermée de Jérusalem avec ses associations tragiques de peur, de trahison et de mort. Il leur avait dit que, s’ils allaient en Galilée, il les y rencontrerait, et il était sur le point de tenir sa promesse.
 
(192.0) 192:1.3 Tandis que les apôtres jetaient l’ancre et se préparaient à monter dans la petite barque pour accoster, l’homme sur la plage les interpella : “ Avez-vous pris quelque chose, les gars ? ” Quand ils eurent répondu “ Non ”, l’homme leur dit encore : “ Jetez le filet à droite du bateau, et vous trouverez du poisson. ” Ils ne savaient pas encore que c’était Jésus qui leur donnait ce conseil, mais, d’un commun accord, ils jetèrent le filet comme on le leur avait dit, et il fut immédiatement rempli au point qu’ils pouvaient à peine le hisser. Or, Jean Zébédée avait l’esprit vif ; lorsqu’il vit le filet lourdement chargé, il perçut que c’était le Maitre qui leur avait parlé. Dès que cette pensée lui vint, il se pencha vers Pierre et lui dit à voix basse : “ C’est le Maitre. ” Pierre était toujours un homme d’actions impulsives et de dévotion impétueuse. Dès que Jean lui eut soufflé cela à l’oreille, il se dressa et se jeta à l’eau pour rejoindre le Maitre au plus vite. Ses frères le suivirent de près et accostèrent avec la petite barque en halant derrière eux le filet plein de poissons.
 
(192.0) 192:1.4 Entretemps, Jean Marc s’était levé ; voyant les apôtres accoster avec le filet lourdement chargé, il courut à la plage à leur rencontre. Apercevant onze hommes au lieu de dix, il conjectura que l’inconnu était Jésus ressuscité et, tandis que les dix hommes étonnés se tenaient là en silence, le jeune homme se précipita vers le Maitre, s’agenouilla à ses pieds et dit : “ Mon Seigneur et mon Maitre. ” Alors, Jésus parla non pas comme à Jérusalem où il les avait salué en disant “ Que la paix soit sur vous ”, mais il s’adressa d’un ton ordinaire à Jean Marc en lui disant : “ Eh bien, Jean, je suis heureux de te revoir dans cette Galilée insouciante où nous pourrons avoir un bon entretien. Reste avec nous, Jean, et viens déjeuner. ”
 
(192.0) 192:1.5 Tandis que Jésus parlait au jeune homme, les dix étaient tellement étonnés et surpris qu’ils en oublièrent de haler sur la grève le filet aux poissons. Jésus dit alors : “ Ramenez vos poissons et préparez-en quelques-uns pour le déjeuner. Nous avons déjà du feu et beaucoup de pain. ”
 
(192.0) 192:1.6 Pendant que Jean Marc rendait hommage au Maitre, Pierre reçut un choc à la vue des braises qui rougeoyaient là sur la plage. La scène lui rappelait avec tellement de vivacité le feu de charbon de bois à minuit dans la cour d’Annas, où il avait renié le Maitre, mais il se ressaisit, s’agenouilla aux pieds de Jésus et s’écria : “ Mon Seigneur et mon Maitre !”
 
(192.0) 192:1.7 Ensuite, Pierre se joignit à ses camarades qui halaient le filet. Après avoir amené leur prise à terre, ils comptèrent les poissons et en trouvèrent 153 gros. Ils renouvelèrent l’erreur d’appeler cela une pêche miraculeuse. Il n’y eut aucun miracle lié à cet épisode. Le Maitre avait simplement exercé sa préconnaissance. Il savait que les poissons étaient là, et indiqua en conséquence aux apôtres où il fallait lancer leur filet.
 
(192.0) 192:1.8 Jésus leur dit : “ Maintenant, venez tous déjeuner ; même les jumeaux devraient s’assoir pendant que je m’entretiens avec vous. Jean Marc préparera les poissons. ” Jean Marc apporta sept poissons de bonne taille ; le Maitre les mit sur le feu et, quand ils furent cuits, le garçon les servit aux dix. Puis Jésus rompit le pain et le passa à Jean qui, à son tour, le servit aux apôtres affamés. Après que tous eurent été servis, Jésus pria Jean Marc de s’assoir tandis que lui-même servait le poisson et le pain au jeune garçon. Pendant qu’ils mangeaient, Jésus s’entretint avec eux et leur rappela leurs nombreuses expériences communes en Galilée et près de ce même lac.
 
(192.0) 192:1.9 C’était la troisième fois que Jésus s’était manifesté aux apôtres réunis en groupe. Au début, quand Jésus les interpela en leur demandant s’ils avaient du poisson, ils ne soupçonnèrent pas son identité ; en effet, c’était une expérience très courante pour ces pêcheurs de la mer de Galilée d’être accostés ainsi, en abordant au rivage, par les marchands de poisson de Tarichée ; ceux-ci étaient généralement là en vue d’acheter les prises fraiches pour les établissements de séchage.
 
(192.0) 192:1.10 Jésus s’entretint durant plus d’une heure avec les dix apôtres et Jean Marc. Ensuite, il marcha de long en large sur la grève et leur parla en les prenant deux par deux – mais les paires d’apôtres étaient différentes de celles qu’il avait tout d’abord envoyées répandre l’enseignement. Les onze apôtres étaient descendus tous ensemble de Jérusalem, mais, à mesure qu’ils s’approchaient de la Galilée, Simon Zélotès se découragea de plus en plus, si bien qu’au moment où ils arrivèrent à Bethsaïde, il abandonna ses frères et retourna chez lui.
 
(192.0) 192:1.11 Avant de prendre congé d’eux, ce matin-là, Jésus demanda que deux apôtres se portent volontaires pour aller chercher Simon Zélotès et le ramener le même jour. Et c’est ce que firent Pierre et André.
 
2. Entretiens avec les apôtres deux par deux

(192.0) 192:2.1 Quand ils eurent fini de déjeuner, et tandis que les autres restaient assis près du feu, Jésus fit signe à Pierre et à Jean de l’accompagner dans une promenade sur la grève. Au cours de leur marche, Jésus dit à Jean : “ Jean, m’aimes-tu ? ” Et, lorsque Jean eut répondu : “ Oui, Maitre, de tout mon cœur ”, le Maitre dit : “ Alors, Jean, renonce à ton intolérance et apprends à aimer les hommes comme je t’ai aimé. Consacre ta vie à prouver que l’amour est la plus grande chose du monde. C’est l’amour de Dieu qui pousse les hommes à chercher le salut. L’amour est l’ancêtre de toute bonté spirituelle, il est l’essence du vrai et du beau. ”
 
(192.0) 192:2.2 Jésus se tourna ensuite vers Pierre et lui demanda : “ Pierre, m’aimes-tu ? ” Pierre répondit : “ Seigneur, tu sais que je t’aime de toute mon âme. ” Alors, Jésus dit : “ Si tu m’aimes, Pierre, nourris mes agneaux. Ne néglige pas ton ministère auprès des faibles, des pauvres et des jeunes. Prêche l’évangile sans crainte ni préférence ; n’oublie jamais que Dieu ne fait pas acception de personnes. Sers tes semblables comme je t’ai servi, pardonne à tes compagnons mortels comme je t’ai pardonné. Laisse l’expérience t’enseigner la valeur de la méditation et le pouvoir de la réflexion intelligente. ”
 
(192.0) 192:2.3 Après qu’ils eurent marché encore un peu plus loin, le Maitre se tourna vers Pierre et demanda : “ Pierre, m’aimes-tu réellement ? ” Et Simon dit alors : “ Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. ” Et Jésus dit de nouveau : “ Alors, prends bien soin de mes brebis. Sois un bon et fidèle berger pour le troupeau. Ne trahis pas sa confiance en toi. Ne te laisse pas surprendre par l’ennemi. Reste tout le temps sur tes gardes – veille et prie. ”
 
(192.0) 192:2.4 Après qu’ils eurent encore fait quelques pas, Jésus se tourna vers Pierre et lui demanda pour la troisième fois : “ Pierre, m’aimes-tu vraiment ? ” Alors, Pierre, légèrement attristé du manque apparent de confiance du Maitre envers lui, dit avec une profonde émotion : “ Seigneur, tu connais toutes choses ; tu sais donc que je t’aime réellement et vraiment. ” Alors, Jésus lui dit : “ Nourris mes brebis. N’abandonne pas le troupeau. Sers d’exemple et d’inspiration à tous tes compagnons bergers. Aime le troupeau comme je t’ai aimé, et consacre-toi à son bien-être comme j’ai consacré ma vie à ton bien-être. Et suis-moi même jusqu’à la fin. ”
 
(192.0) 192:2.5 Pierre interpréta littéralement cette dernière recommandation – qu’il devait continuer à suivre Jésus. Se tournant vers lui, il montra Jean du doigt et demanda : “ Si je te suis, que fera celui-là ? ” Percevant que Pierre avait mal compris ses paroles, Jésus dit : “ Pierre, ne t’occupe pas de ce que feront tes frères. Si je veux que Jean reste après que tu seras parti, et même jusqu’à ce que je revienne, en quoi cela te concerne-t-il ? Assure-toi seulement que tu me suis. ”
 
(192.0) 192:2.6 Cette remarque se répandit parmi les frères et fut reçue comme une affirmation de Jésus que Jean ne mourrait pas avant que le Maitre ne revienne établir le royaume en puissance et en gloire, comme beaucoup le pensaient et l’espéraient. Et ce fut cette interprétation des paroles de Jésus qui joua un grand rôle pour ramener Simon Zélotès au service et pour le maintenir à l’œuvre.
 
(192.0) 192:2.7 Après être revenu vers les autres apôtres, Jésus repartit pour une promenade et une causerie avec André et Jacques. Lorsqu’ils eurent parcouru une petite distance, Jésus dit à André : “ André, as-tu confiance en moi ? ” Quand l’ancien chef des apôtres entendit Jésus lui poser une telle question, il s’arrêta et répondit : “ Oui, Maitre, j’ai en toi une confiance totale, et tu le sais. ” Alors, Jésus dit : “ André, si tu as confiance en moi, aie plus de confiance en tes frères – même en Pierre. Je t’ai confié autrefois leur direction. Il faut maintenant que tu fasses confiance aux autres, tandis que je vous quitte pour aller auprès du Père. Quand tes frères commenceront à se disperser à cause de l’acharnement des persécutions, sois un conseiller sage et prévenant pour Jacques, mon frère par le sang, lorsqu’on le chargera de lourds fardeaux que son expérience ne lui permet pas de porter. Ensuite, continue à avoir confiance, car je ne te ferai pas défaut. Quand tu en auras fini sur terre, tu viendras auprès de moi. ”
 
(192.0) 192:2.8 Puis Jésus se tourna vers Jacques en lui demandant : “ Jacques, as-tu confiance en moi ? ” Bien entendu, Jacques lui répondit : “ Oui, Maitre, j’ai confiance en toi de tout mon cœur. ” Alors, Jésus lui dit : “ Jacques, si tu as plus confiance en moi, tu seras moins impatient avec tes frères. Si tu veux avoir confiance en moi, cela t’aidera à être bon pour la fraternité des croyants. Apprends à peser les conséquences de tes paroles et de tes actes. Rappelle-toi que la récolte est conforme à la semence. Prie pour la tranquillité d’esprit et cultive la patience. Avec la foi vivante, ces grâces te soutiendront quand viendra l’heure de boire la coupe du sacrifice. Mais n’aie jamais de crainte ; quand tu en auras fini sur terre, tu viendras aussi demeurer près de moi. ”
 
(192.0) 192:2.9 Jésus parla ensuite à Thomas et à Nathanael. Il dit au premier : “ Thomas, me sers-tu ? ” Thomas répondit : “ Oui, Seigneur, je te sers maintenant et toujours. ” Alors, Jésus dit : “ Si tu veux me servir, sers mes frères dans la chair comme je t’ai servi. Ne te lasse pas de ce bien-agir, mais persévère comme ayant reçu l’ordination de Dieu pour ce service d’amour. Quand tu auras achevé ton service avec moi sur terre, tu serviras avec moi en gloire. Thomas, il faut que tu cesses de douter, et que tu accroisses ta foi et ta connaissance de la vérité. Crois en Dieu comme un enfant, mais cesse d’agir d’une manière aussi infantile. Aie du courage ; sois fort dans la foi et puissant dans le royaume de Dieu. ”
 
(192.0) 192:2.10 Ensuite le Maitre dit à Nathanael : “ Nathanael, me sers-tu ? ” Et l’apôtre répondit : “ Oui, Maitre, et avec une affection sans partage. ” Alors, Jésus dit : “ Si donc tu me sers de tout ton cœur, assure-toi que tu te consacres au bien-être de mes frères terrestres avec une affection infatigable. Mêle l’amitié à tes conseils et ajoute l’amour à ta philosophie. Sers tes contemporains comme je vous ai servis, sois fidèle aux hommes, comme moi j’ai veillé sur vous. Sois moins critique ; espère moins de certains hommes et diminue ainsi l’étendue de tes déceptions. Quand tu auras fini l’œuvre ici-bas, tu serviras au ciel avec moi. ”
 
(192.0) 192:2.11 Après cela, le Maitre s’entretint avec Philippe et Matthieu. Il dit au premier : “ Philippe, m’obéis-tu ? ” Philippe répondit : “ Oui, Seigneur, je t’obéirai même au prix de ma vie. ” Alors, Jésus lui dit : “ Si tu veux m’obéir, va dans les pays des Gentils et proclame l’évangile. Les prophètes t’ont dit qu’il valait mieux obéir que sacrifier. Par la foi, tu es devenu un fils du royaume connaissant Dieu. Il n’y a qu’une seule loi à observer – c’est le commandement d’aller proclamer l’évangile du royaume. Cesse de craindre les hommes ; n’aie pas peur de prêcher la bonne nouvelle de la vie éternelle à tes semblables qui languissent dans les ténèbres et ont soif de la lumière de vérité. Philippe, tu ne t’occuperas plus d’argent et de marchandises. Tu es désormais, exactement comme tes frères, libre de prêcher la bonne nouvelle. Je te précèderai et je t’accompagnerai même jusqu’à la fin. ”
 
(192.0) 192:2.12 Puis le Maitre s’adressa à Matthieu et lui demanda : “ Matthieu, as-tu à cœur de m’obéir ? ” Matthieu répondit : “ Oui, Seigneur, je suis entièrement consacré à faire ta volonté. ” Alors, le Maitre lui dit : “ Matthieu, si tu veux m’obéir, va enseigner à tous les peuples l’évangile du royaume. Tu ne procureras plus à tes frères les choses matérielles de la vie ; désormais, tu iras aussi proclamer la bonne nouvelle du salut spirituel. À partir de maintenant, n’aie plus en vue que d’exécuter le commandement de prêcher cet évangile du royaume du Père. De même que j’ai fait sur terre la volonté du Père, de même tu accompliras la mission divine. Rappelle-toi que Juifs et Gentils sont tous deux tes frères. Ne crains aucun homme quand tu proclameras les vérités salvatrices de l’évangile du royaume des cieux. Et là où je vais, tu viendras bientôt. ”
 
(192.0) 192:2.13 Enfin, il fit une promenade et eut un entretien avec Jacques et Judas, les jumeaux Alphée. Il s’adressa aux deux ensemble et leur demanda : “ Jacques et Judas, croyez-vous en moi ? ” Et, après qu’ils eurent tous deux répondu “ Oui, Maitre, nous croyons ”, Jésus dit : “ Je vais bientôt vous quitter. Vous voyez que je vous ai déjà quittés dans la chair. Je ne demeurerai que peu de temps dans ma forme actuelle avant d’aller auprès de mon Père. Vous croyez en moi – vous êtes mes apôtres, et vous le serez toujours. Continuez à croire quand je serai parti et à vous rappeler votre association avec moi après que vous serez peut-être retournés au travail dont vous aviez l’habitude avant de venir vivre avec moi. Ne laissez jamais un changement dans votre travail extérieur influer sur votre loyauté. Ayez foi en Dieu jusqu’à la fin de vos jours terrestres. N’oubliez jamais que, quand vous êtes des fils de Dieu par la foi, tout travail honnête du royaume est sacré. Rien de ce que fait un fils de Dieu ne peut être ordinaire. Donc, faites désormais votre travail comme s’il était pour Dieu. Quand vous en aurez fini sur ce monde, j’ai d’autres mondes meilleurs où vous travaillerez aussi pour moi. Dans toute cette œuvre, sur ce monde et sur d’autres, j’œuvrerai avec vous et mon esprit demeurera en vous. ”
 
(192.0) 192:2.14 Il était près de dix heures quand Jésus revint de son entretien avec les jumeaux Alphée. En quittant les apôtres, il leur dit : “ Au revoir, jusqu’à ce que je vous revoie tous demain, à midi, sur le mont de votre ordination. ” Après avoir ainsi parlé, il disparut de leur vue.
 
3. Sur le mont de l’ordination

(192.0) 192:3.1 À midi, le samedi 22 avril, les onze apôtres se réunirent au rendez-vous sur la colline proche de Capharnaüm, et Jésus apparut parmi eux. Cette réunion eut lieu sur le mont même où le Maitre les avait mis à part comme ses apôtres et comme ambassadeurs sur terre du royaume du Père. Ce fut la quatorzième manifestation morontielle de Jésus.
 
(192.0) 192:3.2 Alors, les onze apôtres s’agenouillèrent en cercle autour du Maitre ; ils l’entendirent réitérer leurs missions et le virent reproduire la scène de l’ordination comme la première fois où ils avaient été mis à part pour le travail particulier du royaume. Tout cela, sauf la prière du Maitre, leur remémora leur consécration antérieure au service du Père. Lorsque le Maitre – le Jésus morontiel – pria ce jour-là, ce fut sur un ton de majesté et avec des paroles de pouvoir telles que les apôtres n’en avaient jamais entendu auparavant. Leur Maitre parlait maintenant aux dirigeants des univers comme quelqu’un qui, dans son propre univers, s’était vu remettre tout pouvoir et toute autorité. Et ces onze hommes n’oublièrent jamais cette expérience de reconsécration morontielle aux engagements antérieurs de leur rôle d’ambassadeurs. Le Maitre passa juste une heure sur ce mont avec ses ambassadeurs et, après leur avoir affectueusement dit au revoir, il disparut de leur vue.
 
(192.0) 192:3.3 Nul ne revit Jésus durant toute une semaine. Les apôtres n’avaient réellement aucune idée de ce qu’il fallait faire, car ils ne savaient pas si le Maitre était allé auprès du Père. Dans cet état d’incertitude, ils demeurèrent à Bethsaïde. Ils n’osaient pas aller à la pêche, de crainte de le manquer s’il venait les retrouver. Durant toute la semaine, Jésus fut occupé avec les créatures morontielles qui étaient sur terre et par les opérations de la transition morontielle dont il faisait l’expérience sur ce monde.
 
4. La réunion au bord du lac

(192.0) 192:4.1 La nouvelle des apparitions de Jésus se répandait dans toute la Galilée ; des croyants en nombre croissant arrivaient tous les jours à la maison de Zébédée pour s’informer de la résurrection du Maitre et découvrir la vérité sur ces prétendues apparitions. De bonne heure dans la semaine, Pierre fit savoir qu’une réunion publique aurait lieu au bord de la mer à trois heures de l’après-midi, le jour du prochain sabbat.
 
(192.0) 192:4.2 En conséquence, le samedi 29 avril à trois heures, plus de cinq cents croyants des environs de Capharnaüm se rassemblèrent à Bethsaïde pour entendre Pierre prêcher son premier sermon depuis la résurrection. L’apôtre était au mieux de sa forme et, après qu’il eut achevé son attrayant discours, peu de ses auditeurs doutaient que le Maitre était ressuscité d’entre les morts.
 
(192.0) 192:4.3 Pierre termina son sermon en disant : “ Nous affirmons que Jésus de Nazareth n’est pas mort ; nous déclarons qu’il est sorti du tombeau ; nous proclamons que nous l’avons vu et que nous lui avons parlé. ” À peine finissait-il de faire cette proclamation de foi que le Maitre apparut à côté de lui sous sa forme morontielle, en pleine vue de tout cet auditoire auquel il parla d’un ton familier en disant : “ Que la paix soit sur vous, et je vous laisse ma paix. ” Après qu’il leur fut ainsi apparu et leur eut ainsi parlé, il disparut de leur vue. Ce fut la quinzième manifestation morontielle de Jésus ressuscité.
 
(192.0) 192:4.4 À cause de certaines choses que le Maitre avait dites aux onze durant leur conférence sur le mont de l’ordination, les apôtres avaient eu l’impression que leur Maitre ferait bientôt une apparition publique devant un groupe de croyants galiléens, et qu’après cela ils devraient retourner à Jérusalem. En conséquence, le lendemain matin dimanche 30 avril, les onze quittèrent Bethsaïde de bonne heure pour aller à Jérusalem. Ils prêchèrent et enseignèrent abondamment sur la route descendant le Jourdain, de sorte qu’ils arrivèrent seulement très tard, le mercredi 3 mai, chez les Marc à Jérusalem.
 
(192.0) 192:4.5 Ce fut un triste retour au foyer pour Jean Marc. Juste quelques heures avant qu’il n’arrive chez lui, son père, Élie Marc, était mort soudain d’une hémorragie cérébrale. Leur certitude de la résurrection des morts contribua beaucoup à consoler les apôtres ; mais en même temps ils furent véritablement affligés par la perte de leur bon ami qui avait été leur ferme soutien, même dans des moments très difficiles et décevants. Jean Marc fit tout ce qu’il put pour consoler sa mère. Parlant pour elle, il invita les apôtres à continuer à conserver sa maison comme domicile ; et les onze firent de la salle du haut leur quartier général jusqu’au lendemain de la Pentecôte.
 
(192.0) 192:4.6 Les apôtres étaient volontairement rentrés à Jérusalem après la tombée de la nuit pour ne pas être aperçus par les autorités juives. Ils n’apparurent pas non plus en public à l’occasion des funérailles d’Élie Marc. Ils restèrent toute la journée du lendemain tranquillement isolés dans cette mémorable chambre du haut.
 
(192.0) 192:4.7 Le jeudi soir, les apôtres eurent une merveilleuse réunion dans cette chambre du haut et s’engagèrent tous, sauf Thomas, Simon Zélotès et les jumeaux Alphée, à paraitre en public pour prêcher le nouvel évangile du Seigneur ressuscité. Déjà se dessinaient les premières étapes de la transformation de l’évangile du royaume – la filiation avec Dieu et la fraternité avec les hommes – en la proclamation de la résurrection de Jésus. Nathanael s’opposa à ce changement dans la substance de leur message public, mais ne put ni résister à l’éloquence de Pierre, ni triompher de l’enthousiasme des disciples spécialement des femmes croyantes.
 
(192.0) 192:4.8 Ainsi, sous la vigoureuse direction de Pierre et dès avant l’ascension du Maitre auprès du Père, ses représentants bien intentionnés inaugurèrent le subtil processus de la transformation progressive et certaine de la religion de Jésus en une forme nouvelle et modifiée de religion à propos de Jésus.
 


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